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Avec l'Hiver vient l'Ourse [Dacey&Lyra]

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Some saw the sun, some saw the smoke. Sometimes the wire must tense for the note. Caught in the fire, say oh, we’re about to explode. Carry your world, I’ll carry your world. Some far away, some search for gold, some dragon to slay. Heaven we hope is just up the road. Show me the way, Lord because I'm about to explode. Carry your world and all your hurt.
Avec l'Hiver vient l'Ourse




An 299, lune 11


Les côtes caillouteuses se dressaient à l’horizon. Écharpées, se dessinant dans les lambeaux de brumes comme des apparitions funestes et menaçantes. La mer elle-même semblait les repousser loin, au large, pour les éloigner de ces rebords mêlant falaises et plages grises de rochers. La dernière fois que Lyra avait vu des rivages, perdus au milieu des flots, se fut ceux des Îles de Fer. Abruptes, humides et baignés de brouillard, ces morceaux de terre stériles seraient sa prison. Lorsqu’elle les avait aperçus, une peur sourde l’avait fait retenir sa respiration et bander ses muscles, prête à sauter dans l’écume sombre pour échapper à son triste avenir. Elle ne l’avait pas fait cependant. Tétanisée sous le regard du Choucas, elle avait attendu sans un mot alors que le Silence, ce navire de malheur, amarrait pour la jeter dans le port puant de Pyk.

Pourtant, aujourd’hui, Lyra ne voyait aucun danger ou mauvais présage à la vue des des grèves du Neck. Des grèves du Nord. Elle pouvait presque sentir les vents glaciaux venant de l’intérieur des terres balayer son visage déjà rougi par le froid. Elle allait quitter le calme morbide et morne de la mer pour retrouver les reliefs et le cocon rassurant des forêts du continent. Et de son île. À cet instant précis, elle ne pensait à rien d’autre que ce soulagement indicible alors qu’Halys dirigeait la barcasse sur laquelle elles s’entassaient toutes les deux. Aucune n’avait osé ouvrir la bouche durant tout le long du trajet. La jeune ourse parce qu’elle n’était ni de nature bavarde ni encline à discuter tranquillement alors que sa captivité prenait fin et la fer-née parce qu’elle n’avait peut-être rien à dire. Elle relâchait une ennemie sur ordre de son capitaine. Peut-être cette pensée la troublait-elle assez pour qu’elle ne pipe mot.

Enfin, le fond du petit bateau gratta les roches ensevelies par quelques vagues et la troisième fille de Maege n’attendit pas son reste pour sauter hors de la barque. De sentir la terme ferme sous ses pieds fatigués et de voir déjà s’élever les arbres courts et touffus des marais auraient pu la faire fondre en larmes. Elle n’en fit rien et se contenta de faire volte-face vers la navigatrice qui, elle, ne descendit pas et se contenta de regarder les bosquets avec un dégoût et une horreur non feinte. Il était bien connu que les âmes les plus naïves se perdaient aisément dans les fondrières et les mangroves du sud du Nord. Pour beaucoup, le Neck était une région maudite où l’on venait chercher la mort. Bon nombre de pirates s’étaient essayé à attaquer les Paludiers en débarquant sur les côtes. En vain. Lyra avait entendu les pires histoires à ce sujet. Quelques fois, des corps encore parfaitement conservés étaient recrachés par les sables mouvants sans que l’on sache exactement s’ils étaient morts depuis longtemps ou non.

« Je suppose que nos chemins se séparent, » entonna la jeune femme d’une voix blanche.

Elle était pressée de disparaître dans les marais. De laisser derrière elle Halys et tout ce qu’elle représentait. Car dans son air revêche et farouche, elle voyait encore l’œil solitaire du kraken l’observer, la suivre, lui signalant que peu importe où elle se cacherait, il la retrouverait. La fer-née haussa les épaules.

« Je voudrais que… que vous remerciez Asha et son oncle, » demanda-t-elle. « Sans eux je… »

La rousse secoua la tête, blasée.

« Aye, aye… » grogna-t-elle. « Allez prenez ça et disparaissez. »

Elle lui jeta presque au nez son arc et un carquois de flèches. Les réflexes de Lyra agirent avec qu’elle ne se rende vraiment compte de ce qu’il lui arrivait et elle les rattrapa au vol. Un rapide coup d’œil lui apprit que cette arme était bien la sienne. Celle qui l’avait sauvée à de bien nombreuses reprises sur l’Île aux Ours et qu’on lui avait arraché lors de son arrivée à Pyk. Comment avait-elle pu la récupérer ? Elle se doutait bien qu’Asha devait être derrière tout ça. Finalement, elle se fichait bien de comment cet arc s’était trouvé dans les mains de la Seiche. L’important était qu’elle le tenait maintenant fermement entre ses doigts. De sentir le bois rugueux contre sa paume lui arracha enfin un petit sourire.

« Merci… » souffla-t-elle, reconnaissante.

L’autre ne fit que secouer la tête une nouvelle fois, les sourcils levés et la moue renfrognée.

« Croyez-moi, j’fais pas ça de bonté de cœur hein. Mais c’est qu’Asha m’en voudrait un peu si vous creviez avant d’avoir atteint Winterfell. On n’a pas fait tout ça pour rien. »

La jeune ourse acquiesça, tenant encore fermement son arc et son carquois contre sa poitrine.

