[FB]A sword never kills anybody; it is a tool in the killer's hand. (ft. Ashter)

Ashter Yarwyck n’était pas un simple chevalier. Il avait plusieurs cordes à son arc. Il savait écrire, dessiner, maniait l’épée aussi bien que la lance et tirait plutôt bien à l’arc. Il était, on peut le dire, un chevalier très polyvalent. Il aurait pu mettre à profit tout ce qu’il savait faire pour se vanter auprès des femmes comme pouvaient le faire certains chevaliers. Mais cela n’intéressait guère Ashter. Il dessinait pour le plaisir, écrivait par passion, maniait les armes par devoir. C’était donc par plaisir et envie qu’il venait de brosser le portrait de Lady Elinor Costayne. Il avait tenté d’être fidèle au modèle et il n’était pas mécontent de son dessin, encore moins lorsqu’Elinor sembla adorer ledit dessin. Elle était vraiment contente du résultat et le fit bien savoir au chevalier.

- C’est…C’est incroyable. Vraiment incroyable. C’est…moi.

Ashter sourit pour ne pas dire rire même. La réaction de la jeune dame l’amusait. Il acquiesça d’un signe de tête. En effet, c’était bien elle. Ashter avait dessiné Elinor de la tête au pied, reproduisant ses jolis yeux, les traits doux de son visage, sa robe élégante et sa coiffe charmante. C’était un portrait entier qu’elle pourra garder pour elle ou montrer au monde. L’avenir de ce portrait lui appartenait désormais et Ashter en était ravi.

- Vous avez vraiment du talent, Ser Ashter. Peut-être même un peu trop. Je parais vraiment belle sous vos traits de crayon.

- Vous me flattez, Lady Elinor. Sachez que vous êtes toute aussi belle en vrai que sur ce dessin. Je n’ai fait que retranscrire votre beauté sur un morceau de papier.

Ashter sentit les rougeurs s’afficher sur son visage. S’il reconnaissait qu’il avait du talent, il ne pensait pas en avoir trop. Cet échange de compliment vint ainsi clore ce petit moment de la journée. Ashter appréciait cette journée de plus en plus et il espérait pouvoir passer encore un peu de temps en si bonne compagnie. Le temps était clément et propice à une promenade dans les paysages aux alentours de Lestival. Ashter ajusta sa chemise et s’éclaircit la gorge. Cela n’était pas facile. Selon les situations, le chevalier pouvait s’avérer être timide. Et si elle ne voulait pas ? Elle avait peut-être d’autres occupations. Elle devait s’en doute retrouver Lady Rhea. Elle devait sûrement avoir d’autres choses à faire que de se promener avec un chevalier inconnu qu’elle venait tout juste de rencontrer. Déjà qu’Ashter pensait être passé pour un garçon étrange avec son dessin. Mais Ashter se méprenait sûrement, d’autant que la jeune bieffoise semblait heureuse du dessin qu’il venait d’effectuer. N’y tenant plus, il s’avança vers elle, tout sourire et espérait pouvoir rester encore quelques instants avec Lady Elinor.

- Lady Elinor, cela vous irait-il si nous marchions un peu ensemble, je pourrai vous raconter la raison de ma venue ici ? Le temps est clément et il me semble qu’il faudrait en profiter. Je comprendrais toutefois que vous ne vouliez pas ou ne pouviez pas. Vous avez sûrement d’autres impératifs.

Il ne lui en voudrait certainement pas si elle déclinait l’offre. Après tout, il ne se connaissait que depuis quelques heures. Ils avaient partagé jusqu’ici un bon moment et si elle y mettait fin maintenant, Ashter resterait sur une très bonne note et aurait tout de même de quoi raconter à Beren lorsqu’ils repartiront tous deux pour l’Ouest.

