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[FB] L'inconsolable pleure l'irremplaçable

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Edrick

Marthe
Mormont

L'inconsolable pleure l'irremplaçable
   L'enfant se redresse vivement sur sa chaise et repousse ainsi la vague de fatigue qui tentait de la submerger. Elle se frotte les yeux. Elle sait qu'elle les a fermés un instant. Juste quelques secondes. Bien plus qu'il n'en faut pour inciter la culpabilité à assiéger son cœur. Il n'a plus les moyens de se défendre face aux trop nombreux agresseurs qui, ces derniers jours, ont balayé ses frêles remparts. Marthe n'essaie même plus de lutter. À l'instar du muscle qui bat dans sa poitrine, elle se laisse piller par les émotions. Elle a compris qu'on ne peut pas lutter contre le destin, qu'elle n'est qu'une brindille soumise aux caprices de la vie et que les dieux n'existent pas. L'Oursonne essaie d'accepter cette vérité déplaisante. Elle se dit que la résignation vaut peut-être mieux que la souffrance. La petite Mormont qu'elle était autrefois tente encore de se rebeller contre cette idée. Mais la gamine éprouvée par le chagrin, elle, l'appelle de ses vœux. Ses yeux rougis se posent sur le visage de l'homme allongé en face d'elle, dans ce lit qui lui évoque une tombe. Il glisse ensuite sur celui de sa maman assoupie. Comme elle a l'air sereine dans son sommeil... Marthe craint déjà son réveil et le regard que ses paupières dévoileront. Les doigts de l'enfant glissent délicatement sur le visage d'Alysane et en écartent une mèche de cheveux rebelles. Est-ce qu'elle reverra son sourire ? Est-ce que la douleur, un jour, acceptera de lui rendre sa maman ? Elle ne sait plus qui prier pour que ses espoirs soient entendus... Elle enveloppe ses mains autours de celle d'Edrick et appose son front contre le dos de cette dernière. « On a b'soin d'toi... » lui rappelle-t-elle dans un murmure. Elle ne sait pas s'il peut l'entendre. Elle ne sait pas non plus si elle s'adressait à son papa ou à sa maman. Sans doute aux deux. Le sommeil finit par avoir le dessus et emmène la gamine dans le réconfortant royaume des rêves. Comme le jour d'avant et tous ceux qui ont suivi le retour d'Edrick et l'annonce de la mort de Maege. Et c'est encore une fois le Mestre qui la réveille lors de sa première visite de la journée. « Lady Marthe... » « J'sais ! » Oui, elle sait qu'il préférerait qu'elle dorme dans son lit et qu'il la trouve déraisonnable. Mais il sait aussi qu'elle n'a pas l'intention de lui obéir.

   « Aujourd'hui j'me suis battue avec Lyanna... » confie-t-elle à Edrick au cours de la soirée suivante. C'est étrange mais elle est presque soulagée que son papa ne l'entende pas. Elle se demande ce qu'il penserait de tout ceci. Les blessures héritées de son altercation avec sa tante ne la dérangent pas. En fait, elle se surprend à les apprécier. Elles la divertissent et accaparent une partie de son attention. L'Oursonne esquisse un vague sourire et s'assure d'un regard que les yeux de son père son clos. Elle se sent bête. Elle apprécie pourtant le retour de cette fierté qui l'empêche de s'excuser auprès de Lyanna et la présence de cette colère qui l'étreint à chaque fois qu'elle repense aux propos de sa tante. L'Oursonne refuse de se l'avouer mais elle est soulagée que les choses se soient terminées ainsi. La rancune semble être un antidote à la douleur. Il n'est pas assez puissant pour chasser le mal qui ronge ses pensées mais il a le mérite de les apaiser. Juste un peu. C'est... agréable ! « J'crois qu'elle pense qu'son chagrin est plus fort qu'le mien ! » Elle n'arrive pas expliquer autrement le comportement de celle qu'elle considérait comme une amie et, évidemment, comme un membre de sa famille.   « P't-être qu'elle a raison... » concède-t-elle néanmoins. Marthe ne sait pas s'il existe une hiérarchie de la souffrance. Elle n'était que la petite-fille de Maege. Pas sa fille. Mais le lien qui unissait l'Oursonne à la Mère des Ours était-il moins fort pour autant ? La gamine craint de ne pas avoir le droit de revendiquer cette douleur bien réelle qu'elle ressent. Les larmes, qu'elle croyait taries, jaillissent d'un coup. « Mais si c'est l'cas alors j'ose pas imag'ner c'qu'elle ressent parce que moi j'ai d'jà l'impression d'mourir ! » Ses lèvres se mettent à vriller et elle n'arrive plus à prononcer le moindre mot. À quoi bon, de toute façon ? Elle soulève la main de son papa et glisse son visage dans la paume de cette dernière. Est-ce qu'il faudra qu'Edrick succombe aussi pour que Lyanna accepte de l'aimer à nouveau ? Est-ce donc là le prix à payer ?

   La nuit suivante, lorsqu'elle ouvre les yeux, il lui faut un instant pour comprendre que ce n'est pas l'irruption du Mestre dans la pièce mais bien le mouvement du corps contre lequel elle s'est allongée qui est à l'origine de son réveil. Marthe est envahie par une joie déraisonnable. Cette dernière la tétanise. Elle n'ose pas redresser la tête et poser le regard sur son papa. Le bras dans lequel elle s'est enveloppée bouge à nouveau. Un pâle sourire se dessine sur les lèvres de l'Oursonne mais elle reste immobile. Les espoirs n'existent que pour être balayés. Elle a peur de s'abandonner à celui qui essaie maintenant de se ménager une place dans sa conscience. Attentive au moindre signe de vie, l'enfant retient sa respiration en espérant surprendre un autre signe encourageant. « P'pa ? » finit-elle par murmurer en observant la danse des flammes dans le creux de la cheminée.  « T'es r'veillé ? »
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Les blessures d’Edrick n’avaient pas forcément été très grave, il n’aurait pas de séquelle sinon quelques cicatrices. Mais le voyage, le deuil et son manque de connaissances profondes en soin avaient retardé une guérison. Et pour certaines blessures, elles s’étaient infectées. Le traqueur était épuisé et son mental n’allait pas bien également. Voir une femme qu’il avait toujours admirée et servis, lorsqu’il était sur l’île aux ours, avec dévotion mourir sous ses yeux, cela l’avait secoué. Ce n’était pas la mort d’un être humain qui le choquait, il en avait vu d’autre quand même. Mais c’était autre chose, surtout en rajoutant une course poursuite avec un homme fou à lier et… malgré tout intelligent. Il avait besoin de repos, si bien qu’il dormait.

Et cauchemarder. Il revoyait en boucle la scène de mort avec des gens qu’il connaissait, qu’il aimait à la place de Maege. Dacey, son père, Jorelle, des amis, toutes les ourse de l’île, son Alysane… Son sommeil devenait agité et le coup de grâce fut quand ce fut ses enfants morts devant ses yeux. Il se redressa en hurlement de rage et de douleur. Paniqué il ne savait plus où il était, s’il était revenu… Le mestre se précipita, écartant Marthe pour sa protection et prit les épaules de l’homme et le maintient en lui ordonnant de le regarder et de respirer. Edrick le dévisagea avec attention pendant une bonne minute avant de le reconnaître. Le Mestre n’était pas rassuré, même faible, un coup de poing de l’homme le plierait en deux. Edrick reprit son souffle et les mains du mestre se détendirent un peu sur les épaules nues. Il l’obligea à se recoucher lentement en lui parlant tout doucement en lui expliquant où il était et que tout allait bien.

Edrick reprit doucement son souffle et compris où il était. Il inspira profondément et tourna la tête… Il fronça très légèrement les sourcils en voyant Marthe. Il tendit tout doucement la main pour toucher sa joue et s’assurer qu’elle était bien là, bien vivante. Un petit sourire étira ses lèvres.

« Marthe… Mon p’tit lapin… »
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Edrick

