-45%
Le deal à ne pas rater :
PC Portable LG Gram 17″ Intel Evo Core i7 32 Go /1 To
1099.99 € 1999.99 €
Voir le deal


[FB] Everything's Gonna Be Alright ♫

Invité
Invité

Anonymous

Informations
Personnage
Badges


   
# 
Everything's Gonna Be Alright ♫

   Elle avait demandé à voir la guérisseuse. La voici devant l'infirme. Un infirme noble. La rouquine cille et croise les bras après avoir effectué un petit signe de salutation de la tête. Elle déteste présenter du respect à une autre personne qu'Asha. Elle le fait parce que c'est la règle et que les roturiers s'inclinent devant les gens que la vie a dotés d'un nom de famille. La douleur éclate à nouveau sur toute la longueur de son bras bandés. La plaie n'entend pas cicatriser sans avoir terminé son douloureux chant du cygne. Halys n'a jamais été du genre à se plaindre. La douleur, elle l'exprime sur ses traits et seulement lorsqu'elle ne peut pas faire autrement. Jamais par les mots. Sa faiblesse peut se deviner. Mais jamais la rouquine la confirmera. C'est ce qu'elle s'était jurée. Mais des insultes échangées, un coup de dague bien ajusté et un sillon profond dans sa chair l'ont menée à cracher sur cette promesse. Alors elle a décidé de se confier à une personne. Une personne qui était sensée l'aider et se montrer discrète. On dit du bien des talents de cette étrangère. Les événements ont décidé qu'il était temps de vérifier par elle-même si cette femme était à la hauteur de cette réputation. Mais la voici devant un homme. Celui-là même qui, le suppose-t-elle, a accepté de la recevoir en sachant très bien qu'elle désirait voir Leeven. Le serviteur, ce bon perroquet, n'aurait pas pu oublier de délivrer cette information. Halys hoche la tête de gauche à droite, résignée. « Fais chier ! » crache-t-elle dans un murmure. Elle se retient toutefois d'envoyer l'un de ses glaires au sol. Elle se sait protégée par Asha mais il existe une limite pour chaque chose. Non, elle ne souhaitait pas voir cet infirme. Mais maintenant qu'elle est là elle ne peut pas simplement tourner les talons et s'en aller. Le temps de ces gens-là est, dit-on, plus précieux que celui du peuple. Elle ne lui offrira pas une raison d'aller se plaindre auprès de la Seiche d'Or. Elle pose le regard sur l'entrejambe du Botley et le détourne aussitôt. Au moins Leeven n'a-t-elle pas à subir les assauts constants de son époux. Un dragon et un homme privé de sa virilité. Elle s'en sort plutôt bien pour une étrangère !

   Elle tarde encore avant de fournir la raison qui explique sa présence ici, devant le Botley. Le silence lui convient parfaitement. Elle espère avec effronterie que, peut-être, il se lassera avant elle et qu'il la congédiera. Pourtant elle a l'impression de l'amuser. Difficile de dire si c'est une simple vue de son esprit ou si le noble prend un certain plaisir en sa présence. Son regard est... particulier. Elle ne l'aime pas ! Une trace de folie, lui semble-t-il, enfume l'éclat de ses yeux. Elle pousse un nouveau juron et, d'un signe du menton, désigne son bras merutri. « C'est à cause d'lui qu'j'suis là ! » Elle ne sait que trop bien que les gens apprécient les échanges plus cordiaux, enveloppés dans une foule de mots inutiles. Alors elle sait qu'il faudra probablement qu'elle en dise plus au sujet des raisons de sa visite. Puisqu'elle préfère encore s'exprimer d'elle-même plutôt que d'être l'otage des questions de ses interlocuteurs, la roturière accepte une fois encore les règles de ce jeu qu'elle ne cesse de combattre. « On m'a dit qu'Lady Botley p'rrait m'aider autrement qu'avec d'l'alcool ou du lait d'pavot ! » L'exercice est pénible. Elle se sent nue face à cet homme. Elle vient de lui exposer une faiblesse qui, pour elle, relève presque de l'intimité. Mais elle souhaite garder l'esprit. Elle le doit. Asha compte sur elle et elle, elle ne la décevra pas. Elle préfère souffrir que de faillir mais si elle peut échapper à ces deux options alors ça mérite sûrement une petite prospection dans l'antre des Botley. Elle tente de croiser ses bras. Elle n'y parvient pas. La douleur se réveille et elle se maudit d'être prisonnière de ses habitudes. L'irritation s'accentue. Elle se permet alors d'arquer ses sourcils en signe d'impatience, pour inciter l'infirme à la délivrer de son attente. Où est sa femme ?
Invité
Invité