« Vous m’direz merci quand vous s’rez chez vous et qu’vous nous aurez renvoyés Theon. »

Avec ça, elle sauta hors du bateau, lui tourna le dos et se mit à courir, à moitié ensevelie dans l’eau, pour donner de l’élan au bateau. La brume la dévora.

Lyra passa son carquois sur son dos et garda son arc en main avant de se tourner vers la forêt ingrate et peu accueillante du Neck.

Elle avait encore du chemin à faire.



*



La jeune ourse avait rapidement abandonné l’idée de trouver Fort-Griseaux pour s’y réfugier. Elle était persuadée que les Reed l’auraient accueillie de bon cœur, mais encore fallait-il réussir à localiser la forteresse dans les marais. La demeure ancestrale, fief du Neck, était aussi impénétrable qu’introuvable. Certains disaient même qu’elle était construite sur l’eau et se déplaçait au gré des mangroves, glissant entre les racines et la boue. Si aucun corbeau ne parvenait à la trouver, ce n’était certainement pas elle qui allait réussir à mettre la main dessus, en dépit de ses qualités de traque. Il était aisé de chasser des lapins ou des biches. En revanche, pister un château se relevait beaucoup plus compliqué. Et pour la trouver, encore fallait-il s’enfoncer plus profondément encore dans les tourbières et Lyra n’était pas suicidaire. Elle ne connaissait ni le terrain, ni la faune, ni la flore qui s’y cachaient et les contes qu’elle avait entendu à leurs sujets ne risquaient pas de lui sauver la vie. Elle était persuadée qu’elle y survivrait, mais à quel prix ? Elle prenait également le risque de se perdre et de perdre du temps sur son retour à Winterfell et donc sur la libération de Theon. Du moins, sur les négociations de la libération du fer-né. Et elle ne voulait pas qu’Asha pense à de la mauvaise foi et des mensonges de sa part. Elle honorerait se part du contrat.

La progression dans le Neck n’était pas des plus aisée. Voilà des jours qu’elle marchait entre l’orée des bosquets humides et les rivages des côtes, à l’abri derrière les arbres et l’ombre menaçante qu’ils prodiguaient. Elle se savait invisible des quelques bateaux dont elle voyait parfois les silhouettes noires se découper à l’horizon, mais elle ne pouvait s’empêcher d’éprouver une certaine méfiance. La jeune ourse s’enfonçait alors un peu plus dans les marais, pour être sûre de rester invisible. La dernière chose qu’elle voulait était de se retrouver une nouvelle fois capturée et enfermée par les adorateurs du Dieu Noyé. Et elle préférait se perdre dans la boue et les mangroves que de retourner sur leurs îles pluvieuses et humides.

Le nord. Allez vers le nord. C’était là la seule chose qui lui importait. Du lever du soleil à son coucher, elle avançait avec cette seule pensée en tête. Par chance, le Neck regorgeait d’animaux peu farouches qui ne devaient probablement jamais avoir vu d’homme de leur vie. Elle ne perdait pas de temps à tendre des pièges puisque cela l’obligerait à aller en arrière ou à attendre qu’un lièvre ou un crapaud veuille bien se laisser prendre. Aussi, elle ne chassait qu’à l’arc, prenant bien soin de récupérer chaque flèche. Pour plus de sécurité, elle avait enduit quelques une de ses pointes d’une bouillie violacée et peu odorantes provenant de baisers-du-diable. Son caractère urticant pourrait lui être utile en cas de mauvaise rencontre.

Un soupir gelé s’échappa de ses lèvres gercées. Il faisait si froid. L’Hiver venait, à n’en pas douter. Peut-être était-il déjà là. Et l’humidité stagnante des marécages ne l’aidait en rien à se réchauffer. Elle savait qu’elle finirait par sortir du Neck. Mais les fondrières s’étendaient à perte de vue. La jeune femme ne pensait qu’à rentrer chez elle. La solitude n’avait jamais été une chose qui l’avait dérangée. Elle l’appréciait même. Or, aujourd’hui, elle ne s’était jamais sentie aussi seule et aussi abandonnée. Une larme silencieuse glissa le long de sa joue. Avec un reniflement disgracieux, elle l’essuya d’un revers de main.

Alors, les marais se mirent à murmurer. Elle l’entendit d’abord comme une rumeur indistincte et floue. Puis, les sons ne firent que se renforcer. Lyra se mit rapidement à couvert, abritée derrière les feuillages et les ombres, les yeux rivés sur la plage d’où provenait le chahut qui résonnait comme des bruits de tonnerre dans le silence autrefois paisible et inquiétant des marais. Discrète, elle encocha une flèche et arrêta de marcher.

Des hommes apparurent dans son champ de vision. Une petite troupe avançait sur la plage, guettant comme elle les alentours. Elle plissa les yeux et fut tentée de fuir, mais ils étaient les premières personnes qu’elle voyait depuis des semaines. Ils seraient peut-être son salut. Peut-être pourraient-ils l’aider… Mais la jeune ourse était devenue plus méfiante et plus sauvage encore qu’autrefois. Aussi, elle resta cachée à observer leur moindre faits et gestes. Ils auraient très bien pu être des ennemis.

Puis, elle le vit.

Cet insigne gris à la tête de sombre-loup hurlant, cerclé de noir et de blanc.

Des Stark.

Elle reconnut même Benjicot Branche, un éclaireur des suzerains du Nord. Elle n’avait alors plus aucun doute. Ils étaient venus. Venus pour la chercher.