Marthe
Mormont

L'inconsolable pleure l'irremplaçable
   Elle sursaute lorsque les cris de son père viennent disputer aux bûches qui crépitent dans la cheminée le droit de briser le silence. Le mouvement brusque du blessé qui se relève manque de la faire tomber du lit. Elle se laisse glisser sur le sol et ne prête pas la moindre attention aux petites morsures du froid sur ses pieds dénudés. Toute son attention est focalisée sur l'homme qui s'est réveillée d'une manière qu'elle n'avait pas anticipée. Marthe a longuement songé à la façon dont les choses se dérouleraient au réveil du trappeur. Dans la plupart des cas de figure, elle lui adressait des mots réconfortants. Dans d'autres, elle se contentait d'une étreinte apaisante. Edrick, lui, était toujours écroué dans son lit, terrassé par les soubresauts de la douleur. La gamine ne sait pas comment réagir et se contente de joindre nerveusement ses doigts sous le bas de ses lèvres. Elle recule d'un pas. Est-ce bien son père qui se tient à moitié redressé, là, face à elle ? L'empreinte de la mort l'a-t-elle changé, lui aussi ? Des mains toujours fermes malgré l'âge se posent sur ses épaules et l'éloignent gentiment du blessé. Mestre Ormund se charge de faire ce qu'elle souhaite ardemment pouvoir faire mais qu'elle se sent incapable d'accomplir : il calme et rassure Edrick. Et elle, elle observe ce duo comme si la scène jouée sous ses yeux ne pouvait s'embarrasser de la petite actrice qu'elle est. L'enfant exprime son inquiétude en faisant les cent pas devant l'âtre de la cheminée et en décochant régulièrement des regards en direction des deux hommes. Elle ne sait pas vraiment si la façon d'être de son père est encourageante ou si elle vient simplement annoncer le début d'une longue agonie. Elle cherche des réponses dans les yeux de l'érudit mais ce dernier semble avoir oublié sa présence. Ce sont finalement les opales de son père qui, lorsqu'elles se teintent de conscience, viennent rassurer l'enfant. Un timide sourire naît sur les lèvres de l'Oursonne quand le trappeur se met à parler. Sa voix est affaiblie mais la chaleur qu'elle parvient encore à charrier est plus que suffisante pour réveiller un sentiment qu'elle pensait avoir oublié. Oui, elle croit que c'est bien de la joie qu'elle ressent. C'est elle qui est à l'origine des larmes qui viennent inonder ses joues et la main qui les effleure. Marthe prolonge le contact en appuyant son visage dans la large paume et en la retenant captive des siennes.  « Je vais prévenir Lady Alysane ! » La gamine ne parvient pas à accorder une esquisse d'attention à l'érudit malgré la reconnaissance qu'elle ressent à son égard. Ses yeux, tout comme ses pensées, n'arrivent plus à se détacher d'Edrick. Elle s'était jurée d'être délicate mais c'est pourtant sans la moindre retenue qu'elle se jette maintenant dans les bras de son père. Elle love son visage dans le puissant creux de son cou et ferme aussitôt les yeux. Elle retrouve ce refuge qui lui avait tant manqué. Elle aimerait que cet instant ne s'arrête jamais mais elle sait maintenant que la mort viendra tôt ou tard la priver de la présence du trappeur. La souffrance reviendra, c'est certain. Mais aujourd'hui la vie a pris le dessus. « Tu m'avais pr'mis d'être là à mon r'tour... » Cette remarque aux allures de reproches s'est évadée du seuil de ses lèvres bien malgré elle. Ce n'est pas ce qu'elle avait envie de dire. C'est pourtant ce qu'elle a dit. Elle raffermit sa prise autours des épaules du trappeur comme si elle craignait à nouveau qu'il soit arraché à ses étreintes.

   Elle repense à son retour sur l'île et tout ce qui s'est passé dans la grande salle du donjon. Ces instants sont gravés dans sa mémoire, elle le sait. Elle ne pourra jamais les oublier. Ce n'est qu'à sa propre mort qu'elle sera débarrassé de ce spectre qui s'est joint à ses souvenirs. Elle suppose que son père ne se rappelle pas de tout. C'est sûrement mieux ainsi. Elle n'a pas envie de lui rappeler ce moment où la famille a perdu une part de son âme. Est-ce qu'il se sent fautif ? Lyanna le considérait comme tel en tout cas. « Moi j'le sais bien, qu't'as tout fait pour la sauver ! » lui confie-t-elle dans un murmure. Elle n'ose pas lui demander comment il se sent. Elle sait qu'il ne va pas bien. Ces choses-là n'ont pas besoin de mots pour être comprises. Le câlin qui assiège le corps meurtri de l'homme prouve qu'elle sera toujours là pour lui et qu'elle ferait n'importe quoi pour soulager sa peine pour peu que ce soit en son pouvoir. Ces temps, elle se sait pourtant trop impuissante. Elle l'a toujours été, au fond. « J'laiss'rai plus jamais des gens t'faire du mal ! » lui promet-elle du haut de ses dix ans. Non, une telle chose ne se reproduira plus jamais. Elle va s'en assurer ! Le Bolton va payer ! Mais pour l'instant elle n'aspire qu'à profiter de cet instant qu'elle n'osait même plus espérer. Les doigts juvéniles de l'Oursonne glissent à la surface des bandages qui cachent les plaies du trappeur. Elle sait ce qui se cache dessous mais elle tente de ne pas trop y penser.« T'vas avoir d'belles c'catrices, tu sais ? C'est m'man qui va être contente ! J'crois qu'elle les aime bien ! » Avant, elle aurait réussi à parler d'Alysane avec une assurance absolue mais désormais... Marthe doute bel et bien que sa maman apprécie ces stigmates qui lui rappelleront toujours le jour où elle a appris la mort de Maege. La gamine se demande si elle arrivera les supporter au quotidien. Elle espère que l'amour est aussi puissant qu'on le dit et qu'il résistera à cette épreuve et à toutes celles qui ne manqueront pas de suivre. « Elle va avoir b'soin d'toi ! Même si elle te l'dit pas ! »  Elle redoute la réaction qu'aura sa maman envers Edrick. Quelque part elle redoute qu'Alysane partage l'avis de Lyanna et qu'elle estime qu'il aurait dû mourir là-bas, loin de l'île, lui aussi. Une chose demeure certaine : Marthe n'arrive pas à peser bien lourd face à la mort de la Mère des Ourses. Mais peut-être qu'à deux, ils parviendront à redonner le sourire à Alysane ?
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Mon cœur se serra quand je vis ma petite pleurer. Était-ce ma faute ? J’étouffais un petit grondement de douleur quand elle se jeta dans mes bras, mais son parfum me la fit oublier et je refermais mes bras sur elle pour la serrer contre moi. J’enfouis mon visage dans ses cheveux et inspirais son odeur sans pouvoir la lâcher. Enfin je la touchais, enfin j’avais retrouvé ma famille…Je la berçais tout doucement sans savoir quoi dire. Sa remarque me fit sourire et j’embrassais tendrement son crâne.

« Désolé… Je me rattraperais, promis. C’est en pensant à toi et ta mère… Et à tes frères et ta sœur que j’ai réussie à revenir… »

Vivant du moins. Aussi vite. Combien de temps sinon aurais-je mis ? Je ne dis rien face à sa déclaration, la serrant juste encore plus fort contre moi. J’avais tout fait… J’étais arrivé au moment où l’épée s’était enfoncée dans son corps. Je resserrais l’emprise sur ma fille. Je ne laisserais plus personne toucher à un cheveu des ours. Je passais mes doigts dans sa toison sans rien dire. Me défendre… J’en serais capable très rapidement, il me fallait juste un peu de repos… Juste un peu. Des cicatrices… Je souris un peu et la serrais sans rien dire, mon menton sur son crâne.

« Y en a d’autres qu’elle préfère. »

Aucune remarque sur ce qu’elle dit, j’eus juste un sourire.

« Je sais… T’inquiète pas. Y a pas toujours b’soin qu’on cause entre nous pour savoir… J’la connais ta mère… Un peu. »

Je gardais ma fille contre moi en la berçant avant de tout doucement l’écarter. Je pris son visage entre mes mains pour le caresser et sécher ses larmes. J’essuyais vite les miennes qui se perdaient dans la barbe qui me mangeait le visage.

« Tu m’as tellement manqué ma Marthe… Je suis tellement désolé d’avoir tant tardé… désolé pour tout mon lapin. J’avais préparé des bonbons aux miels pour toi… Et des nouveaux gants… Et j’ai… »

Je la serrais encore contre moi en cachant mon visage dans ses cheveux, je ne voulais pas qu’elle me voit pleurer. Je ne voulais pas qu’elle ait cette image de moi. Mais j’avais tellement peur pour elle… Peur que ce monstre la touche. Peur que ce Ramsey ne pose un pied sur cette île, lui ou ses troupes. Personne ne toucherait aux ourses sans devoir me passer sur le corps. Quitte à me faire écorcher.
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Edrick

Marthe
Mormont

L'inconsolable pleure l'irremplaçable
   Son visage s'éclaire un peu plus lorsque son père lui annonce que c'est en pensant à sa famille qu'il est parvenu à trouver la force de rentrer. Son sourire s'évanouit cependant très vite lorsqu'elle songe à la peur qu'il a dû ressentir en voyant Maege mourir. Elle, elle était en présence de sa famille lorsque la funeste nouvelle est tombée mais lui, il était seul face aux Bolton. Elle le serre plus fort contre elle. Ou plutôt, elle se blottit davantage contre lui. L'enfant n'arrive pas à concevoir la tristesse de son papa mais elle comprend pourtant très bien l'origine de la force qui lui a permis de rentrer. Elle aussi, elle trouve du courage à chaque fois qu'elle pense à ses proches. Même si, ces temps, il semble que ce soit devenu une denrée bien trop rare. Il n'y a que de la douleur sur l'Ile aux Ours. La forêt elle-même semble pleurer la perte de la Mère des Ours. Tout est gris, terne. Il n'y a que les silences ou les pleurs. Elle n'aimait déjà pas l'hiver avant tout ceci. Maintenant, elle le déteste. Peut-être autant que les Bolton. C'est sûrement un peu de sa faute si Maege Mormont est morte . Les Stark disent que l'hiver vient mais ils oublient de préciser que la mort l'accompagne. Maintenant, elle comprend ce que cette signifie cette saison. C'est une épreuve qui exige des sacrifices. Lorsqu'il est question des cicatrices, elle décide de ne pas répondre. Oui, sa maman préférera sûrement celles qui ne lui rappellent pas la cruauté des Bolton. Marthe se promet de planter le même nombre de flèches dans le corps de l'Ecorcheur. Plus, même. Elle n'aime pas faire souffrir. Elle n'aime pas non plus tuer. Mais elle fera une exception pour Ramsay. Cette promesse est doublée d'un besoin irrépressible. Tant que cet homme vivra, la mort de Maege ne sera rien d'autre qu'une injustice. Elle sera toujours aussi pesante. Le Mestre a dit que la vengeance ne permettait pas de se sentir mieux. Mais qu'est-ce qu'il en sait, lui ?

