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Sadness in my mind, despair in your eyes

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Desmera & Andrew
An 299, Lune 7, semaine 1

Sadness in my mind, despair in your eyes


Les festivités étaient prêtes et les invités de la noce commençaient déjà à emplir les appartements mis à leurs dispositions, bientôt BoisDorés seraient trop à l'étroit pour tous ceux qui y résidaient. Se promener seule dans les jardins était devenu aussi impossible que d'empêcher le soleil de se lever, je privilégiais les espaces clos, là où je risquais moins d'être la cible pour une énième discussion sur la beauté des lieux ou sur la merveilleuse alliance qui naissait entre le Bief et l'Orage, me renvoyant d'autant plus au secret que je gardais jalousement. Alors je m'occupais l'esprit, essayant de me rendre utile à tante Bethany, sans succès puisque cette dernière avait tout préparé depuis des semaines, depuis qu'il avait été décidé que les noces auraient lieu en leur demeure. J'assistais aux entrainements des chevaliers, observais Thaddeus se mesurer à certains d'entre eux, et depuis le retour de Abigaelle et Andrew, je tachais de passer un peu de temps avec eux. Malheureusement l'héritier n'était que peu disponible, oncle Mathis avait tant de choses à lui montrer qu'il ne lui laissait guère de temps pour bavasser sans but, aussi souhaitait-il que son fils noue des relations avec chacun des invités, me laissant peu d'espoir de le voir. Je laissais Abigaelle occuper son temps à montrer les lieux aux Caron, notamment à Lord Bryce, qui m’avait fait une bonne impression. Non pas que mon avis sur cette union est une quelconque importance, néanmoins j’étais heureuse de constater les efforts qu’il mettait en place pour satisfaire sa fiancée, pour s’intéresser à ce qui désormais ne ferait plus partie de sa vie. Elle semblait avoir trouvé ses marques auprès des orageois, il m’arrivait de me demander s’il en serait de même pour moi ou si le stoïcisme naturel de Lord Stannis aurait raison de mes propres efforts à m’adapter à Accalmie. C’était pour fuir ce genre de pensées, juste bonne à rendre mes pensées nostalgiques, à me donner un air triste, que je cherchais à tout prix à m’occuper, tant les mains que cette petite tête qui était la mienne. Les missives avaient toutes été rédigés en si peu de temps que cela semblait une hérésie de croire que j’avais réussi à tout dire à mes interlocuteurs, pourtant une nouvelle lecture m’informa de ma bonne santé mentale. Je devais donc trouver une nouvelle occupation. Ce fut la maitresse des lieux qui me l’apporta.

Afin que les jeunes filles des familles Bieffoises, déjà arrivées, puissent se divertir, elle avait organisé un petit thé dans le jardin principal, plus calme, en bien des points, que le dernier auquel j’avais participé. L’absence de Daena devait y être pour beaucoup, cela m’avait permis de ne pas persiflé contre elle, mais leur babillage incessant m'avait plus épuisé que tout autre chose. Je ne parvenais pas à me mettre au diapason de leur humeur, à entrer dans leur discussion, ce dont certaines s'étaient aperçues, m'étant ma non-participation sur le compte de la tristesse de voir ma jeune cousine partir, j'imaginais déjà les commentaires qui avaient dû fuser sitôt que je m'étais éclipsé. Je savais les commentaires qui leur râpaient la langue, les rendaient aussi mauvaises que les ronces, beaucoup iraient imaginer que j'étais furieuse que ma propre cousine, plus jeune, obtienne une union avant moi. Tout n'était que prétexte à la critique, je les laissais faire, il n'aurait servi à rien de les contredire ou de les informer de tous les évènements qui jalonnaient mon quotidien. Mes pas me menaient à ma chambre, là où, pour quelques heures, je pourrais enfin être tranquille. Au détour d'un couloir, mon regard croisa celui esseulé d’Andrew, auquel je fis un sourire. Nous n'allions pas dans la même direction, pourtant je me dirige vers lui lorsqu'il me sourit à son tour. "Tu as réussi à échapper à la poigne de ton père." J'espérais qu'il pourrait m'accorder un peu de son précieux temps.

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Sadness in my mind, despair in your eyes

Sadness in my mind, despair in your eyes Rowan10



Andrew & Desmera

Andrew s’était levé aux aurores, plus tôt qu’à l’accoutumée et s’était préparé dans ses plus beaux habits, que son père avait fait faire pour l’occasion. Ce dernier voulait que tout soit parfait et cela commençait par ses deux fils, mais surtout son héritier, qui devait représenter la maison Rowan auprès de chacun des convives qui arrivaient lentement, des quatre coins du Bief. Ainsi, son emploi du temps avait totalement été prévu par le lord et cela commençait par un entraînement matinal aux côtés de quelques chevaliers de maisons voisines. Qu’importait les événements, le chevalier n’oubliait pas ses devoirs et son père, qui connaissait si bien son fils, en profitait pour le faire s’entraîner avec d’autres nobles, espérant le voir tisser de véritables liens par ce biais. Puis, ensuite, il se rendait dans les jardins, où quelques dames partageaient souvent le thé, discutant des récents potins. Andrew venait ainsi s’assurer que tout était parfait pour leurs invités, proposant ses services s’ils venaient à avoir besoin de quoique ce soit puis, il se rendait à d’autres activités, comme des apprentissages que son père lui réservait. Cette routine durait depuis des jours, il n’avait plus un seul moment de répis et ne pouvait que peu profiter de la présence de sa cousine, présente pour l’événement ni même de sa soeur, qui partirait bientôt pour l’Orage. Tout était enclenché, il n’y aurait plus de marche arrière possible. La dame de Boisdoré, Bethany, semblait réjouie de ce mariage. Elle avait participé aux négociations, pris part à tout ce qui avait concerné sa fille, d’un commun accord avec son époux. Cela avait eu le don d’énerver davantage encore Andrew, qui aurait pensé pouvoir compter sur sa mère dans ce moment mais ce n’était pas le cas, elle était en accord avec tout ce qui se déroulait. Elle était, ainsi, aussi en accord avec les fiançailles de son héritier. Mais à la différence de celles de sa soeur, le jeune chevalier était totalement pour celles qui l’unissaient avec Ellery Cendregué, qu’il connaissait particulièrement bien pour avoir fait son écuyage auprès de la famille de la jeune femme. C’était une femme d’une beauté singulière, dont les origines Yi-tienne de sa mère ressortaient particulièrement. En plus de cela, elle était intelligente et douce il ne voulait pas d’une épouse arriviste, cherchant à détruire les autres maisons pour s’élever à l’inverse de lui. Il voulait quelqu’un pour l’accompagner dans ses projets, avec le même état d’esprit et il savait qu’il allait ainsi avoir une partenaire avec qui il pourrait être soudée. Cependant, s’il connaissait la femme, peut-être que leur relation serait différente et ne se passerait pas comme il le pensait. Mais tout cela, il ne pouvait le savoir et sachant que sa fiancée serait présente au mariage, comptait bien profiter d’un moment avec elle pour discuter.