Anonymous

Informations
Personnage
Badges


   
# 
Everything's Gonna Be Alright ♫

   Allongé sur les pierres glacées du château de Lordsport, le Botley fixait son regard fatigué sur le plafond. Il observait les couleurs qui y défilaient et qui ondulaient gracieusement sous ses yeux. Elles vacillaient dès que le vent s'engouffrait dans la petite pièce éclairé. Les bougies allumées ici et là dont certaines étaient dissimulés dans des pots en verre coloré, amusait beaucoup le jeune homme. Il suivait les formes qui dansait sur les murs et avait parfois l'impression de reconnaître certaines constellations. L'ennui ne l'avait jamais réellement réussi... Et pourtant, il restait là, couché sur le sol frileux, à attendre que quelqu'un vienne. L'insulaire ne savait pas réellement où était son épouse, Leeven allait et venait au rythme de ses humeurs. Peut-être avait-elle été appelée pour soigner une pauvre âme perdue... Il existait tout un tas de possibilité ! Cette femme avait de la chance de l'avoir comme époux. Il connaissait peu de mariées qui avait autant de liberté ! Harlon bulait, jouait avec les sons qui sortaient de sa bouche. Il était à la limiter de son ennui et à deux doigts de quitter cette pièce qui enrobait différentes odeurs, devenant presque nauséabondes. Toutefois, un domestique vint à sa rencontre, l'informant de la venue d'une jeune femme qui était à la recherche de Leeven. Dans d'autres circonstances, il l'aurait congédié, mais Harlon avait besoin d'occupation.

La rouquine ne lui était pas inconnue, elle était celle qui suivait Asha, la gamine des rues qui souriaient peu. Harlon était plutôt physionomiste, il ne retenait pas les noms, mais les visages restaient ancrés dans son esprit. La jeune femme ne souriait toujours pas et jura dans sa barbe, apparemment, son domestique n'avait pas prévenu de la non présence de la guérisseuse. Un juron qui fit apparaître un léger rictus sur ses traits excédés. Elle se tenait face à lui, adossé contre le mur, il la détaillait du regard et attendit qu'elle parle. Il s'amusait de ce comportement hargneux et reconnaissait bien là le choix de son amie. La Greyjoy aimait les forts caractères, ceux qui étaient capables de lui tenir tête sans pour autant marcher – ramper – sur ses plates-bandes. L'insulaire semblait faire de même, ses yeux se baladaient sur son corps brisé. Mais à ce jeu de : qui va parler en premier, Harlon était imbattable.

C'est un : « c'est à cause d'lui qu'j'suis là ! » qu'elle laissa glisser entre ses dents. Il le percevait, ça lui coûtait de dire tout ça, mais Harlon n'était pas Tris', il était tout son opposé dès qu'il s'agissait de femme. Son regard se posa alors sur ce bras et acquiesça la tête avec un : « hum » chargé de fausse sollicitude. Lui, il était paralysé, il avait bien le droit de ne pas être préoccupé pour une blessure qui paraissait banale. Bien évidemment, le jeune homme n'avait juste aucune idée si elle était grave ou non.

