-14%
Le deal à ne pas rater :
Apple MacBook Air (2020) 13,3″ Puce Apple M1 – RAM 8Go/SSD 256Go
799 € 930 €
Voir le deal


"Odds are, you won't like what it is" (pv Oberyn Martell & Valena Allyrion )

Invité
Invité

Anonymous

Informations
Personnage
Badges


   
# 
"Odds are, you won't like what it is"

An 300, lune 7, lendemain du procès



Oberyn & Valena & Daemon



Fini. Le procès était terminé. Depuis une heure, ou des jours, le jeune homme n'aurait su voir aucune différence. Sa longue silhouette se tenait droite près du feu qui crépitait, et crachait des étincelles chaque fois que la chaleur caressait la sève encore fraîche. L'une de ses mains s'appuyait sur la structure austère de l'âtre, accordant l'équilibre à son corps encore engourdi par le lait de pavot, tandis que l'autre tenait en son poing fermé  le linge tiède dont il se servait régulièrement pour éponger le sang qui perlait au coin de ses lèvres.
Dans ses yeux les flammes qu'il fixait dansaient, colorant d'ombres mauves et sanguines le bleu lumineux de ses pupilles.  La pièce qu'ils avaient occupé, sa sœur, son frère et lui, paraissait plus dépouillée que jamais, privées des malles dorniennes qui étaient désormais fermées et prêtes à prendre la route vers leur patrie dès le lendemain, aux premières lueurs de l'aube. Pourtant, il s'en était fallu de peu pour qu'ils ne partirent plutôt le soir-même, à la faveur de la nuit. La honte et la colère étaient deux poids que le jour rendait plus lourd encore à porter pour leurs épaules voûtées par le profond sentiment de défaite qui avait terni l'humeur de la délégation à la paume dorée. Les mines des soldats vêtus de rouge étaient renfrognées et étrangement pâles. Ceux qui gardaient la porte offraient des visages austères aux passants qui passaient, curieux et intrigués, dans le couloir sur lequel ouvrait leur chambrée. Leurs pas feutrés ralentissaient, ou encore se pressaient en frôlant de si près la famille en disgrâce. Ils seraient l'attraction d'un soir, peut-être d'une semaine, avant d'être oublié au profit de ce monde qui avançait trop vite pour ceux qui refusaient d'abandonner leur passé et leur rancune. Les machoires du bâtard se crispèrent.

Sa gorge le lançait, et il lui semblait que le feu de la lame n'avait pas quitté son palet. Son sang battait à ses oreilles, plus fort que la pluie au dehors, lançant et lançant encore des éclairs d'une douleur lancinante derrière ses dents. Il n'y avait que le silence. Omniprésent. Plein. Assourdissant. Le moindre bruit lui sautait à la gorge avec un fracas du tonnerre. La plume qui caressait nerveusement le parchemin que sa soeur remplissait au bureau paraissait presque gratter le papier juste contre son oreille. S'il n'avait pas tant été pris de la stupeur qu'avait inscrit en lui l'exécution de la sentence, sans doute aurait-il senti des larmes de rage irritée remonter jusqu'à ses yeux.  
Sitôt qu'elle lui avait été ôté, tranchée comme un morceau de viande, il avait été saisi par ce seul sentiment qui le hantait désormais. Sans sa langue, il se sentait désarmé.
Privé de ce bouclier de mépris et de cynisme qu'il avait fait sien, il n'avait plus d'autre choix que d'affronter la réalité telle qu'elle était. Et elle était froide comme les murs qui l'entouraient, dégoulinante d'humidité et de pourriture, et par les sept, le temps! Chaque seconde ralentissait sa course, retenait sa marche avec une lenteur de vieillard sénile capable de le rendre fou! Que n'aurait-il donné pour trouver une remarque, ou même une simple constatation à jeter dans l'air ténébreux pour occuper ce vide, ne serait-ce qu'un maigre instant. Mais comment? Il n'allait tout de même pas s'abaisser à hurler comme un animal blessé. L'heure de se jouer du monde réel à coups de piques venimeuses et arrogantes était bel et bien révolu. Il appuya finalement son coude sur l'âtre, ses doigts allant masser l'arrête de son nez comme pour chasser ce flux de pensées qui l'intoxiquaient.

