-39%
Le deal à ne pas rater :
Ordinateur portable ASUS Chromebook Vibe CX34 Flip
399 € 649 €
Voir le deal


J'ai encore rêvé - Pv Néphelie

Invité
Invité

Anonymous

Informations
Personnage
Badges


   
# 
L'idée même de se remarier un jour fut, durant très longtemps, absolument inenvisageable pour Meliodas. Il n'était que peu de choses. Un anonyme au sein d'une maison mineure. Pourquoi donc est-ce qu'un seigneur aurait voulu marier l'une des filles de sa maison, à quelqu'un comme lui ? Quelqu'un réputé pour une grande violence. Quelqu'un ayant pendu quelques uns de ses confrères durant la rébellion de Robert. Lui qui avait combattu aux côtés des dragons plutôt que de suivre leur suzerain ? Non, les chances étaient minimes. Certes, depuis qu'il était entré au service de dame Cersei, sa renommée avait eu un petit coup de pouce pour le pousser vers le haut, mais, il fallait croire que cela ne suffirait pas, tout simplement. Le premier mariage que notre ami avait eu n'était probablement qu'un coup de chance, ou peut-être même une bénédiction des dieux. Une épouse comme quiconque souhaiterait avoir à ses côtés. Belle comme le jour, radieuse, douce et bienveillante, tout en étant doté d'un intellect certain. Une épouse que le Trant aurait souhaité garder tout au long de sa vie et, surtout, qu'il aurait souhaité voir materner leur marmaille. Pourtant, le destin en avait voulu autrement, se montrant cruel et tragique lors de ce jour qui aurait pu être le plus beau de son existence. L'enfant et la femme, perdus le même jour. Elle qui avait réussi à le rendre plus doux, plus réfléchi. A en faire autre chose qu'un boule de nerfs prête à exploser à n'importe quel moment pour se ruer sur la première personne et lui arracher les bras. Sa mort tragique l'avait presque fait régresser au stade d'animal, un moment. N'ayant plus de buts dans sa vie et nulle autre envie, outre le fait d'aider les siens, que de se battre, prendre la route fut la seule solution sensée.

Sa belle, il l'avait eue grâce aux saletés faites durant la rébellion justement, se faisant doucement un petit nom du côté de ceux restés fidèles aux Targaryen. N'ayant participé à aucun réel conflits depuis, ses chances de faits d'armes dignes d'éloges furent rare, avant sa rencontre avec Cersei Lannister. Contre toute attente, ce ne fut pas l'entrée à son service qui le gratifia d'une seconde proposition de mariage, mais bel et bien de ses liens tissés durant ses nombreux voyages à travers. C'est d'une amie de longue date, Bethany qu'il eut l'offre. Mariée depuis peu au seigneur des Eteules, la jeune femme lui offrit la possibilité d'épouser une des cousines du seigneur. Pouvait-il vraiment refuser ? Certainement. D'autant plus que l'on disait de cette fameuse couinse, qu'elle était particulièrement belle. Chose qui s'avéra exact, par la suite. L'on parlait nettement moins de son caractère disons … Compliqué, d'ailleurs. Les Selmy étaient, depuis longtemps, dans le cœur de Meliodas. Non pas qu'il ait été un grand ami de la famille, ou encore qu'il vouait une admiration à cette famille en elle-même non. Le Trant vouait un certain culte au seigneur Barristan Selmy, l'un des très rares chevaliers qu'il respectait au plus haut point et, probablement le seul homme connu qu'il souhaiterait rencontrer un jour. Existait-il quelqu'un capable de se mesurer à lui, épée en main, malgré son âge mûr ? Certainement pas. Meliodas ne dérogeait pas à cette règle et savait pertinemment qu'il se ferait ridiculiser face à quelqu'un de sa trempe. Malgré tout, l'idée de pouvoir échanger quelques passes avec lui le ravirait au plus haut point.

C'est donc ainsi que notre ami se retrouva marié à cette charmante Néphelie. Pour être belle, oh elle l'était, ses traits fins, sa longue chevelure noire qui ornait parfaitement son charmant visage, le tout magnifié par des yeux d'un bleu des plus clairs. Oh, oui, elle l'était. Du point de vue de son nouvel époux, rares étaient celles qu'elle pouvait envier de ce côté et, il aurait mis sa main au feu qu'elle en était consciente. Par contre, son caractère de cochon lui rendit la vie dure. Bien entendu, le Trant comprenait ce que cela faisait que d'être expédié dans un autre royaume, telle une vulgaire marchandise. Ou tout du moins, il pensait comprendre. Mais, lui avait tout fait pour se montrer comme un bon époux, patient, calme et faisant ce qu'il pouvait pour être agréable. Surveillant son vocabulaire et ses manières en sa présence, il laissait à son épouse de nombreuses libertés, lui offrait régulièrement des cadeaux et jamais, ô grand jamais, il ne leva la main sur elle, ni ne la menaça de le faire. Tout ce qu'il souhaitait c'était de lui offrir une vie heureuse. Tout ce qu'il souhaitait c'était d'être un bon époux et que sa chère femme finisse par se faire à sa présence, malheureusement en vain, jusqu'à lors. Pourtant, l'orageois ne pouvait s'empêcher de penser que rares auraient étés à la traiter ainsi et qu'elle aurait pu tomber sur vraiment pire. Peut-être, aussi, qu'elle aurait pu avoir un bon parti mais, être au service d'une des plus grandes dames de Westeros et vivre dans la demeure des Lannister, il doit y avoir bien pire comme situation. D'autant plus que, en bonne partie grâce à Sacha, Meliodas était devenu un homme plus doux et plus calme, retrouvant doucement cet être perdu, à la mort de sa première épouse. Comme si cela ne suffisait pas, hormis la première nuit, il ne la toucha jamais, celle-ci se refusant à tout rapport. Était-il un être si affreux que cela ?

