If I ever get the chance to betray you, I will. | Næra & Petyr

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If I ever get the chance to betray you, I will.

Port-Réal An 300 Lune 6



Næra & Petyr

Tu avais pourtant juré d’éviter de retourner à Port-Réal. Non pas que la vie là-bas ne te manque pas, bien au contraire. Mais, depuis que tu avais été destitué de tes fonctions de Grand Argentier, tu préférais ne pas remettre les pieds à la capitale. Savoir que les petits oiseaux de Varys étaient partout mais principalement là-bas, ça avait le don de t’énerver. Il a toujours eu une longueur d’avance par rapport à toi dans ce domaine. Tu ne voulais pas que ta présence à la capitale se sache, mais tu n’avais pas le choix. En choisissant de garder un dernier bordel en activité à Port-Réal, tu aurais dû t’attendre à devoir y retourner régulièrement. Gérer une telle affaire, ce n’est pas une affaire aisée de le faire à distance, même si tu as confiance en ton ami, la confiance à ses limites et, à cause de sa souplesse, tu es obligé de régler certains problèmes toi-même. Après tout, cet établissement se doit de fonctionner comme tu l’entends, selon tes règles et surtout ne doit pas faire de débordement, il doit savoir rester discret. Par-dessus tout, cet établissement se doit de fonctionner et d’avoir du succès pour te rapporter le plus d’argent possible.

Tu aurais été probablement plus discret en te rendant à la capitale en cheval, mais l’affaire semblait être urgente d’après la missive de ton ami. Tu ne pouvais pas te permettre de mettre trois semaines à chevaucher, ce serait beaucoup trop long. Tu as donc dû te résoudre à prendre un bateau, en faisant ton possible pour ne pas te faire reconnaître. C’était une tâche difficile car tu avais souvent fait le trajet entre Goëville et Port-Réal de cette manière lorsque tu étais encore à la cour des Targaryen. C’est une époque révolue, si les Targaryen ne veulent plus de tes services, alors ils comprendront leurs torts à un moment ou un autre. Mais ce n’était pas le problème là, ton ami t’attend à ton bordel afin de te parler de cet incident qui a eu lieu. Tu ne peux laisser passer une telle chose, tu sais que les rumeurs ont commencé à s’ébruiter, mais le plus simple est d’atteindre les fautifs. Cette catin et ce perturbateur, tu ne peux les laisser vivre impunément dans la capitale. Tout se sait, et surtout cette araignée finit toujours par apprendre la moindre nouvelle te concernant. Tu ne peux pas laisser faire ça.

Il aura fallu passer un peu moins d’une semaine en mer pour enfin poser le pied à Port-Réal. Tu aurais tant aimé pouvoir voler dans de tels moments, pouvoir te déplacer plus rapidement. Tu commençais à t’inquiéter, la peur que ce soit trop tard pour agir. Malheureusement, tu dois te contenter de ce que le monde peut offrir en ton temps. La vue du donjon rouge est toujours aussi impressionnante et te fait sourire. Cette bâtisse aux mystères infinis et d’une majestuosité à couper le souffle. Ces murs n’enferment pas grand-chose. Des personnes aussi sournoises les unes que les autres, avides de pouvoir ou de gloire. Tout comme toi, quand tu vivais là-bas. Mais tu n’as pas changé, tu es même encore plus ambitieux qu’avant, mais tu as compris que le temps ferait son travail et qu’il n’est pas encore temps pour toi de t’asseoir sur le trône de fer. Tu as de nombreuses choses à accomplir d’abord. A commencer par empêcher ces fauteurs de troubles, de te causer davantage de problèmes. Lorsque le bateau fut enfin amarré et que ton pied foula la terre ferme, tu avais envie de dire qu’il était bon de rentrer chez soi. Même si le Val est ta terre natale, tu n’y as pas réellement grandi et tu n’y es pas aimé, de plus, c’est à Port-Réal que ta vie a pris un sens, que tu as compris ce que tu voulais et ce que tu devais faire pour obtenir tout cela. L’amour pour Catelyn, malgré sa sincérité, ce n’était qu’un avant-goût de ce que la vie pouvait t’offrir, de la difficulté d’obtenir ce que l’on veut et la motivation pour devenir une personne comme tu es aujourd’hui. Tu déambules alors dans à travers le marché au poisson, épiant la présence d’enfants susceptibles d’être au service de l’araignée. Tu te diriges alors vers la porte de la Rivière, l’entrée principale de la cité depuis le port. Tout ce brouhaha et ce monde, l’ambiance de la ville est vraiment unique et tu t’en rends compte lorsque tu arrives sur la place Poissarde. Tu regardes autour de toi, cherchant ton fidèle ami que tu étais censé retrouver à cet endroit précis.

