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[FB] Life is like a game of cards

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Life is like a game of cards

   Elle retire son chapeau et écrase le revers de sa main sur son front pour en chasser les perles de sueur. Le climat de Lys est particulièrement éprouvant. Cette chaleur ébranle le corps, l'esprit et la volonté des gens qui, comme elle, viennent de latitudes plus clémentes. Elle se rappelle à quel point elle est loin de chez elle. Loin d'Asha... Depuis que leurs destins se sont unis, c'est la première fois qu'elle est tenue éloignée de la Princesse des Iles de Fer aussi longtemps. Halys peut compter sur la présence de Qarl et de son équipage pour incarner une part de leur patrie mais la plus importante, la plus nécessaire, se trouve maintenant bien loin d'ici. Si tout se passe bien, il ne leur faudra pas plus d'une lune pour retrouver l'archipel. C'est cette promesse qui aide la rouquine à tenir bon. Mais avant de fêter les retrouvailles et de délivrer les informations qu'ils sont venues chercher quérir à l'autre bout du monde, il leur faut encore terminer leur mission. La traque des mystérieux fer-nés qui harcèlent le Val n'a rien donné de bien concret. La jeune femme s'en veut. Alors elle souhaite explorer une dernière piste avant d'embarquer pour leurs îles. Les pirates semblent s'être faits plus rares. Elle n'explique pas vraiment ce phénomène. Elle ne voit pas ce qui peut justifier une telle timidité de la part de ces enfoirés. Il y a encore de l'argent et des prises à faire sur la mer. Les proies ne manquent pas. Alors pourquoi leur présence s'est atténuée ? Il y a forcément une explication rationnelle. Il y en a toujours une. Pour l'instant, cependant, elle échappe encore à la perception du duo de fer-nés. Alors ils ont simplement décidé d'aller chercher les informations à la source. Cela fait maintenant plus d'une journée qu'ils arpentent les bordels ou les tavernes de Lys. Et presque toutes les personnes que Qarl et Halys ont soudoyées ou menacées leur ont indiqué une piste. Ou, plutôt, un nom. Celui de Blurd Mervault.

   C'est donc sur les larges quais de la ville que le duo s'avance maintenant sous le couvert du soleil couchant qui sublime l'horizon. Trouver le Lady Maria, le navire de ce Mervault, ne fut guère compliqué. Il faut dire que le bonhomme semble jouir d'une certaine réputation dans la cité. Halys, de son côté, n'est guère emballée à l'idée de devoir frayer avec une personne ayant des liens avec la piraterie. Elle déteste ces gens-là. Elle voit nombre de différences entre eux et les fer-nés alors que les gens, souvent, considèrent qu'ils sont de la même souche. Pourtant il est question de survie pour les natifs des Iles de Fer, pas simplement de profit. D'un côté il y a un peuple, fier, accroché à ses traditions. De l'autre, un ramassis de marginaux adeptes de l'argent facile. Non, il ne saurait être question de comparaison. Mais malgré ces différences et la haine qu'elle leur accorde volontiers, Halys est capable de faire des compromis et de se salir les mains. Même avec la pire engeance. Asha aura les réponses qu'elle souhaite. Ou, du moins, la rouquine pourra la regarder dans les yeux en lui assurant avoir fait tout ce qui était en son pouvoir pour satisfaire sa curiosité avisée. « Vaut mieux qu'j'y aille seule ! » indique-t-elle à Qarl. Elle l'apprécie, c'est indéniable. S'il a su charmer Asha, il a aussi su s'approprier la confiance de sa protégée. Mais il reste trop imprévisible. Il ne montera pas à bord d'un navire sur le pont duquel il serait trop prompte à verser le sang. Sans être une diplomate accomplie, Halys reste sûrement leur meilleure chance d'obtenir des informations. Il sera plus utile ici, en tant que renfort potentiel qu'à la table de cet homme dont ils ne savent presque rien mais qui n'aurait sûrement pas besoin de faire beaucoup d'effort pour le faire sortir de ses gonds. « Essaie d'pas trop t'saouler ! » C'est plus une pique qu'un véritable reproche. Même saoul, il reste capable de faire pleuvoir les coups. C'est même dans cet état qu'il est le plus doué pour faire couler le sang, selon elle. Un rire amusé lui répond ainsi qu'un coup de poing sur son épaule. Elle vacille et le foudroie du regard. Là encore, ce n'est qu'un jeu. La rouquine lève les yeux au ciel puis s'avance dans l'ombre agonisante du navire où, elle l'espère, ce Blurd se trouve.