Bien entendu, vivre dans une telle situation était difficile. Lui qui avait tant espérer retrouver une épouse comme sa première, retrouver une telle relation, il en était loin. Certes, il eut envie de baisser les bras plus d'une fois. Certes il s'engueula plus d'une fois avec elle aussi mais, au final, Meliodas ne baissait pas les bras, continuant d'espérer qu'un jour, elle finirait par s'ouvrir, ne serait-ce qu'un peu à lui. Alors, comme en ce jour, il tentait des approches, des petites attaques pour percer sa carapace et y pénétrer un jour. Comme d’innombrables avant celle-ci, la journée avait commencée par une longue matinée d'entraînement, en compagnie du maître d'armes, de quelques écuyers, mais aussi de quelques chevaliers de passages, tous plus hautains les uns que les autres. Certains ne connaissaient guère son nom et, un Trant, non chevalier, aussi loin de chez lui ne devait qu'être là pour mendier des restes, n'est-ce pas ? C'était ces hommes-là que l'homme d'armes aimait plus que tout affronter, se plaisant à les ridiculiser dans un plaisir malsain. Un peu pour les faire redescendre de ce piédestal qu'ils semblaient s'être offert, mais aussi par pur plaisir. Outre ces délices quelques peu sadiques, cela ne faisait pas de mal d'affronter de nombreuses personnes issues d'horizon différents, découvrir de nouvelles techniques et déplacements, afin d'être prêt au plus de situation possibles. Dame Cersei était une personne qu'il espérait servir le plus longtemps possible, ainsi, il se devait être le plus performant possible.

Après avoir bien mangé, comme à son habitude, l'envie soudaine de retrouver sa femme lui pris. L'espoir, une fois de plus, de pouvoir passer un peu de temps avec elle sans la moindre prise de tête ou l'esprit qui se mettrait à fumer dans l'idée de ne pas s'en aller rouge de colère. Après quelques questions posées aux servantes du château, espérant que quiconque ait pu l'apercevoir, ses pas finirent par le mener jusqu'aux jardins où il l'aperçut, illuminée par le soleil. Une véritable œuvre d'art, probablement que les dieux eux-même y avaient mis un peu du leur pour en arriver à pareille merveille. L'idée de pouvoir la dessiner dans pareil moment, où elle semble si calme et si paisible lui plaisait, peut-être que la chose les rapprocherait, un jour. Mais, il était fort à parier que lui faire une telle proposition, au vu de leur relation sur le moment n'aurait guère été concluante. C'est après l'avoir observé, de loin, quelques instants avec un petit sourire aux lèvres que le Trant se lança dans la gueule du loup, s'avançant doucement vers elle, prenant bien soin de ne pas arriver dans un angle mort afin de ne pas la faire sursauter. Chose qu'elle lui aurait très certainement reproché d'ailleurs. Se postant face à elle Meliodas la salua d'un petit hochement de tête, accompagné d'un sourire et d'un regard presque fuyant, se demandant un instant ce qu'il faisait là et surtout comment lui parler. Son nez se fronça et son pouce fit gratter le bout de celui-ci, avant de se laisser aller à un long soupir. « Ma chère, vous semblez radieuse aujourd'hui, c'est toujours des plus plaisants que de le constater. » Un nouveau froncement de nez, accompagné par un demi-sourire étrange. Cela l'aurait presque fait rire de s'entendre parler comme ça. Sacha l'aurait très certainement fait d'ailleurs. « Je me demandais … Que diriez-vous de profiter de cette belle journée pour nous promener un peu et discuter ? Les jardins semblent plutôt pas mal en c'moment et … Enfin voilà, vous voyez, je me dis que … Bah … Ça serait pas mal, passer un peu de temps ensemble, ce genre de choses et … Oh ... » Se grattant nerveusement la mâchoire faisant délicatement bruisser sa barbe fine, Meliodas n'osa guère la regarder un court instant, presque honteux de ne pas en avoir parlé avant. « Vous vous remettez de … L'incident récent ? Enfin, pour l'coup je sais pas si c'est une très bonne idée d'en parler et … Mais, je m'inquiète tout de même pour vous. »


Invité
Invité

Anonymous

Informations
Personnage
Badges


   
# 
Le destin, pour les femmes de Westeros, est particulièrement cruel, n’est qu’une vaste blague, un conte de fée qu’on essaie de leur faire avaler, comme on donnerait du lait de pavot à un ancien souffrant le martyr sur le point de trépasser. Aussi inaudibles que des carpes malgré des cris ressortissants, souvent flattées et vendues comme des juments avant d’être traitées comme des vaches laitières, tout juste bonnes à vêler. Et le tout, avec le sourire. Les femmes, à Westeros, sont des bibelots. Ce sont des poupées de porcelaine que les pères posent sur le coin de leur bureau quand ils reçoivent des dignitaires, qu’ils peignent et arrangent, dont ils font miroiter la possession du corps à leurs pairs… Et qu’ils vendent au plus offrant. Le plus offrant a le droit de la mettre dans son lit, de la posséder, avec mais surtout sans son consentement, pour verser dans ses entrailles ce jus qui deviendra, peut-être, un enfant. Il pourrait ne jamais vivre, déchirer les entrailles de la mère, la tuer… Et elle s’éteindrait dans le même silence qu’a été celui de sa naissance, ou de sa vie. Comme Néphelie.

Son mariage tardif lui a laissé l’espoir de pouvoir s’élever socialement. Si elle-même ne s’est jamais considérée comme une beauté, au fait que la notion est subjective, son père l’a souvent vantée comme telle. Chaque fois qu’elle l’entendait tenter de la vendre, un mélange de haine incommensurable et de fierté mal placée se disputaient la prédominance. Au moment de l’annonce de l’accord passé pour la marier à Méliodas, c’est la haine qui l’a emporté. Sans rien connaître d’autre que des rumeurs sur cet homme violent et barbare, Néphelie s’est oubliée, s’est emportée contre ce père qui, en homme, est resté sourd et muet à ses suppliques, feignant de ne pas les entendre. Alors elle a prié. Elle a prié les Sept de faire mourir cet homme dont elle ne voulait pas, de la préserver de ce mariage qu’elle ne souhaitait pas, et dans lequel elle se savait condamnée. Et, eux aussi, sont restés sourds à ses suppliques. Jamais alors qu’elle remontait l’allée jusqu’à l’autel le jour de leurs noces on aurait pu dire qu’elle était sur le point de se marier… Son expression faciale s’approchait d’avantage d’un condamné à mort en route pour l’échafaud. Était-ce si différent ?