La journée passa incroyablement vite, il n’eut pas le temps de la voir s’écouler. Il venait seulement de quitter son père, avec qui il eut une discussion compliquée, quand il croisa le regard de sa cousine. Malgré la fatigue, un sourire vint fendre ses lèvres. « Oui, il me laisse un peu de temps avant de souper... » Il observait sa cousine, toujours aussi digne et resplendissante, portant de magnifiques tenues. Il se souvenait qu’autrefois, dans leur enfance, beaucoup évoquaient de potentielles fiançailles entre eux deux, pour raffermir davantage encore le lien qui unissait Redwyne et Rowan. Pourtant, cette alliance n’était existante que dans l’imaginaire collectif car jamais lord Mathis ne l’avait envisagée, n’y voyant aucun intérêt stratégique. « Un temps que nous pouvons passer ensemble, si ma compagnie masculine ne te dérange pas. » Un nouveau sourire vint se coupler à cette petite pique qu’elle comprendrait sûrement, de cette époque où elle haïssait la gente masculine. Même lui, qui s’était toujours montré avenant avec elle, en avait ainsi fait les frais. « Veux-tu que nous allions quelque part en particulier ? Nous devrions nous poser calmement, si nous évoquons certains sujets... » Les fiançailles, les mariages. Ces échanges qui avaient lieu quelques semaines, voire lunes, plus tôt. Ils avaient longuement évoqué cela, mais maintenant, en face à face, nul doute que cela ne serait pas la même chose. Il se mit à avancer lentement, offrant son bras à la jeune femme. Il n’y avait pas grand choix d’endroit où être tranquille, les jardins étant occupés la majeur partie du temps, seuls certains salons étaient libres et c’était vers là qu’il se dirigeait tout naturellement.

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Desmera & Andrew
An 299, Lune 7, semaine 1

Sadness in my mind, despair in your eyes


Mes lèvres gardaient leurs commissures retroussées, non par habitudes, mais par joie de partager quelques instants avec Andrew, nous avions tant à nous dire, si peu de moment pour le faire. Mes forces ne risquaient pas de m’abandonner face à un tel interlocuteur, nous avions repris nos marques depuis si peu de temps qu’il m’en faudrait encore un peu pour trouver une complicité identique à celle qui m’unissait à sa jeune sœur. « Oui, il me laisse un peu de temps avant de souper... » Si peu, mes pensées soupirèrent à cette constatation, ne laissant rien transparaître, il avait tant de choses à gérer depuis l’arrivée de tous ces invités, ainsi allait la vie. Les noces de Loras avaient poussé plus en avant les pions de l’échiquier des alliances, reléguant sur le bas-côté d’une route incertaine tous ses moments précieux que l’on se devait de chérir. Un échiquier animant plus que jamais tous les royaumes, tant les annonces de fiançailles ou épousailles fleurissaient les missives dont les corbeaux se faisaient les messagers. C’était ainsi qu’évoluait le monde, ainsi que se faisait, ou défaisait, des lignées. Abigaelle avait raison de dire que nous devions suivre le destin qui était le nôtre, nous ne pouvions déroger à la règle sans devenir des parvenues, sans nous mettre nous-mêmes au ban d’une société dont nous connaissions que trop bien les us et les coutumes. Je ne pouvais apporter l’opprobre sur les miens, le temps avait fait son office, me faisant accepter la nécessité de cette alliance, alors que tout mon être récusait cette dernière. Une dualité s’opposait en moi, les armes aiguisées fendaient l’air, s’abattant sur chacune des pensées contradictoires, s’accordant sur la nécessité de suivre la décision de Lord Paxter, ainsi que tous les arguments allant en faveur de ce mariage. Les palabres autour de ce dernier attendront encore un peu, il m’était impossible de quitter la terre des Rowan sans m’entretenir avec son héritier, aussi le plaisir s’offrit à moi lorsqu’il m’offrit de passer ce temps en ma compagnie. « Un temps que nous pouvons passer ensemble, si ma compagnie masculine ne te dérange pas. » Une simple plaisanterie, parfaite pour faire tomber les murs de tensions m’habitant depuis des jours, accentuant mon sourire, le propageant à mes yeux, à tout mon être. « Il est loin le temps où la compagnie des hommes me dérangeaient. Aujourd’hui je tolère leur présence, mais pour toi Andrew j’aurais toujours du temps. Peut-être pourrions-nous trouver un endroit au calme, sans risque de tomber sur une horde de chevalier ou de dame,  ou pire… ton frère.» dis-je d’une légèreté inappropriée, en attrapant son bras. Les espoirs, dû à l’absence des ainés Rowan, qui furent les miens semblaient avoir été rêvé alors que Thaddeus reprenaient ses mauvaises habitudes, cherchant à être le centre de l’attention de tout un chacun, amusant, agaçant. En cet instant précis il m’aurait été insupportable de devoir jouer les cousines attentionnées, capable de complimenter tout en inculquant une notion de modestie à cette petite tête de mule, pas alors que nous étions enfin sur le point de nous confier l’un à l’autre. Mes pas emboitèrent les siens dans ce silence propre à Andrew. Pas âme qui vive ne vint troubler cette courte marche, nous donnant l’étrange illusion d’être seuls en ces murs.