Ashter était ravi de cette journée. Cela changeait de certaines où il s’apitoyait sur sa pauvre vie de noble chevalier de l’ouest. Non, Ashter n’était clairement pas à plaindre et pourtant, il n’avait pas la vie facile. Devenu héritier sans le vouloir, fiancé à une dame sans le vouloir, envoyé à Lestival sans le vouloir, Ashter faisait ce qu’on lui disait et sans broncher, sauf auprès de son frère de cœur, Beren. Néanmoins, il ne regrettait pas d’être venu à Lestival. Il avait rencontré pleins de personnes toutes aussi intéressantes les unes que les autres. Lady Elinor Costayne en fait partie. Elle était par ailleurs ravie de son propre portrait et Ashter était fier de son dessin. Il faisait peu de portrait, ne se pensant pas assez douer pour cela. Mais aux dires d’Elinor, il l’était et cela le confortait dans cette idée d’en faire d’autres, de continuer à perfectionner son art. Se sentant rougir presqu’autant qu’elle rougissait de ses compliments, le chevalier ouestrien attendait donc une réponse, une réponse qui ne tarda pas à arriver.

- Lady Rhea m’a libérée jusqu’à l’heure du dîner. Nous avons un peu de temps. Surtout qu'il ne pleut pas alors...Mieux vaut marcher tant qu'un de leurs fameux orages n'est pas là pour nous maintenir à l'intérieur.

Et voilà une réponse positive et qui ravi Ashter. Une promenade lui ferait sûrement du bien. Il avait trop de choses en tête, cela le perturbait. Sa rencontre avec Sacha l’avait complètement bouleversé. Jamais encore, il n’avait eu de sentiments pour une femme. Les Sept le mettait à l’épreuve et ce n’était que le début. C’est ainsi qu’ils partirent tous deux en balade aux alentours de Lestival. L’air orageois était bon et vivifiant. Ashter appréciait les longues balades. Les paysages qu’offraient Westeros étaient propices aux promenades. De plus, il était en bonne compagnie. Il sut dès qu’il commença à parler à la bieffoise qu’ils allaient bien s’entendre. C’était donc tout naturellement qu’il avait proposé cette promenade afin de faire plus amples connaissances. Une amitié sincère et respectueuse semblait être née aujourd’hui à Lestival.

- Je vous dois donc une réponse, Lady Elinor.

Quelques pas de l’endroit où le dessin avait été réalisé, Ashter convint de répondre à la question restée sans réponse de la dame. Elle voulait savoir ce qui amenait le chevalier ouestrien dans l’Orage. Contrairement à Elinor, il ne venait pas accompagner quelqu’un mais venait en qualité de chevalier, héritier d’une famille de l’ouest. Tout en souriant et marchant tranquillement à ses côtés, Ashter raconta les raisons de sa venue.

- Comme vous, je suis venu par obligation. Je suis un chevalier et un héritier d’une famille de l’Ouest. Mon père, Weslar Yarwyck, m’a ordonné de me rendre à Lestival. Il voulait que la famille Yarwyck soit représentée. Je ne comprends toujours pas pourquoi, d’autant que le roi Rhaegar doit s’en moquer. Nous ne sommes guère très influents dans l’Ouest. Mais, j’aime voyager et c’était l’occasion pour moi de m’éloigner de mon père.

Cet homme qui ne lui donnait aucune reconnaissance. Ashter s’interrompit sentant qu’il allait partir sur un sujet sensible. Il ne détestait pas son père mais il ne l’aimait pas non plus. Il avait été si odieux avec lui et cela fut pire encore après la mort d’Arthur. Le voilà pris au piège car il est son héritier et lui doit encore plus obéissance qu’avant.

- Mais je ne regrette pas d’être venu. Je ne connaissais pas l’Orage, ni les autres régions d’ailleurs hormis le Bief où je suis allé il y a deux ans avec mon frère. C’était un voyage que j’ai beaucoup apprécié hormis le voyage de retour.

- Les jeux des "Grands" auxquels nous ne comprenons rien.

Ashter et Elinor étaient conscients de leur statut. Leurs familles étaient mineures dans l’Ouest et dans le Bief. Même si les Yarwyck avaient la grande tâche de conseiller Tywin Lannister, ils n’étaient pas très influents. Néanmoins, comme le soulignait Elinor, il fallait qu’ils se montrent. C’était là le but des familles mineures. Se montrer pour devenir importante. La présence d’Ashter à Lestival, bien qu’il la pensât inutile, ne l’était pas pour son père. Il fallait que son fils, l’héritier, se montre, se fasse remarquer par les ouestriens venus de tout le continent. Mais Ashter ne le voyait pas comme ça. Même s’il appréciait être loin de son père, être loin de sa mère, de sa sœur était quelque chose avec laquelle il avait du mal. Il était proche d’elles. Elles lui manquaient. Heureusement, Beren était venu avec lui. Et bien évidemment, il ne cessait de penser à Sacha, cette jeune fille au service de Cersei. Elle hantait ses pensées, ne laissant alors aucune place pour Melleah… sa promise.

