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Le vrais amis se retrouveront toujours. ft. CLETUS, DAEMON & RHAEGAR.

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Les vrais amis se retrouveront toujours.
L'aspic, le loukoum, la merguez, trio de choc.

«On les a vu arriver, de loin. Ca ne présage rien de bon. »
« Je sais, des westerosi encore, comme si on avait besoin de ça. »
« Depuis que Maelys a ramené sa fille et son mari, je paris sur combien de temps les autres se mettront à venir. Tu vois, ça aura duré six lunes, sept à tout casser. »
« Tu parles, de la mauvaise graine. Maelys a compromis son honneur en faisant une bâtarde et voilà que d'autres s'en ramènent. »
« D'autres ?  »
« Quoi ? T'es pas au courant ? Attends, je vais te raconter... »

Mais il ne raconta rien. Entendant les cris sur-aiguë de Rhaeryn, la nobliaude repartait s'occuper et l'autre aussi, se séparant pour aller dans deux directions opposées. Nymeria n'aimait guère ces lieux, et il semblait que son fils ne s'y accoutumait pas non plus. Les petits nobles aimaient à venir près de la demeure de la maison Vaelaros, sans doute pour se montrer plus que par réel intérêt ; la demeure semblait si froide, bien qu'entretenu, qu'il était dur de contempler son architecture. Non pas que les lieux donnaient froids dans le dos, la demeure de la famille Vhassar aurait bien plus convenu à l'aspic. La demeure de la famille Vhassar était richement colorée et avait le don de lui rappeler sa Dorne. Alors que la demeure des Vaelaros était surtout faite pour impressionner par sa grandeur et son architecture qui, de ce que l'on disait, était digne de Valyria. Ou du moins, essayait de l'être. Mais Nymeria n'aimait guère, elle trouvait cela froid et austère, cela manquait de vie et de couleurs. Mais elle faisait avec ce qu'elle avait.

Il y a quelque lunes, huit, alors que Rhaegar était exilé, Nymeria avait du faire un choix et trouver un nouveau lieu de vie. Rester à Dorne et confier son fils aux Allyrion ? Autant se pendre. Il lui avait apparu qu'elle ne pourrait pas aller bien loin. Elle avait des amis haut placés, elle aurait pu revenir à Westeros et jouer des amitiés qu'elle s'était tissées, Tyrion Lannister lui avait proposé son aide, mais elle ne pouvait pas. Aegon Targaryen lui avait proposé son aide, mais sa soeur qui, de toute évidence était encore reine, avait exilé son père des Terres de la Couronne, tout comme de la Couronne du Sud. Si Tyrion aurait pris ce risque, Aegon était tout de même le frère de la reine, cela aurait fait tâche. Quels autres amis avaient-ils ? Au Nord ? Rhaegar avait meurtri cette région, il était hors de question que Nymeria leur demande quoi que ce soit. Qui plus est, les lieux étaient froids et l'hiver était là, c'était inhabitable. Le Conflans ? Ils auraient pu retourner à Vivesaigues, la demeure était libre, les Nerbosc avaient toujours été favorable à Rhaegar - elle s'en était bien assurée elle-même. Mais Elbert Arryn aurait-il partagé cet avis ? Si Daenerys était encore vivante, Nymeria savait qu'à la seconde où ils avaient été exilés, elle leur aurait demandé de venir aux Eyrié. Son coeur se serrait en repensant à l'adorable dragonne.

Alors Nymeria avait du choisir Volantis par dépit. Son enfant aurait toujours de quoi manger, il aurait des vêtements, il serait choyé car il avait l'avantage, contrairement à elle, d'avoir tout du parfait valyrien. Rhaegar avait le même avantage, valyrien, il était accueilli à Volantis comme le roi qu'il fut autrefois, il était le produit de l'inceste, il était un valyrien pur disait-on. Maelys n'aurait pu être plus fière de sa bâtarde.

Autre chose des plus perturbantes pour un dornien qui vient à Volantis : les esclaves.

Rhaegar et Nymeria avaient mis des lunes à se remettre de ce dépaysement là, encore qu'aujourd'hui l'un comme l'autre exécraient l'idée d'avoir un esclave. Les servants étaient une chose à laquelle ils étaient accoutumés : mais des esclaves ?! Nymeria avait voulu se montrer gentille avec eux, ne comprenant pas ce concept barbare. Cela avait valu aux esclaves ... Nymeria avait la gorge serrée en y repensant. Maelys était elle-même venue la trouver pour lui remonter les bretelles : les esclaves n'ont déjà rien, si en plus tu te prends de pitié pour eux, tu leur retires le peu de fierté qu'ils ont. C'est leur travail, ils sont nés pour ça. Leur interdire de servir c'est comme si tu leur insultais leur travail, cela veut dire qu'ils ne servent plus à rien. Sais-tu ce que l'on fait d'un esclave qui ne sert plus à rien, Nymeria ? Ils n'ont déjà rien pour eux, si tu leur retires la fierté de bien travailler, à quoi bon exister ?

Elle avait vite eu de le savoir, oui. Ces esclaves-là n'avaient rien eu, mais elle avait vite eu de ne plus se promener à Volantis. Les esclaves étaient traités comme des moins que rien et cela avait le don de lui serrer le coeur chaque fois qu'elle rencontrait ces pauvres âmes. Aucun ne soutenait son regard, aucun ne la touchait, il y avait toujours une distance d'un ou deux mètres entre elle et les esclaves. C'était inconcevable qu'on puisse traiter les gens de la sorte.

Et puis, les odeurs de Volantis, infâmes, elles avaient le don de soulever les coeurs les mieux accrochés. La population était louche, la ville était tellement concentrée qu'on avait toute sorte d'odeur à subir et il était hors de question que Nymeria demande aux esclaves de la maison Vaelaros de l'aider à traverser la ville.

Rhaeryn avait bien grandit, il avait déjà quatre dents, encore que l'une du haut pousse encore, et il mordait tout ce qu'il trouvait. Pour l'heure, il était surtout occupé à jouer avec la natte de Nymeria, préoccupé de savoir comment les cheveux de sa mère pouvaient être si long et pourquoi toujours si attaché, il jouait avec la fin de sa natte, ses petits doigts boudinés trituraient les cheveux tandis que le fils regardait les cheveux sous tous ses angles. Nymeria regardait au loin, s'ils disaient vrais, des Westerosi arrivaient. Et Nymeria savait parfaitement de qui il s'agissait. Mais des westerosi ? Cletus avait été clair : quoi qu'il arrive, le jeune homme viendrait, et Daemon aussi. Etait-ce une bonne idée pour Daemon de venir dans une ville qui prônait le culte de ce même dieu pour qui on l'avait brûlé ? Rhaeryn semblait lire dans les pensées de sa mère puisqu'il s'agitait un peu contre elle en lâchant un cri sur-aiguë de surprise. Même si c'était surtout parce qu'il s'était chatouillé le visage avec les cheveux de sa mère.

Pourquoi venaient-ils se perdre en ces lieux maudits ? N'avaient-ils rien de mieux à faire ? Nymeria sentait sa natte lui tirer, Rhaeryn s'amusait avec à nouveau. N'ayant rien d'autre sous la main à mordre, curieux de connaître le goût des cheveux de sa mère, il mordait la natte. Mais il semblerait que les cheveux ne soient guère au goût du dragon.

« Mon amour, fais attention... »

Mais comment être en colère bien longtemps quand cet enfant avait vite eu d'adopter le regard de son père lorsque celui-ci savait qu'il avait commis une bourde et faisait les yeux doux pour se faire pardonner. Elle embrassait son front tendrement.