Quelque part dans ce monde absurde où il n'aurait plus voix au chapitre, il entendait la voix sévère de son père qui l'accusait."Pourquoi t'es tu comporté de cette façon? Tout ce qu'il te suffisait de faire était d’acquiescer et de t'incliner." Il n'aquiesçait au propos de personne, pas plus qu'il ne s'inclinait répondait son orgueil braqué. "Toutes ces années à étudier près de moi ne t'ont donc rien appris?". Si, répondait une voix sèche et butée dans son esprit."Ah oui?" Répondait ce père résiduel. Défendre son honneur, ne jamais mettre le genou à terre, voilà ce qu'il estimait avoir appris. S'il avait jamais entendu son père rire, sans doute aurait-il entendu cette probable hilarité éclater à ses oreilles. "C'est à cela que tu as pensé, tout seul comme un grand? A monter la reine, et tous les nobles de son royaume contre toi? Combien de jours t'a-t-il fallu? Deux? Dès le premier pas qui t'a mené jusqu'ici tu apportais le désastre et la ruine. Tu avais décidé de les apporter. Regarde." Enveloppé dans ses pensées, le Sand se butait à ne regarder que le feu comme s'il eut rêvé que les flammes dévorèrent tous ces derniers jours et que rien ne se fut jamais produit.  "Regarde le fruit de ton orgueil." Ses machoires se resserrèrent et cette conversation fantôme lui semblait d'autant plus réel qu'il avait déjà vu tous ses reproches dans les pupilles de cendre du lord. Il les avait vu tant de fois, alors que ses manières teintées de déception lui accordaient froidement le pardon à chaque pas de travers, pour quelles raisons? Au nom de quel mérite? "Vas-tu encore prétendre que cela faisait partie de ton plan? Tu n'as jamais mûri depuis que tu as franchi les portes de la Grâcedieu pour devenir la vedette que tu t'ai plu à incarner." Daemon aurait aimé pouvoir répondre à cette nouvelle injonction. Mais il ne trouva rien. Rien que la plus criante et risible des vérités. Cela faisait si longtemps qu'il connaissait ces reproches, et cela faisait si longtemps qu'il les avait évité comme autant d'obstacle dont il s'était moqué, pensant pouvoir tout faire à sa manière, sans l'aide de personne. Il était acculé,  et sa famille avec lui. Sa voix ne pouvait plus couvrir l'écho des critiques. "Tu veux le titre de ta soeur? Tu seras un Lord épouvantable, le pire de tous et le plus dangereux. Sans titre ni aucun pouvoir tu as réussi à devenir le fléau de ta patrie alors que l'Hiver approche. Abandonne. "

Un poids soudain s'abattit sur son coeur alors qu'il jetait un coup d'oeil furtif à la lady vêtue de rouge. Qu'écrivait-elle encore? Il l'ignorait. Peut-être était-ce ce en lien avec ce que le Régent avait bien pu leur dire, à Cletus ainsi qu'à elle, peut-être que non. Et lui, d'ailleurs, qu'avait-il dit? Non. Il s'en fichait. Rien ne lui importait. Rien de ce qu'ils pouvaient penser ne lui importait,  qu'il soit ou pas digne de la Principauté,  il se foutait d'être faible à leurs yeux ou d'être un vaurien. Il se foutait des sujets de cette reine, comme il se foutait des cancans qu'alimenterait son malheur dans les semaines à venir.
Il n'avait plus que le silence pour exprimer son indifférence totale face aux doutes et aux critiques à la lumières desquelles il ne souhaitait que réaffirmer son détachement. Il y avait plus important désormais que sa petite réputation, qui ne pouvait plus être sauvée. Son égoisme avait autrefois été la cause de bien des soucis, mais jamais les conséquences ne s'étaient étendues au-délà de sa personne. Lorsque son arrogance l'avait poussé à demander la main de la Princesse, quel mal avait-il fait? Aucun. Quand son emportement et son impétuosité l'avaient jeté dans les flammes pour secourir sa cousine, il n'avait jamais été que le seul à en pâtir. Le seul? Non. Sa famille avait porté son fardeau avec lui, et sa famille l'avait aidé à le supporter, puis finalement à s'en débarasser. Et pour les remercier, le célèbre Bâtard de la Grâcedieu les avait entrainé dans le plus grand echec diplomatique qu'ait connu Dorne depuis des années. Peu lui importait le mépris dont il était la cible, et peu lui importait les menaces qu'il avait lu dans les prunelles grises de la Main de la Reine. Son sang lui paraissait d'un froid glacial tandis que le sentiment que sa vie ne lui appartenait plus désormais s'imposait dans ses veines comme une austère résignation.
La salive ensanglantée envahissait sa bouche. Il jetait un crachas taché de cramoisi dans les flammes lorsque la porte s'ouvrit soudain. Son visage se détacha des flammes pour poser un regard amer sur le Prince qui venait d'entrer.

