Le murmure des sauterelles | Garlan & Jeyne
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Le murmure des sauterelles
semaine 1, Lune 9, an 298
Garlan & Jeyne
Les faucons s’élancèrent dans les airs à grands cris. Leurs longues ailes brunes battaient furieusement le long de leur corps, laissant les plumes claquer à mesure qu’ils s’éloignaient jusqu’à ne devenir que deux minuscules points noirs dans l’azur clairsemé de blanc.
La main en visière pour se protéger du soleil, Jeyne les observa disparaître tandis que leurs pépiements ne devenaient plus que des rumeurs dans le bois accueillant entourant Cendremarc. Grâce aux Sept, la journée était belle et les températures agréables. Les rayons du soleil cléments se frayaient sans mal un chemin à travers les longues branches effilées des bouleaux et des peupliers aux feuilles rondes et veinurées comme des papiers d’origami que l’on aurait déployés. La lumière mouchetait le large dos de son père qui chevauchait devant elle, au côté de Lord Marpheux. La jeune fille, légèrement en retrait et curieuse de voir jusqu’où les oiseaux de proie pouvaient voler, ne les avaient pas vu repartir.
C’est un appel de son frère ainé qui la ramena à elle. Avec un « oh ! » de surprise elle talonna son destrier, un vieil hongre un peu fainéant qui avait autrefois appartenu à feu sa grand-mère Clegane. L’animal avala lentement l’espace qui la séparait de Raynald et d’Addam Marpheux, plus attiré par la présence de ses congénères que par l’ordre de sa cavalière.
« Ne reste pas à la traine, » lui conseilla la voix bienveillante de l’héritier des Ouestrelin. « Tu risquerais de te perdre. »
L’adolescente acquiesça avec un sourire.
Les deux Lords semblaient en pleine discussion et leurs voix leur parvenaient nettement, bien que les mots qu’ils prononçaient restaient inintelligibles. Ils semblaient ne pas prêter grande attention ni aux faucons ni aux chiens qui courraient devant eux, la truffe en alerte et les oreilles dressées. La chasse n’était qu’un prétexte pour profiter de l’air estival et du bois paisible. S’ils tombaient sur du gibier et bien tant mieux. Sinon, tant pis.
Jeyne n’était pas une familière de la chasse à l’oiseau de proie. Et encore moins de la chasse tout court. Pourtant, aujourd’hui, elle avait proposé de les accompagner, simplement car elle n’avait pas le cœur à rester seule enfermée dans le château des Marpheux alors que le soleil brillait et qu’elle pourrait profiter d’une promenade dans une sylve qui manquait si fort autour des terres battues par les vents de Falaise.
La conversation entre Addam et Raynald était cordiale, mais pas encore amicale. Contrairement à leurs pères, les deux jeunes garçons ne se connaissaient pas réellement et la nature laconique et brute de l’aîné des Ouestrelin n’aidait pas forcément à facilement tisser des liens. Cependant, tous deux étaient des héritiers et partageaient des idées communes. Et lorsque les mots manquaient, la brune n’hésitait pas à glisser une phrase accommodante pour relancer la conversation. L’ambiance était bonne. Elle ne regrettait pas d’avoir accompagné son père jusqu’à Cendremarc.
Soudain, un aboiement creva l’atmosphère paisible de la sylve et Jeyne vit les muscles des montures de son frère et d’Addam se tendre. Le sien, en revanche, resta parfaitement inerte et continua sa lente marche, comme si de rien n’était.
Comme une apparition, un incroyable cerf détala devant eux, ses sabots battants furieusement la terre sèche. La meute n’hésita pas une seule seconde à se jeter à sa poursuite. Tout se passa si vite que l’adolescente eut à peine le temps de cligner des yeux que déjà, les chevaux se mirent à courir. Mais son hongre, lui, en décida autrement. Malgré ses petites talonnades, il ne se montra pas plus réactif. Il s’arrêta même pour secouer sa crinière noire et mâcher son mors.