« Tu risques de rencontrer des amis de maman, mon amour. Et il ne faudra pas les mordre... »

Il ne comprenait pas ce que Nymeria disait mais cette réflexion la faisait rire.

« Je t'autoriserai quand même à mordre le plus jeune des deux, cela lui apprendra à venir quand maman lui dit de ne pas le faire.»

Elle riait un peu à nouveau. Nymeria était persuadée que la paire était là. Mais dans quel état ? Ca... Elle était descendue malgré elle pour accueillir les nouveaux arrivants, son fils était comme collé à ses bras : rares étaient les fois où le petit garçon les quittait. D'ailleurs, l'heure semblait à la sieste puisque celui-ci était à moitié endormie sur la poitrine de sa mère.

« Je croyais que tu en avais fini avec Dorne, ma fille ? »
« J'ai eu l'audace de le croire, Maelys. Je ne pensais pas qu'ils oseraient venir au vu des messages que j'ai envoyé à l'un d'eux. »
« Tu m'as pourtant dis que l'un d'eux viendrait. »
« Je ne pensais pas qu'ils étaient sérieux, Volantis n'a rien d'un endroit de rêve que l'on viendrait visiter, il faut vraiment le vouloir pour y mettre les pieds. »

Cela avait coupé court à la conversation avec sa mère. Parler Haut-Valyrien n'était pas une chose que l'aspic aimait, mais il semblerait que ce soit le seul langage que Maelys souhaite parler, visiblement, la langue de Westeros était impur... Rhaeryn commençait à sombrer peu à peu, ses yeux entrouverts, luttant contre le sommeil. Les boucles blondes de son fils la chatouillaient mais elle n'avait guère envie de rire ou sourire en voyant qui arrivait.

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An 300 lune 4



Nyméria & Daemon & Cletus

Lancé de dés:
L'éléphant nain rejeta sa trompe sur son front, poussant un cri affreux pour éloigner les hommes qui lui barraient la route.  Si les barrissements de la bête n'eurent pas l'effet escompté, les vociférations du cocher, elles, en revanche, éclatèrent dans le marché à l'encontre des prêtres rouges qui s'écartèrent finalement du passage de mauvaise grâce, non sans lancer un dernier regard dédaigneux et étrange aux étrangers installés dans le  hathay. Dessous son masque, Daemon leur rendit leur regard, farouche et défiant, avant de reporter son attention sur les bâtiments qui s'alignaient le long du célèbre pont. La foule était dense, comme toujours ici lui avait répondu Cletus lorsque le bâtard s'en était agacé. Fasciné, il découvrait la ville où s'était réfugiée son amie, partagé entre stupeur et dégout. De l'odeur suffocante au boucan, sans parler des dizaines et dizaines d'esclaves dont ils croisaient le chemin, la cité que l'on disait glorieuse ne plaisait pourtant guère au Sand jusqu'à présent. De plus, il supportait mal de voir les esclaves le fixer parfois au travers de l'ouverture, devinant dans leurs pupilles interloquées qu'ils le croyaient marqué au visage d'un de ses tatouages hideux, tels ceux qu'ils arboraient. Mouches, roues et autres griffures d'encre qui barraient leur identité pullulaient dans les rues à tel point qu'il aurait volontiers cru la ville uniquement peuplée de cette race malheureuse. Ce qui n'était pourtant pas vrai, puisqu'ils essayaient tant bien que mal de percer la foule pour rejoindre le berceau de la noblesse issue de Valyria et qui avait accueillit l'exil du roi déchu et de son épouse.
L'aigue-marine de ses pupilles passa distraitement sur les façades encombrées, remarquant des cages à oiseaux, différentes enseignes en haut valyrien, lorgnant sans gènes les hommes et les femmes aux fenêtres, et, lorsque son regard rencontra une véritable guirlande de mains coupées, ses yeux s'écarquillèrent avant d'être surplombés par un mouvement de sourcils étonné et méprisant. Quelle bande de sauvages. pensa-t-il alors qu'il avait un léger mouvement de recul, écartant son visage de la fenêtre. La carriole fit une embardée vers l'avant lorsque l'animal s'engouffra dans la voie désormais libérée, arrachant une grimace de douleur au Sand qui serra les dents en sentant son épaule heurter la paroi. Un soupir excédé lui échappa et il resserra sa main sur son genou.
Depuis qu'ils avaient quitté Lancehélion, le bâtard n'avait pas connu un seul jour qui l'eut vu en de bonnes dispositions pour le voyage, qui avait pourtant été fort long. Il avait détesté le bateau sur lequel il avait hanté le pont et effrayé les autres voyageurs, sans doute moins à cause de son masque que par la faute de son humeur noire. Combien de jours avaient-ils dû passer sur ce rafiot? L'ennui lui avait fait oublié le compte alors qu'il n'avait pas même eu la courtoisie de se contenter de tourner comme un lion en cage dans sa cabine puisqu'il avait passé la première partie de la traversée à regarder Dorne s'éloigner derrière eux; qu'il avait psalmodié toutes les insultes qu'il connaissait lors de la tempête qu'ils avaient traversé aux environs de Peyresang, les adressant aussi bien à son cadet qu'au capitaine en personne; et, qu'enfin, il avait passé des jours entiers à l'avant du pont dans l'espoir de voir le continent oriental. Il lui sembla, en retrouvant la terre ferme, retrouver ses esprits et ses sensations, soulagé de rencontrer à nouveau un sol stable sous ses pieds ainsi qu'un horizon concret devant ses yeux. Un rayon de soulagement, qui fut vite obscurcit par la carriole, certes richement décorée, mais pas moins brinquebalante qu'ils avaient ensuite investi pour rejoindre Volantis par voie terrestre.
Il fallait dire que son esprit était loin d'être serein, et il espérait que ce séjour dans l'antique cité libre -aussi déplaisant fut-il à rejoindre- serait une véritable bouffée d'air frais, loin de tous ses soucis. Pourtant, leurs poids ne quittaient jamais vraiment ses épaules et avait obscurcit son regard, pas même avec un mer pour les séparer de lui. L'un d'eux l'avait même suivi.
Le coeur serré, il n'avait pas manqué d'observer à plusieurs reprises l'ombre noire perlée de rouge qui avait volé loin au dessus du bateau, ou qui avait percé le soleil de sa fine silhouette au dessus de leur véhicule. Acérée comme une griffe, noire et légère comme une hirondelle alors que l'animal était méconnaissable des hauteurs dans lequel il déployait ses ailes. A trois reprises, Daemon avait même manqué de s'affoler en confondant un épervier dans le ciel avec le reptile. Il avait retenu son souffle en imaginant ce qu'il adviendrait si l'on venait à apercevoir le dragon. Mais, étrangement, la bête s'était montré maligne. De cette intelligence que n’acquièrent que les bêtes sauvages, qui savaient surveiller sans se montrer, qui savaient se cacher pour préserver leur tranquillité, se taire aussi. Pourquoi le saurien s'était-il mis en tête de le suivre ainsi? S'était longtemps plein silencieusement le bâtard...La prochaine fois qu'il le laisserait approcher, il se promit de lui passer une chaine. La créature exhalait des flammes de plus en plus impressionnantes, et avait même blessé un de ses chevaux. Il ne souhaitait plus qu'il vecu librement ainsi qu'il l'avait laissé faire ces deux dernières lunes.

