Beyond the Disease | ft. Cerseï
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Skarithra était vierge de toute empreinte. La veille, elle avait consumé toute son essence, d'une cacophonie incendiaire. Qu'avait-elle fait ? Elle s'en souciait, plus que les autres jours. Parce que cela s'était reproduit. Parce qu'elle n'avait pu repousser le courroux de ses veines. Leur relation, à proprement dite, n'était plus de l'amitié, mais davantage. Elles étaient amantes. Cette idée la révulsa. Elle en avait eu envie pendant des années, et, maintenant le fait accompli, elle avait mal. Terriblement mal. A quoi pouvait-elle s'attendre ? Cerseï ne l'aimerait jamais comme elle l'aimait, comme elle l'avait aimée depuis longtemps. Et elle se surprenait à désirer davantage son amour, à présent. Ses désirs n'avaient pas changés. Ses aspirations ne s'étaient pas réduites. Etait-ce une erreur, ou leur destin ? Rien ne pouvait lui donner de réponse. Elle ne se flagella pas de son acte. Elle ne se maudit pas de l'avoir fait. Car elle ne pouvait blâmer son instinct. Mais elle s'était muée, ce matin, dans un silence impénétrable. Elle était mélancolique. Des souvenirs apparaissaient, par centaines, lui rappelant cet autrefois, plus simple, plus digne. Cette époque où elles n'étaient que de simples amies, et que Skarithra brandissait l'épée pour occulter ses ressentiments. Cette époque où elles se refusaient l'une à l'autre. Cette époque où elles étaient fidèles à leur première nature : celle de deux femmes qui se respectaient mutuellement. L'une n'aurait mis l'autre dans l'embarras. Aujourd'hui, les choses avaient basculé sans qu'elle n'y prenne garde. Sans qu'elle ne retienne leur chute.
Ce soir, elle reverrait Cerseï. Et elle savait déjà que leurs positions seraient des plus fourbes, et des plus difficiles. La Lannister fuirait, sans nul doute. Elle avait raison. Et Skarithra, elle, espérerait bêtement un revirement de situation, elle, s'agenouillerait à ses pieds pour ne pas la perdre. Pour ne pas la voir s'écarter d'elle. Ce nouveau rapprochement était devenu une nécessité, une drogue plus ardue que le lait de pavot, plus encombrante qu'une armure de 100 kilos. Elle était écrasée par sa crainte. Elle aurait du l'être par sa culpabilité. Pourtant, elle ne se sentait pas coupable de ses crimes. Elle n'avait pas réfuté ses désirs. Elle avait fait preuve d'honnêteté. Même si cela les avait conduites au péché. Elle pria, à la pointe du jour. Elle pria les Anciens Dieux et les Nouveaux, pour qu'ils la guident sur sa voie, peu importait alors laquelle, peu importait alors les conséquences. Elle croyait sincèrement que son avenir était déjà écrit. Elle préférait y croire, plutôt que d'assumer ses actes. Elle soupira ouvertement. Ici, entre les murs de cette chambre, elle n'avait nul besoin d'être Lady Skarithra, ou d'être la Dame de Compagnie de Cerseï. Nulle bonne figure n'était de mise. Nul besoin, alors, de paraître enjouée d'un quelconque événement à venir. Perdue entre les lettres que son fils lui avait adressées, elle était mise au pied du mur, et obligée de constater que sa mission était certainement vouée à l'échec. Elle ne sauverait pas Cerseï des griffes de Loras Tyrell. Elle ne la sauverait pas non plus aux yeux de son père. Et pire, elle la réduisait à fréquenter une amante. Chose qui n'aurait jamais du arriver. Pendant quelques minutes, elle se demanda si elle devait continuer à écrire ces quelques mots. Elle doutait.