Non. Ça ne l’a jamais été pour Néphelie, qui a subi avec la même violence que le tombé du couperet sur la gorge d’un supplicié sa nuit de noces. C’était fait, et en quelques heures, on la chassait de chez elle, hors de cette maison où elle avait passé toute sa vie, qu’elle avait souvent trouvée trop petite, trop quelconque, trop insignifiante… Sans un regard en arrière, son père l’a envoyée sur les chemins, à la suite du mercenaire auquel il l’avait vendue, indifférent à ce qui pourrait lui arriver maintenant que la transaction avait été effectuée. Muette encore, même si incapable de le rester. Fidèle à elle-même, Néphelie a combattu, avec la seule arme qu’elle possède et possèdera sans doute jamais : sa verve. Refusant, comme ayant toujours refusé, d’être cette poupée de porcelaine qu’on la voulait être, elle a fait savoir à plus d’une occasion à son cher et tendre qu’elle avait une voix, des ambitions, et que rien ne saurait les étouffer. Elle n’a rien de cette femme douce et complaisante à laquelle on lui a raconté que Méliodas a été marié, et avec laquelle, en plus, elle se retrouve en concurrence. « Pauvre Méliodas, sa nouvelle femme est bien cruelle… Il ne mérite pas une peste pareille. Elle ne mérite pas la patience de son mari. » Ils croient qu’elle n’entend rien des chuchotis sur son passage, après chaque dispute, et ça lui donne envie de hurler plus encore.

Dans ce monde, un homme qui ne prend pas sans qu’on lui donne est un saint, et sa femme une vipère de lui refuser quelque chose qu’il a demandé gentiment. Elle n’a tout simplement pas le droit de dire non si les formes sont mises. Elle n’a pas le droit d’être profondément rebutée par un homme qui l’a prise alors qu’elle n’en avait pas la moindre envie. On sanctifie la jument précédente, celle qui a eu le bon goût de se laisser mater et d’enfanter sur demander, et on avilie celle qui réclame son indépendance… Ce monde écœure Néphilie chaque jour que font les Sept. A de nombreuses reprises, elle en venue à la conclusion que, pour leurs bien-être propres, Méliodas aurait dû la laisser se noyer. Ainsi, il aurait pu se marier à nouveau avec une femme qui lui serait soumise, et elle serait définitivement débarrassée de ses chaînes. Les dieux, dans leur mansuétude ou cruauté, elle n’en était pas certaine, en avaient décidé autrement. Peut-être était-ce la manifestation de leur sadisme, comme un enfant qui brûle une fourmi à l’aide d’une loupe ? Peut-être prenaient-ils plaisir à les voir, Méliodas comme elle, subir cette union dysfonctionnelle ?

Elle a emprunté un livre à la bibliothèque, mais ne l’a ouvert que pour glisser son index à la première page. Fermé, posé sur ses genoux alors qu’elle-même est assise sur un banc, mélancolique, Néphelie contemple la mer venir se fracasser aux pieds du roc, les vagues charriant une multitude de gouttelettes qui étincèlent comme des diamants traversés de part en part par les rayons du soleil. Ce spectacle est presque hypnotique pour la jeune femme, dont l’esprit a commencé à s’égarer à peine s’est-elle assise. Si elle est honnête avec elle-même, elle n’a rien à reprocher à Méliodas. Lucide, elle se rend parfaitement compte qu’il n’est pas comme le bourreau qu’on lui a décrit, et qu’elle aurait pu beaucoup plus mal tomber. Au final, le seul tort du mercenaire aura été de vouloir se marier avec une femme qui se sent étriquée dans le carcan qu’est celui des femmes de Westeros, et dont il incarne malgré lui l’étroitesse qui l’étouffe. C’est moins sa personne que ce qu’il représente qui fait horreur à Néphelie. Son mari, son garant, son maître, son geôlier… Au point que tout ce qui aurait pu naître de tendresse chez elle se retrouvait bien vite asphyxié sous la colère de subir sa condition.

Si elle perçoit bien un mouvement dans sa vision périphérique, elle ne prend pas la peine de se tourner vers son visiteur (du moins ce qu’elle pense être un homme en fonction de la taille, carrure et aux vêtements) tout de suite. Elle attend que celui-ci s’exprime et de reconnaître le ton de la voix de son mari, avant de daigner tourner ses yeux cyan dans sa direction. Ses flatteries la laissent dubitative, et même, suspicieuse. Il essayait tellement fort d’avoir l’air éloquent qu’elle en vient à se demander s’il se moque d’elle, ou bien combien de temps ça lui a pris pour élaborer cette phrase pompeuse qui ne lui correspond aucunement… Méfiante, Néphelie hausse un sourcil sans répondre, le visage dénué de toute expression. Cette méfiance, néanmoins, est de courte durée car bien vite, le naturel rustre de Méliodas finit par s’exprimer, pataud, hésitant… Egal à lui-même et la jeune femme est de nouveau en terrain connu. Elle hésite, de ce fait, entre rire et pleurer. Rire, parce que les efforts du mercenaire avaient quelque chose de touchant, quelque part. Et pleurer, parce qu’elle se demande une fois encore qu’est-ce qu’elle a bien pu faire au ciel pour mériter cette union.