Tous les châteaux du Bief possédaient ce genre de petits salons, intimiste à souhait, dans lequel tant de secrets avaient été révélé, caché, vécu, ou tant de souvenirs fleurissaient à l’instar des miens. Il n’était pas rare, lors de mes séjours, de me voir occuper l’un d’entre eux, un travail de couture ou un livre à la main, cette deuxième option s’était faite plus fréquente lors de leur absence. L’apprentissage du langage des fleurs avait occupé mes journées, désormais je pouvais prétendre rivaliser avec les connaissances de ma chère cousine, assez pour que nous ayons des conversations dignes de ce nom. Mon attention se reporta sur Andrew, ici nous pouvions être nous-même, sans la pression intrinsèque aux dernières événements, pour peu qu’il m’accorde le droit d’être une oreille attentive à ses états d’âmes. « Il me semble que des lustres se sont écoulés depuis ce jour où tu m’as annoncé les fiançailles de Abi… » Le fil du destin tissé par les dieux s’enroulait autour de celui-ci plus vélocement qu’aucun autre, nous n’étions plus ces jeunes gens se préoccupant uniquement de nos biens êtres, des nôtres, nos vies se trouvaient entremêlées à d’autres sans que nos voix ne puissent s’élever pour montrer notre accord ou désaccord. L’allégresse prenait peu à peu congés, je tentais tant bien que mal de la conserver, de m’en draper, qu’elle se fonde dans le tissu de ma robe. « Es-tu heureux de retrouver tes terres ? » Ma question sembla vide, creuse, de celle que l’on pose lorsque rien ne vous lie à l’autre, tant de choses allaient être dites qu’il me semblait repousser le moment de prononcer ses mots. Il m’avait si douloureux de me confier à sa sœur, à la confidente qu’elle était, cette souffrance me paraissait dérisoire à présent, une impression que ces mêmes mots auraient un impact plus percutant si Andrew venait à les entendre. Tout mon être était tourné vers l’extérieur, vers ces jardins emplies de rires, de discussions joyeuses, où hommes et femmes se promenaient en toute allégresse, visibles de cette fenêtre, laissant le monde se jouer sans nous, tel un amusoir dont nous n’aurions pas eu les clés, ce n’est que lorsque qu’une coupe de vin me fut offerte presque sous mon nez qu’il me fallut revenir à la réalité des choses, à tous ses mots que nos billets n’avaient pu transmettre. « Cela va me manquer… Presque autant que la Treille. » Le chuchotement s’était fait entendre, bravant la barrière de mes lèvres, mourant dans un souffle.

Ma main caressait doucement le pied de la coupe, distraitement, alors que mes pensées s’envolaient vers un passé aussi révolu que la dernière guerre. Il m’aurait été plus simple d’accepter les rumeurs, de me plonger dans le désir de tout un chacun, de me complaire à épouser l’homme qui me faisait face, le bonheur aurait étreint ma vie si nous nous étions unis. J’eus un petit rire silencieux à cette simple pensée, futile, inutile et non avenue. Andrew et moi étions bien trop proches pour cela, nous aurions pu être heureux ensemble si la volonté de nos pères nous avait conduit l’un vers l’autre, possibilité qui n’avait jamais été envisagé, le parentage qui nous unissait déjà n’avait nul besoin d’une nouvelle union pour réitérer les engagements dû à celle de lady Bethany et lord Mathys. Pourtant l’espace d’une seconde, le temps d’un battement d’aile de papillon, j’envisageais cette possibilité, l’avenir qui aurait pu être le mien. Nos esprits se seraient complétés, il aurait accepté d’entendre ma voix pour toutes les décisions ayant attrait à Boisdorés, même celles concernant ses choix politiques, il avait assez souffert de ma période rebelle pour ne pas se souvenir de la pénibilité qui pouvait me caractériser, aussi il était certain que nous aurions trouvé un terrain d’entente pour les sujets épineux sans trop de heurt. Peut-être aurions-nous pu nous aimer d’un amour plus intime et intense que celui qui nous unissait aujourd’hui. Une main froide appuya de toute ses forces sur cette organe qui me semblait avoir repris vie depuis quelques lunes, enfonçant ses doigts glacials dans ses extrémités afin de le serrer profondément, un rappel de la dure réalité, le bonheur ne s’était que trop peu penché sur mon berceau, les Sept avaient des dessins pour moi qui excluaient toutes part d’amour. J’ignorais les sentiments qui animeraient, ou animaient déjà, Ellery Cendregué toutefois j’étais certaine d’une seule et unique chose, son entrée à Boisdoré se ferait en douceur, elle pourra s’y sentir chez elle dès que ses pieds fouleront le sol de ses terres. Il ne pouvait en être autrement, chaque personne ayant séjourné en ces lieux ne pouvaient prétendre avoir été mal accueilli, ni ne s’être senti à l’aise, c’était une chose presque immuable. Mes yeux se perdaient dans le liquide couleur sang cher à ma patrie, la jalousie avait longtemps jalonné ma vie, je pensais l’avoir étouffée, ensevelie sous toutes mes séances d’apprentissages des normes du monde, de la politique de Westeros, de cette voie de murmures qui allait, ou était devenue la mienne, pourtant elle était là, tapie dans cette ombre qui m’était si familière, attendant le bon moment pour surgir, pour planter ses crocs dans ma chair. Elle se gaussait des idées naissantes, un amour dans un orage ? Rien ne pouvait être plus chimérique que cela, le ciel n’était jamais assez clément pour les hommes, il s’attristait au gré des saisons, seuls les dieux savaient que l’amour a ses prisons que la raison seule déshonore, et je jalousais cette femme qui allait connaître un bonheur que l’on me refusait.