© DRACARYS
Invité
Invité

Anonymous

Informations
Personnage
Badges


   
# 
Odds are, you won't like what it is

An 300, lune 7, lendemain du procès



Daemon&Oberyn&Valena

La plume grattait frénétiquement le papier. L’écriture nerveuse de la lady de la Grâcedieu s’étalait, noire et penchée sur le parchemin. Les lettres se déliaient alors que la main brune se crispait à chaque mot qui la faisait grimacer, menaçant de briser le calamus opalin. Humiliation. Mutilation. Punition. Il lui semblait encore que le sang sombre de son frère poissait ses phalanges et qu’elle en laissait les traces alors même que ses paumes effleuraient le parchemin. Elle appuyait avec plus de colère et plus de hargne encore lorsque ses gestes secs traçaient les nouveaux surnoms de Rhaenys. La Cruelle. L’Irréfléchie. La Puérile. La simple idée de sentir sa présence indésirable rôder à Harrenhal, derrière les murs qu’habitaient encore pour quelques heures les Allyrion, donnait envie à Valena d’aller l’étrangler elle même. Elle lui prenait tout. Elle lui avait tout pris. L’impression d’être une malheureuse libellule battant des ailes et se tortillant désespérément entre les mains capricieuses d’une enfant grassouillette et gâtée la hantait. Prenait-elle un malin plaisir à tourmenter sa famille ? S’amusait-elle à les tourmenter ? Après avoir assisté à la mort de leur père sans qu’elle ne bouge le petit doigt, voilà qu’elle se décidait à agir et ce pour arracher la langue de son frère ? Pour siffler menace sur menace ? À quelle point sa petite tête était-elle dérangée ?

La silhouette élancée, mais légèrement voutée, de Daemon n’attirait pas son regard, mais le simple fait de sentir sa présence silencieuse l’angoissait. Sa respiration trouble et trop profonde la faisait grincer des dents. Parle ! Parle ! aurait-elle voulu hurler. Insulte-moi ! Rends moi folle ! N’importe quoi, mais parle ! Je t’en supplie ! Elle voulait l’entendre, cette voix moqueuse et cynique, à la fois nonchalante et si vive. Elle voulait l’entendre résonner dans cette pièce rendue glaciale de silence. Elle voulait l’entendre vibrer dans sa gorge comme le signe d’une victoire remportée. Mais la quiétude uniquement brusquée par le crépitement des flammes noyait les appartements d’un mutisme insupportable.

Agitée, elle laissa tout de même ses yeux parcourir la missive. Un œil extérieur aurait pu sentir l’ire qui déformait les lignes brusques et raturées. Malgré la douceur insufflée dans le nom de sa mère et les tentatives désespérées de formes mises pour lui faire avaler la nouvelle, il ne faisait aucun doute que cela l’achèverait. Deria ne s’était jamais remise de la mort de son époux. Elle ne se remettrait jamais du ce nouveau poignard enfoncé entre les côtes de sa famille. Poignard toujours planté par cette même main haïe. La Ferboys vomirait son chagrin. Sa fille unique ne parvenait cependant pas à s’imaginer la réaction de sa génitrice lorsqu’elle lirait sa lettre. Se mettrait-elle, comme elle, dans une colère noire et dévastatrice ? Accueillerait-elle cela sans un haussement d’épaules, l’âme déjà sèche de larmes ? Ou alors sangloterait-elle en s’enfonçant encore plus loin dans l’humeur noire qui ne la quittait plus depuis des lunes et des lunes ? Elle avait été entourée par ses fils et l’héritière lorsque le corps de Ryon était revenu sans vie du Bief. Mais aujourd’hui, elle serait seule. Isolée à la Grâcedieu tandis que ses enfants blessés boiteraient jusqu’à Dorne en grimaçant. Valena aurait préféré le lui dire de vive voix. Elle aurait aimé ne pas la laisser encaisser le choc sans qu’elle ne soit à ses côtés pour la soutenir. Mais les rumeurs circulaient vite et elle devait l’apprendre par son aînée plutôt que par une bouche étrangère. Cela lui éviterait probablement une souffrance supplémentaire. Probablement.

Dans un soubresaut, le bâtard lâcha une glaire rouge. Les flammes protestèrent une seconde sous l’injure avant de se taire et la brune crut y voir une mauvaise imitation de la Reine Rhaenys, bien qu’elle ne douta pas une seule seconde que les bûches eurent plus de jugeote qu’elle. Cette folle était bien capable de déclencher une guerre. Une guerre pour si peu. L’on parlait de la fierté de Daemon, mais celle de la Cruelle était bien plus dangereuse et vicieuse. Car son demi-frère n’avait jamais rien pris pour acquis. À la différence de la fillette couronnée, Ryon ne l’avait pas élevé pour en faire un enfant capricieux et irréaliste.

Elle s’apprêtait à se redresser pour cacheter la lettre lorsque la porte s’ouvrit à la volée, dans un craquement sonore qui jura avec le silence environnant. Par reflexe, la dornienne se releva d’un bond, renversant au passage son encrier qui s’écrasa au sol dans un fracas de verre. Le noir gorgeait à peine le plancher humide qu’elle était prête à vociférer, persuadée que la Reine envoyait des hommes pour venir les cueillir.