« Oh, allez ! » lui demanda-t-elle d’une voix suppliante. « Ils vont nous semer ! »
L’animal renâcla.
Lorsque Jeyne, leva le nez, elle était seule dans le sous-bois. Les hommes s’étaient précipités à la suite du gibier, soudainement bien concentrés sur leur chasse sans se préoccuper de savoir si elle suivait bien ou misant sur le fait qu’elle le ferait.
Une pointe de panique lui serra la poitrine. Ses doigts se serrèrent sur les brides de cuir alors qu’elle jetait des regards furtifs de ci, de là, s’attendant à voir apparaître les Marpheux ou sa famille. Mais rien.
S’obligeant à ne pas s’inquiéter, elle se mit en tête de suivre les traces de sabots laissées par les chasseurs. Malheureusement, elle n’était pas une pisteuse émérite, loin de là, et bientôt il lui fut incapable de distinguer quoique ce soit dans cet enfer de verdure où rien ne ressemblait plus à un arbre qu’un autre arbre.
Avec effroi, elle se rappela soudain les choses que lui avait dites sa mère sur les pauvres âmes égarées en forêt. Elles finissaient soit par se faire attaquer par des brigands soit tuées au détour d’un chemin par des assassins qui rôdaient à l’ombre des frondaisons.
Mais, les chiens allaient la trouver, pas vrai ? Ils allaient bien finir par remarquer son absence, cela était certain.
Avec un soupir fébrile, elle pinça les lèvres, crispée sur sa scelle.
Un petit ruisseau l’accueillit au-delà d’une ligne d’arbre, finissant de couper ses espoirs quant à l’idée de suivre les cavaliers. L’eau aurait effacé toutes les traces.
Fataliste, elle se laissa glisser le long de son destrier et prit soin de l’attacher à un tronc proche, bien qu’elle douta qu’il ne s’échappe. Elle s’agenouilla près du ruisseau et recueillit un peu d’eau dans le creux de ses paumes pour se désaltérer. Dans les hautes herbes, on pouvait entendre les bruissements des sauterelles, comme des centaines de murmures.
Un bruissement dans son dos lui fit faire volte-face, les yeux agrandis par la peur. Elle était incapable de se défendre en cas d’attaque et ne possédait rien qui puisse l’assister dans ce sens.
« Qui va là ? » demanda-t-elle d’une petite voix.
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Le murmure des sauterelles
semaine 1, Lune 9, an 298
Jeyne & Garlan
Une visite diplomatique à la maison Marpheux, voilà l’objectif de leur voyage d’aujourd’hui. Enfin si on pouvait parler d’aujourd’hui, ça faisait un bon moment que la troupe avançait, ils devaient déjà avoir une bonne semaine de retard. Garlan allait devoir faire ses plus plates excuses à Lord Marpheux une fois arrivé, lui qui était si ponctuel d’habitude, il n’aimait pas du tout ça. Mais bon, dès qu’ils auraient atteints leur destination, il ne pourrait pas faire autrement, ses hôtes devaient se demander ce qu’il faisait, peut-être étaient-ils inquiets, peut-être s’en fichaient-ils également. Il ne pouvait guère le savoir, mais bon c’était la moindre des politesses. De plus, il était bien trop courtois pour faire comme si de rien n’était.
Pourtant, ils n’étaient pas partis de Hautjardin avec un quelconque retard sur la date prévue, ils avaient de bonnes montures et de quoi se sustenter pour le voyage. Bien qu’ils eurent profité de l’hospitalité des seigneurs Bieffois qui leur offrirent volontiers le couvert et le gîte pour la nuit, ils ne s’étaient pas attardés dans les cités des Terres de l’Ouest, sachant pertinemment qu’ils avaient déjà commencé à accumuler du retard. Cela aurait été agréable de faire la connaissance des gens de cette région, mais ils n’avaient guère le temps. De plus, le gros bémol dans l’histoire, c’est qu’aucun homme de la troupe ne s’était rendu dans ces terres auparavant. Bon, Garlan avait beau ne pas être mauvais en géographie et cartographie, il fallait dire que sans un guide, c’était assez délicat. Ils durent alors demander leur chemin à des paysans qui étaient en train de diriger leur troupeau de bœufs. Les Bieffois s’étaient alors dis que l’affaire était dans le sac et qu’ils allaient rattraper le temps perdu, mais non. Ils eurent plutôt l’impression de faire un détour.