   L'Oursonne se risque à sourire lorsque le trappeur lui annonce qu'il sait comment composer avec Alysane. Elle l'espère. Parce que elle, elle ne sait pas comment réagir face à sa maman. La complicité, elle le sent, est toujours là. Mais un mur s'est érigé entre elles. Un mur tellement haut qu'il pourrait sûrement faire pâlir d'envie celui que les hommes de la Garde de Nuit arpentent. Elle ne voit pas comment l'escalader. Elle ne trouve pas non plus le moyen de le réduire en miettes. L'enfant est écrasée par son ombre. Cette même ombre qui lui cache le soleil qu'a toujours été sa maman pour elle. Elle se sent bien seule ces temps, Marthe. Elle éclate à nouveau en sanglots lorsqu'elle sent des larmes se faufiler entre ses cheveux et atteindre son cuir chevelu. Elle comprend que son père pleure également. Leur étreinte s'accentue. C'est la première fois qu'elle devine un signe de faiblesse à Edrick. Mais elle sait depuis quelques mois maintenant que les parents aiment bien prendre sur eux pour préserver leurs enfants. Elle ne lui en veut pas. Elle serait bien incapable de lui reprocher quoi que ce soit. En fait il vient de s'accaparer son respect simplement parce qu'il est authentique. Pourtant une part de frustration commence à se manifester. « T'as pas b'soin d't'excuser ! J'en ai marre des excuses, t'sais ? Elles servent juste à m'rapp'ler qu'grand-mère Maege est plus là ! » Elle ne veut pas des regrets des gens. Elle ne veut pas qu'on la plaigne ou qu'on soit gentil avec elle simplement parce que la Mère des Ours ne rentrera plus jamais sur l'Ile aux Ours. Les sucettes au miel d'Edrick n'arriveraient plus à ravir sa bouche et elle ne voit pas ce qu'elle pourrait faire des gants confectionnés par son père. Elle apprécie l'intention, bien sûr. Mais elle aime avoir froid depuis quelques jours. Elle ressent alors autre chose que de la tristesse. « Y'a qu'une seule p'rsonne qu'doit s'excuser ! Et elle l'fera, j'te l'jure ! » Elle s'écarte de l'homme qui entend la maintenir contre lui et dévisage enfin son papa. Sa mains se pose doucement sur ses joues marquées par les épreuves et elle les dépossède de leurs larmes. Elle ne veut pas qu'il pleure. Sinon elle continuera aussi à le faire. « Si j'te dis un truc t'promets qu'tu vas pas t'fâcher ? Même si c'est un un p'tit peu grave ?» Elle l'interroge également de son regard avant de poursuivre. La gamine sait qu'elle peut faire confiance à Edrick et qu'il ne la trahira pas. Et puis elle a besoin de se confier... « J'crois plus aux dieux, p'pa ! » Elle ne saurait expliquer pourquoi elle lui dit ça. La plupart du temps, lorsqu'elle lui affirme quelque chose sur ce ton, c'est toujours avec l'espoir qu'il puisse la dissuader de faire une bêtise. Aujourd'hui, c'est une simple information qu'elle lui transmet. « J'pas vr'ment choisi ! J'ai pas d'cidé d'plus croire en eux ! Mais maint'nant j'ai c'pris qu'ils existaient pas ! Les barrals, c'est juste d'bêtes arbres ! » Elle le lui dit comme elle le pense. Il ne lui enlèvera pas cette certitude même s'il cherchait à la combattre. « S'ils ex'staient, ils 'raient pas l'ssé Mage m'rir ! Et s'il ex'stent quand même et qu'ils ont l'ssé faire, ç'veut dire qu'c'est des m'vais dieux ! Et moi j'prierai pas d'faux dieux, ni d'm'vais dieux ! » Elle ne remettra plus ses espoirs entre les mains de ces prétendues divinités. Elle leur a laissé une chance lorsque, chez les Glover, elle a discuté de ses doutes avec Dacey. Les événements qui ont suivi lui ont prouvé que c'était une erreur. « Ma foi, maint'nant, j'vais la pl'cer dans notre f'mille ! J'vais vous la d'nner ! À toi, à m'man et à tout l'reste des Ours ! Parce que vous au moins, vous essay'rez t'jours d'me v'nir en aide ! Même quand j'fais des b'tises ! » Elle peut les entendre, les voir et les sentir. Elle ressent leur amour dans chacune de leurs étreintes, dans leurs regards et dans leur sourires. Elle a toujours eu confiance en eu. Maintenant, ils seront les seuls à qui elle se confiera. C'est ainsi et pas autrement ! Elle essuie encore les larmes d'Edrick et fait de même avec les siennes. « Tu... t'p'rrais m'r'conter comment ma grand-m'man a été.... a été... » Elle ne parvient pas à prononcer ce mot qui la terrorise. En le faisant, elle accepterait une réalité qu'elle espère encore pouvoir nier. « J'dois s'voir, t'comprends ? J'peux pas m'pêcher d'maginer des trucs s'non ! »
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Je serrais plus fort encore ma petite quand elle se mit à pleurer à nouveau. Pardon… Pardon… Pardon mon p’tit lapin… J’ouvris la bouche pour m’excuser à nouveau et elle me gronda rapidement de m’excuser. Qu’elle en avait marre… D’accord, d’accord, je ne dirais plus rien. Je souris à sa remarque sur qui devait s’excuser. Je la laissais m’essuyer les joues et je fis de même. Je n’aimais pas la voir pleurer, c’était hors de question même. Je détestais être celui qui lui causait du chagrin. Je hochais la tête, un peu inquiet sur ce qu’elle allait m’avouer. J’eus un sourire à sa remarque sur les dieux. Je passais doucement ma main dans ses cheveux sans rien dire. Je la comprenais… Je la comprenais, mais pour moi les dieux existaient encore : la preuve j’étais encore en vie. Je hochais la tête.

« C’est pas grave mon p’tit lapin. C’est pas grave. L’important est encore d’avoir la foi en quelque chose. »

C’était le plus important. Je me sentis devenir très pâle quand elle me demanda de raconter. Je détournais les yeux et la repris contre moi en la serrant de toutes mes forces. Comme-ci ça pouvait la protéger du monde extérieur. Je ne voulais pas lui parler de ça… Je ne pouvais pas même… Je n’y arrivais même pas. Je restais silencieux en la berçant tout doucement contre moi. Je finis par répondre tout doucement.

« J’peux pas Marthe… Je peux pas… Je le vois encore dans mes cauchemars. J’la revois, encore et encore… Puis… Elle revient cette scène… Avec toi… Alysane… Tous ceux que j’aime. Laisse-moi du temps s’il te plaît. J’y arriverais pas pour l’instant. Je m’excuserais pas… parce que tu le veux… Mais je le pense fort. J’ai… besoin de temps… »

Je ne pourrais pas expliquer. Je ne pourrais pas, je ne pourrais rien dire. Je la gardais contre moi lui interdisant de se dégager de mon étreinte. J’avais besoin… de temps. D’un peu de temps pour le décrire.
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Edrick

Marthe
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L'inconsolable pleure l'irremplaçable
   Il ne la grande pas. Elle se sent délestée d'une partie du poids qui étouffe sa poitrine. Il faudra également qu'elle en parle à Alysane mais pour l'instant elle préfère savourer la compréhension dont fait preuve son père. Elle se demande s'il accepte véritablement l'évidence ou s'il se sent trop coupable pour oser lui reprocher quoi que ce soit. Marthe observe le trappeur d'un regard qui mêle reconnaissance et suspicion. Est-ce qu'il osera à nouveau lui reprocher quelque chose, un jour ? Elle veut qu'il redevienne celui qu'il était, celui qu'elle a laissé sur les rivages de l'Ile aux Ours lorsqu'elle est partie pour Corneilla. Pas un homme brisé, prisonnier du passé et des chaînes de la culpabilité. Elle a envie de creuser le sujet et d'obtenir l'assurance que tout ceci n'a pas vraiment d'importance. L'Oursonne a l'impression de commettre une erreur. Oui, elle est ravie de la faire. Elle est contente de s'être appropriée son destin, celui qu'elle remettait jusque-là entre les mains de ces faux dieux. Mais si elle n'accorde plus le moindre respect aux Anciens et que ne leur offrira plus jamais ses prières ou ses secrets, elle continue de craindre leur colère. Elle ne sait pas si elle va trop loin. Elle redoute de se tromper malgré la force de sa conviction. Et si elle faisait fausse route ? Et si les dieux décidaient de la punir pour son comportement ? Elle ne veut pas que les Mormont souffrent davantage même si elle sait maintenant que c'est malheureusement inévitable. Alors elle souhaite juste que ce ne soit pas à cause d'elle. « T'sais p'pa... T'as l'droit d'm'gueuler si t'crois qu'c'est c'que t'dois faire ! J'veux pas qu'tu m'pardonnes tout ! » Elle a déjà perdu une grand-mère et elle ne tient pas à perdre son père. Elle ne supportera pas un second deuil. Et elle ne veut pas de la compassion des membres de sa famille. Elle n'est pas celle qui en a le plus besoin. Le visage de ses tantes et de sa maman défilent doucement dans ses pensées. « Moi, j't'épargn'rai pas ! » Elle le serre un peu plus fort contre elle. Ce n'est pas une menace. Mais elle fera de son mieux pour se comporter avec lui comme elle l'a toujours fait jusque-là. Le Bolton a infligé une perte terrible aux Mormont. Cette blessure est trop profonde pour être soignée. Mais elle ne le laissera pas changer la nature-même de sa famille. Si elle doit se montrer dure avec les gens qu'elle aime pour leur propre bien, elle le fera. Elle essaiera, en tout cas. Car pour l'instant elle n'est pas capable de se dresser contre une autre Ourse.

