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Aux portes de la guerre [Asgeir]

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Aux Portes de la Guerre


 
Asgeir Dondarrion & Shyra Connington


An 299 3ème lune, fin de la 1ère semaine


« Par les Sept Shyra, tu n’y penses donc pas ? »

Un soupir jaillit de la bouche de cette dernière, mi- amusée, mi- exaspérée, en réponse à l’indignation de Sebastion Errol, qui se mit à faire les cent pas, se lançant dans un monologue qu’elle ne prit la peine d’écouter. Elle connaissait les réactions de son père par cœur, et aurait pu prédire au mot près sa réponse à ce qu’elle venait de lui asséner. Maugréant dans sa barbe grisonnante, le seigneur du Fenil continuait à s’insurger, se retournant pour la prendre à témoin :

« Te rendre à Havrenoir, seule ? As-tu donc perdu la tête ma fille ? En as-tu seulement parlé à ton époux. Non, bien sûr que non. » Répondit-il de lui-même à sa question, interprétant le regard sans équivoque de Shyra qui demeurait stoïque face à lui. « Et tout cela pour… Oh non, non, il est hors de question que je te laisse traverser l’Orage seule en ces temps troublés, et encore moins dans ton état ! »

Les grands yeux clairs de son père, si similaires aux siens, vinrent s’attarder sur son ventre encore plat, qu’elle couvrit prestement de la main ; si ce dernier avait accueilli la nouvelle, encore non officielle, avec la plus grande joie, elle avait également senti la réserve et la crainte dans son regard. Elle n’avait encore jamais réussi à donner la vie depuis la mort de son premier-né. Et elle n’était pas sûre de pouvoir supporter encore une fausse couche supplémentaire.
Mais elle ne pouvait se permettre d’ignorer la situation politique actuelle, et encore moins le refus d’un de ses vassaux à prendre parti dans la guerre ouverte qui s’était déclarée entre les Baratheons et les actuels Suzerains de l’Orage. Il était de son devoir d’aider Jon, et elle avait bien l’intention de l’accomplir.

« Asgeir Dondarrion serait un allié plus que précieux Père, et vous le savez tout aussi bien que moi. » Déclara-t-elle d’une voix douce et étrangement calme. « S’il a jusqu’ici refusé toute entrevue avec Renly Baratheon, il a également éconduit les émissaires de Jon. Si j’ai la chance, ne serait-ce que la moindre opportunité de pouvoir m’entretenir avec lui et de le rallier à notre cause… »

Elle n’acheva pas sa phrase, qui mourut dans un souffle fébrile sur le bord de ses lèvres, tandis qu’elle relevait les yeux vers son père, le regard brillant. Ce dernier soupira à son tour, las, secouant la tête d’un geste négatif.

« - Vous savez ce que cela signifie. » Poursuivit-elle, ne lui laissant pas l’opportunité de rétorquer. « Je ne prendrai pas le risque de voir les Seigneurs des Marches se rallier aux Baratheons. Avec la maison Dondarrion à nos côtés et le Survivant du Trident à sa tête, nous prendrions un avantage considérable dans cette guerre…
- Ce n’est pas à toi de te soucier de ce qui pourrait être ou non Shyra. »
La coupa brusquement Sebastion. « Je comprends ton inquiétude, je ne suis également pas serein quant au dénouement de cette querelle, mais en tant que femme, il est de ton devoir… »

La fin de la phrase de Sebastion Errol se perdit dans le vent, ignorée par sa fille qui s’était subitement raidie, serrant les poings à s’en enfoncer les ongles dans les paumes ; conscient de la brusque immobilité et du mutisme de sa fille, le seigneur du Fenil suspendit ses paroles, scrutant cette dernière d’un regard grave, attendant la tempête qui allait s’abattre sur lui d’un moment à l’autre. Il connaissait sa fille et la moindre de ses attitudes.
Elle était bien trop comme sa mère.