Skarithra bondit sur sa chaise. La porte s'ouvrit dans un claquement monumental, et avec elle, apparut Cerseï, le visage grave, le regard furibond. Elle n'était venue ici qu'à son arrivée, afin de vérifier que Skarithra n'aurait nul inconfort ici, et pour s'assurer de sa sécurité en ces lieux. Mais la Lannister n'était pas dupe, même ce jour-là, elle savait que Skarithra était plus exposée ici, que dans sa propre chambrée. « Cerseï ! Par les Sept, que fais-tu ici ?! » Elle écarquilla les yeux, pour lui faire comprendre sa surprise, et son désaccord quant à sa présence nouvelle. Elle se leva, et partit fermer la porte à double-tour. « Aurais-tu oublié que beaucoup de gens pourraient se poser des questions, en te voyant accourir dans ma chambre ?! » Elle leva les yeux au ciel, en entamant un grand geste de la main. « Avec une telle entrée, tout le château doit être au courant ! » Mais Cerseï n'écoutait pas. Elle faisait déjà les cent pas qu'elle avait certainement entamés dans sa propre demeure. Skarithra ne comprenait pas un traître mot de ce qu'elle disait. Tout n'était que charabia désarticulé et dénué de sens. « Tu aurais du me demander, je serais venue ! » Elle ignorait pourquoi Cerseï avait traversé les couloirs du bastion pour la rejoindre, mais cette idée était, de toute évidence, complètement stupide. A moins que ceci n'aie pu attendre sa venue. « Calmes-toi, baisses d'un ton, il y a des oreilles qui traînent partout dans cette satanée tour ! » Elle la pria, sans obtenir gain de cause. Alors, elle fit un pas vers elle, et haussa légèrement le ton. « Bon sang, Cerseï ! » Elle commençait à paniquer. Elle allait les faire jeter aux cachots. « Tais-toi ! » C'était la première fois qu'elle se permettait de lui parler de la sorte. Mais c'était peut-être le seul moyen pour qu'elle entende.
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Il était tellement facile de culpabiliser après avoir commis l'irréparable. Il était tellement simple, finalement, de se ronger les sangs après avoir succomber au vice. Et Cersei s'en mordait présentement les doigts. Elle errait, sans but ni dessein entre les parois trop étroites de sa chambrée. Elle en martelait le sol, d'un pas agité et véhément. Elle aurait voulu mutiler l'épiderme contre laquelle Skarithra s'était frottée. Elle aurait voulu arracher cette langue qui avait goûté une eau empoisonnée. Elle aurait voulu s'immerger toute en entière dans l'acide pour ne plus sentir sa fougue par delà les barrières de ses os. Elle jura, une énième fois depuis le début de la soirée. Et elle s'insurgea contre cette passion dévorante qui lui nouait encore les tripes. « Maudit soit cette femme », gronda-t-elle sourdement. C'était gratuit. C'était probablement injuste. Et cela n'était pas totalement honnête. Elle aussi, elle était coupable. Elle aussi, elle avait cédé. Mais Cersei ne l'admettait pas. Non, elle se complaisait dans un déni ridicule. Elle avait conscience, pourtant, de se languir encore de ses caresses. Elle avait conscience, pourtant, d'en être dépendante plus que de raison. Et, une fois de plus, elle grogna. Elle était une Lionne en cage. Elle tournait en rond entre les parois de son cloître, entre les recoins sinueux de ses propres songes. Elle avait beau se débattre, inlassablement, toutes ses cellules la ramenait à Elle.
Elle ne comprit pas immédiatement pour quelles raisons elle déambulait désormais dans les corridors déserts. Les bonnes gens sommeillaient sans nul doute à poings fermés. Et il était bien tard pour une Dame de son rang. Mais, Cersei ne parvenait pas à trouver le repos. Ses craintes étaient viscérales. Elles l'empêchaient d'avoir un quelconque raisonnement. Sans doute fut-ce pour cela qu'elle se dirigea en direction des appartements de Skarithra. Le but de sa venue n'était pas un besoin nécessaire de la rencontrer. Mais, vers qui d'autre pouvait-elle se tourner ? La jeune femme était avant tout l'amie qu'elle chérissait le plus. Alors, Cersei hésita. Elles n'étaient plus des enfants aujourd'hui. Elles ne riaient plus des mêmes jeux. Pouvait-elle donc se pendre à son cou dans l'espoir d'y trouver un peu de sérénité comme elle le faisait autrefois ? Rien était moins sûr. Cersei voulut tourner les talons. De toute évidence, il n'y avait plus rien pour elle à ses côtés, mis-à-part cette ignominie à laquelle elles s'adonnaient ensemble. La réalité lui sauta à la figure, tel un animal féroce et redoutable. Elle avait perdu une alliée. Elle avait perdu l'unique femme qui berçait ses jours de son affection loyale et sans bornes. La colère vint surpasser le reste. Comment Skarithra avait-elle pu lui retirer cela ? Comment avait-elle pu les mettre ainsi dans l'embarras ? Et qu'adviendrait-il d'elles, par la suite, si cela venait à se remarquer ? Cersei papillonna des cils. Ses pensées s'entrechoquaient dans un maelström étourdissant. Il lui fallait s'y confronter. Il lui fallait déverser sa rancœur et son effroi.
