Prendre le temps de savourer la vie

Elle était partie. Cela faisait deux jours. Deux petits jours. C’était horrible. A Bulwark, il ne restait que sa mère à qui il se confiait chaque jour. C’était la seule personne proche d’Ashter qui était encore à Bulwark à ce moment-là. Même Beren n’était plus là puisqu’Ashter l’avait chargé d’accompagner et protéger Sacha pour son voyage jusqu’à Castal Roc et de rester auprès d’elle jusqu’à ce que le seigneur vienne à son tour pour l’accouchement prévu pour la lune suivante. Ashter recevait souvent des lettres du mestre des Lannister. Il saurait remercier cet homme lorsqu’il viendrait. En attendant, il devait se remettre dans les affaires. Ashter était un seigneur et un seigneur devait gérer les affaires de son château, de ses gens et des terres aux alentours. Les problèmes de la pêche, les problèmes de récoltes, les problèmes du château, les jugements à rendre, etc. Autant de tâches que de responsabilités. Lisant une lettre de Lord Payne, Ashter eut des nouvelles de sa sœur. En effet, la jeune Alerah était marié au jeune Podrick, l’héritier. Elle allait bien, elle était enceinte, déjà. Oui, pour Ashter, Alerah était encore cette jeune ouestienne de seize ans qu’il chérissait et protégeait contre les dangers de Westeros. C’est alors qu’on frappa à la porte de l’office, ramenant Ashter au moment présent.

- Entrez !

La mère d’Ashter fit son entrée. Elle avait dans les mains une lettre. Ashter se leva d’un bond. Il savait que cela ne pouvait être une lettre des Lannister. Sacha était partie depuis deux jours seulement. Il en fallait plus de 6 pour aller jusqu’à Castral Roc. Il reconnut le sceau des Payne. Il reprit l’ancienne lettre qui datait déjà de trois semaines. Ashter était très en retard dans la lecture de ses messages. Ellyah fondit en larme en tendant la lettre, la courte lettre venue du fief des Payne. Que s’était-il passé ? Ashter s’assied, lit la lettre et ne dit mot. Il resta là, le regard vers l’horizon pendant de longues minutes. Soudainement, il ordonna au mestre qui était venu de raccompagner sa mère dans ses quartiers. Il se leva, ferma la porte après avoir demandé au mestre de donner l’ordre qu’on ne le dérange pas. Ashter retourna complètement son bureau, vira les lettres, les balança à travers la pièce. Prenant son épée, Dent-de-Lion, il donna de violent coup sur la table qui finit par céder. La colère et le chagrin l’envahissaient. Sa chemise était déchirait, ses jambes flanchaient, ses cheveux décoiffés lui tombaient sur son visage rouge sur lequel coulaient d’énormes larmes. Plantant son épée dans le sol, il explosa de rage, hurlant sa douleur et tomba sur les genoux. Personne n’osa rentrer. Personne n’osa le déranger ce jour-là. Le mestre retrouva Ashter allongé à terre, recroquevillé sur lui-même, pleurant encore, le regard dans le vide. Par terre, près de l’épée plantée, le mestre put voir le message des Payne. Ne pouvant retenir un larme, il recula, ferma la porte et laissa le seigneur seul avec sa peine.


Castral Roc. Cela faisait un moment qu’Ashter n’y avait pas mis les pieds. Il retrouvait avec plaisir Lord Tyrion, Lady Walda, tous deux devenus les maîtres de cette place forte de l’ouest après la mort de Tywin. Il n’était pas heureux de les revoir mais il ne pouvait nier qu’ils avaient su être là pour Sacha. Aussi, le seigneur de Bulwark salua courtoisement Lady Cersei et ser Meliodas. Il fit une accolade sincère et joyeuse à Beren avant d’aller retrouver Sacha, sa femme, son essentiel. L’accouchement était prévu pour la semaine suivante mais il semblerait que le bébé, selon les dires du mestre, est sur le point d’arriver. Il retrouva une Sacha bien fatiguée, plus qu’il ne l’était lui-même, ne dormant plus depuis la triste nouvelle. Nouvelle qu’il n’allait certainement pas annoncer à Sacha pour l’instant. Il s’installa avec douceur à ses côtés et lui fit un doux baiser sur le front en lui prenant la main.