L’orage le saisit de plein fouet tandis que Shyra éclatait d’une fureur qu’elle ne chercha pas même à maîtriser, se moquant totalement du respect dont elle pouvait faire preuve à l’égard de son géniteur, qu’elle foudroya du regard tandis qu’elle s’exclamait de rage :

« Mon devoir ? Ne me parlez pas de devoir père ! Vous savez mieux que quiconque ce que j’ai pu sacrifier jadis pour servir notre famille et nos terres, au nom de ce fameux devoir. Et c’est également pour cela que je me rendrai à Havrenoir demain, que vous le vouliez ou non ! »

S’arrêtant pour reprendre sa respiration, elle lui adressa un regard brillant de colère, mais au fond duquel Sebastion Errol décela quelques larmes péniblement refoulées. Dix années après son mariage, l’affaire n’avait toujours pas été pardonnée. Enterrée, dépassée, mais pas oubliée.

« En tant que Suzeraine de l’Orage, il est de mon devoir de servir au mieux mon mari, mais également et avant tout nos terres. Lord Dondarrion est mon vassal, et il me jurera allégeance, tout comme vous l’avez également fait Père. Je ne tolèrerai aucun refus ni aucune opposition, est-ce bien clair ? »

Sa phrase s’acheva dans un souffle menaçant, ses yeux clairs soutenant le regard bleuté de son père, qui se contenta d’hocher froidement la tête.

« Comme vous le voudrez ma Dame. »

Elle regretta presque instantanément. Elle haïssait lorsqu’il l’appelait ainsi, tout comme elle détestait devoir faire appel à son statut pour imposer sa volonté à son père. Mais elle ne pouvait se permettre de se laisser aller à la prudence et d’écouter celui qui lui avait tout appris. Pas cette fois. Sebastion Errol était un homme sage, mais plus que partial dans cette histoire, sachant la sûreté de son unique fille menacée. Elle ne se laisserait pas dicter sa conduite par la subjectivité et l’amour de son père, qui n’avaient pas lieu d’être dans de tels moments.
Redressant légèrement le menton, Shyra releva la tête, observant silencieusement son père avant de conclure l’échange houleux d’une voix neutre mais sans appel.

« Nous partirons demain à l’aube. »

Sebastion hocha à nouveau la tête, la froideur ayant délaissé ses yeux bleus, remplacé par une lueur de tristesse et d’inquiétude mêlée.

« Il me reste encore quelques hommes au Fenil que je n’ai pas encore envoyés rejoindre l’ost de Jon. Ils t’accompagneront demain et chevaucheront à tes côtés. »

Elle acquiesça silencieusement et tourna les talons, s’apprêtant à regagner ses appartements, lorsque la voix de son père l’interpella à nouveau, la stoppant dans son élan.

« Shyra… »

Elle se retourna, rencontrant à nouveau le regard grave de Sebastion Errol qui s’était avancé à sa suite, hésitant une fraction de seconde avant de la serrer dans ses bras, dans une étreinte toute aussi brève, qu’elle savoura avec une pointe de culpabilité, le ventre noué.

« Fais attention à toi. » Souffla-t-il au creux de son oreille avant de la lâcher et de se détourner d’elle, s’en allant regagner ses propres appartements.