La roturière continua sa lancée, finissant d'expliquer sa présence à Lordsport. Elle ne souhaitait pas prendre du lait de pavot, ni d'alcool, mais espérait que son épouse puisse l'aider autrement. D'un geste de la main, il fit disparaître son domestique et se montra plus conciliant envers l'insulaire : « J'suis sûr qu'elle le peut, mais malheureusement pour toi l'amie, elle est pas là ». Harlon haussa les épaules, se montrant désolé pour elle. Il se redressa un peu plus, en observant toujours ce bras qui semblait finalement vraiment faire mal : « tu pourrais attendre qu'elle rentre, mais t's'rais obligé de rester à Lorsport ce soir ». Il mima un visage consterné pour elle.

Toutefois, toutes ses actions avaient un but bien précis. Car il n'attendait pas pour rien sur ce sol. Lui, tout ce qu'il voulait dans cette pièce qui n'appartenait qu'à Leeven, c'était tout ce qu'elle avait mit en hauteur. Elle l'infantilisait en cachant ses herbes, les mettant hors de sa porté.Toutefois, toutes ses actions avaient un but bien précis. Il releva la tête, faisant semblant de chercher quelques choses sur les étagères et fit alors semblant de murmurer pour lui-même : « pas de pavot, ni d'alcool ». Harlon comptait sur ses talents d'acteur et sur la douleur de la jeune femme pour enfin obtenir ce qu'il voulait : « j'te conseille de boire cette herbe en tisane, ça va aider pour la douleur ». Il y était presque, il le savait ! Le jeune homme se hissa du sol pour monter sur la chaise de sa femme, il prit alors la théière et tout en préparant le nécessaire, il évitait soigneusement de la regarder : « Prends le bocal et mets ça à bouillir ». Il allait y arriver !!
Invité
Invité

Anonymous

Informations
Personnage
Badges


   
# 
Everything's Gonna Be Alright ♫

   Harlon lui indique que son épouse ne se trouve pas là. Il confirme alors ce qui semblait déjà évident. Elle ne voit aucune raison, pour lui, de cacher sa présence à la guérisseuse ou de l'éloigner d'elle. « Manifestement, oui ! » répond-t-elle en embrassant la pièce du regard. Halys a envie de pester contre sa malchance. Elle ne se voit pas passer une nouvelle nuit sous le joug de la fièvre. Elle est bien trop faible pour maintenir l'ordre à bord du Vent Noir en l'absence d'Asha et bien trop fière pour accepter de se soumettre à son corps récalcitrant. La jeune femme lâche un soupir agacé. Elle n'aime pas l'idée d'attendre le retour de Leeven et de passer la nuit ici, dans cette demeure qui lui est pratiquement inconnue. Pas avec un Tristifer qui doit hanter les lieux et qui sera sans doute trop pressé de lui demander des nouvelles de la Princesse ou de Myria. Sa place se trouve parmi l'équipage. Elle ne voit d'ailleurs pas comment le temps pourrait s'écouler agréablement en compagnie de Harlon, cet handicapé. Asha semble apprécier l'homme mais elle, elle n'oublie pas qu'il aime bien plaisanter au sujet de son frère et de son mariage avec l'héritière des Seiches. Elle ne goûte pas à cet humour. En fait, elle ne goûte pas du tout à l'humour. Et cet homme, elle le sait, n'en est pas forcément dépourvu. Pour peu qu'il plaisantait... D'un autre côté, la rouquine est bien consciente qu'elle n'est pas utile à Asha ou à l'équipage dans cet état-là. Si le navire devait lever l'encre, elle lui dirait au revoir depuis les quais. Elle se doit de retrouver l'usage de son bras au plus vite. La moindre faiblesse, elle le sait, est impitoyablement exploitée sur les Iles de Fer. Il lui faut prendre une décision, opter pour un choix qui sera de toute façon nocif pour sa patience ou sa fierté. Ou peut-être pas...

