Event 4 : Grand Tournoi d'Harrenhal

Les traits de son visage étaient tendus. Des gouttes de sueur s’étaient mises à perler sur son front dornien, malgré la différence de climat avec les chauds déserts de ses terres d’origine. Sa lance dansait dans les airs, sous la direction de ses gestes emplis de maîtrise et d’assurance. Elle était arme et servait en tant que tel. Elle frappait là où elle pouvait – fourberie et maîtrise. Les canassons prenaient malin plaisir à foncer l’un contre l’autre, la foule devenait folle devant le spectacle de cette demi-finale. Oberyn allait à nouveau sortir gagnant d’un combat avec Alyn Estermont. À la différence de la première, où la victoire avait facilement pris forme et s’était rapidement présentée à lui, cette seconde manche face à Alyn s’était faite plus coriace. Quand bien même : il en sortait victorieux et se dirigeait en finale.


Sous l’enchaînement des tournois, le temps s’écoulait à une vitesse vertigineuse. Le soleil avait quitté son zénith depuis bien longtemps et entamait à présent sa courbe ascendante, au présage d’une longue nuit festive, et ce quel que soit l’issu du tournoi. Si la victoire était aussi plaisante – délicieux met que l’on pouvait consommer à volonté, la défaite ne serait pas si destructrice. Nous étions bien loin de certains autres tournois, au cours desquels la Vipère s’était battue férocement, en se lançant même parfois dans des combats aux promesses mortelles. Aujourd’hui, à Harrenhal, l’ambiance était bonne enfant, et ce malgré toutes les mésaventures qui pouvaient se dérouler dans les tribunes ; Oberyn n’en avait cure. À présent, sa concentration était telle que rien n’aurait su éclater la bulle dans laquelle il avait établi demeure. Les adversaires n’étaient pas des ennemis, la tension du combat n’atteignait jamais son climax. À ne pas se méprendre ; la volonté d’une victoire était plus que présente chez Oberyn. À l’approche de la finale, ce vœu devenait plus intense, il le chérissait, l’entretenait. Les yeux brillants de sa famille, installée dans les tribunes, l’aidaient à ne pas tomber dans les crevasses que formait sa fatigue. Un instant de repos était accordé aux deux vainqueurs, avant qu’ils ne doivent retourner sur la lice pour déterminer lequel des deux serait sacré gagnant. Ellaria connaissait le fonctionnement de son amant : elle ne le rejoignit pas dans sa tente. À l’approche de la finale, Oberyn n’aimait partager compagnie. Il privilégiait le calme, la solitude. La manche finale était l’unique manche d’un tournoi pour laquelle il se préparait réellement. Pour cela, il avait protocole bien défini dans son esprit. Ce n’était pas sa première fois et nullement sa dernière, qu’importe son statut à la fin du combat.
« Je vous trouve bien particulier à parler de chance en pareille situation. Je suis pourtant bien persuadé que ni vous, ni moi ne soient là en raison d’un arrogant coup de chance. Il y a bien plus que cela, vous en êtes conscients, j’en suis certain. » Arrogance ? Excès de confiance ? Son ton était amusé, sa démarche désabusée. Il avait un léger retard par rapport au lion, mais cela n’était prétexte suffisant pour excuser un dépêchement. Au contraire prit-il son temps ; il se mit en scelle, s’installa sur sa monture. Pauvre bête, sûrement était-elle autant fatiguée que son maître. Oberyn lui accorda quelques caresses frivoles, avant que sa lance ne lui soit apportée. Il chercha Ellaria dans le public et lui accorda un ultime regard, ainsi qu’à ses filles, avant de reporter son intention sur son adversaire. La Vipère n’avait pas changé d’avis ; il n’avait pas revêtu son armure, restait ancré dans ses envies folles de se battre, pour ainsi dire, presque nu. Ce n’était pas une tentative d’intimidation, ni même un souhait de frime idiote. Simplement une envie, un réflexe qu’il répétait presque à chaque tournoi. Il ne supportait pas les armures, n’en avait pas besoin, Il ne fut cependant pas impressionné devant les fortifications revêtues par Daven. Il était bien trop inconscient pour peser le risque, bien trop périlleux et confiant pour revenir sur ses décisions. Il accorda également un sourire à l’opposant, avant de serrer ses doigts sur la lance. Il s’inclina légèrement, se mit en position et attendit le dernier signal qui retentirait aujourd’hui ; c’était si bon d’être finaliste.
Il était lancé, son cheval également. Il fonçait contre le Lannister, attendait le choc avec une insouciante excitation. Le tournoi d’Harrenhal allait prendre fin et les souvenirs de tous seraient marqués par le choc qui allait suivre, et qui serait sans doute déterminant pour le combat en vue de la vitesse à laquelle ils allaient. Le suspens allait tomber, la victoire serait donnée. Quelques poignées de secondes, un choc, le temps d’une grande respiration et tout trouvera sa finalité. Pression, fatigue et suspens.