L’ourse rangea sa flèche et fit quelques pas pour apparaître au travers des branchages. Leurs visages sales se tournèrent vers elle. Ils semblèrent aussi éberlués que la jeune femme de la trouver là, se présentant à eux. Depuis combien de temps la cherchaient-ils ? Lyra avait bien conscience de ne pas être belle à voir. Sa robe était déchirée, son visage couvert de boue et ses cheveux sales lui donnaient l’air d’une sauvageonne. Pourtant, ils la reconnurent.

« Lady Lyra ? Lady Lyra Mormont ? » l’appela le Branche.

D’entendre son prénom et son nom prononcée par des voix familières lui serra la gorge. On l’avait appelée Mormont. Enfin. Enfin, elle n’était plus une Greyjoy. Une nouvelle fois, les larmes menacèrent de mouiller son visage, mais elle pinça les lèvres et ne put que hocher la tête, les yeux troubles.

« Robb Stark nous envoie pour vous ramener à Winterfell. »



*



Autour de la forteresse grise des Stark, tout n’était que champs de bataille et neige boueuse. Les hommes des Stark, durant leur long voyage, avaient eu le temps de l’informer sur les bouleversements qu’avait connu le Nord lors de sa captivité. Des sauvageons avaient attaqué Winterfell et avaient tué lord Eddard Stark. Sa mère avait participé aux combats. De nombreux soldats avaient trouvé la mort ou s’étaient trouvés grièvement blessés. La plupart étaient d’ailleurs encore dans le château, incapable de rentrer chez eux. Pourtant, Lyra ne s’était pas rendue compte de l’ampleur des dégâts. Elle ne le constatait que maintenant, alors que la forteresse se dressait devant elle, plus imposante que jamais.

Malgré les calamités et le désastre qui l’avait frappée, malgré le sang et les cris qui l’attendaient derrière ces murs, la jeune ourse n’avait jamais été aussi heureuse. Elle se trouvait égoïste de penser de la sorte alors que le Nord pansait tout juste ses plaies, mais elle ne pouvait s’en empêcher. Elle n’avait jamais été si proche de Dacey et du reste de sa famille. Et son corps éreinté et épuisé ne demandait qu’un bon feu et de la chaleur humaine pour réchauffer ses os et ses chairs grelottantes.

Les lourdes portes de bois s’ouvrirent et ce fut à cet instant que Lyra sut. Elle était rentrée. Pour de bon.

 


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Avec l'Hiver vient l'Ourse



Durant l'attaque de Winterfell, elle avait envoyé des hommes combattre, les préparant et ce qu'ils allaient affronter : les sauvageons. Étant une guerrière, elle hésita à ne pas rejoindre la lutte, Dacey s'était toujours tenu en première ligne sur l'île, mais là, l'ourse devait penser à son enfant et apprendre la mort du vieux loup lui fit comprendre qu'elle devait protéger femmes et enfants regroupées dans la grande salle. Épée à la main, elle avait gardé le silence, n'annonçant pas la mort du suzerain. Une décision difficile, mais nécessaire, dans un tel chaos, la panique ne ferait que provoquer davantage de morts. Quand les grandes portes s'étaient ouvertes, elle avait levé son épée, prête à frapper, fort heureusement, il s'agissait des gardes de Winterfell. Voir Catelyn chercher son époux parmi les nouveaux arrivants, lui brisa le coeur et encore plus quand la nouvelle fut annoncée. Elle aurait pu rester lui remonter le moral, si Robb n'avait pas été blessée. Marchant aussi vite qu'elle le pouvait, ralenti par son ventre arrondi, elle rentra telle une furie dans la chambre où Mestre Luwin avait déjà commencé ses soins. S'installant près de lui, sa blessure n'était pas belle à voir, son regard perplexe ne put que croiser celui du Mestre, elle comprit qu'il ne pouvait se prononcer. Dacey se sentait impuissante, embrassant le front de son époux et lui soufflant que tout se passerait bien, ce fut à ce moment-là que l'homme qui avait emprunté sa masse vint lui demander de venir.

Les regards étaient tournés vers elle, Catelyn auprès de la dépouille de son mari, Robb blessé, ils s'attendaient à voir Daceyprendre les commandes. Son coeur battait la chamade, elle se devait de se ressaisir, tellement de choses s'étaient produites et pourtant, la place n'était pas au laissé allé. Soufflant un grand coup, elle ordonna que les blessés soient emmenés à Winterfell et se dirigea vers l'intendant pour vérifier les stocks de vivres et de médicaments. L'hiver venait et il n'était pas temps de trop puiser dans les réserves. Ce ne fut qu'ensuite qu'elle fit la rencontre du Roi régent et elle continua à gérer de son mieux le Nord, le temps que Robb se remette de sa blessure.

Des semaines bien fatigantes pour celle qui attendait un enfant, mais elle ne pouvait laisser le Nord sombrer. Une fois certaines que son époux allait mieux, elle s'octroya une longue pause, dormant une journée complète. Ce fut à son réveil que Robb lui annonça avoir envoyé des hommes pour aller chercher Lyra dans le Neck. Entendre son nom, mais surtout la savoir libre, lui emmena l'espoir, balayant les heures sombres qui avaient emporté le Nord. Lyra avait toujours été la plus douce de ses soeurs, celle que Dacey avait le plus choyée. Puis très vite la crainte remplaça la réjouissance, est-ce que sa soeur serait différente ? Elle était bien placée pour savoir à tel point une captivité pouvait changer, assombrir les rêves, Lyra était forte comme toute les femmes Mormont, mais elle espérait vraiment qu'elle avait su garder cette part de pureté qui lui allait si bien.