   « Mène-moi à ton cap'taine ! » ordonne-t-elle sans la moindre délicatesse à un homme qui s'apprête à lui brûler la politesse et à monter à bord du Lady Marya. Il se retourne et la toise de la tête au pied avec un air qui en dit long, trop long, sur les pensées qui peuvent lui traverser l'esprit. « Y'a un problème ? » Elle avance d'un pas, la main sur la garde de l'une de ses dagues, prête à en découdre s'il le faut. Elle n'aime pas son air et elle n'aime pas non plus sa gueule. S'il est incapable de délivrer un simple message alors il n'en délivrera plus aucun avant un bon moment. Et s'il n'est pas trop bête, il l'aura compris. La fer-née et le pirate se toise encore un instant. La confrontation semble inévitable. Halys constate qu'elle ne vaut peut-être pas mieux que Qarl à ce niveau-là. Mais une silhouette fait alors son apparition sur le pont et sa présence semble mesurer les ardeurs du récalcitrant. « D'la visite pour vous, capt'aine ! » La jeune femme lève les yeux en direction de nouvel-arrivant, délaissant son premier interlocuteur. Ne va-t-il pas l'inviter à monter à son bord ?
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 Une affaire à régler avec Sladhor Saan, le plus grand pirate de lys, l'avait obligé à reprendre la mer. Blurd était content de revoir l'ami de la famille, sauf que finalement, à son arrivée, on lui avait appris que le pirate n'était pas dans la cité, mais devait revenir dans les prochains jours. Blurd devait donc attendre au port, alors que ses livraisons aux marchands avaient été effectués et que ses cales avaient été remplis pour les marchandises qu'ils devaient emmener, cette fois, à Port-réal. la soie de Lys, un beau spécimen pour ceux qui aimait être habillée d'une manière dont les peuples de culpucier se fichaient. Mais ce marchant, payait bien et il était toujours plaisant de se rendre à Lys, même si a l'égard de sa femme, il ne fricotait plus avec ces belles femmes aux allures très valyriennes.

Cela faisait deux jours qu'il se trouvait à Lys, le soleil tombait et Blurd avait passé sa journée à traiter de ses affaires, sans se laisser au moment de pause, il était bien décidé d'en profiter ce soir. Il y avait bien d'autres jeux, que ceux de l'amour en cette ville. Vérifiant une dernière fois que toutes les caisses étaient bien fermées, il se mit à penser à Mary. Aimerait-elle avoir une robe faite avec de la soie de Lys, il lui demanderait à son retour, quoique avec sa nouvelle grossesse et surtout sa mauvaise humeur, il ne sache pas trop si cela serait bien apprécié de sa part qu'il lui parle de vêtements, là où elle ne pouvait plus rentrer dans la plupart de ses tenues habituelles. Un sourire s'afficha sur son visage, il allait avoir un nouveau fils, père déjà de deux garçons, les Mervault étaient connus pour n'avoir que des fils et il ne se voyait pas différent. C'était certains que son frère avait eu une fille, mais Blurd mettait ce miracle, sur le fait qu'une petite Marya avait pris place dans leur coeur pour combler la perte de leur mère.

Remontant les marches, le chevalier de l'océan vint à monter sur son épaule, lui aussi était prêt pour la soirée qu'ils se prévoyaient. Blurd ne laisserait rien lui barrer la route, il était décidé à avoir sa revanche, sans trop parier tout de même. Il avait risqué une fois de devenir esclave, il ne retenterait plus l'expérience. Joueur s'était certains, mais il avait une famille, donc devait se poser des limites. Arrivé sur le pont, il remarqua le coucher de soleil, puis ce fut la voix de son second qui le sorti de ses pensées 

« D'la visite pour vous, capt'aine ! »

Son regard se posa sur la personne qu'il ne laissait pas passer. Une femme aux allures d'hommes, cela ne le surprenait pas, mais elle avait une prestance qui lui rappelait quelqu'un d'autres sans qu'il n'arrive à trouver qui elle lui rappelait. D'un visage sans sourire, il s'approcha en signalant :

- Tu as de la chance, je ne reçois plus à la nuit tombée, tu devrais vite monter à bord avant que la course du coucher du soleil soit plus rapide que toi !


Un sourire finalement apparu sur son visage, même le chevalier de l'océan se montra très courtois en montrant ses belles dents. Personne ne pouvait dire que Blurd Mervault ne savait pas recevoir. Faisant signe à son second de la laisser passer, il ajouta :