Elle soupire, et n’essaie même pas de le cacher. Le tissus de sa robe, d’un bleu aussi clair de ses yeux, bruissant alors qu’elle se met debout, et joint avec dignité ses mains devant elle, prête à suivre l’homme blond, résignée. Bien que son regard fuie le sien, Méliodas peut voir toute couleur quitter le visage de son épouse à la mention de son accident. Elle ferme brièvement les yeux, tentant de chasser la désagréable sensation fantôme de l’eau qui lui pénètre la gorge, les bronches, les poumons… Brûlant tout sur son passage. Essayant au mieux de garder son port et sa contenance, elle répond assez froidement « Vous auriez tort de bouder l’héroïsme qui a été le vôtre de plonger dans ces eaux glacées pour en sortir votre maladroite épouse, mais j’admets volontiers que vous m’épargneriez en n’en faisant pas mention devant moi. » Le souvenir est pénible, évoque la honte, la détresse, beaucoup de peur, l’angoisse de la mort… Autant de choses auxquelles elle ne souhaite plus penser. « M’offrirez-vous votre bras ? » Elle demande. Après tout, quitte à déambuler avec Méliodas, autant en profiter pour essayer de faire taire les mauvaises langues.

Sans manifester plus d’émotion que cela, Néphelie prend délicatement le bras de mari, du bout des doigts, comme si ce simple contact pouvait la brûler, et lui emboîte le pas, les jardins du roc accueillant leur lente déambulation. Elle ne le regarde pas, fait même très attention à ce que leurs yeux ne se croisent jamais. Elle n’a pas la moindre envie de voir son expression de déception, ou d’espoir fou, et n’a pas non plus la moindre envie que lui ne lise la mélancolie qui est la sienne, et tente d’agir en conséquence alors qu’il est totalement impuissant. Après quelques minutes d’un long silence pesant, Néphelie le brise d’un ton qu’elle veut léger, mais dont le direct pouvait sembler quelque peu agressif. « Il y a un sujet en particulier duquel vous auriez souhaité m’entretenir ? » Son intention, ici, est moins d’être agressive que pragmatique. Après tout, s’ils ont des choses à discuter, autant le faire maintenant, nul besoin de tourner cent ans autour du pot, pas vrai… ?
Invité
Invité

Anonymous

Informations
Personnage
Badges


   
# 
Qu'on se le dise, Meliodas ne fut jamais vraiment doué avec les femmes. Bien que cela ait pu attirer la moquerie de certains de ses compagnons d'armes, ou de voyage, lui l'avait toujours plutôt bien vécu, en fin de compte. Là était sa nature profonde, tout simplement. Les dieux lui avaient offert le don des armes, tout comme celui de la hardiesse ainsi qu'une faculté d'adaptation lui ayant offert la survie, malgré des chances très faibles, plus d'une fois. Alors oui, il était certain que pour rééquilibrer le tout il fallait bien enlever quelques petites choses à notre homme et, cela en était un. Tout comme l'art de la diplomatie, ou tout ce qui touchait à l'éloquence en général. D'un naturel direct et brut, réfléchir à une formulation adéquate et à de charmantes tournures, voilà des choses qui ne lui traversaient jamais l'esprit. Non, le Trant disait tout simplement ce qu'il pensait, la première chose qui lui passait par la tête était balancé, ainsi, au grès du vent. Sans doutes que sa maladresse avec la gent féminine y était lié. Sans doutes aussi que les femmes qui avaient fait partie de sa vie, sœur, mère, fille, amies, ou tout simplement sa première femme, avec toutes, leur relation naquit de la plus naturelle des manières, sans avoir à chercher quoi que ce soit, sans avoir à se forcer pour être une autre personne, ou à avoir une accroche particulière pour engager la conversation. Chose difficile pour lui et qui, pourtant, semblait naturelle à l'écrasante majorité des hommes, si l'on en croyait les on-dit. Ainsi donc, avoir pour épouse une femme de la trempe de Néphelie n'était pas chose aisée. Leurs centres d'intérêts étaient sans aucun doutes divergents, tout comme leur manière de vivre, de s'exprimer, de manger, ou encore de voir les choses. Elle, semblait ne pas l'apprécier, depuis le premier jour et ne s'en cachait guère pour le lui faire remarquer, ou comprendre. Bien entendu, l’épéiste pouvait comprendre cette aversion, devant être loin, très loin de l'époux idéal que la belle avait pu s'imaginer un jour. Loin d'être aussi charmant, gracieux, poli ou même prestigieux. Son patronyme était mineur et sa renommée, à son échelle, semblait s'amenuiser de jour en jour, sauf peut-être dans l'Ouest, mais quelle demoiselle de l'Orage pouvait bien s'inquiéter de ce qu'il se passait chez leur chers voisins ? Bonne question. Ainsi oui, la jeune femme n'aimait guère cette union, malgré les efforts que lui mettait en place pour la mettre à l'aise, tant auprès de lui que dans sa nouvelle demeure. Certain de tout faire comme il le fallait pour la traiter du mieux qu'il pouvait, notre ami continuait d'espérer qu'un jour, son jugement à son égard finisse par changer.

Enfin, lorsqu'il se présenta face à elle, la dérangeant, semble-t-il, dans un moment de solitude agréable, alors qu'il avait fait son mieux pour parler convenablement, Meliodas ne put lire que de l'agacement sur son visage, qui ne se gêna d'ailleurs même pas pour soupirer, ne prenant guère la peine de tenter de le camoufler. Chose qui le fit doucement rire jaune en se grattant nerveusement l'arrête du nez, ne sachant guère où se mettre. Ce sentiment de malaise se renforça d'ailleurs lorsqu'à l'évocation du précédent incident, son épouse devint livide. Était-il possible d'être plus maladroit encore ? J'en doute. Évoquant son héroïsme, notre homme retrouva légèrement des forces avant de rire à nouveau bêtement en se grattant le nez. « 'Savez, y'a rien d'héroïque à sauver quelqu'un de la noyade, ou même sauver tout court. Et puis … Quel homme je serais hein, si j'avais pas tenté de sauvé mon épouse ? J'suis bien conscient que vous n'm'appréciez pas mais, ça ne justifie pas l'fait de vous laisser … Hein voilà. Et puis, j'ai fait des vœux devant les dieux et les vôtres. J'sais bien que je n'suis pas exemplaire ni rien, mais j'tiens mes engagements. Enfin … Ma mère m'a dit une fois que lorsque quelque chose est cassé, faut le réparer, pas l'changer. » Se grattant nerveusement la barbe en levant les sourcils, signe d'intense réflexion. « Enfin, quelque chose dans le genre … J'l'ai pas compris de suite mais, j'pense que c'est une bonne leçon d'vie et qu'ça marche plutôt pas mal pour le mariage. Et … J'parle beaucoup trop, excusez-moi. » Un long soupir s'échappa finalement de ses lèvres, déçu et désolé de son comportement. Voilà une chose qu'il n'avait jamais réussi à corriger, ses longs monologue en situation de gêne et de stress. Une raison de plus pour que son épouse finisse par en avoir assez de lui, n'est-ce pas ?