Après un petit moment à attendre, il se présente enfin à toi. Tu le prends d’un air sérieux, n’appréciant pas qu’on soit en retard surtout dans de telles situations. « Où se trouve la fille dont tu m’as parlé. Je ne resterai que deux jours, j’aimerais que cette affaire soit réglée au plus vite. Je veux d’abord voir la fille, elle me semble la plus dangereuse pour ma situation. L’homme, quant à lui, il fait partie de ces hommes n’assumant pas leurs penchants, il pourra attendre. » L’homme te regarde, puis baisse les yeux, comme si quelque chose n’allait pas. Tu le questionnes du regard et racle ta gorge pour qu’il te regarde à nouveau et s’explique. « A ce propos, messire… L’homme en question, c’était un homme de foi, messire. » C’était donc ça. Il fallait forcément qu’une telle chose arrive dans ton bordel. Effectivement, si l’homme était lié aux Sept, ça risquait de poser problème, mais chaque chose en son temps. « Je m’occuperai de lui plus tard, mène-moi à la fille. Elle risque de me poser davantage de problèmes. » Ces catins avides d’argent aimaient causer ce genre de raffuts pour faire du chantage. Mais elle, elle ne savait probablement à qui elle avait à faire, elle avait probablement été engagée sans savoir à qui appartenait l’établissement. C’était pour ces raisons-là que tu avais hésité à quitter Port-Réal. Ne pas pouvoir garder un œil quotidien sur le bon fonctionnement de ce bordel était un gros problème et ton ami n’était visiblement pas suffisamment qualifié pour le diriger. Malheureusement, il était ta seule option pour le moment.

L’homme te guida à nouveau vers la porte de la Rivière, il disait avoir repéré la fille au niveau du marché au poisson. Tu espérais qu’elle ne t’avait pas déjà vue et qu’elle ignorait ton identité, elle aurait probablement pris la fuite en te voyant débarquer dans la capitale. Mais tu restes silencieux, suivant minutieusement ton ami. Plus tu t’enfonces dans la foule, plus tu as l’impression d’être observé. Tu te retournes à plusieurs reprises, tu n’es pas tranquille. Il y a des enfants, mais impossible de savoir s’ils sont à la botte de Varys. Tu essayes de garder un air neutre sur ton visage. Montrer ton inquiétude pourrait te porter préjudice. Allons, après tout, tu as passé de nombreuses années à Port-Réal sans que les espions de l’araignée ne t’atteignent réellement. L’homme s’arrête. Lorsque tu arrives à son niveau, il te dit tout bas. « Vous voyez la jeune fille là-bas, souriante, c’est elle, Céleste. Une beauté, mais malheureusement, elle a quitté le bordel et est à l’origine de cette histoire. Vous pensez que ça ira, messire ? » Tu le regardes, un air presque désespéré. « Tu sembles oublier qui je suis, mon ami. Un joli minois ne m’a jamais empêché d’œuvrer. » Tu t’éloignes de l’homme, t’inclinant pour le saluer et lui faire savoir qu’il pouvait s’en aller. Tu ne voulais pas qu’il reste là à vous observer, la jeune femme prendrait peut-être peur et comprendrait que la discussion n’est pas innocente. Il t’a dit son nom, du moins celui qu’elle avait bien voulu donner. « Céleste, c’est bien vous ? On m’avait conté votre beauté, mais je dois vous avouer qu’on ne vous a pas assez rendu justice, ma chère. Je m’appelle Pete. Auriez-vous un moment à m’accorder pour marcher avec moi ? J’aimerais vous parler un moment. Je vous promets que ce ne sera pas long, Céleste. » Le ton était à la fois enjoué, pour la mettre en confiance, mais sec également. Quel gâchis, quel dommage. Il était vrai que c’était une beauté, mais ce sont toujours celles-ci qui causent du tort. La beauté renferme bien souvent le mal.


