Le Deal du moment : -39%
Pack Home Cinéma Magnat Monitor : Ampli DENON ...
Voir le deal
1190 €


Les vieilles amitiés peuvent être utiles. ft. Daemon Sand

Invité
Invité

Anonymous

Informations
Personnage
Badges


   
# 
Les vieilles amitiés peuvent être utiles
Lune 8, an 300

Patrek avait assister au banquet, puis au tournoi. Il avait vu de ses propres yeux le traitement envers le bâtard, pour une insulte dont l'Aigle de Salvemer avait lui-même ri. "Putain malfaisante". Cela manquait de poésie mais on ne pouvait pas en attendre tant d'un dornien doublé d'un bâtard.

Aux yeux de nombreux, ce dit-bâtard était vu comme un ennemi désormais. Pour Patrek, ce n'était jamais que deux mots. Quant à Rhaenys Targaryen, l'Aigle l'avait déjà sortie de mauvaises situations à Port-Réal lorsqu'elle n'était encore qu'une douce princesse, la douce princesse qui s'était fait bousculée par le peuple. Patrek était intervenu cette fois-là, insultant par la même occasion les membres du Guet pour leur flagrante incapacité à faire leur travail correctement. Patrek avait été dès lors bien considéré par la princesse. Car de tout temps, Patrek ne supportait pas la violence envers les femmes, ces créatures qu'il adorait et mettait souvent sur un piédestal. A l'unique condition que ces femmes ne soient pas leur supérieur hiérarchique. C'était sa limite ; soit une femme, soit belle et tais-toi. Elles pouvaient avoir de l'esprit, mais lui dire quoi faire ? Et puis quoi encore ? Depuis que Rhaenys avait failli à sa parole, ce qui avait manqué d'achever la vie palpitante du conflanais lors du combat contre les Îles de Fer, Patrek avait une certaine rancoeur. Qu'était une reine qui manquait à sa parole ? Qu'était une reine qui ne venait pas en aide à ses alliés ? Comment une reine pouvait-elle prétendre vouloir l'amitié du royaume du nord si elle ne venait pas les aider lorsqu'ils avaient besoin d'elle ?

Il avait nombreux défauts mais sa rancune était l'une des pire. Quand l'Aigle avait une idée dans la tête, impossible de lui en défaire. Alors autant dire qu'une fois qu'il avait quelqu'un dans son viseur, on ne le retirait pas. Alors autant dire que s'il avait une rancoeur contre Rhaenys Targaryen, il chercherait d'autres excuses pour alimenter sa colère. Et le tournoi avait été l'excuse parfaite.

Membre du conseil restreint d'Elbert Arryn, il avait été vite mis aux faits. La Reine du Sud avait agit dans le Nord sans attendre l'avis du Roi du Nord, elle avait fait mutiler un dornien en plus de les exiler. Il aurait pu tolérer l'exil - après tout, cela ne le concernait pas. Mais mutiler pour une insulte ? Oh, il ne la blâmerait pas de mutiler pour asseoir son règne, Patrek avait fait couper nombreuses mains à Salvemer, les mains des maris qui violentaient leur épouses. Mais couper une langue pour deux mots ? Excessif. Mais surtout, Targaryen. C'était triste de se dire que Rhaenys n'avait pas échappé à la folie de ses pairs. Aerys, Rhaegar, Viserys, Rhaenys désormais, même Daenerys aurait pu finir ainsi avec l'âge. Des fous à bannir. Comment pouvaient-ils encore avoir le droit de gouverner sur Westeros, il se le demandait bien.

Lorsqu'il avait appris ce qu'avait osé faire Rhaenys, il avait été aussitôt trouver Valena Allyrion pour lui transmettre ses pensées. Valena était une vieille amie, cela n'était donc aucunement par profit pour l'un comme pour l'autre, ils se connaissaient depuis une bonne décennie. Et puis, les moeurs de Dorne étaient différentes, les femmes pouvaient gouverner mais elles étaient chez elles, ce n'était donc pas à Patrek de faire des leçons de morales déclarant qu'une femme n'avait pas sa place comme seigneure. Autre région, autre moeurs, ce n'était pas chez lui et il acceptait donc ce qui en découlait. Toujours est-il qu'il avait parlé avec son amie et avait choisi de l'aider. Leur régions étaient très lointaines mais aucune amitié n'était bonne à jeter, aucun soutien n'était à abandonner. Patrek connaissait du monde après tout, à travers Westeros. Autant que cela serve, autant que ses années à rendre quelque services et connaître du monde lui serve, autant que ses années à mettre son nez dans les affaires des autres sans qu'ils ne s'en rendent compte lui serve. Et dire qu'on l'avait pris pour un idiot, s'ils savaient.