La suite des événements, quant à elle fut particulièrement étrange et surprenante. En effet, contre toute attente, Néphelie accepta l'invitation de son époux à se promener et même discuter. Un sourire se dessina sur ses lèvres, surpris et presque rieur à l'idée de la blague qu'elle lui faisait. Tellement était-il certain que sa proposition était vouée à l'échec, il lui fallut un petit moment pour intégrer l'information, qui ne fut avérée que lorsqu'elle proposa, d'elle-même qu'il lui offre son bras pour commencer à marcher, silencieusement. La belle ne le regardait pas, semblant presque éviter son regard, se contentant de marcher doucement. De son côté lui, tentait tant bien que mal de trouver un sujet de conversation. De quoi pouvait-il parler avec quelqu'un de si différent de lui ? Alors qu'il tenait enfin sa chance de se rapprocher, ne serait-ce qu'un peu d'elle, le voilà en train de perdre pied et de se noyer dans de nombreuses scènes imaginées, sur ce que pourrait résulter tel ou tel sujet. Ainsi perdu dans les pensées et ne pipant mot, ce fut la jeune femme qui rompit le silence en lui demandant tout simplement s'il voulait lui parler de quelque chose en particulier, ce qui le fit longuement soupirer, mal à l'aise. « À dire vrai, j'étais plus ou moins certain que vous préfériez rester seule, plutôt que de venir marcher un peu avec moi alors … Non, pas vraiment. Décevant, une fois de plus, n'est-ce pas ? » Un nouveau soupir et un nouveau grattement de nez, nerveux. Son regard finit par se poser sur le livre que tenait sa compagne, avant de le pointer du doigt. « Je ne sais pas … De quoi parle votre livre, par exemple ? » A défaut de mieux, cela engagerait peut-être la conversation et qui sait ? Peut-être cela l'aiderait à rebondir sur autre chose. Quelque chose de mieux et de sensé.
Invité
Invité

Anonymous

Informations
Personnage
Badges


   
# 
Beaucoup de qualificatifs peuvent être trouvés pour décrire Néphelie. On la dit sournoise, mesquine, cruelle… Vindicative, colérique, capricieuse… On parle souvent de ses défauts, de son caractère qui la rend difficile à vivre, mais jamais de sa franchise. Il n’y a personne, dans les Sept Couronnes, ce royaume d’imposteurs et d’hypocrites, pour apprécier le fait qu’elle ne fasse aucun effort pour dissimuler le fond de sa pensée… C’est dommage. Quoiqu’il en soit, aujourd’hui ne fait pas exception à la règle, Meliodas est, plus encore que les autres, le témoin de son agacement, duquel il est souvent l’origine. Comme aujourd’hui, alors qu’il vient interrompre sa rêverie mélancolique, ses deux pieds maladroits directement dans le plat, et en même temps… Attendrissant, quelque part, dans les efforts qu’il déploie, que Néphelie ne s’explique pas.

Le mystère, d’ailleurs, s’épaissit d’avantage encore à l’écoute de ses justifications, tout aussi maladroites que le reste de ses propos, mais dans lesquelles l’orageoise ne discerne pourtant rien d’autre que de la sincérité. Il l’a sauvée, malgré sa lucidité quant à son inimitié le concernant. Il l’a sauvée, au risque de se perdre lui-même pour une femme qui ne l’apprécie pas, et qu’il n’apprécie pas non plus. Il l’a sauvée parce qu’il a fait le serment devant les Dieux de la protéger… Meliodas a sauvée Néphelie parce que c’est un homme de principes, droit. La jeune femme serre les dents, discrètement, se sentant soudainement nauséeuse. Sans doute était-ce pour cela qu’il avait pendu ses ennemis ? Eux, selon lui, avaient trahi, et c’était ainsi que, dans son monde, les traitres devaient être punis. Le bleu des yeux de Néphelie tombe sur sa poitrine, cherchant à vérifier que sa robe n’est pas trop serrée, le malaise continuant de s’insinuer en elle. Meliodas aurait pu se sortir de cette situation catastrophique avec élégance et sans efforts, et il avait choisi d’y rester, envers et contre-tout, sans aucune promesse que la situation s’améliore, sans aucune perspective que Néphelie ne finisse par faire ce qu’il faudrait pour perpétuer sa lignée. Peut-être qu’au final, il ne souhaitait pas d’enfants ?

Sentant la tête lui tourner, la jeune femme affermit délicatement sa prise sur le bras de son mari, faisant en sorte de continuer à écouter ses maladroites confessions. La mère de Meliodas est, d’après ce qu’il lui en dit, une femme pleine de sagesse. Seulement, dans le cas de leur mariage comme son mari souhaite faire ce parallèle, il n’y a rien à réparer, puisque rien n’a été cassé, puisqu’il n’y a jamais rien eu pour commencer… Tout est à construire… S’ils le veulent bien. Meliodas a montré qu’il le voulait. Mais elle ? Non. Elle a même pris soin de faire tout le contraire. Le fait est que la difficulté de passer outre son sentiment d’avoir été lésée est très élevée. Ne méritait-elle pas de pouvoir s’élever socialement, plutôt que de rester anonyme ? Ne méritait-elle pas les plus belles choses que ce monde a à offrir… ? Est-elle réellement si loin de ses objectifs… ?