Je quittais la quiétude de ce monde insouciant, prenant place sur l’un des sièges présent, cherchant à me retrouver dans ses souvenirs. Mais le reflet de mon histoire me faisait traverser le passé sans parvenir à me fixer l’image de ce futur dans lequel mes pieds baignaient depuis déjà une lune, ou était-ce deux ? L’océan de mon enfance s’assombrissait à mesure que l’avenir prenait forme, prenant des couleurs d’encre de seiche si intense que même le ciel d’azur me paraissait gris, semblable à ses jours de tempête où la seule prière aux dieux permet de croire qu’il y aurait un lendemain. Je levais cette coupe, portant un toast ironique. « A ces Dieux qui se sont penchés sur nous. » J’avalais une gorgée, tentant de rassembler en un seul point ces pensées qui s’entrechoquaient sans début ni fin, tout se mêlaient pour ne former qu’un amalgame de mots incohérents. Comme une rivière coule inéluctable vers la mer, une seule chose me semblait immuable, la certitude que personne ne savait réellement ce que je vivais, pas même Andrew et Abigaelle…

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Andrew & Desmera

Desmera dégageait une douceur permanente, portant sur ses lèvres un sourire agréable qui illuminait son visage. À elle seule, elle était un véritable soleil, un astre qui parvenait à chasser les ténèbres de son coeur, à lui sortir les nuisibles songes de son esprit pour laisser place à un océan clair et limpide, à quelque chose de bien plus bienveillant. Il se plaisait à penser à comment elle était autrefois, lorsque la compagnie des hommes lui déplaisait et même lui, qui était pourtant son cousin, était mis dans le lot. De cette époque, Andrew se souvenait parfaitement des étincelles qui existaient entre-eux, lui cherchant à être un adorable cousin pour elle, compréhensif, voulant l’aider et comprendre son ressenti, tandis qu’elle le repoussait. Vainement, il insistait, mais cela n’avait jamais conduit à quelque chose de plus poussé, jusqu’à ce qu’elle cesse de considérer les hommes comme ses ennemis. À ce moment précis, il fut là pour elle, lui ouvrant de nouveau ses bras comme si rien ne s’était passé. Il n’avait jamais été un garçon rancunier, ayant été habitué aux déceptions mais s’il n’oubliait pas, il n’aurait cependant jamais pu en vouloir à sa cousine dont il pouvait comprendre l’envie d’émancipation, d’être plus que ce à quoi on la prédestinait. Elle faisait partie de ces grandes femmes, celles qui pouvaient marquer une génération. Le royaume avait connu des femmes combattantes, chose qui était rare mais pas totalement inexistant mais ce n’était pas le genre de sa cousine, qui montrait ses talents sur la scène politique et sur les tâches de gestion. Il savait que son père lui avait appris bien des choses pour la gérance de la Treille, dont elle avait excellé mais elle demeurait une femme, possédant deux frères qui étaient prioritaires sur l’héritage. Bien que l’un fut longtemps porté disparu, le deuxième pouvait toujours hériter. Mais désormais, il le savait, elle allait tirer son épingle du jeu. La partie de Cyvosse qui avait débuté avec la valse des alliances verrait une joueuse aguerrie, une femme dont l’esprit était aussi acéré qu’une épée. Pour cela, elle allait devoir devenir une Baratheon, une dame de la maison suzeraine des terres de l’Orage. Elle quitterait le Bief, comme Abigaëlle, emportant avec elle sa douceur et sa bienveillance qu’Andrew connaissait si bien. Mais elle saurait s’imposer, il n’en doutait pas. Et à l’heure actuelle, l’actuel suzerain des tempétueuses terres avoisinantes n’avait toujours pas d’héritier, hormis son frère que la jeune femme allait épouser. Et au fond de lui, le chevalier savait qu’elle ferait une merveilleuse lady de l’Orage. « Je le sais, ma chère cousine, mais je ne pouvais passer sur cette occasion de te rappeler ce passé révolu... » Il lui offrit un sourire charmant. S’il pouvait être renfermé, constamment perdu dans ses pensées, préférant être seul avec lui-même, ce n’était pas le cas avec sa famille. Ou plutôt, ça n’était pas le cas avec sa soeur et sa cousine. Elles étaient particulières pour lui, deux femmes qu’il portait plus dans son coeur qu’aucune autre, à l’exception de sa mère qui avait toujours été, de ses deux parents, la plus attentionnée envers lui. Car on ne pouvait pas dire que lord Mathis était un homme bienveillant envers ses enfants, ses fils. C’était le cas pour sa fille, cependant, qui bénéficiait de toutes les attentions et qui était la seule à lui arracher quelques rares sourires. « Cela serait préférable, je n’ai pas envie de supporter les états d’âme de mon frère. Depuis que nous sommes revenus, il est encore plus insupportable, que cela soit avec moi ou ma soeur ! Comme si c’était le moment, je n’ai pas le temps de m’occuper d’un enfant. » Un soupire s’échappa de ses lèvres. Il détourna son regard de sa cousine qui avait pris son bras, se mettant lentement en route à allure modérée. Habituellement, le chevalier ne se serait jamais permis de telles remarques mais il n’y avait personne autour d’eux et étant donné la proximité qu’il partageait avec sa cousine, il se montrait plus sincère qu’à l’accoutumée. Il avait encore du mal à être proche de son cadet, de qui il était bien différent. Ils avaient évolué de manière totalement opposée et c’était notamment dû à leurs enfances différentes. Andrew était l’héritier, dès qu’il fut en âge de comprendre, on lui mit une épée dans les mains pour qu’il s’entraîne. On le posa dès son plus jeune âge à une table, un bouquin face à lui et un mestre à ses côtés. Lord Mathis avait été exigeant sur les leçons enseignés à son aîné, se montrant peu proche de lui, imposant une distance entre eux. Il l’avait ensuite envoyé servir d’écuyer à un autre lord, celui de Cendregué, marquant encore plus un fossé entre eux deux. Mais puisque Thaddeus n’était que le cadet, il était beaucoup moins exigeant par rapport à ce qu’il lui apprenait et l’avait ainsi pris sous son aile, faisant de lui son écuyer. Il avait aussi beaucoup plus de temps libre, ce qui expliquait pourquoi il était toujours dans les jambes de son frère ou de sa soeur, voire de sa cousine quand elle se trouvait présent sur les terres de la maison Rowan. Mais il ne comprenait pas que l’héritier ne puisse partager du temps avec lui. Andrew avait l’habitude d’utiliser ses devoirs comme prétexte pour éviter d’être proche de son frère, installant envers lui la même distance qu’il avait eu avec son père. Il était bien trop solitaire pour être proche d’autres personnes que sa soeur ou sa cousine. Enfin, ils arrivèrent à l’un des salons, celui qui était réservé