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Beauty is the promise of happiness | ft. Desmera

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Beauty is the promise of happiness.
Loras & Desmera. 300 | 06 | 03
L'air du Bief était doux ; La Treille apportait avec elle un vent frais aux effluves qui rappelaient celle du vin si connu à travers Westeros. L'hiver venait et, si on en croyait les dires, il serait très long, mais La Treille se trouvait si proche de Dorne qu'elle n'en accuserait probablement pas les mêmes coups que le Bief continental et plus éloigné de ces terres de sable et de roches, l'air était encore assez chaud. Le vent de l'avant-midi bousculait les bouclettes de l'adolescent assis sur un banc de bois sculpté, non-loin d'un amas de vignes ; une énorme feuille flottait au-dessus de sa tête, toujours accrochée à son corps de plante, lui faisant un peu d'ombre qui lui permit d'observer les alentours sans être aveuglé par le soleil encore jeune ( d'ailleurs, il se demanda si une autre plante ne s'était pas mêlée aux vignes, ce qui était fort possible, en fait ). Il aurait voulu sortir un peu des limites du domaine, aller se fondre à la vie des bourgades comme il avait tant bien appris à le faire durant ses onze lunes de fuite, parfois coincé dans cette ferme de Dorne avec sa sœur et ce « beau-frère » aux réticences qui auraient pu tuer sa motivation s'il ne se nommait pas Loras Tyrell, mais on le lui avait interdit pour les premiers jours. La dernière fois qu'il était passé à La Treille, il était rentré si tard qu'en tombant sur son oncle au détour d'un couloir, on lui avait passé le savon de sa vie, lui surlignant que sa situation, en 299, était encore très précaire – leur fuite à lui et Margaery étant encore toute fraîche – , qu'il n'était pas sensé être ici, et que s'il souhaitait se faire couper la tête, ce n'était plus du ressort des Redwyne. L'homme n'avait pas tort, certes, mais Loras était irrité par cette contrainte. Mais il devait voir, comprendre, tous les efforts qu'on faisait pour lui : la sécurité avait été renforcée, d'une certaine façon, et on s'arrangeait tant bien que mal pour cerner les possibles espions et s'assurer que leurs petites oreilles vicieuses ne sortent plus de La Treille et que leurs chères pattes n'écrivent plus jamais un mot ; Paxter Redwyne avait juré la protection des deux marmots, ce n'était pas un sujet dont on ne parlait jamais ici. Comprenez : attraper un des deux Tyrell déchus sur La Treille équivaudrait à un sort plutôt sombre pour les Redwyne qui avaient beaucoup à gagner, mais beaucoup à perdre.

Pourtant, l'irritation ne saturait pas l'humeur de Loras, aujourd'hui. Bien que le voyage fut long, il n'en resta pas moins beaucoup plus rapide que lorsqu'il avait pris le bateau à partir de Dorne ( empruntant cette la voie terrestre biefoise, passant par des endroits boisés, essentiellement, et plutôt à l'écart. Comme il était sorti de Dorne un peu trop loin du lieu convoité, il frôla les terres des Tarly, où il se sentit un peu plus en sécurité que lorsqu'il avait galopé sur le port de Sunhouse, où il avait payé, avec ses très maigres économies, un groupe de marchands venus d'Essos pour faire un détour par La Treille, où il s'était rendu ni vu, ni connu, aidé par son allure de paysans taché par le soleil de Dorne ) et comme ça lui avait permis de revoir un peu son Bief d'amour, il était heureux. Ce n'était pas Hautjardin, mais il s'en sentait si proche tout de même. Les roses lui manquaient, les labyrinthes qui entouraient le château des Tyrell ne faisaient plus battre son cœur tous les matins et il y avait longtemps qu'il n'avait pu manger une pêche ou une pomme fraîchement cueillie. Dorne était aride et on y vivait d'eau peu fraîche et de pousses minimes lorsqu'on restait sur une pauvre ferme. Un sourire plus serein que celui qu'avait connu La Treille lorsqu'il y était passé sept lunes plus tôt décorait son visage à la teinte dorée par le soleil de la terre de sa fuite. Ses prunelles se baladèrent vaguement sur les quelques âmes qui faisaient vivre la forteresse si tôt le matin, souriant à des gens qui le reconnaissaient et qui ne méprisaient pas sa présence ici.

Et puis,  il rebaissa les yeux. Loras avait quêté à son oncle de quoi écrire. Sur ses genoux reposait un bouquin sur lequel il avait posé un parchemin. La plume en main, il y griffonnait quelques mots. Il avait pris cette habitude, lorsqu'il le pouvait, d'écrire un peu, par-ci et par-là, des mots que l'on donnerait peut-être aux gens qu'il aimait s'il mourrait d'une façon ou d'une autre, à condition que ce soit possible. À sa  mère, notamment, qui devait pleurer encore la disparition de ses deux plus jeunes ; à son frère Willos pour lui faire savoir sa façon de penser. Une forme de testament, si on pouvait le dire ainsi.  Quand il avait quitté Margaery, quelques jours plus tôt – une semaine ou deux, il ne savait plus – , Loras était un peu froid ; irrité par tout ce qu'il s'était produit, par la façon dont ils avaient accueillis son amant, comment l'atmosphère avait été si désagréable entre l'attitude têtue du dornien et celle des deux autres, par la retenue de l'amoureux de sa sœur face à son contrat avec les Redwyne. Certes, il avait rapidement fini par regretter : son père lui disait souvent qu'il ne fallait jamais laisser quelqu'un que l'on aimait sur une note négative, on ne savait jamais ce qu'il pouvait arriver. Lorsqu'il apposa les derniers mots sur la feuille, il leva ses yeux dorés qui furent aussitôt attirés par une chevelure qu'il connaissait bien, une constellation de taches de rousseur avec laquelle il avait grandi ; elle n'était pas aussi belle que Margaery croyait-il, mais elle était tout de même très jolie. Le chevalier aux fleurs déposa sa plume avant d'envoyer un signe de la main à sa cousine, espérant qu'elle le remarquerait. Rapidement, il changea son encrier de côté, qu'elle puisse se poser avec lui, si elle le souhaitait, sur le banc.

Ses yeux respiraient la fatigue, l'épuisement de tout cet enfer dans lequel il s'était ramassé. Il était cerné, mais sa peau plus foncée qu'avant les rendait moins visibles que lorsqu'elles existaient sur sa pâleur naturelle et ses belles boucles brunes avaient pâlis, respiraient de quelque chose d'un peu plus sauvage malgré le temps qu'on lui avait laissé pour se re-transformer en biefois normal. Ce qu'il portait aujourd'hui était bien plus sombre; d'un violet coulant vers le noir. On tentait de le faire passer le plus inaperçu possible, on n'allait donc pas le vêtir en violet pâle ou, encore pire, en vert ! Il n'aimait pas particulièrement ces couleurs foncées qui avaient quelque chose de bien trop funèbre, mais il n'avait pas le choix. Encore une fois, il n'était pas du tout en mesure de se plaindre. Peu importait, il essaya de paraître le plus sympathique possible. Il n'avait aucune idée de combien de temps il resterait ici, tout dépendait essentiellement de Paxter, mais il avait envie de profiter au maximum de l'impression de repos que ça lui procurait. Loras adorait sa cousine et peu importe comment il avait besoin de solitude et de repos, il ne se retiendrait pas de lui accorder un peu d'attention.
electric bird.