Tout en attendant l'arrivée de sa jeune soeur, Dacey se concentra à nouveau sur la gestion des derniers blessés présents àWinterfell. Elbert, le roi régent, avait repris le chemin du Val, tandis que le regard de Dacey se tournait souvent vers les grandes portes, cherchant toujours le visage de Lyra. Robb la rassurait, lui disant qu'elle allait bien, qu'elle arriverait très vite, mais l'Ourse ne pouvait s'empêcher d'être impatiente. Finalement, elle fut récompensée, alors qu'elle aidait Robb à s'habiller, toujours handicapée par son bras, on frappa à la porte pour lui annonça, cette nouvelle qu'elle espérait temps. Un sourire éclatant apparut sur son visage, poussé par la joie, elle embrassa son époux avant d'avancer vers la grande porte.

Ressentant surement les sentiments de sa mère, l'enfant en elle, donnait des coups et comme pour le rassurer, elle posa sa main sur son ventre et ce fut à ce moment-là que sa jeune soeur apparut dans son champ de vision. Son allure de sauvageonnes ne l'interpella même pas, après tout, c'était des Mormont, ce n'était pas une robe déchirée, des cheveux et le visage sale qui pourraient les arrêter. L'émotion pue se lire dans son regard, tout comme sa voix brisée quand elle annonça :

- Lyra !

Si elle avait pu courir, Dacey se serait précipité vers elle, mais là, elle s'approcha doucement. Une fois face à elle, l'observa quelques secondes, simplement pour voir si tu allais bien et la pris dans son bras. Fermant les yeux pour savourer l'étreinte, il était rare que Dacey se montre si câline, mais là, elle avait besoin de sentir sa soeur contre son coeur et surtout ressentait l'envie de ne plus jamais la lâcher pour que celle-ci ne disparaisse, telle une illusion.

- Par les anciens dieux, ça fait du bien de te savoir saine et sauve.

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An 299, lune 11


La première chose qui frappa Lyra lors de son entrée dans la cour Winterfell fut les odeurs. Les senteurs de boue et d’acier, cristallisées par le froid ambiant. Le parfum étrange de la neige fraîchement tombée qui recouvrait encore les passages où les pieds des hommes et des femmes du château ne l’avaient pas poissée. Ne l’avait pas souillée. Ces fragrances brutes et sauvages étaient familières. Elle les avait senties toute sa vie sur l’Île aux Ours. Et elles réveillaient en elle ces rêves oubliés d’enfant et cette insouciance perdue qu’elle avait depuis bien longtemps jetée aux oubliettes. Sur les Îles de Fer, il n’y avait que le fumet nauséabond des poissons pourrissant sur les étales moisies et suintantes du port de Pyk, celui des embruns et du ressac qu’elle avait appris à associer au danger et à la crainte. Alors, comme un animal encerclé d’ennemis, elle n’avait pu que froncer le nez en essayant de survivre en milieu hostile.

Dans le petit cloître entourés de hauts murs et de tourelles grises et carrées, la vie continuait. Les domestiques filaient à toute allure devant la petite troupe venue du Neck. Certaines femmes portaient des linges mouillés et tachés de rouge. Des valets essuyaient leur front couvert de sueur et touchaient leurs joues rouges d’effort. Malgré la morsure glaciale du vent, ils s’affairaient sans réellement lever la tête vers eux. Le front blanc de la troisième fille de Maege se barra d’un pli soucieux. L’attaque des sauvageons avait dû être repoussée avec difficulté. Quelle était l’étendue des dégâts ? Combien d’hommes et combien de femmes avaient trouvé la mort ? Combien d’enfants étaient devenus orphelins ? Combien de nobles familles devraient se passer d’époux, d’épouse et d’héritiers ? Combien de fermes avaient été dévastées sur le passage de barbare venus d’au-delà du Mur ? Combien de récoltes et combien de champs incendiés, les privant de précieuses réserves pour subsister jusqu’au printemps ? Lyra se mordit les lèvres alors que ses yeux allaient de gauche à droite, observant Winterfell gémir sous les supplications des blessés. Elle avait quitté un enfer pour en trouver un autre. Après tout, les adorateurs des Sept étaient persuadés que des enfers, il y en avait sept. La jeune femme était vouée aux Anciens Dieux, mais peut-être disaient-ils vrai dans ce cas précis. Elle n’avait pas hâte de découvrir les cinq autres. Pourtant, cette seconde calamitée, malgré les heures sombres qui les attendaient, revêtait cette aura douce et amère de réconfort austère qu’elle avait perdue depuis des lunes.

Vissée sur la scelle de son cheval et le regard perdu dans l’observation muette de la forteresse, elle n’avait pas remarqué que ses compagnons de route avaient tous sautés à terre. Elle tenta de les imiter, mais ses membres gourds et ses muscles tétanisés refusaient d’obéir aux commandes de son cerveau. Ses doigts frigorifiés étaient serrés autour des rennes de cuir sans qu’elle réussisse à les bouger. Chaque tentative lui arrachait des grimaces de douleur. Il lui semblait que chaque mouvement, même infime, lui infligeait la sensation de dizaine d’épines plantées dans ses chairs. L’adrénaline et l’angoisse constante qu’elle avait ressenti sans s’en rendre compte depuis sa capture sur la Baie des Glaces jusqu’à son errance solitaire dans le Neck semblaient se réveiller enfin. Et la lune de voyage entre le fief des Reed jusqu’à Winterfell n’avait pas arrangé la situation. Son corps était épuisé, au bord de la rupture. Peut-être allait-il éclater en mille morceaux si elle faisait un geste trop brusque.