Un nouveau choc secoua la carriole, arrachant un juron au Sand. Seule la curiosité retenait sa main de refermer brutalement le clapet qui obstruerait alors la fenêtre. Mais il n'eut pas besoin de cela pour enfin échapper à la vue sordide des bas fond de Volantis. Car soudain, l'ombre d'un immense mur noir et brillant obscurcit le ciel au dessus d'eux. Il tendit la lettre de Nymeria au garde, frissonnant en le regardant la lire. S'il ignorait ce qui y était écrit- c'était du haut Valyrien, dont il ne connaissait absolument rien- les lignes firent apparaître une moue suspicieuse sur les traits du gardien qui montra sa lettre à son collègue avant de la lui rendre doucement et de leur ouvrir la porte.
Une fois passés au travers de la gorge noire du rempart, le bruit, la cohue, l'air vicié, tout disparu en même temps et il ne resta autour d'eux que la lumière. Ebloui, Daemon ne comprit pas d'abord que c'était là la réflection du soleil sur les façades blanches des palais qui lui brûlait ainsi la rétine. Il plissa ses yeux et ce qui découvrit lui coupa le souffle. La cité occupée par l'élite était grandiose, et sans doute la réputation que l'on colportait sur la grandeur de Volantis ne provenait que de cet endroit caché et non des ruelles infestées des rives. Le parcours qu'ils entreprirent, toujours à bord du hathay, ne s'éternisa pas puisqu'ils s'arrétaient déjà devant un grand palais taillé dans un marbre blanc comme neige.
Le Sand déplia sa silhouette hors du véhicule, suivit par Cletus, et s'avança sans crainte ni gène d'un pas décidé au devant des hommes qui se tenaient devant la grande porte. Son long vêtement immaculé chuchotant en glissant derrière lui sur le sol aux pavés incroyablement lisses.
"Je viens voir Lady Nym."Déclara-t-il brusquement aux serviteurs et aux gardes qui le dévisageaient. Leurs fronts à tous étaient plissés de cette barre de peau froissée qui marquait leur ignorance totale de ce qu'il venait de baragouiner dans cette langue qu'aucun n'avait jamais entendu. Après leur avoir adressé un regard dur, le bâtard enfourna la lettre de marque dans les mains du garde qui se tenait devant lui. Sa seconde tentative fit briller une lueur de compréhension dans le regard du soldat qui avait visiblement reconnu le nom de la Targaryen inscrit sur le papier. Pourtant sa réaction vint trop lentement au goût du Sand, qui le dépassa sans manquer de le bousculer en voyant que derrière ce dernier la porte s'ouvrait finalement, découvrant une chevelure d'encre qu'il aurait reconnu entre mille.

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An 300, Lune 4



Nymeria & Daemon & Cletus

La carriole brinquebalait, tirée par l’éléphant qui avait le plus grand mal à se frayer un chemin au travers de la foule. Tout autour du hathay, des gens se bousculaient, passaient, dans un chaos comme Cletus n’en avait jamais connu. Le Long Pont grouillait de vie, et ce dans le sens le plus négatif du terme. Ce n’étaient pas des hommes et des femmes que le cadet de la Grâcedieu avait l’impression d’observer, à demi-caché par les ouvertures en moucharabieh de leur moyen de transport, mais des insectes. De partout il en sortait, et des esclaves tatoués aux marchands, d’aucun ne lui paraissait vraiment humain, tant l’individualité était rendue impossible par la densité de la population. A la tête de leur petit convoi, la bête aussi laide qu’idiote barrissait, tandis que l’homme tatoué beuglait à l’encontre de ceux qui leur bloquaient le passage. Loin de s’intéresser aux commerces, l’Allyrion était comme hypnotisé par le peuple qu’il découvrait. Tout ici semblait si différent de ce qu’était Dorne, de ce qu’il avait toujours connu. A Volantis l’Homme pouvait aussi bien être riche et puissant, que d’être vendu sur les marchés moins cher qu’un bon cheval. Les esclaves étaient partout. Comme il l’avait autrefois lu, et comme on le lui avait raconté, ils étaient bien plus nombreux que les hommes libres de cette cité. L’air était lourd, empli de la puanteur de la rue. A ses côtés Cletus sentait l’énervement de son frère, un agacement qu’il n’était pas loin d’éprouver lui-même, tant il aurait préféré pouvoir se dégourdir les jambes que de se voir trimballer dans cette carriole décorée de façon si luxueuse que cela en était indécent, et de mauvais goût. Ils progressaient lentement, et le Long-Pont paraissait interminable. Encore une fois, la voix tonitruante de leur cocher se fit entendre, et il ferma un instant les yeux en soupirant. Lorsqu’il les rouvrit, ce fut pour croiser le regard vairon d’un homme. L’écarlate de ses vêtements, ainsi que celui des autres prêtres qui l’entouraient, et qui passaient eux leur chemin, ressortait de façon tout à fait remarquable dans la foule bariolée. Le cadet ne détacha ses yeux bleus de l’homme que lorsque ce dernier fût noyé dans la foule. Il reposa son dos contre les coussins brodés. Ce regard appuyé du prêtre rouge pouvait aussi bien être le plus pur fruit d’un hasard que celui d’une des visions propres aux membres doté de ce don du culte de R’hllor. L’homme l’avait-il reconnu ? Il était dit que les prêtres et les prêtresses rouges étaient capables de voir l’avenir dans les flammes. Il était donc possible que l’un d’entre eux aient vu sa venue, il le savait. Après tout, les visions dans les flammes ne lui étaient pas tout à fait inconnues.
Bientôt l’ombre du célèbre Mur Noir vint obscurcir l’intérieur du hathay. Alors qu’ils s’arrêtaient, et pendant que Daemon donnait à un garde d’allure sévère le laisser-passer envoyée par leur amie, Cletus s’approcha de l’ouverture sculptée, et leva son visage vers les hauteurs de ce mur. La construction était impressionnante, et sa hauteur, comme il pouvait le constater, n’était pas un mensonge. Un choc vint ébranler la carriole, tandis qu’ils pénétraient dans la partie de la cité où vivaient les grandes familles de l’Ancien Sang. Le paysage qui s’offrait à présent à eux n’avait plus rien à voir avec la pauvreté des maisons du port, ou même la rue surpeuplée du Long-Pont. Les palais se succédaient, grandioses et d’une pierre si blanche que la forteresse de la Grâcedieu paraitrait assurément grise à côté des demeures devant lesquelles ils passaient. Le bruit comme l’odeur des rues de la ville avaient laissé la place au calme et à la sérénité de ces lieux privilégiés. Enfin la carriole stoppa son interminable et lente avancée pour les déposer devant un palais à l’architecture complexe et froide. Sans l’attendre, Daemon était allé donner plus ou moins gracieusement la précieuse lettre aux hommes qui gardaient les portes. Et tout aussi vide de politesse, le bâtard ne se priva pas de bousculer l’un deux avant de les franchir. Le cadet le suivit, pour entrer à son tour dans la demeure des Vaelaros. Dans le hall deux silhouettes se détachaient de la pierre immaculée. Les réponses qu’il avait reçues de ses nombreuses missives avaient toutes été plus violentes et cruelles les unes que les autres. Pourtant, il n’avait eu de cesse d’y répondre, malgré le poison des mots contre lequel il avait failli céder. Mais elle était là. Aussi belle que le jour où ils s’étaient quittés. Nyméria. S’il aurait voulu paraître distant, il avait bien du mal à effacer de son regard les sentiments que le temps et la distance n’avaient guère atténué. Dans ses bras l’aspic portait un enfant. Son cœur se serra alors qu’il détachait ses yeux du nourrisson endormi. L’enfant du Dragon. Son attention se porta alors sur la femme qui se tenait aux côtés de la dornienne. Elle était impressionnante, aussi il se dit qu’il valait mieux pour les deux Allyrions que ce fût lui qui parla en premier. D’un pas lent et mesuré, le cadet s’avança vers les deux femmes, avant de s’incliner respectueusement pour les saluer. « Lady Vaelaros, Lady Nymeria. » Il posa un instant ses yeux bleus sur la fille d’Oberyn avant de regarder à nouveau celle qui était, il s’en doutait, la mère de cette dernière. « Je suis Cletus de la Maison Allyrion de Dorne, et voici mon frère, Daemon Sand. » Il s’adressait à elles en Haut Valyrien, son accent dornien contrastant avec sa maîtrise tout à fait honorable de cette langue difficile et noble. Il l’avait apprise dans les livres et l’avait d’autant plus travaillée en vue de ce voyage, pourtant à la Grâcedieu, ce n’était pas lui qui aurait dû le mieux le parler. Daemon n’en savait rien, mais il était tout comme leur amie issu du Sang Valyrien, et si leur père Ryon ne l’avait pas emmené avec lui, la langue que tous parlaient ici aurait été la sienne. « Nous sommes honorés et reconnaissant que vous nous receviez dans votre demeure. Nous avons fait un long voyage pour venir jusqu’ici. » S’il ne doutait pas que la lady Vaelaros avait d’ores et déjà fait le lien entre le nom des lords de la Grâcedieu et la présence du bâtard dans une cité où leur existence n’était pas tolérée, le cadet ignorait si celle qu’il aimait avait été averti par sa mère de ce lien de sang. Aussi pour Daemon, Nymeria restait la seule et unique raison de ce voyage, pour l’instant du moins.