Cersei ne prit pas la peine de s'annoncer. Elle s'invita dans les appartements de sa compagne dans un brouhaha de pas et de soupires non-contrôlés. Elle ne la regarda pas. Elle ne l'écouta pas non plus. Elle n'était plus en mesure d'entendre quoi que ce soit. Elle s'agita simplement, comme le ferait un grand félin méfiant, prêt à bondir sur l'univers pour le dévorer. « L'on aurait pu nous surprendre », commença-t-elle sans réellement s'adresser à la femme qui tentait vainement de la prévenir, « L'on aurait pu nous anéantir ! Je ne puis me permettre un tel affront. Je ne puis me permettre un tel déshonneur ! Cersei Lannister et sa Dame de Compagnie. Tu imagines ce que les gens diraient ? Tu imagines un peu ce qui se passerait ? » Cersei pressa sa paume contre son myocarde dont les battements résonnaient en elle avec force. « Nous n'avons pas le droit de faire cela. Nous ne devons pas faire cela. Père te ferait chasser. Et moi... Nous n'avons pas le droit. », répéta-t-elle, sans aucune cohérence dans ses propos, « C'est mal. Et c'est répugnant. Tu es une femme. Et je suis une femme. Quel Dieu pourrait tolérer cela ? Quel Dieu pourrait plaider en notre faveur ? » Cersei aurait aimé retourner la pièce. Sa terreur n'avait plus de limite, comme la colère qui faisait trembler son petit corps de femme. « Nous ne sommes pas n'importe qui. Je ne suis pas n'importe qui. Et quelle Lannister je ferais en baisant avec une femme ? Quelle Lannister je ferais s'ils apprenaient également que j'ai... » Mais elle s'interrompit sous l'ordre qui frappa ses tympans, le souffle court et l'esprit engourdi. Son regard illustra toute la cohue qui s'éveillait en son sein, alors qu'elle le portait enfin sur Skarithra.
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Skarithra se figea. Tout ceci avait un sens, finalement. Et les mots de Cerseï lui revinrent de plein fouet. C'était l'heure des regrets, des remords, des flagellations, de la peur. Après tel événement, il était normal que tout ne soit que désolation, au coeur même de la Lionne Rouge. Skarithra soupira, en secret, préférant demeurer attentive, plutôt que de fuir. A quoi cela servirait-il ? Elle n'en rassurerait pas plus son amie. Elle ne s'en rassurerait pas plus elle-même, non plus. Elle aurait souhaité dissimuler son maque d'assurance. Elle aurait désiré dévier son regard quelque part, dans le lointain, pour ne pas faire face aux conséquences de leurs actes. De ses actes. C'était certainement de sa faute, au fond. Elle avait joué avec le feu. Elle avait pousser Cerseï dans ses retranchements. Elle l'avait presque obligé à céder, en réalité. Si elle l'avait écouté, rien de tout ceci ne se serait produit. Mais... si Cerseï avait respecté ses demandes, peut-être n'en aurait-elle pas fait les frais. Après tout, elles étaient toutes les deux responsables. Et elles étaient toutes les deux victimes de l'autre. Elles s'entretuaient. Voilà où résidait le véritable problème. Elle imaginait bien, oui, ce que les gens diraient. Ils ne cesseraient de se moquer, car leur vie était bien plus palpitante que la leur. Ils les rêveraient, peut-être. Ou leur cracheraient sans vergogne aux pieds, à leur passage. Une vie entière dédiée à la honte. Shame. Skarithra siffla entre ses dents. C'était peut-être ce qui les attendait. C'était peut-être là leur incommensurable fin qui venait pour elles. Et Cerseï n'était pas prête à cela.
Rien ne plaidait en leur faveur. Rien, ni personne. Qui, dehors, les défendrait ? Qui, dehors, les pardonnerait ? Milles paires d'yeux se poseraient irrévocablement sur elles, et les briseraient. Oui, Skarithra serait chassée. Pire encore, peut-être, pour avoir été infidèle aux lois de Westeros, aux lois de l'Ouest. Elle serait châtiée, pour avoir poser ses mains contre le sein de la fille de Tywin Lannister. Peut-être serait-ce même lui qui viendrait la battre d'un coup d'épée. Et Cerseï n'en ferait rien. Et Skarithra n'en demandait pas plus. C'était le risque qu'elle avait décidé de prendre. Cerseï n'y avait pas réfléchi. Elle s'était simplement comporter comme une fillette insolente. Et elle regrettait. Et elle paniquait. Et Skarithra ne lui en voulait pas. Elle savait qu'elle viendrait, tôt ou tard. « Les Dieux se fichent bien de ce que nous faisons. » Elle le pensait. Avaient-ils eu simplement la bonté de les regarder, durant leur minuscule existence ? Existaient-ils, au final ? La foi était difficile à supporter, dans de telle situation. Elle était ardue à aimer, lorsque rien ne semblait prendre de sens. Skarithra avait tant imploré, durant son enfance. Qu'on lui trouve une autre voie, qu'on la punisse, qu'on lui accorde miséricorde, elle ne se souvenait même plus de tous ses souhaits. Et aucun n'avait jamais été exaucé. Pas même celui de ne jamais revoir Cerseï Lannister, cette femme qui lui brisait le coeur.