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Petyr & Næra



Port Réal
An 300, lune 6, semaine 4


Cette journée avait singulièrement bien commencé. Næra s’etait glissée hors de ses draps, sans même ressentir la lassitude de ses anciens temps. La flemmardise n’était plus son vice. Elle se levait sans peine, ne perdait pas de temps à la toilette et préparait ses tenues la veille. Une routine matinale s’imposait alors, sans qu’elle ne soit malvenue. Pour la jeune femme, le sentiment de l’habitude était rassurant. Après tant de tumultes, elle se complaisait dans une vie normale, qui se trouvait être confortable. Elle souriait, semblait heureuse, mais elle ne savait pas que tout lui était passagé. Elle était maudite par les cieux, elle était vouée à ne jamais être heureuse bien longtemps. Elle allait rapidement connaître l’ennui, l’attirance pour des intrigues qui viendraient froisser le côté ordinaire de son séjour à la capitale. Elle n’était pas faite pour vivre une vie banale, comme elle n’était pas faite pour être heureuse. Il y avait une réelle corrélation entre ces deux états de fait, qui la rendait aussi maudite que les terres de Westeros. De tout cela, elle ne s’en doutait pas. Le temps s’écoulait doucereusement, prenait ses aises et se complaisait dans une régularité sans faille. Elle en admirait les bienfaits, suivait le cours du ruisseau tracé par la routine, dont le courant était agréable. Elle ne se plaignait guère, elle qui passait jadis ses journées à se morfondre de sa situation. La Næra de Brisevague qu’elle sétait inventée n’avait rien de comparable à ses autres alter-ego. La faiblesses de Céleste n’était plus. La fougue de Rose pâlissait chaque jour tandis que la révolte de Renarde s’affaiblissait, comme le font les flammes de chandelle en fin de vie. Tout cela pour une durée limitée, avant de réaliser que toutes ces femmes ne devaient faire qu'une ; une finalité qui était encore lointaine, mais dont les solides bases s’esquissaient d’ors et déjà. Le destin faisait s’enchaîner les pièces du puzzle de sa vie, tandis qu’elle continuait paisiblement de vivre. Tout cela était naturel.
Cette journée débutait ainsi, comme pour illustrer ces propos. Le réveil fut empreint de toute la banalité du monde. Tout comme le fut la toilette, les rangements matinaux et les plusieurs courses. Un début de journée comme il y en avait tant, et tout laissait à croire que les choses continueraient d’être ainsi. À la voir tourner autour de la Reine comme une parfaite servante, personne n’aurait deviné une seule seconde de quel baffons de Port-Réal l’avait-on dépêché. Son passé de putain n’était pourtant pas lointain, mais il semblait déjà enterré sous d’importantes couches de terre. Elle était même parvenue à l’oublier, à faire comme si ce passage-là de sa vie n’avait existé. L’illusion était parfaite, puisqu’elle s’en était persuadée. Un de ses talents de prédilection : savoir passer outre. Elle l’avait fait tant de fois que les coulisses d’une telle métamorphose lui étaient familières. Elle connaissait le processus, savait ce qu’il fallait faire, penser et croire. Certes finissait-elle toujours pas être rattrapée par les souvenirs, ce qui provoqueraient quelques soirées de profonde mélancolie, pendant lesquelles son esprit se trouvait être hanté. Mais tout cela était bien trop récent. Pour l’instant, tout se déroulait à merveille. À tel point que l’on pouvait affirmer qu’elle était femme heureuse, une chose rare. Certes était-elle invariablement placée en second plan. Son poste de servante la rendait asservie, inférieure. Rien de comparable à ce qu’elle avait pu vivre lors de son périple aux Îles d’Été, où elle avait été une véritable esclave d’un groupe de tirants. Ici, à la capitale, tout était plus beau, plus doux. La Reine n’était pas méchante, au contraire ; pas une seule fois son évidente supériorité avait été volontairement apparente. Tout cela se passait dans la tête de la jeune fille. Des faits, dont elle s’était accommodée, ce qui rendait d’autant plus étonnante sa situation : d’ordinaire, elle n’était pas une femme qui prenait plaisir à servir. On l’eut jadis caractérisée d’insatiable, d’insatisfaite, et ce n’était pas mauvaise analyse. Elle l’était réellement, mais tout cela finirait par ressortir plus tard. Elle était suffisamment sotte pour oublier sa vraie nature. Comment avait-elle fait pour ne pas se douter une seule seconde que le naturel lui reviendrait en pleine figure ? Cette question ne trouverait jamais de réponse, resterait au suspens, à l’extrémité de chaque bouche.