à la famille et dont les invités n’avaient pas accès. Même les hôtes avaient besoin de leur intimité, c’était ici qu’ils la trouvaient. Il laissa sa cousine s’installer, tandis qu’il s’approchait d’une table pour aller servir deux coupes de vin de la Treille. « Eh bien… Cela fait déjà plusieurs lunes, les événements se sont succédés depuis… » Le plateau de jeu évoluait, les alliances commençaient à se concrétiser et le mariage du frère du roi allait en ce sens. Mais cela signiait quelque chose d’autre, faisant ressurgir une peine dans le coeur du chevalier. Quelque chose que même Desmera n’avait pas conscience, seule sa soeur avait appris cela, il ne s’était confié à personne d’autre. Cette plaie qui menaçait chaque jour de se rouvrir pour saigner abondamment. Si sa fidélité envers la rose d’or était grande, absolue même, cela n’empêchait pas que la blessure venait de cette maison qu’il appréciait tant. Il avait volé trop près du soleil et en avait payé le prix, il s’était brûlé les ailes. La chute avait été dure et aujourd’hui encore, les dégâts étaient bien présents. Il n’avait pas oublié ces instants volés avec la rose, mais là était tout le problème. Il avait l’impression que dès que ses pensées se tournaient vers elle, son coeur souffrait de nouveau. « Suis-je heureux ? » Il avait répété la question, son esprit se perdant soudainement dans ses pensées. Son visage montrait parfaitement son indécision. « Je dois dire que voir du pays m’a permis de m’éloigner de mes devoirs, du poids de ces convenances que je déteste plus que tout. » Ici, avec elle, il n’avait pas besoin de mentir sur ses pensées. Personne ne risquait d’entendre ce qu’il se disait au sein de ce salon. Leur discussion promettait d’être pleine de confidence, mais cela allait lentement, commençant par des questions simples. « Mais j’aime bien trop Boisdoré pour dire que cela me déplaît d’être de retour, bien au contraire ! Mais c’est ce que cela veut dire qui ne m’enchante pas. » Il s’approcha de la jeune femme, lui tendant délicatement la coupe qu’il avait remplie pour elle. Il remarqua qu’elle s’était perdue dans ses pensées quand il dut approcher la coupe un peu plus proche d’elle afin qu’elle réagisse. Un fin sourire s’étira sur les lèvres du chevalier. « Boisdoré est autant ta demeure que la nôtre, tu as tant de souvenirs ici. » Desmera avait passé beaucoup de temps au sein de la forteresse dont les jardins étaient si particulier. Après tout, ils étaient cousins et le lien qui unissait leurs deux maisons était profond, principalement grâce à cela. La maison Redwyne venait souvent sur les terres des Rowan et l’inverse était tout autant vrai. « Et de ce fait, tu seras toujours la bienvenue ici. Ces murs te protégeront toujours, quoiqu’il se passe. » Andrew avait l’habitude de voir le mauvais, imaginant déjà une union néfaste pour sa soeur alors que les liens du mariage n’avaient pas encore été noués autour d’elle et de son époux. Mais ces petites phrases, bien que basiques, étaient lourdes de sens. Elle lui permettait d’assurer à la jeune femme qu’il serait toujours présent pour elle. « Et si tu as besoin de moi, je viendrais jusque dans l’Orage ! » Il trouverait bien une excuse pour se rendre jusqu’à là-bas, comme en prétextant un approfondissement des relations entre les deux régions. Nul doute que son père serait ravi de voir son héritier cherchant à amener davantage d’alliances, c’était pour cela qu’il lui autorisait de nombreux allées et venues jusqu’à Hautjardin. Il suivit le mouvement de sa cousine, levant lentement sa coupe. « À tous ces dieux qui se jouent de nous. » La phrase, bien que différente de sa cousine, avait pourtant le même sens bien qu’elle démontrait davantage l’état d’esprit du jeune homme. Tout avançait bien trop vite et il avait l’impression de n’avoir aucun contrôle sr rien, toujours dominé par une tierce personne. Cela avait commencé avec la rose, pour continuer avec son père qui le fiançait. Bien-sûr, il n’avait, au fond, rien contre ces fiançailles. Ellery Cendregué possédait bien des qualités mais il craignait pour leur relation une fois mariés, ne sachant comment la jeune femme prenait ces fiançailles. Il était possible qu’elle ne soit pas du tout ravi de ces dernières. Mais dans son enfance, il avait été proche d’elle et ne doutait pas qu’ils pourraient faire un excellent duo, même se montrait intimes l’un envers l’autre. L’ombre de Margaery Tyrell pesait encore lourdement sur le coeur du chevalier et il ne se sentait pas prêt à se laisser aller dans une telle chose. Il allait devoir faire avec, revoir celle qu’il avait côtoyé durant son enfance. Car il avait appris qu’elle se rendrait au mariage d’Abigaëlle, alors il avait bien prévu de prendre un temps pour elle. Mais il ne savait pas comment il allait devoir réagir, quand deux personnes, proches de lui, allaient se trouver dans la même salle. Si la rose se rendait aussi à ce mariage, il savait qu’il se retrouverait dans une position délicate. Il savait que ses yeux chercheraient sa présence, que son coeur tenterait de penser les plaies et que son esprit allait le pousser à aller lui parler. Et au fond de lui, il ne devait pas, ne voulait pas. Il avala une nouvelle gorgée, cherchant à chasser ces pensées de son esprit, constatant qu’il était dans le même état que sa cousine. Mais ils ne s’étaient pas encore confiés, alors il s’installa face à elle, plongeant son regard dans le sien. « Nous y voici. » Il laissa un nouveau soupire s’échapper de ses lèvres, l’observant toujours. « Abigaëlle sera mariée dans quelques jours. Tu es fiancée à Renly Baratheon. Et je suis fiancé à Ellery Cendrégué. » Il le savait, cette discussion allait avoir lieu. L’un comme l’autre retardait l’échéance, alors il avait décidé de lancer plus clairement. « Par missive, nous n’avons que peu évoqués cela mais je veux tout savoir. Depuis, tu as dû avoir des détails. Dis-moi, s’il te plaît, qu’on ne t’enchaînera pas en tant que vulgaire épouse. » Il y avait toujours des termes supplémentaires à ces alliances, des choses que ceux qui étaient directement touchés n’avaient connaissance qu’après, que l’on évoquait une fois que la tension était redescendue. Dans le cas de Andrew, ses fiançailles étaient une suite directe à son écuyage auprès de lord Androw Cendregué, permettant d’assurer la pérennité de leur alliance. Mais Desmera n’épousait pas n’importe. C’était l’héritier de l’Orage, Renly Baratheon. « Notre enfance est bien loin de tout cela… » Il avait murmuré ces paroles, attendant ce qu’allait bien pouvoir lui dire sa cousine. Il porta une nouvelle fois sa coupe à ses lèvres, avalant une gorgée.