- Ou étiez-vous allé? Et qu'y avez-vous fait?

Tandis qu’ils avançaient tous deux pas à pas, à une distance respectable entre une dame et un chevalier, le sujet de son voyage dans le Bief s’installa. Ce n’était guère un sujet sur lequel Ashter aimait revenir et pourtant c’était lui qui l’avait amené. Tout naturellement, en parlant du seul voyage qu’il avait fait aux côtés de son frère. C’était il y a déjà deux ans. Weslar voulait marier Arthur à une bieffoise. Les deux Yarwyck partirent donc dans le Bief pour aller à la rencontre de cette dame dont Ashter ne se souvenait pas le nom de famille. Pourtant, il avait une grande mémoire, mais cela ne lui revenait pas. N’insistant pas, il continua son récit à racontant que le Bief avait été un émerveillement pour lui. Les paysages verts, la gentillesse des gens qu’il avait croisé. Hautjardin lui avait fait un bon accueil et le séjour qu’il y fit fut merveilleux pour l’écuyer qu’il était.

- J’ai adoré le Bief. Hautjardin est vraiment magnifique. Cela m’a conforté dans l’idée que je voulais voyager à travers tout Westeros, découvrir les secrets et les mystères de notre continent. Vous connaissez le Bief comme je connais l’Ouest.

- Je ne connais que trop peu le monde. Le Bief, vous vous en doutez bien, je l'ai parcouru en long, en large et en travers pour toutes ces réceptions, ces bals et autres futilités ou il ne faut que saluer tout le monde en souriant même lorsque cela ne va pas. Mais tout le reste...A l'exception de Port-Real et d'ici, je ne suis encore allée nulle part. Mais j'aimerais en voir plus. Bien plus.

Port-Réal. Cela intéressait Ashter, lui qui n’avait jamais mis les pieds à la capitale. La Dame et le Chevalier avancèrent au même rythme, tranquillement, profitant des paysages orageois. Lestival était vraiment magnifique et les alentours également. L’ouestien exprima alors son souhait de voir d’autres régions.

- Mais je veux voir d’autres choses. J’essaierai, malgré ma nouvelle condition d’héritier, de voyager. Et je commence déjà, en venant ici, à Lestival, découvrant l’Orage. Mais j’aimerai aussi découvrir Port-Réal. La capitale doit être magnifique avec la vue sur la mer vers l’Est. Est-ce aussi magnifique qu’on le prétend ?

Il adressa sa question directement à Elinor, elle qui semblait connaître Port-Réal beaucoup mieux que lui. Cela lui permettait de ne pas trop s’attarder sur la fin de son voyage dans le Bief. Il n’avait pas honte d’en parler, la preuve, il avait amené le sujet de lui-même. Mais cela ravivait de vieux souvenirs encore douloureux et il ne voulait pas paraître faible devant la jeune dame. Partir donc sur Port-Réal allait sans doute être plus intéressant. Ashter voulait vraiment en savoir plus sur la capitale en plus de faire véritablement connaissance avec Elinor qu’il appréciait de plus en plus.

- Est-ce aussi magnifique qu’on le prétend ?

Port-Réal. Terres de la Couronne. Ashter n’y avait jamais mis les pieds mais il connaissait son histoire. La capitale des Sept Royaumes. Le berceau du pouvoir. Ashter avait toujours été curieux et aurait bien aimé s’y rendre, voir comment était la capitale. Cela pouvait sembler dérisoire pour certains mais pour le chevalier, cela serait une agréable aventure. Tout en marchant aux côtés de la belle Elinor, Ashter ne tarda pas à obtenir réponse.

