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Welcome home (Qarl & Asha)
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Lordsport - An 300, lune 6, semaine 2
Qarl & Asha Greyjoy
La nuit était déjà tombée depuis un long moment quand Ros vint frapper timidement à la porte d'Asha. Il attendit qu'elle l'autorise à entrer et ne passa que la tête dans l'embrasure, parlant assez timidement.« Vous m'avez d'mandez d'vous prévenir quand il s'rait rentré... ben l'est là. »
Il fallut quelques secondes pour comprendre à quel sujet Ros faisait référence, puisqu'elle lui demandait de la prévenir pour beaucoup de sujets différents, mais dès qu'elle comprit, un sourire éclaira aussitôt son visage, ne prêtant aucune attention au garçon qui faisait déjà demi-tour, refermant la porte sur son passage. Asha se leva de son fauteuil avec une certaine précipitation, faisant tombé la pile de parchemins qui était sur ses genoux par terre par la même occasion. Elle lâcha un juron et ramassa grossièrement les feuilles froissées pour les déposer sur la table qui trônait dans la pièce. Elle attrapa le juste au corps et le pantalon qu'elle avait enlevé quelques heures plus tôt pour les renfiler grossièrement sur sa tunique. Elle chercha un instant sa cape, avant de s'en revêtir, le capuchon camouflant bien son visage par la même occasion. Quelques instants plus tard, elle descendait les escaliers du château pour se diriger vers les écuries en toute discrétion. Elle retrouva rapidement son cheval et le monta sans plus de cérémonial, elle n'allait pas loin et ne comptait pas s'encombrer d'une selle pour si peu.
Elle profita de la chevauchée jusqu'au port pour admirer le paysage qui se dessinait timidement à la lumière des étoiles et de la lune. Il y régnait un calme assez étonnant pour les Îles, même si elle entendait résonner les cris des marins au loin. Les tours escarpées de de Pyk se dessinaient derrière elle, déchirant le ciel. L'air était frais mais vivifiant, l'hiver était descendu jusque sur les Îles. Le vent avait renversé sa capuche, faisant virevolter les cheveux bruns de la Reine. Alors qu'elle les avait portés très courts depuis son adolescence, pour des raisons pratiques mais aussi mieux se fondre parmi les hommes, voilà deux ans qu'elle n'y avait plus touché. Bien sûr, au moment des combats, elle les avait toujours relevés, il était hors de question de devenir une prise facile à cause de ça. Elle ferma les yeux un moment, laissant le cheval se diriger seul, bercée par le rythme de la chevauchée. Elle se sentait insouciante et libre, voilà bien longtemps qu'elle n'avait pas ressenti de telles choses. Depuis la disparition de ses frères, Balon avait déposé le poids de la succession sur ses épaules, il avait fallu qu'elle prouve à tous ce dont elle était capable. Chaque fois qu'elle n'était pas seule, elle devait se montrer exemplaire, s'assurer que personne n'aurait rien à lui reprocher sur son comportement et ses choix. Cela était devenu encore plus vrai à la mort de Balon et avec la prise de pouvoir d'Euron. Elle avait voulu le soutien des fer-nés, elle avait fait des compromis pour éviter de fâcher ses compatriotes, des choix qu'elle n'aurait pas fait dans d'autres conditions. Alors évidemment, Asha ne ressentait pas ce poids à chaque fois, dès qu'elle prenait la mer elle se sentait libre, dans les combat, dans la folie sanguine elle ne réfléchissait à rien d'autre. Mais malheureusement cela faisait longtemps qu'Asha n'avait fait ni l'un ni l'autre. Et elle allait continuer de se sentir légère ce soir, c'était une certitude.
Elle repéra tout de suite Le Silence qui tenait une place de choix dans le port. Le pont était vide et les tavernes donnant sur le quai étaient pleine d'après les éclats de voix qui en sortait. Elle se demanda un instant si Qarl serait dans une taverne avec ses hommes, mais elle en doutait, s'il n'était pas déjà venu la rejoindre, c'est qu'il devait encore s'activer dans sa cabine. Elle sécurisa l'attache de son cheval un peu à l'écart du passage et se dirigea droit vers le bateau à la réputation lugubre. Elle emprunta discrètement la passerelle, montant à bord sans faire de bruits, mais de toute manière, les fer-nés étaient trop occupé à boire et à faire la fête pour prêter attention à quoi ou qui que ce soit. Sur le pont, alors qu'elle allait pénétrer dans les cabines elle tomba sur un mousse tout aussi surpris qu'elle. Elle lui fit un sourire malicieux, venant placer son doigts sur ses lèvres pour lui intimer de garder le silence.