Le marché avait une place prépondérante dans sa routine journalière. Elle s’y rendait fréquemment, afin d’accomplir les courses royales. Elle ne différait pas des autres femmes de son rang. Elle était couverte, ne se laissait pas tenter par quelques vêtements échancrés. Elle était si loin des bordels. Lorsqu’elle rencontrait un visage qu’elle connaissait de ces endroits, elle inclinait la tête et tentait par tous les moyens de ne pas être reconnue. Tout ce que la jeune gueuse souhaitait était une vie calme, paisible, du moins pour le moment. Un besoin naturel quand on faisait le bilan de son existence, qui n’avait été pour ainsi dire que tumultes. Elle avait un panier entre les mains, marchait à un rythme adapté, se fondait dans la foule, en lorgnant les produits des marchands. Elle passait de stand à stand, excellait dans l’art de la négociation. Elle prenait ses affaires au sérieux, achetait beaucoup avec peu. Son panier était souvent bien plus rempli que ce qui était prévu, ce qui n’allait pas sans plaire aux cuisiniers du donjon rouge. Elle faisait partie intégrante de la foule. Souriante, le pas léger et quelque peu dansant, elle était ravissante. Elle ne se doutait pas qu’à quelques pas, un homme la désignait et un autre n’allait pas tarder à venir à sa rencontre. À vrai dire, elle semblait totalement insouciante, étrangère aux affaires extérieures. Le seul vice qui lui faisait défaut était son esprit, qui se faisait quelque peu mauvais. En tant que servante de la Reine, elle se sentait bien supérieure aux autres femmes qui se rendaient au même marché. Elle choisissait des produits de qualité, n’hésitait pas à réclamer un produit aperçu par une autre acheteuse. Ce qu’elle faisait était pour la couronne, alors elle estimait qu’elle avait plus de droits que d’autres d’obtenir certaines marchandises. Elle se sentait comme l’élément central de ce marché. Tout cela semblait puéril, mais il fallait bien exciter la jeune femme. Ces moments quotidiens étaient devenus ses nouveaux orgasmes, qui faisaient le pont entre sa vie du bordel et celle de servante.
Elle était plongée dans sa besogne lorsque l’inconnu s’adressa à elle. Il lui fallut quelques instants de réflexion avant de s’arrêter pour l’écouter. En temps normal, elle ne l’aurait pas fait. Elle avait un programme à respecter, ne pouvait se permettre de faire attendre les travailleurs du donjon rouge, et ainsi ralentir les coulisses de la Reine. Elle aimait dire qu’elle était attendue, ce qui n’était qu’à moitié vrai puisqu’elle s’y prenait relativement tôt. Mais à nouveau, elle se créait des illusions, qui rendaient le quotidien plus animé. Elle était donc face à l’inconnu, le regard quelque peu fuyant pour garder un oeil attentif sur le commerce environnant. La simple énonciation du prénom Céleste la fit craindre quelque peu, mais elle demeura impassible. Elle plaça enfin son regard dans celui de l’homme qui lui faisait face, en écoutant ce qu’il avait à lui dire. Elle savait que la discussion allait être atypique, puisqu’elle ne se souvenait pas de ce Pete comme l’un de ses anciens clients. Intriguée, son envie d’intrigues commençait à bouillonner intérieurement, sans qu’elle ne s’en rende compte. Très vite, sa crainte se dissipa au profit d’une volonté d’en savoir plus. Aussitôt qu’il eut terminé de parler, elle répondit, d’une voix marquée de sa curiosité. « Soit. Si vous le souhaitez, je veux bien vous suivre. Si vous voulez bien être un gentleman et porter mon panier, je n’en serai que plus attentive à ce que vous avez à me dire. Que cela ne dure pas trop longtemps, je suis attendue. » Si habituellement elle aurait été polie, entendre le prénom ‘Céleste’ avait refroidi sa chaude amabilité. « J’allais, par habitude, me présenter, mais vous semblez avoir un avantage sur moi ; vous me connaissez, de toute évidence. Marchons donc, je vous écoute. »
 