Enfin bon, on avait confié cette tâche à Garlan. Son père lui avait dit que Lord Marpheux était une bonne connaissance et que c’était important de maintenir de bonnes relations entre les deux maisons. Le Galant s’était alors demandé si ce n’était pas plutôt sa grand-mère qui avait des intérêts derrière une telle manœuvre, cependant il n’exprima pas sa pensée et s’exécuta. Si c’était pour le bien des Tyrell après tout… Il aurait voulu emmener sa femme avec lui, mais son père avait souhaité qu’il s’y rende le plus rapidement possible. Au vu du retard qu’ils avaient accumulé, elle aurait très bien pu faire partie du voyage, elle lui manquait déjà.
A leur départ du Bief, une pluie battante avait rendu leur avancée plus pénible, mais maintenant dans l’Ouest, les rayons du soleil s’immisçaient entre les feuilles des arbres pour venir éclairer leurs visages. Ils étaient sept en tout, une toute petite escorte, de quoi voyager rapidement, en temps normal du moins ! Même si Garlan était un bon bretteur, il ne pourrait rien faire contre une dizaine d’individus fondant sur lui d’un seul coup. En plus, son nom de famille n’était pas n’importe lequel, il ne pouvait pas faire un tel voyage seul, ça aurait été imprudent de sa part, les membres de sa maison ne l’auraient également pas permis. Cela faisait un bon moment qu’ils ne s’étaient pas arrêtés quand un des chevaliers avait remarqué un détail :
« -Ser Tyrell, on dirait qu’il y a eu pas mal de passage dans le coin. Peut-être sommes-nous bientôt arrivé à destination… »
Le second fils de Mace leva sa main pour ordonner à ses hommes de s’arrêter, il rejoignit le chevalier de tête en donnant quelques talonnades à son destrier. Des traces fraîches. Vraisemblablement un bon petit groupe, des traces plus petites pouvaient indiquer la présence d’animaux également. Une partie de chasse peut-être, mais il ne pouvait pas en être certain. Des traces semblaient également s’éloigner des autres, un des gardes mit fin à sa réflexion :
« - Sûrement un m’dit chasseur avec chez clébards ! Pas d’quoi fouetter un chat, chi v’voulez mon’ vis, Ser Tirel. »
Il tourna son visage vers lui, il le connaissait, c’était un garde qui servait sa maison depuis bien des années, quelqu’un de confiance. Avec un cheveu sur la langue comme vous vous en doutez, enfin à ce niveau, c’était plutôt une touffe. Peut-être avait-il raison, mais ça pouvait être tout comme rien. Ses instincts se réveillèrent, peut-être que quelqu’un était danger, peut-être que des bandits étaient passés par là. Il voulait en avoir le cœur net pour ne rien regretter plus tard.
«- Autant s’en assurer, de tout de façon au point où on en est, la maison Marpheux peut bien encore nous attendre une demi-journée… » Il fit signe vers la destination des plus importantes traces de pas. «-Suivez cette piste , je vais suivre l’autre , si ça ne donne rien, on se retrouve ici. »
Les gardes se regardèrent et talonnèrent leurs montures pour suivre les traces des chasseurs. Quant à Garlan, il suivit les traces qui s’éloignaient du sentier, une personne seule vraisemblablement. Après plusieurs minutes de chevauchée, il se décida à descendre de sa monture et à attacher une rêne à une branche pour ne pas que son cheval se fasse la malle. Garlan pourrait suivre la piste bien plus facilement à pied, il entendit le murmure d’un ruisseau non loin d’ici, les traces semblaient s’y diriger, c’était donc également sa destination. En s’approchant, il vit une silhouette, le soleil l’éblouissait, elle était impossible à identifier. Le Bieffois ne voulait pas prendre de risque, sa main droite cercla son fourreau, son pouce poussa la garde pour faire apparaître l’acier, alors que sa main gauche vient se refermer sur la poignée, prêt à dégainer si cette personne était hostile.