   L'Oursonne observe à nouveau son père lorsque ce dernier lui annonce qu'il se sent incapable de lui parler de la mort de Maege. La frustration se devine aussitôt sur les traits de l'enfant. Un duel semble se livrer dans les tréfonds de son regard. Elle reste silencieuse de longues secondes. Elle ne sait pas si elle doit écouter cette voie dictée par l'égoïsme, ce chant qui lui ordonne d'obtenir les réponses dont elle a besoin pour son équilibre. Elle ne sait pas non plus si elle doit laisser sa bonté interférer et laisser le champ libre à la compréhension et à l'affection. L'enfant détourne les yeux et hoche la tête. Son père vient de se réveiller et ses blessures menacent surement encore son existence. Elle lui accordera du temps. Elle le fera à son propre détriment. Mais c'est un sacrifice qu'elle fera pourtant avec joie pour son géniteur. Ces derniers jours ont été marqués par la souffrance. Mais Marthe a aussi conscience qu'ils lui ont permis de gagner en maturité. La douleur est instructive. « D'accord ! » Elle hoche la tête sans parvenir à recroiser le regard de son père. « Mais tu peux p't-être m'parler d'Fort-Terreur ? Il est comment, c'château ? T'as trouvé l'moyen d'y r'trer discrèt'ment ? T'penses qu'il f'drait c'bien d'hommes pour l'prendre ? » La gamine s'engage dans une logique guerrière. C'est plus fort qu'elle. La tristesse qui domine son coeur parvient encore à étouffer la rage qui ronge ses entrailles. Mais elle sait qu'un jour, cette dernière deviendra la véritable maîtresse de son âme. Elle lui obéira et elle lui offrira la seule chose qui soit susceptible de l'apaiser : la vengeance. Marthe sait malgré tout que son père tentera de la dissuader. Alors elle juge utile de le rassurer. Surtout s'il se met à imaginer Alysane, elle, ou le reste de ses frères et soeurs comme les victimes de la tragédie qui défile sans cesse dans ses pensées. « L'Bolton tu'ra plus j'mais un autre Mormont ! Il faut pas qu'tu t'inquiètes pour ça ! Il a eu Maege par surprise, j'pense ! Mais nous, maint'nant, on fait encore plus attention qu'avant ! » Elle caresse sa joue de sa petite paume et savoure la piqûre de sa barbe. Un miaulement timide résonne dans la pièce et la bouille de Ser Jochat apparaît sous l'un de meubles de la pièce. L'innocence du chaton chasse immédiatement les velléités vengeresses de l'enfant. Elle se lève et saisit l'animal qu'elle enveloppe ensuite de ses bras. Elle l'a bien trop négligé depuis quelques jours. Elle ne parvient pas à s'en émouvoir mais le félin, lui, ne semble pas lui en vouloir. Ses ronronnement emplissent la pièce et une douce vibration se répand dans le poitrine de l'enfant. Elle approche l'animal de son papa et le lui présente, comme s'il s'agissait d'un enfant. « C'est Ser J'chat ! C'est un Andar qui m'l'a donné à Corne'lla ! Mais en fait non, c'est un Royce ! Andar, c'était son pr'nom ! » Elle se rend maintenant compte du nombre de choses qu'elle a à raconter à son père et du temps qu'il aura fallu pour qu'ils se retrouvent. « T'aurais dû voir la tête de m'man quand j'lui ai dit comment j'avais app'lé c'te petite boule d'poils ! » Elle était si pressée de lui parler du sud... Mais aujourd'hui le sujet semble si anodin, si dérisoire. « T'veux l'car'sser ? Mais fais attention hein parce qu'il aime bien  gr'ffer ! » Elle lui montre l'état de ses mais pour illustrer ses propos. En cet instant, Marthe se sent un petit peu mieux. Elle a l'impression que l'enfant qu'elle était avant son départ pointe enfin le bout de son nez. Elle a pourtant envie de la repousser dans l'ombre. Cette fillette-là était trop faible pour faire face au monde. L'enfance était merveilleuse mais maintenant l'Oursonne doit grandir. On ne lui a de toute façon pas laissé le choix. « Lyanna voudrait qu'tu sois mort... » ajoute-t-elle. Pas pour briser l'ambiance mais pour informer son père de la situation. La réalité ne plaît à personne mais il faut bien y faire face.
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Je souris à sa remarque. La disputer. Pas aujourd’hui. Je l’observais avec attention et eu un vague sourire.

« Je te disputerais… Mais pas aujourd’hui mon p’tit lapin… Pas aujourd’hui. »

J’étais trop fatigué, beaucoup trop fatigué pour le faire aujourd’hui. Un autre jour, autant qu’elle voudra, mais pas aujourd’hui. Clairement pas Rester réveillé me demandait déjà trop d’énergie alors la gronder… Et puis quoi encore. Je soupirais quand elle insista pour avoir des détails. Je secouais la tête. Je ne pouvais pas en parler pour l’instant. Je ne pouvais pas.

« Je ne peux pas Marthe… Je ne peux pas… Et j’étais même pas à l’intérieur de Fort Terreur. Je suis inutile. »

Je ne dis rien quand elle affirmera qu’aucun Bolton ne toucherait plus à un Mormont. Je ne le laisserais pas toucher. Quitte à assommer mes ours pour les mettre à l’abri et les protéger de ma vie. Je ne le laisserais pas les toucher. Un miaulement me fit tourner la tête. Oh ? Visiblement Marthe connaissait… Ser Jochat ? J’eus un sourire. D’accord. Pourquoi pas, c’était touchant. Andar Royce qui le lui avait offert. D’accord. Sa mère avait dû faire une crise de colère. Je tendis doucement la main et laissais le chat me sentir avant de le caresser tout doucement. Sa remarque sur Lyanna me fit lever les yeux vers ma fille. Je hochais la tête.

« Je sais. »

Sa gifle avait été assez évocatrice. Il faudrait que je lui parle… Sérieusement. Pour tenter de l’aider… Rien qu’un peu.

« Il… Il faudra que je lui parle… Sérieusement. Je ne lui en veux pas. »

S’il lui fallait haïr quelqu’un… je voulais bien subir sa haine. Pour la maintenir en vie. S’il lui fallait haïr quelqu’un. Qui n’avait même pas pus ramener le corps de sa mère… Je voulais bien le subir… Si ça pouvait lui permettre d’aller un peu mieux… Je lui raconterait tout s’il le fallait. Mais je devrais lui parler.
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Edrick

Marthe
Mormont

L'inconsolable pleure l'irremplaçable
   L'Oursonne observe son père lorsque ce dernier lui promet de la disputer un autre jour. Elle le croit. Edrick n'a pas toujours bénéficié de sa confiance mais depuis qu'elle la lui a octroyée, il s'en est montré digne. Elle n'a jamais douté de lui depuis le jour où elle l'a accepté comme père et qu'elle lui a ouvert l'espace de ses bras. La gamine, résignée mais satisfaite, hoche la tête pour accepter les conditions du trappeur. Marthe est toutefois plus réservée lorsque celui-ci refuse de lui parler des circonstances de la mort de sa grand-mère. La frustration menace un instant de l'emporter sur sa compréhension. L'enfant tressaille et fronce les sourcils, marquant ainsi une forme de désapprobation enfantine. Elle a besoin de longues secondes pour refaire la part des choses et se rappeler que le silence de son père n'est pas un affront ou une forme de mauvaise volonté. Elle n'a pas vécu ce qu'il a vécu. Elle ne peut pas le juger. Et, plus important encore, elle n'en est pas envie. L'Oursonne hoche une nouvelle fois la tête mais avec plus d'hésitation tandis qu'elle peine à accorder son approbation à la décision de son père sur le sujet.  « Un autre jour, alors ! » Il n'échappera pas au récit dont Marthe a désespérément besoin pour entamer le véritable deuil de Maege. Elle lui accorde le temps dont il a besoin parce qu'elle pressent que c'est la seule décision, ou du moins la plus juste, qu'elle puisse prendre. Mais il ne sera pas éternellement dispensé de lui raconter comment cette grande femme s'est éteinte. La gamine caresse le chat qui essaie de fuir son étreinte et lui redonne sa liberté lorsqu'il se met à la griffer avec le désespoir des prisonniers qui rêvent de s'évader. Elle observe avec une certaine curiosité les légers sillons carmins qui se dessinent sur son avant-bras puis s'intéresse à nouveau à cet homme qu'elle a bien failli ne jamais revoir. Elle aimerait lui chanter toute la tendresse, tout l'amour qu'elle éprouve pour lui. Mais elle a le terrible pressentiment qu'elle n'arrivera plus jamais à exprimer toutes ces belles choses aussi naturellement qu'avant. Elle est au contraire à fleur de peau. La moindre chose a tendance à l'irriter et à provoquer une réaction disproportionnée. Elle aime cette fragrance de colère. Ce sentiment, pour l'instant, représente un exutoire et un allié fidèle. Elle n'arrive pas à lui tourner le dos. Elle ne souhaite même pas le faire. Et si les réactions de l'enfant sont nettement plus mesurées avec les membres de sa propre famille, les roturiers de l'île ont déjà pu faire les frais de ce besoin malsain mais nécessaire, actuellement, à son équilibre. « N'dis plus j'mais qu't'es in'tile ! » le prévient-elle avec un sérieux absolu. « T'peux pas dire une chose comme ça ! » L'Oursonne s'offusque peut-être trop aisément et elle le sait. Elle ne réprimande pas Edrick mais lui rappelle qu'elle a besoin de lui et que ce sera sûrement toujours le cas. Il est nécessaire au bien-être de cette fillette. C'est encore plus vrai aujourd'hui. Elle ne laissera pas le trappeur s'apitoyer sur son sort ou se convaincre que ses actions furent vaines. Non, il n'a pas sauvé Maege. Mais il a tenté de le faire. Aux yeux de Marthe, c'est l'essentiel.