Benjicot Branche sentit sa détresse et vint la saisir sous les aisselles pour l’aider à descendre. Lyra se laissa faire sans broncher, devenue marionnette décharnée entre les bras de l’éclaireur qui lui avait, elle en était persuadée, sauvée la vie en menant ses hommes dans les marais pour venir la trouver. Sans destrier, sans assistance et avec l’Hiver qui gelait tout sur son passage, combien de temps aurait-elle mis à rejoindre Winterfell ? Y serait-elle seulement arrivée ? Épuisée comme elle l’était, elle n’en était pas certaine.

Le contact du sol contre ses pieds la fit exhaler. Son souffle se matérialisa dans l’air sous forme d’une buée opaque et blanche qui disparut dans les courants froids. Elle était incapable de bouger ses jambes lourdes et courbaturées. Le Branche garda son bras robuste sous ses bras pour la soutenir alors qu’elle tentait de faire quelques pas laborieux dans la tourbe.

Puis, une voix. Des intonations fortes et brusques. Son prénom prononcé par des accents familiers et si doux. Lyra n’avait pas besoin de lever les yeux pour reconnaître le cri de sa sœur ainée qui l’appelait. Elle aurait voulu courir vers elle, mais en était bien incapable. Pourtant, tout son corps, tous ses muscles lui hurlaient de se jeter en avant pour trouver ses bras réconfortants et chaleureux. Elle n’osait pas faire face à Dacey de crainte de se mettre à sangloter. Car elle sentait déjà sa gorge se serrer et ses membres fondre à mesure qu’elle entendait les craquements des flocons sous les pas de l’héritière de l’Île aux Ours.

Enfin, elle sentit ses bras se refermer autour de son corps amaigri par le voyage. Benjicot retira sous soutien, mais la jeune ourse n’en avait plus besoin. Sa sœur était là pour la tenir. Elle sentait sa carrure robuste et forte sous la sienne devenue si faible. Elle sentait son ventre gros de l’enfant qu’elle portait contre le sien devenu si creux. Elle sentait ses cheveux sentant si bon les fourrures et le feu de cheminée contre les siens exhalant la bauge et la peur. Elle avait cru qu’elle ne la reverrait jamais. Qu’elle mourrait sur les Îles de Fer. Et pourtant, elle se tenait là, debout devant elle. Des forces qu’il lui restait, Lyra retourna son étreinte, la serrant contre elle du mieux qu’elle pu, le visage enfoui dans son épaule.

Alors, elle se mit à pleurer. De grosses larmes dégoulinèrent le long de son nez pour mouiller son menton et les fourrures de Dacey où elles se perdaient, comme des perles translucides sur les poils sombres. Elle renifla plusieurs fois pour tenter de les contenir, mais cela était inutile. Elle était bien incapable de sa calmer maintenant qu’elle se sentait pour la première fois depuis des lunes en sécurité. La jeune ourse n’avait plus besoin de la carapace qu’elle avait dû se forger à Pyk. Elle n’avait plus besoin de s’enfermer dans le mutisme et le silence pour ne devenir qu’une ombre dans la citadelle de Grès, espérant échapper à l’œil du Choucas. Elle pouvait enfin redevenir Lyra Mormont. Dans ses sanglots elle entendit à peine les mots que prononça son ainée et ne put que la serrer un peu plus fort malgré les tremblements incontrôlés de ses épaules.

« Je suis désolée… Je suis désolée… » répétait-elle sans pouvoir s’arrêter.

Désolée, elle l’était pour beaucoup de choses. Pour son manque de retenue qui, s’il avait été fait sur l’Île aux Ours n’aurait embarrassé personne. Pour son manque de combativité lorsqu’Euron lui avait proposée l’alliance pour protéger l’Île aux Ours. Pour l’inquiétude qu’elle avait dû répandre sur sa famille. Pour la situation délicate dans laquelle elle avait plongée le Nord. Pour avoir été absente lors de l’attaque de Winterfell. Pour avoir déserté leur île en espérant pouvoir la sauver. Pour tellement, tellement de choses…  


 


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La famille avait toujours été le pilier de la vie de Dacey, sa famille et le Nord. Ayant vu le sud de ses yeux durant son voyage avecJorelle, elle ne s'était pas senti à sa place, la chaleur, la pauvreté du peuple de Port-réal, l'odeur nauséabonde et surtout l'absence de ses dieux. L'ainée des Mormont était une véritable adepte des anciens dieux, n'existant aucun doute à leur sujet dans son coeur. Chaque matin, elle allait à leurs rencontres, leurs demandant de prendre soin des habitants de l'île aux ours, ainsi que ceux du Nord, puis ensuite de veiller sur ses deux soeurs qui se trouvaient loin de leurs barrals protecteurs. Ses pensées étaient souvent tournées vers elles, allaient-elles bien ? Ne risquaient-elles pas leurs vies ? Cela ne voulait pas dire qu'elle ne s'inquiétait pas pour le reste de sa famille, mais les savoirs dans le nord, un lieu qu'elle connaissait, la rassurait.