Pourtant, aucun homme en armure blanche ne se tenait là, lame sortie, prêt à les empoigner. Ses sourcils se froncèrent devant la silhouette du Prince Oberyn. Il était bien la dernière personne qu’elle s’était attendue à revoir ici, dans de telles circonstances. Exilé, pour avoir volé au secours de sa nièce. S’il avait pu se retenir cette fois là, s'il avait obéi, pensa-t-elle. La catin serait peut-être morte. Son fou de frère l’aurait achevée et ils n’en seraient pas là. Son père serait en vie. Son frère parlerait. Elle n'aurait pas jeté l'opprobre sur sa maison.
Le frère de Doran avait un rôle ambigu. Il connaissait les Allyrion presque aussi bien que ses propres filles et Valena l’avait, adolescente, souvent considéré comme son propre père lorsque sa fougue l’empêchait de voir le sien pour ce qu’il était véritablement, un homme sévère, mais juste. Or, à cet instant précis, il n’y avait plus rien de ce lien quasi filial et elle n’éprouvait que de la méfiance pour tout homme et pour toute femme en dehors des siens. Il n’y avait plus que Daemon, Cletus, Deria et elle. Le reste pouvait bien disparaître. Le reste pouvait bien partir en cendre. Elle se serait même réjouie d’une telle issue.

« Prince Oberyn, » le salua-t-elle, glaciale. « Vous soignez votre entrée, comme d’ordinaire. »

Valena n’aurait voulu voir personne. Et certainement pas un Martell, aussi proche fut-il, famille auprès de laquelle la pleurnicharde s’était empressée de conter la situation selon ses propres mots, bien évidemment. La Vipère Rouge avait-elle, elle aussi, entendue la seule version de la Targaryen et s’empresserait-il de les juger ?



© DRACARYS
Invité
Invité

Anonymous

Informations
Personnage
Badges


   
# 
Odds are, you won't like what it is

« Il n'y a plus de temps. Le temps est une poule à qui on a tranché la tête, le temps court comme un fou, à droite à gauche, et de son cou décapité, le sang coule et nous noie. »
Daemon, Valena & Oberyn



❈ An 300, lune 7, lendemain du procès
Forteresse d'Harenhall

Qu’était la sagesse quand un flot de rage vous emportait ? Qu’était la paix quand les bourreaux avaient déjà sévi ? Qu’était le respect quand l’injustice se faisait si lourdement ressentir ? Et finalement, qu’était le calme quand la tempête s’était déjà abattue ? Tout cela avait pourtant été écrit. Oberyn avait prémédité tout cela, avant même que le tournoi ne prenne place, à la simple constatation des invités. Comment un Royaume pouvait demeurer en paix si tant de divergences subsistaient en ses terres ? Comment un événement pouvait se dérouler sans écarts quand celui-ci était basé sur une paix inexistante ? Puis, comment imaginer une parfaite plénitude quand tant d’ennemis se réunissaient sous le même toit ? Le grand événement d’Harrenhal n’avait été qu’une bombe à retardement. Un navire qui tentait de flotter en eaux tempétueuses, et dont les fissures n’auguraient rien de bon. Ainsi la Vipère rouge avait opté pour un rôle d’observateur, en se demandant qui allait entamer la guerre. Puisqu’elle était inévitable, il fallait simplement prévoir la première bataille, et si possible, la désamorcer. Seulement, les événements s’étaient déroulés en plein tournoi, alors que son esprit était préoccupé par bien d’autres choses. Il n’avait rien pu faire pour éviter le drame d’arriver.
Cletus Allyrion avait été son ambassadeur personnel. Le procès avait pris fin depuis peu lorsque le cadet de la Grâcedieu alla en rapporter les détails au Prince exilé. Il fallait voir la fureur de ce dernier, qui n’avait échos de l’existence de ce théâtre de justice qu’à son issu. Si Cletus avait été un allié remarquable, il ne s’était pas senti considéré comme tel par la Vipère. Sitôt le rapport avait été fait que déjà, le jeune Allyrion se voyait incendié de remarques et de propos virulents. Une fois encore, l’impulsivité d’Oberyn avait fait rage, et il faisait bon de s’en accommoder, car c’était cette impétuosité qui allait guider beaucoup de ses prochains dires et actions. Il n’était plus question de prendre parti, les choses n’étaient pas aussi simples que cela. L’issu de la confrontation avait sonné dans la tête d’Oberyn comme une malédiction. Ainsi donc, Daemon Sand était démuni de son arme de prédilection. C’était absurde, mais la voix du bâtard commençait déjà à manquer. Ses remarques piquantes, ses dures opinions qu’il ne camouflait jamais, ce qui faisait de lui quelqu’un d’honnête, ce qu’Oberyn avait toujours estimé être une grande qualité. Néanmoins, c’était ce trait de sa personne qui avait été condamnée. Cela et son côté provocateur, dont il usait comme bouclier afin de protéger son incommensurable fierté. Il s’était toujours démarqué des autres, le bâtard était quelqu’un de particulier.