   Plus que la souffrance de son père, c'est la résignation qu'il insuffle à ses mots lorsqu'il semble accepter les sentiments de Lyanna à son égard qui finissent par énerver Marthe. Elle se relève brusquement et commence à faire les cent pas dans l'espace exiguë de la chambre. De temps à autre, elle décoche des regards à son père avec l'espoir, peut-être, de déceler la présence d'un maigre sourire ou du moindre signe qui pourrait indiquer l'ombre d'une plaisanterie. Elle admire la bonté de cet ours blessé mais elle ne parvient pas à l'accepter. Tout comme elle n'arrive pas à accepter le comportement de sa plus jeune tante envers cet homme qui a risqué sa vie pour préserver celle de sa grand-mère. Elle plisse le nez. Un signe évident de désapprobation et d'irritation. « Elle a pas l'droit d'v'loir qu'tu sois mort ! » lui rappelle-t-elle. Ce n'est pas juste pour Edrick et ce n'est pas non plus juste pour elle. Lyanna a presque réussi à lui insuffler l'impression qu'elle devait se sentir coupable d'avoir encore un père vivant. Elle était à deux doigts de réussir. La colère l'a empêchée d'accepter cette honte qui l'aurait encore un plus ancrée dans la souffrance. Que le trappeur soit si prompte à comprendre l'incompréhensible l'agace. « J'la hais pour ça, moi ! » avoue-t-elle. Elle omet de préciser qu'elle la hait parce qu'elle l'aime, justement. Elle ne peut pas être indifférente alors que l'une des personnes qui occupe une grande part de son coeur se comporte de la sorte. Elle pensait peut-être obtenir un peu de soutien de la part d'Edrick. Elle espérait qu'il la félicite ou, du moins, approuve cette rancune qu'elle ne peut pas s'empêcher de nourrir à l'égard de Lyanna. Pour l'enfant il s'agit presque d'une tradition. Comment son père parvient-il à se ranger aux côtés de sa tante alors qu'elle lui a fait tant de mal. Marthe se rappelle alors que le trappeur n'est pas au courant des derniers événements. Un peu honteuse mais toujours agitée, elle revient s'installer aux côtés de son géniteur et s'appuie contre lui avec ce désir intacte de pouvoir profiter encore de ces étreintes qu'elle pensait devoir condamner aux simples souvenirs. «  J'me suis b'ttue avec elle à cause d'ça et toi, t'comprends ? » lui demande-t-elle tout en résumant son incompréhension. Ce goût illégitime de trahison resurgit. Elle tente de le balayer avec la volonté qu'il lui reste, celle qui n'a pas déjà été sacrifiée pour lutter contre le désir d'en vouloir au monde entier. Elle est fatiguée de devoir comprendre. Elle est usée par cette bonté innée qui permet aux autres de la blesser constamment. Elle aimerait bien être insensible. Ne rien ressentir, ce doit être reposant. C'est sûrement le meilleur des boucliers. « Elle m'rite plus ta g'tillesse ! T'es p't-être pas un Mormont d'nom mais t'es qu'même un Ours ! J'peux pas t'pêcher d'lui parler mais tu m'promets au moins qu'tu t'excus'ras j'mais ? T'es pas l'coupable d'l'histoire alors t'as pas à faire comme si t'avais fait une faute et que tu d'vais faire d'la p'nitence ! » Il s'agit d'une mise en garde dénuée de la moindre menace. Elle serait bien incapable d'en vouloir à cet homme qui lui a donné la vie et qui revient tout juste de la frontière qui sépare l'existence de la mort. La culpabilité resurgit et la gamine tente de l'étouffer en enveloppant ses bras autours de la taille d'Edrick. «  S'tu vas la voir tu m'promets d'mettre au moins une armure ? Et p't-être d'prendre un b'clier ? » Il vaut mieux mettre toutes les chances de son côté et prévenir toute réaction stupide de Lyanna. Elle sait que sa jeune aînée est capable de mettre ses menaces à exécution. La douleur l'a rendue folle. Ca, elle en est convaincue ! « Pis j'viendrai aussi comme ça tu s'ras encore plus s'curité et moi, j'te perdrai pas encore une fois ! » La gamine suppose qu'avec une telle escorte, le trappeur aura une chance de ne pas ajouter une cicatrice de plus à sa panoplie déjà bien fournie. Les battements répétés, puissants et rassurants du coeur de son père finissent par l'apaiser. Marthe pousse un long soupir et ferme les yeux tout en profitant de la chaleur de son ours. Elle redoute déjà l'instant ou elle devra s'effacer pour permettre à sa maman de passer plus de temps avec le trappeur. Elle a envie de garder un oeil sur lui constamment, désormais. Car c'est ce qu'il aurait fait, lui, si leurs rôles avaient été inversés. L'enfant a besoin d'aider quelqu'un. Elle se sent trop inutile ces derniers temps. « J'crois qu'j'suis d'venue une m'vaise personne à cause du B'lton ! J'ai envie d'lui faire des... des choses pas jolies !  » Elle s'était jurée de ne jamais faire de mal à quiconque et pourtant, aujourd'hui, elle brûle d'envie de faire une exception. Peut-être même plusieurs. L'Oursonne soupire à nouveau et lève enfin les yeux vers son père. « T'crois qu'les gens qui peuvent pas s'venger d'viennent fous ? » Est-ce qu'elle va elle aussi devenir comme Lyanna ?
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« Un autre jours… Promis… Un autre jour. »

Je ne pouvais pas pour l’instant. Il me fallait du temps… Il fallait que je parle à Alysane en premier… Après je verrais pour raconter à tout le monde un par un. J’observais le chat qui fila rapidement. Je caressais tout doucement le front et les cheveux de ma fille sans rien dire alors qu’elle me réprimande. Une vraie adulte. Qui s’énervait comme une enfant. J’eus un petit sourire en l’observant sans rien dire. Je m’appuyais contre mes oreillers et l’écoutais avec attention. Si elle avait le droit, parce qu’elle souffrait. Elle voulait une vie contre une vie. Et moi j’étais revenue pas sa mère. Donc elle pouvait me haïr. Je fronçais les sourcils quand Marthe m’affirma qu’elle haïssait sa tante. C’était n’importe quoi… J’allais devoir les calmer… Je refermais mes bras sur elle et la câlinais tout doucement.

« Calme-toi mon p’tit Lapin… Oui, je comprends, c’est la tristesse… J’veux pas que tu t’battes avec elle, ou qu’tu la haïsses… Elle souffre beaucoup Lyanna aussi… J’veux pas que vous vous battiez, j’lui parlerais, d’accord ? »

Je grimaçais un peu en la sentant serrer de toutes ses forces. Aie. Ça faisait mal. Je lui embrassais tout doucement le front en la berçant. J’eus un petit sourire en la voyant aussi défensive. Je la serrais avec force avant de la relâcher. Ça me faisait mal.

« Marthe, j’lui parlerais seul… Ça ira très bien.»

Je voulais pas qu’elle écoute. Je voulais parler d’adulte à adulte avec Lyanna. J’y arriverais bien. Je soupirais un peu en l’écoutant parler. Elle avait peur d’être mauvaise. Je la berçais tout doucement contre moi en retenant des larmes. Je soupirais tout doucement.

« Nan mon p’tit lapin… T’es pas une mauvaise personne. T’as envie de te venger…C’est normal mon p’tit lapin. T’es par une mauvaise personne… Tu veux juste tuer quelqu’un de mauvais. La mauvaise personne c’est Bolton parce qu’il tue des personnes bonnes. Je peux pas dire pour la vengeance… On sera vengé… Les Stark vont pas laisser faire ça. »

J’espérais du moins. J’espérais vraiment, vraiment, que les Stark réagiront vraiment… Que faire ensuite ? Qu’allions-nous faire ? J’avais envie de protéger ma famille. Je ne laisserais pas ce monstre toucher à ma fille. J’enfouis mon visage dans son cou et respirais son parfum. Je lui soufflais tout bas.