Néphelie inspire longuement, et expire discrètement. Il lui semble avoir frôlé du doigt une vérité qui la dérange, qui la chamboule, et qui l’oblige soit à reconsidérer son jugement, soit à faire preuve d’une extrême mauvaise foi… En sachant que c’en est. Le choix est cornélien. Elle peut, si elle le souhaite, s’obstiner dans sa propre guerre de principe envers Meliodas, continuer à le personnifier comme son bourreau, l’assassin de ses libertés… Ou bien accepter le fait qu’elle n’a jamais été plus libre de ses faits et gestes que depuis qu’ils sont mariés, qu’elle n’aurait pas quitté les Eteules et ne vivrait pas au Roc si ce n’était pas à son bras, et que si sa coiffeuse et sa garde-robe sont si garnies de belles choses, c’est parce que LUI les lui a offertes… Si elle ne le regarde toujours pas, maintenant, c’est pour des raisons bien différentes qu’au moment où elle s’est levée. L’entendre dire qu’une fois de plus il la déçoit est la goutte d’eau qui fait déborder le vase, les nerfs de Néphelie rendent grâce. « Meliodas, par les Sept, s’il vous plaît… » Elle soupire, frustrée, ignorant consciemment sa question sur son livre.

Elle s’arrête, et tire sur son bras pour le faire s’arrêter à son tour, se plantant face à lui, le regardant, cette fois, bien dans les yeux. « Meliodas… » Elle cherche ses mots. Son souhait ? Donner une impulsion positive à leur relation, sans en donner l’impression. Elle ferme les yeux et respire, pour se laisser le temps de réfléchir quelques secondes de plus, avant de se lancer. « Vous êtes nerveux, n’est-ce pas ? » Contre toute attente, la question, en dépit de sa franchise, n’est pas cruelle. Elle ne la pose pas pour se moquer du mercenaire, mais bien en guise d’introduction. Pour être certaine que ses propos ne soient pas mal interprétés, l’orageoise s’empare de la main calleuse du guerrier, et la serre avec une douce fermeté. « Quand c’est le cas, respirez. Profondément, une fois ou deux. Ça vous calmera, et vous laissera un peu de temps pour réfléchir à ce que vous allez dire. » Le conseil est général. Elle ne souhaite pas forcément qu’il l’applique avec elle, mais avec d’autres notables. Sa nervosité l’a poussé à s’exposer. La question rhétorique « Décevant, n’est-ce pas ? » le diminue. Il est inutile d’induire ce genre d’idées chez les puissants, qui n’ont pas besoin d’aide pour les remettre à leur place. Face à elle, c’est une chose d’être vulnérable. Mais face à d’autres… « Promettez-moi d’y penser, la prochaine fois que vous vous trouverez dans une situation qui vous met mal à l’aise, voulez-vous ? »

Il est trop difficile, et beaucoup trop prématuré, de lui livrer les questionnements internes qui l’assaillent, mais lui donner un conseil pour apprendre à gérer une situation de stress ? Un moyen d’essayer de l’aider, avec les armes qu’elle possède, à défaut de pouvoir intervenir en sa faveur ou à sa place. C’est un bon début, selon elle, pour tenter de changer ses habitudes, si tant est qu’elles puissent être changées. Ça vaut, au moins, la peine d’essayer. Adressant à Meliodas un frêle sourire, Néphelie reprend sa place à son côté, où elle relance leur déambulation. La question de rivalité avec l’épouse défunte, la comparaison constante à celle-ci dont elle fait l’objet, la tracasse toujours. Elle n’en fait, bien sûr, aucune mention et puisque le mercenaire lui a posé une question… « Je n’ai pas encore eu le temps de le commencer, mais ça s’appelle Drystan et Aryane. C’est l’histoire d’un chevalier et d’une reine qui sont poussés à tomber amoureux grâce à un philtre… » Circonspecte, la jeune femme observe la couverture d’un œil critique. « Je suis toujours plus difficile avec les histoires, que je trouve facilement vides de sens, mais peut-être que celle-ci vaudra la peine… ? » Un peu comme la leur, d’histoire ?
Invité
Invité

Anonymous

Informations
Personnage
Badges


   
# 
Ne sachant trop quoi faire, ni comment, notre homme finit par se perdre, comme à son habitude, dans un long monologue. Une tendance peu enviable que l'orageois avait toujours eu lorsqu'il était nerveux, ou perdait pied. Parler, encore et encore, pour combler le silence et cette gêne qui pourrait en découler, se contentant de dire tout ce qu'il lui passait par la tête, tout simplement. Une façon comme une autre d'évacuer les mauvaises choses, tout comme ce geste nerveux qu'il avait de se gratter le nez à chaque fois. Cette fois-ci, cependant, la chose sembla déplaire, agacer même, son épouse qui ne se gêna pas pour lui faire comprendre dans un long soupir, tout en s'arrêtant de marcher, avant de le tirer légèrement pour qu'il en fasse de même, pour finalement se poster devant lui et le regarder droit dans les yeux. À quand remontait la dernière fois que Néphelie avait fait quelque chose de la sorte ? Avait-elle seulement agit ainsi, une fois ? Probablement pas. Dans tous les cas, notre ami tentait tant bien que mal d'y réfléchir, en vain. Semblant réfléchir à la formulation qu'elle allait lui offrir, la belle ferma quelques instants, durant lesquels Meliodas s'attendait à une nouvelle remontrance. Sans nul doutes qu'il avait trop parlé à son goût, pour rien au final. Sans doutes l'avait-il déjà agacé de sa manière de faire. Sans doutes sa présence la dérangeait de plus en plus rapidement. De nombreux scénarios tournèrent dans son esprit, ne le rendant que de moins en moins à l'aise, tant était-il certain d'avoir commis une faute. Contre toute attente, son interlocutrice se contenta d'une question rhétorique, à propos de sa nervosité. N'importe qui aurait sans doutes compris qu'il s'agissait-là d'un avant-propos pour un éventuel conseil, ou au moins quelque chose pour le rassurer. Mais non, lui préféra bêtement répondre à la question, passant une fois de plus pour un idiot sans nom. Il n'y avait pas à dire, l'art de l'éloquence n'était clairement pas ce qu'il maîtrisait le mieux. « Je … Oui, complètement. » Un rire idiot ponctua cette première partie de réponse. « C'est simplement que … J'essaie de faire ce qu'il faut mais … J'sais pas j'arrive jamais à rien et … Enfin … Vous voyez et savez, j'suppose avec le temps et … Faut que j'arrête de parler. » Un petit sourire en coin, mi-désolé, mi-idiot, tout en se grattant le nez.

