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Une visite romantique à Villevieille [Owen Tyssier]

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Une visite romantique à Villevieille
Le soleil était timide ce matin, quand la jument blanche de la Dame de Mielbois avait quitté ses écuries confortables pour conduire sa maîtresse vers Villevieille, cette immense cité dans le sud du Bief, accompagné du hongre bai monté par le nouveau mestre de la dame. Ces deux individus étaient accompagnés de quelques gardes armés, pour assurer la protection de l’héritière de Mielbois face aux possibles brigands sur la route conduisant au domaine voisin des des Essaims. Par chance, Mielbois était vraiment la voisine de Villevieille, il suffisait pour Ellyn et son équipage de suivre l’Hydromel jusqu’à son embouchure sur Le Murmure et ils seraient arrivés dans l’antique cité de Villevieille, fief des Hightower, protecteur de la Connaissance et ancienne capitale religieuse des Sept. Ellyn connaissait très bien cette route, pour l’avoir de multiples fois pratiquer quand elle était plus jeune avec son père. Désormais, elle faisait la route sans son paternel, l’état de santé de celui-ci ne cessait de se dégrader, malgré toutes les prières de la demoiselle. Le nouveau mestre lui préparé pourtant de nombreux remèdes efficaces, mais c’est à peine si ces décoctions réussissaient à le sortir plus d’une heure de son lit. Hors de question dans ces conditions qu’il ne prenne la route pour Villevieille. Et puis, pour dire vrai, cela arrangeait profondément Ellyn. La raison officielle de son déplacement dans la nouvelle capitale du Bief, remplaçant la belle cité d’Hautjardin, était purement commerciale : les corbeaux blancs avaient tous délivrés leurs messages et l’Hiver arrivait à grand pas. Mielbois se devait donc de se constituer de solides réserves pour supporter un Hiver qui s’annonçait plus froid que tout autre. Mais au fond, Ellyn était là pour une autre raison, pour quelqu’un en particulier : Lord Owen Tyssier, ce charmant jeune homme aux boucles blondes, aux yeux malicieux qui faisaient tourner la tête de notre belle abeille. Ils ne s’étaient vus qu’une seule fois et pourtant cela avait suffi pour qu’une étincelle naisse entre ces deux-là et les corbeaux qu’ils s’étaient ensuite échangés avaient agi comme un soufflet sur des braises brûlantes, faisant monter un feu qui, l’espérait la jeune dame, ne s’éteindrait pas de sitôt. C’était d’ailleurs sous les incitations du charmeur qu’Ellyn avait réussi à convaincre son père de la laisser aller Villevieille pour acheter des denrées pour l’hiver. Elle aurait pu se passer de son autorisation, elle s’occupait désormais officiellement de la gestion du domaine de Mielbois, mais par respect pour son paternel, elle continuait à lui demander son autorisation. Elle n’était qu’une femme après tout, et non mariée.

C’est donc en début d’après-midi que la troupe de Mielbois arriva à Villevieille, cette immense cité dominée par ses tours, et notamment par la Citadelle des mestres, une citadelle terriblement meurtrie par l’attaque récente des Fer-nés, et la destruction inestimable qu’ils y avaient perpétré : un massacre chez les mestres, et la disparition de la quasi-totalité des ouvrages de la Citadelle. Sans compter les rapts de jeunes filles vivant à Villevieille. Ellyn était fort émue en pensant à toute cette violence, et elle en voulait énormément à ces noyés d’avoir commis de tels actes. Elle leur souhaitait tout le malheur qu’un croyant des Sept puisse leur souhaiter. Ils méritaient pire que les Sept Enfers, bien pire. Pour l’heure, Ellyn avait fort chaud, avec ce soleil flamboyant dans un ciel dégagé de tout nuage. L’air n’était pas particulièrement chaud, mais le Bief avait toujours été accueillant en termes de température, et chevaucher pendant plusieurs heures échauffait forcément les cavaliers. Elle portait d’ailleurs une toilette de cavalière, adaptée au voyage qu’elle venait d’effectuer. Cette tenue se composait d’une culotte d’homme – oui car elle refusait de monter en amazone comme on aurait pu l’attendre d’une dame – en tissu épais pour protéger sa peau, de couleur prune, et un chemisier pourpre, son visage était protégée par un fin foulard prune également, brodé d’abeilles d’or. La dame de Mielbois avait prévu une tenue de change une fois arrivé à Villevieille, prévoyant d'y rester au moins une nuit. Elle avait rendez-vous avec Lord Tyssier sur la rive orientale de la ville, près des hôtels somptueux des guildes de la ville. Il y avait un monde fou, même dans cette partie de la ville, et Ellyn avait terriblement peur de ne pas retrouver Owen, sachant d’expérience que Villevieille est un dédale de petites rues… Elle était restée à cheval, tout comme son mestre, tandis que les gardes surveillaient les alentours. Son regard cherchait nerveusement les boucles blondes de son ami…




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Une visite romantique à Villevieille




Ellyn des Essaims

Owen souriait bêtement depuis des heures. Comme un idiot ou un simple d'esprit. Cela ne lui ressemblait vraiment pas. Pourtant dans la grisaille de son quotidien troublé par des tâches harassantes et des événements inquiétant, il y avait une éclaircie bien lumineuse aussi dorée que l'était le miel produit par la maison des Essaims. Ellyn arrivait aujourd'hui. Elle serait bientôt là. Il s'était attachée à elle par leur courrier et son charme ne l'avait pas laisser indifférent. Il s'était démené pour avoir cette journée de libre. Il en avait besoin. L'état de Rowen était de plus en plus inquiétant ce qui le tracassait. Les mestres avaient parlés d'un possible empoisonnements mais il ne résidait pour l'heure aucune preuve. S'il perdait Rowen dans cette histoire, il risquait de perdre sa place de conseiller ce qui ne lui convenait pas. Il s'était habitué à occuper un poste important à responsabilité. Il se demandait si le courant passerait aussi bien avec la dame des Essaims autant de visu que par courrier. Il ferait de son mieux pour se montrer plaisant et amical envers elle. Ce n'était pas pour rien qu'il avait revêtu ses plus beaux vêtements et s'étaient arranger pour paraître des plus séduisants. Il s'était préparé et s'était pomponné avant de sortir pour rejoindre leur lieux de rendez vous, en compagnie de plusieurs de ses gardes. Il attendit calmement, restant impassible, loin de stressé mais espérant toujours que la jeune femme ne lui ferait pas fond bond.

Un groupe quelques cavaliers semblaient avancer dans la rue haut loin. Owen attendit qu'ils approchent pour pouvoir discerner les traits des cavaliers. Rapidement, il repéra la dame qu'il convoitait et il s'avança à leur rencontre. Le jeune homme s'inclina lorsque la cavalière fut stoppée. Le jeune homme s'inclina calmement avant de se redresser et de lui offrir son plus beau et élégant sourire. Son regard était rayonnant. Elle était loin de porter des vêtements dignes d'une grande dame. A vrai dire, elle lui faisait penser à la jeune dame qu'il avait quitté à Mielbois. Une femme habillé à la garçonne pour des raisons de pratiques et de confort. Un zeste de classe en moins mais un brin d'intelligence en plus. Néanmoins elle restait agréable à regarder. Le jeune homme avança vers la monture de la jeune dame et lui proposa ses bras pour l'aider à descendre de son cheval de façon galant.

«J'espère que vous avez fait bon voyage dame Ellyn. Je suis ravi de vous accueillir à Villevielle. Laissez moi vous aidez à descendre de votre cheval et vous proposez mon bras pour regagner la tour des Hightower. Nous y serons à notre aise et vous pourrez prendre quelques rafraîchissement. Je suis sûr que ce voyage a dut vous creuser l'appétit et vous causez grand soif.»

Le jeune homme aida la jeune femme à descendre puis observa calmement la jeune femme, attendant qu'elle lui réponde. Elle était aussi belle qu'il s'en souvenait. Il avait besoin de quelques secondes pour l'observer et lui montrer qu'il était attentif. Son sourire devint encore plus franc et chaleureux, attendant calmement la réaction de la jeune dame.