La porte s’ouvrit en volée et s’abattit violemment contre le mur, tandis qu’il s’avança dans la pièce, en y constatant les deux enfants. Son visage n’était que controverse, comme l’étaient ses pensées. On y devinait certes de l’inquiétude, mais une fureur inquiétude s’y lisait aussi. La voix de Valena se faisait grisante, et les quelques mots qu’elle lui envoyèrent eurent le don de le rassurer quelque peu. Il était aisé de perdre ses espoirs en pareil situation, mais son ton glacial et son air meurtrier laissaient à croire qu’elle n’avait pas perdu de sa fougue. Elle n’était pas bien différente de Daemon, à ceci près qu’elle n’était pas aussi agressive - peut-être était-ce sa condition de femme qui l’empêchait d’entrer dans les mêlées. Le prince exilé ne devinait que trop bien le flot de sentiments dans lequel elle devait être entrain de se noyer. Elle était vengeresse, devinait-il. Sans doute des ouragans d’insultes faisaient rage dans son esprit, et si elle tentait de le dissimuler, cela était mal joué. Elle faisait peine à voir. Condamnée à repaître des actes de son frère, comme si le bâtard était une mauvaise grippe qu’elle devait trimbaler par devoir. Mais sans doute ne considérait-elle pas les choses de la sorte, et Oberyn non plus, puisqu’à l’échelle des Martell, il était cette maudite grippe. Finalement, il y avait de nombreuses similitudes de caractère entre le bâtard et le prince. À cette liste pouvaient-ils maintenant ajouter l’exil.
La Vipère ne répondit pas à la jeune femme. Il ne lui porta aucun regard, l’ignorait profondément. Ce n’était pas par méchanceté, mais il était focalisé sur Daemon. Il s’accorda quelques secondes de battement après sa marche effrénée, afin de tout simplement constater les dégâts de la condamnation. Il resta immobile, sur le pas de la porte, les yeux rivés sur le condamné pendant une poignée de secondes. Puis, avant que quiconque puisse le prévoir, sa marche reprit de plus belle et il se dirigea vers le Sand pour lui administrer le coup de sa vie. Son poing s’abattit sur jadis attirant faciès de Daemon (le visage du jeune homme qu’il avait connu des années auparavant n'avait plus rien de comparable avec celui-ci, brûlé et à présent marqué de sa mutilation). Sans doute le coup était malvenu. Probablement que la douleur de la coupure encore récente allait être dupliquée, mais de cela, Oberyn n’en avait cure. Comment pouvait-on considérer Daemon à présent, si ce n’est comme un idiot ? Bien sûr, la Vipère n’oubliait pas le passé de la famille Allyrion. Il avait été présent pour elle, lors de la mort de Ryon. Il comprenait la rage que l’on pouvait ressentir face à une si injuste mort. Il comprenait le feu qui avait fait rage en Daemon et qui l’avait poussé à agir de la sorte. Tout cela, il l’entendait, ne l'oubliait pas et le prenait en considération. Mais quand bien même, s’opposer au pouvoir relevait certes d’un grand courage, mais également d'une profonde bêtise. Le prince exilé l’avait été aussi, idiot, et il regrettait de ne pas avoir reçu un bon coup, en guise de piqûre de lucidité. Il ne fallait pas en douter, ses sentiments pour Daemon demeuraient les mêmes, ainsi que ceux pour Rhaenys. Oberyn était au milieu d'un champ de bataille, ne pouvant pas choisir son camp. Cela n'était pas sans rappeler certaines disputes entre ses plusieurs bâtardes. Au fond, il se considérait suffisamment proche de Rhaenys et de Daemon pour les considérer comme sa seconde famille. Pour eux aussi, il donnerait tout, alors que faire quand les deux se déchiraient ? Il n'avait pourtant pas prémédité son agression, mais elle paraissait comme l'unique réaction possible de la Vipère. Le bâtard avait tout risqué pour sa fierté, une bêtise qui méritait des coups.
Les conséquences de son coup de poing ne lui importaient guère. Il n'y prêta que peu d’intérêt et se détourna aussitôt afin de s’avancer une nouvelle fois dans la pièce, cette fois en direction de Valena. Toute la fureur s'était à présent envolée, comme dissipée lorsque son poing s'était écrasé contre le visage du pauvre bâtard. Il n'avait l'air que compatissant à présent. Il arborait un visage inquiet et protecteur, dont personne ne pouvait douter de la sincérité. « Je ne peux qu’imaginer ce que toi et ta famille a enduré et continue de subir. » Des paroles qui semblaient si banales, mais qu’il pensait totalement. « Tu as toujours été une grande femme. Sincèrement Valena, je te respecte pour cela. Donc je ne me fais aucun souci pour vous. Cletus et Daemon sont chanceux de t’avoir. S'il m’est possible de faire quelque chose, demande-le moi simplement. Les choses vont être compliquées dans le futur, mais vous ne tomberez pas. » Sa voix se voulait rassurante. Il tenait à faire comprendre à Valena qu'il serait là à l'avenir, si le besoin était. Il planta son regard dans celui de la jeune femme, sans se soucier une seule seconde de l'état dans lequel il avait laissé Daemon.