« C'est une surprise... »
Puis elle le dépassa d'un bond léger après lui avoir fait un clin d’œil, le laissant hébété derrière elle. Qarl n'apprécierait peut-être pas qu'il n'est pas fait son travail correctement, elle espéra qu'il ne lui en tiendrait pas trop rigueur le lendemain. Elle fut soulagée d'apercevoir de la lumière filtrer sous la porte de la cabine principale. Elle avait donc vu juste, il n'était pas dans une taverne, mais bien occupé avec son inventaire ou elle ne savait quoi. Elle continua d'avancer le pas léger, faisant de son mieux pour que le bois ne craque pas sous son pied, pour ne pas lui mettre la puce à l'oreille avant qu'elle n'est passé le pas de la porte. Il avait peut-être fait monter une fille à bord finalement et elle se ferait un plaisir de la renvoyer, non sans rappeler qui avait la priorité ici. Elle ouvrit la porte et la referma derrière elle prestement, prenant appui sur cette dernière, bloquant toute sortie par la même occasion. Elle releva sa capuche, dévoilant son visage et le regarda d'un air amusé, profitant des quelques secondes où il la regarda les yeux écarquillés, stupéfait de la trouver là. Mais il ne lui rendit pas particulièrement son sourire une fois la surprise passée, quelque chose semblait le contrarier. Mais plutôt que de lui demander directement, Asha s'amusa à continuer de le provoquer. Après tout, ils avaient toujours fonctionné de la sorte.
« On prend m'me plus la peine de faire ses rapports à sa reine ? Peut-être qu'elle a choisi le mauvais capitaine pour ce bateau... »
Il n'y avait rien de vrai dans ce qu'elle venait de dire, les marins avaient le droit à quelques jours de repos avant d'effectuer leurs rapports, et là, Qarl n'avait même pas fait d'annonce officielle quant à son retour, c'est parce qu'elle avait demandé à ce qu'on lui signale la présence du Silence dès son arrivée au port qu'elle se trouvait là. Et elle n'aurait pas trouvé meilleur capitaine à qui confier Le Silence, si ce n'était Victarion, mais cela aurait été pour de toutes autres raisons...
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Lordsport - An 300, lune 6, semaine 2
Qarl & Asha Greyjoy
La tombée du jour a accompagné le retour du Silence. La terre enfin en vue après de jours passés en mer. Ils se sont échinés à accoster du mieux qu’ils le pouvaient, le rafiot efflanqué et malmenés par les flots. La tempête essuyée aux abords des côtes du Bief a fait ses ravages, dans le cœur des marins et dans les entrailles du snekkar. Sur les directives d’un nordien jurant d’avoir aperçu les voiles du Choucas, le Silence a pris la mer. Poussé en avant par des incertitudes, la seule force de son envie d’arrêter le traître en guise de vent dans l’unique voile du petit navire, Qarl a levé l’ancre. Entraînant ses hommes dans sa folie, gardant sous silence la route empruntée et ce qui le poussait à quitter aussi rapidement les Iles de Fer. Son propre équipage est resté dans le brouillard, apprenant une fois les falaises de Pyk loin dans leur dos la véritable raison de l’entreprise. Aux premières heures de la nuit, le pont s’est vidé. A mesure que les tâches de routine ont été accomplies, à la hâte pour la plupart, les hommes ont abandonné le ventre de leur sanctuaire de bois pour aller épancher leur soif dans les tavernes longeant le port. L’appel du vin et des putains pour oublier les dangers encourus et ce qui a été perdu. Un marin, fauché en pleine tempête. La trace du Choucas qui s’est effacée comme le ressac qui se fracasse contre les récifs. De l’écume au-dessus des vagues et plus rien. La haine au ventre pour se rappeler que c’était stupide. Qu’il n’a été poussé en avant que par la chaleur d’un sang rugissant. L’impétuosité de Qarl, son plus beau défaut. Dès que la vigie eut signalé l’approche des Iles de Fer, le capitaine s’est retranché dans sa cabine. Broyant sa colère sous la force de ses dents fermement serrées, se retenant avec peine de tout envoyé valser dans la pièce ballotée par la houle. Il n’a pas bougé depuis l’amarrage, debout les phalanges fermement agrippés au dossier d’une chaise. Il admire sa défaite, contemple le vide au-dessus de la paperasse qui s’étale sur la table ronde. Les pertes et la liste de ce qu’il faudra embarquer avant le prochain voyage. Les réparations qui devront êtes faites, et ce qu’elles lui coûteront. Lui, le pauvre roturier qui a la lecture en horreur. A peine capable d’écrire les pauvres lettres de son prénom d’une main tremblante. En troquant son rang de mercenaire pour celui de capitaine, il a aussi eu la désagréable surprise de devoir ranger son épée pour apprendre à manier la plume. Une aberration pour un homme de sa trempe, une difficulté qui l’irrite et tiraille presque autant ses nerfs que le temps qu’il vient de perdre.