Les rayons du soleil furent bloqués par les arbres et cela lui permit de voir à qui il avait à faire, une femme, qui semblait avoir été surprise par son arrivée d’ailleurs. Garlan se décontracta, desserrant son emprise sur le fourreau de son épée, il mit ses mains vers l’avant pour montrer qu’il n’avait aucune intention malfaisante :
« Ce n’est guère prudent pour une dame de se promener ainsi seule… »
Il marqua une courte pause, il devait se présenter, question de politesse. Il se pencha légèrement vers l’avant, sourire bienveillant, il reprit :
« Ser Garlan Tyrell, second fils de Lord Mace Tyrell. Et vous-êtes ? »
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Le murmure des sauterelles
semaine 1, Lune 9, an 298
Garlan & Jeyne
Les doigts noués dans sa robe brune aux teintes cacaotées, Jeyne était pétrifiée. Chaque tremblement, chaque frisson de cette forêt autrefois accueillante était désormais perçu comme une menace sourde. L’environnement baigné d’une lueur douce et chaleureuse s’était mué en sylve sauvage où chaque recoin pouvait receler un danger. Jamais elle ne s’était sentie plus désarmée, plus vulnérable qu’à cet instant précis. Elle aurait tôt fait de voir jaillir des branchages une horde de brigands édentés et analphabètes, trop gangrénés par la cupidité et la violence pour l’épargner. En particulier lorsqu’ils se rendront compte qu’elle ne possédait rien. Car la Ouestrelin avait beau faire partie de la noblesse, sa famille n’en demeurait pas moins modeste et elle était persuadée que ses vêtements humbles n’intéresseraient personne. Or, c’était bien tout ce qu’elle avait sur le dos. Ni or, ni bijoux, ni tissus rares.
Une terrible pensée lui étreignit la gorge. N’allaient-ils pas se venger, si elle ne pouvait rien leur donner ? N’allaient-ils pas la violer ? N’allaient-ils pas lui dérober sa pureté ? N’était-ce pas encore la seule chose qu’elle avait et qui avait une quelconque valeur ? Elle avait entendu une des aides cuisinières de Falaise en parler, un jour, alors qu’elle secouait les plumeaux ménagers en compagnie des autres. Une de ses lubies du moment résidait en l’art délicat d’aller cueillir des champignons à la tombée de la nuit, la lumière diaphane de la lune ayant des propriétés curatives. Ce fut lors d’une de ses expéditions qu’elle se fit attaquer. Depuis l’incident, la pauvre domestique s’était considérablement renfermée et elle avait fini par se pendre dans sa petite masure. Sa sœur était venue en informer le lord le lendemain. Allait-il lui arriver la même chose ?
Ces pensées défilèrent dans sa tête en moins d’une seconde, mais il lui semblait être restée une éternité figée, le regard sondant les bois.
Jaillissant des fougères, un homme, la main serrée autour de son épée, fit son apparition.
Le cœur de l’adolescente jaillit de sa poitrine pour venir se bloquer dans sa gorge. Elle ne prit pas le temps de l’observer plus en détail que son corps et ses réflexes réagissaient déjà pour elle. Elle jeta ses mains en avant, dans une tentative désespérée de se protéger –comme si la chair tendre de ses paumes pouvait rivaliser avec le fer acéré d’un estoc-, et recula brusquement de quelques pas.