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Une visite romantique à Villevieille
Du haut de cette jument à la robe blanche, la belle Ellyn pouvait apercevoir avec délice les atours de Villevieille, cette cité si proche et en même temps si lointaine du paisible domaine de Mielbois. Rien n’était comparable entre les deux villes, tandis que l’une n’était que sophistication et ruelles étroites, l’autre était simplicité et large avenues de pavés taillés. Mais Ellyn aimait profondément Villevieille pour s’y être régulièrement rendu étant plus jeune en compagnie de son père, de sa mère, d’autres membres de sa famille, et des gens de Mielbois. Les des Essaims avaient toujours été les vassaux des Hightower et à ce titre il était normal qu’ils assistent à leurs réceptions, surtout que le père d’Ellyn voulait marier ses filles le plus tôt possible. Et quand on voit la proximité géographique des deux lieux, on aurait été étonnés que les deux familles ne se rendent pas régulièrement visite. Ellyn se rendait d’ailleurs plus souvent à Villevieille étant enfant qu’à Hautjardin, alors que le pouvoir s’y tenait. La jeune dame, encore petite fille, n’étais pas avide de pouvoir, elle ne l’était toujours pas d’ailleurs, tout ce qu’elle voulait c’était de la reconnaissance, et il semblait que le jeune Lord araignée avait su dénicher en elle ses talents cachés et les estimait à leur juste valeur.

En parlant de ce jeune seigneur, Ellyn pouvait l’apercevoir venir au loin, vêtu de ses plus beaux atouts, son regard pénétrant et scrutateur fixant avec une passion intimidante la jeune abeille. Elle en rougissait de plaisir ce qui n’était pas arrivé depuis fort bien longtemps. Elle avait quelque peu honte d’être si négligemment vêtue, avec cette tenue de garçonne et ses cheveux si lâchement coiffés, mais elle avait trouvé cette tenue des plus appropriés pour le voyage. Elle apercevait déjà les boucles blondes de son ami au-dessus de ses yeux si perturbants. Le jeune homme lui offrait à la fois son plus beau sourire et sa main pour l’aider à descendre de sa monture. Ellyn l’écouta sans mot dire, et attendit d’être descendu de la jument et d’avoir pris le bras d’Owen pour lui répondre avec quelques mots délicats.

- Je vous remercie de votre accueil si chaleureux Lord Owen.Le voyage a été des plus agréables par ce beau soleil, et la chaleur ne m’a pas trop fait souffrir ayant voyagé de bonne heure. Je me réjouis de vous voir ici à Villevieille. Une cité que j’ai beaucoup côtoyé étant plus jeune, mais je vous avoue que depuis la maladie de mon père, je n’avais plus le temps de venir.

Ellyn se tut quelques instants, le temps de remettre une mèche de cheveux derrière son oreille et paraître quelque peu présentable. Elle rougissait comme jamais elle ne l’avait fait même en plein soleil et sous l’effort. Elle avait cette impression impudique que tout le monde les regardait, elle la jeune dame aux allures de garçon manqué dans son pantalon ample de couleur prune, tenant le bras du charmant Lord Tyssier, sûrement très connu à Villevieille pour être un des plus proches conseillers de leur suzerain, Rowen Hightower. Pour éviter d’être obnubilé par ces fantômes de regard qui s’attardaient sur eux, elle se tourna délicatement vers mestre Corwyn, obligeant Owen à faire une pause.

- Mestre Corwyn, si vous le souhaitez, vous avez quartier libre cet après-midi, nous nous retrouverons pour le souper ce soir, nos rendez-vous avec les marchands ne sont que demain matin. Profitez-en.

Ellyn reprit sa marche au bras de son Lord Tyssier. Elle était toute timide, se rendant compte que ses sentiments dépassaient la simple amitié, mais ayant encore du mal à l’assumer. Elle dit, sur le ton de la décontraction.

- Un peu de rafraichissement ne sera pas de refus. Comme vous le voyez, je suis encore en tenue de voyage, or j’ai prévu une toilette plus adaptée pour mon séjour à Villevieille. J’espère qu’elle vous plaira…



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Une visite romantique à Villevieille




Ellyn des Essaims

La jeune dame accepta son aide pour descendre et prit ensuite son bras gracieusement offert ce qui était bon signe. La dame à la blonde chevelure aurait pût refuser de se faire aider mais elle avait accepté, malgré son idée qu'elle se faisait sur l'égalité de la femme et de l'homme. Dans cette optique, elle aurait pût refuser son geste de galanterie. Il avait également noté que la jeune dame avait rougit ce qui pouvait également être interprété comme un signe favorable à sa personne. Le jeune homme lui sourit agréablement et lui répondit du tac au tac sur un ton poli dans lequel transparaissait quelques notes de joie qu'il ne dissimula pas.

«Le temps nous est précieux à tous les deux et je saurai profiter des heures que vous m'accorderez. Je ferais en sorte que votre séjour à Villevieille se passe sous les meilleures auspices et qu'il en vaille la peine. A vous entendre, la santé de votre père ne semble pas s'améliorer. Je redoublerai donc de prière pour qu'il retrouve vigueur et santé au plus vite.»

La jeune femme congédia poliment son mestre ce qui voulait dire qu'elle souhaitait rester seule avec le jeune homme. Décidément les Sept lui envoyaient tous les signes qu'il désirait. Elle parla de sa toilette quelque peu négligée pour le voyage et le jeune ne trouva rien à y redire. Même vêtue de ses frusques plus masculines, elle demeurait une femme à la beauté indéniable et cela serait mentir que de nier qu'il la désirait.

«Cette tenue ne vous met certes pas en valeur comme le devrait une toilette plus féminine mais elle ne gâche en rien votre charme. J'ai hâte de voir ces vêtements que vous avez préparé. Je vous fais amplement confiance. Je sais que vous serez sans doute la dame la plus ravissante de Villevielle.»

Les deux jeunes gens échangèrent des banalités, sur leur famille tout le long du chemin. Ils arrivèrent à la tour de la maison Hightower et le jeune homme lui servit de guide pour l'amener jusqu'à ses appartements. Ils pénétrèrent dans une pièce richement décorée et quoi que peu spacieuse. La jeune araignée avait veillé à ce qu'elle soit reçue avec les honneurs. Sur la table attendait déjà vin et quelques fruits si elle souhaitait se restaurer.

«J'espère que ces pièces vous plairont. Nous les avons fait préparer pour votre venue. La maison Hightower désire que ses vassaux se sent chez elle comme chez eux. Puissiez vous y dormir du sommeil du juste et vous y sentir à votre aise. Je vais maintenant vous quitter et laissez l'un de mes hommes à votre porte pour qu'il puisse vous guider jusqu'à mes appartements. Une fois changée, nous pourrons prendre les rafraîchissements que je vous ai promis et discuter posément. Si vous saviez comme je trépignais d'impatience à cette idée. Votre simple présence suffit à me faire sourire.» 

L'araignée baisa la main de la dame avant de sortir calmement de la pièce et de lui laisser le loisir de se changer. Il regagna ses appartements et prépara deux coupes de vin, une pour lui et une pour la des Essaims. Il s'installa calmement sur le rebord d'une fenêtre attendant patiemment que la jeune dame se présente à lui. Owen avait une idée bien précise de ce qu'il désirait de la jeune dame et il comptait bien lui exposer son idée, en douceur de préférence. L'araignée attendait bien souvent que l'abeille inconsciente se glisse dans sa toile et s'y retrouve prisonnière avant de frapper de manière éfficace.