« - Cap’taine, toujours certain de pas vouloir venir ? J’peux faire monter Nyra, c’pas bon d’rester seul sur un bâtiment à quai. » En guise de réponse, un raclement de gorge brise le silence. Qarl ne s’attendait pas à ce qu’on vienne le déranger, pas quand il avait pris la peine d’offrir la liberté à ses hommes, tout en indiquant son désir de rester à bord. L’insistance a pourtant quelque chose de plaisant, lui laisse deviner que malgré son statut de capitaine, il reste un marin comme les autres. Proche de ceux qui œuvrent avec lui sur le bâtiment, dans d’autres circonstances il serait joint aux réjouissances sans la moindre hésitation. La chaleur des tavernes, de la boisson dans les veines et d’instants passés en plaisante compagnie, certainement l’une des meilleures choses accompagnant le retour d’un navire à son port. Qu’il refuse seulement la présence de Nyra prouve que son esprit est ailleurs. « - Rejoins les autres Skyt avant qu’toutes les tavernes aient été vidées. J’vous retrouverais si je change d’avis. Par contre, si l’nordien traîne encore sur les quais, ramenez-le-moi. » Le matelot hoche du nez et quitte la cabine sans insister. Il a compris que c’était inutile, rester plus longtemps reviendrait à provoquer la colère de son capitaine, et loin de lui cette envie-là. Comme un témoin de l’état déplorable de ses nerfs, la crispation de sa mâchoire pousse à faire profil bas. Il a besoin de solitude pour laisser à son sang le temps de retrouver un flux plus calme. Avec une lourdeur loin de son agilité habituelle, Qarl s’installe sur la chaise, ses yeux parcourant les parchemins sans vraiment les voir.
Un soupir s’arrache de sa gorge lorsque le murmure de la porte qui s’ouvre une nouvelle fois vient s’écraser contre ses oreilles. Persuadé d’avoir à nouveau la trogne de Skyt devant les yeux, le marin lève brusquement la tête, prêt à l’envoyer paitre comme il le mérite. La stupeur vient se lire dans les pupilles claires, se réserve une petite place avec la mauvaise humeur. Qarl reste interdit, stupidement perdu face à l’arrivée incongrue de sa reine. Dans un battement de paupières, le fer-né se reprend et se redresse sur sa chaise qui craque sous l’effort. « - Ma reine doit savoir qu’l’on vient d’accoster. Et qu’il y a pas de rapport à faire. » Les graves se veulent légers, mais la déconvenue qui se rue toujours sous sa peau rend sa voix plus froide qu’il ne le voudrait. Si l’envie de rejoindre directement Pyk lui a agrippé le cœur, il a préféré attendre. Se dire qu’il s’y rendrait au lever du jour, pour se laisser le temps de trouver une explication logique à son départ précipité. Eviter de dire à la Greyjoy qu’il a pris la mer pour mettre la main sur son oncle. « - Peut-être qu’elle a mal choisi... » Lance-t-il désinvolte, accompagnant la boutade d’un haussement d’épaule et d’une moue mutine. L’ébauche de son sourire familier revenant se poser sur ses lèvres malgré la tension qui continue de broyer ses traits. « - Que me vaut cet honneur ? » La provocation pour détendre ses nerfs. Dire qu’elle ne lui a pas manqué serait un doux euphémisme. Qu’elle soit venue directement le trouver peu de temps après l’accostage le touche d’une certaine manière. Lui donne l’illusion qu’il est important malgré son rang. L’écart qui s’est creusé encore un peu plus depuis qu’elle est devenue reine.
