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Help Me, Broter (pv Lucas Nerbosc)

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Help Me, Brother

father said it is not death a man should fear,
but rather never having begun to live in the first place



Brynden & Lucas

Le silence. Réconfortant et étouffant à la fois, sorte de bouffée apaisante au goût de fiel. Redouté et nécessaire, l'instant était suspendu dans le temps. Longtemps après que le cortège funêbre se soit retiré, Brynden s'était isolé une dernière fois à l'ombre du grand barral pour honorer la mémoire de son père. La plaie invisible qui s'était ouverte en lui à l'instant où dans ses bras, Tytos Nerbosc avait rendu son dernier souffle, continuait de suinter la haine et le désespoir. Il avait réussi à se montrer digne au prix d'un effort dont il ne savait où il tirait la force mais resté seul dans le Bois Sacré, il avait laissé libre court à son chagrin, les yeux enfin strillés de larmes, le corps à terre. Il savait que dès le lendemain, il se devrait de prendre sa place de seigneur, et que seule cette nuit sans étoiles lui serait donnée pour exprimer pleinement son deuil. Déjà, une lueur timide brillait entre les branches nues desquelles, à intervalles irréguliers, les corbeaux éructaient un cri perçant ; tout de noir vêtu, il tenta alors de se relever. En vain. C'était comme si deux poids l'enchainaient aux racines immaculées du grand barral, le tirant à son tour dans les profondeurs de la terre. Il n'arrivait pas à faire ses adieux.

Le jour se levait pourtant, et avec lui, une nouvelle ère sur Corneilla. Brynden déglutit. Tout lui commandait de se reprendre, et il resserra autour de lui le lourd manteau d'hiver hérité, comme la chevalière seigneuriale, au moment des dernières prières accompagnant le défun dans son dernier repos. Il avait envie de vomir. Comme si toutes ces années d'observation, de travail, de préparation, n'avaient servi à rien. Comment pouvait-il prendre décemment la succession dans un état pareill, et alors que tous comptaient sur lui ? Allait-il les décevoir, eux aussi ? Pourquoi cette faiblesse soudaine ? Brusquement, le souvenir atroce refit surface. Riv. Son sang ne fit qu'un tour, et il dégaina violemment la petite dague ceinturée à sa taille ; la lamme minutieusement entretenue étincela, mortelle, dans la peinombre de l'aube. Le relan vengeur qui l'avait pris au corps lorsqu'il avait ordonné la mise au cachot du bâtard Bracken faisait saillir sa puissante jugulaire. Possédé, la joie mauvaise lui vint qu'il n'aurait qu'à se faire justice lui-même. Ô comme c'était grisant ! Il allait d'ailleurs pour se retourner, quand sa voix intérieure le rappella à l'ordre. L'honneur plus cher que la vie. Soudain conscient de ce qu'il s'apprêtait à faire, Brynden lacha la dague qui tomba au sol, de même que ses deux mains s'enfoncèrent dans la neige, son corps secoué de sanglots.

Jamais il ne s'était senti aussi démuni. A cet instant, il n'était pas un homme, mais le petit garçon qu'il s'était toujours refusé d'être. Avait-il gâché bêtement des moments précieux à ne jamais avoir su les vivre pleinement ? Désobéir au moins une fois pour connaitre la remontrance ? Rire franchement au moins une fois pour savourer le bonheur d'être ensemble ? « Je les saignerai. Je les saignerai tous à blanc... » répéta-t-il alors. Il n'était plus lui-même. Il fallait que ses desseins les plus noirs sortent, qu'il s'exorcise de ses démons. Après tout, c'était cela qu'il convenait de faire dans un Bois Sacré. Se purifier. Se défaire du terrestre pour mieux rejoindre la sagesse des Anciens. Et les Dieux savaient à quel point, plus que jamais, il avait besoin de leur sagesse !