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Une visite romantique à Villevieille
Ellyn ignorait ce qui lui arrivait depuis quelques temps, c’était comme si elle avait baissé sa garde face à ce jeune homme, elle qui avait toujours été très réservée et avait toujours vu d’un mauvais œil les gestes de galanterie se mettait brusquement à les aimer quand ils provenaient d’Owen, elle en avait la preuve à l’instant même car jamais auparavant elle n’aurait accepté le bras d’un homme pour l’accompagner s’estimant plus solide qu’une poupée de porcelaine dont l’on prend soin. La raison ? Peut-être était-ce parce qu’elle savait pertinemment qu’Owen n’était pas de ces hommes machos, au contraire il était galant par simple politesse et respect, sans jamais sous-entendre que la femme était une petite chose fragile. C’était sans doute cela la raison… Ou bien c’était autre chose, peut-être que même si la jeune femme refusait de l’admettre, en réalité la baisse de garde ‘était motivée par les sentiments qui naissaient en son sein à l’égard de ce jeune homme aux boucles blondes si délicates et au regard si clair. Mais jamais elle ne lui avouerait ce genre de sentiments, ce serait trop dégradant à ses yeux, et cela serait une insulte envers la Jouvencelle. Pour cacher son émotion, la jeune demoiselle répondit aux inquiétudes du Lord Araignée sur la santé de son père.

- Je vous remercie profondément de vous inquiéter pour la santé de mon père Owen, en effet, son état a bien du mal à s’améliorer. Fort heureusement, comme je voulais en avais parlé, notre nouveau mestre lui procure de nouveaux remèdes permettant tout au moins d’atténuer grandement la douleur… Je crains sans cesse pour sa vie, tellement sa perte me serait douloureuse … Je prie les Sept chaque jour pour éloigner ce funeste moment.

Le jeune homme répondit avec la plus extrême des gentillesses, plein de compassion. Il lui fit alors remarquer qu’elle était tout de même en beauté malgré sa tenue de voyage, elle ne sut comment prendre la remarque mais ne voulant pas gâcher un si bon début d’entrevue elle ne releva pas la remarque, et suivit son hôte à travers les rues peuplées de Villevieille, seulement entourée par ses gardes et par la présence bienveillante d’Owen. Ils parlèrent de banalités sur leurs familles respectives, sur la météo qu’il faisait ce matin-là et le récit du voyage rapide et calme d’Ellyn jusqu’à la cité des Hightower. Arrivé à l’une des tours de la ville, Owen conduisit Ellyn jusqu’à des appartements richement décorés et avec goût, bien que la pièce ne soit pas des plus grandes, ce qui n’était pas pour gêner Ellyn pour qui tout cela n’était que superficialité, elle qui avait toujours préféré l’utile au confortable. Sur une table d’un beau bois rouge brillant trônait une coupe avec des fruits frais, à côté de laquelle une carafe de vin ambré attendait que l’on s’en abreuve.

- Cette pièce me convient tout à fait Owen, je saurai m’y refaire une beauté je l’espère. Nous nous disons à tout à l’heure dans ce cas.

Sur ces quelques paroles, Owen la laissa seule dans la pièce, la porte close et protégée par un garde de l’Araignée, les propres soldats d’Ellyn étant en train de se restaurer dans les cuisines. Elle était seule dans la pièce et commençait à déballer les valises de cuir orange qu’elle avait fait monter. Vous remarquerez que la jeune femme était bel et bien seule et n’avait fait venir aucune demoiselle pour l’aider à se préparer, ayant tellement l’habitude de le faire seule. Une habitude qu’elle devrait sûrement modifier à l’avenir. Avant de se changer, la jeune femme saisit une pomme de la corbeille et la mordit à pleine dent, faisant toutefois attention à ne pas laisser le jus frais couler sur son menton, c’était tellement indélicat pour une dame de son rang. Une fois rafraichie, Ellyn des Essaims sortit sa robe de sa valise et entreprit de la vêtir. Elle fut néanmoins bien embêtée au moment de la fermer et demanda au garde d’aller lui chercher une servante pour l’aider dans sa tâche. A Mielbois, c’était souvent une de ses sœurs qui s’en occupaient. Une fois prête, habillée, recoiffée avec élégance et le teint rafraichi par un peu de poudre, elle se fit conduire dans les appartements d’Owen Tyssier.

Arrivée à la porte, le garde la fit entrer après avoir prévenu de son arrivée par un léger coup au bois de la porte. C’est alors qu’Ellyn fit son entrée, méconnaissable pour celui qui était habitué à ses tenues plutôt garçonnes, ses culottes larges et ses cheveux sauvages. Là, devant ce jeune homme si mystérieux et si magnétique, Ellyn se tenait droite, dans sa robe longue de soie crème, aux quelques broderies dorées aux emmanchures et un brocard d’or entourant cette taille qu’un corset avait affiné. Ses épaules étaient légèrement découvertes, à la mode bieffoise. Ses pieds, dans de légères pantoufles crème également, étaient cachés par la longueur de la robe finement dessinée. Pour une fois, ses cheveux étaient délicatement coiffés, en de belles tresses remontées en un chignon élégant. Sa source d’inspiration ? Sa défunte mère … En ce moment même, elle lui ressemblait comme deux gouttes d’eau. Elle espérait que cette féminité convaincrait le jeune Tyssier qu’elle savait être une femme et non seulement une gestionnaire. La délicate abeille ouvrière s’était transformée en Reine de Ruche des plus délicates.

- Me voici Owen, j’espère ne pas avoir été trop longue... Vous disiez m’offrir un rafraichissement ?

Avant de recevoir une quelconque réponse, Ellyn s’installa dans le fauteuil rembourré qui semblait lui ouvrir grand les bras. La réaction d’Owen l’intéressait beaucoup …



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Ellyn des Essaims

Le jeune homme eut le souffle coupé en voyant la jeune femme pénétrer dans la pièce. Le changement était drastique. Une robe crème qui lui allait bien au teint, sa taille sans doute affinée par un corset et ses cheveux ramené en chignon faisaient leur effet. La jeune dame était splendide. Il avait l'impression d'avoir une autre personne en face de lui mais c'était pourtant toujours Ellyn. Ses yeux ne trompaient pas et son visage non plus bien qu'il lui apparaissait sous un jour nouveau avec cette coiffure différente de celle à laquelle il était habitué.

«L'attente ne fut pas longue mais quand bien même, elle en avalait la peine. Vous êtes toute en beauté. C'est un véritable honneur pour moi de pouvoir vous admirer. Je m'occupe de vous apportez les rafraîchissements. »

Un sourire charmeur et sincère fut adressé à l'abeille. Si elle était observatrice, elle avait certainement remarqué le léger rougissement des joues de l'araignée. Il se maudit intérieurement de ne pas avoir garder son sang froid en vidant une partie du contenu d'une carafe de vin dans deux coupes. Aucun domestique n'était présent. Il avait désiré être seul avec la dame de Mielbois et ils étaient bel et bien seuls. La jeune blonde avait prit place dans un fauteuil et le jeune donna sa coupe à Ellyn avant de s’asseoir avec la sienne.

«C'est une coupe de vin, aromatisée à la façon de Mielbois. Un petit hommage à vos produits. Si cela ne vous plaît pas, je pourrais nous faire monter d'autres boissons plus à votre goût.»

Il se souvenait qu'elle lui confesser boire son vin de cette façon. L'alcool lui ouvrirait probablement l'esprit, la mettrait à l'aise et permettrait à sa langue de se délier. Il était inexplicablement heureux de la voir à Villevieille en ce jour. Lorsqu'il avait commencé à converser avec elle par missive, il s'était agit pour lui d'un simple jeu de séduction mais au fil des échanges, il avait réalisé qu'il était loin d'être insensible à sa personnalité, tout comme à son charme naturel. Le jeune homme leva sa coupe en direction de celle d'Ellyn et prononça quelques mots.

 « Je porte un toast à votre charmante personne Ellyn. Je ne cesserais jamais de le répéter mais je suis on ne peut plus heureux de vous voir ici et de pouvoir vous parler en privée. Cela fait des semaines que j'attendais ce moment avec impatience.»

Le jeune homme lui fit un magnifique sourire et prit une gorgée de vin avant de déposer sa coupe sur le petit reposoir à côté de son fauteuil. Le vin était délicieux et ce petit ajout de sucre n'était pas pour lui déplaire. Les pâtisseries ne tarderaient pas à arriver, ils pouvaient donc entamer une saine conversation.

«Puis je vous poser une question Ellyn ? Vous êtes une femme intelligente, je le sais et vous trouverez peut-être la réponse à ma question. Savez vous ce que j'ai recherché avec attention ces dernières années ?» 