- Que puis-je faire pour toi ? Cela doit durer longtemps ? Ce soir, j'aurai ma revanche sur ce perfide oeil de verre ! Peut-être qu'un oeil, mais il est redoutable !
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   Elle pose le regard sur l'homme qui est apparu sur le pont du navire. À l'entendre, elle a de la chance. Halys arque l'un de ses sourcils en songeant qu'elle ne comptait de toute façon pas lui laisser le choix et qu'il l'aurait « reçue » d'une manière ou d'une autre. Mais puisque le capitaine semble doté de bons sentiments et qu'il accepte de converser avec elle, la fer-née ne voit pas un réel intérêt de le lui faire remarquer. Elle passe devant la sentinelle, non sans lui avoir décoché un regard sombre, et s'engage sur la passerelle boisée. Elle se plante devant son hôte et, après avoir laissé son regard arpenter librement les alentours, lui accorde son attention. Son visage est plus qu'agréable que ce à quoi elle s'attendait. Il est loin de l'idée stéréotypée qu'elle se faisait de lui. Ce n'est pas dérangeant, en soi. Il vaut mieux parler à un interlocuteur aux traits séduisants qu'à l'un de ces hommes déformés par les épreuves, le temps et les coups. L'intéressé lui fait vite comprendre que son temps est précieux et lorsqu'il souhaite savoir s'ils en auront pour long, la rouquine hausse les épaules et lui décoche un regard entendu. « Ça va d'pendre de votre enthousiasme à satisfaire ma c'riosité, ça !! » Maintenant qu'elle est à bord, maintenant qu'elle a rencontré l'homme qu'elle était venue voir, elle se comportera comme un chien avec son os. Il lui dira ce qu'elle veut savoir ou elle lui extirpera par la force les informations qu'il refusera de lui donner. Et lorsqu'elle posera à nouveau le pied sur les quais, ce sera avec la certitude qu'elle n'a plus rien à tirer de lui. Le temps que cela prendra ? Tout dépend de ce Blurd ! « J'suis sûre qu'votre r'vanche peut attendre un peu ! » ajoute-t-elle avant de décocher un regard suspicieux au singe qui trône sur l'épaule de son interlocuteur. Elle se méfie de ces animaux. Ils sont trop agiles pour être mésestimés. Ce sont d'excellents voleurs et, vu la taille de leurs canines, des adversaires qu'il vaut mieux garder à l'oeil. Spécialement lorsqu'ils sont domestiqués comme cet animal semble l'être. « J'ai entendu dire qu'les pirates étaient bien moins nombreux dans l'coin c'temps-ci ! J'veux savoir pourquoi ! » Comme souvent, elle ne s'embarrasse pas des paroles stériles que les gens adorent prononcer à longueur de temps. Fidèle à elle-même, Halys va droit au but. Elle n'est pas venue sympathiser après tout. Elle ne sait même pas ce que cela veut dire... Maintenant qu'elle a exposé les raisons de sa venue, il lui reste à évoquer ses attentes. « On m'a dit qu'vous les c'nnaissez bien et qu'vous pourriez m'fournir les r'ponses dont j'ai b'soin ! » Elle espère que l'homme ne jouera pas la carte de l'ignorance. Personne ne gagne jamais rien à ce petit jeu. Elle a interrogé assez de personnes pour savoir que ce capitaine détient certaines des réponses qui lui font défaut.

   Mais elle est aussi consciente que les informations ont un prix et qu'il peut parfois être élevé. Dans ce monde, on n'a jamais rien sans rien. La rouquine accepte les règles du jeu et si elle ne dispose pas de grandes richesses sur elle, elle sait pertinemment qu'un paiement en bonne et due forme vaut bien mieux que des actes de violence. Si elle devait lui casser ses jolies dents, elle se doute bien qu'il risque d'y avoir une riposte de la part des locaux. Ce qui est toléré sur les Iles de Fer est souvent réprouvé dans le reste du monde. « Mais j'imagine qu'ce s'ra pas gratuit ? » Le contraire l'étonnerait au plus au point. Elle observe une nouvelle fois le singe pour s'assurer que son comportement reste acceptable et pose négligemment la main sur la garde de l'une de ses dagues. Ce n'est pas une menace. Plutôt un avertissement cordial d'un marin à un autre. « Qu'est-ce qu'vous v'lez ? De l'or ? Des femmes ? Des hommes ? » Elle le reluque de haut en bas comme si elle cherchait à déceler des traces de son orientation sexuelle. Elle songe qu'elle adorerait dire à Qarl qu'il va devoir payer de sa personne pour satisfaire sexuellement ce capitaine. Elle aurait alors les moyens de se moquer de lui lors des prochaines décennies. Elle doute cependant que le sauvage fer-né accepte une telle... opportunité. « Ou des coups, p't-être ? » Il ne tient qu'à lui de choisir la façon dont se dérouleront les choses. Mais il n'est pas le seul a être pressé. Et puisque la diplomatie est un art que la rouquine a toujours peiné à maîtriser, et bien qu'elle reste malgré tout meilleure que l'amant d'Asha dans ce domaine, elle n'en reste pas moins une novice lorsqu'il s'agit d'échanger avec les autres. Spécialement lorsque ce sont des inconnus qui, en plus, sont en liens avec le monde méprisable des pirates d'Essos. Le demi-sourire qu'elle adresse à Blurd à la suite de sa remarque lui indique qu'elle est disposée à accéder à cette dernière requête s'il faut en passer par là.
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