Skarithra s'installa à son bureau, y posa son coude, inspira. Elle allait devoir faire face à aux démons de Cerseï. A leurs démons. « Ont-ils été miséricordieux lorsqu'ils ont ôté la vie de ton frère ? » Non, et Cerseï le pensait également. Elle le lui avait trop souvent répété. Skarithra l'avait longuement bercée contre son sein, lorsqu'elle était venue pleurer son jumeau contre elle. Elle secoua doucement la tête. Plus rien n'avait de sens. Ni les Dieux, ni elles, ni personne. « Je sais. Pour Jaime. » A son regard, déconfit, elle comprit que cela étonnait Cerseï. S'attendait-elle à ce qu'elle lui jette les premières pierres ? S'attendait-elle à être punie, reniée ? Mais il n'y avait rien de tout cela, en Skarithra. Elle lui offrit un léger sourire, sincère. « Je l'ai toujours su. » Elle ne le lui avait jamais demandé. Elle n'en avait jamais parlé. Ce n'était jamais le moment. Et ce n'était pas digne d'une amie, que de mettre sa complice devant telle vérité, sans l'y préparer. Skarithra se demandait si Cerseï s'en était douté. Mais elle ne posa aucune question. Elle n'avait nullement besoin de savoir ce que Cerseï ressentait. Elle concevait, au fond, sa totale perte de contrôle. « Je n'en ai jamais fait part à qui que ce soit. » Ni à ses parents, ni à ses enfants. Ni à ses amis, ni à ses ennemis. Jamais elle n'aurait trahie Cerseï. Jamais elle n'aurait trahie Jaime, qu'elle adorait, lui aussi. « Je ne vous ai jamais blâmé. » Et là non plus, elle ne mentait pas. « Vous vous aimiez. Vous partagiez le même sang, le même amour. Qui aurais-je été pour vous punir d'un acte aussi pur que celui d'aimer ? » Et, même si Jaime avait encore été en vie, elle n'en aurait rien dit. Elle les aurait admiré, pour avoir tant de courage. Pour s'aimer, tel qu'ils s'aimaient. Elles les auraient enviés, car leur amour était sincère et pur. Comme avant. « Personne ne le saura jamais. Comme personne n'apprendra pour ce que nous avons fait. Sauf si tu continues à hurler comme cela à tout va. » Elle lui lança un regard inquisiteur, et teinté d'un léger amusement. « Et, il me semble, que tu n'as baisé personne. » C'était une touche plutôt drôle, à son goût. Mais Skarithra avait l'art de l'humour noir dans de très mauvaises situations. « Tu pourrais plaider le viol, et tout le monde te croirait, car, comme tu le dis si bien, tu es plus importante que ma misérable personne. En particulier à tes yeux. Je ne m'inquiète guère de ton sort, tu as un don inné pour te sortir des situations les plus ardues. Le mien, au contraire, me tourmente davantage. J'ai aussi un nom, souviens-toi, et mes enfants le portent. Au-delà de nos deux charmantes personnes, j'ai également un héritage auquel il me faut penser. » Elle lui désigna une chaise, tout en attrapant quelques confiseries dans le bocal prévu à cet effet. « Ta situation est loin d'être désespérée. Maintenant que je t'ai fait le bilan de la mienne, voudrais-tu te calmer, et t'asseoir ? Tu me donnes la nausée, à valser dans ma chambre comme un corbeau dans sa cage. »
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Cersei clignotait des yeux, comme ahurie par tout ce qu'elle venait de déverser. Dans son hystérie, elle avait manqué d'évoquer enfin Jaime. Elle n'en avait jamais parlé. L'un et l'autre s'étaient obstinés à garder le secret. Qu'auraient-ils pu faire, de toute façon, seuls face au reste de l'univers ? Leur relation avait été un parjure, elle le savait. Pourtant, Jaime eut envie, à plusieurs reprises, d'avouer leur horrible péché. Loin de lui l'idée de les blâmer pour cela. Il avait été simplement fier de l'enlacer comme un véritable chevalier. Mais il n'en avait rien montré. Elle le lui avait interdis. Cersei en avait pourtant été honorée, elle aussi. Seulement, elle avait compris, depuis le premier jour, que leur union n'aurait rien de louable au regard des Dieux. Quelques fois, elle n'était plus certaine que tout ceci fut réel. Cela faisait trop longtemps, maintenant, qu'elle gardait en elle ce mystère. Et, de ne l'avoir jamais expressément déclaré la poussait à croire qu'elle n'avait fais que rêvé tout cela. Alors, lorsque Skarithra le formula pour elle, Cersei dut se faire violence pour ne pas choir sur le sol. L'iode lui brûla la rétine, une fraction de seconde seulement, le temps que l'ombre de son frère ne disparaisse de ses songes. Elle savait. Cette certitude l'apaisa du poids qu'elle portait désormais seule, depuis que Jaime n'était plus là. Son sourire fut triste lorsqu'il se tissa timidement sur ses lèvres roses. « Jaime », souffla-t-elle simplement, le cœur douloureusement serré entre ses côtes.