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Les vrais amis se retrouveront toujours.
L'aspic, le loukoum, la merguez, trio de choc.

Nymeria regardait les arrivants tour à tour, partagée entre une expression froide ou agacée, elle n'avait tout du moins pas besoin de se retourner vers le visage de Maelys Vaelaros pour imaginer l'expression dégoûtée qu'elle devait avoir. Mère et fille se ressemblaient sur bien des points - chose que Nymeria refusait évidemment d'entendre - et Maelys semblait experte avec les masques que l'on se devait d'user devant les grandes personnes. Mais face à un bâtard de Dorne et face à un autre homme de Dorne, hommes qui avaient visiblement l'air de souvent venir causés des ennuies et qui avaient été la raison des ennuies de Nymeria, Maelys se révélait être plus froide que bienveillante. Elle les jaugeait du regard, notamment lorsque Cletus Allyrion s'approchait.

Nymeria serrait son fils, il avait commencé à sombrer mais entendant cette nouvelle agitation, la terreur eut tôt fait de se réveiller. Ses grands yeux indigo avaient eu tôt fait de scruter les alentours et de se poser sur les deux qu'il ne connaissait pas. Un hoquet de surprise prenait le petit bout d'homme, toujours collé contre sa mère cependant. Les deux hommes ne savaient pas la chance qu'ils avaient que Nymeria tienne en ces instants son fils, ses mains auraient eu tôt fait de rencontrer avec une rare violence leur joues. Si elle avait donné l'accord à Daemon d'entrer en ces lieux, c'était surtout parce qu'elle ne s'était pas imaginé qu'il ose s'amener la bouche en coeur auprès d'elle. Quitter Dorne, et Dorne vient à vous, il semblerait. Elle aurait tout donner - si ce n'est son fils - pour se rouler comme une gamine dans le sable de Dorne. Et elle mentirait si, chaque jour, elle n'espérait pas voir son père comme 18 ans auparavant, venir la chercher, lui faire quitter ces lieux maudits. Elle se contentait de correspondre avec lui. Attendant impatiemment.

Rhaeryn laissait échapper quelque intonations aiguës, ce qui donnait nettement l'impression à Nymeria que celui-ci voulait qu'on le voit, le remarque. Pouvait-on seulement déjà vouloir faire ça à un si jeune âge ?

Cletus parlait Haut Valyrien, ce qui n'étonnait pas vraiment l'aspic. C'était dans l'éducation d'un bon nombre de noble à Dorne, elle-même aurait sans doute pu l'apprendre si elle n'avait pas déjà donné tant de fil à retordre au mestre et aussi et tout simplement ; eut un rejet total de sa famille maternelle. Ah, douce ironie.

Les formules étaient pourtant hasardeuses, il aurait eu plus tôt fait de remercier ses hôtes pour ensuite présenter son frère et lui-même, son accent avait, en d'autres temps, de quoi faire rire Nymeria, mais rien ne paraissait sur son visage, à l'instar de sa mère, elle avait le visage dénué de toute expression. Froid. Elle n'éprouvait ni haine ni joie, juste colère et désarroi. Pourquoi ? Pourquoi venaient-ils, pourquoi lui ressasser ce monde qui n'était plus le sien ? Ce pays qu'elle avait aimé de tout son coeur, pays qui l'avait rejetée alors qu'elle avait fait ce qu'elle avait toujours fais. Aimer librement. Rhaeryn s'agitait dans ses bras, agitant ses petits bras potelés et ses jambes potelés, ses bouclettes aussi avaient tôt fait de s'agiter. Contrairement aux deux femmes, on aurait pu faire plus expressifs que ce bébé. Oui, Nymeria aurait eu envie de les gifler, mais il était très aisé d'imaginer les réactions des gardes si la fille, certes autrefois bâtarde et étrangère - pas tant que ça -, de lady Maelys Vaelaros, venait à gifler deux nouveaux arrivants. Ce serait l'excuse parfaite. Contrairement à Westeros, on pouvait dire que les gardes étaient ici des plus réactifs.

Nymeria était trop orgueilleuse pour se rendre compte qu'elle était aussi des plus soulagées de les voir, de voir des visages connus, de personnes qu'elle aimait profondément. Les Allyrion ne lui avaient pas tournés le dos, contrairement à certains membres de sa famille, ce qui était honorable face à l'amitié qu'ils avaient, les Allyrion étaient là, présents. Mais Nymeria ne se demandait qu'une chose ; que manigancent-ils ? Ils ne pouvaient pas être venus juste pour lui dire bonjour. Elle fronçait quelque instants ses fins sourcils mais se reprenait pour ce même masque qu'elle n'avait guère à se forcer à mettre. Rhaeryn s'agitait de plus en plus à Nymeria baissait le regard vers lui, si elle avait eu un pincement au coeur qu'il n'ait rien d'elle physiquement, elle était gâtée quant au caractère déjà si actif du bébé. Elle se contentait juste de le bercer en espérant le calmer un peu, caressant aussi son dos.

