[ALTERNATIF] No one has ever been saved from drowning by sympathy
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L'acier crisse sur la pierre. Une traînée d'étincelles vient témoigner du duel qui uppose le métal et la roche. Halys relève sa dague et souffle sur son tranchant avec une délicatesse qu'elle serait bien incapable de témoigner à l'un de ses semblables. Son pouce effleure la lame sur sa longueur pour évaluer le résultat de son aiguisage. Il ne la satisfait pas. Elle crache à nouveau sur l'arme et lui impose une nouvelle étreinte avec la pierre. Ce mouvement devenu machinal avec le temps n'a plus besoin de toute son attention. Fidèle à elle-même et à son sens de l'observation, la rouquine embrasse du regard les environs directs. Elle ne se contente pas de regarder. Elle juge. Elle cherche les menaces qui pourraient venir troubler sa quiétude et son besoin de solitude. C'est le prix de la longévité et l'expression d'un simple bon sens. Ses amis se comptent sur les doigts d'une seule main. Elle se méfie des autres comme de la peste. Il n'y a rien de plus dangereux qu'un fer-né cherchant à tromper son ennui ou à combler ses pulsions. Elle le sait. C'est précisément parce qu'elle en est consciente qu'elle ne baisse jamais sa garde. C'est encore plus vrai sur le sol décharné des îles que sur les flots déchaînés de l'océan. L'inaction est, de loin, le pire ennemi du fier peuple de ces îles.
La rouquine manifeste son intérêt pour ce qui l'entoure lorsque l'un des prêtres du Dieu Noyé passe devant elle. Elle incline la tête respectueusement jusqu'à ce qu'il disparaisse de son champ de vision. Ces gens-là méritent le plus puissant des respects. Une seule autre personne est parvenue à se hisser à ce niveau sur l'échelle de son estime. La jeune femme lève les yeux en direction de l'océan avec l'espoir, peut-être, de déceler l'un des massifs doigt de la forteresse de Pyk. Elle reverra bien vite la Princesse. Mais le savoir ne rend pas particulièrement son absence agréable. Halys s'épanouit dans l'ombre. Et la plus agréable d'entre elle restera à jamais celle de l'héritière des Iles de Fer... La lame glisse sur la pierre et entaille son index. La rouquine lâche un juron et colle la plaire contre ses lèvres pour en aspirer le sang. Elle dilue ensuite le fluide carmin dans les remous de la mer qui s'écrase contre les rochers. Elle n'a pas été assez attentive. Elle se blâme pour cette erreur plus que pour la douleur parfaitement acceptable qui rappelle l'existence de la coupure. Son humeur ne va pas s'améliorer. Car elle aussi est une fer-née. Et qu'elle aussi, elle souffre du temps qu'elle passe à terre. Elle rêve de repartir. Pour les Nocturnes ou pour Essos. Les découvertes lui conviennent autant que les pillages. Ici, elle n'est qu'une carpe extirpée de son élément. L'alcool ne remplacera jamais l'océan. Elle espère que le Conseil de Baelon prendra une décision rapidement. Elle se fiche qu'elle soit bonne ou non, tant qu'elle lui permet de naviguer à nouveau sur les ordres d'Asha et de sillonner les vastes étendues marines.
Elle mise silencieusement sur les chances de quitter bientôt la terre ferme lorsque un mouvement trop brusque attire immédiatement son attention. Elle relève la tête en direction d'un duo de fer-nés. Son regard glisse vite sur la gamine qui se trouve en face d'eux. Il y a de l'orage dans l'air, c'est évident. Elle ne saurait dire ce qui a provoqué les prémices de cette confrontation mais elle sait pertinemment comme tout ceci va se terminer. Les esclaves ne peuvent pas gagner contre leurs maîtres. L'ordre naturel des choses empêche les proies de vaincre leurs prédateurs. On peut refuser de l'accepter mais pas de s'y soustraire. Cette régularité est rassurante. Spécialement, à vrai dire, lorsque l'on se situe du côté des prédateurs. Halys ne fait même pas l'effort de hausser les épaules pour manifester son indifférence. Un détail, pourtant, lui revient en mémoire. Elle relève les yeux et dévisage avec plus d'attention l'adolescente. C'est bien la serve de Harlon et Leeven. La jeune femme hésite mais elle finit par se lever et par se glisser, peu après, entre ses compatriotes et l'étrangère. Une main sur la garde de l'une des lames pendant sur ses flancs, elle se contente simplement de toiser les agresseurs. Le message est clair et, d'ailleurs, parfaitement reçu.