Bien vite, de bien délicates mains vinrent attraper celles de Meliodas pour l'emprisonner, comme pour l'empêcher de s'enfuir face à cette proximité afin de lui offrir un conseil, tout bête. Son épouse lui recommandait de respirer profondément, une fois ou deux, le temps de se calmer et de réfléchir à ce qu'il allait dire. Puis, elle lui demanda d'essayer cela la prochaine fois qu'il était dans une situation embarrassante. La chose le fit grandement sourire, joyeusement, semblant heureux comme jamais. Bien entendu, il préféra ne pas livrer le fond de la pensée à l'orageoise mais, n'était-ce pas là le premier geste qu'elle faisait en sa faveur ? N'était-ce pas la première fois qu'elle montrait un peu de sympathie envers son époux ? N'était-ce pas la première fois qu'elle lui livrait un quelconque conseil ? À toutes ces questions, notre homme n'avait que peu de doutes sur la réponse. Enfin, enfin il était arrivé à un petit quelque chose avec son épouse. Enfin, elle semblait s'ouvrir, même très légèrement à lui. Cela avait pris du temps et, cela en prendrait encore énormément mais, le premier pas avait enfin était franchi. « Je … Je vais essayer et, je vous remercie pour votre conseil. Cependant ... » Son nez se fronça nerveusement, tout comme se sourcils, avant qu'un long soupire ne se fasse entendre. « Je crois bien que vous êtes l'une des rares personnes capables de me mettre dans un tel état. » Un bref sourire s'afficha sur son visage avant de se muer en une moue désolé et dépitée. « Enfin, j'suppose que c'est pas l'genre de choses que j'suis sensé dire. » Un petit rire. « Mais, il semblerait que vous soyez du genre à être le plus franche possible … J'suppose qu'en faire de même n'est pas une mauvaise chose. Ou quelque chose comme ça. » Sa main vint gratter nerveusement sa nuque, avant qu'il ne ferme les yeux et ne prenne deux longues inspiration. « On va essayer de le faire avant, la prochaine fois, ça marchera probablement mieux. »

Suite à cet échange, la jeune femme offrit un léger sourire des plus éphémères à son époux, ce qui ne put que le rendre des plus joyeux. Joyeux d'assister ce spectacle des plus rares, pour commencer. Mais surtout heureux de voir qu'effectivement, un premier pas avait été fait entre eux. Pour couronner le tout et, nous l'avons déjà mentionné quelques fois, Néphelie était une femme particulièrement belle et, ce sourire, bien que bref, l'illumina. L'espace d'un instant, Meliodas se sentit heureux et fier de cette avancée. Bientôt, la désormais Trant vint se positionner à ses côtés pour reprendre la marche et, enfin, répondre à la question qui concernait le livre qu'elle tenait entre les mains. Une histoire entre un chevalier et une reine, forcés à tomber amoureux à cause d'un philtre. Chose qui sembla faire réfléchir la jeune femme un instant, avant de finalement rajouter qu'elle avait toujours un peu de mal avec les histoires vides de sens, pour finalement lui demander son avis à ce sujet. Peut-être que l'histoire finirait par lui plaire, après tout ? Certains pourraient déceler un lien étroit entre les mots et leur relation à eux, mais l’épéiste ne vit rien de tout cela, se contentant de réfléchir à la question en se grattant le menton. « Je ne sais pas trop. J'suppose que leur relation, malgré l'amour serait des plus difficile mais, j'trouve que la phase où l'amour naît est quelque chose de tout aussi intéressant à travailler et à lire. Voir comment les personnages peuvent se rapprocher et s'apprécier malgré leur différence de caractère, de mode de vie et ... » S'arrêtant net, les sourcils froncés, l'orageois finit par rire doucement. « On dirait presque que j'parle de … Enfin, nous, les différences et tout l'reste mais sans … Enfin, vous comprenez. » Riant légèrement il reprit tout doucement. « Enfin, ce que j'veux dire c'est qu'c'est dommage si tout est fait comme ça, sans effort, simplement par un petit coup de baguette magique. J'vous avouerai ne pas avoir lu beaucoup de livres mais … Ma mère m'a donné mon nom rapport à son roman préféré. L'histoire d'un homme et d'une femme, issus de familles rivales, ayant été plus ou moins toujours en guerre qui finissent par tomber amoureux. Ils essaient de faire tomber tout cela, font ce qu'ils peuvent pour faire cesser cette rivalité inutile dont … Au final plus personne ne se souvient vraiment de l'origine, ayant juste élevé dans cette haine de l'autre. Il y a de la manipulation, des coups de couteaux dans le dos, un tas de manigances, des combats et une épopée pour avoir la main de leur bien-aimé. J'pense que ça pourrait vous plaire. Fin je … Malgré le temps que nous … Fin, je suis pas vraiment sûr de vraiment bien vous connaître mais … Je pense que ce genre d'histoires pourraient peut-être plus vous intéresser. »
Invité
Invité