C'était une question simple. Ellyn pourrait peut-être trouver la réponse si elle se basait sur leurs échanges épistolaires et sa connaissance du jeune homme. Il était fort probable qu'elle ne trouve pas non. Non pas par manque de réflexion ou d'intelligence mais simplement car elle ne chercherait pas au bon endroit. Posant le bout des doigts d'une de ses mains sur leurs homologues de l'autre main, Owen attendit de voir si la jeune femme allait arriver à lui formuler une réponse satisfaisante. Il trouvait que son entrée en matière était bien amenée. Son but était d'aborder un sujet joyeux mais qui dépendait principalement de l'approbation de la jeune femme, bien que selon l'usage, il pouvait très bien s'en passer.

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Une visite romantique à Villevieille
Ellyn fut ravie de constater que sa tenue de dame plaisait à Owen, chose qu’il avait prouvé par ses belles paroles mais aussi et surtout, ce qui toucha sans doute le plus la jeune abeille, ses joues qui avaient pris une délicieuse couleur rosée. C’était charmant, et tellement mignon qu’un homme comme lui soit impressionnée par une femme comme elle, une chose à laquelle Ellyn n’était pas habituée. Certes son père lui avait toujours dit qu’elle était fort belle et ressemblait comme deux gouttes d’eau à sa défunte mère, mais elle prenait cela pour de l’amour d’un père envers sa fille, et pour la première fois, un autre homme semblait sincèrement impressionné par son charme. Même le Nègrebar qui avait désormais passé revêtu le noir corbeau ne lui avait jamais fait de compliments aussi sincères. Ellyn sourit timidement face à l’émotion mal dissimulée de son ami, toute contente de l’effet qu’elle produisait. Il était fort rare qu’elle mette de telles tenues, les trouvant certes belles mais peu pratiques pour la gestion d’un domaine comme Mielbois. Néanmoins, elle devrait s’y habituer si à l’avenir elle devenait une Dame, autant commencer dès maintenant. Et a priori, l’essai était réussi. Owen leur servit à chacun une coupe de vin mêlé de miel, pour adoucir la boisson comme il disait. Il avait donc retenu les goûts de la jeune femme, un détail qu’elle nota précieusement dans un coin de sa mémoire. Aucun domestique n’était présent dans la pièce, les laissant véritablement seuls. Comme lors de leur entrevue à Mielbois.

- Je vous remercie de cette attention Owen, ce vin est très bon, délicieux même, fruité et doux comme je les aime. Sûrement un vin venant de La Treille non ? Ca me rappelle certaines odeurs quand je m’y rendais. Vous me prêtez beaucoup d’attentions mon ami … Cela cache-t-il quelque chose ?

Ellyn n’était pas si bête qu’on pouvait le penser, bien au contraire. Elle était consciente du rapprochement qui s’était effectué entre les deux jeunes gens depuis leur première entrevue, et les missives qu’ils s’étaient échangées avaient intensifié leur lien. Aujourd’hui, Ellyn se sentait avec Owen comme si elle le connaissait depuis longtemps, et elle se sentait vraiment bien en sa présence. Elle avait peur de ce sentiment nouveau, mais il était si grisant qu’elle ne pouvait s’en détacher. Comme une drogue.

- Je vous remercie, je vous avoue que moi aussi j’avais grande hâte de vous revoir, dans d’autres circonstances que celles de notre première entrevue. Vos lettres m’ont fait extrêmement plaisir et ont su nouer entre nous une forte complicité que je ressens en ce moment même. J’en suis ravi. Et ces quelques jours à Villevieille me feront le plus grand bien.

Le vin était en effet très bon, mais Ellyn faisait attention à ne pas trop en boire, elle voulait garder l’esprit clair en présence d’Owen et ne pas lui montrer une jeune femme qu’elle n’était pas. Elle était sereine mais la question d’Owen la désarçonna quelque peu. Elle tenta d’y répondre tant bien que mal.

- Eh bien Owen, nous cherchons tous certaines choses dans une vie, et celles-ci peuvent être diverses selon la personne. J’ai peur de mal vous répondre c’est bête, mais du peu que je vous connais, plusieurs choses me viennent à l’esprit. Peut-être cherchez-vous la reconnaissance ou le pouvoir, comme de nombreux hommes, ce qui expliquerait votre présence à Villevieille où se concentre désormais le pouvoir dans le Bief, et ce que je trouve admirable. Mais il existe aussi une autre solution, plus « naturelle » si je puis dire. Tout homme cherche un jour à fonder une famille, c’est l’ordre naturelle des choses. En effet, je ne reprends ici que les paroles de L’Etoile à Sept Branches. La Jouvencelle a présenté une jeune pucelle aussi souple que le saule à Hugor de la Colline, qu’il prit pour épouse. La Mère par la suite la rendit fertile et l’Aieule lui prédit une descendance nombreuse. Je pense donc que c’est là le vœu de chaque homme sensé de ce monde : trouver sa pucelle, l’épouser pour ensuite fonder une famille. Est-ce que je me trompe Owen ? Est-ce cela que vous cherchez ?

Le retour à la Foi était presque salvateur pour Ellyn, qui y trouvait un soutien et un réconfort inégalé. Elle ignorait si sa réponse était la bonne, mais c’est en tout ce qu’elle souhaitait pour elle-même : être cette pucelle qu’un homme prendrait un jour pour épouse et à qui elle donnerait des enfants vigoureux pour assurer leur succession.



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Ellyn des Essaims

Le jeune homme hocha de la tête pour signifier qu'il s'agissait bien d'un vin de l'île célèbre pour ses vignobles se situant non loin de Villevieille. Il écouta ensuite la jeune femme parler et tenter de répondre à sa question. Au début, sa réflexion ne fut pas la bonne mais par la suite, la des Essaims trouva la bonne réponse en utilisant l'histoire d'Hugor Colline pour illustrer ses paroles. Le jeune homme était ravi qu'elle ait si vite trouvé même si cela voulait sans doute dire qu'elle l'avait percé à jour et s'attendait à la demande qu'il s'apprêtait à faire. Le jeune homme ne dit mot et se leva, tendant son bras à Ellyn pour qu'elle prenne appui sur lui pour se relever et le suivre. Il la guida jusqu'à la fenêtre de ses appartements qui offrait une jolie vue une partie de la ville et la mer. Le jeune homme prit alors seulement la parole sur un ton franc et détendu.

«La vue ici est imprenable. Tant la mer que la ville sont apaisantes à regarder. Dire qu'une seule personne règne sur tout cela est déroutant. Vous avez raison, le rêve de tout homme est de réaliser ses ambitions mais votre deuxième réponse était plus juste. Le devoir de tout homme est de protéger sa famille passée et à venir et par conséquent de fonder la sienne. La plupart des hommes y aspire et ceux aussi bien né que nous ne choisisse pas. Leurs parents leur impose  sauf si l'héritier devient Lord avant que ce mariage ne soit préparé bien entendu. »

Le jeune homme marqua une pause et sirota calmement quelques gorgées de vin en contemplant le panorama extérieur. Son explication était simple et efficace et il ne souhaitait pas s'encombrer de détails trop longuets. Il devait aller droit au but et obtenir un oui ou un non en espérant qu'elle remarque qu'il lui en avait parlé avant de s'adresser au Lord des Essaims et donc qu'il prenait son avis en compte.

«Un Lord se doit de choisir une épouse sur base de diverses facteurs. Le prestige et l'alliance qu'elle lui apporterait ou encore sa beauté, un point plus trivial cela dit. Il peut aussi chercher à faire main basse sur ses terres mais les plus intelligent chercherons une femme capable d'être son égal, de gérer son domaine, de l'aider et de réfléchir avec lui. Je pense moi même avoir rencontré une personne de cette trempe. C'est pourquoi j'aimerai devenir votre Hughor Colline, Ellyn.»

