Heavenly Dragons & Abyss Dragons (feat. Aegon Targaryen)

Le départ de Robb pour le Nord me peinait encore en cette journée pourtant agréable. Je revoyais encore le bougre quitter les lieux, tandis que je restais coincé ici pour divers affaires, certes amusantes, mais pas moins mal placées dans mon planning. Je ressentais de ce fait une certaine déception, issue de mon incapacité à l'accompagner, ainsi qu'une certaine jalousie, née de mon désir ardent de voyage... Et sans doute un peu, de posséder une position aussi importante que la sienne.

Quel homme incohérent, dira-t-on. Quoi de plus simple pour un individu aussi insignifiant que mon humble personne, que de s'aventurer à travers le monde aux frais du Lord de sa Maison ?  L’idée ne manquait pas d’attrait, sans compter que mon sang avait coulé dans les veines de grands navigateurs, ce qui me rendrait sans doute tout déplacement en mer aussi facile qu'agréable... Mais l’idée de ruiner un peu plus ma famille, déjà en déclin, me retenait. L’ère ne me permettait malheureusement pas ce genre de frivolités. Si tout allait bien, peut être que dans une ou deux générations, d’autres pourront se le permettre.

Je me tenais donc ici, devant les portes de la salle du trône, supposément vide, vêtu d'un attirail sobre mais élégant. Nul besoin d'en décrire les couleurs ou de mentionner la présence de ma fidèle broche turquoise. J'attendais plus ou moins patiemment mon autre ami, Aegon Targaryen, le Prince qui posera un jour son fessier délicat sur le Trône de Fer, réputé inconfortable. Quelle ironie pour un mal né tel que moi de fréquenter des individus aux statuts aussi hauts que ceux d'Héritier de Winterfell ou des Sept Couronnes, n'est-ce pas ? On se rappellera cela dit plus d’eux que de moi… Les gens retiennent rarement les accessoires des puissants, après tout.

Malgré ces circonstances psychologiques gênantes, tel des nuages devant le soleil, une certaine hâte de le voir gagna rapidement mon âme, accompagnée pourtant d'une légère tristesse, bien évidemment cachée sous mon air espiègle habituel. Je ne manquais pas d’une certaine expertise dans l’art de cacher mes émotions.

Lui aussi s'apprêtait à quitter la capitale crasseuse et indigne que représentait Port-Réal, pour se rendre au mariage de Loras Tyrell et Cersei Lannister. Eux aussi sortaient du bon utérus, bien que je ne les connaissent pas, ou plutôt que la réputation de la mariée retire toute envie de la rencontrer. Qui voudrait de la soeur jumelle d'un régicide, après tout ? Et puis, en considérant son âge assez avancé... Quelque chose devait assurément clocher. Cela dit, je me serais volontiers forcé pour l’aspect politique de la chose. Une enfant du Suzerain de l’Ouest ne se refusait pas.

Quoiqu'il en soit, la perspective de me retrouver seul ici m'ennuyait profondément. Je me sentais également rabaissé, car jamais le gouffre entre mes deux camarades et moi ne s’avéra si important. Enfin, essayons d'oublier ça le temps de notre entrevue. J'aurais ensuite le loisir de me morfondre dans la rage et la frustration, sans doute à coups d'épée dans la salle d’arme.