All that you are is all that I'll ever need - ft. Aelinor

Roland Vanbois était revenu des côtés valoises depuis la lune 3. Cela n’avait guère plu à Aelinor qu’il s’en aille, la laissant seule quelques semaines le temps qu’il aide à repousser les fer-nés et renforcer les défenses côtières de la région. Entre les attaques fer-nées des années passées, la mort de Jon Arryn deux ans plus tôt, et celle de son fils Robert surtout deux lunes plus tôt, le Val était en position bien délicate. Mais les valois ne se laissaient pas abattre. La famille Hardyng prit la tête de la région, les défenses s’organisèrent et les maisons valoises apportèrent son soutien à Harrold, le nouveau seigneur du Val. Depuis, Roland, rentré à Chênes-en-Fer, n’avait de cesse de se rattraper auprès de son épouse. Elle n’avait vraiment pas aimé qu’il parte comme cela. De plus, leur fils venait de naître. Le jeune Jasper avait eu du mal à arriver. Et les lunes qui suivirent son retour, Roland était au petit soin pour sa femme et son fils. Il était fier de pouvoir présenter son fils à sa grand-mère. Quatre générations de Vanbois étaient présentes à Chênes-en-Fer. Même si son grand-père n’était plus, Roland savait qu’Anya portait fièrement le nom de Vanbois et assurait les intérêts de la famille.

Ce jour-là, Roland s’occupait de son fils, Jasper. Il voulait qu’Aelinor se repose. Il avait alors fait préparer à manger pour le nourrisson. Il avait préparé le nécessaire pour qu’il puisse promener l’enfant dans les jardins de Chênes-en-Fer. La journée commençait donc très bien. Le jeune Jasper se portait plutôt bien, était content de passer quelques moments avec son père. Ils avaient croisé Morton, le père de Roland. Il n’était pas forcément très famille mais il était fier que son premier petit-enfant soit un garçon. La succession était tout assurée. Les Vanbois perdurèrent et ce sur quatre générations. Lorsqu’il rentra, Roland confia quelques minutes l’enfant le temps de se débarrasser de l’attirail qui lui permettait de ne pas attraper froid dehors. Reprenant son fils, il alla discrètement jusqu’à la chambre d’Aelinor qui devait sûrement se reposer. Elle allait beaucoup mieux depuis l’accouchement même si elle devait bien évidemment se reposer absolument. Les gazouillis du nourrisson trahirent leur présence et Roland s’engouffra dans la chambre ne laissant pas le temps à la jeune femme de les laisser entrer. Roland adressa un grand sourire à sa femme, allongée dans le lit. Il s’installa à ses côtés et déposa leur fils dans ses bras.

- Bonjour, ma tendre épouse. Comment vous portez-vous ce matin ?

Roland Vanbois, tout sourire, donna le petit Jasper à son épouse. Ils formaient un merveilleux couple et leur fils leur apportait tellement de joie. Il laissa alors Aelinor lui embrasser la joue et lui rendit sur son front. Elle avait l’air radieuse aujourd’hui. L’accouchement l’avait énormément éprouvée et le mestre lui avait conseillé de faire attention et de se reposer pendant plusieurs lunes. Néanmoins, la jeune épouse Vanbois reprenait de plus en plus ses activités. Deux lunes plus tôt, par exemple, elle entreprit de développer la fauconnerie à Chênes-en-Fer et Roland la soutenait. Il était heureux de la voir s’occuper et s’épanouir dans un projet tel que celui-là.

- Je vais bien, je vous remercie, Roland. Vous vous êtes occupé de lui ce matin, je ne trompe pas ?

Il s’est en effet bien occupé de Jasper ce matin. Roland était un père attentionné. Il adorait prendre son fils, s’en occuper une partie de la matinée puisque l’après-midi, il travaillait. Ce matin-là, il avait donc pris soin de son fils et était allé faire un tour, montrant à son jeune fils l’étendu des territoires des Vanbois. Bien évidemment, il n’avait pas eu le temps de tout montrer mais ils auraient d’autres matinées ensemble pour parcourir tout le territoire. S’installant plus confortablement auprès de son épouse, Roland passa un bras dans son dos, dirigeant son autre main vers Jasper. Il lui répondit alors avec joie.

