Changer d'air | ft Alys

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Les lunes s’écoulaient avec lenteur. Ysilla comptait presque les jours qui s’écoulaient et elle contemplait les changements qui s’opérait dans son esprit. Elle changeait, elle le voyait. La fillette qu’elle avait été n’était plus désormais. La mort de son père et de son neveu l’avait propulsé avec violence dans le monde adulte. Elle avait été préparer à cela, pourtant elle trouvait la transition brutale, beaucoup trop. Elle avait dû s’adapter, avancer. Cela n’était pas sans douleur pour la jeune demoiselle, chaque pas pour avancer, pour tourner la page de ce passé n’était que des vagues de douleurs, déferlant dans son corps comme une lame meurtrière fendant l’air sans une once de pitié pour son jeune âge. La vie à Westeros était ainsi, elle le savait. La pitié n’existait pas, il fallait se battre, ne pas baisser les bras face à la difficulté. Les larmes avaient créé des sillons sur sa peau pâle durant plusieurs semaines, désormais ses yeux avaient réussi à s’assécher. Parfois, dans l’intimité de sa chambre, ses joues se mouillaient de nouveau durant un petit moment de faiblesse mais personne n’était là pour la juger car elle était seule, à l’abris des regards indiscrets des servantes qui feraient surement circuler l’information beaucoup trop rapidement. La nuit lui permettait de se morfondre dans des souvenirs qui s’effilochaient avec le temps, mais qui restait malgré tout dans un coin de sa tête. Elle ne pouvait oublier. Mais elle tentait de les enfouir quelque part, à un endroit où l’accès serait plus compliqué que le reste. C’était dans ses moments où elle cherchait à les enterrer loin dans son for intérieur, qu’elle laissait les larmes s’échapper de ses yeux car c’était une opération bien plus douloureuse qu’elle ne l’aurait cru. Mais petit à petit, la douleur s’apaisait et s’en allait.

Ysilla devait retrouver sa belle-sœur, Alys, aux écuries. Les deux femmes de la famille Royce avaient décidé de sortir se changer les idées, une balade à cheval entre fille afin de penser à autre chose qu’aux drames ayant frappé Roches-aux-Runes ses dernières lunes. Cela ne devrait pas être facile pour la femme de son frère de remonter la pente après la perte de son enfant. La jeune fille ignorait quel sentiment pouvait avoir l’ancienne Grafton, on disait que la maternité changeait bien des femmes. Perdre un enfant était une épreuve terrible pour les familles, pour ces femmes qui voyait l’être qui avait grandi dans leur ventre être emporté par l’étranger. A côté, la perte d’un père devait paraître bien risible à côté de la perte d’un enfant. La petite Royce en avait que très peu parler à son aîné, Andar était toujours très renfermé sur lui-même et gardait bien ses émotions pour lui. Ysilla n’avait pas spécialement voulu l’embêter, ou chercher à le réconforter. Elle se doutait que si son frère avait eu besoin de se confier, de venir chercher du réconfort auprès d’elle, il l’aurait fait. Mais il ne laissait rien paraitre, pour eux, pour sa famille, il restait de marbre, pourtant la benjamine de la famille se doutait bien qu’à l’intérieur son frère devait être en partie détruit, brisé mais il faisait bonne figure comme toujours. La force qu’il inspirait à Ysilla permettait à la jeune demoiselle d’avancer. Les Royces se tournaient vers l’avenir et cela aidait à avancer et ne pas regarder dans le passé.

La jeune fille s’approcha des écuries où les palefreniers avaient préparé les montures des dames. Ysilla s’approcha de son cheval, un hongre brun au caractère doux et placide. Elle lui caressa l’encolure tandis qu’il soufflait de ses naseaux de l’air chaud contre sa hanche. Le contact de ses animaux permettait de se vider l’esprit, de penser à autre chose. Il était d’excellent guérisseur de l’esprit aux yeux de la brune. Des bruits de pas se firent entendre derrière et elle se retourna pour accueillir sa belle-sœur, Dame de Roche aux Runes.
« Bonjour, lady Alys. »

Ysilla ne lui demanda pas comment elle allait. Elles s’étaient mises d’accord pour se changer les esprits et apprendre à se connaître un peu plus.

Les cheveux furent conduits à l’extérieur afin que les deux dames puissent se mettre en selle, quelques soldats les accompagneraient de loin, pour leur sécurité. Un palefrenier aida Ysilla à se mettre en selle. Elle se tourna vers sa belle-sœur, un léger sourire sur les lèvres. Finalement elle était heureuse de cette promenade qui lui permettait de se changer complètement les idées.
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Changer d'Air




Ysilla & Alys

La nuit avait été difficile, comme toutes les autres nuits qu'elle vivait, subissait depuis la mort de leur fils. Le sommeil ne venait que rarement, seulement quand la fatigue de la tristesse avait raison d'elle. Mais même le court sommeil dans lequel elle tombait, ne la reposait pas. Elle rêvait, elle voyait son fils dans ses songes, une silhouette qui lui était inaccessible, qui disparaissait dès qu'elle tentait de l'approcher. C'était comme pourchasser un fantôme, un esprit. Alys le voyait comme jamais elle ne pourrait le voir, enfant de dix ans, en train de rire, courant devant elle alors qu'elle tentait de l'atteindre, criant son nom. Puis la lumière du jour la réveillait et la réalité, aussi brutale que le rêve avait semblé si réel, la rattrapait, l'enchaînait à ces faux souvenirs qui eussent pu être les siens un jour.