______

An 299 3ème lune, 2ème semaine


Ils étaient partis aux premiers rayons du soleil, sacrifiant une courte nuit de repos et leur confort afin de voyager léger et rapidement, sans encombres. Les terres de l’Orage étaient déchirées par le conflit, entre guérillas, raids et guerre froide, et en tant que Suzeraine, porteuse du futur héritier de l’Orage qui plus est, elle ne pouvait se permettre de voyager en carriole, à découvert, au vu et au su de celui qui avait juré la perte de son mari et de sa maison. Aussi bien escortée fusse-t-elle –une dizaine d’hommes fournis par son père s’était jointe à son escorte, comportée de sa propre garde personnelle, « s es Griffes », comme elle se plaisait à les appeler- le trajet jusqu’à Havrenoir leur prendrait tout de même au moins quatre jours, quatre jours durant lesquels ils étaient susceptibles de tomber sur les troupes de Renly, même en traversant le bois du Roi afin d’éviter Accalmie et de rencontrer Jon.
La dernière chose que Shyra désirait était bien de devoir rendre des comptes à son mari quant à sa présence non officielle sur leurs terres, malgré sa volonté de la voir demeurer à la Capitale. Il serait furieux. Oh bien sûr, Jon serait de toute façon hors de lui lorsqu’il apprendrait ce qu’elle avait fait. Mais ce serait fait, et elle lui aurait rendu service ; croiser le Griffon maintenant serait s’exposer à sa colère et voir ce pour quoi elle avait œuvré des jours durant être réduit à néant.
Et cela, il en était hors de question.

L’espace de quelques instants, elle avait sérieusement envisagé la possibilité de faire escale à Felbois, afin de pouvoir se reposer en toute sérénité dans un endroit où elle savait qu’elle pouvait compter sur la loyauté de son Seigneur.
Mais elle avait très vite réfuté cette idée. Sérénité n’était réellement pas le mot qui lui venait à l’esprit en pensant à Damion Felbois. Et ce n’était pas après dix ans de silence qu’elle désirait ainsi le revoir, venant quémander asile à sa porte comme une fugitive.

Ils avaient donc fait plusieurs fois escales dans de modestes auberges du pays, la Griffonne ayant revêtu de modestes vêtements et ayant pris soin de ne pas montrer ostensiblement ses bannières, nul ne s’était attardé sur son identité, les taverniers se contentant de la traiter avec le respect dû à n’importe quelle noble dame de l’Orage. Et, étrangement, Shyra se surprit à apprécier ce semblant d’anonymat, malgré la peur qui lui nouait le ventre quant à l’éventualité de croiser une troupe aux effigies des Baratheons. Elle n’était personne, sans devoirs ni obligations… Et cela lui était curieusement et délicieusement agréable.

Ils atteignirent les Marches de Dorne au matin du quatrième jour ; il avait été convenu qu’une petite escorte les attendrait près de Lestival, afin de pallier à une éventuelle rencontre avec les troupes de Renly, qui avait fait des ruines sa nouvelle place forte. Une preuve de bonne volonté de la part du Dondarrion, ce que Shyra avait estimé être la moindre des choses, comparé aux risques pris et au voyage effectué pour rejoindre ce dernier. Et elle espérait que les efforts fournis trouveraient grâce aux yeux du seigneur de Havrenoir et feraient pencher la balance en sa faveur.

En attendant les cavaliers promis, le Griffon Blanc s’était changée, s’autorisant à revêtir une tenue seyant davantage à son rang et plus « officielle », arborant le rouge des Connington et leur griffon. Sa longue robe, de noir et d’écarlate mêlés, était partiellement masquée par une côte légère, précaution encombrante mais indispensable à ses yeux, du moins en son état ; passant une main pensive sur son ventre, Shyra soupira doucement puis tressa rapidement ses cheveux en une coiffure plus distinguée que celle qu’elle arborait actuellement, se démenant tant bien que mal en l’absence de ses suivantes, demeurées à Port-Réal.
Lorsque la petite troupe aux couleurs des Dondarrions arriva enfin à leur hauteur, elle était prête, droite, solennelle, juchée sur un destrier bai à la robe aux reflets cuivrés, attendant patiemment l’escorte promise avec calme et sérénité. Si elle était passée inaperçue jusque-là, se mêlant au commun de la petite noblesse, sa stature et la mine fière qu’elle arborait, ajoutée à la bannière des Connington qui flottait au vent, ne laissaient aucun doute sur son identité et sur son rang.
Elle était la Suzeraine de l’Orage. Et en tant que telle, elle se devait de se montrer forte, fière, déterminée.