« J’le laisserais plus jamais toucher à la moindre ourse… À toi, à ta mère, à tes tantes. Il touchera plus aucune ourse… Plus jamais. »

Quitte à me sacrifier. Je ne le laisserais plus jamais faire.
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Edrick

Marthe
Mormont

L'inconsolable pleure l'irremplaçable
   Les paroles de son père sont rassurantes. Elles ont toujours réussi à calmer ses craintes juvéniles et à dissiper ses doutes. Aujourd'hui, pourtant, elles ne peuvent plus chasser les multiples ombres de ses appréhensions. L'Oursonne a compris que le destin se fiche bien des mots que les mortels prononcent et des garanties qu'ils offrent à leur proche pour les rassurer. Elle désire croire Edrick quand il lui dit que les choses s'arrangeront avec Lyanna mais elle sait que les blessures qu'elles se sont infligées, celles qui ont lézardé une part de leurs âmes et se sont gravées dans leurs mémoires, ne pourront pas cicatriser si aisément. Lorsque le trappeur lui rappelle que sa tante souffre, la gamine hoche la tête pour approuver cette vérité. Elle le sait bien, que son aînée est ravagée par les flammes de la souffrance. Elle s'en est rendue compte à travers ses actes et son regard. Marthe se sent à nouveau fautive en songeant qu'elle s'est dressée en ennemie plutôt qu'en support. Mais quel choix avait-elle ?  « J'avais 'blié à quel point t'peux être têtu, toi, quand tu t'y mets !  » Le vague sourire qui accompagne sa constatation montre bien qu'il ne s'agit pas d'un reproche. L'enfant est même rassurée de constater que les actes du Bolton n'ont pas réussi à lui voler son entêtement. « J'pense pas qu'j'vais p'voir t'emp'cher d'parler à Lya mais laisse-moi m'ccuper d'cette histoire entre elle et moi, d'ccord ? C'est à moi d'm'en charger, d'ça ! » affirme-t-elle. « Comme une grande fille ! » Elle n'est plus l'enfant à laquelle il a dit au revoir quelques semaines plus tôt. La découverte du monde et la mort de la Mère des Ourses lui ont ouvert les yeux sur bien des choses. Elle ne pourrait pas affirmer que du bon découlera de ces expériences mais ce qui est sûr, c'est qu'elle a gagné en maturité. Est-ce que les secrets de l'existence et la compréhension du monde s'acquièrent uniquement au prix du sang et de la douleur ? Il lui faut encore apprendre à se résigner et à accepter le monde tel qu'il est. C'est dans cette optique qu'elle finit par s'abandonner à l'idée que son père ira bel et bien parler seul à sa tante. La gamine hausse ses épaules pour exprimer une forme d'indifférence qu'elle est loin de ressentir mais qui l'aide à s'incliner face à la réalité. « Si tu t'fais m'ssacrer par Lya j'pourrai au moins t'bassiner avec mes j'te l'avais bien dit ! » C'est une maigre forme de satisfaction mais c'est toujours mieux que rien, se dit-elle.

   L'Oursonne se mure dans le silence lorsque son père tente de dissiper ses doutes sur sa propre nature. Selon lui, elle n'est pas une mauvaise personne. Marthe n'est pas certaine que ce soit une bonne chose. La gentillesse est une vertu qu'elle affectionne mais elle a bien compris que c'était aussi une grave faiblesse. Elle ne sait pas si elle a réellement envie d'être du bon côté de la morale. « J'sais plus si j'ai envie d'être quelqu'un d'bien... Les bonnes personnes, elles meurent ! » On dit toujours du bien des personnes qui s'en vont mais Marthe sait pertinemment que Maege était une femme de bien. Elle est désormais morte. Celui qui l'a tuée, lui, est peut-être en train de donner un banquet et de fanfaronner en évoquant le trépas de la Mère des Ourses. Le constat est sans équivoque... « Quand D'cey m'a dit qu'j'allais d'venir l'bouclier de l'Ile, j'compr'nais pas c'que ça v'lait vr'ment dire. Mais maint'nant j'sais qu'j'vais d'voir faire d'vilaines choses pour protéger les gens qu'j'aime ! C'comme ça qu'il fonctionne, l'monde ! » Elle n'accepte pas encore les règles de ce nouveau jeu mais elle fera de son mieux pour s'y conformer. Elle est pourtant certaine d'une chose : La vengeance n'est pas seulement un droit accordé à ceux qui souffrent. C'est également un devoir auquel elle rêve de se soumettre. L'un et l'autre reviennent aux Mormont. Pas aux Stark. «  T'as envie d'laisser les Loups nous v'ger, toi ? » s'étonne-t-elle. « Parce qu'moi, j'pense qu'c'est aux Ours d'botter les fesses d'l'Ecorché ! Et j'crois qu'la statue du d'jon, elle s'rait d'ccord avec moi ! » Non, cette femme fière et forte n'aurait pas accepté de se cacher derrière les autres pour obtenir réparation. La sculpture représente l'âme de l'île. Et l'âme de l'île, si elle le pouvait, rougirait certainement à l'idée que les Ours se reposent sur les autres pour obtenir réparation.

   Leur étreinte se poursuit jusqu'au moment où le trappeur promet à l'Oursonne de ne pas laisser le Bolton leur faire davantage de mal. Elle essaie d'accepter l'idée et d'ignorer la contrariété que ces quelques mots auront suffit à raviver. Elle n'y parvient pas. L'enfant s'écarte de son père et se relève doucement avant de se retourner dans sa direction. Elle est consciente qu'il tente de la rassurer. Elle ne remet pas en doute son intégrité où son désir de respecter cette promesse. Mais en cet instant, elle a l'impression d'être la seule adulte dans la chambre. « C'pas une pr'messe qu'tu peux t'nir... » Elle s'abstient de lui faire remarquer qu'il était présent lors du trépas de sa grand-mère mais qu'il n'a pas été en mesure d'empêcher quoi que ce soit. Elle ne parviendrait pas à exprimer la nature bienveillante de sa pensée sans lui faire du mal. La gamine manque de trébucher sur Ser Jochat tandis qu'elle arpente la pièce d'un bout à l'autre, aussi agitée que ses pensées. « P'pa j'pas envie d'te faire la m'ral mais là tu m'laisses pas l'choix ! Faut pas dire d'choses qu'sont fausses pour pas m'faire d'peine ou pour m'cacher la v'rité ! Maintenant j'sais qu'le monde est d'gueulasse, c'trop tard ! T'peux pas tous nous pr'téger ! C'pas ta faute, t'sais ? T'as pas b'soin d'mentir pour me r'ssurer ! » Elle se rapproche de lui et agite son doigt sous son nez. « J'vais vr'ment t'mordre si tu continues à m'traiter comme une p'tite fille, hein ! » Elle détourne le regard pour ne pas s'abandonner à un indécent désir de rire. Elle se rend bien compte que ses mots ne traduisent pas vraiment la réalité mais Edrick se rendra bien vite compte qu'elle n'est plus la gamine à laquelle il a dit au revoir avant le départ pour Corneilla. Le regard de Marthe s'assombrit tandis qu'elle ancre son regard dans celui de son père. Elle hésite et plisse le nez en exprimant malgré elle le dilemme qui vient de se poser à elle. « J'vais t'dire un s'cret ! » Pour marquer l'aspect solennel de cette révélation, elle garde encore un instant le silence avant de se pencher à l'oreille du trappeur.  « J'ai c'mmandé une c'taine d'flèches et j'vais p'rtir tuer l'Bolton et sa meute ! J'vais les tr'quer et les tuer ! Comme des l'pins ! Et toi, s'tu veux vr'ment nous pr'téger, tu vas v'nir avec moi ! On attend qu'tu r'trouves tes c'pacités et on part venger ma grand-m'man ! » Il pourra ainsi tenir sa promesse. Il faut éliminer le mal à la source. Même Marthe l'a compris. Lui, c'est sûr, il le sait déjà depuis longtemps. Il ne peut pas refuser. « Et j'te pr'viens qu't'arriv'ras pas à m'dissu'der d'le faire ! » Si la décision de l'accompagner lui revient, celle de la laisser partir pour obtenir vengeance n'est pas de son ressort. Elle le met en garde en agitant une seconde fois son index juste son son nez.
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Je souris légèrement quand elle affirma que j’étais têtu. C’était bien pour ça, en partie, que sa mère m’aimait un peu. Je hochais la tête. Oui. J’étais têtu et ce trait était parvenu jusqu’à ma première fille visiblement. Pourquoi pas… J’étais fier d’elle… Je l’aimais tellement, on avait beau avoir passé que peu de temps, j’avais passé peu de temps avec elle lors de son enfance et je m’en voulais. Mais je me rattrapais comme je le pouvais. Je lui caressais tout doucement la joue avec un soupir.

« Lady P’tit lapin. Dans tous les cas je dois lui parler. Et pas uniquement parce que vous vous êtes battus. Je dois lui parler. Simplement. »

Ma décision était prise, il fallait que je lui parle, vraiment, tenter de l’apaiser. Raconter à elle comment sa mère était morte… Je fronçais très légèrement les sourcils en écoutant ma fille. Elle avait bien compris le fonctionnement du monde… Mais c’était hors de question que je la laisse se perdre dans les ténèbres. Je soupirais longuement en l’observant.