- Mon amour ! Tu m’as tellement manqué…


Sacha était enfin de retour à Bulwark. Après l’accouchement, Ashter avait dû revenir au château pour reprendre les affaires en retard. Sacha de son côté, resta encore deux lunes à Castral Roc. Cela avait été dur pour Ashter mais il avait vaincu. Il était fort, coriace, déterminé et il se plongeait dans le travail lorsqu’il était mal. Les affaires avaient bien repris. Le mestre le félicitait d’être à jour dans les lettres, les comptes et toutes les obligations qui l’incombait. Il se préparait ainsi au retour de sa femme et de leur fille. Il avait enfilé sa plus belle chemise, mis son armure sur laquelle il avait fait gravé l’emblème de sa famille. La main sur le pommeau de Dent-de-Lion, Ashter se tenait fièrement dans la cour du château. A sa droite, le mestre. A sa gauche, sa mère, Ellya. Le convoi arriva et Ashter sentit en lui monter une sorte de comblement, comme si le vide qu’elle avait laissé en partant il y a quelques lunes venait de se remplir à nouveau au moment où elle entra dans la cour du château, leur maison.

Amaryllis. C’était le prénom qu’ils avaient donné à leur fille. C’est Sacha qui l’avait choisi. Ashter avait adoré et adhéré à l’idée de ce prénom magnifique. Il s’apprêtait ainsi à retrouver sa femme et sa fille. Présent dans la cour, regardant le convoi arriver, le seigneur de Bulwark affichait une mine fatiguée, soignant les apparences et forçant quelque peu un sourire. Il serra dans ses bras Beren qui avait parfaitement réussi la mission. Ashter lui avait d’ailleurs soufflé à l’oreille qu’une charmante jeune femme l’attendait dans ses appartements. Beren ne se laissa pas prier et disparut à toute vitesse. Et Sacha descendit du carrosse, tenant le bébé dans ses bras. Elle courut vers Ashter, l’embrassa et lui tendit sa fille. Amaryllis Yarwyck, héritière de Bulwark. Ashter était fier. Il la porta quelque instant avant de la redonner à Sacha. Les gens présents dans la cour retournèrent ainsi à leur besogne. Ellya prit congé de son fils et sa famille. Ashter et Sacha se rendirent à l’intérieur, dans leurs appartements où le seigneur ouestien avait fait préparer tout ce qu’il fallait pour le bébé. C’est alors qu’une septa se présenta. Ashter fit les présentations avec Sacha, confia Amaryllis à la septa et emmena Sacha dans leur chambre.

- Il faut qu’on parle, Sacha…

Ashter s’assied sur le bord du lit et invita Sacha à faire de même. Il fallait qu’il lui annonce la mort d’Alerah. Sacha et elle s’entendaient à merveille. Quand Alerah venait, elles passaient des heures à parler tandis qu’Ashter allait chasser avec Podrick ou l’entraîner à l’épée. Cela va l’anéantir, la dévaster mais Ashter devait faire son rôle de mari, de seigneur. Il prit une grande inspiration, prit la main de sa femme, la regardant dans les yeux sans faillir. Il sentait les larmes et l’émotion lui venir. C’était terrible mais il fallait le faire. Un, deux, trois...

- J’ai une mauvaise nouvelle à t’annoncer… Alerah… Sacha… Alerah est…

Et en fondant en larme dans ses bras, il dévoila la terrible nouvelle. Sa sœur, sa petite sœur était morte. Elle avait succombé après avoir mis au monde. Ashter en avait voulu à la terre entière. Grand heureusement, il avait rangé son bureau ainsi que la chambre avant que Sacha ne revienne. Il espérait que les coups d’épée qu’il avait pu mettre çà et là ne se voient pas mais il avait peu d’espoir. Il resta dans ses bras de sa douce, laissant échappé son lourd chagrin.