acidbrain
Invité
Invité

Anonymous

Informations
Personnage
Badges


   
# 
"Odds are, you won't like what it is"

An 300, lune 7, lendemain du procès



Oberyn & Valena & Daemon


La lumière des flammes qui brûlaient dans l'âtre projetait des nappes d'ombre sur le visage du Prince, découpant ses traits aigus et racés, creusant encore ses joues et faisant luire ses yeux noirs dans la pénombre dessinée par l'arc de ses sourcils. Se redressant légèrement, le Sand sonda celui qui se tenait encore dans l'entrée, le regard impassible bien que son cœur se serra du trouble que ne manquait jamais de provoquer chez lui la simple présence d'Oberyn. Encore hébété par les doses massives de lait de pavot qu'on lui avait imposé la veille, l'aigue marine de ses yeux avaient revêtu un aspect plus terne qu'à l'ordinaire et fixaient sur le Martell un regard  absent, presque triste. Le visage relevé vers le dornien, les doigts de sa main gauche se resserrèrent doucement en un poing qui n'était ni crispé, ni aggressif. Sur la défensive, son corps exposait à lui seul la préoccupation que sa voix ne pouvait plus exprimer. A la seule constation de l'onde menaçante qui vibrait dans le regard ténébreux de la Vipère, son coude quitta avec lenteur le manteau de la cheminée.
Au cours de sa vie, il n'avait tressailli ainsi qu'une seule et unique fois. La silhouette qui s'était avancé vers lui comme le faisait présentement Oberyn avait été autrement plus raide et austère que l'allure svelte et tonique qui marchait droit dans sa direction; mais la correction qui était tombé à l'achèvement de ces quelques pas demeurait malgré tout un souvenir cuisant. L'esprit soudain clair, il se surprit à pouvoir dénombrer le nombre de pas qui le séparait de la sentence qui tomberait bientôt. Sept pas, exactement. Le prendrait-il par le col comme l'avaient fait les mains du Soleil Noir en apprenant les frasques de son aîné? Quatre pas. Non, Oberyn n'était pas le genre d'homme à menacer avant d'agir. Daemon ne le savait que trop. Désemparé, impuissant et résigné, il voyait les pieds du Martell dévorer la distance qui les séparait. Il déglutit difficilement, laissant tomber son bras droit le long de son corps. Deux pas. Ses pensées étaient perdues dans un maelstrom qui opposait les récurrences de la pluie de coups dont son père l'avait baptisé, et le besoin de se recroqueviller pour s'abriter de l'ire Princière qui ne tarderait plus à frapper. Par flash les réminiscences fusaient et il se revoyait, se ressentait, plus jeune mais pas moins penaud,  le menton baissé et le regard farouche, après avoir osé demandé la main de la Princesse. A cette époque, il avait eu le cran de défier son père du regard, mais il sentait qu'il n'en trouverait pas la force ce soir-là. Interdit, il n'eut pas même le temps -ni, sans doute, la volonté- de faire un pas en arrière lorsqu'enfin, il n'y eut plus que leurs souffles pour les séparer.