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Desmera & Andrew
An 299, Lune 7, semaine 1

Sadness in my mind, despair in your eyes


Son rappel de ce passé pas si lointain n’était que boutade, il aurait eu tort de s’en priver, lui, comme mes plus proches parents masculins, avait subi de plein fouet ma petite rébellion contre ce système archaïque. Mon sourire s’effaça quelque peu à l’entente de l’évocation de son cadet, je perdis mettre une pointe d’humour, or je constatais que mon effet tombait à plat. Thaddeus avait changé durant l’absence de ses ainés, cherchant à ce qu’on le distingue de cette vision de petit lord qu’il trainait derrière lui comme chaque petit garçon appelé à ne pas hériter. Mes yeux avaient assisté à ses dures heures où il avait manié l’épée, où il s’était contenté de m’accompagner sans mots dires pendant mes balades, des instants rares mais suffisant pour que son exaspérant besoin d’être le centre du monde s’envole. J’en avais aimé les précieux moments partagés, espérant que ce changement demeure après le retour de Andrew et Abigaëlle. A entendre mon cousin, ce n’était visiblement pas le cas. « Je suis navrée que Thaddeus ne parvienne pas à trouver grâce à tes yeux. Sans doute, une fois toute cette excitation retombée, sauras-tu voir ce que j’ai entraperçu ? Ou alors n’était-ce qu’un mirage de plus… » Mes lèvres pincées montraient aisément que ma pensée n’avait pas abouti, qu’une chose demeurait au bord des lèvres, Andrew avait sans doute l’esprit trop occupé par le départ de Abi pour véritablement accorder une attention à celui qu’il considérait encore comme un enfant. Etait-ce ma position de cadette qui me faisait défendre le jeune Rowan ? Ou tous ces moments à songer seule dans les jardins de Boisdorés avaient influencé la vision que j’avais de ce dernier ? Aucune réponse ne vint soulager mes interrogations, aussi ma volonté de parler du cas de Thaddeus à un moment plus opportun l’emporta et le silence me ficela les lèvres, il y avait déjà tant de sujets dont nous devions discuter, celui-ci pouvait bien attendre un peu.