Les choses étaient dites. La demande était faite. Le jeune homme s'était lancé. C'était fait. A présent, il n'avait plus qu'à attendre la réponse et savoir si celle-ci accepterait. Allait-elle réagir de façon neutre ? Allait-elle noyer le poisson ? Demander un temps de réflexion ? Refuser ou répondre par l’affirmative ? L'araignée était à présent face au mur et attendait le jugement. Il ignorait si Ellyn s'était réellement attendu à cette demande ou si elle avait plutôt pensé qu'il lui demanderait des conseils ou de voir si elle ne possédait pas dans ses relations une jeune lady idéale à épouser. Seuls les Sept pouvaient répondre à ses interrogations. Le blond scrutait l'horizon à la recherche d'une réponse mais il savait qu'elle ne viendrait que de la dame de Mielbois. Alors le blond ne fixa plus le paysage mais se tourna vers Ellyn, posant son regard dans le sien, attendant l'ultime réponse censée poindre sur ses douces lèvres.

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Plutôt que de répondre immédiatement, le jeune homme se leva, après avoir bu une gorgée du vin sucré, et présenta son bras à la jeune Dame de Mielbois. Ellyn prit son bras avec joie, espérant n’avoir pas fait de conclusions hâtives en lui donnant cette réponse précédemment. Au fond, elle ignorait tout des intentions réelles du Lord Araignée, même si elle espérait sincèrement que la sympathie qu’elle éprouvait pour lui soit réciproque. Penser au mariage ? Bien sûr qu’elle l’avait fait, mais elle ne voulait pas se faire de fausses idées, elle vait déjà été déçue par le passé par de telles promesses. Mais oui, elle espérait sincèrement que leur amitié s’intensifierait car Owen était de ces hommes qui respectait réellement les femmes comme leurs égales. Elle écouta attentivement le jeune homme discourir sur la beauté et le calme de la mer que l’on voyait de ses appartements. Il est vrai que la vue était des plus agréables, on ressentait un profond sentiment de quiétude.

- Je vous comprends tellement Owen… Cette vue donne une profonde impression de calme, et l’on a du mal à s’imaginer à quel point les hommes sont toumentés et se font la guerre quand on voit une si grande force capable de sérénité et de quiétude. C’est une chose que je prie tous les jours quand j’adresse mes prières aux Sept, que le peuple soit capable de calme et d’harmonie… Imaginez : un monde où la guerre serait supplantée par les alliances, la foi et la connaissance ? Désolé, je me laisse emportée par cette vue …

Vous avez bien raison, bien souvent les mariages sont aujourd’hui arrangés, vous n’êtes d’ailleurs pas sans savoir que j’ai moi-même été fiancé à une époque, mais fort heureusement ce goujat vit désormais sa vie bien au Nord … Je prie chaque jour la Jouvencelle pour m’offrir un mari d’amour et non de convenance …


La suite du discours d’Owen donna le sourire à Ellyn, même si dans le même temps son front se plissa quelque peu, car elle avait peur. Peur d’être déçue une nouvelle fois et de confier sa vie à un homme, elle qui avait toujours voulu faire ses preuves comme femme. Comme le disait l’Araignée, beaucoup d’hommes se mariaient par intérêt plus que par amour. Mais la fin de ses vers furent tout autre : il lui proposait d’être son Hugor de la Colline, et donc d’être sa pucelle. Non pas une femme obéissante et soumise, mais une partenaire, une collaboratrice, qui l’aiderait dans la gestion de leur domaine, son égal. Ellyn avait de l’ambition, une ambition pure et sans aucune trace de perfidie, mais elle savait que seule, elle n’y arriverait pas. Owen semblait également ambitieux, et les deux s’appréciaient énormément. Ce qui plaisait le plus à Ellyn ? Qu’il lui pose cette question avant de la poser à son père. Cela prouvait qu’il attachait une grande importance à son accord. Quant à son père, Ellyn savait qu’il ne serait pas contre, il voulait qu’elle se marie avant que la maladie ne l’emporte, pour qu’il soit rassuré une fois dans les Sept Paradis.

Le silence s’étiolait entre les deux jeunes gens pendant qu’Ellyn réfléchissait. Sa réponse ne tarderait pas, mais elle ne savait pas quoi dire. Selon les convenances, ce n’était pas à elle de répondre, mais à son père. Et pourtant, le rose de ses joues trahissait ses sentiments. Elle mit finalement fin au silence en prenant la main d’Owen.

- Vos mots me touchent profondément Owen, et la Jouvencelle seule peut entendre les battement affolés de mon cœur en cet instant précis. Je vous apprécie énormément, votre intelligence, votre charisme et votre sens de l’honneur m’honore. Ce serait un délice d’être votre compagne, votre pucelle, la mère de votre foyer Owen. En ce qui me concerne, vous avez mon assentiment, mais sachez que je prendrai le manteau de votre maison sur les épaules que si vous obtenez l’accord de mon paternel. Mais l’Abeille que je suis serait ravie de s’unir à l’Araignée que vous êtes …

Ellyn resserra sa main sur celle de son ami, heureuse de sa proposition, les yeux remplis d’étoiles, souhaitant l’étreindre mais n’osant pas, ne sachant pas encore quelle place elle pouvait prendre dans cette nouvelle relation… Certains hommes n’appréciaient pas que les femmes prennent d’initiatives.




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Ellyn des Essaims

Elle appréciait la vue et c'était tout à son honneur. Elle semblait d'accord avec l'avis du jeune homme ce qui était positif mais lui attendait surtout l'ultime réponse. Celle qui déciderait de la suite de sa démarche et donc par conséquent de son avenir et de celle de sa lignée. C'était la réponse qu'il attendait le plus et les secondes semblaient se transformer en heure tant l'attente le mettait mal à l'aise. Finalement les mots tant attendus arrivèrent. Ellyn acceptait sa demande ce qui lui faisait à la fois un bien fou et lui faciliterait probablement la tâche auprès de son père qui faisait suffisamment confiance à sa fille pour lui confier la gestion du domaine. La partie n'était pas gagné loin de là mais l'araignée avait fait 75 pour cent du chemin jusqu'au point d'arrivé. Il se sentait soulagé à présent de savoir qu'il allait probablement épouser cette femme.

«Je suis ravi que vous acceptiez ma proposition. Vos paroles me vont droit au cœur. Je me languis de pouvoir parler à votre père. Lors de votre départ de Villevieille, je vous accompagnerai. J'espère que vous m'accorderez votre soutien pour plaidez notre cause auprès du Seigneur de Mielbois. Je suis heureux, tellement heureux que je pourrai pousser l'effronterie jusqu'à vous voler un baiser. Je respecte votre chasteté et je n'en ferais rien, Lady Ellyn.»

Il avait senti la main d'Ellyn se resserrer sur la sienne et il attira alors sa menotte et déposa un baiser chastes sur le dos de celle-ci. Ensuite il s'approcha d'elle et l'entoura de ses bras quelques instants, laissant leurs regards parlez au lieu de leurs lèvres. Il était convaincu d'avoir trouver son égal. Les terres de la maison des Essaims n'était qu'un petit plus et à dire vrai elle ne l'intéressait pas réellement dans ce mariage. S'il avait dût se marier pour faire main basse sur un territoire, il aurait chercher une maison plus proches des terres de Froide-Douve pour des raisons pratiques. Relâchant peu à peu son étreinte, le jeune homme porta un toast.

«Je bois à notre accord, à notre possible future union, à nos deux maisons, à votre intelligence et votre charme.»

Owen savait qu'il n'aurait pas trop de mal à obtenir l'autorisation de son supérieur hiérarchique pour épouser Ellyn. Cette partie ne serait qu'une simple formalité. Une fois marié, il disposerait d'une femme intelligente, capable de le comprendre et de le conseiller ainsi que de gérer son domaine avec efficacité s'il venait à devoir s'absenter. Le seul inconvénient probable serait le désir de la dame des Essaims de rentrer de temps en temps à Mielbois. L'araignée pourrait sans accommoder sans mal.

«L'abeille et l'araignée. Nos deux blasons unis feront un couple des plus cocasses pour le règne animale mais je suis sûr que nous ferons un excellent duo. Je ne pouvais rêver une femme aussi idéale que vous pour travailler avec moi et assurer notre descendance. J'ai hâte que ce projet se concrétise. Hâte de vous voir revêtir le manteau de la maison Tyssier. Mes gens ne pourront , tout comme moi, que vous apprécier.»