***

Le soir-même, Ashter et Sacha se retrouvèrent de nouveau seul dans leur chambre. Ashter avait passé de longues lunes seuls, déprimantes. Les affaires de Bulwark allaient bien mais être seigneur était épuisant. Et dire que cela était son quotidien depuis maintenant quelques années. Il entrait dans l’âge où on ne compte plus les années passer. On devient seigneur, on se marie, on fait des enfants et la vie suit son cours. Ashter s’allongea dans le lit dans un bruit, sans dire quoique ce soit. Il avait été silencieux toute la soirée. Il se mit alors à lire quelques lettres arrivées dans la journée et qu’il n’avait pas eu le temps de lire. Il y en avait quatre. Une des Lannister, adressée à Sacha. Il la lui tendit. Une des Payne qui annonçait leur venue prochaine. La troisième provenait de l’Orage. Tavish Cafferen envoyait ses vœux de bonheur à Ashter et Sacha. Il les invitait par la même occasion à venir à Bourgfaon dès qu’ils en auraient la possibilité. Et enfin, la quatrième lettre provenait de Garlan Tyrell. Ashter la tendit à Sacha pensant qu’elle lui était uniquement adressée. Ashter allait mal. Et aujourd’hui, il s’en était rendu compte. Il était heureux de revoir Sacha, de voir sa fille qu’il aimait tant déjà mais tant de choses étaient arrivées, tant de choses le tracasser. Il ne pensait plus qu’à une chose : dormir. L’avenir n’est pas si noir. Les mauvaises journées ne sont pas éternelles, surtout quand on aime comme Ashter aime Sacha ou quand on a une fille aussi mignonne et adorable qu’Amaryllis. Fixant un point imaginaire droit devant lui, Ashter laissa échapper ses larmes et demanda à Sacha.

- Suis-je un mauvais seigneur ? Un mauvais chevalier ? Un mauvais mari ? Suis-je condamné à être un mauvais père ?

Ashter pleurait. Cela lui arrivait peu souvent. Il renfermait ses émotions à chaque fois. Devant Sacha, c’était plus difficile. Elle le connaissait tellement, elle le verrait tout de suite. Alors autant laisser couler. Elle se mit alors sur lui et bien que déprimé et chagriné, il sentait le désir monté en lui voyant la femme qu’il aimait proche de lui. Cela faisait des lunes qu’ils ne s’étaient retrouvés tous les deux dans le même lit. Elle le rassurait, clamant que c’était plutôt à elle de douter et de se demander si elle était bien à sa place. Ashter la rassura à son tour, l’embrassant, passant ses mains dans son dos, la caressant tendrement. Elle était à la place qu’elle méritait, aux côtés de l’homme qu’elle aimait. Et lui était à la place qu’il méritait, à la tête de Bulwark et aux côtés de la femme qu’il aimait. Ils s’embrassèrent encore et encore. Les larmes disparurent, ses joues redevinrent sèches propices à de doux baisers. Sacha se rapprocha de lui, lui murmurant alors son amour à son oreille. Il l’embrassa de plus belle avant de la renverser sur le dos pour qu’il soit au-dessus d’elle. Il la regardait dans les yeux, ses magnifiques yeux. Il s’approcha de son visage et dit dans un murmure.

- Je vous aime Sacha Yarwyck, je vous aime…

Et à ces mots, il plongea dans son cou qu’il embrassa avec passion avant de revenir vers sa bouche qu’il adorait tant embrasser. Rien qu’à son regard, il savait ce qu’elle voulait, ils savaient ce que l’autre voulait. Il glissa alors sa main délicatement sous sa chemise. Il eut un mouvement rapide de la tête vers son visage. Il ne rêvait pas. Sa poitrine était différente, plus proéminente. Ashter n’était pas déçu, loin de là, cela, il devait l’avouer, l’excitait encore plus. Il releva alors la chemise de Sacha et la lui enleva. Il fit ensuite de même avec ses propres affaires. Tous les deux nus, Ashter et Sacha se retrouvaient alors intimement pour la première fois depuis un moment. Ashter était toujours délicat comme si à chaque fois qu’il le faisait était sa première fois. Il se montrait doux et attentionné. Et il mit tout en œuvre pour offrir une nuit intense à sa femme qu’il aimait et désirait. Leurs ébats durèrent une bonne partie de la nuit et quand ce n’était pas Ashter, c’était Sacha qui repartait de plus belle. L'ouestien et la conflanaise eurent beaucoup de plaisir cette nuit-là, un plaisir sincère et passionnel.