- Jasper et moi avons effectivement passé une partie de la matinée ensemble.

Caressant la joue douce de son fils, Roland croisait le regard du petit. Il était si beau. La descendance d’Anya Vanbois était une nouvelle fois assurée. Le fils de l’héritier avait eu un fils. L’avenir des Vanbois était assuré. Roland était fier et remerciait chaque jour que les Sept faisaient de lui avoir donné un fils, de lui avoir permis d’épouser Aelinor Connington. Il avait désormais la vie dont il rêvait depuis tout petit, la vie qu’Anya voulait pour lui. Roland porta alors son regard vers son épouse et lui sourit.

- Vous êtes-vous un peu promener ce matin ? Je n’ai pas encore eu le loisir de voir le temps que nous avions. J’ai juste pris une broderie pour m’occuper.

- Nous nous sommes promenés, oui. J’ai montré à notre Jasper l’étendue du territoire de Chênes-en-Fer ou du moins une partie, vers la mer. Il faisait plutôt bon d’ailleurs.

Jasper tendit alors une main vers son père qu’il saisit délicatement, le regardant avec les yeux émerveillés. C’était un tableau ravissant. Des parents et leur enfant, heureux, sans problème, vivant la vie dont ils avaient rêvé, avançant chaque jour ensemble, main dans la main. Roland s’amusait avec son fils et continua dans le même temps la conversation avec sa femme.

- Votre nuit s’est bien passée ? Peut-être que nous pourrions faire une promenade aujourd’hui, tous les trois. Vous avez peut-être envie de sortir un peu, non ?

Roland se voulait attentionner envers sa femme. Aelinor avait vécu une grossesse compliquée l’année passée et un accouchement des plus difficile. Le mestre voulait qu’elle soit prudente mais Roland ne voulait pas qu’elle reste alitée pendant cent sept ans. Cela faisait maintenant dix lunes et même si elle restait fragile, il fallait qu’elle reprenne de petites activités. Roland restait là pour elle et serait toujours là pour elle.

Roland regardait sa femme avec amour tandis qu’elle réagissait à ses dires. Jasper et lui avaient en effet fait le tour du territoire des Vanbois. Il n’avait pas forcément eu le temps de tout parcourir mais il avait déjà montré à son fils l’essentiel.

- Il en sera un jour le seigneur, il faut qu’il apprenne à connaître son futur fief, vous avez raison. Mais je ne sais si à son âge il s’en souviendra. J’ai bien peur que vous ne deviez réitérer l’exercice de nombreuses fois.

- Vous seriez bien étonnée de savoir tout ce qu’un enfant peut garder en mémoire, ma douce épouse.

Ils rirent ensemble puis Roland prit la main du petit Jasper. Et tout en regardant son fils babiller, il demanda alors à sa femme si elle voulait sortir, marcher, se promener. L’air frais lui ferait sûrement du bien. Roland trouvait qu’elle n’était que trop resté dans son lit. Certes, le mestre avait ordonné le repos et le calme après la difficile grossesse et le difficile accouchement. Roland était alors resté près de sa femme. Jamais il ne l’aurait laissé seule avec son fils. Jamais… Roland avait tout de même été sur les côtes valoises prêter mains fortes pour le renforcement de la défense. Les attaques fer-nées avaient laissé un mauvais souvenir et Roland ne se voyait pas ne rien faire. Mais il revint assez vite pour sa femme et s’occupait d’elle dès lors. Désormais, il allait la soutenir et l’aider afin de sortir de ce lit. Aelinor devait sûrement vouloir reprendre sa vie comme avant maintenant qu’elle allait mieux.

- J’adorerai aller me promener. Rester dans ces appartements va finir par me rendre folle. Je ne suis pas faite pour rester alité des lunes.