La fureur du Prince s’abattit, le coup tomba. Dur comme de la pierre contre sa joue, le Sand crut sentir sa pommette se fissurer sous la force qui le déstabilisa. Son équilibre s'évanouit, aspiré par l'éclair de douleur qui révéla à nouveau son amputation récente, l'aveuglant et ne lui laissant guère le loisir de tituber ou de se raccrocher à un  meuble quelconque. Il tomba à genoux, puis il s'affaissa, faute d'un bras suffisamment alerte pour le retenir d'en faire autant. Son côté rencontra le sol froid, sa hanche, son flanc, son épaule et enfin sa joue. Seul le sang qui emplissait à nouveau sa bouche lui semblait chaud à cet instant. Avant même qu'il ne puisse s'en rendre compte, il s'évanouit, gisant aux pieds du Prince qui, déjà, s'était détourné de son oeuvre.
Combien de temps resta-t-il ainsi? Il n'en savait rien. Tout ce qu'il put constater fut que lorsque ses sensations lui furent enfin rendues par les Sept il put entendre la voix du dornien qui, bien qu'il ne put déceler  le sens de ses paroles, résonnait dans la pièce avec une douceur qui lui était bien plus familière que la violence qui l'avait mis à terre. Ses yeux se rouvrirent pendant qu'il retrouvait ses esprits et qu'il tentait précautionneusement de se redresser sur son coude. Sous ses doigts tâtonnants, les lattes de bois ancien avait un toucher lugubre et doucereux, si bien qu'il eu l'impression de s'appuyer sur des os. Quand enfin son visage quitta le sol, ce fut pour découvrir que son sang imbibait le plancher en une tache sinistre et brillante qui n'était pas sans rappeler l'encre que sa sœur avait jeté à terre. Daemon porta sa main libre vers sa joue qu'il sentait tiède pour réaliser en la caressant qu'elle était elle aussi tachée de sang chaud. A nouveau, un éclair de douleur lui fit fermer les yeux. Mais l'obscurité n'atténua guère les pulsations cuisantes qui le lançaient. Ce fut à peine s'il osa frotter sa joue endolorie de sa paume, de peur de réveiller encore une fois la sensation à la fois pleine et cave de la peine qui résidait derrière ses dents.
Malgré l'indifférence du Martell à son égard, il ne parvenait qu'à ressentir qu'une légère honte à se tenir ainsi, à demi-allongé à même le sol. Le brun se contentait de contempler sa misérable situation qu'il savait amplement méritée. L'ironie du destin avait donné les armes pour accomplir cette correction à l'être dont il avait si longtemps vanté la fougue pour excuser sa propre impétuosité, et les dégats qui allaient souvent de paire. Si même la Vipère Rouge se trouvait en position de lui reprocher son comportement, il n'y avait qu'une chose à faire: se taire. Comme s'il avait le choix, pensa-t-il alors. Il était passablement risible, et cette pensée, si elle ne parvint pas à tordre sa bouche d'un sourire, amena avec elle le fantôme d'un rictus qui fit luire son regard fiévreux. Sombre, dangereux, scandaleux, tel était le Prince qu'il avait toujours connu ainsi et que les années n'avaient qu'à peine troublé hormis les rares filaments cendrés qui ornaient désormais ses tempes. Il était si jeune quand il avait goûté pour la première fois aux bras du Prince. Un tel coup, en revanche, était inédit dans leur histoire commune.



© DRACARYS
Invité
Invité

Anonymous

Informations
Personnage
Badges


   
# 
Odds are, you won't like what it is

An 300, lune 7, lendemain du procès



Daemon&Oberyn&Valena

Les trois dorniens se regardaient tour à tour, d’un œil à la fois méfiant et plein de surprise. Aucun son ne franchit aucune lèvre et dans la grande pièce grise où crépitait faiblement des braises qu’il faudrait bientôt raviver, seul l’écho des gouttes d’encre sombres s’écrasant sur le parquet humide remplissait l’espace. Le regard vipérin de deuxième prince Martell allait de Valena à Daemon, comme s’il hésitait, ne sachant à qui il devait s’adresser ou à qui il administrerait le premier coup. Il fallait être aveugle pour ne pas remarquer la fureur qui tendait ses mâchoires et fronçait ses sourcils. Les Allyrion le connaissaient assez pour distinguer nettement les émotions qui traversaient son visage crispé. Depuis combien de temps ne l’avaient-ils pas vu ? Tout au plus s’étaient-ils aperçus sans parvenir à se parler lors du banquet et du tournois avorté. Mais depuis quand ne s’étaient-ils pas tenus les uns en face des autres pour converser et s’écharper, comme ils avaient eu si souvent l’habitude de le faire durant l’écuyage du Bâtard de la Grâcedieu ? Depuis l’exil du frère du Prince Dorne pour avoir sauvé une femme, sa nièce, qui de toute évidence n’avait que faire de cet oncle bien trop bienveillant pour son propre bien. D’homme adoré et respecté de la famille princière, il n’était devenu qu’un chien errant, incapable de remettre un pied dans la région qui l’avait vu naître. La fille de sa sœur lui avait-elle ouvert les portes de son royaume lorsque la Vipère Rouge avait été chassée ? Certainement. Une bien maigre et piteuse récompense pour le sacrifice de son nom. Rhaenys Targaryen était définitivement un fléau pour le désert. Dornienne de mère, elle semblait vouloir se venger de cet héritage indésiré que son court séjour dans le Bief devait lui avoir appris à détester.