" Bien, les frontières ne sont plus très loin. "

Sur son cheval, il avait tenu à raccompagner ses amis jusqu'à la frontière.

" Je crains que tout ceci ne soit que le début. Cela ne s'arrêtera pas là et il va falloir rester fort. "

Il jetait un coup d'oeil au bâtard depuis son cheval. Le gamin qu'il était en avait vu de belle, il venait d'apprendre son accident dans l'Orage et maintenant la langue... Il connaissait bien le caractère des dorniens, il avait eu ce même caractère avant d'être seigneur. Sans doute à Dorne cela serait passer, mais la reine du Sud n'avait rien de dornien sinon la mère, elle ne pouvait donc pas savoir comment les choses se passaient à Dorne. Patrek y avait passé tant d'années, il avait même une dornienne à ses côtés à Salvemer, une seconde était servante. Il se souvenait donc en permanence de comment les choses étaient là-bas.
Invité
Invité

Anonymous

Informations
Personnage
Badges


   
# 
Les vieilles amitiés peuvent être utiles

An 300 Lune 8



Patrek&Daemon


Le tambourinement régulier et chaotique des sabots sur le sol gelé le berçait. Il se repaissait du silence. Ses yeux étaient aussi froids que l'air de l'Hiver qui touchait sa peau et demeuraient fixés droit devant lui. A chaque foulée de sa monture, le choc réveillait la douleur qui était tapie derrière ses dents. A chaque foulée, Daemon luttait contre les grognements souffreteux qui brûlaient sa gorge et qui menaçaient de faire perler une larme au coin de son regard. Les sourcils froncés, plus rigide que d'ordinaire, il tenait ses mains crispées sur les rênes tandis qu'il tentait de discipliner ses pensées. Trop souvent ces derniers jours elles l'avaient ramené entre les hauts murs noirs de la forteresse, dans cet écho glacial qui avait accompagné le mouvement de la lame et parmi ses cris qu'il ne reconnaissait plus comme étant les siens. A la fureur avait succédé l'affliction, puis la colère. Glaciale, tout comme la lassitude qui -il en était lui-même surpris- commençait à étreindre son coeur à l'énième ressassement de ce sanglant souvenir.
A se sentir soudainement si vieux, comme finalement voûté par le poids de ses erreurs, le Sand apprivoisait lentement la sécheresse nouvelle qu'il ressentait dans ses tripes, où les flammes qui y avaient si souvent fait naître la fougue semblaient s'être recroquevillées en autant de braises cachées sous un épais manteau de cendres.

Malgré tout cela, le regret était absent de ses pensées, bien que la culpabilité commença à s'y faire une place confortable alors que les jours passaient et que l'ombre des sanctions du Prince de Dorne se rapprochait. Pendant un court instant, ses yeux revinrent vers la chevelure corbeau de sa soeur qui chevauchait devant lui. Déglutissant difficilement, le brun ruminait ses sombres pensées, tentant de saisir l'étendue des dégâts de son indiscipline plutôt que de la remettre en doute. L'hypocrisie n'était guère dans sa nature. De tout temps, il avait été un menteur exécrable, et l'art de la manipulation comme celui de la diplomatie lui avaient échappé constamment comme du sable filant entre ses doigts.
Pourtant, on avait bien tenté de lui apprendre: quand il apparaissait, en public, à titre officiel, il n'était pas censé être lui-même. Or, il n'y avait jamais eu de consigne plus périlleuse à lui donner que celle qui consistait à se plier à ce que les autres attendaient de lui. Quand on insinuait qu'il devrait tenir son rang de premier né du respectable et respecté Ryon Allyrion, lui n'avait jamais entendu qu'une prière pour faire honneur à son statut de vedette prompte à créer l'évennement. Comme un encouragement joyeux à être, une fois de plus, la petite célébrité de la famille. Instable, scandaleux, profondément individuel, il n'avait jamais calculé ni même pris totalement conscience de l'impact que son comportement pouvait avoir sur les gens autour de lui. Il n'y avait que lui, et sa propre satisfaction à avoir su briller et à les avoir tenu-sa fratrie, et tous les autres- dans son ombre quelques minutes de plus. Un plaisir éphémère, et facilement renouvelé.
En se perdant dans ce cercle vicieux, il avait oublié une vérité. Une vérité toute simple, et qui était pourtant si facilement éclipsé par ce statut qui était devenu symbole même de sa réputation. Bâtard ou non, il était l'ainé et l'avait toujours été. C'était lui qui aurait du protéger ses cadets et non l'inverse. Pas Valena, et encore moins Cletus. Lui seul.