« Bienvenue à Volantis, Cletus Allyrion. »

Il n'était ni Lord, le titre Ser des Sept avait peu d'importance et Daemon était un bâtard, ça n'étonnait pas vraiment Nymeria qu'elle ne s'adresse qu'à l'un d'eux. Ce qui dérangeait Nymeria était plutôt les regards appuyés de sa mère sur Daemon Sand. Maelys en avait entendu parlé, Nymeria lui en avait parlé, plutôt. La façon dont son ami avait eu le culot de venir la secourir des flammes alors qu'elle était à deux doigts de planter une dague entre les deux yeux d'un fanatique rouge. Par chance, les croyants du "maître de la lumière" ne semblaient pas si fous ici et ne menaçaient pas avec une torche à chaque pas qu'ils faisaient. Lord Vaelaros n'était point présent pour les accueillir et il valait mieux pour tous qu'il en reste ainsi, il n'avait que trop de rancoeur pour les étrangers, et sans doute préparait-il ses élections pour l'an prochain, dans l'espoir de faire parti du cercle très fermé des dirigeants de Volantis. Nymeria ne l'avait pour ainsi dire jamais vu et elle savait qu'il était mieux ainsi, mais elle savait aussi qu'à l'inverse d'elle, Rhaegar avait pu en voir bien plus, de même que le pur Targaryen avait sans doute reçu meilleur accueil. Ce n'est que temporaire, se disait-elle. Ils repartiraient, tôt ou tard. Elle inspirait profondément et s'avançait vers eux.

« Bienvenue dans les tréfonds des latrines d'Essos. »

Parfaitement consciente que personne ne comprenait la langue de Westeros, Nymeria ne s'était pas gênée pour s'adresser aux dorniens en cette langue, sachant qu'eux seuls comprendraient. Elle posait son regard sur Daemon, vers qui elle fit malgré tout quelque pas et venait à prendre d'un bras, l'autre tenant Rhaeryn. Elle le serrait contre elle, plus fort qu'elle n'aurait osé le reconnaître. Elle détournait ensuite son regard vers Cletus mais elle ne venait pas à l'enlacer.

« Tu n'aurais jamais du venir, Cletus Allyrion. »

Leur dernière entrevue avait été très claire. Rhaegar avait appris ce qu'il s'était passé, simplement car Nymeria n'avait pas de réelle honte à agir comme elle agissait toujours. Mais au vue du lien qu'ils avaient, elle lui avait simplement dit. Oui, Cletus n'aurait pas du revenir, elle le lui avait bien dit la dernière fois qu'ils s'étaient vu. Il ne valait mieux pas qu'ils se revoient. Nymeria ne s'attardait pas à le regarder, elle ne l'enlaçait pas non plus. Elle ne le remercierait certainement pas d'avoir fait ce voyage alors qu'elle ne l'avait pas invité, qu'elle n'avait pas souhaité sa présence.

Maelys avait eu tôt fait de les abandonner, espérant sans doute que ceux-ci ne s'attardent pas chez elle... Nymeria redressait son fils.

« C'est à peine si votre présente est toléré, je vous conseillerai de ne pas faire trop de bruits ni de vous montrer un peu trop souvent. C'est déjà bien que votre présence soit accepté, mais ne croyez pas qu'ils toléreront la moindre faute. »

Maelys ne tolérait aucune faute, Maelys ne tolérait pratiquement rien qui sorte des codes de la bienséance, quand bien même fut-elle autrefois fougueuse et pleine de vie, elle semblait bien différente à cette heure.



Quelque instants plus tard, ils se retrouvaient dans une pièce illuminée par le soleil, s'il avait fallu monter nombreux étages, il faisait moins étouffant, Nymeria s'efforçait de ne pas regarder les esclaves qui tentaient de rendre l'espace plus accueillant pour des invités, ramenant le thé, le vin et quelque pâtisseries notamment.

Une fois installée sur l'un des grand canapé, une fois adossée à l'un des coussin brodé, une fois avoir jeté un regard désapprobateur à cette pièce qui était trop parfaite, trop carré, trop ... trop. Une fois avoir assis sur fils sur elle, puisqu'il commençait enfin à savoir s'asseoir, elle recommençait à parler.

« Que faites-vous ici ? »

Son ton claquait, ils n'avaient pas intérêt à raconter d'histoires abracadabrantes. Elle les fusillait du regard.

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An 300, Lune 4



Nymeria & Daemon & Cletus & Rhaegar

Rhaegar, le roi déchu, le souverain sans terre, celui-là même parcourait les couloirs des Vaelaros avec une assurance à peine voilée. C'était presque comme si le descendant de dragons se prenait pour le seigneur de ces lieux. Pourtant, il n'en était rien. Rhaegar ne se plaignait pas de sa nouvelle vie, mais il ne s'en satisfaisait pas non plus. Ce n'était pas sa terre, pas ses valeurs, et nombre de choses défilant sous son regard améthyste lui rappelait par trop une enfance désagréable.

« Que se passe-t-il ici ? questionna-t-il fermement en hélant un « serviteur ».

C'était plus fort que lui, il était impossible de les penser « esclaves ». Il avait pourtant dû s'adapter à ce lieu et à ces règles que beaucoup trop pensait ancrés dans ses veines et plus particulièrement dans sa chevelure d'un blond argenté. Mais cela lui avait valu un accueil des plus honorables, un traitement à la hauteur de son rang et même plus. Cela lui avait surtout permis d'éprouver l'inconfortabilité dans laquelle il plongeait les nobliaux osant se pavaner sous ses yeux d'améthystes. Vrai Valyrien, produit de l'inceste, voilà des mots qui lui valaient une attention presque sacrée sur sa personne et cela l'ennuyait. L'ennui le gagnait souvent en ces murs lorsqu'il ne se lovait pas dans les bras de Nymeria ou qu'il ne partageait pas quelques douces étreintes avec elle et leur fils, Rhaeryn. Qu'il était vif cet enfant, et comme il craignait de le blesser avec sa carrure d'athlète. Il s'en éloignait plus qu'il ne le voulait, par crainte de lui faire mal, par crainte de la colère de sa mère aussi à l'occasion, mais l'ennui le gagnait d'autant plus vite dans ces conditions.
Aussi, lorsque l'agitation et l'effervescence gagnait l'armée de domestiques de la rude maison, le dragon ne pouvait s'empêcher de le remarquer.

- Ma Dame reçoit, Monseigneur. »

Il comprit. Jamais les esclaves ne parlaient de Nymeria aussi respectueusement à portée d'oreille Vaelarosienne, mais ils ne désignaient jamais Maelys de la sorte non plus. Rhaegar se détacha de lui et reprit sa route dans les couloirs. Le dragon s'était refermé sous le soleil d'Essos et son masque bienveillant avait bien vite quitté ses traits en cette demeure. Cela plaisait dans un décor si austère, cela faisait bien pour un Valyrien... Mais sa véritable nature n'avait pu se taire et quelques êtres plus intelligents que la moyenne parmi les domestiques avaient commencé à comprendre ses jeux de langue pour parler vrai, mais parler proprement et éviter à ces pauvres gens des traitements lui soulevant le cœur.

Rhaegar glissa entre les pierres et s'éleva dans les étages pour surplomber l'accueil des ouestriens. L'endroit regorgeait de cachettes et points de vue de ce style, pourtant, ce fut à l'ombre d'une colonne qu'il assista à l'échange des plus tendus et qu'il se pinça la lèvre pour ne pas se mêler à ça. Ainsi, ces deux-là avaient fini par se traîner jusqu'ici ; cela n'avait rien pour enchanter l'ancien souverain, même s'il était agréable de voir Daemon en meilleur état que dans ses souvenirs.

L'échange fut bref, nerveux. De son perchoir, l'ombre ternissant presque sa chevelure d'argent, Rhaegar avait observé avec fierté, mais non sans appréhension, son épouse et son fils « accueillir » leurs visiteurs. Déjà ces derniers suivaient leurs hôtes et le dragon s'en retournait dans ses défilements de couloirs et d'escaliers pour leur souhaiter à son tour la bienvenue en un autre lieu. Peut-être l'avaient-ils aperçu dans sa théâtrale sortie pleine de bruissement d'étoffes et rayonnante d'une flamme s'étant perdue dans la clarté d'une chevelure valyrienne, le dragon s'en léchait déjà les doigts.