Elle ne remarqua jamais le purin frais que son destrier avait abandonné là avant qu’elle ne l’attaque et dans lequel son talon s’enfonça avec une allégresse non dissimulée. Avec une expression figée de surprise, la Ouestrelin sentit son corps basculer en arrière –sensation la plus désagréable qui soit- et elle tomba les fesses dans la rivière glacée. Par chance, elle eut le temps de mettre ses bras dans son dos pour amortir la chute et même si ses doigts s’éraflèrent sur les pierres de manganèse tranchantes de cours d’eau, elle eut le mérite de ne pas s’enfoncer un peu plus dans la terre meuble du ruisseau.
Mortifiée, Jeyne resta abasourdie quelques secondes, à toiser l’inconnu qui n’avait finalement pas l’air aussi terrible qu’elle se l’était imaginée. Sa main avait quitté la garde de son arme et son sourire avenant ne lui donnait guère l’air d’un bandit assoiffé de richesses. Par ailleurs, sa tenue était riche. Certainement pas celle d’un forban errant dans les bois.
Sa robe ayant trouvé le moyen de remonter jusqu’à ses genoux, exposant ainsi ses chevilles et ses mollets à la terre entière, la jeune fille se releva rapidement, bien que péniblement, dans une symphonie de clapotis alors que le revers de ses jupes était gonflé d’eau. Avait-elle un jour vécu une situation pareille, qui aurait aisément pu devenir synonyme de gêne dans un recueil de mots ? Jamais. Et elle devait porter son désarroi sur son visage. Malgré la froideur de la rivière, ses joues s’étaient enflammées, prenant des teintes semblables à celles d’une citrouille trop mûre et il serait évident de le remarquer, malgré son sourire, qui tenait plus de la grimace, d’embarras.
« Pardonnez ma maladresse, » murmura-t-elle, affligée.
Avec précaution, elle prit bien garde à ce que, cette fois, son jupon recouvre bien intégralement son corps. Tout était allé si vite que peut-être, peut-être, l’étranger n’avait pas eu le temps de remarquer ses jambes nues. Jeyne s’en persuada. Sinon, elle ne serait jamais capable de le regarder en face.
Son regard se détourna, comme pour chercher ses accompagnateurs, bien qu’aucun bruit ne vienne trahir leur présence proche.
« Je ne suis pas seule… » tenta-t-elle de se défendre. « J’accompagnais mon père, mon frère ainsi que Lord Marpheux et son fils. Mais nous nous sommes perdus lors de la partie de chasse. »
L’eau qui grimpait le long des tissus et les rendait lourds venait lui glacer le bas du dos et elle se faisait violence pour ne pas claquer des dents. Aussi, son ton était rendu fébrile de froid et de timidité.
Le nom Tyrell fit immédiatement écho dans son esprit. Son attention se reporta sur lui et elle le toisa avec de grands yeux ébahis. Les couleurs concombre et pistache décorant le blason de son pourpoint ainsi que la rose dorée de métal dont les pétales étaient froissés à la manière d’un magnifique origami étaient autant de pistes qu’elle aurait dû remarquer. La honte n’en fut que plus grande.
« Tyrell ? » bégaya-t-elle. « Je… Je suis enchantée, c’est un honneur. »
Elle avait du mal à comprendre comment un des fils de Mace Tyrell pouvait se trouver ici. N’étaient-ils pas dans les Terres de l’Ouest, perdus au beau milieu d’un bois ? Avait-elle chevauchée si longtemps qu’elle se trouvait dans le Bief ? Non, cela n’avait pas de sens.
« Je suis Jeyne Ouestrelin, fille de Lord Gawen Ouestrelin, » se présenta-t-elle à son tour.
Il était impossible qu’il connaisse sa famille. Aussi, se sentit-elle obligée de rajouter :
« Vassaux de Lord Tywin Lannister. »
Elle se dépêtra comme elle put pour sortir du ruisseau, ses bottes mouillées glissant sur les roches plates bordant la berge. Elle ne sentait déjà plus ses orteils.