« Elle nous a bousculés ! » Le bras droit d'Asha n'a pas demandé une quelconque explication. Elle se fiche bien de connaître les causes de cette altercation inégale. Elle se retourne de trois-quart et considère la cible de leur courroux puis reporte son attention sur les deux mâles. « T'veux qu'je fasse quérir un guérisseur ? » demande-t-elle en arquant l'un de ses sourcils. Elle comprend leur réaction. Elle a eu la même avec ce serf à roulettes. Pour dire vrai, elle n'entend pas s'en prendre à ces deux-là. Elle essaie simplement de leur éviter des ennuis. À sa façon... La remarque titille très vite la fierté de ses deux interlocuteurs. L'un d'eux pose à son tour sur main sur la hache accrochée à son flanc. La rouquine suit le geste des yeux et replonge son regard dans celui qui a, semble-t-il, été le plus touché par sa moquerie. « Moi, à ta place, j'f'rais pas ça ! » le prévient-elle. « T'as une bonne raison à m'donner ? » « J'vais même t'en donner deux ! La première, c'est qu'tu vas m'forcer à faire d'jolis p'tits trous dans ton corps ! » C'était prévisible. Son interlocuteur s'y attendait. Cette première raison semble même lui donner envie d'essayer. Il est prêt à relever le défi. Le second, lui, semble plus indécis. Il balade son regard de Halys à la serf en cherchant encore à deviner la solution la plus séduisante. La rouquine, elle, laisse planer un instant de silence. Elle n'aime pas aligner trop de mots. C'est un exercice bien trop exigeant. Elle préfère laisser l'opportunité à son adversaire de choisir le vecteur de sa réponse. La curiosité le pousse sûrement à opter pour les mots plutôt que pour l'acier. « Et la deuxième ? » « Quand j'en aurai fini avec toi, il t'faudra vraiment un guérisseur ! La bonne nouvelle, c'est qu'Leeven Botley doit pas s'trouver trop loin d'ici. La mauvaise, c'est qu'elle refusera sûrement d'te soigner en apprenant qu'vous avez été assez bêtes pour vous en prendre à sa serve ! » La confusion se lit très vite sur le visage expressif de l'homme. Il tourne les yeux vers son acolyte dans l'espoir, peut-être, d'obtenir un indice susceptible de chasser son scepticisme. Il obtient un simple et impuissant haussement d'épaules. « C'est sa serve ? » La jeune femme lui répond par un regard qui le soulage de ses derniers doutes. Ils abandonnent la partie mais allègent leur frustration en promettant à la rouquine que l'histoire n'en restera pas là. Des menaces en l'air qu'elle accueille sans la moindre trace d'émotion. Elle les regarde s'éloigner et se retourne vers la gamine. Elle l'observe un instant avec indifférence et la dépasse de quelques pas. Elle se retourne alors une seconde fois pour capter l'attention de la jeune serve. « T'attends quoi ?! » La rouquine compte bien la ramener à ses maîtres. Pas par sympathie, mais parce qu'elle sait bien qu'il est dans son intérêt que Leeven l'ait à la bonne. Il vaut mieux avoir les guérisseurs dans sa poche. Ce sont ces gens-là qui peuvent vous sauver la vie... ou vous condamner.
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Elle oublie souvent que les gens adorent répondre aux questions qui se limitent pourtant à de la rhétorique pure. Halys se fiche parfaitement de savoir ce que cette serve attend. Elle lui signifiait simplement son impatience et son désir de mener à bien la mission qu'elle s'est fixée par intérêt. La rouquine s'attarde sur le sourire que lui décoche l'enfant. Il n'avait rien de nécessaire. Elle n'aime pas la complicité qu'il suppose. Qu'elle le garde ! Elle n'en veut pas ! Elle n'a d'ailleurs rien fait pour le mériter. La fer-née se rend trop vite compte que cette gamine est plus bavarde qu'elle le devrait. Elle ferme les yeux et lâche un soupir avant de regarder dans la direction que ses compatriotes ont empruntée pour dégager de la zone. Oui, il est vrai qu'on dirait deux chiens qui fuient le danger. Elle doute toutefois qu'ils aient pu avoir peur d'elle. S'ils l'ont reconnue, c'est Asha qu'ils craignent à travers elle. Si ce n'est pas le cas, c'est la crainte de ne pas pouvoir bénéficier des soins de Leeven qui ont fait le travail. Elle, elle n'était qu'un vecteur de raison. « C'sont des fer-nés et toi, t'restes une serve ! Reste à ta place si tu veux pas qu'on t'y r'mette ! » C'est une menace qu'elle ne pourra pourtant pas mettre à exécution. Alors considérons cela comme une simple tentative d'intimidation vouée à lui assurer une relative tranquillité jusqu'à la demeure des Botley. Theon n'a pas apprécié que la rouquine... éduque son serf et elle doute que Leeven sera plus tolérante. Pas après les circonstances de leur première rencontre ! Sans parler que faire du mal à cette serve, c'est prendre le risque d'être la cible d'une erreur si elle devait confier, à l'avenir, sa vie à la guérisseuse. Quelque peu radoucie, le seconde de la Princesse des Iles de Fer donne l'ordre de marche en indiquant d'un signe de tête la direction à emprunter. Elle montre même le bon exemple en amorçant le départ de leur périple.