Ma question trouva écho en lui, je détournais le regard de ma contemplation, le monde enjoué contrastant avec ce qu’il se passait dans ce salon, pour reposer mes yeux sur lui, il avait les siens dans le vague, perdu dans un souvenir qui n’appartenait qu’à lui, dans lequel mon interrogation l’avait plongé. A mon instar, mon cousin semblait perdu lorsqu’on évoquait le bonheur, il m’aurait suffi de fermer les yeux pour sentir de nouveau le frisson de ma peau, le souffle à mon oreille, ou ses lèvres sur les miennes. Ma tête se secoua légèrement pour renvoyer le fer-né au royaume du passé, consciente que le présent ne m’offrirait pas d’instant aussi intense et que mon futur était d’ors et déjà condamné. Je détournais les yeux, avant qu’il ne me surprenne à l’épier, la douleur enserrant déjà mon cœur depuis cette discussion avec Abi n’avait nullement besoin d’armes pour se faire connaître. Je trempais les lèvres dans le nectar offert, attentive à ce qui se déroulait dans ce salon, le monde pouvait continuer de tourner, nous allions lui voler quelques instants de répits. « Mais j’aime bien trop Boisdoré pour dire que cela me déplaît d’être de retour, bien au contraire ! Mais c’est ce que cela veut dire qui ne m’enchante pas. » Ce que cela voulait dire… Je n’avais que trop conscience des conséquences de ce retour, elles étaient la raison de ma présence en ces lieux, cette promesse faite dans la quiétude de HautJardin avant que tout ne s’enchaîne et se bouscule. Je m’étais forgée à être la femme de l’ombre, celle de mon frère, et je n’avais pas vu les ombres grandir aux alentours, ni les dessins qui s’y nouaient. Mes yeux s’étaient laissé aveuglés par les affres des instants de joie, courts mais présent, ce moment avec Dagon Greyjoy, cette balade avec Brynden Nerbosc, ce voyage à l’Ouest, tous les fils s’entremêlaient, se liaient ainsi que les Dieux souhaitent que le tissage se fasse sans que je ne puisse percevoir la toile de ma destinée, sans percevoir que mon destin me menait au loin. Loin du Bief. Tout comme Abigaëlle. Des terres que j’allais moi aussi devoir quitter… Je ne m’étais pas attendue à ce qu’il entende mon murmure, néanmoins dans le silence qui nous entourait, il avait résonné comme un cri de détresse. Tant de souvenirs, effectivement, me liant à chacun des membres de cette famille, tout comme notre petite sœur, mon destin n’avait jamais été celui de rester sur les terres qui m’avaient vu naître. Notre statut de femmes ne nous offrait pas ce luxe, nous devions aller là où on nous disait de nous rendre, peu importait que nos envies soit tout autre. « Et de ce fait, tu seras toujours la bienvenue ici. Ces murs te protégeront toujours, quoiqu’il se passe. Et si tu as besoin de moi, je viendrais jusque dans l’Orage ! » Sa proposition me fit sourire autant parce qu’elle révélait le rétablissement de meilleure relation entre nous, qu’elle laissait entrevoir son affection pour la cousine que je suis à ses yeux. En un sens cela me toucha, voir que ce cousin avait les mots que j’aurais aimé entendre de la bouche de mon ainé me rappela la douleur que ce dernier avait dû ressentir à l’entente de la décision de père. Un peu comme Andrew lorsque je l’avais vu, à HautJardin, lorsqu’il m’était apparu tel un supplicié. Il était certain que si Hobber n’avait prononcé ses mots à mon égard, s’il avait pu être là aujourd’hui, Abi aurait sans doute reçu une proposition du même acabit tant ses deux-là étaient proches, où l’avait été, je ne savais pas qu’elle était leur relation depuis le retour inespéré de mon frère, mais c’était ainsi entre les Redwyne et les Rowan. L’union consentie par lord Mathis et lady Bethany avait conduit à une alliance entre leurs enfants, une alliance profonde, et j’en venais à me demander si ces relations sauraient survivre à nos départs en Orage. « Je tacherais de ne pas l’oublier. » Il savait que de telles paroles ne pouvaient tomber dans l’oubli mais Westeros était vaste et le jeu de Cyvosse battait son plein, personne n’avait de véritable vue sur l’ensemble de ce dernier, seuls les Dieux parvenaient à déchiffrer les tenants et les aboutissants de chaque action. Comme tout un chacun je n’étais qu’un pion, Andrew ne pouvait ignorer ce fait. C’est, perdue entre ce passé et ce futur, que nous trinquions à ces Dieux ironiques.

