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Odes aux Créatures | FB | Balon & Valena

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Ode aux Créatures

An 296, lune 4, semaine 2



Balon & Valena

L’horizon était trouble. L’azur dégagé du ciel se mêlait si bien avec le bleu céruléen de cette mer lisse qu’il était difficile de séparer ces deux entités pourtant bien distinctes. La chaleur d’un été sans fin laissait l’air brûlant ondoyer comme un tissu trop sec que l’on aurait oublié au vent. Malheureusement, en dépit des embruns, une brise tiède soufflait sur le port de Myr. Les voiles colorées claquaient à peine. Sur les bateaux, les corps luisant de sueur des esclaves s’agitaient, échauffant leurs muscles de rameurs en préparation de leur prochaine traversée. Sur les docks, la vie bruissait et hurlait, indifférente aux odeurs trop fortes d’épices, de poissons morts et de transpiration. Les marchands et les pêcheurs se bousculaient en une joyeuse cacophonie. Malgré l’heure avancé du jour, des femmes charmantes dévoilaient leurs cuisses contre les murs de pierres chauffés par le soleil. Les marins glissaient des regards lubriques vers la chair ainsi présentée, mais les maîtres veillaient au grain. D’un claquement de fouet, ils étaient rappelés à l’ordre et c’était au tour des puissants de lancer des coups d’œil loin d’être innocents. Des prêcheurs enflammés de religions inconnus se disputaient l’attention des petites gens, profanes ou fervents croyants, rassemblés en masse sous leurs pierres, s’étourdissant de leurs paroles qu’ils devaient tous juger divines.

Escortés par la bonne garde de la famille Toland, Valena et son père déambulaient, le menton haut et le front clair au milieu de cette foule criarde. On aurait pu les croire à l’écart avec leur peau pâle et leurs cheveux de flammes dans cette citée que l’on disait héritière du Rhoynar. Mais la vérité était différente. Le port commercial abritait toute sorte de personnes : westerosis, essosis, dorniens, nordiens, nobles, paysans, matelots, sorciers et étranges ethnies venant d’ailleurs… Aussi, ils ne dénotaient guère dans le paysage. D’ailleurs, ici, peu importait l’origine. La marque simple de leurs riches vêtements, de leurs bijoux et de leurs broches ainsi que de leur regard scrutateur et hautain, symboles de leur naissance, suffisaient à imposer le respect. Et leurs hommes repoussaient avec zèle les vauriens qui oseraient s’approcher un peu trop prêt de leurs maîtres.
Un cri outré et douloureux ne fit même pas tourner la tête à la jeune femme. Un esclave s’était fait écarter de leur chemin d’un vif coup de poignet de son maître. L’homme, respectable, leur adressa un hochement de tête d’excuse. Lord Toland lui offrit un sourire à peine visible. Valena observa la pauvre femme courbée en deux, le visage tourné vers le sol. Elle était plus jeune qu’elle de quelques années. Sûrement de l’âge de Teora. Pauvre fille. L’héritière ne s’impliquait guère dans les choses qui ne la regardaient pas et se gardait bien de fourrer son nez dans les problèmes des autres. Cependant, élevée en tant que dornienne libre dans une région qui exécrait l’esclavage et prônait l’égalité entre les sexes, elle ne pouvait s’empêcher de trouver ces pratiques barbares. Des mœurs qui n’étaient pas les siennes et qu’elle ne comprendrait jamais. L’homme drapé d’une toge jaune et flamboyante à la barbe noire finement taillée ne lui inspirait que du dégoût. Son esclave, que de la pitié.

Son père continua son chemin sans faire cas du léger incident. Ils devaient regagner leur navire. Leur voyage à Essos touchait à sa fin après plusieurs semaines de vagabondage entre Braavos, Pentos et Volantis. Dorne les attendait.

La rousse avait l’habitude des voyages en mer. Ces derniers temps, il lui semblait avoir plus vécu sur l’eau que sur la terre.
Le bateau des Toland était de belle taille pour un navire de voyage. La coque longue et effilée, il était rapide et léger. Les belles voiles dorées et vertes à leur départ étaient blanchies et ternies par les rayons du soleil et le sel. Le dragon en leur centre était à peine visible. Ils devraient en commander de nouvelles en rentrant à Spectremont. Après tout, ils revenaient les cales chargées de dentelles, de tissus, de marchandises et de verre. Lord Toland avait voulu former sa fille aux arts délicats du négoce et améliorer sa maîtrise des langues. Deux exercices pénibles auxquels son aînée s’était pliée de bonne grâce et avec un sérieux forçant l’admiration. Son valyrien n’était pas très bon et cette faille la perturbait. Mais le trajet entre Myr et Dorne serait son allié et si certain profiteraient du voyage pour se reposer, il n’en était pas question pour la jeune fille.

Le soleil était encore haut dans le ciel lorsque le navire mit les voiles. Valena laissa son regard traîner quelques minutes sur ce port animé dont elle ne savait quand elle reverrait les rivages. Mais son cœur n’était pas propice à la mélancolie et après un dernier clignement d’yeux, elle partit s’installer dans ses appartements partagés avec son géniteur. Celui-ci, sur le pont, profitait du soleil.