Auparavant, l'esquisse d'une réalité si frappante et si  honteuse lui aurait inspiré bien des piques pour couvrir son embarras. La situation était on ne pouvait plus différente. Maintenant qu'il ne pouvait plus qu'approuver ou désapprouver d'un signe de tête les paroles que l'on voudrait bien lui adresser, le Sand était désormais forcé d'écouter ce qui se disait et d'y payer une attention jusque là inédite dans sa jeune vie.
Perché sur son grand alezan, il ne perdait pas une miette de ce qui lui passait sous les yeux. Le froid l'avait forcé à remonter son écharpe sur le bas de son visage pour protéger son nez de l'air glacial. Le tissus ne cachait qu'en partie la marque laissée par la correction princière qu'il avait reçue quelques jours auparavant. De sa pommette gauche jusqu'au bas de sa mâchoire s'étalait un bleu en un spectaculaire dégradé de couleur allant du mauve profond au jaunâtre. Ajouté à cela sa prime cicatrice qui lui couvrait l'oeil, l'on eut dit qu'il avait été roué de coups. Quoique sa fierté eut dit à ce moment-là, le Sand avait l'air profondément misérable. Il aurait volontiers rit de ce souvenir et de son apparence, si seulement l'idée d'ouvrir la bouche ne lui rappelait pas sans cesse que les circonstances ne se prêtaient guère aux plaisanteries, même les plus noires.
La voix de l'homme qui chevauchait près de sa soeur attira soudain son regard pâle vers ce dernier. Sa silhouette muette le dévisagea calmement alors que le Lord Mallister se tournait sur son cheval pour le regarder. Confrontant son regard au sien, il se contenta de le détourner après quelques instants ne pouvant guère réfuter les dires du Conflannais. Cet homme était, à en croire les récits qu'on lui en avait fait, un vieil ami de sa cadette.  Il avait passé une grande partie de sa vie au sein de la patrie du Sand et, parait-il, avait séjourné quelques années auparavant entre les murs de la Grâcedieu. Peut-être s'en souvenait-il, peut-être que non. Peut-être seule la stupeur de ces derniers jours empêchait le bâtard de fouiller correctement sa mémoire à la recherche du visage pourtant remarquable du nordien, avec ses pommettes acérées et son regard perçant. Se butant à garder son regard de glace ancré sur l'horizon brumeuse, Daemon guida néanmoins subtilement sa monture a la seule fin qu'elle se rapprocha de celle de l'aigle de Salvemer, désireux d'écouter ce que celui qu'il savait d'ors et déjà loyal à Valena avait à leur dire. La frontière approchait, et chaque minute passée aux côtés d'un ami lui semblait plus précieuse que jamais.


© DRACARYS
Invité
Invité

Anonymous

Informations
Personnage
Badges


   
# 
Les vieilles amitiés peuvent être utiles
Le seigneur regardait les dorniens puis les contrées qu'il ne connaissait que trop bien. Les deux faisaient presque tâches dans ce décor gris et morne. C'était dommage d'en arriver là pour resserrer les liens, c'était dommage d'en arriver là pour que les hommes et femmes se rendent enfin compte de qui gouvernait le royaume du Sud. Les Targaryen étaient tous similaires aux yeux du Mallister. Cruels, vifs, plus prompt à faire couler le sang qu'à la réflexion. Le Mallister ne pouvait pas se clamer être le meilleur seigneur, mais jamais il n'aurait coupé la langue d'un bâtard pour une insulte. Si sa dame avait été insultée, il aurait sans doute demandé des explications et fait taire la personne, mais il y avait tant d'autres moyens pour faire taire que couper la langue.

" Cette Rhaenys n'avait pas d'ordres de la sorte à donner dans le Royaume du Nord. Mais après tout, ce sera elle qui s'opposera à Dorne en ayant blessé l'un de vous. Nous avons essayés durant nombreuses lunes de garder de bons contacts avec le Royaume du Sud. Je me demande comment cela sera possible désormais. J'ai tenté de garder pour moi ma rancune, cela fait presque une année après tout, que les méfaits sont arrivés. Mais c'est un enchaînement regrettable de fautes diplomatiques. J'en viens à me demander si dans cette histoire, nous n'avons pas été les seuls à essayer de rester en paix. J'en viens à me demander si la Targaryen n'oublie pas qu'elle n'est reine que dans son royaume et non pas dans le Royaume du Nord. J'en viens à me demander si la Targaryen désire tant la paix que cela. Qu'elle ne la désire pas ne serait guère étonnant, compte tenu de ses origines et de la folie de ses pères. Nous verrons bien comment cela se passera, comment les choses tourneront. Je compte sur vous pour me tenir aux faits. Un corbeau ou deux, seront les bienvenues. Les amitiés sont rares, il faut les préserver. Les véritables amitiés, s'entend. Si éloignés sommes-nous, il faut garder le soutien de nos amis. Peut venir le moment où nous n'aurons plus que cela, mais où cela vaudra bien plus que certaines personnes et certains conforts. "