Cette nouvelle lui permettait d'éclipser ses soucis et de se concentrer sur quelque chose de positifs. Il ne manquait plus que Gwynesse présente le jour de son mariage pour que tout soit parfait et qu'ils puissent œuvrer, sa future épouse et lui, à se bâtir un avenir meilleur et réaliser leurs futures ambitions.

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Dire oui n’avait pas été évident pour Ellyn, et cela pour plusieurs raisons. La jeune femme n’était pas habituée à déclarer ses sentiments de manière aussi rapide, et à vrai dire c’était bien la première fois qu’elle ressentait un véritable attachement à l’égard d’un homme. Par le passé, elle avait déjà été fiancée, mais elle ne ressentait rien à part de l’amitié pour le Nègrebar. Et dans un sens heureusement, vu le comportement particulièrement honteux de ce jeune homme par la suite, quand il avait essayé de pénétrer de force dans la couche d’une de ses sœurs. L’autre raison pour laquelle donner son accord à Owen était difficile se comprenait facilement : en lui disant oui, c’était accepter de devenir son épouse, et donc sûrement quitter Mielbois pour Froide-Douve, or elle adorait son domaine, et ne s’imaginait pas devoir le quitter un jour. Son père bien entendu serait ravi de la nouvelle, savoir sa fille sur le point de se marier lui rendrait sûrement un peu de force et une santé suffisante pour la voir prendre le manteau noir aux toiles d’argent de son futur époux. Rien que cette pensée donnait le sourire à Ellyn, bien que cela soit un sourire quelque peu mélancolique. Pour rassurer son désormais fiancé, la jeune dame de Mielbois assura sa prise sur sa main et en le regardant dans les yeux lui dit :

- Vous êtes le bienvenu à mes côtés mon Owen, ensemble nous irons voir mon père et je suis sûr qu’il vous prendra dans ses bras comme un fils J’espère que cette bonne nouvelle améliorera sa santé, il n’y a pas de raison que cela en soi autrement. Cela sera aussi l’occasion pour vous de rencontrer mes sœurs, et sûrement mon futur beau-frère, un Mullendore qui est de passage à Mielbois en ce moment. Lui et ma sœur Iren sont très proches, et je devine qu’il meure d’envie de lui demander sa main, mais qu’il n’osera le faire qu’une fois que l’aînée, c’est-à-dire moi, sera mariée. J’apprécie grandement votre respect Owen, respecter mon honneur et ma pudeur vous honore, et je vous avouerai faiblement que ce baiser me rougirait les joues si je vous l’accordais, mais je préfère encore attendre. Faisons les choses dans les règles, comme nous l’ont enseigné les Sept, et notre union sera heureuse et fertile.

Ellyn accueillit avec délice le baise-main et l’étreinte d’Owen. Elle aimait déjà cette impression douce et satinée d’un homme la rassurant dans ses bras fermes, et elle sentait qu’elle pourrait aisément s’y abandonner, se sentant enfin en sécurité. Une légère larme coula sur sa joue, sa mère serait si fière de la voir ainsi épanouie… Une chose était certaine, elle lui rendrait gloire en s’inspirant d’elle pour faire une bonne épouse, en y rajoutant son esprit déterminé bien entendu, on ne pourrait pas la changer tant que cela. De nombreux changements en perspective…

- Vous avez raison Owen, un couple des plus cocasses, mais je suis sûr que notre alliance sera fructueuse, tant sur le plan affectif qu’intellectuel. Vous avez déjà su me prouver être un homme intègre et cultivé, j’espère que je le suis assez pour vous également. J’aurai l’occasion également de vous présenter aux gens de Mielbois, car en vous épousant, ils seront les vôtres également un jour, celui où mon père ne sera plus… J’espère vraiment être pour vous une épouse et une mère comme il se doit.

Ellyn s’interrompit quelques secondes le temps de prendre une gorgée de vin sucré, et elle se rassit sur son fauteuil, quelque peu étourdie par tant d’émotions. Elle en profita pour attrapa une grappe de raisins, et en mangea quelques-uns, pour éviter que l’alcool ne la rende trop euphorique. Elle pria son ami de la rejoindre sur la banquette, bien assez large pour les accueillir tous deux, et ainsi elle pourrait l’avoir près de lui.

- Dites-moi Owen, en vous épousant, je vais bien entendu venir vivre avec vous à Froide-Douves, mais j’espère que vous ne m’interdirez pas de me rendre de temps à autre à Mielbois ? Surtout que si vous restez dans les hautes affaires comme actuellement, Mielbois se situe juste avant Villevieille, ce serait bête de ne pas en profiter, ne croyez-vous pas ?

Ellyn avait vraiment peur de ce déracinement brutal avec sa terre natale, et elle comptait fébrilement sur la compréhension de l’Araignée…



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Ellyn des Essaims

C'était bien entendu évident qu'elle accepterait qu'il l'accompagne. Il y rencontrerait sa famille, y ferait naturellement bonne figure et l'affaire serait dans le sac. Owen avait ce sens de l'étiquette prononcé qui lui permettait de se mettre en valeur et de se faire bien voir sans passer pour un total arrogant. Il était d'ailleurs convaincu que s'il avait embrasser la jeune femme, ses joues n'auraient pas été les seuls à rougir. Ellyn disposait de la sorte d'une preuve du respect qu'il lui accordait et de la force de sa demande. Les gestes parlaient beaucoup plus que les mots et dans ce cas c'était l'absence de geste qui ferait très certainement totalement tomber la jeune dame sous sa coupe.

«Il est amusant de constater que des choses anodines peuvent conduire à de plus grands desseins. Aviez vous imaginé qu'une simple affaire commerciale banale puisse ainsi être la source d'un mariage et d'une alliance entre deux maison ? Seuls les Sept devaient s'en douter !»

Elly n'avait pas refusé son baise-main ni son étreinte ce qui était de bonne augure. Cela allait être certainement difficile pour l'araignée de tenir jusqu'au jour du mariage. La jeune abeille était désirable mais il comptait bien respecter sa promesse autant par fierté professionnel mais aussi dans son propre intérêt. Si la des Essaims jugeait son futur époux digne de confiance, il serait en mesure de commencer à travailler avec elle sur d'autres sujets que celui de la couche. Le blond 'écouta attentivement sa douce abeille sucrée avant de lui répondre calmement.

«Ce sera avec joie que je rencontrerais vos gens. Ne vont-ils pas m'en vouloir ? Je serai celui qui leur ravira leur joyaux. Seront-ils en mesure de m'apprécier malgré cette vilenie que je m'apprête à commettre ?»

A nouveau Owen la brossait dans le sens du poil mais c'était dans de nobles intentions. Avec elle, il n'essayait pas forcément de jouer double jeu, il essayait seulement de lui donner ce qu'elle attendait et désirait. De plus, il était plutôt sincère, la considérant comme la meilleure candidate pour un mariage qu'il eut rencontré. Que les Sept se bénissent eux même d'avoir fait rendre l'âme à son paternel, lui permettant ainsi de se charger de sa propre sélection en vue de faire perdurer sa lignée.

«N'ayez crainte. Je vous ai choisie avec sagesse. Si je l'avais désiré, j'aurai pût épouser une des dames proches de la reine Rhaenys ce qui m'aurait sans doute apporter prestige et une certaine proximité avec la couronne. Pourtant, c'est sur vous que j'ai jeté mon dévolu ce qui illustre bien le fait que je vous estime à la hauteur. Ne doutez plus et profiter du moment présent, ma douce abeille.»

La jeune femme s'installa sur son siège et le jeune homme rejoignit le sien pour répondre à l'invitation de la jeune dame qui était occupée à manger du raisin. Pendant qu'elle lui parlait, le jeune homme se leva, se saisit d'un raisin entre son pouce et son index et le glissa doucement entre les lèvres de sa future épouse dans un geste emplit d'une certaine tendresse.