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An 300 lune 4



Nyméria & Daemon & Cletus

Juste derrière l'ombre que projetait l'arcade de métal sur son regard, les cils argentés de Daemon frémirent en apercevant enfin celle pour qui il pensait avoir franchi le Détroit. Aperçue par les fenêtres de son carcan, sa silhouette se dressait comme une fleur noire perdue dans un champs de neige. Tout autour d'eux était maladivement blanc. Blanc comme le marbre, blanc comme la mort. Sans qu'il ne put se l'expliquer, cet environnement immaculé l'oppressait à la manière d'une lumière trop vive et à laquelle il ne parvenait pas à s'habituer. Même la femme qui se tenait aux côtés de Nyméria semblait devoir disparaître dans sa pâleur pour se fondre dans le décorum monumental et solennel. Les pieds fichés dans le sol, Daemon se tenait avec raideur, endolori et perclus. L'ombre blanche qui se présentait à la fière dornienne n'avait plus rien du chevalier insolent qu'il était autrefois. De la voix de son frère qui se mit à baragouiner dans la langue de Volantis quelques phrases de l'infinie affabilité dont il était capable en toute circonstance, le Sand ne perçut qu'un murmure de fond, car, déjà, son regard s'assombrissait soudainement. La lueur tendre qui avait caressé son amie s'était faite farouche lorsque, attirée par un mouvement parmi les colonnades des étages, l'aigue marine de ses yeux s'était posé sur un corps au épaules larges et au visage long et noble. Comme un paon dans son perchoir doré, Rhaegar les dévisageait, les jaugeant depuis les hauteurs avec une suffisance qui fit plisser les yeux du bâtard. Comme il semblait fier et arrogant cet homme qui accumulait pourtant tant d'echecs...
Ce fut la chaleur d'un bras entourant ses épaules qui le retira à sa contemplation. Sans chercher à la repousser ni à lui adresser une remarque cinglante, le Sand se laissa embrasser, enfouissant même son visage froid dans le cou de l'aspic alors que sa main se posait avec douceur dans le creux de son dos.
"Nyméria." Murmura sa voix suave. Cela faisait si longtemps qu'il n'avait pas prononcé ce nom à haute voix que cela lui fit un effet étrange et il avait l'impression d'avoir dit un mot dont il ne comprenait plus le sens. Mais sitôt son parfum retrouvé, les souvenirs revinrent pour installer ce présent incongru dans la continuité de leur histoire commune. Ses yeux souriaient là où son masque cachait ses lèvres brûlées.
Le force de l'étreinte lui arracha un hoquet de douleur étouffé et un soupçon d'orgueil faillit le convaincre de resserrer sa prise pour taquiner la fille de la Vipère Rouge. Deux grands yeux mauves le dissuadèrent de forcer le jeu. S'écartant légèrement de Nyméria, le bâtard de la Grâcedieu tourna son visage de métal  vers le nourrisson qui s'agitait contre la poitrine de la jeune femme. Tout d'argent et d'améthyste, l'enfant n'affichait pour ainsi dire pas le moindre héritage dornien sur sa figure. Mal à l'aise, le fils du Soleil Noir resta silencieux et hagard devant lui, ne sachant pas ce qu'il convenait de faire, bridé par l'appréhension de ceux qui ne s'étaient jamais occupé d'un si jeune enfant...Un sentiment qu'il reconnaissait. Alors qu'il n'avait pas dix ans,  on était venu lui présenter un autre bébé et on l'avait prié de l'appeler "son frère". Dix-sept ans de froide indifférence avaient suivi. D'ailleurs, il ne porta pas la moindre attention à l'animosité affichée de la brune envers son cadet. Aveuglé par le souverain mépris que lui inspirait son demi-frère, il ne remarqua rien de la tension qui séparait, mais aussi liait les deux jeunes gens si différents. Il détourna son regard de l'enfant, préférant prétendre bêtement ne pas l'avoir remarqué plutôt que de prendre le risque qu'on le lui fourra dans les bras  à ne plus savoir qu'en faire.

"Tu aurais dû me prévenir que tu vivais dans un septistère."Railla Daemon suite aux avertissements de la brune avant de la suivre.

S'il pensait que les difficultés du voyage étaient derrière lui, il allait vite découvrir qu'une autre épreuve l'attendait, bénigne et pourtant redoutable. Le Sand avait sa fierté. Et elle seule reteint pendant l’ascension interminable des marches cette plainte capricieuse et douloureuse qui perçait sa poitrine. Chaque escalier lui semblait plus escarpé, plus ardu que le précédent et à chaque pas qu'il faisait, ceux qui l'accompagnaient semblaient s'enfuir devant lui. Leur empressement nonchalant lui donnait envie de leur hurler de s'arrêter pour l'attendre. Encore une fois, il n'en fit rien. S'abaisser à cela demandait une abnégation et un courage bien différent de celui qu'il possédait. Avec l'accident son âme ne s'était pas attendrie. Péniblement, et avec force râles et grognements éteints, il finit par pénétrer la pièce qui devait accueillir leur présence si déplaisante pour leurs hôtes contraints. Un autre sarcophage à la perfection étouffante et épurée.
Il se laissa tomber dans un fauteuil avant de lancer un regard débordant de reproches à la brune qui venait de leur asséner une pique. Etait-ce trop demander un peu de calme et de gratitude après ce foutoir immonde qu'ils osaient appeler une cité?
"La question est plutôt: qu'est ce que tu fais ici?" Demanda-t-il sur un ton aussi sec que grinçant. Il connaissait trop la jeune femme pour ne pas deviner qu'elle devait mourir d'envie de saccager tout ce qui se trouvait dans cette pièce à l'exception -peut-être- de son chérubin. Ce dernier continuait de s'agiter avec insistance et ses gazouillis incessants arrachèrent un soupir exaspéré au Sand.