   Son hôte commence à s'affairer à hauteur des étagères et elle suit le regard qu'il pose sur les ingrédients qui se situent en hauteur. Autrement dit, hors de sa portée. N'étant pas encore certaine de ce que l'infirme est en train de faire, elle se contente d'observer. Et d'écouter ce qui semble bien vite devenir le discours d'un guérisseur. La jeune femme plisse les yeux. Se pourrait-il que Leeven l'ait formé à son art ? Elle en connaît trop peu sur elle pour se faire une question sur le sujet. Mais ce qui est certain, c'est que personne ne lui a recommandé de se fier aux conseils de ce noble pour vaincre le mal qui la ronge. Elle pose le regard sur l'herbe que l'homme lui indique sans toutefois prendre le soin de s'intéresser directement à elle. Il semble... absorbé par ses réflexions. Elle, elle grimace lorsqu'il évoque le breuvage qu'elle devra ingurgiter. « Une tisane ? Et pourquoi pas du lait tant qu'à faire ?! » relève-t-elle sur un ton frôlant celui des plaisanteries qu'elle déteste tant. Son hôte ne réplique pas et Halys, consciente de la nécessité de se soigner, lève les yeux au ciel avant de s'approcher à son tour des différents ingrédients. Elle se met sur la pointe des pieds pour prélever le bocal indiqué de la bibliothèque. Elle l'ouvre avec précaution mais difficulté et hume l'étrange parfum qui s'en échappe. Son esprit est presque immédiatement altéré par un voile étrange et apaisant. Elle observe avec plus d'attention la fameuse herbe médicinale et finit par hausser les épaules. « Au point où j'en suis... » Elle n'a pas grand chose à perdre et l'homme semble savoir ce qu'il fait. Elle ne devine pas la moindre once de doute en lui. C'est insuffisant pour lui faire totalement confiance mais bien trop convainquant pour qu'elle doute de sa capacité à l'aider.

   Elle opte pour ce qu'elle estime être la voix de la raison et s'emploie à contenter la demande du Botley. Elle trouve rapidement de quoi faire cuir de l'eau et déverse une part non-négligeable du contenu du bocal dans la petite marmite léchée par les flammes. Elle cherche à croiser le regard de son hôte pour s'assurer qu'elle a bien fait ce qu'il attendait d'elle mais ne parvient guère à la décrypter. Il semble satisfait mais il est toujours trop dur de déchiffrer les pensées d'un Botley. Ces gens-là sont... spéciaux. Bien trop, en tout cas, pour Halys. Entre l'infirme et l'amoureux transit, elle aurait de la peine à leur accorder une quelconque once de mérite. Mais elle veut bien laisser une chance à Harlon. Asha, il lui semble, ne lui a jamais parlé de lui en termes acides. Sauf, évidemment, lorsqu'il lui rappelle qu'elle finira par épouser Tristifer... « Bon ! Voilà ! » Il n'y a plus qu'à attendre ! La fer-née s'adosse contre le mur qui lèche les flancs de la cheminée, replie un pied contre ce dernier et croise les bras. Il faudra un peu de temps avant que l'eau se mette à bouillir. Un laps de temps bien trop long. D'ordinaire, les gens aiment meubler l'attente avec leurs discussions stériles. Pas Halys. Les silences que les gens trouvent pesants, elle les affectionne. Elle n'estime ainsi pas nécessaire ou bienvenue de venir briser les crépitement du feu ou même d'échanger plus que de raison avec ce guérisseur improvisé. Elle est venue pour se faire soigner, pas pour entretenir une quelconque relation sociale superflue. « J'espère qu'vous savez c'que vous faites ! » Les avertissements ont une saveur particulière. Ils n'appellent pas de réponses. C'est une simple exposition de la vérité et une ombre jetée volontairement sur le futur. Si elle doit mourir aujourd'hui à cause de sa propre négligence ou de celle de Harlon, elle s'arrangera pour ne pas rejoindre seule les rangs des rameurs du Dieu Noyé. La rouquine balade longuement ses opales aux reflets céruléens sur les divers éléments qui composent l'âme de cette pièce. Puis les bruits répétés des bulles d'eau malmenées par la chaleur lui rappellent qu'il est temps de la déverser dans la théière. Elle éprouve certaine difficulté à le faire mais y parvient finalement sans l'aide du Botley. L'esquisse d'un sourire satisfait glisse un instant sur ses lèvres tandis qu'elle saisit la nouvelle prison de fer de cette tisane aux nimbes verdâtres. « Lord Botley ! » le salue-t-elle tout en amorçant son départ. Il ne lui reste plus qu'à emporter la boisson ailleurs, là où elle pourra la siroter tranquillement. Et seule ! Qu'il se rassure : elle lui rapportera la théière !
Invité
Invité