Le lendemain de cette nuit torride fut le début du retour au quotidien ouestien d’Ashter et Sacha Yarwyck de Bulwark. Néanmoins, il y avait quelque chose de nouveau : Amaryllis Yarwyck, leur fille. Leur vie allait changer mais ils étaient prêts. En voyant Sacha entrer dans la salle où ils prenaient le petit déjeuner, il savait qu’il avait le droit au bonheur, qu’il était là et qu’il ne partirait pas. Il savoura son petit déjeuner, offrant quelques clins d’œil à sa femme mais aussi à sa fille que Sacha ne voulait guère lâcher. Comment lui en vouloir ? Il la laissait faire. Il n’y avait aucun doute que Sacha s’occuperait de leur fille très bien. Grand heureusement pour lui, la jeune conflanaise la lui confiait de temps en temps. C’était également sa fille. Et il l’adorait tellement. Il la gâtait de câlin, de bisous, d’histoires plus épiques les unes que les autres. Le soir suivant, dans sa chambre, il tenait sa fille dans ses bras et il lui raconta l’histoire d’un jeune chevalier qui tomba amoureux d’une jeune femme aux premiers abords sauvages.

Le matin, Ashter se levait aux aurores, voire même avant. Il embrassa tendrement sa fille en passant par sa chambre. Elle avait de si beaux yeux. Il remercia la septa et sortit dans la cour. Il voulait s’entraîner ce matin. Il avait pris son épée valyrienne mais également l’épée qu’il s’était fait faire après avoir donné celle de son frère à Sacha. Il s’entraînait durement chaque jour. Il perfectionnait ses techniques, enseignait aux écuyers, organisait des petits combats. C’était un seigneur chevalier qui préparait la jeunesse. Il fallait être préparé au cas où la guerre viendrait vers eux ou inversement. Cela faisait d’ailleurs très longtemps qu’il ne s’était pas entraîné avec Sacha. Avant sa grossesse, il n’avait guère le temps, il se levait plus tôt, était en affaire une bonne partie de la journée quand il n’était pas en voyage à Castral Roc ou autre affaire importante. Tout en maltraitant un pauvre mannequin, Ashter repensait à ces dernières années. Depuis qu’il était chevalier, depuis qu’il était tombé amoureux de Sacha, depuis qu’il était devenu seigneur, depuis qu’il l’avait épousé, depuis que leur fille était née. Bien des choses s’étaient passées et d’autres se dérouleraient encore. Ashter bénissait les Sept pour la chance qu’il avait. Être seigneur, marié à la femme qu’il aimait et non une femme qu’on avait choisi pour lui. Il continuait ses coups, assurait ses jambes, sa garde, à droite, à gauche. Il termina avec brio en tranchant la tête de ce pauvre mannequin de paille. Encore un qui ne fit pas long feu face au seigneur de Bulwark. Il souriait lorsque le mestre vint le quérir pour commencer à traiter des affaires du jour. Le seigneur fit face à son mestre, peu amusé par le fait qu’Ashter le cherchait avec son épée.

- Je prends ma matinée, mestre. Les affaires attendront. C’est plutôt calme en ce moment. Les habitants de Bulwark sont heureux, vous me le disiez encore hier. Ce matin, je vais passer du temps avec ma femme.