« Vous êtes vous perdu, vous aussi ? » demanda-t-elle d’une petite voix.
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semaine 1, Lune 9, an 298
Jeyne & Garlan
Garlan n’aurait pas cru faire peur à quelqu’un un jour, mais on dirait bien qu’il fallait une première fois à tout. A son apparition, elle parut totalement paniquée, désorientée et surtout des plus maladroites. La jeune femme leva ses mains vers l’avant comme pour se prévenir d’un coup venant de sa part, il n’avait aucune intention malhonnête à son égard, elle devait se méprendre totalement. Dans sa maladresse et en ne regardant pas où elle m’était les pieds, elle sembla glisser sur le purin frais laissé par son destrier. Le chevalier fit un pas en avant, sa main tendu vers elle comme pour la rattraper, mais trop tard, pas assez rapide.
Elle tomba les fesses en avant dans le ruisseau, la scène était assez comique et il n’eut s’empêcher de lâcher un bref gloussement. Pour éviter de la mettre plus mal à l’aise au vu de sa situation, Garlan détourna un temps le regard pour ne pas la gêner davantage. La pudeur était un sentiment des plus importants des dames de leur société, il devait respecter cela. Il reporta son attention sur elle lorsqu’elle s’excusa de sa maladresse. Excuse inutile, après tout, si elle s’était retrouvée dans une telle posture, c’est qu’elle l’avait jugé comme une menace. Il ne s’était pas montré très amical pour le coup, mais il fallait dire qu’il était assez tendu. Le Tyrell pensait tomber sur un ou plusieurs brigands, pas une jeune fille seule. Il ne savait même pas ce qu’elle faisait là… Il se crut bon de rattraper le coup :
«- Ce n’est pas à vous de vous excuser, gente dame. Mais à moi, si j’ai pu vous effrayer par mon arrivée soudaine, veuillez accepter mes excuses les plus sincères… »
Ella affirma n’être pas seule et que des membres de sa famille n’étaient pas là. Les yeux du bieffois s’écarquillèrent lorsqu’il entendit le nom de Marpheux. Le seigneur et son fils. Le but de son voyage. Au vu de sa robe, elle devait probablement être une noble, elle s’était vraisemblablement perdue lors de la partie de chasse, au vu de la maladresse qui marquait chacun de ses mouvements, ce n’était guère étonnant qu’elle se soit égarée… Elle rebondit sur son nom de famille et sembla être très embarrassée de ne pas l’avoir remarqué plus tôt, elle se présenta enfin, levant le voile sur son identité.
Voyant qu’elle était encore empêtrée dans son maudit ruisseau, il tendit vers elle une main salutaire pour l’aider à sortir de ce bourbier :
« Tout l’honneur est pour moi, Lady Ouestrelin. »
Perdu ? Non il se pensait capable de retrouver son chemin, du moins il l’espérait, sinon il aurait l’air d’être un idiot. Il regarda derrière lui pour être sûr du chemin qu’il avait emprunté pour venir jusqu’ici et répondit :
« Non, du tout. Je devrais retrouver assez facilement le sentier par lequel je suis venu. Du moins je l’espère… Mon père est une ancienne connaissance de Lord Marpheux et afin de garder de bonnes relations entre les maisons, une visite de courtoisie s’imposait, donc me voilà… »
Sa dernière voix n’était pas pleine d’entrain, c’est le moins qu’il pouvait dire. Après tout, il aurait préféré rester à Hautjardin, le point positif est qu’il voyait du pays. Il espérait que les Marpheux valaient un tel déplacement, mais après tout il n’avait pas son mot à dire. Son statut de second fils ne lui permettait pas de remettre en question les commandements de son seigneur, juste d’obéir. Sur un ton plus enjoué, il lui demanda :
« Quant à vous Lady Ouestrelin ? J’espère que je ne me montrerais pas trop indiscret en vous demandant quel lien vous unit à la maison Marpheux ? »
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