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Qarl & Asha Greyjoy
Asha avait tout de suite sentie que quelque chose n'allait pas. A vrai dire, sur le chemin, elle s'était déjà imaginée à quoi leurs retrouvailles allaient ressembler. Elle se voyait arriver discrètement dans sa cabine, comme elle venait de le faire, le surprendre, mais agréablement. Après deux ou trois piques envoyées, ils se seraient retrouvé dans une étreinte folle et passionnée, abîmant très certainement le mobilier au passage. Mais la réalité était bien différente de ce qu'elle avait fantasmé quelques instants plus tôt. Où était ce sourire provocateur qu'elle aimait tant voir se dessiner sur ses lèvres ? Il s'était vaguement redresser sur son fauteuil, passée la surprise, il ne semblait pas particulièrement heureux de la trouver dans ses appartements flottants, comme si sa présence lui faisait ni chaud ni froid. Alors évidement, elle aurait pu s'adoucir, enlever complètement sa cape, contourner le bureau et venir le masser les épaules, le détendre, le faire se sentir bien, lui glisser quelques mots valorisants et rassurants au creux de l'oreille. Après tout cela marchait avec la grande majorité des hommes... Mais entre eux ça n'était pas comme ça, ça ne l'avait jamais été et ça ne commencerait pas maintenant. Son manque de réaction venait de l'atteindre dans son égo, cela avait d'ailleurs été peut-être volontaire de la part de Qarl, consciemment ou inconsciemment, alors elle n'allait pas lui rendre la tâche facile. Elle attaqua directement, mettant en doute sa fidélité à la Reine et sa fiabilité en tant que capitaine du Silence.Sa réponse fut assez sèche, apparemment, il n'avait aucun rapport à faire à la Reine. Ce qui laissait entendre que son expédition ne s'était pas du tout passée comme il l'avait espérait. Elle avait bien remarqué qu'il était parti dans une certaine précipitation, sans trop lui dire où il allait ou pourquoi, mais elle ne s'était pas trop posée de questions, elle connaissait son côté impulsif. Elle haussa un sourcil. Était-ce donc ça qui lui valait sa mauvaise humeur ? Un égo piétiné par une expédition ratée ? Elle avait entendu les hommes faire la fête dehors, il était encore dans sa cabine de capitaine, cela voulait donc dire que ses hommes ne lui en tenait pas rigueur... c'était simplement lui, déçu. Cela finit par tirer un petit rire amusé à la Reine. Elle avait beau être plus jeune que lui, c'était lui le petit nouveau dans l'affaire, il n'était pas en charge de son propre bateau depuis très longtemps, alors que pour elle, cela allait bientôt faire dix ans. Des déconvenues, il y en avait eu dans sa carrière de capitaine à la Seiche, mais elle avait apprit à vivre avec et à se relever. Elle ne doutait pas que cela finirait bien par lui passer, ça n'était pas grave et il n'en mourrait pas, alors elle pouvait bien s'amuser et le taquiner.
« Hummm, jpense que t'as mal entendu les ordres de ta Reine... y a toujours un rapport à faire et des explications à donner... »
Son envie de jouer ne fit que s'accentuer lorsqu'il ne la contredit pas sur le fait qu'elle ait mal choisi le capitaine du navire. Les hommes et leur égo, elle n'en reviendrait donc jamais. Par chance, Qarl semblait commencer à se détendre, du moins il semblait vouloir essayer. Elle vit enfin le sourire qu'elle attendait tant. Enfin ça n'était qu'une esquisse, un prémisse, mais c'était déjà mieux que rien. La soirée n'était finalement pas déjà gâchée. Il finit par lui demander ce qu'elle faisait là, d'un ton détaché, comme si elle n'était que sa Reine et lui qu'un de ses capitaines. D'un coup de rein, Asha se décolla de la porte pour se rapprocher du bureau où était installé son amant. Elle avançait d'un pas lent, caressant les planches de ses pieds, chaloupant des hanches.
« Paraîtrait que c'est important que les hommes servant une Reine se sentent valorisés, récompensés pour leur travail... alors j'essaie dme montrer généreuse. »
Elle avait finit de parcourir la distance qui les séparait. Elle posa une fesse sur le bureau, se penchant légèrement pour parcourir des yeux les feuilles qui étaient étalées devant Qarl. Elle fit glisser un doigt sur une ligne, tentant de lire à l'envers.
« Mais je ne sais pas si ça vaut aussi pour ceux qui font mal leur travail... Je vais peut-être rentrer alors... »
Elle fit mine de se relever du bureau.