Ce moment fatidique où les faux-semblant avaient été, et devaient être, mis de côté n’avait pas lieu d’être entre nous, cette proximité retrouvée avait permis aux barrières du bien commun de tomber dès lors que mon bras avait pris le sien, que mes pas avaient emboité les siens, pourtant une étrange nervosité me gagna dès que la lampée de vin s’écoula en moi, noyant tout ce à quoi je pouvais encore me raccrocher. Nous n’avions fait qu’effleurer la surface de nos confidences, nous ne pouvions rester sur ces banalités, nous le savions aussi bien l’un que l’autre, au risque de perdre cette nouvelle complicité, c’est pour cela que je le remerciais silencieusement de briser ce cercle de discussion inutile même si cela ne fit que renforcer la poigne de cette main fantomatique sur moi. Les mots avaient été prononcés, avec la promptitude d’une flèche touchant sa cible en plein cœur, d’une épée s’enfonçant dans la chair, lacérant les lambeaux d’un espoir perdu. Ma gorge peinait à avaler la seconde gorgée prise pour me donner contenance, le liquide s’écoulait au goutte à goutte, interminablement pour laisser le temps à mes pensées de se coordonner, de prendre le temps de devenir quelque peu cohérente. « Es-tu obligé de prononcer de tels mots ? » Associer ces trois mariages me sembla être une chose trop réelle pour être entendue de vive voix, l’entendre une fois avait suffi à embraser mon existence, à incendier toutes les couleurs de mes jardins secrets, l’écrire m’avait déjà paru pénible, d’autant qu’il m’avait semblé coucher sur du parchemin cette information beaucoup trop de fois pour que son propos ne me déchire pas à chaque fois mais l’entendre de sa bouche avait un goût de sang. La véracité de ses propos s’imprégna en moi aussi durement que le furent les mots de Hobber, je me levais pour faire quelques pas, me donner une contenance qui me faisait défaut, je n’arpentais pas le sol de pierre de façon démesurée, je marchais lentement de long en large, attrapant un tissu qui trainait pour une quelconque broderie future, époussetant les abords de cette même fenêtre que j’avais quitté quelques temps auparavant. Je tentais vainement de chasser une poussière invisible, comme on chasse un problème dont on ne veut s’occuper, je frottais une tâche inexistante, cherchant vainement à faire disparaître les pensées illusoires qui se bousculaient à la porte de mes lèvres. Je ne pouvais lui livrer sans réfléchir le tumulte de mon tourment, nous étions proches, mais c’était une facette de moi que je ne pouvais montrer qu’à Abi, ou à Liane mais cette dernière était trop loin, trop occupée à ses propres tourments pour me voir m’effondrer comme je l’avais fait avec ma cousine. Avec Andrew, même si je pouvais être moi-même, j’avais cette sorte de retenue propre à une jeune femme, celle de ma condition, quand bien même elle n’était plus une source continuelle de tourments. Cette parenthèse d’astiquage d’une hypothétique tâche devait me faire paraitre folle à ses yeux alors que je tentais de formuler une réponse. « Une vulgaire épouse. » Une répétition murmurée de ses propos qui aurait pu s’apparenter à un acquiescement. Certes je ne l’étais pas, ni ne le serais jamais mais cette sensation d’être réduite à ce simple fait était beaucoup trop proche des sentiments que m’inspirait cette union pour ne pas y voir l’ironie de la chose. Aucune famille ne se contentait d’une vulgaire épouse, les négociations n’étaient jamais simples, du moins en apparence. Le pragmatisme légendaire du seigneur de l’Orage avait fait son office, couchant de sa plume les exigences qui étaient les siennes, reposant désormais dans les cendres de ce feu qui m’incendia tout entière. Epouser un héritier était un destin honorable, c’était là le rêve de nombres de jeunes femmes en proie à l’illusion de satisfaire leur besoin impétueux de faire leur preuve, d’entrer dans ce moule de l’épouse parfaite, mes rêves étaient si différents qu’il m’avait fallu les revoir à la baisse, accepter que peut-être ma voix compterait assez pour Lord Paxter, pour que père y accorde une importance, pour qu’il me fasse part de ses projets avant de rendre sa décision. J’aurais pu accepter de devenir l’épouse d’un homme qui aurait accepté de m’écouter, de prendre conseil auprès de ma personne. Mais épouser l’héritier de tout un royaume était une chose bien différente, tout le monde s’accordait à croire que je pourrais sortir mon épingle du jeu, devenir ce dont j’avais toujours rêvé. Il fut un temps, infime, où j’aurais pu croire cela mais la personnalité même de mon futur époux m’empêchait de croire à cette chimère. Le choix de Lord Baratheon ne s’était pas porté sur ma personne parce qu’il me sentait capable de gérer le royaume auprès de son jeune frère si l’Etranger venait à frapper à sa porte, il ne s’intéressait nullement à la fille d’une maison majeure du Bief pour cela mais uniquement pour l’alliance militaire que cela lui apportera. « Je ne suis pas l’héritière d’un royaume donc ma main n’est pas l’unique chose obtenue par lord Stannis. » Mes mains lâchèrent le bout de tissu qui ne serait plus jamais bon pour aucune broderie, revenant rapidement vers mon cousin et le siège vacant. Je levais ma coupe abandonnée, symbole à lui seul de la gloire de mon illustre nom, symbole également de ma cession à l’Orage. « Le vin, dont tu te délectes, est le paiement pour nombres d’arbres de vos bois qui rejoindront les chantiers de construction navale de la Treille. » Toutes les alliances prises depuis tant d’années conduisaient à renforcer la décision prise. La guerre avait pris beaucoup de choses, elle avait rendu l’Orage faible, sans défense, ou si peu. La paix instaurée par le roi ne signifiait pas la fin des conflits, ce mariage en était la preuve, le prix de la volonté d’un suzerain de protéger son royaume. « Il souhaite une flotte pour protéger ses terres. » En conséquence le mariage allait attendre que ladite flotte soit un tant soit peu opérationnelle, cela l’héritier des Rowan pouvait le deviner, tout comme il comprenait désormais que ses terres étaient la signature de mon départ, or connaissant les chantiers de la Treille, je savais que mon île était déjà à pied d’œuvre pour satisfaire les exigences de leur seigneur. Lord Paxter n’était pas homme à se défiler, puisque sa parole avait été engagée, il ferait tout pour que le suzerain de mes futures terres soit aux anges lorsqu’il se décidera à rendre visite à la Treille pour entériner les clauses de ce contrat qui m’unira à Renly Baratheon. « Notre enfance est une terre que nous avons quitté trop tôt, nous ne pouvons que la chérir sans jamais parvenir à la retrouver. »

La nostalgie de ma voix me fit repenser à celle qui m'avait étreint à la pensée de l'arrivée de la jeune Cendregué qui allait s'installer en ces lieux. Toute alliance se devait d'être équitable, il était certain que les clauses de cette future union se devait de l'être aussi. Bien évidemment ce n'était que la suite logique à l'écuyage d'Andrew en leur fief mais cela ne constituait nullement une clause suffisante entre deux lords. Si notre enfance était perdue depuis longtemps, nos avenirs se présentaient sans répits. « Je suis certaine que tes noces seront moins enclines à des négociations aussi politiques." Ma voix s'était montrée plus ironique que je ne l'aurais souhaité, insufflant un côté désapprobateur que je ne pensais pas posséder.

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