En tout cas, les anciens dieux avaient écouté ses prières, Jorelle lui avait écrit une lettre lui disant qu'elle prenait la route vers le Nord et Robb avait envoyé des hommes pour aller chercher sa douce soeur dans le Neck. Elle ignorait encore l'état de Lyra, mais elle était de retour dans le nord. Quand son visage apparut dans son champ de vision et Dacey entoura ses bras protecteurs autour d'elle. Sa soeur manquait terriblement de force, faisant sifrêle, surement épuisée par la captivité, mais aussi par le voyage. Ne voulant plus la lâcher, l'épouse de suzerain de Nord, resserra son étreinte à l'arrivée des larmes de sa soeur. Dacey était si heureuse de la retrouver, remerciant les anciens dieux à haute voix, les tremblements de sa soeur et le fait que celle-ci se lovait davantage dans ses bras, lui fit comprendre la détresse qui la parcourait, surtout quand elle annonça :

« Je suis désolée… Je suis désolée… »

Lyra ne devait pas s'en vouloir, s'était les aléas de la vie et malheureusement, ces derniers temps les Mormont semblaient être des pions de jeu dans des histoires politiques. Comparé à leur enfance, tout était différent, il est vrai que cela n'avait pas été une vie facile, mais au moins, elles étaient tout unies et savouraient ensemble le moindre instant de paix. Il ne fallait pas croire que les Mormont n'étaient que des guerrières, elles savaient rire et profiter de leur vie. Après tout chacune d'ellessavait que celle-ci était précieuse. À présent, de plus avec la venue de l'hiver, tout serait plus dangereux, plus sauvages et elles allaient toutes devoir se montrer prudentes.

Caressant les cheveux sales de sa soeur, elle se décala légèrement pour voir son visage. Passant sa main pour éloigner les larmes qui coulaient sur ses joues, elle vint poser son front contre le sien et lui murmura :

- Tout va bien, tu es auprès des tiens à présent.

Le monde semblait s'êtes arrêtés autour des deux soeurs, même le vent glacial serait incapable d'arrêter leur douce retrouvaille. Quelques personnes s'étaient arrêté pour observer la scène qui était un beau spectacle d'un amour sincère, mais Dacey ne remarqua rien, trop concentré sur sa jeune soeur, pour le moment, il n'y avait qu'elle qui comptait. Une de ses mains glissa jusqu'à celle de sa soeur, la serrant. Elle lui offrit un sourire rassurant avant de se placer près d'elle.

- Viens, je vais m'occuper de toi.

Lui offrant un bras de soutien, elle demanda à une de servante qui passait près d'elles, de lui sortir une de ces robes avant sa grossesse puis de lui préparer de quoi se laver, ainsi que de la nourriture. Il était temps que Lyra refasse peau neuve et retrouve sa véritable identité. Dacey ignorait encore que sa soeur avait un dragon. Toutes en avançant, même si mentionné son séjour sur les îles de fers serait peut-être trop difficile, elle avait besoin de savoir.

- T'ont-ils fait du mal ?
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An 299, lune 11


Toujours agrippée à Dacey, Lyra était incapable de bouger. Le nez enfoui dans sa nuque et dans ses fourrures, elle pleurait de tout son saoul. Silencieusement d’abord puis avec quelques hoquets sanglotant ensuite. Autour d’elle, elle entendait à peine la vie poursuivre son cours à Winterfell. Vaguement, elle sentit que l’on guidait les chevaux dans les écuries et que l’on vaquait à ses activités. Mais pour elle, tout cela n’avait pas d’importance. Elle avait retrouvé sa sœur. Elle avait retrouvé sa maison. Car partout où il y avait des Mormont, la jeune ourse se sentait chez elle. Il n’y avait pas besoin de l’Île aux Ours. Il n’y avait pas besoin de ces plages grises et de ces forêts denses nervées de cascades d’eau translucide. Il n’y avait besoin que de ses sœurs et de leurs bras accueillants. Elle était au Nord. Enfin, elle avait quitté les Îles de Fer. Même si tout cela était derrière elle, il était difficile d’oublier ce qu’il s’était passé là-bas. Les souvenirs étaient encore trop vifs et brûlants pour qu’elle les occulte totalement et si rapidement.

La main chaude de sa sœur caressait ses lourds cheveux bruns constellés de neige et de boue. Elle se souvenait alors de comment son ainée l’avait bercée lorsqu’elle était encore une petite fille. Comment elle l’avait réconfortée lorsqu’elle avait frôlé la mort, à sept ans seulement, et qu’elle n’avait dû son salut qu’à l’intervention brutale et fulgurante de leur mère pour venir briser le crâne de son assaillant fer-né. Dacey était toujours là pour soigner ses peines.

La future mère attrapa ses épaules et l’écarta doucement d’elle. Ses yeux embués de larmes ne lui permettaient pas de la discerner correctement et l’ourse protectrice ne lui apparaissait que dans un nuage trouble comme dans un rêve éphémère. Elle sentit ses mains nettoyer ses joues alors qu’elle reniflait et qu’elle ravalait ses sanglots avec un hochement de tête. Oui, tout allait bien à présent.