C’est pourquoi elle ne s’autorisa aucune halte, aucun signe de faiblesse dans les heures qui suivirent la chevauchée jusqu’à Havrenoir, aussi éprouvante fut-elle pour la future mère. Et lorsqu’ils arrivèrent enfin à la forteresse, elle se força à afficher une mine de circonstances, malgré ses traits quelques peu tirés. La tête haute, elle s’avança au trot à l’intérieur des murs, devancée par quelques membres de sa garde et de celle des Dondarrions, qui annoncèrent sa venue au maître des lieux, déjà alerté par les quelques cavaliers qui s’étaient détachés de leur escorte un peu plus tôt afin de devancée leur arrivée.

« Lady Shyra Connington, Suzeraine de l’Orage et Dame de la Griffonnière ! »

Mettant lestement pied à terre, le Griffon Blanc s’avança lentement vers le bâtard anobli de feu Beric Dondarrion, qu’elle salua d’un signe de tête respectueux, s’inclinant légèrement face à lui tandis que son visage pâle affichait un sourire de circonstances.

« Lord Dondarrion. C’est un plaisir de vous rencontrer. Je vous remercie pour votre accueil et pour votre escorte plus que précieuses en ces temps troublés. Vous me voyez navrée de me présenter à vos portes avec autant d’hommes, mais je ne puis me permettre de me laisser à l’imprudence en cette période de conflits. »

Lui adressant un nouveau sourire, la Griffonne tourna la tête, adressant un signe de tête à ses chevaliers, qui à leur tour mirent pied à terre, imitant ses Griffes qui s’étaient postés de part et d’autre d’elle, droits et silencieux, non menaçants, mais prêts à dégainer leurs armes au moindre mouvement suspect de la part du seigneur de Havrenoir. Et, mentalement, Shyra remercia son père d’avoir insisté pour lui fournir des hommes supplémentaires : les différentes bannières flottant parmi les chevaliers ayant chevauché à ses côtés apportaient une dimension supplémentaire à sa présence, après tout non officielle.
Le Griffon Blanc était aux portes de Havrenoir, et les troupes l’Orage dans son sillage.

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Aux Portes de la Guerre


 
Asgeir Dondarrion & Shyra Connington

" Dit Asgeir tu penses qu'on se souviendra de nous ? Je veux dire si on meurt ici à cette bataille à venir, tu crois que les gens sauront pourquoi on s'est battu ?" Le soldat, un simple paysan à l'ombre de sa vie, cherchant comme tout autre les réponses pouvant apaiser ne serait-ce qu'un peu la crainte d'une mort imminente. Le bâtard lui tapota l'épaule en guise de soutien silencieux, lui né dans la plus haute position. Désormais dans la boue et le sang, que pouvait-il bien savoir concernant les plans des dieux ? Autour des deux hommes la troupe se préparait pour la grande bataille à venir, le Storm laissa passer du temps. Restant avec son camarade d'infortune, cet homme également avait tout perdu. Son village parti en cendres, sa famille dans le lot des pertes de la guerre, l'homme de Havrenoir n'avait promis qu'une chose à lui comme aux autres hommes de son groupe: une fin rapide et dans le sang, de quoi offrir aux dieux assez de sang pour une dizaines de générations.

A l'aube de la bataille le noble rassembla les soldats, puis ils foncèrent ensemble vers le destin. Ce jour funeste où naquit la bête du trident, celle qui inspira la peur dans le coeur des mortels. Il défia le roi et les dieux même, quand la lutte tourna en sa défaveur son coeur conserva cette flamme si intense emportant tout sur son passage, jamais guerre des hommes n'avait atteint un tel degrés de boucherie. Asgeir aurait dû mourir ce jour là, ne plus être qu'une légende. Pourtant il était aujourd'hui toujours de ce monde, portant sur ses épaules le sort de bien plus de vies encore. Cette fois la guerre venait à lui arborant les traits d'une femme de noble naissance, un déguisement des dieux pour réveiller une fois encore la cruelle bête. Par égard, la dame le Dondarrion avait offert une garde supplémentaire à la Connington, l'éclair violet lui garantissant à ce moment une protection parfaite. Aucun lord n'oserait prendre les armes contre lui de peur de le voir rejoindre l'autre camp, il laissa à son mestre le soin des préparatifs.