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Port-Réal An 300 Lune 6



Næra & Petyr

Devoir se déplacer jusqu’à Port-Réal t’énervait. Tu venais à peine de rentrer d’Essos et tu avais tout un tas de choses à préparer, notamment pour le mariage royal à venir sous peu. Tu avais ramené une surprise directement de Braavos, mais cette surprise méritait tout un tas de préparatifs au préalable. Ce n’était pas en venant régler à Port-Réal une histoire dont tu ignorais la réelle nature que tu allais pouvoir mener à bien tes devoirs. Mais cette affaire était également un de tes devoirs et malheureusement, tu étais le seul à pouvoir régler correctement tout cela. Tes hommes, malgré leur fidélité et leur travail plutôt acceptable, ne sont pas capables de gérer ce type d’histoires et c’est un problème. Tu étais pourtant certain d’avoir confié ton bordel à un homme à la fois de confiance mais également comme se voulant être ton double. C’est le seul moyen de réussir, confier des tâches à un homme capable de te remplacer sur tous les plans. Mais c’était également risqué. C’est pour ça que tu avais quand même tâché de choisir quelqu’un qui ne serait pas capable de tout gérer sans toi, quitte à devoir faire le déplacement. Mais au moins, tu étais certain de garder un certain contrôle sur ce qui t’appartient à toi avant tout.

C’est donc de cette manière que tu te retrouves à déambuler dans le marché au poisson, à la recherche d’une jeune femme. Tu ignores qui elle est, d’où elle vient, hormis son nom – du moins celui qu’elle a donné – il y a une certaine clause de confidentialité qui règne sur ton bordel. Ça ne pourrait marcher autrement, les clients ainsi que les femmes qui y travaillent se doivent de garder un anonymat certains et son libres de garder les informations qu’ils ne veulent pas partager ni montrer. Mais il y a bien sûr une limite, lorsqu’il s’agit d’un cas majeur comme cette fois-ci, tes hommes peuvent se permettre de suivre certains clients ou employées pour être capable de régler les affaires avant que les fauteurs de troubles ne s’évanouissent dans la nature. C’était donc le cas pour Céleste. A part ce nom que tu avais, et la personne retrouvée grâce à ton homme de confiance, tu ne sais rien et pour cela, tu dois être prudent. Même si tu vas jouer le prédateur, tu sais que tel est pris qui croyait prendre. La situation pourrait se retourner contre toi à n’importe quel moment si tu ne fais pas attention à tes mots choisis et aux informations que tu divulgues. Il reste encore des personnes qui ne te connaissent pas. Bien sûr, ton nom fait parler et fait réagir plus d’une personne lorsqu’ils entendent Petyr Baelish dans une conversation. Mais beaucoup ne savent même pas à quoi tu ressembles, après tout, tu as l’allure de n’importe quel homme se promenant à Port-Réal et personne ne sait que tu es là. Personne, à part tes hommes et probablement l’Araignée.