Le deuil était difficile à porter. Alys avait perdu son père, puis son enfant, elle avait l'impression de ne plus être à sa place. Pourquoi était-elle encore en vie et pas eux ? C'était injuste ! La culpabilité se mêlait à sa tristesse. Elle avait passé des heures à contempler l'horizon à travers la fenêtre de sa chambre, en essayant de ne penser à rien. Mais c'était impossible. Toute cette douleur la rongeait, cela commençait à se voir, physiquement, elle avait des yeux fatigués, bouffis par les larmes. Elle ne mangeait plus beaucoup, se nourrissait simplement parce qu'il le fallait, mais n'avait plus goût à rien. Elle n'était plus sortie depuis... ce fameux soir. Alys avait à présent peur des orages, elle ne les supportait plus. Le grondement du tonnerre lui rappelait trop cette nuit là et... il annonçait la mort. L'éclat brillant, soudain, magnifique et mortel des éclairs la rendait folle, elle enfouissait sa tête dans les draps pour ne plus entendre, voir cette affreuse manifestation de sa faiblesse, de la puissance divine, de ce qui lui avait enlevé Yorwick.

Andar restait fort, même si Alys savait qu'ils ressentaient la même terrible douleur. Elle admirait cet homme, il avait été le plus solide des deux et avait réussi à rendre leur fils au mestre, acte hautement symbolique. Il avait su trouver la force pour lui dire au revoir. Au fond, il souffrait. Quand ils se retrouvaient seuls, la jeune femme sentait la peine déchirante qui émanait de son époux, elle était presque palpable et elle ne savait pas quoi dire, parce qu'elle même n'arrivait pas à s'extirper de cette horrible torpeur qui les tirait vers le fond, vers cet antre sombre où l'esprit erre sans but, sans espoir de renouveau. Mais... quelque chose, au fond, l'empêchait de se laisser aller dans cet endroit dont elle pouvait ne pas revenir. Quelque chose qui lui permettait, non pas d'avoir de l'espoir, ni même de ressentir de la joie, mais simplement de continuer à exister dans le monde réel. La vie continuait, le monde ne s'était pas arrêté de tourner pour autant et il fallait rester sur la barque pour ne pas faire naufrage.

C'était pour cette raison, qu'Alys avait décidé d'accompagner Ysilla ce matin là, afin de faire une balade dans les alentours. C 'était la première fois qu'elle mettait un pied dehors depuis... elle ne savait même pas combien de temps s'était écoulé : des jours, des semaines, des mois peut-être ; cela ne changeait rien, la peine ne diminuait pas et le temps n'avait eu plus aucune importance.

L'air frai du matin caressa son visage, rougissant ses joues séchées par les larmes qu'elle n'avait même plus. Le soleil l'éblouit et elle mit la main devant ses yeux tout en avançant. Voilà trop longtemps qu'elle n'avait pas ressenti ses rayons sur sa peau et cela lui faisait du bien, lui réchauffait le cœur.

Elle arrivait aux écuries. Sa belle sœur était déjà là. Ysilla avait vécu des moments difficiles ces derniers temps, comme tous les Royce. Elle aussi avait perdu son père, de façon brutale et violente. Pire, elle l'avait vu agoniser dans les bois. Alys se doutait bien qu'assister à une telle scène, laissait ses marques. La nature bienveillante, sauvage et majestueuse les appelait en son sein et la jeune femme espérait que cette déambulation serait des plus réconfortantes, peut-être même aussi consolatrice que les bras d'une mère. Mais elles étaient ici aussi pour chasser de leurs esprits ces pensées noirs qui devaient submerger autant Ysilla qu'elle même se sentait noyée sous la tristesse.

Alys dédia un sourire poli à la jeune fille devant elle qui la salua immédiatement. Elle était heureuse d'aller promener sa monture avec sa belle sœur. Elles se connaissaient encore peu et pourtant, la jeune femme avait apprécié la façon dont sa belle famille l'avait accueillie et elle était reconnaissante envers Ysilla pour s'être montrée aussi bienveillante avec elle. Alys devait donc se montrer digne de cette gentillesse et malgré la peine qui la tiraillait et peut-être justement, grâce à la peine qui la tiraillait, elle avait envie de faire en sorte que la jeune fille se sente mieux, elle aussi. Parce que la famille Royce était tout ce qui lui restait, parce qu'elle ne pourrait jamais consoler son fils, parce que, aider Ysilla, c'était se réconforter elle même un peu aussi.