«En effet, si je reste dans les grandes affaires, cela pourrait être un pied à terre dans lequel vous vous sentiriez à votre aise. Vous pourrez vous y rendre, naturellement, tant que cela ne mettra pas en danger la vie de l'enfant que vous porterez ou que je ne serai pas obligé de me déplacer ailleurs. Il faut que vous vous établissiez comme la Dame de Froide-Douve, également. J'ai confiance en vous pour la gestion de mon domaine, autant que dans mes propres compétences.»

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Ellyn se sentait véritablement émue par ce qui était en train de se passer dans cette petite pièce de pieres claires, à Villevieille, qui sentait si bon la connaissance la piété, et où l’élégance à la bieffoise se révélait sous son plus beau jour. C’est dans ce but, et pour montrer à Owen qu’elle savait aussi être une femme et non pas seulement une gestionnaire, qu’elle avait tenue à vêtir cette si belle robe, si féminine et qui pourtant lu iressemblait si peu pour ceux qui la connaissaient depuis si longtemps. Peut-être qu’intérieurement elle était en train de se préparer à un changement, à une évolution de sa personnalité, à laisser fleurir, éclore un nouvel aspect d’elle-même, si lontemps contraint au sein d’une prison de refoulement extraordinaire, seulement dicté par son ego d’hériter un jour du domaine de Mielbois. Tant d’années à se convaincre que le seul moyen d’hériter était d’être un homme ou en tout cas de tout faire comme un homme, et qu’il convenait d’agir comme un homme pour convaincre son père qu’elle méritait de lui succéder, toutes ces années avaient laissé une trace indélébile dans sa personnalité, et cela constituait une part entière d’elle-même. Jamais sûrement elle n’abandonnera cet aspect d’elle-même, ce côté déterminé et malin, qui ose parler et réfléchir là où beaucoup de femmes écoutent et obéissent à leur mari. Mais voilà, elle était en train d’apprendre et de comprendre qu’elle n’était pas qu’une gestionnaire, qu’une héritière, non elle était aussi une femme qui pouvait être désirée, et cette promesse d’un mariage heureux et intelligent avec le Tyssier l’illustrait à merveille. Elle avait donc bien fait de se vêtir de la sorte. Elle sentait sur elle la bienveillance de feu sa mère, et cela lui réchauffait le cœur. Pour le moment, c’était surtout ses joues qui brûlaient d’émotion, de confusion, d’émoi. Elle sentait sa douce peau rosie par la timidité, une timidité qu’elle ne connaissait pas car lié à un sentiment qu’elle n’avait alors jamais connu : l’amour. Owen semblait prêt à la faire sienne, et avec cette promesse, il la rassurait, tout comme son rire et son humour très discret la rassurer tout autant.

- Les Sept sont farceurs, on ne le voit pas assez souvent, ou on ne veut pas le voir et pourtant nous en sommes les heureux témoins. Peut-être que nous voir converser sur les prix du miel leur ont donné l’envie de nous voir réunis plus souvent tout simplement, et je m’en réjouis sincèrement Owen.

L’étreinte et les attentions que lui portaient Owen étaient toutes nouvelles pour elle et à part rougir, elle ne savait trop comment réagir. Elle n’y était pas habituée, mais au vu du plaisir que cela lui procurait, elle en prendrait vite l’habitude, et en réclamerait peut-être presque.

- Ne dites pas de bêtises Owen, comment pourraient-ils vous en vouloir ? Ils seront déjà bien heureux de constater que leur Dame n’épouse pas un vil seigneur qui les possédera sans âme et sans cœur, je suis sûr qu’ils seront heureux de notre union, et même si je ne serai plus aussi présente à leurs côtés, mes deux sœurs resteront à Mielbois pour eux. Promettez-leur de me laisser les voir fréquemment et ils ne vous en voudront pas, les abeilles ont besoin de leur Reine.

Ce qui rendait peut-être le plus heureuse Ellyn était le fait que son père, gravement malade, pourrait la savoir heureuse dans les bras d’un homme après que les sept viennent le chercher pour un repos éternel. Non pas qu’il n’ait pas confiance dans les capacités de son ainée, mais il sait très bien qu’un domaine est difficile à gérer pour une femme, surtout quand celle-ci était jeune comme Ellyn. Au fond, la jeune abeille espérait même que son père pourrait la conduire devant le septon pour qu’elle prenne sur ses épaules le manteau noir brodé de l’araignée rouge des Tyssier. Ce serait son vœu le plus cher : que son père puisse voir sa fille heureuse et épanouie, et qu’il puisse ainsi partir en paix. Owen serait en mesure de le rassurer, quiconque lui parler savait qu’il était ce genre d’homme à qui l’on peut faire confiance, à qui l’on peut confier sa fille car il saura la traiter avec gentillesse et intelligence. Ellyn se sentait véritablement comme sur un nuage, et elle ne cessait plus de sourire, refusant de lâcher la main de son ami, comme si lâcher cette main la réveillerait d’un rêve trop beau pour être vrai.

Alors que le jeune homme se montrait des plus aimables et doux, allant jusqu’à donner délicatement aux lèvres d’Ellyn un grain de raisin, il se mit à parler de leur avenir commun, ce qui donna de nouvelles perspectives à la Dame de Mielbois.

- Ne vous inquiétez pas, jamais je ne mettrai la vie de notre futur enfant en danger. Je compte bien d’ailleurs que notre mariage soit fertile, ainsi, votre peuple sera ravi et cela facilitera mon acceptation à vos côtés par vos gens. D’ailleurs, parlez-moi de Froidedouves, de son peuple, de son château, que je sache à quoi m’attendre en m’y rendant ? J’espère sincèrement que votre sœur sera rapidement délivrée, j’ai hâte de la rencontrer !

Ellyn savait très bien qu’elle devrait s’affirmer comme l’épouse d’Owen, mais elle n’avait pas peur, elle savait écouter le peuple et celui-ci le lui rendait au centuple. Une nouvelle vie allait commencer pour elle, et même si la compagnie d’Owen la rassurait, elle ne connaissait pas son domaine et se montrait assez curieuse. En parlant innocemment de leur futur enfant, Ellyn se voyait déjà lui offrir de merveilleux enfants lui assurant une longue lignée, de quoi s’occuper dignement de leurs domaines respectifs à l’avenir. Elle lui donnerait des fils vigoureux et des filles intelligentes, et à deux ils peupleront le Bief de leurs enfants mi-abeille, mi-araignée…




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Ellyn des Essaims

Il n'était pas difficile de faire sourire Ellyn. Il suffisait de glisser quelques allusions au Sept et la jeune dame accrochait tout de suite à la conversation. C'était un côté prévisible qu'elle possédait mais il ne lui en tenait pas rigueur. Il y avait une certaine paix et harmonie dans ces choses plus monotones de la vie. Elle semblait préoccuper par sa famille ce qui était somme toute normale. L'araignée ne pouvait pas la blâmer car il en faisait tout autant avec Gwynesse. Il ne pouvait lui refuser d'y aller mais il y avait également une autre possibilité. Ses sœurs pouvaient venir les visiter sans aucun problème à Froide-Douve.

«Vous pourrez leur rendre visite bien évidemment mais elles pourront également venir à Froide-Douve pour passer quelques jours en votre compagnie. Ma mère me disait souvent qu'une fois tous les enfants d'une même famille marié, il devenait de plus en difficile de se voir, chacun ayant ses obligations dans son fief respectif. Peut-être devrais je un jour rendre visite à ma famille de la maison Bonleu. J'ai l'impression que cela fait des siècles que nous ne nous sommes plus vus.»

D'un geste avisé, il remit une mèche de cheveux de l'abeille en place derrière son oreille avant de reporter son attention sur le vin et d'écouter la suite de ses propos qui semblaient somme toute assez intéressants. Elle lui posait des questions sur Froide-Douve, ses gens et sa sœur ce qui prouvait qu'elle avait de la suite dans les idées et qu'elle semblait prendre à cœur son rôle théorique de futur Lady des terres de la maison Tyssier.