Tu t’approches donc de cette femme, belle, bien évidemment. Même si tu n’as pas fait le recrutement toi-même, tu as bien briefé tes hommes pour qu’ils les choisissent à ton goût et aux tendances de la capitale. Tu l’aurais probablement retenue dans tes choix à étudier. Mais ce genre d’incident, même si tu ignorais encore ce qu’il s’était exactement passé, ça ne serait pas arrivé si tu avais été présent et si tu avais recruté la fautive par toi-même. Tu aurais probablement deviné que quelque chose n’allait pas et au cas contraire, tu aurais probablement évité les problèmes de prendre de telles proportions. Si la femme avait un souci, tu l’aurais fait parler en lui rappelant bien qu’elle ne doit pas faire couler ton affaire. Mais tes hommes n’y arrivent pas, ils sont trop gentils ou au contraire trop apathiques. Donc après avoir bien fait le point sur les mots que tu dois employer avec la jeune femme, tu l’interpelles, doucement, gentiment, tentant de la mettre en confiance tout en laissant savoir que tu veux quelque chose. Bien entendu, tu ne dis pas ton nom. Tu lui tends ton bras, en espérant ne pas la voir te refuser de le prendre. La jeune femme répond alors qu’elle accepte de te suivre mais te demande en contrepartie de porter son panier, même si elle prétexte que c’est un geste de galanterie, tu vois bien que c’est une façon de te jauger et voir à quel point tu veux lui parler. La jeune femme demanda alors, de manière exigeante, que ça ne dure pas trop longtemps, prétendant être attendue. Son tempérament te plaît, tu essayes de déceler le bluff ou si elle dit la vérité. La curiosité te joue un vilain tour car tu meures d’envie de savoir ce qui l’attend. Mais tu n’es pas là pour ça, pas en priorité.

Vous commencez à vous éloigner de la foule peu à peu, son panier à ton bras gauche et ton bras droit prenant son bras à elle. Elle semble frustrée de voir que tu connais déjà son identité. Tu ne peux t’empêcher de lui adresser un sourire. « Je sais bien ma chère, c’est une chose injuste, mais il se trouve que je connais beaucoup de monde à la capitale, même ceux qui ignorent mon existence. Mais vous n’avez pas de souci à vous faire à ce propos. » Tu attends d’être suffisamment loin pour aborder le sujet fâcheux. Tu veux d’abord la mettre en confiance et fais la discussion tout en veillant à ne pas parler de toi, pas pour le moment, mais tu poses des questions à son sujet. « Je vois que vous faites le marché, la personne qui vous attend doit être ravie de vous avoir. Je vois que vous n’avez choisi que de beaux produits. » Travaille-t-elle pour quelqu’un de riche ? De puissant ? Est-elle mariée ? Serait-ce la raison pour laquelle elle s’est enfuie. Tu essayes de prêcher le faux pour obtenir le vrai. Tu dois la mettre en valeur, la flatter pour essayer de voir ses réactions. Tu ne peux pas lui envoyer directement une accusation qui paraîtrait infondée. Même si elle n’avouera pas son ancienne situation, tu sauras voir sur son visage certaines choses qui peuvent s’avérer utiles. « Il est étrange que l’on m’ait envoyé vers vous pour cette histoire dont j’ai à vous parler. A vous regarder, vous ne semblez pas être la jeune femme en question. Je veux dire, ce genre de femme dont on m’a parlé et qui semblerait être vous, d’après les dires, je ne l’imaginais pas faire le marché en achetant de si beaux produits. » Tu sais qu’elle va commencer à se douter que tu sais des choses. Mais voir sa réaction est primordial. Tu ne dois, en revanche, pas la laisser sur ce genre de paroles. « Depuis combien de temps êtes-vous à Port-Réal, Céleste ? » Une question qui sous-entendrait que tu t’intéresses à elle, c’est ce que tu dois faire pour brouiller les pistes. Même si l’objectif de cette marche était de lui parler d’une affaire, tu ne dois pas aborder le sujet tout de suite, tu dois attendre qu’elle en vienne à te demander de parler de ce dont tu voulais parler à l’origine.


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