Cersei ne fit pas l'étalage de ce qu'ils avaient vécu ensemble. D'ailleurs, elle ne la remercia même pas pour avoir gardé tout cela en son sein. Elle n'était pas encore prête à s'en épancher. Alors elle baissa simplement les yeux, joignant ses mains devant elle comme pour se protéger d'une quelconque riposte. « Ce que nous avons fais, n'est pas acceptable. » Cersei ne sut pas véritablement s'il était question de son amour incestueux, ou s'il s'agissait, au contraire, de ce qui se passait présentement. Dans tous les cas, cela revenait sans doute au même. Skarithra avait peur, elle aussi. Elle n'y avait pas songé. Comme souvent, elle ne s'était préoccupée que de sa petite personne. Elle détourna les yeux lorsque la jeune femme invoqua son propre trépas. Sans doute risquait-elle plus qu'elle-même dans toute cette folle histoire. Ainsi, si cela devait être démasqué, Cersei la perdrait également. Elle secoua légèrement ses cheveux d'or, espérant chasser cette douloureuse évidence. Pourquoi s'étaient-elles engagées dans cette voie si la fin se devait être funeste ? C'était absurde. Elles n'étaient que deux adolescentes capricieuses; voilà l'unique vérité. Elles n'avaient pas appréhendé l'après, l'instant où elles s'écrouleraient enfin pour leur infamie. Cersei inspira bruyamment alors qu'elle sentait la nausée poindre le bout de son nez. Elles étaient idiotes. Elles étaient inconscientes. Et, maintenant, elles n'avaient plus qu'à prier la miséricorde des anciens et des nouveaux Dieux.
Cersei prit place sur la chaise désignée. Les mains toujours croisées devant elle, elle ne disait rien. Toute la gravité de leur situation reluisait dans ses grandes prunelles bleues. Skarithra n'avait pourtant pas totalement tort; nier les faits seraient aisés pour elle. Mais ce n'était pas cela qui, présentement, lui broyait le thorax. C'était une autre vérité, bien plus noire encore. « Tu sais que je n'hésiterais pas », déclara-t-elle gravement, « si l'on doit en arrivé là, je n'hésiterais pas. » Et Elle ne mentait pas. Elle ne prendrait pas le risque de tout perdre pour elle. Alors s'il fallait crier au viol, Cersei le ferait. Elle ne s'en excusa pas. De toute évidence, cela n'avait pas sa place ici. Elle ne fut pas non plus honteuse de la prévenir. Elle était simplement honnête, pour la première fois de son existence. Ce qu'elle ne dit pas en revanche, c'est qu'elle ne voulait pas être réduite à cela. « Nous ne devons plus faire cela », conclut-elle. Non pas parce qu'elle le désirait. Mais parce qu'il était plus sage d'agir ainsi pour leur sécurité. Quelque chose se brisait en elle sans qu'elle n'en comprenne les véritables raisons. Alors, Cersei s'emmura derrière son éternel masque de givre. Ses traits se durcirent et, bien vite, elle ne fut plus la femme qui frémissait quelques jours plus tôt sous les doigts de Skarithra. Il n'y avait plus que cela à faire désormais. Il n'y avait plus que le vide et le néant à présenter à la face du monde.
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