«Je ne doute pas de vos qualités. Je pense que vous serai une mère tout aussi attentive avec nos enfants que vous l'êtes actuellement avec vos ruches. Oh je souhaite aussi que ce mariage soit fécond !Gwynesse et moi sommes les deux derniers de notre lignée. Oh bien sûr si nous fouillons la généalogie nous trouverons bien sûr des cousins éloignés, comme le sont les Lannister mais je doute qu'il existe encore des Tyssiers pur jus. Froide-Douve est un modeste château, bien que j'ai entrepris quelques rénovations esthétiques et défensive. Rien d'extravagant cela dit  mais je pense qu'il était temps par exemple, de remplacer les lions décoratifs par des araignées plus dans les tons de notre maison. Je me demande pourquoi aucun Lord ne l'a fait par le passé. Enfin, cela devrait être terminé quand je rentrerais.»

Trempant ses lèvres dans l'alcool, le jeune homme savoura le mélange avant de reposer sa coupe et de grignoter quelques raisins, le temps de laisser Ellyn assimiler toutes les informations qu'il venait de lui dévoilé. Parfois, il ne faisait pas attention et pouvait partir dans un laïus des plus longuet.

«Mes gens sont des personnes simples. Je pense qu'il m'apprécie tant par mes choix que par ma proximité avec ma sœur. Il faut que vous compreniez que j'ai vécu des années à Hautjardin, loin de mes gens. Je suis parti en enfant et je suis revenu en homme. Le peuple vivait dans la terreur des sautes d'humeur de mon père et de sa justice sévère. Grâce à Gwynesse et à mes actes, ils ont pût voir que je n'étais pas fait du même bois que mon père et que je pensais également à leurs intérêts. Quant à Gwynesse, ce n'est pas la dame la plus distinguée que vous rencontrerez dans votre vie. C'est une jeune dame proche de son peuple, plus prompte à se balader et à se mêler à la population qu'à la broderie. C'est une excellente archère également, bien meilleure que je ne le serai jamais. J'espère que les Sept seront clément et qu'elle me reviendra bientôt et en bon état. J'ignore si elle vous appréciera mais faites en sorte de gagner son amour ainsi que sa confiance, et elle vous le rendra au centuple. »

Il ne désirait pas salir le nom de sa sœur, si bien qu'il passa sous silence ses problèmes avec la boisson. Ne sachant pas trop dans quel était elle lui reviendrait, si elle lui revenait, il préférait ne pas ternir son image.

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Une visite romantique à Villevieille
Suite au décès de sa mère plusieurs années auparavant, Ellyn s’était réfugiée dans la religion, sa mère ayant été très pieuse de son vivant, passant souvent ses matinées à l’abri de la population dans le septuaire, baignée par la lumière du soleil levant, de ce même soleil qui dardait ses rayons chaleureux à travers les vitraux colorés du septuaire, illuminant le sol de pierres blanches des dessins des Sept faces de leur dieu unique. Ellyn en avait désormais fait une habitude de vie, et comme sa mère avant elle, elle se rendait tous les matins dans ce même septuaire, pour méditer, pour se reposer, et avoir l’esprit tranquille. De nombreuses fois, alors qu’elle en sortait vêtue de son châle vert clair, croisant son père, celui-ci en paraissait ému, et lui expliquait qu’elle ressemblait de plus en plus à sa défunte mère. Comme si suite à la disparition de celle-ci, l’esprit d’Ellyn avait fait en sorte de la remplacer. Sa mère lui avait manqué et elle savait au fond d’elle-même souhaiter imiter son modèle, un des modèles féminins les plus importants dans sa vie. Face à la maladie de son père, Ellyn avait développé une autre facette de sa personnalité, qui était celle de la famille, rien de plus important ne comptait désormais à ses yeux, et venir à Villevieille était une extravagance de sa part, mais elle souhaitait tellement revoir Owen qu’elle n’avait pu s’en empêcher, comptant sur ses sœurs pour veiller sur leur père souffrant.

- Votre mère avait entièrement raison mon bon Owen, une sage femme. Je semble noter dans votre voix une grande affection à son égard, il semble que nous ayons ce trait en commun, un grand respect pour cette mère disparue et une affection sans borne. Depuis la disparition de ma mère et la maladie de mon père, je me suis fait cette même réflexion, et je suis rassurée de savoir que nous partageons les mêmes avis sur la famille. Ce sera avec joie que je les amènerai à Froide-Douve pour qu’elles puissent vous rencontrer vous, et je l’espère d’ici là, votre sœur. J’essaie pour ma part, tant que faire ce peu, de contacter régulièrement la famille de ma mère, les Rowan, et par alliance les Redwyne. En effet ma tante, Bethany Rowan, est née Redwyne. Elle m’a un peu servie de mère de substitution suite au décès de ma mère… Une femme charmante, vous y retrouveriez le caractère que vous voyez en moi !

Les gestes du Lord Araignée ne cessait de troubler Ellyn, si peu habituée à ces gestes d’affection. Quand il remit une de ses mèches derrière son oreille, elle ne put s’empêcher d’incliner légèrement le menton, laissant ses joues rosir pour le bon plaisir de son fiancé. Elle ne pouvait quitter les yeux de l’Araignée. Peut-être leur symbole était-il lourd de sens : était-elle piégée par son charme fou ? Car depuis qu’elle était en sa présence, c’était comme si une attraction irrésistible l’empêchait de s’échapper de ce lieu. Pour le meilleur semblait-il.

- Si je ne m’abuse, l’histoire des araignées et des lions est très ancienne à Froide-Douve. J’ai toujours été très curieuse dans ma jeunesse, et il me semble me souvenir qu’à l’origine Froide-Douve faisait partie du domaine Osgris, représenté par un lion en damier. Par la suite, quand Lord Osgris s’est rangé du côté de Daemon Feunoyr, le domaine a été laissé en grande partie aux Tyssier, dont la célèbre Veuve Rouge, ne laissant à la maison Osgris qu’une modeste tour à Piéferme. Et par la suite, l’Osgris et la Veuve Rouge se sont mariés, avant qu’elle n’épouse un Lannister. Peut-être cela vient-il de cette charmante histoire vous ne pensez pas ? Excuse-moi si je parle beaucoup, j’ignore si c’est le vin ou votre présence, mais ma langue ne cesse de se délier.

Après un temps de pause :

- N’ayez crainte Owen, je pense que votre sœur et moi-même nous entendrons très bien. Etant l’aînée de la famille, et souhaitant ardemment hérité du domaine, j’ai toujours eu la fâcheuse tendance à me comporter comme un garçon manqué étant plus jeune. Vous l’aurez remarqué, je porte souvent des braies plutôt qu’une robe, à l’instar de votre aïeule la Veuve Rouge il me semble. Je n’ai jamais appris à me battre néanmoins, peut-être que votre sœur acceptera de me montrer à tirer à l’arc ? Si vous le permettez bien sûr. La simplicité n’est pas une tare à mes yeux, j’ai tenue à faire attention à ma toilette aujourd’hui, mais j’aime tout autant aller à la rencontre de la population. Je crois sans vouloir me vanter que vous avez trouvé en moi la belle-sœur parfaite pour Gwynesse.

Je ne vous demanderai qu’une chose, comme vous avez pu le comprendre, j’accorde une grande importance à une bonne entente dans un couple, et j’espère que vous me ferez toujours confiance et ne me cacherai jamais rien mon cher Owen ? Oh j’ai tellement hâte d’annoncer à mes sœurs cette heureuse nouvelle.


Toute à sa joie, Ellyn s’était levé et dirigé vers la fenêtre en tournoyant tout sourire. Etait-ce l’alcool ou la joie qui était à l’origine de tant d’émoi, elle l’ignorait, mais elle ne voulait cesser ce moment de pur bonheur pour rien au monde.

- Qui convierons-nous à notre mariage mon ami ? Pensez-vous qu’il serait de bon ton d’inviter notre suzerain Lord Rowen et son épouse la Reine Rhaenys ? Je ne sais pas si je vous l’ai déjà dit mais je suis admirative de ce qu’elle a fait pour nous les femmes, sans cela je n’aurai pu faire un mariage d’amour et aurai du me contenter d’un mariage arrangé…



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