Anonymous

Informations
Personnage
Badges


   
# 
Everything's Gonna Be Alright ♫

Le Botley avait suffisamment observé Leeven pour convaincre n'importe qui de ses talents de guérisseur. Des soucis d'inflammation ? Prenez-donc ses algues séchées, quatre fois par jour, à boire en tisane. Une plaie purulente ? Il faut la nettoyer deux fois par jour avec de l'eau pur tiédie, mélangé à du sel marin, et changer les bandages avec du linge propre. L'insulaire connaissait certaines bases, sans pour autant mettre du sens derrière ses recommandations. Il retenait simplement les mots, trompant alors son petit monde et aujourd'hui, la jeune femme qui se tenait face à lui. L'ombre d'Asha réagit avec hostilité lorsqu'il évoquait cette infusion de plante, mais sans pour autant le contre-dire dans son idée, preuve qu'il était raisonnablement convainquant. Son plan improvisé était sur la bonne voie, même si c'est à contre-cœur qu'elle se dirige vers les étagères. Les yeux roulant vers le ciel, la Fer-né sans titre se mit sur la pointe de pied et prit le bocal que son hôte lui avait indiqué, faisant alors apparaître un sourire victorieux sur cette mine réjoui. Un rictus qui se fit plus large lorsqu'elle haussa les épaules en laissant glisser entre ses lèvres un : « au point où j'en suis... » plein de lassitude.

La rouquine au regard glaciale déversa les plantes desséchées dans la petite marmite, une quantité bien supérieur de ce qu'il prenait habituellement. Mais pour cette fois, Harlon n'était pas en faute, ce n'était pas lui qui avait préparer la décoction, toutefois, il était davantage pressé qu'inquiet. Ils allaient bien être... ailleurs. Il l'observait de loin, souriant brièvement et restait presque absent devant cette demande de réassurance. Et finalement, elle s'adossa contre le mur, sans pour autant s'asseoir pa terre et attendait dans le silence. Aucun des deux ne semblait être gêné par celui-ci, il était agréable, sans pression de bienséances. Tous ses sens étaient happés par cette marmite, les petits bruits des bulles qui éclataient, les odeurs si particulières qui s'y dégageaient, la chaleur... Aucun des deux ne semblait être gêné par celui-ci, il était agréable, sans pression de bienséances. Un sentiment que la Fer-né semblait partagée, car elle brisa ce silence en communiquant cette frustration qu'elle avait sublimé par des mots hargneux. Ce à quoi le Botley leva un sourcil, l'air vexé. Bien sûr qu'il savait ce qu'il faisait ! C'était peut-être même la seule chose qu'il savait faire dans ce laboratoire.