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An 300, Lune 4



Nymeria & Daemon & Cletus

Tu n’aurais jamais du venir. Ces mots, le cadet de la Grâcedieu s’était préparé à les entendre, et il n’y répondit guère qu’en baissant un instant les yeux sur l’enfant que la brune portait dans ses bras. Dans les lettres échangées avant ces retrouvailles, l’aspic n’avait eût de cesse de marteler ses réponses d’un ordre auquel il n’aurait jamais obéi. Il serait venu, quand bien même il n’aurait pas eu besoin de se rendre au Temple du Maître de la Lumière, il serait venu, pour elle. La lady Vaelaros les avait déjà laissé seuls avec sa fille, ce qui ne laissait que peu de doutes quant à la fragilité de l’hospitalité forcée que les nobles d’Essos leur témoignait. La présence d’un bâtard n’aidait pas à se faire mieux accepter par les fiers valyriens, surtout quand celui-ci était issu de leur sang. La lady à la chevelure claire n’y avait pas fait allusion, pourtant Cletus savait qu’elle devait déjà avoir deviné que l’homme masqué n’était pas qu’un simple bâtard parmi les nombreux autres qui avaient vu le jour des amours libres des dorniens Elle savait, et bientôt, le jeune chevalier révèlerait à son ainé une vérité qui avait été tue depuis des années. A l’avertissement de Nymeria, il ne répondit rien. S’il ne pouvait parler pour son frère instable et tempétueux, lui-même ne serait que peu présent au sein de la demeure des Valearos dans les semaines à venir. Si scandale il devait y avoir, il ne concernerait que lui et le dragon, dont il pouvait sentir la présence sans vraiment se l’expliquer. Il n’avait pas vu l’œil violet qui s’était posé sur eux d’un air souverain avant de disparaître dans les couloirs à l’architecture froide  et sévère.
A la suite de son frère, il suivit celle qui portait désormais le nom de Targaryen, non sans qu’ils attirent le regard curieux et craintif des quelques esclaves tatoués qu’ils croisèrent, alors que la brune les menait dans une pièce où ils seraient plus à leur aise, il l’espérait, pour parler. Dans les escaliers qu’ils avaient due gravir à la suite de l’aspic, le cadet avait ralenti le pas, sans laisser deviner qu’il n’avait fait cela que pour éviter à son orgueilleux demi-frère de se retrouver trop devancé. Si ce dernier avait abandonné la canne et l’aide d’un garde ou du mestre pour se déplacer, il n’en restait pas moins grandement affaibli et entravé par les séquelles des blessures qui lui avaient été infligées dans les Terres de l’Orage. Si ce séjours à Volantis portait ses fruits, alors Cletus serait en mesure de l’en soulager, voire de l’en guérir. Mais d’ici là le chemin était encore long, et aussi séduisant que dangereux. La pèce où l’aspic les avait conduit n’était guère plus chaleureuse que le reste de la demeure, bien que les canapés aux coussins brodés y apportait une touche de confort qui venait quelque peu adoucir la froide perfection des murs et des plafonds. A la suite de la brune et de son ainé, le jeune chevalier aux yeux pâles prit place à son tour dans un des grands divans. Malgré le courroux qui se lisait dans ses yeux sombre, le cadet posait sur elle un regard tendre et doux, contemplant le visage dont la lumière venait souligner les traits, ce visage qu’il avait eût tant hâte de revoir. La brune les invectiva, et Daemon ne tarda pas à lui répondre, avec la même impertinence qui lui avait déjà valu tant d’ennuis. Cependant, Cletus n’attendit pas que le bâtard obtienne sa réponse, qui viendrait tôt ou tard, avant de répondre à son tour à l’aspic. « Nous sommes venus te rendre visite. » Sa voix était calme et posée. Assis dans le canapé, son bras droit reposant sur les coussins, le cadet regarda un instant l’enfant qui s’agitait sur les genoux de Nyméria, avant que ses yeux ne viennent retrouver ceux de la mère de ce dernier. « Je sais. Tu ne voulais pas que je vienne. » S’il soutenait le regard noir de la fille d’Oberyn, il ne pouvait nier son envie d’aller, encore une fois, goûter aux lèvres charnues de la dornienne exilée. Il ne lui avait jamais dit, mais le cadet n’avait jamais douté des sentiments qu’il avait pour elle, et que ni le temps ni la distance n’avaient réussi à ébranler. A présent mariée, l’aspic avait pourtant toujours la même emprise sur son cœur, et il était prêt à tout pour gagner à nouveau ses faveurs, même à affronter la colère du Dragon. La brune aurait beau le chasser. Elle aurait beau lui cracher le venin de ses mots cruels, elle ne pourrait jamais l’empêcher de l’aimer. Daemon ne savait rien de cette relation dont les débuts remontaient déjà à plus d’un an, alors que la Sand partait en direction de Port-Real. Cletus n’avait révélé cette liaison qu’à une seule personne : Ulwyck. Ce dernier était parti quelques semaines plus tôt pour le Royaume du Sud, afin d’étancher sa soif d’aventure…et d’oublier, peut-être, une princesse désormais mariée. « Il y aussi des affaires que je dois mener à bien dans cette ville. Et puis, aussi, accomplir une volonté de notre père. » Disant cela, le dornien aux yeux clairs s’était tourné vers son aîné, plantant son regard dans celui plus bleu que le sien du bâtard. « Il y a longtemps, père m’a parlé de ses années passées en Essos. Son voyage l’avait mené jusqu’ici, à Volantis. C’est dans cette ville qu’il a rencontré une femme, celle qui serait ta mère Daemon. » Son regard alla alors se poser un instant sur Nymeria, avant de retrouver le visage de fer de l’ainé des Allyrion. « Cette demeure est la sienne, et c’est entre ces murs que tu es né, mon frère. » Daemon n’avait jamais souhaité connaître l’identité de sa mère. Par rancune de se trouver par sa faute fils ainé sans aucun espoir de se voir un jour hérité de ce qui serait un jour à leur sœur Valena. Tout comme Cletus l’avait toujours considéré comme un frère, Deria n’avait jamais traité le bâtard différemment, et il était son fils au même titre que le jeune chevalier Allyrion. Le nom de cette mère que Dorne n’avait jamais vue, le cadet en détenait le secret depuis déjà maintes années. Il se souvenait encore du jour où, jeune garçon, il avait joui du rare privilège d’avoir été le confident du si mysterieux Soleil Noir. Il connaissait le nom de cette femme, mais aussi les raisons qui avaient poussé leur père à ne pas en révéler le nom à l’écuyer d’Oberyn.



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L'aspic, le loukoum, la merguez, le dragon.

Elle les fusillait du regard un à un, tantôt l'un, tantôt l'autre, savoir ce qu'ils pouvaient bien faire ici. Si elle était heureuse de retrouver ses amis, le cas Cletus était plus particulier au vue de leur dernière entrevue, quant à Daemon... Elle se contentait de lever les yeux au ciel en l'entendant. C'était toujours tout ou rien entre les deux et si elle avait été ravie de le revoir au point de le serrer fort dans ses bras quand à présent elle avait envie de le secouer. Elle le fusillait du regard lorsqu'il comparait ces lieux à un septuaire. Elle aurait préféré vivre chez les Vhassar dont les palais lui faisaient penser à sa Dorne natale : toute colorée, des plats épicés, des moeurs plus légère. Ils n'étaient qu'à quelque pas mais c'était "étrangement" mal vu qu'une fille Vaelaros se rende chez leur concurrent Vhassar.

« Ce que je fais ici ? »

Elle eut un rire cynique.

« Où veux-tu que je sois, pauvre crétin ?! »

Rhaeryn s'agitait, remarquant sans doute la présence de son père, il essayait de se redresser pour voir par dessus l'épaule de sa mère, bien qu'il ait du mal dans son entreprise, on ne pouvait pas lui reprocher d'essayer.

« Mon fils est encore trop jeune mais je compte visiter les 9 cités libres. »

Qohor n'en était pas exclu, bien que lointaine et aux moeurs plus étranges. Et elle mentirait si elle n'était pas excitée à l'idée de voir des dothrakis dont elle avait tant entendu parler.

« En effet, je ne voulais pas de ta présence ici, mais il faut croire que tu ne sais pas tenir compte des désirs d'une femme. »

Son ton avait claqué cette fois-ci, loin de se radoucir, à croire même que plus le temps passait et plus l'aspic montait en pression, surtout en s'adressant au jeune Allyrion qui n'avait de cesse de la regarder. Qu'espérait-il ? Qu'elle lui saute dans les bras, qu'elle l'embrasse, qu'elle le félicite d'être venu alors qu'elle ne voulait pas le voir ici ? Nymeria remplaçait son fils qui commençait à lui baver sur l'épaule, elle devinait sans difficulté que celui-ci avait trouvé ce qu'il cherchait et souriait grandement. On n'aurait pas trouvé bébé plus joyeux et expressif. Et énergique. Il semblait habituer aux excès de colère de sa mère.