DRACARYS
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Help me, brother


« Corneilla | 302, lune 4, semaine 4 »

Corneilla n’avait jamais aussi peu ressemblé à un foyer que depuis la mort de Tytos. Pourtant les murs étaient remplis de vie. Les invités encore présents s’enquéraient de leur état, de leur besoin. Marianne et ses amis se montraient compréhensifs et présent. Mais cela ne suffisait pas. Il lui semblait vivre dans un mauvais rêve dont il était incapable de se réveiller. Ca n'était pas vrai. Ca ne pouvait pas être ça la vraie vie, la réalité. La demeure avait déjà perdu une partie de son âme à la mort d’Arwyn, mais les Nerbosc avaient réussi à se rapprocher durant cette épreuve. Cette-fois ci, les choses étaient différentes. Arwyn était partie en donnant la vie, un sort que connaissaient de trop nombreuses femmes, mais imputable à la nature. Tytos avait été assassiné en pleine célébration de paix. On les avait attaqué et rappelé que mêmes forts, ils n’étaient pas indestructibles. Comme si l’attaque de Salvemer bientôt deux ans auparavant n’avait pas suffit pour qu’ils le comprennent. Comme si la mort de Robb et Dayron n’avait pas suffit. Comme si son temps dans les gêoles fer-nées et la façon dont il en était sorti ne suffisaient pas.

Une semaine s’était écoulée. Sept nuit. Et Tytos n’avait pas rouvert les yeux comme il l’avait espéré. Alors que son cercueil de bois descendait entre les racines de leur barral familial, aucune main n’était venue en gratter la paroi. Et la terre avait continué de s’entasser pour le faire disparaître, le trou s’était rebouché comme s’il n’avait jamais été creusé. Et rien n’avait changé. Tout avait changé. Il s’en était fallu de peu pour que l’émissaire de la région ne retombe dans ses mauvais travers laissés par sa captivité. Il avait songé à la bouteille comme son ami Andar et le soulagement qu’il pourrait y trouver s’il se penchait suffisamment. Il voulait s’apitoyer sur son sort. Se plaindre de l’injustice qui venait de leur être faite. Qu’on excuse tous ses comportements et ses mots froids parce qu’il vivait quelque chose d’horrible. Mais il n’avait pas pu faire ça à Brynden. A la différence de son retour de Pyk, cette fois ci, il n’était pas le seul à souffrir et on avait besoin de lui. Il ne pouvait pas se permettre toute cette marche arrière maintenant alors que Marianne avait réussi à faire tant de progrès avec lui. Il ne pouvait pas abandonné son aîné quand il avait le plus besoin de lui. A un moment où il lui avait toujours promis qu’il serait là pour lui.

Encore une nuit où Lucas n’avait quasiment pas fermé l’oeil, à compter et recompter les poutres et les briques blanches de son plafond. Il ne ressentait même plus le sommeil, simplement la lassitude du moment. Les oiseaux ne sifflaient pas encore dans le ciel, le soleil ne perçait pas encore dans cet hiver plus dur que jamais, pourtant le Nerbosc le savait, la nuit se terminait et la journée commençait. Il se glissa hors du lit sans un bruit, après une brève caresse sur le front de son épouse. Il enfila ses chausses et sa veste d’hiver avant de quitter ses appartements. Ses pas le conduire devant l’office de son père où il s’arrêta hébété. Il lui fallut plusieurs minutes pour parvenir à en pousser la porte. Bêtement, il s’était attendu à trouver son père là, penché sur un parchemin, à relever un sourcil curieux pour voir qui l’interrompait dans son travail. Mais le bureau était vide. Ni Tytos, ni Brynden. Lucas s’avança vers le fauteuil de son paternel, prêt à en toucher l’accoudoir, mais quelque chose l’arrêta dans son élan. Une force étrange. Il ne parvint pas à poser sa main dessus. Son regard fut attiré à travers la fenêtre qui donnait sur le Bois Sacré, par la silhouette mouvante qui se trouvait juste à côté de l’endroit où Tytos avait été enterré. Le reflet d’une lame le fit se tendre automatiquement, jusqu’à ce qu’il reconnaisse son aîné. Après un soupir de soulagement, Lucas referma la porte de l’office derrière lui et pris les premiers escaliers pour rejoindre le jardin.

Il trouva son frère agenouillé dans la neige, la lame tombée à son côté, la tête baissée, alors il s’approcha doucement. Entendant sa promesse, il soupira légèrement, continuant d’avancer pour s’arrêter à sa hauteur, à côté de lui. “L’envie est partagée mon frère. Mais je crains que ça le ramène pas…” dit-il avec au contraire son visage levé vers les ramages de plumes noires du barral, une main posée affectueusement sur l’épaule de son frère. Il connaissait la colère, mais ça n’avait jamais été la même que lui que son frère avait expérimenté. Il aurait pu tuer si cela avait ramené son père, il le savait. Mais il savait tout autant que Tytos aurait détesté cette idée pour ses fils. L’honneur plus cher que la vie.

(c) DΛNDELION