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Lordsport - An 300, lune 6, semaine 2
Qarl & Asha Greyjoy
Le capitaine laisse les mots couler contre ses épaules. Le jeu qu’il hésite encore à vraiment vouloir jouer. L’humeur aussi saccagée que l’unique voile de son bâtiment, il a encore l’écriture de son quartier-maître accrochée aux rétines. Le coût de sa folie. Il entre dans la partie que sa reine est en train d’instaurer sans savoir s’il ira jusqu’au bout. En un réflexe qui le pousse en avant, oblige ses lèvres se parer de cet éternel sourire affreusement mystérieux. Le mystère de Qarl, emprisonné dans un seul sourire. Il hoche la tête, une moue approbatrice chassant un instant sa marque. Du bout des doigts il pose le parchemin qu’il tenait encore dans sa main et lève les yeux vers la fer-née. « - J’l’ignorais. Ma reine devrait savoir que le rôle qu’elle m’a donné est nouveau pour moi. Les obligations qui vont avec aussi. » Voguer, le naturel pour un natif des îles de fer. Pour lui comme pour un autre. Commander, est une toute autre histoire. Pour un mercenaire qui a passé son existence à obéir, bien plus prompt à répondre aux commandements qu’à en être l’instigateur. Les hommes de son équipage l’ont accepté par qu’il a su les convaincre, la séduction dans les mots. Il est l’un des leur malgré ses erreurs et ses errances. Sans son quartier-maître, il serait très certainement perdu mais refuse tout autant de l’admettre. La fierté mal placée, trop présente pour seulement être ignorée. Et la Greyjoy devrait le savoir mieux que quiconque.Le capitaine se redresse légèrement lorsque l’intruse se détache de son appui. Le jeu des hanches, imperceptible pour celui qui ne regarde pas. Les pupilles qui glissent le long de la silhouette gracile et s’ancrent aux hanches le temps de plusieurs battements de cœur. La cadence se fait plus pressante dans sa poitrine mais rien ne bouge sur la surface lisse de son visage. Impassible, lorsque les pupilles commencent à s’embraser. Elle est sa faiblesse. Lui qui aime les femmes, il était prêt à renoncer aux charmes de sa catin favorite. Face à Asha, les refus sont impossibles. De simples pensées qui l’effleurent pour mieux se faire rejeter dès que la distance se fait plus frêle entre eux. Il acquiesce d’un hochement de tête, lève la main pour accompagner le geste avant de la laisser retomber doucement sur le papier. « - C’est vrai. Ils se montrent encore plus dévoués ensuite, y parait. » Subtilité d’un sous-entendu auquel vient s’accrocher un haussement de sourcil complice. Sans même s’y opposer, Qarl vient d’entrer dans le jeu de sa reine. Cette éternelle partie qui se joue entre depuis le premier instant, dès le moment où il a posé son pied sur le pont du Vent Gris. L’évidence, accrochée aux hanches de la demoiselle qu’il a dévoré des yeux sans vergogne à peine débarqué. Et dans sa tête, il en était persuadé, elle serait sienne. Continuerait de se donner à d’autres, c’est un fait, mais elle lui appartient. Quoi qu’elle pense, quand on se donne à Qarl, il devient ardu de s’en défaire. Reine ou non. Le regard clair du capitaine s’échoue sur le moindre de ses gestes. Et Qarl tique lorsque la dernière phrase s’appose contre ses oreilles. Il reste un court instant immobile. Evalue une situation qui n’a pas besoin de l’être tant il sait ce qu’il doit faire. Lentement, le capitaine se relève et contourne le bureau.
« - Faire autant de route pour un malheureux rapport ? Avec la nuit tombée, c’pas le mieux pour une reine de se promener toute seule dans les terres. Et mes hommes sont trop occupés pour servir d’escorte. » Il désigne d’un geste évasif de la main l’extérieur de la cabine, englobe les quais et les réjouissances qui peuvent s’y tenir. Tout en se disant qu’au fond, il a eu raison de ne pas se joindre à son équipage. Une entorse à sa ligne de conduite qui en vaut la peine. A son tour, Qarl rompt la distance, vient se poster devant la jeune femme pour lui couper toute possibilité de repli. « - Et entre nous, j’doute que t’sois venue juste pour m’entendre te faire un rapport. » Le sourire se fait mutin alors que le fer-né se penche légèrement en avant, obligeant Asha à reprendra sa position initiale. Sa main vient se poser contre le bureau quand la seconde se fait volatile et effleure la cuisse de la jeune reine. « - Mais si tu tiens temps à ce que j’accomplisse pleinement mes devoirs de capitaine. J’vais m’y atteler de ce pas. » Il hausse une épaule, désinvolte et se redresse quelque peu, agrandissant l’espace entre eux.
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