Il ne faudrait pas longtemps désormais pour que cette femme ne parvienne dans sa demeure, ne sachant que trop bien la raison de son voyage. Dehors l'agitation commençait à se faire entendre.Quant on ouvrit les grandes portes, une horde de cavaliers entra alors dans le domaine. Le seigneur de l'éclair se redressa sur sa chaise en bois, qui grinça doucement durant le mouvement. Un domestique entra alors avec tout un lot d'affaire. L'ancien bâtard se leva alors le regard ferme et décidé. Le jeune garçon plaça sur les épaules de son maître une longue cape à l'encolure de fourrure grisâtre, sangla autour de sa taille un fourreau contenant une épée de bonne taille. Que le Lord avait une fier et terrible allure ainsi, une fois la seconde et dernière vague de voyageurs dans la cour. Asgeir quitta la pièce pour prendre la direction de la rencontre, une fois devant la suzeraine il se contenta de rester à sa place.

Il écouta même son petit discours en souriant doucement, le bâtard qui jamais n'avait apprit à ployer le genoux la dévisagea de haut en bas. Ne disant rien dans un premier temps, il descendit quelques marches le séparant de la dame. Portant un regard sur les nombreux morceaux de tissus signe du soutien de quelques maisons, il pouvait sentir la crainte de la soi disant terrible escorte quand il en frôla plusieurs durant sa marche vers elle. " Voyons Dame Connington, ce n'est jamais un plaisir de me rencontrer et spécialement, à l'aube d'une guerre. Je suis né bâtard, grandit en tant que tel également. Je suppose que pour moi la vérité vaux plus que des douceurs vides de sens...." Il s'inclina légèrement vers elle, en souriant d'un air glacial.

Puis il s'engagea à ses côtés pour repartir dans le château, la plupart des gens le trouvaient assez sauvage d'apparence pour une première rencontre. Le voyant à tord comme un inculte, mais peu savaient en revanche sa pratique de la langue de Valyria. Sa connaissance des cultures en Essos, c'était le plus souvent l'intelligent jouant à l'idiot. Un garde ouvrit la porte devant eux et ils entrèrent alors dans un bureau de bonne taille, Asgeir ordonna qu'on lui apporte de l'eau bien fraîche. Il se devait de prendre soin de la suzeraine sous son toit, il prit place sur son fauteuil en posant un bras sur l'un des accoudoirs de son siège son regard azur toujours sur cette créature d'une nature particulière. " Je suis certain que vous avez préparé toute une liste de raisons pour me convaincre, non ? "
 

           
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Asgeir Dondarrion & Shyra Connington


An 299 3ème lune, 2ème semaine



Un frisson quasi imperceptible parcourut la nuque délicate de Shyra lorsque l’imposante silhouette du seigneur de Havrenoir se détacha de celle de ses hommes pour venir à sa rencontre. Jamais elle n’avait vu un homme aussi grand, si ce n’était Robert Baratheon. Mais ce dernier n’était néanmoins pas aussi musclé que le bâtard du Dondarrion, dont la lourd de cape de fourrure amplifiait encore la carrure de ses épaules. Face à lui, la Griffonne se sentit presque immédiatement et ridiculement… faible. Petite, fragile. Un sentiment que ses hommes semblèrent partager, leur poigne se raffermissant légèrement sur le pommeau de leurs épées, resserrant leur protection autour de la dame de la Griffonnière.
Qui comprenait à présent mieux le surnom qui avait été attribué à l’homme qui se tenait devant elle et la dominait de toute sa stature. La Bête du Trident
De bête, il en avait même la voix. Rauque, sauvage, grondante, à l’instar de l’orage qui balayait leurs terres. Elle cueillit Shyra de plein fouet, ne parvenant à éteindre son sourire courtois, mais allumant cependant une lueur de méfiance dans son regard alors qu’il s’inclinait devant elle.