Et cela, Roland pouvait le comprendre totalement. Lui-même avait tenu le lit parfois dans sa jeunesse après une blessure ou un état maladif. Quoiqu’il en soit, Roland la comprenait totalement et acquiesçait ses dires.

- Vous souvenez vous de nos échanges après ma chute de cheval. Déjà à l’époque je n’arrivais pas à rester calme. Lady Alysanne Rogers m’a beaucoup soutenue et sa présence m’a permis de suivre les recommandations du mestre. Sans elle je ne sais si j’aurai pu en faire autant. Je suis une orageoise, je crois que je n’aimerai jamais rester enfermer de la sorte.

- Rassurez-vous, les valois non plus n’aimerait pas rester enfermer de la sorte. Durant mon enfance, lorsque je devais tenir le lit, je n’avais qu’une envie, sortir dehors, parcourir Chêne-en-Fer, me promener à cheval.

Mais la grand-mère de Roland n’était jamais de cet avis. Quand Anya Vanbois disait quelque chose, nul ne pouvait la contredire, nul ne pouvait lui désobéir. Roland se rappela alors les mets qu’Anya faisait exprès pour son petit Roland malade et il eut le sourire jusqu’aux oreilles. La voix d’Aelinor le ramena au présent et il plongea son regard dans le sien, la dévorant des yeux amoureusement. Le petit Jasper semblait très heureux dans les bras de sa mère. C’était un enfant si adorable. Certaines nuits n’étaient pas de tout repos mais Roland était heureux d’avoir un enfant, d’avoir un fils. Il était heureux mais surtout fier tout comme l’était Anya, de voir une descendance assurée avec trois hommes – Morton, Roland et Jasper – sans oublier ses autres enfants et autres petits-enfants.

- Avez-vous une préférence au sujet du lieu de notre promenade ?

Roland y réfléchissait et il se disait qu’une promenade au travers de la forêt pourrait être vigorant pour Aelinor et le bébé. D’autant que malgré l’hiver, le temps semblait clément aujourd’hui. Habillés chaudement, le couple et le bébé pourraient profiter du paysage valois entourant Chênes-en-Fer comme Roland dans son enfance avec ses cousins, son père ou même sa grand-mère de temps en temps.

- Avez-vous rendu visite à Dame Anya et votre père avec Jasper. Je crois savoir que Ser Morton apprécie beaucoup son petit-fils. Quant à lady Anya, un autre petit lord dans la famille doit lui faire plaisir.

Roland regarda sa femme et lui répondit.

- Pas aujourd’hui non mais lady Anya et lord Morton ont eu, ont et auront tout le loisir de la voir quand ils le désirent.

Et ce même si les deux Vanbois étaient très occupés. Lady Anya tentait de régler les problèmes financiers de la famille, parfois avec l’aide de Roland, souvent avec l’aide de Roland. Le jeune chevalier se releva du lit, prit Jasper pour le mettre dans son berceau et sourit à sa femme. Elle était si ravissante. Il était désormais temps pour elle de sortir de ce lit et de revivre. Sortir et se promener dans la forêt, pas trop loin du château serait une bonne idée pour la remettre d’aplomb. Il lui exposa alors son plan, lui laissa leur enfant et le temps pour se préparer. De son côté Roland prépara l’escapade, demanda à deux hommes de se préparer et les accompagner. La forêt était magnifique mais pouvait être un endroit dangereux. Deux hommes ne seraient pas de trop pour les accompagner et les protéger. Roland annonça à son père qu’il sortait avec sa femme pour l’heure qui suivait. Quelques minutes plus tard, il attendait sa tendre épouse dans la cour du château, près, habillé chaudement, accompagné des deux hommes qu’il avait missionné et surtout prêt à partager un moment avec sa femme et son fils.

- Nous pouvons y aller je crois.

- Parfait, allons-y donc.