Les amitiés, le soutient, cela vaudrait mieux qu'un toit au dessus de la tête si toutes les personnes vivant sous ce toit voulaient votre malheur. Les étendues étaient vastes et inoccupées, un calme plat régnait. Il n'y avait plus ces perpétuels oiseaux dans le ciel ni-même ces animaux parcourant les plaines. C'était signe que l'Hiver était fort bien avancé, songeait le lord. Ses yeux vifs scrutaient les horizons, mais il n'y avait personne, juste eux. C'était un temps à rester chez soi, à limiter les voyages de plus en plus. Se limiter au nécessaire, puis au strict nécessaire. L'Hiver descendra jusqu'au Conflans, c'était indéniable. Il l'avait vu lorsqu'il était au Nord, chez les Mormont puis lorsqu'il avait descendu le Nord sur un cheval, jusqu'à Salvemer. Il regrettait déjà le sable chaud de Dorne et d'une façon, il enviait les dorniens de retourner chez eux, même si ce retour ne serait pas de tout repos.

" Je ne puis vous accompagner jusqu'à vos frontières. Mais j'ose espérer que votre retour se fera dans le calme. Si vous comptez passer par le Bief... "

Il retenait un soupir. Il avait appris il y avait peu ce qu'il s'était passé pour le patriarche Allyrion, peu avant ce qu'il s'était passé pour Daemon dans l'Orage. C'était son amante, Lysandra, qui lui avait appris la nouvelle, puisque celle-ci gardait ses liens avec sa famille à Dorne. Il l'avait appris peu avant le tournoi et n'avait pas pu partager ses condoléances, alors c'était maintenant qu'il le ferait, trouvant le moment toujours plus approprié que lorsqu'ils étaient au banquet ou au tournoi.

" Toutes mes condoléances pour votre père. C'était un très grand homme. "
Invité
Invité

Anonymous

Informations
Personnage
Badges


   
# 
Les vieilles amitiés peuvent être utiles

An 300 Lune 8



Patrek&Daemon

Malgré le tissus sombre qui couvrait son nez, le souffle du dornien créait des panaches de buée qui étaient ensuite entrainés par le vent tel que l'étaient ceux des chevaux. La morsure de la brise était atroce. Le bâtard exécrait la sensation de l'air glacé coulant dans ses poumons, gelant sa poitrine et sa gorge qu'il sentait irrité par delà la douleur du châtiment. Et dire qu'il avait entendu les nordiens plaisanter d'un tel climat. Ce froid, paraissait-il, était presque brûlant comparé à ce qui les frapperait dans quelques semaines à peine. Etait-ce vraiment possible? Il préférait ne pas y penser. Bientôt il retrouverait les douces températures de Dorne, où la fraîcheur était recherchée et non omniprésente comme sur ce pays étrange et froid. L'humidité apportée par les nombreuses rivières n'était qu'un fléau de plus et lorsqu'ils s'étaient arrêté quelques heures auparavant pour reposer leurs montures, il avait fallu s'y prendre à plusieurs pour convaincre le Sand que les eaux sombres et glacées ne tueraient pas son cheval transpirant. Le seul contact de cette glace liquide l'avait horrifié. Jamais il n'avait touché quelque chose d'aussi froid, pas même le plat de sa lame. Et ils voulaient désaltérer ses précieux animaux d'un tel liquide! Daemon avait néanmoins du s'y plier, et c'était avec une inquiétude mal dissimulée qu'il avait regardé ses juments boire l'onde comme si elles étaient en train d'avaler des couteaux. Les animaux n'étaient pas morts, et ils avaient finalement repris la route, non sans qu'il apporta une attention renouvelée à l’état de ses bêtes.