- Les jardins du Donjon Rouge sont le meilleur point de vue sur la mer et le lever de soleil. Mais si la capitale s'était trouvée de l'autre côté de Westeros ou que le cycle solaire avait été inversé, cela aurait été le meilleur endroit au monde pour les couchers de soleils. Si vous vous intéressez à l'histoire, Port-Real regorge de merveilles. comme le septuaire de Baelor, le Donjon, Fossedragon...Mais je ne vous conseille pas de passer par Culpucier. Ce quartier est le fief des malandrins de la pire espèce et il flotte toujours dans les airs une odeur infâme qui prend à la gorge.

Ashter écoutait chaque mot prononcé par Elinor. Il avait l’impression d’y être, de se tenir dans les rues de Port-Réal. Il voyait, imaginait plutôt le septuaire de Baelor. Il regardait l’immensité vertigineuse du Donjon Rouge. Il imaginait Fossedragon. Il avait des étincelles dans les yeux à chaque mot de la bieffoise. Il savait que le soir-même, il dessinerait sûrement ce que son esprit aura imaginé. Tout souriant, il changea totalement d’expression en entendant parler de Culpucier. La réputation n’était guère fameuse. Comme Elinor le disait, l’odeur prenait à la gorge. Il garda en tête ce conseil. Ashter ne savait pas si un jour il serait amené à aller à la capitale mais si jamais cela arrivait, autant y être préparé. Il ne disait mot, ne voulant pas lui couper la parole et l’écouta ensuite parler de ce qu’elle aimerait voir. Elirno était comme le chevalier, tout aussi curieuse de voir ce que Westeros offrait. Il souriait à chaque lieu mentionné et, hormis Castral Roc bien sûr, il voulait tous les visiter également. Quoique, en y réfléchissant, il n’avait guère envie de voir les Îles de Fer. Fidèle et loyal aux Lannister, il n’avait guère de bons sentiments envers les fer-nés qui, pendant des décennies, avaient attaqué les côtés occidentales, orientales, s’étaient avancés dans les terres de l’Ouest et du Val, dans le Sud également. En mentionnant le terme « dangereux », Ashter acquiesça. En effet, certains endroits en Westeros étaient très dangereux.

- Les Îles de Fer sont peu recommandables, ma Dame… Même si les paysages peuvent être magnifiques à regarder, il ne fait aucun doute que ce peuple est indigne de confiance et d’une dangerosité à laquelle il ne faut pas se frotter...

Il marqua à son tour une petite pause, s’interrompant, ne voulant pas ennuyer la jeune dame avec un discours négatif. Il afficha un grand sourire et enchaîna plutôt sur ce qu’il connaissait le mieux.

- En revanche, ce sera avec plaisir que je vous accueillerai à Castral Roc. Je pourrai vous faire visiter quelques coins agréables bien que je ne connaisse pas encore tous les recoins de la bâtisse.

Il se mit alors à rire. Reprenant son sérieux, il reporta son attention sur Elinor. Il est vrai qu’elle était charmante. La beauté bieffoise lui fit rappeler que son frère était, avant sa mort prématurée, promis à une bieffoise. Ashter se souvenait très bien son visage. Elle était presque aussi magnifique qu’Elinor. Mais, il chasse ses pensées. Ce n’était pas le moment, d’autant que la jeune dame enchaîna sur Essos. Le chevalier ouestien ne connaissait guère le continent de l’Est et espérait un jour pouvoir y mettre les pieds. Cela relevait du rêve pour l’instant.

- Savez-vous pourquoi l'ancienne Valyria est tellement crainte?

Ashter fut décontenancé. Il n’en savait tout simplement rien et le fit comprendre à Elinor. En effet, le chevalier connaissait peu de choses sur Essos, encore moins que sur Westeros. Il avait, comme tout le monde entendu des rumeurs, des légendes mais ne s’y était guère intéressé. Il voulait déjà explorer Westeros avant, il y avait de quoi faire.

- Malheureusement non, je connais très peu de choses sur Essos. J’ai donc bien peur que je ne puisse vous répondre concernant Valyria, si vous attendiez un éclaircissement là-dessus.

La promenade qu’ils avaient entamée il y a déjà une petite heure était plus qu’agréable. Ashter appréciait la compagnie d’Elinor. C’était une dame aussi instruite qu’intéressante, dommage que toutes les bonnes choses avaient une fin. Le chevalier décida donc de profiter du temps qu’il leur restait à passer ensemble, à Lestival.