Il l’avait vu du coin de l’œil. Elle voulait sûrement le surprendre mais il l’avait vu arriver. Faisant mine de rien il continuait à parler au mestre. Il lui indiquait les directives et le chargeait de s’occuper des petites affaires sans importance. Il lui rappela également que la famille Payne arriverait dans une semaine et qu’il fallait faire préparer l’aile sud qui servirait d’appartements pour eux. Il demanda également au mestre de missionner Beren. Ashter envoyait son meilleur ami dans les Conflans pour une mission des plus spéciales et des plus secrètes. Une fois le mestre parti, Ashter continuait la comédie. Il allait la laisser le surprendre. Cela le faisait sourire. Il se souvenait alors des nombreux entraînements qu’ils firent ensemble. Au début, elle peinait à lui arriver à la cheville, sans prétention. Elle était douée mais Ashter était plus doué encore. Elle s’entraîna longuement et durement. Entourée de Meliodas, Garlan et Ashter, Sacha avait su évoluer vite et gagner en technique et puissance. De mémoire, elle avait réussi à battre Ashter une seule fois. Cela faisait partie des légendes de Bulwark quand on parlait du couple seigneurial. Ashter n’en disait mot, Sacha ne s’en vantait pas non plus, à la connaissance d’Ashter du moins. Seulement, entre eux, il était clair qu’elle l’avait surpassé ce jour-là. Aujourd’hui, le chevalier était prêt à remettre ça. Se plaçant près d’un mannequin, il faisait mine de s’entraîner. Deux-trois mouvements puis le blondinet virevolta et brandit son épée… dans le vide. Personne. Il baissa alors sa garde. Il l’avait pourtant bien vu se faufiler. Elle devait sûrement être pas loin. Il reprit une position de défense, au milieu du terrain d’entraînement. Il tournoyait sur lui-même, regardant dans toutes les directions. Il souriait. Elle était là. Il pouvait ressentir sa présence. Il se tenait prêt.

- C’est parti !

Comme Ashter s’en doutait, il y avait encore beaucoup de boulot. Cela faisait un moment qu’elle ne s’était pas entraînée et cela se voyait. Il lui promit de l’entraîner aussi souvent qu’il le pourrait. Il savait que ça comptait pour elle. Il l’avait connu une épée dans la main, il ne la voyait plus sans. Surtout que désormais, elle brandissait l’épée de son frère. Elle quitta le terrain d’entraînement dans un sale état. Ashter resta là, seul, regardant le mestre et Sacha disparaître par la porte. Il songea à ce qu’aurait été sa vie s’il n’était pas devenu l’héritier. Tout ceci ne serait pas à lui. Il serait resté le chevalier poète qu’il était. Quoiqu’il en soit, il devait faire face à la réalité et garder les pieds sur terre. Il était heureux, vivait dans le bonheur le plus total mais il ne fallait pas oublier le reste. C’est ainsi qu’il rangea son épée, alla se changer et travailla le reste de la journée sur les quelques affaires qui traînaient. Le soir, il revint dans la chambre complètement crevé. Il entra, ferma la porte et découvrit sa femme et Amaryllis. Elles étaient si belles toutes les deux. Posant ses affaires sur une chaise posée près de son côté du lit, Ashter était rêveur, songeur. Il pensait à des mots, des phrases, des vers. Il avait perdu cette habitude de mettre ce qu’il voyait en poème. Cela ne lui arrivait qu’en voyant Sacha. Il lui sourit lorsqu’elle comprit ce à quoi il pensa. Il s’assied, prit son carnet et écrivit quelques vers.

- J’ai vu avec le mestre. A partir de demain, entraînement tous les matins dès l’aube. Il faut que tu retrouves ton niveau.

Terminant son écrit, il ferma son carnet et le laissa sur la table. Il s’avança vers Sacha, l’embrassa tendrement, déposa un doux baiser sur la petite main d’Amaryllis. Il revint ensuite vers Sacha, lui sourit et lui murmura à l’oreille.

- Ta proposition de ce matin tient toujours ? Je me ferai bien un bain ce soir.

Il n’attendit pas sa réponse, reprit sa chemise et sortit de la chambre pour se diriger vers la pièce où il avait fait préparer un bain bien chaud. Il ordonna à la jeune servante de sa femme qu’il ne devait être dérangé sous aucun prétexte et que Sacha allait venir le rejoindre. Il lui glissa une petite pièce en or dans la main et la remercia pour son travail. Ashter était un seigneur généreux, parfois trop. Sa mère n’arrêtait pas de lui dire mais c’était dans sa nature. Il avait vu le monde, voyagé à travers Westeros, du moins vers le Sud et l’Est. Il avait vu la misère que certain connaissait, selon leur catégorie dans la société. Alors quand il pouvait donner une pauvre petite pièce à une jeune servante parce qu’elle le servait bien, le chevalier n’hésitait pas. Il retira sa chemise, autorisa la jeune femme à quitter la pièce et une fois nu, il se glissa dans le bain chaud et agréable. Il en oublia tous ses tracas, toutes ses responsabilités. Il se détendait et cela faisait du bien. Il espérait que sa femme le rejoigne bientôt, une fois qu’Amaryllis ait été couchée. Il aimait sa fille, il aimait être seigneur, chevalier, diriger mais il adorait les moments intimes qu’il partageait avec Sacha. Et depuis son retour, il était servi. Chaque soir, il se donnait l’un à l’autre aussi tendrement que passionnément. Fermant les yeux, Ashter se laissa aller à ses songes et rêves qui, pour la plupart, étaient déjà réalité.