Puis, au bout d'un certain temps, elle finit par vider le contenu dans la théière acré de Leeven et tout en le saluant, l'inconnue se mit en route vers la sortie. Harlon n'eut qu'une seconde pour réfléchir, il n'avait pas imaginé qu'elle prendrait la fuite avec ce liquide si précieux à ses yeux. « Je ne f'rais pas ça à ta place l'ami », finit-il pas lâcher avec précipitation contrôlée. D'une main assuré, elle tira la chaise qui se trouvait à côté de lui et poussa un verre dans cette même direction. Son plan se peaufinait au fur et à mesure que ses bras s'actionnait, et en l'espace d'une seconde, il savait quoi dire. « Mon épouse est plutôt... Conservatrice. Elle aime c'te théière », dit-il avec ce même mouvement oculaire que l'inconnue avait réalisé quelques minutes plus tôt. Et il rajouta une couche, touchant peut-être le cœur de cette femme, car après toute, elle se ressemblait un peu toute : « j'crois que ça lui vient d'sa grand-mère, tout ça pour dire que tu d'vrais la laisser ici ». Il adressa un léger sourire, l'incitant à faire ce qu'il venait de dire et finit par dire avec un ton suffisamment neutre pour que ça ne paraisse pas comme une menace, mais comme un fait ou un conseil : « on ne contrarie jamais une femme qui a un dragon ». Finalement, au lieu de trouver une autre parade, il aurait très bien pu lui donner un ordre direct, mais cela n'aurait pas été aussi drôle.

De sa main, il indiqua qu'elle pouvait s’asseoir et attendit patiemment qu'elle s'exécute tout en signifiant : « tu peux en prendre maintenant, pendant que j't'en met dans cette gourde ». Le Botley allait réaliser ses gestes, très lentement, attendant qu'elle en prenne suffisamment, pour se servir ensuite. Vu la quantité d'herbe qu'elle en avait mis, il ne devrait pas attendre trop longtemps.
Invité
Invité

Anonymous

Informations
Personnage
Badges


   
# 
Everything's Gonna Be Alright ♫

   L'avertissement d'Harlon ne sonne pas comme une menace et la rouquine se retourne, intriguée, pour le voir tirer une chaise. L'invitation semble claire mais ses raisons n'en demeurent pas moins obscures. Halys interroge donc le noble du regard comme pour l'inciter à la convaincre avec de réels arguments. Pourquoi ne doit-elle pas faire ça? Elle se permet de supposer que l'homme souhaite, avant de la laisser s'en aller sereinement, des remerciements. Peut-être même un paiement. Elle pourrait consentir à lui offrir l'un ou l'autre. Mais pas avant qu'elle se soit assurée de l'efficacité du breuvage. Si la plupart des gens passés entre les mains de Leeven s'accordent sur le talent de cette dernière, elle n'a jamais entendu parlé des connaissances médicales de son époux. Elle lui accorde le bénéfice du doute mais pas sa confiance. En tout cas, pas encore. Elle répond donc à la remarque de l'infirme en lui opposant le scepticisme qui s'est inscrit dans son regard. Qu'il s'explique ! Et en s'abstenant, si possible, de lui octroyer des qualificatifs comme celui qu'il vient d'employer pour la désigner. Elle n'est pas son amie.Et même si elle est consciente qu'il s'agit de la simple expression d'un vocabulaire familier, que ce mot ne trahit que rarement la réalité et que son hôte ne pensait pas à mal, la jeune femme se sent presque insultée par la complicité qu'il suppose.

   L'homme lui explique que l'objet de la discorde se trouve entre ces mains et que son épouse y attache une importance particulière. Halys n'a jamais compris comment les gens pouvaient s'attacher à des choses. Elle a déjà de la peine à appréhender le fait qu'ils puissent le faire avec les congénères... Soupçonnant l'existence d'une plaisanterie qui ne parviendra pas à lui arracher un sourire, la perplexité de son regard s'accentue. Elle ne sait guère comment réagir. Si son hôte est sérieux, Leeven risque fort bien de s'offusquer de l'absence de la théière. S'il est au contraire d'humeur taquine, elle voit mal ce qu'elle peut répondre à une telle ineptie. L'argument décisif intervient après quelques instants : la femme du Botley possède un dragon. La rouquine est bien forcée de reconnaître que c'est une information que seuls les fous peuvent se permettre de négliger. « J'dois comprendre qu'votre femme s'rait prête à tout faire cramer pour une simple théière ? » Pour peu que ce soit vrai, elle a effectivement des raisons de reconsidérer son départ. Tout ceci n'a rien de rassurant. Si l'épouse de l'handicapé est assez instable pour déclencher l'enfer au nom d'un simple ustensile, que fera-t-elle le jour où elle sera réellement contrariée. Elle imagine un instant les Iles de Fer ravagées par les flammes. Difficile de se fier à une personne pareille. Une étrangère, qui plus est. Pour Halys, un simple mariage ne suffit pas à effacer l'appartenance à une culture différente de celle qui s'est forgée dans le rude archipel. Leurs enfants seront des fer-nés mais Leeven, elle, restera à jamais une femme venue d'ailleurs. À l'instar de Myria, elle pourra faire ses preuves et obtenir une forme de respect. Elle ne pourra cependant pas changer la nature de son sang.