« Je vois que votre réputation n’a pas été usurpée… » Eluda-t-elle d’une voix calme, ses yeux marine détaillant de haut en bas la silhouette du Dondarrion, sans pour autant préciser si elle faisait réellement allusion à la stature de ce dernier ou à son caractère rustre. Elle ne sembla cependant pas s’offusquer de ses paroles,  se contentant de lui offrir un demi-sourire, le regard mi-perçant, mi-amusé.

D’un geste gracile, la dame de l’orage releva légèrement les pans de la riche robe aux sombres étoffes qui alourdissait ses pas pour s’avancer à la suite du seigneur des lieux, ses Griffes à sa suite, leurs mains gantées toujours rivées sur la garde de leurs épées. Bien qu’ils soient ici en qualité d’invités, bien d’évènements passés avaient jadis prouvé qu’il ne fallait se fier totalement à son hôte, notamment en temps de guerre. Et si le Griffon Blanc savait que le Dondarrion ne pouvait se permettre d’entreprendre quoi que ce soit à son égard, au risque de voir les foudres de son suzerain s’abattre sur Havrenoir, elle et sa garde étaient cependant conscients qu’elle constituait, en ces temps mêmes, une proie de choix.
Et plus le temps passait, plus Shyra ressentait cette désagréable impression que jamais elle n’aurait du se rendre seule aux confins de l’Orage, et encore moins en secret, à l’insu de son époux et suzerain. Mais il était trop tard pour faire demi-tour.
A nouveau, un frisson parcourut son échine lorsque les portes de Havrenoir se refermèrent sur elle et son escorte, tandis que l’on amenait les chevaux à l’écurie.

Elle était pourtant si sûre d’elle en venant ici. Si téméraire. A présent qu’elle avait posé le pied dans la forteresse des montagnes, la Connington sentait chacun de ses pas la desservir peu à peu, comme si, épuisée par le long voyage qu’ils avaient effectué en clandestins pour se rendre au siège des Dondarrion, son corps lui faisait brusquement sentir la fatigue accumulée.
Négligemment, Shyra effleura son ventre du revers de la main, d’un geste anodin mais qui semblait vouloir s’assurer du bien-être de l’enfant qu’elle portait, sans pour autant alerter quiconque. De même qu’elle ne laissait nullement apercevoir ses états d’âme et sa fatigue. Droite, infaillible, la Griffonne emprunta le pas à son hôte pour le suivre dans le bureau dans lequel ils prirent tous deux place, s’asseyant délicatement sur un fauteuil face à Asgeir. Comme si elle se trouvait naturellement chez elle, nullement gênée par la situation ou par la présence du colosse qui lui faisait fasse, bien que cette boule au ventre ne semblât vouloir la quitter alors qu’elle posait à nouveau ses grands yeux bleus sur lui, interceptant son regard.
Un sourire étira ses lèvres carmines à la question de ce dernier.

« Vous supposez bien. » Affirma-t-elle d’un signe de tête, acceptant avec gratitude la coupe d’eau fraîche qu’un serviteur lui tendait. Elle marqua une pause dans ses propos, laissant au Dondarrion le loisir de se remémorer ce qu’il avait probablement du ressasser plusieurs fois depuis leurs récents échanges de missives tandis qu’elle se désaltérait avec délices, apaisant le feu qui lui tiraillait la gorge, allumé par la chaleur et la poussière du voyage.