Elle écoutait néanmoins les dires de Cletus, replaçant son fils sur ses genoux en espérant qu'il cesse de s'agiter comme il le faisait, si elle le posait au sol, au bout de deux minutes il serait porté disparu. Et quand il ne cherchait pas son père du regard, il fixait le masque de Daemon sans comprendre ce qu'il avait sous les yeux. C'était le seul moment de répit de Nymeria avec son fils ; qu'il fixe Daemon avec une certaine intensité pendant que sa mère écoutait les dires de Cletus.

Elle avait du mal à saisir ce qu'il voulait dire. Elle fronçait alors les sourcils, essayant de comprendre. En effet, elle avait toujours connu Ryon, d'aussi loin qu'elle s'en souvienne, il l'avait considérée comme une fille et elle l'avait considéré comme un père, il avait toujours été bon et protecteur avec elle, et elle avait toujours fait en sorte - jusqu'à rencontrer Rhaegar néanmoins - qu'il soit fier d'elle. Mais elle ne s'était jamais posé la question ; depuis quand ? Car il lui semblait que ça avait toujours été ainsi. Daemon serait-il son demi-frère ? Cela ne se pouvait, Maelys avait eu un tel dédain pour Daemon, si elle l'avait su, il en aurait été autrement, non ? Elle avait été la première à contacter Nymeria lorsque celle-ci avait choisi de suivre Rhaegar. Et elle ne se souvenait pas d'avoir eu un petit frère en ces lieux, elle ne se souvenait pas que Maelys lui ait mentionné avoir un autre enfant non plus, du moins, enfant illégitime. Elle avait tant risqué pour un, alors deux ?

« Qu'est-ce que tu racontes, Cletus ? C'est... Ce n'est pas possible... »

Cela aurait expliqué l'étrange relation entre Nymeria et Daemon, cette guerre constante mais cet amour qu'ils avaient l'un pour l'autre, un amour fraternel, quand on y réfléchissait bien. Comme un frère et une soeur, ils se bagarraient en permanence. Et s'ils se montraient leur "rancoeur", ils seraient toujours là l'un pour l'autre, peu importe les bêtises que l'un ou l'autre pouvait faire. La preuve, Daemon était venu jusqu'à Vivesaigues pour ramener Nymeria et il avait fini brûler pour la protéger. Elle posait, comme Rhaeryn, son regard sur Daemon, le fixant alors.

« Toi ? Mon demi-frère ? J'ai du mal à y croire... »

Ou peut-être pas tant que cela, finalement. Quelle probabilité il y avait, quand on y pensait, pour qu'une chose pareille arrive ? Nymeria sentait de la bave chaude couler sur sa main et elle grimaçait. Si son époux pouvait venir maintenant, cela lui serait bien utile. Daemon, son demi-frère ? Tantôt cela semblait possible, tantôt impossible.

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Rhaegar n'avait pas tardé pour devancer la petite troupe. Malgré sa grande taille et les étoffes feulant au moindre de ses mouvements, la Targaryen avait développé un certain don pour se faire discret en ces lieux. Certes, la décoration était austère, mais l'endroit n'était pas sans lui rappeler Peyredragon et les Vaelaros semblaient partager avec leurs cousins Targaryen le goût de l'intrigue ; les passages, les angles dérobés, les tissus ajourés, tout était pensé pour voir sans être vu. Un état de fait qui avait quelque peu amusé le dragon à son arrivée, mais qui, aujourd'hui, lui rendait sa place de « prédateur ».

La visite des dorniens ne l'enchantait pas, en témoignaient les sifflements s'échappant des gestes amples et nerveux que dégageaient ses manches au fil de ses pas. Mais les murs d'ivoire se succédaient et l'ancien monarque marchait d'un pas décidé sans pour autant perdre de sa superbe. Sa mâchoire était contractée sous sa peau étrangement lisse, comme tirée par le poids trop lourd de sa chevelure d'argent, et son regard acéré faisait baisser les yeux au moindre hère croisant son chemin. Qu'importait si ces tensions envahissant ses épaules lui faisait étrangement penser à ce stress précédent une bataille, car c'était bien ce qu'il craignait devoir mener avec les deux hommes.

« Dois-je vous annoncer, monseigneur ? quémanda une voix serviable à l'approche du salon.

Le silence lui répondit, Rhaegar entreprit de contourner l'entrée empruntée par les quatre protagonistes. Il était étrange de voir le souverain déchu se glisser dans les artères d'ordinaires réservées aux domestiques. On aurait dit un enfant. Mais ces passages lui avaient toujours été familiers et leur grande perméabilité permettait au dragon de tendre l'oreille sur ce qu'il se disait de l'autre côté. Quelques ouvertures savamment intégrées aux bas reliefs et autres sculptures permettaient même de glisser un oeil sur les convives. Rhaeryn avait bien vu l'éclat violacé entre les marbres blancs et Rhaegar se prit à jouer de ces cache-cache avec le bout d'homme s'agitant sur l'épaule de sa mère. Cet enfant était un don des Sept, une pépite à l'état brute qui était capable de retourner totalement le cerveau de l'impassible dragon en quelques secondes. Aussi, ce fut d'un calme presque serein qu'il pénétra dans la pièce, s'imposant par là même où s’immisçait le soleil.

Au fond, peut-être que le seigneur aurait aimé jouir totalement de sa surprise, mais l'armée trop bien dressée de Maelys avait prit les devants et l'esclave l'ayant questionné tantôt l'annonça à l'instant où le dragon avait posé un pied visible dans la pièce. Rhaegar observa alors les deux hommes et ne s'attarda pas sur le masque de Daemon, pas plus qu'il ne détailla l'ancien amant de sa femme. Ne se connaissaient-ils pas après tout ?

- Eh bien, que voilà une arrivée fort discrète, commença le dragon. Je pense que vous avez déjà reçu nos formulations d'accueil, assura-t-il plus qu'il ne présuma sur sa lancée en se rapprochant de la belle aspic et du petit dragon entre ses bras qui s'agitait à la venue de son père.

Le pauvre garçonnet tendait les bras, poussait sur ses jambes trop peu musclées et s'entravait tout seul dans la tresse de sa mère encore trop solide pour ses petites mains potelées. Une certaine tendresse se glissa alors dans le regard du dragon qui laissa une main douce effleurer l'épaule de sa chère et tendre pour se porter à hauteur de joue du polisson. Nymeria était parfois bien indisposée à se séparer de sa progéniture aussi le dragon préférait prendre le relais en douceur, laissant Rhaeryn manifester pour eux deux ce besoin de proximité père-fils qu'ils partageaient, mais il n'oubliait pas leurs visiteurs tandis que le petit monstre se cramponnait solidement à la main de géant s'offrant à lui.

- Votre présence en ces lieux ne s'éternisera pas et vos mystères n'y changeront rien, jeune Allyrion, peut-être vaut-il mieux que vous développiez franchement vos devoirs de mémoire envers feu votre père, asséna Rhaegar en plantant ses iris améthyste dans les yeux de son jeune interlocuteur. »

Il aurait pu se montrer plus doux, et même commencer par s'enthousiasmer de l'amélioration d'état de Daemon, mais l'idée d'un tel lien si soudain entre Nymeria et le brûlé lui semblait bien étrange. Cela tombait trop bien, comme une arme pensée pour toucher la belle dornienne et la ramener au pays en faisant sonner la corde sensible de la jeune femme : sa famille.
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