Roland confia le petit Jasper à Aelinor qui le réclamait. Le chevalier lui tendit avec un grand sourire. Le petit Jasper manquait à sa mère, cela se voyait. Roland n’était donc pas réticent quant à lui donner, il en avait bien profité au début de cette matinée fraîche et froide. Se tournant vers les deux hommes qui allaient les accompagner, Roland leur adressa quelques mots.

- Je doute que nous rencontrions le moindre problème mais je vous remercie de votre présence. Ce n’est qu’une simple petite balade mais je veux m’assurer de la sécurité de ma femme et de mon fils.

Les deux soldats inclinèrent leurs têtes et assurèrent à Roland qu’ils seraient vigilants. Ils partirent donc tous vers la forêt située à côté de Chêne-en-Fer. Roland n’avait jamais eu de problèmes en ces lieux mais les attaques fer-nées – qui depuis avaient cessé – avaient montré la faiblesse des régions côtières. Le Val regorgeait également de tribus des montagnes capables de se faufiler à travers les forêts. Néanmoins, vu l’endroit vers lequel se dirigeait le petit groupe de valois, il y avait peu de chance de rencontrer le moindre problème. Roland était heureux. Il était avec sa femme, qui semblait apprécier l’air frais, et son fils, le petit Jasper. C’était une nouvelle aventure pour Aelinor et Roland. Être parent était quelque chose qu’ils appréhendaient tous les deux. Roland avait cette envie depuis si longtemps. Il avait souvent demandé conseil auprès de sa grand-mère. Être père était quelque chose dont il avait peur mais dont il était pressé de découvrir. Et à la fin de l’an passé, il avait été comblé grâce à l’arrivée du petit Jasper. Ce n’était guère une arrivée au monde facile et chanceuse mais les deux se portaient bien aujourd’hui. Aelinor recouvrait sa santé et le petit Jasper poussait se dirigeant doucement vers son neuvième mois. Ces pensées positives l’accompagnèrent tandis qu’ils arrivèrent dans la forêt, la forêt de son enfance où il venait souvent jouer avec ses cousins. Roland est en effet fils unique mais avait la chance d’avoir de nombreux cousins et cousines. Il ne les connaissait pas tous mais avait pu grandir parmi certains dont Andar Royce, le premier des petits-fils, fils d’Ysilla, la fille aînée d’Anya. Il espérait désormais qu’il fonde une grande famille, que Jasper ne demeurerait pas l’unique fils. Roland voulait plusieurs enfants. Il voulait connaître la joie d’avoir une fille, une fille qu’il sait qu’il appellerait Anya comme sa grand-mère. Gardant ses pensées proches, il reporta son attention vers sa femme et son fils et demanda à la première.

- Vous allez bien, mon amour ? Vous n’avez pas trop froid ?

Roland était très attention comme mari et il voulait le meilleur pour sa femme. Il espérait que par ce temps peu clément, elle n’attrape pas froid. Il s’en voudrait qu’à peine sortie du lit, elle contracte quelque maladie qui ne la fasse aliter de nouveau. Le petit Jasper semblait s’être endormi après quelques minutes de marche dans les bras de sa mère. Tout en marchant, il ajusta sa cape. Il faisait vraiment froid et il n’osait imaginer si les arbres n’étaient pas présents pour les protéger quelque peu. Il regarda aux alentours et remarquait de temps à autre des coins où il venait jouer lorsqu’il était petit. Il attendit une réponse de son épouse, prêt à demander au soldat derrière eux de donner la cape qu’il avait pris en plus dans le cas où sa femme ou le petit avait trop froid. Roland était vraiment un mari et un père attentionné et il espérait que sa femme apprécie sa présence à ses côtés, lui qui constamment voulait se faire pardonner de son absence lorsqu’il partit en début d’année aider à renforcer les défenses sur les côtes valoises. Il était certes revenu assez vite auprès de sa femme et son fils mais cela ne l’avait pas empêché de culpabiliser et de s’en vouloir. Un regard croisant celui de sa femme, Roland pensa alors à combien il l’aimait, combien il était reconnaissant d’avoir pu épouser une femme qu’il aimait et non une femme qu’on lui aurait imposé.