- Je sais. Mais vous ne pourrez empêcher une jeune dame de rêver, ser Ashter. Et c'est là que l'on se dit qu'il serait bon de pouvoir se transformer en ombre afin de pouvoir s'insinuer de partout sans avoir à subir les mauvais côtés de chaque endroit. Les îles de Fer seraient beaucoup moins dangereuses si l'on y était pas vu.

Ashter ne pouvait ni ne voulait d’ailleurs empêcher Lady Elinor de rêver. Les Îles de Fer étaient un royaume bien mystérieux et il était tout à fait logique de vouloir en connaître davantage. Ashter avait une mauvaise opinion des fer-nés comme la plupart des ouestriens. Il reconnaissait néanmoins que comme tous les royaumes composant le monde dans lequel il vivait, les Îles de Fer possédaient sûrement des qualités. Les paysages devaient être magnifiques. Seulement, entaché par Balon Greyjoy et sa politique et ses actions passées, Ashter ne pouvait être objectif sur cette question. Il souriait lorsqu’elle mentionna le fait de ne pas être vu. En effet, puisque la magie semble revenir à Westeros selon les rumeurs, il se pourrait que certains ou certaines trouvent le moyen de devenir invisible aux yeux des gens. Avec cela, en effet, visiter les Îles de Fer deviendrait plus qu’intéressant.

- Cela serait fantastique.

Un nouveau sourire s’afficha. La proposition sous-entendue par Ashter semblait être bien appréciée par Elinor. Il serait tout à fait heureux d’accueillir Elinor en visite à Castal Roc au même titre que Clarysse à Hautjardin il y a fort longtemps. Ils pourraient se balader, le chevalier faisant la visite des remparts, des recoins de la bâtisse des Lions – il y avait de quoi voir – et lui faire découvrir les paysages somptueux de l’Ouest et les côtes près de Bulwark. Sans oublier bien sûr l’essentiel : Bulwark, cette magnifique bâtisse. Ashter savait qu’elle ne faisait pas le poids face à Castral Roc ou Hautjardin ou encore Port-Réal mais le chevalier était fier de sa maison, de son foyer et il serait plus que ravi de faire visiter cette jeune bieffoise qu’il affectionnait de plus en plus au fur et à mesure de leur conversation-promenade. La conversation, justement, continua sur divers sujets et notamment Valyria dont Ashter ne connaissait rien finalement. Il espérait que la jeune dame ne soit pas trop déçue par son ignorance. Cela ne semblait pas être le cas pour le plus grand bonheur du jeune homme.

- Si j'en trouve les raisons, voudriez-vous que je vous écrive afin de vous en faire part?

- Ma foi, je serai ravi que vous me fassiez part de vos recherches et vos trouvailles.

Ashter était de nature curieuse. Tous deux avançaient et revenaient vers Lestival. La journée avançait plutôt bien et la fin pointait le bout de son nez. Le chevalier profitait de chaque seconde. Qu’il était agréable de passer une bonne journée, sans tracas, sans pensée noire, avec une personne agréable et avec de la conversation. Avant qu’elle n’ait l’occasion de lui répondre ou de dire quoi que ce soit, Ashter enchaîna quasiment aussitôt.

- Mais je serai tout autant ravi de converser avec vous par lettre pour avoir de vos nouvelles.

Voilà qui était dit et qui faisait quelque peu rougir le chevalier oustien. Mais, il ne disait pas non à une amie aussi intelligente, charmante et intéressante qu’Elinor Costayne. Il était assuré qu’avec cette jeune dame, les conversations seraient instructives et agréables. La correspondance était une activité qu’il appréciait énormément. Il adorait écrire des lettres, composer des poèmes. Malheureusement pour lui, il était l’héritier et son père lui préférait la chasse, le combat à l’épée, la montée à cheval. Cela était apprécié par Ashter mais pas autant que l’art d’écrire ou de dessiner.