Leurs deux mains se serrèrent si fort que Lyra en aurait presque grimacé. Sa sœur avait toujours été plus forte qu’elle et elle avait oublié à quel point sa poigne pouvait être robuste et ferme. Pourtant, cette sensation était loin d’être désagréable. Elle lui arracha même un sourire tremblant.

Dacey la soutint alors qu’elle avançait lentement vers l’entrée de Winterfell, délaissant les vents froids pour la tiédeur diffuse de la forteresse. Son ainée avait beau être enceinte, elle restait incroyablement volontaire et n’avait pas appelé de domestiques pour l’assister. C’était digne d’elle. Digne d’une Mormont. En temps normal, la troisième fille de Maege était celle qui s’occupait de ses sœurs. C’était elle qui essuyait leurs larmes, qui soignait leurs blessures et qui rapiéçait leurs vêtements déchirés. Elle aurait refusé qu’on se préoccupe d’elle. Mais aujourd’hui n’était pas un temps normal. Et elle laissait volontiers l’héritière de l’Île aux Ours la traiter comme une enfant malade.

Elles s’installèrent dans un petit salon austère dont les dalles grises étaient recouvertes de lourds tapis de fourrures sombres. Une petite bassine d’eau brûlante ainsi qu’une lourde robe avaient été préparées, comme ordonné par Dacey. Une suivante proposa bien son aide pour aider Lyra à se laver et à se vêtir, mais elle déclina son offre d’un « non » précipité fait de la tête. La boue craquelée sur ses joues et la poussière dans ses cheveux se dissipèrent dans la bassine d’eau. Ses mains frottèrent ses joues jusqu’à ce qu’elles deviennent rouges. Elle lava ensuite ses mains et gratta sous ses ongles noirs. Elle brûlait, elle se faisait mal, mais elle voulait se débarrasser de tout cela. Elle voulait arracher cette peau qui avait été touchée, effleurée par ses mains. Comme les change-peaux, elle voulait quitter son enveloppe de Greyjoy pour retourner dans celle d’une Mormont. Elle ne savait pas si elle en était capable. Elle ne savait pas si cela était encore possible. Avec une pudeur inhabituelle, l’ourse délicate se glissa derrière un paravent de bois pour se changer. Avant, elle aurait ôté sa robe pour enfiler le nouvelle sans une once d’embarras devant sa sœur. Mais elle ne voulait pas qu’elle voit son corps amaigri d’où ressortait les côtes et les hanches. Elle ne voulait pas qu’elle voit les hématomes et les bleus qui avaient fleuri lors de sa survie difficile dans le Neck. Elle ne voulait pas qu’elle voit ce corps dont elle avait si honte désormais.

La jeune femme flottait dans la robe de son ainée, mais elle se sentait un peu mieux. Elle ne sentait plus l’animal mort et se sentait propre. Du moins, en partie. Elle rejoignit Dacey près du feu où elle s’était installée. Elle observa alors le profil de sa sœur qui avait tant changé depuis sa grossesse. Elle l’avait à peine remarqué lors de son arrivée, mais l’enfant qu’elle portait ne tarderait pas à naître. Elle voulait la questionner à ce sujet, mais la femme du nouveau suzerain du Nord la devança. Elle pinça les lèvres et baissa la tête. S’ils lui avaient fait du mal… Pas ils. Mais il. Les fer-nés, en dépit de leurs regards mauvais et de leur hostilité de lui avaient rien fait. C’était même deux d’entre eux qui l’avaient tirée de Pyk pour la faire s’échapper. Mais celui qui avait régné sur les Îles de Fer avant de se faire renverser par son propre frère…

« Je… »

Sa gorge était serrée. Comment pouvait-elle lui expliquer ce qu’elle ressentait ? Elle était tiraillée. Répugnée. Dégoutée. Sa fuite, la peur de la mort et la solitude dans le Neck avaient chassé de sa tête ces idées sombres. Elle n’arrivait pas à faire face à la réalité. La vérité, elle voulait la repousser loin, très loin, jusqu’à ne plus la discerner. Elle se sentait souillée. Mal à l’aise dans sa propre peau. Elle n’osait même plus regarder Dacey dans les yeux.

« Ils ne m’ont pas blessée… Enfin pas… »

Elle n’arrivait pas à lui dire. Les mots ne sortaient pas de sa bouche.

Un petit sifflement provint de sa sacoche qu’elle avait laissée près du feu. Elle blêmit et leva le nez, interdite, des flammes. La dragonne qui dormait jusque là semblait s’être éveillée. Peut-être que la sensation de la chaleur sur ses écailles l’avait tirée de sa léthargie. Elle n’avait révélé à personne l’existence de Solitaire. Elle l’avait gardée cachée tout le long de sa captivité à Pyk. Mais la saurienne devenait de plus en plus grosse et imposante. Bientôt, elle ne pourrait plus la dissimuler et son petit sac de cuir ne suffirait plus. Lyra remarqua avec horreur qu’elle se mettait à gigoter. Sa tête blanche finit par soulever le rabat et ses grands yeux pâles regardèrent autour d’elle avec curiosité. Ses écailles immaculées luisaient faiblement sous les étincelles du feu de cheminée.

La jeune ourse sortit de son horreur muette et se précipita pour s’agenouiller près de la créature qui sortait petit à petit, dévoilant ses longues ailes translucides. Elle siffla d’impatience et se tortilla hors de sa cachette.

« Dacey… Je t’en prie n’appelle pas ! N’appelle pas les gardes ! » supplia-t-elle en attrapant la créature pour la tenir contre elle.