   Un soupir las plus tard, la protégée de la Princesse s'avance finalement en direction de la table. Jouer la carte de la prudence ne lui coûte pas grand chose si ce n'est quelques minutes supplémentaires en compagnie de l'infirme. « Au moins maint'nant j'ai une p'tite idée d'la personne qui dirige vraiment c'te d'meure ! » Il lui fallait trouver un moyen d'exprimer sa frustration et puisqu'il semble impossible de s'en prendre ouvertement à un noble qui, de plus, est apprécié par Asha, elle s'est résolue à prononcer quelques mots de plus. Si la plaisanterie supposée du Botley - rien ne lui prouve avec certitude qu'il ne se joue pas d'elle - n'aura pas réussi à lui arracher un sourire, la rouquine, cette fois, laisse l'esquisse d'un sourire envahir ses lèvres. Elle considère ensuite la tasse et l'effusion qui tournoie mollement à l'intérieur, la hume avec prudence et, après un dernier regard à l'infirme, y trempe les lèvres. Un puissant vertige nauséeux l'étreint immédiatement. Elle a l'impression qu'une main divine tente d'extirper son âme de son corps et sa vision vacille très brièvement. C'est une sensation étrange, désagréable, qui lui laisse toutefois très vite comprendre que le breuvage n'est pas anodin. Elle reprend une gorgée puis une autre. Elle s'habitue à ce goût acre qui lui brûle la langue et la gorge mais d'une manière bien différente de l'alcool.

   Les secondes passent dans un silence entièrement satisfaisant. Une très jolie sensation de légèreté se substitue à la douleur et Halys constate bien vite, avec un soulagement qu'elle parvient à peine à dissimuler, que son bras semble enfin faire preuve de docilité. Elle s'appuie avec une nonchalance exacerbée contre le dossier de sa chaise et hoche la tête en regardant Harlon. « Ca m'semble efficace ! » concède-t-elle tandis que l'ombre du regret flotte brièvement dans le voile de ses yeux. Elle n'aime pas accorder trop de mérite aux autres. Même quand elle le mérite. L'exercice n'est toutefois pas aussi déplaisant que d'ordinaire. La faute à cette boisson, sans doute. Son esprit s'embrume et elle le sent. C'est précisément ce qu'elle espérait éviter sans quoi elle aurait simplement noyé sa souffrance dans l'alcool. Cependant elle ne parvient pas à s'en formaliser quand bien même le résultat qu'elle a obtenu est différent que celui qu'elle est venu chercher. « V's'avez vu ça ? » l'interroge-t-elle soudainement lorsque le sol se met à trembler. Plus que le sol, ce sont surtout les murs qui commencent à vibrer à un rythme saccadé. Elle frotte ses doigts sur ses paupières pour chasser la folie qui s'est emparée de son regard hagard. La rouquine le pose ensuite très vite sur son hôte en espérant qu'il voudra bien lui confirmer qu'il est n'est pas étranger aux tours que son esprit commence à lui jouer.
Invité
Invité