« On doit parfois faire d’mauvaises choses pour protéger les gens qu’on aime mon p’tit lapin… Si tu fais ça, j’dirais que t’es quelqu’un de bien. Être un Bolton, c’est faire du mal gratuitement. Tu s’ra jamais quelqu’un d’mauvais mon lapin. Tu ressembles trop à ta mère et tes tantes pour ça. »

Je soupirais un peu et attendis tranquillement qu’elle finisse de vouloir foncer dans le temps. Je la regardais droit dans les yeux.

« Marthe. C’pas si simple. Y a de la politique derrière, on peut pas toujours foncer dans l’tas. Faut suivre quelque règle. Sinon on est des Bolton. Tu comprends ? »

Je l’écoutais en silence en l’observant faire les cent pas. Elle avait grandi, je le savais. Je fronçais les sourcils. C’était une promesse que je tiendrais. Elle croyait quoi ? Que j’allais abandonner ? Je tiendrais parole, aucun écorché ne touchera à une ourse… Ne touchera plus. Quitte à ce que j’en meurts. Je fronçais les sourcils et m’emportais :

« C’est pas parce que tu sais ça que j’peux pas t’proteger Marthe ! C’est pas parce que tu sais ça que tout d’suite faut que j’te laisse comme ça ! J’te protégerais, t’entends ! »

Je me redressais brusquement et grondais légèrement de douleur à cause de mes blessures. Ça faisait mal. Je me laissais retomber contre mes oreillers. Je fronçais les sourcils en l’écoutant. Je l’attrapais et levais son menton vers moi. Elle était sérieuse. Et j’allais devoir la retenir sérieusement.

« Et s’tu fais ça, tu t’feras tuer Marthe. C’toi qu’vont chasser et tirer comme un lapin. T’as l’air de croire qu’c’est facile ! Qu’c’est qu’un jeux ! Ç l’est pas Marthe, c’pas une partie de chasse. C’pas un animal que t’as, c’est un être humain. Et il est particulièrement malin. T’as compris ? »

Je lui pris le poignet et serrais mes doigts autour en soutenant son regard. Je tentais de lui faire comprendre qu’elle ne devais pas faire ça. Il faudrait que j’en informe sa mère.
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Edrick

Marthe
Mormont

L'inconsolable pleure l'irremplaçable
   Si elle plisse le nez et qu'elle lui décoche un regard outré, ce n'est pas à cause du fait qu'il s'obstine dans son désir de parler à Lyanna. Ca, elle le comprend. En fait, non. Mais elle l'accepte ! Elle sait qu'il fait ce qu'il pense être juste et que ses intentions sont sincères en plus d'être bonnes. Elle n'oublie pas non plus que le dialogue est l'une des clefs qui permettent de résoudre les conflits. Non, ce qui l'agace, c'est que son propre père vienne à l'affubler d'un qualificatif qu'elle a toujours rejeté. « J'suis pas une L'dy ! » grince-t-elle machinalement. Mais elle restera toujours le petit lapin d'Edrick. Ca, c'est certain ! Elle le revendique ! Et puis le trappeur a un certain talent pour étouffer dans l'oeuf ses élans rebelles. Il lui suffit de lui rappeler qu'elle ressemble à ses tantes pour qu'un sourire vienne remplacer les esquisses de sa désapprobation enfantine. Oui, peut-être qu'elle ne peut pas choisir de devenir quelqu'un de mauvais et qu'elle n'arrivera jamais à faire du mal aux gens pour protéger son entourage. C'est sûrement quelque chose qu'on ne décide pas. Malgré sa volonté de faire couler le sang sur l'autel de la nécessité, Marthe ne parvient toujours pas à s'imaginer en train d'enfoncer une lame ou une flèche dans le corps d'un adversaire. Elle y gagnerait peut-être la vie, oui, mais elle perdrait alors son âme. C'est quelque chose qui l'effraie presque autant que la perspective de devenir une tueuse. Elle veut se venger du Bolton. Pas y ressembler. Et pourtant le désir de vengeance l'empêche toujours de considérer avec clairvoyance la situation. L'instinct se révèle sûrement plus fort que la conscience. Marthe, toutefois, accueille les propos apaisants de son père avec une profonde reconnaissance. Et elle exprime cette dernière en enroulant avec verve ses bras autours de son torse meurtri. Elle s'excuse presque aussitôt en songeant à la douleur que ses preuves d'affection doivent provoquer. « J'aim'rais tell'ment p'voir r'monter l'temps... » lui avoue-t-elle. Elle souligne son impuissance. Leur impuissance. Celle qui les pousse à rêver de vengeance mais les cantonne sur les rivages de cette île qui a perdu une part de son âme lorsque Maege Mormont a trépassé.

   Néanmoins Marthe est plus mesurée dans l'expression de ses sentiments lorsque son père lui rappelle l'existence de la politique. Cette chose, cet art qui empêche les gens de s'abandonner au bon sens ou à leurs désirs et qui les force à s'affubler d'un rôle qui ne s'accorde pas toujours avec leurs volontés. Elle soupire et marque ainsi sa désapprobation. Ou peut-être sa résignation. Elle ne sait pas qui a décidé que la diplomatie était un exercice nécessaire. Elle n'empêche pas les guerres. Elle n'empêche pas non plus les morts. Elle semble nécessaire mais l'enfant n'en a jamais vu les fruits.  C'est un jeu étrange. Et un jeu, forcément, se déroule dans de bonnes conditions quand tous les joueurs acceptent de se plier aux règles. Ce n'est pas le cas des Bolton et le trappeur vient d'ailleurs de le confirmer. « Mais c'mment on fait pour battre quelqu'un qu'suit pas les règles ? » C'est dur d'vaincre un tr'cheur à la loyale ! Marthe n'a rien contre l'idée de respecter au mieux la morale mais elle doute que cette voie lui offre une solution satisfaisante. Elle est pratiquement certaine qu'il faudra aussi que les Mormont trichent pour obtenir la vengeance qu'ils méritent. Ou qu'ils aient de la chance. Et même si elle ne mesure pas encore toute la complexité de la diplomatie, elle n'est pas pour autant résolue à se fier à un facteur aussi aléatoire que la chance. Cette dernière semble s'être éclipsée depuis maintenant quelques semaines. « On d'rait qu'il existe pas d's'lutions qui peut à la fois c'tenter notre c'lère et respecter l'règles ! » Elle préfère soulager la première que se plier aux deuxièmes. Est-elle la seule ?

   Elle est perdue. Elle l'exprime en arpentant à nouveau la pièce de ses pas réguliers. Elle sursaute malgré elle lorsque son père hausse la voix. Elle n'aurait pas dû remettre en doute sa capacité à la protéger, elle et le reste de leur famille. L'enfant reste pourtant convaincue que les Hommes ne peuvent pas contrer le destin. La bonne volonté ne pèse pas grand chose. Sinon Ramsay serait déjà mort et les Ours, eux, pourraient à nouveau se tourner vers l'avenir. « Si pour m'prot'ger t'dois mettre d'nouveau ta vie en d'ger, j'refuse ! J'ai pas b'soin d'un b'clier ! J'ai b'soin d'un père ! » Il se redresse brusquement et elle, elle esquisse un pas en arrière. Elle se ravise et se force à rester sur place et à soutenir le regard de son père. Elle tressaille lorsqu'il l'a saisie et la force à relever la tête. Il cherche à obtenir une attention qu'il a déjà. La déception finit par laisser place à la surprise lorsque Edrick lui annonce qu'elle n'est pas en mesure de tuer les Bolton. Sa fierté proteste immédiatement et sa colère se manifeste pour la soutenir. Pourquoi ne lui fait-il pas confiance ? C'est comme s'il prenait le parti du Bolton plutôt que celui de sa propre fille. « Qu'il essaie d'me tuer, va ! » le défie-t-elle. Elle n'est pas encore une guerrière accomplie mais elle se sent capable de planter un trait dans le coeur d'un homme. C'est pour ça que Lyra l'a entraînée. Pour ça et pour la chasse. Et elle refuse d'être placée dans le rôle de la proie du Bolton. Elle prendra les précautions nécessaires. Son plan n'est sûrement pas parfait mais il a au moins le mérite de proposer une alternative aux discussions stériles. « Donc t'vas pas m'der, c'ça ? Toi aussi t'veux qu'on fasse d'la d'plomatie ? » L'étonnement se devine dans ses interrogations chargées de reproches. Elle n'avait même pas envisagé qu'il puisse refuser de la suivre et de... l'aider. La pression que sa main exerce sur son poignet devient inconfortable, dérangeante. Elle tente de se dégager une première fois. Puis une seconde. N'y parvenant pas, elle plonge son regard dans celui de son père. Les larmes se mettent à couler. Elle pensait pouvoir compter sur lui ! « Lâche-moi Edrick ! »
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Je souris un peu sans rien dire. Nan, elle n’était pas une Lady, elle était une Mormont. Les Mormont n’avaient pas besoin d’un titre de Lady. Elles étaient elles. Et c’était le plus important. C’était pour ça que je les aimais, c’était pour cela que j’étais fidèle à la maison. Je serrais doucement ma fille contre moi en caressant ses cheveux Remonter le temps… Tout le monde voulait le faire, mais personne n’en était capable… Et modifier le temps était une… très mauvaise idées. Changer une situation pouvait complètement détruire tout le reste… On ne connaissait jamais l’impacte de nos actes à l’avance. Si les dieux faisaient des choix ainsi, c’était parce qu’il y avait des raisons. Je restais silencieux face à ma fille.