Anonymous

Informations
Personnage
Badges


   
# 

Quand n’importe qui d’autre aurait gardé le silence, Meliodas, lui, répond. Et, pire, abonde dans le sens de Néphelie ! Le pire ? Pas vraiment. Ce serait le pire que d’admettre sa nervosité, sa vulnérabilité, s’il avait été en présence d’un rival ou d’un ennemi, mais face à Néphelie ? Quelques mois plus tôt, elle aurait profité de cette ouverture sur les défenses du mercenaire. Comme la chipie qu’elle peut être à ses heures, elle aurait appuyé dessus pour obtenir tout et n’importe quoi du guerrier, en sachant pertinemment qu’elle l’aurait obtenu, ne serait-ce que pour acheter son silence. Aujourd’hui, cependant, le franc aveu de cette faiblesse la touche. Elle n’est pas habituée, Néphelie, à troubler qui que ce soit, à avoir le dessus sur qui que ce soit, et encore moins sans efforts. Ici, alors que l’occasion est superbe, elle n’a pourtant pas vraiment envie d’en jouer. Le temps, sans doute, joue dans la balance. Depuis leur mariage, Meliodas essaie, sans discontinuer, d’arrondir les angles, comme indifférent à l’animosité de son épouse. Il essaie, comme un forcené, obstiné. Pour rien. En tous cas jusqu’à présent. La culpabilité n’a jamais fait partie intégrante de la personnalité de Néphelie. Après tout, elle ne s’en est jamais voulu d’avoir tenté de saborder toutes les alliances qu’aurait pu contracter sa cousine, après s’être avilie dans le foin avec un palefrenier. Cependant, aujourd’hui, elle se demande si son comportement ne mériterait pas d’être revu…

Et cette réflexion, elle subsiste et s’ancre plus profondément encore quand il lui avoue qu’elle est l’une des rares personnes à le mettre mal à l’aise. La révélation a de quoi marquer Néphelie, qui se représente toujours Meliodas comme une force imperturbable, un homme de poigne. N’a-t-il pas vaincu et pendu ses ennemis ? N’est-il pas le genre d’homme déterminé auquel rien ne résiste ? Seul, il a recueilli et élevé Sasha, pourtant tête de mule brûlée, bien plus que ne le sera jamais Néphelie. En quelques minutes, le géant blond lui a donné à réfléchir pour au moins plusieurs jours… Qu’elle le veuille ou non, l’orageoise va devoir faire preuve d’introspection, et faire des choix. Il va lui falloir reconsidérer sa situation, mettre plusieurs choses en perspective, et tenter de le faire sans le filtre de la mauvaise foi… L’expérience va être excessivement déplaisante. Elle n’est pas certaine d’aimer ce qui va en sortir, et craint, même, l’abîme du recul qu’elle sent prêt à s’ouvrir sous ses pieds. Commencer à gratter dans cette direction, ça veut dire revoir sa copie sur tout ce qu’elle a pu faire jusqu’à maintenant… ça l’effraie. Elle a peur de finir broyée sous les débris de son égo.

Une chose après l’autre, se rassérène-t-elle. Quand bien-même finisse-t-elle par regretter ses mesquineries (ce qui n’est pas dit), il ne lui est pas demandé demain de le reconnaître ouvertement et d’aller demander le pardon de ses victimes. Si, pour commencer, elle tentait déjà de voir si les choses pouvaient fonctionner avec Meliodas ? Ce serait déjà un excellent début.

Lorsqu’il a lancé la conversation sur son livre, Néphelie ne s’attendait pas à ce qu’il puisse nourrir une réelle réflexion. C’est donc à son tour de se laisser surprendre par son mari. Elle attend, par apriori, qu’il dise une bêtise, bêtise qui ne vient pas. Au contraire. De lui-même, il fait le parallèle entre la situation des amants de son livre, et leur situation, avant de renchérir sur un autre ouvrage… Qu’elle n’a pas lu ! Elle, si friande de lecture, n’a pas lu une œuvre, pourtant lue par un mercenaire… Le monde se serait-il mis à tourner à l’envers ? En silence, plutôt consternée il faut l’avouer, l’orageoise écoute les réflexions et développements de son mari. Il marque plusieurs points, mais, Néphelie restant Néphelie, elle ne les lui concède pas. Elle a envie de lui glisser que la facilité, il l’a connue avec son épouse précédente et que de l’avis général, il était bien plus heureux avant… Mais cette réflexion, pouvant lui faire du mal à lui, lui ferait surtout beaucoup de mal à elle, qui voit déjà son air penaud et l’impossibilité pour lui d’objecter. Parce que ce serait la vérité. « Peut-être… » Elle commence, songeuse, en réponse à la suggestion de Meliodas selon laquelle le livre lui plairait. « Mais pour être honnête, je lis rarement les œuvres où l’amour occupe une place centrale, quand bien même d’autres thèmes seraient abordés. » Ce disant, elle se garde bien, à nouveau, de regarder dans la direction de son compagnon. « Le romantisme n’apprend rien, et n’est qu’une source de déception. Dans les romans ou les chansons, les nobles chevaliers sont prêts à toutes les folies pour une seule et même dame. La réalité est bien différente… Adultère, trahisons de différents acabits, mépris… Les romans romantiques offrent des escapades hors de l’horreur du monde, dans un autre de beauté. Le danger est de vouloir y rester. » Elle l’a voulu, plus jeune. Elle pouvait s’enfermer, s’isoler pendant des heures pour un livre, une histoire. Comme toutes les jeunes filles, elle a elle aussi rêvé d’une histoire digne d’être chantée. Et chaque fois, le retour aux réalités de la vie s’était fait aux forceps, douloureux. Combien de fois la vie ne lui a-t-elle pas rappelé son insignifiance ? Son caractère banal à pleurer ? Le fait qu’elle se noie dans la masse, sans la possibilité d’espérer quoi que ce soit ? Oui, Néphelie a beaucoup été déçue, s’est souvent cassé le nez. Maintenant qu’elle est adulte, son cœur est froid. Il n’a plus d’espoir, et à peine un peu d’ambition… Elle n’a plus cette flamme qui lui permettrait de se laisser émouvoir par le destin tragique d’amants maudits, malheureusement…
Contenu sponsorisé


Informations
Personnage
Badges


   
#