Ashter et Sacha s’entendaient sur bien des choses. Et le sexe en faisait partie. Comme elle le répétait, ils étaient intenables, en témoigne toute l’eau présente dans la salle de bain. Presque la moitié de la baignoire avait été renversée. Leurs ébats se finirent en beauté, comme à chaque fois. Tous deux essoufflés, ils se regardaient dans les yeux, plus amoureux que jamais, et s’embrassèrent. Ashter se laissa nettoyer en riant de sa remarque. Elle ne lui laissa pas le temps de répondre et s’empressa de l’embrasser. Ashter fut surpris mais y prit goût, n’hésitant pas à la chatouiller au passage, ce qui eut pour effet de remettre de l’eau en dehors de la baignoire. L’idée de reprendre un bain ou du moins d’être sur le sol mouillé avec Sacha traversa l’esprit d’Ashter mais il était plutôt l’heure de finir ce bain et d’aller se coucher. Il aurait bien du plaisir d’autres soirs, d’autres nuits, dans d’autres bains ou ailleurs.

- Cela m’avait manqué aussi et ce sera à refaire.

Tout était bon pour recommencer ce genre de bêtises. Ashter était un vrai gamin dans sa tête. Il était resté jeune, parfois naïf mais le titre de seigneur lui sied tout de même. Il était aimé, dirigeait bien ses gens, son château et conseillait bien Lord Tyrion. C’est en sortant du bain et en allant chercher une serviette qu’Ashter repensa à la lettre qui lui était parvenu dans la journée. Il allait devoir partir, pendant une journée. Une petite journée seulement. Il devait rejoindre Beren à quelques lieues de Bulwark. Ashter sourit à cette idée mais espérait que Sacha ne lui en veuille pas trop de lui annoncer si tardivement. Il lui donna une serviette. Tous deux sortirent tant bien que mal de la salle de bain et Ashter avait honte de laisser la pièce dans cet état-là. Revêtant une chemise, il revint avec des serviettes pour éponger le plus gros. Il entreposa le tas de serviettes trempées dans un coin en espérant que les servantes ne lui en voudraient pas trop. Lorsqu’il se redirigea vers la porte, il fut surpris par la même servante qui avait préparé le bain. Elle fit une révérence, s’approcha de lui et...

- Non mais… qu’est-ce qui vous prend ?

Ashter fit reculer la servante qui venait de l’embrasser alors que lui s’excusait pour la pagaille mise dans la salle de bain. Le chevalier ne savait que faire et il tenait la servante à l’écart qui sembla renouveler ses avances. Ashter ferma la porte et fit asseoir la servante. Il lui expliqua que plus jamais elle ne devait faire ça. Il ne l’aimait pas. Il aimait Sacha. Cela n’avait d’ailleurs rien à voir avec le fait qu’elle servante, d’autant qu’elle était très charmante. Mais Ashter n’était pas du genre à sauter sur la première venue. Il était un homme droit, honnête et fidèle. Il avait déjà regardé d’autres femmes que Sacha. Elle le savait. Parfois elle le voyait faire. Mais jamais il ne les regardait comme il regardait Sacha. Rien qu’à son regard on pouvait voir qu’Ashter ne vivait que pour Sacha (et sa fille désormais). Demandant alors à la servante de nettoyer le reste de la salle de bain, Ashter essuya une larme sur sa joue et lui dit qu’aussi charmante soit-elle, elle trouverait un homme qui saura la rendre heureuse. Sur ces mots, il rejoignit son épouse au lit et lui raconta l’épisode qui venait de se passer, appréhendant quelque part sa réaction bien qu’il n’avait rien à se reprocher.

- Si tu veux, je la renvoie dès demain.

Et il en avait oublié d’annoncer son départ le lendemain dans la matinée…