Oberyn resta muet et se désintéressa de sa silhouette drapée de rouge pour se concentrer sur l’aîné des Allyrion. Il s’avança comme au ralenti, malgré la raideur et la rapidité de ses jambes musclées par les dunes et le sable de Dorne. Les soldats Allyrion, postés de chaque côté de la porte laissée grande ouverte se retournèrent du même mouvement. Hébété, chancelant de douleur et de fatigue, le premier fils de Ryon ne put qu’accepter l’évidence, sans même chercher ni à éviter ni à dévier le cou. Sa sœur, pétrifiée, les muscles parcourus d’une adrénaline figeante, resta droite derrière son bureau où l’encre continuait de se déverser, gorgeant papiers et enveloppe sans qu’elle ne s’en préoccupe. Dans le silence où se mêlaient les trois respirations hiératiques, le choc des phalanges contre le visage de Daemon résonna comme une injure. Il s’écroula comme une masse et son visage rencontra les dalles noires du sol. La lady ne put qu’observer, impuissante, ses yeux rouler dans ses orbites et son visage blêmir subitement. Abasourdie et furieuse, elle releva les yeux vers l’exilé qui la considérait à nouveau. Une symphonie de cliquetis et de fer venant des soldats Allyrion, prêts à venir secourir le bâtard et à empoigner le Martell de force pour lui montrer la sortie lui fit lever la main. D’autorité, les deux hommes s’arrêtèrent, mais gardèrent tout de même leurs paumes serrées sur la garde de leurs épées.
L’envie de voir Oberyn éjecté de la pièce ne manquait pas. Comment osait-il venir ici, le sauveur de la Targaryen, et frapper son ancien écuyer dont la langue avait été coupée par sa soi-disant demoiselle en détresse ? Mais elle considérait deux choses en empêchant ses hommes d’agir. La fierté de Daemon, déjà mise à mal, qui ne se verrait que blessée encore plus si des bras venaient l’aider à se redresser et les raisons de la venue d’Oberyn. Car il ne pouvait décidemment pas avoir choisi de les déranger pour écraser un homme, une famille déjà à terre.

« Il se relèvera seul ou restera à terre, » siffla-t-elle à l’attention de la paire qui hocha la tête en fusillant la Vipère Rouge du regard.

Elle même se retenait de ne pas accourir pour venir glisser son coude sous ses épaules pour l’aider à s’asseoir. Le voir ainsi, si faible, si pitoyable, si vulnérable lui brisait le cœur. Le fantôme de la silhouette de son frère drapée de blanc, trop atrophié pour avoir la force de lever la main lui revint en mémoire. Lui qui avait toujours été si fort, si habile, si fier de ce corps svelte et alerte, les Sept avaient à cœur de l’humilier. Et en l’humiliant lui, c’était également sa sœur que l’on offensait.

« Je vous prierai de ne pas malmener mon frère. Plus jamais. Il a bien assez souffert du tempérament de votre nièce. »

Le visage du cadet de Doran se fit soucieux. Compatissant, presque. Il n’avait plus rien à voir avec la colère et l’incompréhension de son entrée.
Ses mots qu’ils voulaient rassurants arrachèrent un rictus amer à la brune, rictus qui n’atteignit jamais ses yeux demeurés sévères.

« Je suis chanceuse de les avoir eux, » le corrigea-t-elle.

Daemon n’avait-il pas tenté à a sa manière de la prévenir contre l’instabilité de la Cruelle ? Cletus ne l’avait-il pas épaulée durant le procès ? Ses deux frères ne lui devaient rien.

« Quant à ce que vous pourriez faire, Prince Oberyn, une idée me vient en tête. En revanche, je doute que vous soyez en mesure de m’exaucer. »


Couper la langue de la dragonne. Ecraser sa tête, sa ridicule petite tête, sur la dalle froide d’une pierre de grès, pincer sa langue rose entre les pinces d’une tenaille et la laisser regarder la lame qui lui ôterait la parole chauffer. Cela prendra des heures. Elle aurait le temps de se rendre compte du supplice qui l’attendrait. Elle pourrait s’imaginer les douleurs et le calvaire. Puis, son petit bout de chaire serait sectionné dans un enfer de brûlures et de sang. Ainsi, sa voix ne blesserait plus jamais personne. Cependant, elle lui accorderait le droit de l’insulter avant. Elle répondra à l’injustice par la justice. Œil pour œil, dent pour dent. Elle prierait les Sept pour qu’une infection l’emporte.

« Nous ne tomberons pas, » répéta-t-elle, « si tel est le vouloir de votre frère. Si j’ai foi en son jugement, Cletus est beaucoup plus méfiant. Aurons-nous droit à un procès comme vous ? Il faut dire que nous ne nous en lassons pas. »

Le procès de Rhaegar. Le procès de Daemon. Le procès des Allyrion ? Pourquoi ? Ils avaient été spoilé. Mis plus bas que terre pour une futilité. Si Oberyn avait été exilé pour avoir osé venir en aide à la fillette couronnée que dirait-il à la famille de la Grâcedieu qui avaient tenté l’approche inverse ? Que dirait-il à ses vassaux victimes des caprices sadiques de cette nièce lointaine qu’il avait laissé enlevée et violée sans bouger le petit doigt ?
Du coin de l’œil, elle observait l’encre noire se glisser dans l’interstice des dalles pour venir se mêler au sang cramoisi de Daemon.




© DRACARYS
Contenu sponsorisé


Informations
Personnage
Badges


   
#