Anonymous

Informations
Personnage
Badges


   
# 
Everything's Gonna Be Alright ♫

  Il lui était facile de jouer avec l'image de son épouse, de la rendre plus féroce qu'elle ne l'était en réalité. Harlon ne ressentait aucune honte à mentir de la sorte, car après tout, avec un seul regard, la rouquine serait que la guérisseuse serait incapable de faire du mal à autrui. Ce n'était pas dans ses valeurs, ni dans son tempérament. Mais pour le moment, elle n'en savait rien et cela jouait en sa faveur. À sa question, le jeune homme eut un léger rictus, ce qui remonta ses pommettes et étira son regard d'un bleu intense : « qui peut savoir ce qu'il s'passe dans l'esprit d'une femme ». Le mensonge glissait aisément sur sa langue, mais il s'enroulait de vérité, c'était sans doute pour cette raison qu'il paraissait aussi plausible. La Fer-né l'observait, jaugeait ses paroles, il sentait tout son désarroi. Elle semblait être prise toute entière par un conflit intérieur, rester ou le planter là, mais la douleur eut raison de sa volonté. L'ombre d'Asha soupira et alors qu'elle avança vers la table, le jeune homme formula sa victoire : « courageuse mais pas téméraire à c'que j'vois » et il lui adressa un sourire charmeur. En réalité, il comprenait le choix de son amie, le pourquoi elle et pas une autre, il la retrouvait en cette fille des rues. Et même dans ses tacles verbaux, ce qui était fort amusant pour le jeune homme. Harlon eut un rire guttural : « tu n'as pas idée l'amie » ironisa-t-il de bon cœur. Car certes, Leeven avait un dragon, mais la demeure Botley n'était dirigé ni par Harlon, ni par Leeven, mais bien par Sawane. Ce vieil homme qui planifiait chacune de leurs actions, celui-là même qui avait eu suffisamment d'audace pour refuser l'antique voie.

La rouquine prend une gorgée, puis une autre, laissant un sourire envahir ses lèvres. Tout son corps semblait alors réagir au liquide âcre. Restant assisse, son dos s'affaissait sur la chaise et son regard autrefois ternes, devint aussi brillant qu'une étoile. Harlon la contemplait dans cette euphorie nouvelle. Elle accordait les bienfaits de cette tisane peu commune, forçant le jeune homme à sourire de plus belle. Il connaissait que trop bien les effets. Et tandis qu'elle se laissait glisser dans cet état de semi-conscience, le Botley se servit une tasse. Tous ses sens étaient happés par ce liquide qui fumait tranquillement. Et il l'a bu d'une traite, se brûlant la langue au passage, mais peu lui importait, car bientôt, il ne ressentirait plus rien, bientôt, il aurait la sensation d'être invincible. Il était si heureux d'avoir réussi que l'excitation se lisait dans son regard. Il était comme un enfant qui trépignait d'impatience devant la promesse de prendre la mer. Il se sentait lui aussi s'affaisser sur sa chaise, il pouvait le sentir, la rouquine n'avait vraiment pas été de main morte.

Harlon avait l'impression de flotter sur lui-même, mais la question de la rouquine le fit revenir sur cette chaise inconfortable : « nnnaaaa ». Il fermait les yeux, la tête en arrière comme s'il profitait du soleil : « tu vois quoi ? » questiona-t-il, bien que la réponse lui était totalement égale. D'un coup, il se releva, en oubliant presque combien de temps s'était déroulé entre sa question et la réponse et le moment où il s'était rassis correctement : « tu sais ce qui serait plus drôle ! D'aller sur la plage l'amie ! » dit-il avec lenteur, « chui sûr qu'on pourra voir le kraken ce soir ! ». Il se laissa tomber sur le sol, provoquant un bruit sourd : « prends la théière, on'sait jamais, il pourrait en vouloir le bougre ! ». Ce qu'il disait n'avait aucun sens, mais pour Harlon tout était parfaitement logique.
Contenu sponsorisé


Informations
Personnage
Badges


   
#