« On est plus malin que lui en jouant dans les règles Marthe. On se montre plus intelligent, plus malin, plus rusé pour frapper là où il ne s’y attend pas. Parfois, il faut juste être patient. »

Je souris un peu avant de soupirer à sa remarque et caresser sa joue.

« C’est le rôle d’un père de protéger ses enfants Marthe. Quitte à mettre sa vie en danger. Un père est le bouclier de ses enfants. »

Même avec le mien je le savais après tout… C’était pas rien. Je me mis en colère contre son idée stupide. Que Ramsey touche à un de ses cheveux… Et je lui arracherais la tête à mains nues. Mais pour l’instant protéger Marthe d’elle-même et de sa colère… Je fronçais les sourcils, la colère montant en moi. Edrick. Ça faisait des lunes qu’elle ne m’avait pas appelé ainsi. Je répliquais d’une voix glaciale, sans pour autant la lâcher :

« Je veux arrêter les morts du côté de ma famille Marthe Mormont ! Je veux protéger celles à qui j’ai prêté serment d’allégeance ! À qui va ma fidélité ! Mais aussi mon amour ! Je veux la justice ! Tu m’entends ! La justice ! Tout comme toi ! J’suis peut-être pas un Ours, j’porte pas un nom ! Mais j’aimais Maege Mormont ! Je l’estimais, j’avais confiance en elle ! J’veux pas qu’il t’arrive mlaheure Marthe ! Est-ce que tu peux comprendre ça ?! J’veux aussi la mort de cet enculeur de chèvre ! Mais j’te laisserais pas aller te jeter dans ses bras ! Tu comprends qu’il te torturait, qu’il t’utilisera contre ta mère et tes tantes ?! Tu l’as dit toi, il joue pas avec les règles… J’te rappelle leur blason : un écorché ! »

Je lui tenais toujours le poignet. Je l’observais avec attention.

« Je doute pas de tes capacités, j’sais de quoi t’es capable… Mais, j’sais aussi que lui est excellent avec un arc, et qu’j’ai beau avoir butté certains de ses chiens, il en a assez pour une belle traque. »

Je voulais lui faire rentrer dans le crâne. Qu’importe si elle me détestait après.
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Edrick

Marthe
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L'inconsolable pleure l'irremplaçable
   Ils se montrent plus malin que lui ? Elle déteste penser le contraire mais la conclusion à laquelle elle est parvenue au cours de ses nuits sans sommeil lui indiquent le contraire. Ramsay n'a pas seulement écorché les coeurs des membres de la famille. Ils y a aussi semé les graines de la discorde. L'altercation de l'Oursonne avec Lyanna est la preuve la plus visible de cette évidence mais Marthe connaît assez ses tantes pour savoir que leur opinion sur Edrick a été altérée. Elle le défendra toujours parce que ses gênes lui crient d'épauler son père dans ces instants difficiles. Ce faisant, elle sera peut-être amenée à faire un choix aux conséquences effrayantes. Elle ne demande qu'à croire Edrick quand ce dernier lui certifie que la patience et la ruse leur permettront d'obtenir vengeance. Mais ce qu'elle voit lui indique surtout le contraire. La foi se heurte à la réalité. Elle a perdu celle qu'elle vouait aux dieux. Combien de temps lui faudra-t-il pour laisser s'échapper celle qu'elle accorde à son père ? « La p'tience, c'est l'excuse des lâches ! » rétorque-t-elle maladroitement. Elle sait qu'il ne l'est pas, lâche. Mais elle se souvient aussi d'un temps où il lui racontait fièrement comment il se mesurait aux sauvageons sur leur propre terrain. Est-ce qu'il y a vraiment plusieurs façons de se comporter face à un adversaire ? Elle écarte sa joue de la main qui souhaite la caresser pour signifier à Edrick qu'elle n'adhère pas du tout à sa vision des choses et que l'instant est trop important pour être abandonné à la tendresse. Il vient de lui confirmer qu'il mourra pour elle. Il n'a rien compris. « C'lui qui a dit qu'un père d'vait se s'crifier pour ses enfants, il d'vait pas b'coup les aimer ! » Un père emporté par la mort laisse une famille éplorée dans son sillage. Marthe craint la mort mais elle redoute encore plus l'absence des gens qui s'en vont.  Survivre aux personnes que l'on aime, c'est une malédiction. Les morts ont bien de la chance... Ceux qui doivent vivre avec leurs fantômes, beaucoup moins ! « On tient ou on meurt ! Mais dans l'deux cas, on l'fait t'jours ensemble ! Tu t'souviens ? » C'est la sa vision de la famille. L'unité domine l'individualité. « Faut pas t'jours écouter c'que ton c'rveau d'papa te dit d'faire ! » La gamine sait bien que ce désir de se sacrifier pour sa progéniture est naturel. Elle a assez observé les animaux pour savoir que c'est un leitmotiv irrépressible. Elle lui reproche son instinct de père. Ce n'est pas juste. Mais Marthe se fiche un peu de ce qui est juste au profit de ce qui lui semble nécessaire.

   Elle regrette un peu moins sa manière d'être lorsque son père s'emporte et refuse de lui lâcher le poignet. Elle le foudroie du regard et accentue ses efforts pour échapper à l'étau de chair. Ses efforts sont tout aussi insignifiants qu'à sa première tentative. Elle n'aime pas la tournure que prend cette discussion. Elle ne veut pas l'affronter et elle veut encore moins se fâcher avec lui mais la situation lui échappe. Elle a tout juste la sagesse de se focaliser sur l'une des phrases du trappeur. Sa grimace s'estompe et laisse lentement place à un sourire puis à un rire amusé. « T'as dit... enc'leur de chèvres ?!? » s'étonne-t-elle un ton plus bas. Elle ne l'entend pas beaucoup jurer. Il fait sûrement attention aux mots qu'il prononce devant elle mais cette spontanéité est parfaitement rafraîchissante. Elle suffit à désamorcer une situation tendue. Marthe a peut-être gagné en maturité mais pas au point de passer à côté d'une insulte que sa candeur lui permet encore de trouver amusante. « C'est un gros mot, ça, p'pa ! » le réprimande-t-elle. Elle ne connaissait pas cette insulte mais elle la trouve plaisante. Elle l'utilisera à nouveau car, après tout, le vocabulaire des enfants est bien souvent le reflet de celui employé par leurs parents. « Bon, tu m'lâches maintenant ouais ?!  » Il ne faut pas qu'elle oublie qu'elle sait parfaitement où frapper un homme pour le mettre à terre !

   L'instant de quiétude ne dure qu'un instant. Les habituels soucis reviennent à la charge et efface la candeur de l'enfant. Son visage se ferme alors qu'elle essaie de tenir compte des informations délivrées par son père. Elle les couple à ses désirs et aux multiples plans qu'elle a déjà édifiés. « Son bl'son c'est p't-être un 'corché mais nous c'est un Ours ! Et un Ours, ça gagne forc'ment contre un 'corché ! Surtout qu'le 'corché il est d'jà mort normal'ment ! » Elle trouvait utile de lui rappeler ce point, elle qui en est encore à comparer les symboles qui flanquent les armoiries pour établir une hiérarchie de la puissance des maisons. Mais elle veut bien admettre qu'elle se trompe et que le Bolton sache effectivement tirer autant bien qu'elle à l'arc. Il faut peut-être pas trop le sous-estimer non plus même si ce n'est qu'un lâche. Edrick a aussi raison sur un point : si elle venait à se faire capturer, Ramsay aurait un moyen de pression contre la famille. Elle serait responsable du mal causé à Alysane et la famille n'est pas encore prête à recevoir d'autres mauvaises nouvelles. « Bon alors faut qu'on soit r'sés, int'lligents, patients et en plus qu'on suive les règles, c'ça ? » Ca fait quand même beaucoup de choses à respecter. L'Oursonne plaque un doigt sur son menton et accentue ses réflexions. Son visage s'illumine lorsqu'elle touche du doigt une décision qui lui semble parfaitement satisfaisante. « On p'rrait p't-être l'provoquer en duel ? On a l'droit, ça ? S'il accepte, il est f'tu ! Pis s'il accepte pas, tout l'monde s'ra qu'c'est un lâche ! » Il faudra choisir qui l'affronterait mais la gamine doute franchement qu'un Bolton puisse tenir le choc face à l'une de ses tantes. Il finira tout broyé, c'est sûr ! Et elle, elle applaudira ! Oui, un duel pourrait bien être la plus efficace des solutions. Mais elle en sait trop peu sur le sujet pour évaluer la faisabilité d'une telle chose. Mestre Ormund lui a parlé des duels, une fois. Et comme d'habitude, elle n'écoutait pas ! « Pis s'non t'veux qu'j'te parle un jour d'mon voyage dans l'sud quand même où t'préfères jouer au b'clier  encore un peu ? » Le présent n'est pas très attrayant mais le passé recèle toujours de beaux souvenirs. Elle souhaite s'y égarer un petit peu, l'espace d'un instant, pour fuir les ombres qui se sont accumulées depuis son retour.
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