« Je pourrais vous répéter ce que je vous ai avancé plusieurs fois dans mes missives. Votre devoir envers l’Orage, envers mon époux et moi-même, envers vos terres. » Reprit-elle calmement, rendant la coupe tendue précédemment sans quitter le Dondarrion du regard. « Mais vous me paraissez encore jeune pour souffrir de quelconques troubles de la mémoire, je doute que vous ayez oublié nos échanges ainsi que là où se trouvait l’honneur de votre maison. »

A nouveau, elle s’arrêta, laissant ses paroles se frayer un chemin dans l’esprit de son interlocuteur ; se redressant légèrement sur son siège, Shyra se pencha en avant, appuyant son menton sur la paume de sa main, son regard marine détaillant avec intérêt les traits du Dondarrion, comme pour chercher le moindre indice, la moindre trace d’émotion pouvant aller en sa faveur.

« Il me semble également inutile de vous rappeler ce que vous encourez si vous vous hasardez à suivre les Baratheons. Aussi noble puisse paraître cette allégeance infaillible à vos anciens suzerains, je doute également que vous soyez assez stupide pour vous rallier ouvertement à Renly et encourir la sentence qui vous sera réservée si ce dernier tombe. S’opposer à la fois à vos suzerains légitimes et à votre Roi serait imprudent. Et vous m’avez été décrit comme tout sauf imprudent. Audacieux, téméraire, rustre, sauvage, dangereux, l’hôte idéal en sommes. »
Enuméra-t-elle avec un sourire presque amusée, comme pour souligner la légèreté de ses paroles qui, bien qu’honnêtes, n’étaient pas destinées à insulter la montagne qui se tenait face à elle. « Mais vous ne me paraissez pas stupide ; je doute que feu votre père ait placé un chien fou à la tête de sa maison. Non. » Conclut-elle, examinant de plus belle le Dondarrion, comme si elle paraissait réellement intriguée par ce dernier. « Preuve est que vous avez jugé bon de ne pas recevoir les émissaires du Cerf. » Ajouta la Griffonne, prenant soin d’omettre que son vassal avait également éconduit ceux de son mari.

Lentement, elle se releva, esquissant quelques pas dans le bureau dans lequel ils se trouvaient, se désintéressant de son interlocuteur l’espace de quelques instants, comme plongée dans une intense réflexion. Qui n’était peut-être pas tant simulée que ça.
Au bout de plusieurs longues secondes d’un silence pensant, le Griffon Blanc se retourna vers la Bête du Trident ; sous ses longs cheveux sombres, ses grands yeux bleus fixèrent intensément le seigneur de Havrenoir.

« Puisque vous ne semblez ni prompt à accomplir votre devoir de vassal – entama-t-elle, rappelant une nouvelle fois sa position au colosse d’un ton qui laissait cette fois sous-entendre le mécontentement que cette absence de décision pouvait générer – ni à vous saisir de la moindre opportunité pour suivre les Baratheons et grapiller la moindre petite miette de pouvoir comme ces vautours de Caron… »

Elle laissa sa phrase en suspend, se détournant légèrement, comme pour marquer son mépris à l’égard des marchiens voisins de la forteresse dans laquelle ils se trouvaient bien qu’elle n’eut été nullement surprise par leur prise de position. Redressant finalement la tête, Shyra pivota pour faire à nouveau face à Asgeir, qu’elle fixa cette fois-ci avec une froideur non dissimulée, bien que mêlée de curiosité et d’intérêt. Agacée par la neutralité et l’absence de réaction de celui qui avait le pouvoir de faire basculer l’issue de la guerre qui se préparait, mais également perplexe face au manque d’initiative de celui dont elle avait tant entendu les exploits martiaux durant la première rébellion des Baratheons.

« Alors plutôt que de perdre davantage notre temps en "douceurs vides de sens"… Dites-moi, Asgeir Dondarrion, qu’attendez-vous réellement ? »

Elle demeura immobile, calme et impassible, fixant le bâtard de Beric de son regard perçant, la question posée n’attendant pas tant une réponse enorgueillie de nobles idéaux qu’un réel prix pour son engagement pour la maison Connington.

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