For the Night is dark and full of Terrors- Melisandre/Cletus

Melisandre d’Asshaï,

Vous ne me connaissez pas. Mon nom est Cletus de la maison Allyrion. Je vous écris pour quérir une rencontre, et ce dans les plus brefs délais. Ma requête vous paraîtra sans doute rudement présentée et même discourtoise, présentée de la sorte. J’ai cependant de bonnes raisons de penser qu’elle est à même d’éveiller votre attention, et votre intérêt.

Il y a un an, je ne connaissais rien du Maître de la lumière, sinon ce que les rumeurs peu flatteuses en rapportaient. Le culte du Dieu Rouge n’a guère atteint Dorne, aussi j’avais pour seule idée de ce Dieu que l’image d’une foi dangereuse, et même malfaisante. Un mal. C’est ainsi que tout ceci était perçu dans la principauté. Et pour tout dire, je serai hypocrite si je prétendais ne pas avoir alors pensé la même chose. Et bien qu’à cette époque je portais le même regard que mes compatriotes sur ce culte, j’ai dû faire face à une vérité qu’il m’est encore difficile d’appréhender aujourd’hui, des lunes après. Je ne croyais pas à toute cette magie des prêtres rouges, que je prenais comme beaucoup qui n’en ont pas été témoins direct pour de l’esbroufe, de la poudre aux yeux pour convaincre les âmes qui cherchent à placer leur foi dans la moindre preuve de divin qui leur serait donnée. Mais j’ai vu dans les flammes, de la même façon dont on disait que les guides de ce culte en étaient capables. C’est à Volantis que j’ai pour la première fois entendu parlé de vous, pour découvrir que vous étiez cette « Femme Rouge » si proche du Roi Viserys Targaryen, et désormais de son neveu Aegon. J’ai appris auprès des prêtres du Temple du Maître de la Lumière, mais quelques lunes ne suffisent guère à la maîtrise du don du Dieu Rouge, comme me le rappelle les cicatrices et la faiblesse que m’a coûté mon ambition et mon aveuglement.
                                                                     

A Melisandre d’Asshaï,

Votre réponse arrive alors qu’une nouvelle arrivée il y a quelques jours déjà vient de me condamner à changer quelque peu mes projets.
Je ne peux vous mentir quant au fait que mon cœur et mon âme n’ont toujours pas trouvé ce qui a déjà amené tant d’hommes et de femmes à consacrer leur foi au Maître de la Lumière. Les quelques lunes que j’ai passé à Volantis ne m’ont guère permis que d’entrevoir ce que le pouvoir des flammes peut accomplir lorsque le Dieu Rouge en fait don à quelqu’un, sans pour autant m’apporter la réponse que chaque Homme cherche lorsqu’il se réfugie dans une croyance plus ou moins sincère envers tel ou tel dieu. Si le culte des Sept a baigné mon enfance et a fait la réputation de la Maison Allyrion, ma mère n’a jamais réussi à me transmettre la dévotion qu’elle-même porte à ces divinités. Comprenez bien que j’ai grandi sans compter sur l’existence d’une force supérieure à la nature humaine, ou même sur l’existence de la magie. Le Don des flammes est la première preuve qui m’a été donnée, pourtant cela est encore insuffisant pour que mon esprit accepte l’idée d’un Dieu. C’est bel et bien de l’aide que je cherche auprès de vous, je ne vous ferai pas l’affront de prétendre croire au Maître de la Lumière.  Mais si ce dernier m’a accordé ce don, peut-être est-ce vous qui êtes destinée à m’amener à croire en lui.
Les récents évènements d’Harrenhal ne vous ont donc pas échappé. Hélas ils auront coûté à ma famille plus que ce que vous n’avez déjà pu entendre, quand désormais nous savons ce que le Prince Doran a décidé pour notre sort. Lui qui avait choisi ma sœur pour représenter Dorne, quand le dernier membre de ma famille à s’être vu honoré de ce titre avait été assassiné sous les yeux de la Jeune Reine, pour une insulte il nous a privé de nos droits de commercer, condamnant ma famille mais aussi le peuple vivant sur nos terres à sombrer peu à peu si jamais il ne revenait pas sur sa décision. La dernière mesure prise par le Prince me concerne personnellement. Sans doute dans le but de s’assurer que ma famille ne porte plus atteinte à l’orgueil de la Reine Targaryen, il m’envoie à Port-Real en tant que pupille. « Pupille ». Un terme bien poli, quand, au vu de mon âge, je ne vois pas d’autre mot que celui d’otage pour qualifier ma nouvelle situation.
Je compte me rendre à Port-Real par voie maritime. Je serai donc à Peyredragon d’ici quelques jours, cette lettre me devancera.