Le givre sous les sabots de sa monture crissait régulièrement, laissant un chemin brun de terre retournée sur l'herbe gelée que la compagnie montée parcourait. Ses mains gantées se crispèrent un bref instant sur les rênes lorsque le Mallister prononça le nom de celle qui l'avait privé de la parole et un voile sombre couvrit son regard. Il ne pouvait qu'approuver les paroles de l'aigle. L'écho de ses mots avait cependant quelque chose de rassurant. L'homme n'était pas beaucoup plus agé que lui ne l'était, mais il avait l'impression que son avis sur la question avait une valeur toute particulière à son esprit fougueux qu'il savait immature par bien des égards. Peut-être était-ce ses traits qui le faisaient paraître plus agé qu'il n'était, ou encore sa position dans le royaume du Nord, ou le timbre clair de sa voix. Quoiqu'il en fut, s'il ne regardait pas son interlocuteur, il écoutait presque religieusement le moindre mot qui s'écoulait de sa bouche.
Le Sand avait tant été absorbé par sa colère que le sentiment d'injustice avait aveuglé son jugement sur le système immense pour lequel il n'avait été, au fond, qu'un grain de sable génant. Maintenant que le Conflannais le formulait clairement, Daemon réalisait enfin le silence du Régent du Nord. Et il ne sut trop qu'en penser sur le moment. Cette affaire lui avait parue personnelle plus que royale, d'un enfant de Dorne à une autre, et il en avait oublié l'étendue des pouvoirs des gens auxquels il s'était opposé. Le brun n'était pas du genre à chercher la protection d'autrui -sa fierté le poussait indéniablement à toujours se porter garant de lui-même- et encore moins celle d'un Roi qui n'était pas le sien. Le Arryn devait avoir ses raisons pour ne pas s'être opposé à l'autorité de la fille de Rhaegar, cependant un reniflement méprisant vint conclure concretement le fin de cette réflexion. Qu'ils se débrouillent entre eux! Cracha-t-il dans son esprit. Les jeux des couronnes ne l'interessaient guère.
A la promesse qu'il fit d'un acquiescement du menton au Mallister de lui envoyer des corbeaux, il ne crut guère lui même. Le Sand n'était pas friand de l'attente insupportable auquel était soumis celui qui attendait de voir la réponse arriver, il préférait de loin la confrontation directe. Hélàs, il imaginait bien qu'il devrait désormais s'y plier à plus forte raison maintenant qu'il était privé de sa langue et que les moyens pour lui de s'exprimer étaient maintenant rares, et délicats. Comme ce langage étrange dont lui avait parlé le Nordien aux yeux verts. Apprendre ne faisait pas peur au Sand, mais il doutait fort de la patience du mestre de la Grâcedieu à son égard. Serait-il seulement capable de lui enseigner?

La jument rejetait sa tête couronnée de cuivre en arrière lorsque la voix de l'aigle se fit plus basse, faisant tourner la tête du Sand dans sa direction. Un retour dans le calme était la seule chose à laquelle aspirait les ardents représentants de la Grâcedieu. Seulement, l'arrivée, loin de lui évoquer le moindre repose, serrait le coeur du bâtard. Il avait quasiment grandi à la cour de Lancehélion, et avait appris à observer le comportement et les manières du Prince, à défaut de souvent les comprendre. Ce qui lui faisait notamment craindre de remettre le pied sur le sol de sa patrie était la main particulièrement leste de Doran lorsqu'il s'agissait d'imposer des punitions. Reviendrait-il uniquement pour repartir, banni comme Oberyn, comme Nyméria? Une pensée fit courir un frisson glacé le long de son dos, crispant ses épaules. Et s'il tournait son courroux sur l'ensemble de la Grâcedieu? Valena avait, après tout, été la voix de Dorne durant le tournoi.Le vieil homme supportait mal que l'on se moqua de son autorité, Daemon le savait pour l'avoir défié plusieurs fois à sa manière. C'était triste à dire, mais il redoutait ces mots que la cousine d'Arianne avait envoyé à Lancehélion plus que tous les brigands qu'ils pourraient jamais croiser sur leur route. L'évocation du Bief, quant à elle, ferma davantage l'expression déjà farouche du Sand.

Une légère surprise se dépeint néanmoins sur son visage enturbanné lorsque l'aigle de Salvemer lui présenta ses condoléances pour son père. Comme cela serait désormais l'habitude, il demeura silencieux, jetant un bref regard au dos de sa soeur comme pour savoir si elle avait entendu elle aussi, et si elle souhaitait y répondre. Ne percevant aucune réaction de sa part, il tourna à nouveau son regard bleu vers celui, perçant comme celui d'un rapace, du Lord. Baissant un instant les yeux et inclinant la tête, il articula un "merci" silencieux. Silencieux comme la campagne blanche autour d'eux.




© DRACARYS
Contenu sponsorisé


Informations
Personnage
Badges


   
#