Elle s’installa au grand bureau derrière lequel son père ne s’était que très peu assis. Organisée et méthodique, elle commença à reporter au propre toutes les dépenses et tous les échanges réalisés durant la journée. Sa plume acérée traçait de sa petite écriture vive et arquées les sommes gagnées ou perdues. Il lui faudrait ensuite écrire un corbeau à sa mère pour l’informer de leur arrivée prochaine. Puis, elle lirait le recueil en valyrien acheté la veille. Une corvée pénible par laquelle elle devait impérativement passer.

La nuit ne tombait pas encore lorsque le cri puissant d’un cor retentit. Pas alertée pour autant, la fille de Nymella ne se laissait pas déconcentrer. C’est lors du deuxième souffle déchirant qu’elle daigna lever le nez de son livre de comptes. Que se passait-il ? D’un calme impérial et glacial, elle se redressa et sortit de la cabine.
Des matelots se précipitaient sur les bords, les mains en visière pour se protéger du soleil couchant. La mer brillante était aveuglante et Valena dû cligner des yeux plusieurs fois pour s’habituer à cette nouvelle luminosité. Elle grimpa les marches pour atteindre le pont supérieur où se trouvait Lord Toland.

« Père ? » demanda-t-elle d’une voix blanche.

Il ne se tourna pas vers elle et se contenta de s’étirer.

« Nous avons de la visite, Valena. »

Son index lui indiqua une forme sombre qui glissait sur le miroir de l’eau. Un bateau dont la rousse reconnut immédiatement les couleurs.

Le kraken Greyjoy.


©️ DRACARYS, gif par aslaug.
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Les cités libres, il y avait longtemps que le kraken avait envie de s’y rendre lui-même. Bien souvent, depuis sa rébellion ratée, ses Fer-nés faisaient des raides dans cette région délaissant pour le moment les côtes de Westeros. Quitte à poursuivre dans l’Antique Voix, autant se faire discret. Et quoi de mieux que de partir piller… ailleurs. Alors Essos était une destination parfaite pour lui et ses hommes. Leurs boutres pouvaient les mener loin et le nouveau seigneur des îles de Fer ne voulait pas s’en priver. Alors pour une fois, le seigneur des Îles de Fer avait pris la tête de la Grand Seiche et avait vogué avec ses hommes vers les terres d’Essos et ses cités libres. Il n’en doutait pas, il trouverait là-bas de fabuleux trésor à ramener à Pyk. A bord de la Grand Seiche, il y avait une femme. Ce n’était pas Alannys Harloi. Non la Belle Harloi était restée à terre. Non Balon avait amené avec lui l’une de ses deux premières femmes sels. En fait, celle qui était encore en vie, la seconde étant morte emporté par la fièvre alors qu’elle était grosse. L’enfant, mort aussi, le dieu noyé l’avait englouti. Alors que la seconde, elle, était encore bien en vie, visiblement, elle ne pouvait porter d’enfant et cela arrangeait bien Balon. Au moins, n’y aurait-il pas de petit Pyke indésiré venant agrandir sa maison.

Balon scrutait l’horizon et sa femme-sel se trouvait à ses côtés. C’était parfait, Alannys restait au Roc, l’autre venait n’était-ce pas la répartition légitime des femmes de fer-né. La femme-sel si elle n’était pas l’épouse officielle avait au moins le privilège d’accompagner officiellement le Kraken en mer. Et Balon en était tout à fait satisfait. Il commençait à désespérer de voir un navire à aborder avant de ne toucher les côtes de Essos lorsqu’un mouvement au loin lui arracha un sourire carnassier. Enfin, enfin un navire qui s’approchait de lui ou bien était-ce lui qui s’approchait de lui. Peu importait au final puisque la rencontre serait bientôt imminente. Sa femme se redressa et posa une main délicate sur son épaule. Ils échangèrent un regard entendu et elle s’éloigna pour rejoindre les quartiers du capitaine de la Grand Seiche, Balon. Le pont d’un navire lors d’un abordage n’était certes pas l’endroit où devait se trouver une dame. « Nous avons de la chance. Nous allons rendre visite à cet équipage, messieurs. » avait prononcé distinctement Balon Greyjoy qui faisait l’effort de e point parler comme le Fer-Né qu’il était mais plus comme un noble. Un jeune garçon s’approcha de lui. « M’sieur, nous allons nous battre ? » le garçon était jeune sans aucun doute sa première sortie en mer. Balon sourit en dévoilant toutes ses dents. « J’sais pas ça dépendra d’eux. Verra bien. » rétorqua le Greyjoy qui avait soudainement reprit un ton bien plus… Fer-né. Comme quoi, chasser le naturel il revient au galop. Balon avait faire partie de la noblesse Fer-Né, de la famille suzeraine des Îles des Fer et en être même le seigneur, parfois il parlait comme un véritable homme du port. Le garçon se mit à trépigner sur place sûrement excité à l’idée de prendre un navire. Balon, lui, reprit son sérieux surtout quand il reconnut les couleurs du navire. Un navire dornien, quelle chance, arborant le pavillon des Tolland. Les Toland étaient de bons navigateurs. Le kraken donna l’ordre de se rapprocher suffisamment pour qu’il puisse parler avec le maître du navre Dornien. Aller, il pouvait bien être un peu poli avant de razzier l’ensemble de ce qu’il pouvait bien transporter. « Ser Tolland quelle joie de vous trouver sur mon chemin vers Essos. » commença le seigneur des Îles de Fer. « En compagnie d’une bien jolie donzelle, ou devrai-je dire demoiselle au vu de sa tenue. » reprit taquin Balon Greyjoy. Ses hommes ricanèrent à ses phrases bien loin d’être parfaitement galantes.