Ashter admirait la détermination d’Elinor. Il semblerait que cette-dernière ait une grande volonté de connaître les secrets autour de Valyria. Et il ne faisait aucun doute que cela était contagieux puisqu’Ashter se mit alors à penser à ce sujet bien mystérieux. Il ne savait pourquoi mais désormais, il avait envie de savoir, tout autant que la jeune bieffoise. Guidant ses pas vers Lestival, Ashter souriait. C’était véritablement une bonne journée et il écoutait avec attention la jeune femme. Elle parlait de son frère et de la Citadelle. Elle avait vraiment les moyens d’obtenir des réponses. Tout en marchant, il la regardait, d’un œil amical et courtois, loin de lui l’idée de s’imaginer plus de choses avec Elinor. Son cœur était pris. Sa main était prise. Ashter n’était pas un homme libre dans tous les cas. Il fut tiré de ses pensées par la voix douce et mélodieuse d’Elinor qui ajouta en réponse à sa remarque précédente.

- Mais vous auriez eu de mes nouvelles même sans cette histoire. Vous avez fait mon portrait. Une telle chose, cela crée des liens.

Et le voilà qu’il rougissait encore. Ashter devait se ressaisir. Il était chevalier ! Il était héritier d’une famille de l’Ouest ! Passant une main sur son visage, enchaînant quelques respirations pour se calmer, Ashter reprit son sérieux et regarda de nouveau Elinor. Il fallait vraiment qu’il travaille sur lui. Elle lui faisait un compliment, il rougissait. Cela n’était pas digne d’un chevalier honorable de sa trempe. Il se redressa quelque peu, plongeant cette fois son regard vers l’horizon où se dessinait la grande forteresse de Lestival. Il s’éclaircit la gorge et dit enfin quelques mots.

- Cela me fait plaisir. Et vous avez raison, un lien s’est créé entre nous, c’est indéniable. Un lien amical.

Et Ashter en était plus que ravi. En plus de la journée merveilleuse qu’il venait de passer, il venait de se faire une amie formidable. Elinor Costayne, dame de compagnie de lady Rhea, originaire du Bief. Ashter aimait cette région et pourtant, il aurait pu l’effacer de sa mémoire après la mort de son frère. Mais le chevalier s’était dit que le Bief n’avait rien à voir là-dedans. Une région, une population n’étaient pas responsable de la peste, de la mort d’Arthur. Ils arrivèrent bientôt à l’endroit même où Ashter avait dessiné Elinor il y a peu. C’est alors que la dame posa une question au jeune chevalier.

- Viendrez-vous au banquet de ce soir?

- Le banquet de ce soir...

Ashter n’avait pas prévu d’y mettre les pieds. À vrai dire, il espérait rejoindre Beren, passer une soirée plutôt tranquille à se raconter leur journée. Ils devaient également préparer le départ vers Bulwark, maintenant que le tournoi était terminé. Le séjour à Lestival touchait à sa fin. La journée touchait à sa fin également. Il était pour Ashter de prendre congé. Il devait rendre Elinor à lady Rhea désormais. Elle devait sûrement l’attendre quelque part dans ses quartiers ou ailleurs. Ashter ne voulait pas retenir la jeune femme plus que de raison. Il lui fit alors face, sourire aux lèvres.

- Vous ne m’y verrez pas malheureusement. Avec Beren, mon frère, nous devons nous préparer pour le voyage de retour.

Au loin, un homme, de type dornien, regardait dans leur direction. C’était Beren, qui attendait Ashter à l’endroit même où ils avaient dit qu’ils se retrouveraient. En le voyant, le chevalier comprit qu’il devait passer aux adieux. C’était l’heure. Il fit une révérence à la dame et lui fit ses adieux.

- Ma Dame… ce fut une journée tout bonnement merveilleuse à vos côtés. Je me vois malheureusement dans l’obligation de prendre congé de vous. J’ai été plus que ravi de vous rencontrer et de passer ces quelques moments en votre charmante compagne. Ma Dame.

Et il lui fit un baisemain courtois, une nouvelle révérence et partit en direction de Beren. L’ouestien et le dornien passèrent ainsi la soirée à se raconter leur journée et il y avait de quoi. Beren s’était encore épris d’une jeune fille. Quel charmeur ! Ashter, lui, raconta sa rencontre avec Elinor. Lors de son récit, on aurait pu croire que des sentiments envers la jeune bieffoise commençaient à naître en lui mais il n’en était rien. Il assura à plusieurs reprises à son frère de cœur qu’il ne la voyait que comme une amie, une amie sincère et fidèle dont il avait déjà hâte de lire les lettres.