« Bonjour, Lady Ysilla. »

On les aida à monter en selle. Alys montait Harald, un cheval aussi noir qu'une nuit sans lune. Il était son compagnon de chevauchée. Il n'était pas des plus rapides, mais il était endurant et robuste. De la buée sortait de ses naseaux et il semblait heureux de sortir faire une balade. La jeune femme lui flatta l'encolure, heureuse de sentir la chaleur de son animal réchauffer son propre corps et peut-être même son cœur glacé par la peine.

Ysilla lui sourit, sourire qu'Alys lui rendit.

« Alors où allons-nous ? Les bois ou le lac ? Les paysages sublimes du Val nous offrent moult possibilités. »

Laissant Ysilla choisir, elle fit avancer son cheval afin de suivre sa belle sœur dans la direction choisie. Les soldats, qui les accompagnaient, restaient à bonne distance, leur laissant ainsi plus de libertés de conversation. Alys n'avait pas demandé comment sa belle soeur se sentait, la réponse était évidente. Cette dernière avait eu la même réserve.

« Je suis heureuse de faire cette balade avec vous. Il est vrai que nous nous connaissons encore peu et je suis donc ravie de pouvoir en apprendre plus sur vous. Votre frère ne tarit pas d'éloges à votre égard." Fit-elle en souriant. "Je sais que nous avons eu peu de temps pour nous connaître et il est regrettable qu'il ait fallu attendre les récents événements..." son coeur se serra mais Alys réussit par le plus grand des miracles à reprendre contenance. Elle prit une inspiration ravalant son chagrin pour pouvoir poursuivre. "... pour pouvoir enfin passer du temps ensemble."


Les chevaux marchaient au pas, laissant parfaitement le temps aux deux filles d'admirer le paysage qui les entourait. La nature était apaisante, le chant des oiseaux leur parvenait et Alys y trouva une mélodie consolatrice, des notes d'espoir et de gaieté qu'elles cherchaient à entendre depuis si longtemps déjà. Peut-être que cette ballade était le début d'un long chemin vers la guérison qui sait ?


 

DRACARYS 2017
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Les bois ou le lac ? Une question qui aurait auparavant fait réfléchir la jeune demoiselle. Mais aujourd’hui les bois lui rappelaient trop le drame qui avait frappé son père plusieurs lunes plutôt et elle n’avait guère envie de se remémorer ses sombres souvenirs qui la hanterait jusqu’à la fin de ses jours. Elle voulait changeait d’air pour un court instant, penser à autre chose et faire plus ample connaissance avec Alys, sa belle-sœur qu’elle n’avait pas vraiment prit le temps de connaître, par timidité au début, par envahissement ensuite, par respect pour son deuil ensuite. Mais désormais, il était temps que les deux Royce s’appréhendent, qu’elles apprennent à se connaître car les liens du mariage les avaient rapprochés grâce à Andar. Ysilla tenait à être en harmonie avec toute sa famille, elle en avait besoin en dépit de ses seize années.
« Le lac ! L’eau doit y être paisible aujourd’hui, je pense que nous avons bien besoin d’un endroit calme et paisible. »

La jeune jouvencelle poussa sa monture sur le chemin menant au lac qui ne se situait pas très loin de Roches-aux-Runes. Elle connaissait relativement bien les alentours du domaine, Ysilla adorait les balades à cheval, bien qu’elle ne soit pas des meilleures cavalières et le fait d’apprendre à chasser avec les oiseaux de sa famille, lui avait davantage renforcé sa connaissance des lieux en compagnie de ses frères. Désormais, elle pouvait sortir sans crainte de se perdre et sans guide.

Ce fut lady Alys qui brisa le silence et ses mots firent rougir la jeune fille. Elle savait qu’elle était le joyau de ses frères, qu’elle était leur bien le plus précieux. Ils n’étaient pas vraiment objectifs quand ils parlaient d’elle. Seule fille de sa fratrie, et petite dernière, ils avaient se besoin de la protéger, de la choyer et de la faire briller. Ysilla adorait ses frères mais elle regrettait quelque peu qu’ils ne la voient pas vraiment grandir, cependant elle ne leur en voulait pas. Comment le pourrait-elle ? Elle les aimait trop pour cela, et parfois des remarques faisaient naître des situations amusantes où elle pouvait se moquer de ses aînés avec un brin de malice aux fonds des yeux.
« J’ai peur qu’Andar ne soit pas trop objectif, mes frères ont tendance à me mettre sur piédestal. »

Un vent de mélancolie traversa les deux femmes mais Ysilla se ressaisit rapidement, refusant de se laisser abattre.
« J’ai aussi ma part de responsabilité, je n’ai pas vraiment osé venir vous voir, je me trouvais des excuses pour ne pas le faire… Mais je crois que parfois des évènements tragiques nous permettent de resserrer ses liens que nous n’avons pas. Un mal pour un bien. Nous nous souvenons mais il est temps désormais d’écrire ce que l’on désire se souvenir. »

Les mots de sa famille étaient plus que cher au cœur de la jeune Royce, elle portait le souvenir même de leur mère, portant le même prénom. Elle avait vu la mort emporter son père et s’en souviendrait. Elle avait contempler son frère et sa belle-sœur perdre leur enfant et elle s’en souviendrait. Mais elle voulait aussi se souvenir des bons moments.
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