Une nouvelle volée de remarques et de questions vient la couper nette dans son élan. Halys lâche un soupire et se retourne lentement pour dévisager la petite rebelle. Il semblerait qu'elle n'ait pas compris la nature de la relation qu'elle entend instaurer avec elle. Cette dernière se résume au plus simple néant. La gamine n'est qu'un outil qu'elle entend exploiter à son avantage. Un outil précieux vu l'usage qu'elle souhaite en faire. Mais un outil, tout utile soit-il, ne mérite pas l'attention que les Hommes aiment tant s'accorder entre eux. Cela dit, les informations que l'adolescente lui transmet malgré elle viennent assombrir la perception que la rouquine avait d'elle. « Les Botley n'savent pas quoi faire d'toi ? » s'étonne-t-elle malgré elle. Voilà qui risque de compliquer sa tâche. Si Harlon et son épouse n'ont rien à lui faire faire, elle n'a dès lors aucune valeur à leurs yeux. On ne s'embarrasse pas d'une bouche inutile à nourrir. Il se peut que son servage auprès du duo soit plus court que ce qu'elle pensait à l'instant où elle lui est venue en aide pour la tirer de ce mauvais pas. « J'peux leur suggérer quelques idées pour t'occ'per, moi ! » Et elle est prête à parier qu'elle ne les appréciera pas ! Mais ce n'est pas à elle de lui trouver de quoi s'occuper et ses propositions risquent d'être mal accueillies. Ce serait de l'ingérence ! Le jeu n'en vaut pas la chandelle même si l'idée de voir cette gamine employée pour égayer l'un des jeux que les fer-nés affectionnent tant reste plaisante.
« T'crois qu'tu peux parler et marcher en même temps ou c'est trop te d'mander ? » l'interroge-t-elle au bout de quelques secondes. Elle a le pressentiment qu'elle ne va pas pouvoir esquiver les questions de l'enfant. Elle imagine sa curiosité légitime. Les enfants ont souvent la particularité d'être agaçants. Même lorsqu'ils ont été privés de leur liberté et réduit, à peu de choses près, au rang d'objets dont on peut disposer à sa guise. Cette curiosité peut-être utilisée comme carotte. Le trajet jusque chez les Botley n'est pas très long et si elle considère ce qu'elle peut gagner, Halys est prête à faire un petit effort. La vie mérite bien quelques sacrifices. La rouquine attend donc que l'adolescente la rejoigne pour poursuivre sa route et décide de répondre à ses interrogations au compte-goutte dans l'espoir que, peut-être, d'autres ne suivront pas. « Non, j'suis pas une amie d'ta maîtresse ! » lui indique-t-elle très sobrement après quelques secondes supplémentaires. Elle connait plutôt Harlon même si connaître est un bien grand mot. Malheureusement c'est surtout son frère, Tristifer, qu'elle a eu le déplaisir de côtoyer. Elle le regrette mais il est incontestable que l'infirme est d'une compagnie plus appréciable que celle de l'amoureux transit. « Et non, j'suis pas une L'dy ! » Et tant mieux ! Un nom, c'est trop d'emmerdes ! Elle est bien placée pour savoir que les nobles sont soumis à des impératifs étouffants. Elle passe le plus clair de son temps avec Asha. C'est encore elle qu'elle ira retrouver quand elle en aura terminé avec cette gamine. Non, vraiment, les roturiers doivent respecter nombre de règles mais ces dernières se résument surtout à l'obéissance et au respect. Ceux qui portent un nom ont des responsabilités qu'elle n'envie pas. Elle suppose qu'elle n'a pas besoin de lui confirmer le fait qu'elle la ramène bien chez ses maîtres. Ca semble évident ! Elle ne croit quand même pas qu'elle a décidé de se balader en sa « charmante » compagnie ! « Tes maîtres n't'ont pas enseigné c'qui arrive aux serfs qui osent t'nir tête aux natifs ? » Pour la première fois depuis qu'elles ont commencé à avancer, Halys daigne lui adresser un rapide regard. La réponse lui permettra d'en apprendre un peu plus sur Leeven. Elle dégage d'un coup d'épaule un homme qui entendait lui voler l'espace qu'elle occupe et, la main toujours posée sur la garde de l'une de ses dagues, continue d'avancer. La rouquine veut bien octroyer le droit à cette gamine de s'exprimer pour peu qu'elle lui délivre des informations intéressantes. À cette fin, il vaut mieux qu'elle fasse ce qu'elle ne fait jamais : prendre la discussion à son compte. Ce qu'il ne faut pas faire pour s'attirer les faveurs d'une guérisseuse !
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