Solitaire se débattit un instant avant d’appuyer sa tête de reptile contre le dessous de son menton en roucoulant joyeusement, inconsciente du danger possible qui pesait sur elle.   


 


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Avec l'Hiver vient l'Ourse


Installées toutes les deux dans un des salons de Winterfell, Dacey avait ordonné à une servante d'emmener une de ses anciennes robes, de l'eau chaude et de la nourriture pour sa soeur et comme elle se doutait, tout avait été installé juste avant leur arrivée. Voulant laisser de l'intimité à sa jeune soeur, l'héritière de l'île aux ours alla s'installer près du feu, main poser sur son ventre, son regard se perdait dans les flammes et il lui arrivait quelques fois de détourner les yeux vers sa soeur, simplement pour vérifier que tout allait bien. Petit à petit, la crasse qui recouvrait les cheveux et la peau de Lyra céda face à l'eau chaude, Dacey redécouvrait les traits de sa sœur, et même de visage, il était évident que l'ourse délicate avait perdu du poids. Qu'avaient-ils osé lui faire lors de sa captivité ? Une colère froide s'empara du coeur de Dacey, imaginant déjà les horreurs traverser par Lyra. Une part d'elle s'en voulait d'avoir été incapable d'aller la secourir, c'était son rôle de protectrice de faire en sorte que ses soeurs ne souffrent pas, il était vrai que sa vie sur l'île lui avait appris qu'il était difficile d'empêcher quelqu'un de souffrir ou même de périr, mais Dacey s'évertuait toujours d'agir pour le bien commun. Depuis aussi loin que remontaient ses souvenirs les Fers-nés venaient piliers son île, laissant des corps sur leur passage? Les habitants de l'île avaient toujours réussi à les repousser, mais ils étaient têtus et revenaient toujours. Qu'est-ce que Dacey pouvaient les haïr, c'était de leur faute si l'île n'était pas en paix, de leur faute si les femmes avaient été obliger d'apprendre à leur enfant à survivre au lieu de vivre. L'île comptait des personnes fortes, prêts à défendre leur foyer, et pourtant, Dacey espérait toujours pouvoir un jour voir une vie tranquille sur les plages grise et les forêts de chez elle. Un rêve de petite fille qui ne se réalisera sans doute jamais.

La femme du suzerain du Nord ne s'était pas vraiment alerté de voir sa soeur devenue si pudique. Il n'y avait rien d'étonnant après ce qu'elle venait de vivre. Enfin, quand sa soeur sortie de derrière le paravent, elle réalisa encore plus à tel point sa soeur était devenu si frêle, sa robe était bien trop grande. En même temps,Dacey n'avait pas la même stature que Lyra, ayant toujours eu une taille plus élevée que la moyenne. Plus son regard se perdait sur l'apparence de sa soeur, plus les questions fusèrent dans esprit. Dacey voulait arrêter d'imaginer ce qui avait pu arriver et savoir ce qui était arrivé. Essayant de ne pas se montrer trop brusque, elle lui demanda simplement si les fers-nés lui avaient fait du mal. Voir sa soeur se pincer les lèvres et baisser sa tête, ne révélait rien de bon.

« Je… »

Son regard ne la quittait pas, pourtant Lyra, elle évitait le sien. Son coeur se serrait, sa respiration semblait se couper en l'attente de la réponse. La future maman était prête à en découdre si un fer-né avait osé aller trop loin avec sa soeur.

« Ils ne m’ont pas blessée… Enfin pas… »

Un bruit étrange interpella la Stark, tournant la tête en direction de la localisation du sifflement, son regard se faisait de plus en plus stupéfaite. Il y avait bien une chose à l'intérieur vu que le sac bougeait. Finalement, le rabat se soulevea et des grands yeux pâles apparurent dans son champs de vision. Pour d'un coup, une scène étrange se produisit, tandis que Lyra se précipita vers le truc qui sortait de son sac, Dacey se leva d'un bon et alla se placer derrière son fauteuil. C'était bien la premiere fois qu'on voyait la vaillante guerrière craindre quelques choses d'aussi petit et surtout se proteger ainsi.

« Dacey… Je t’en prie n’appelle pas ! N’appelle pas les gardes ! »

La première pensée de Dacey fut de se dire que les gardes ne seraient d'aucune utilité dans cette situation. Le reptile a l'aspect étrange, un avis qui venait surement du fait que c'était le premier dragon qu'elle voyait de sa vie, venait se lover contre Lyra, tel un animal domestiqué. Le visage au trait abasourdi, elle annonça tout en bloquant sur les mots :

- C'est...un...dragon !

Très vite, l'héritière de l'île aux ours repris le dessus sur cette découverte et son côté moraliste vint lui picorer son esprit. C'était comme sur l'île lorsque ses soeurs faisaient des bêtises trop dangereuses à son goût et que Dacey les rappelait à l'ordre. Oui, les mauvaises habitudes étaient rudes.

- Non, mais Lyra, ce n'est pas un jeu, ça va grossir, cracher de feu partout et puiser dans nos réserves pour survivre à l'hiver...

Sortant de l'abri de derrière son fauteuil, elle s'approcha d'un peu plus près, mais quand même en laissant une certaine distance. Un dragon ?! Elle n'en revenait toujours pas. N'étaient-ils pas portés tous disparus ? Posant les mains sur son ventre, pour rassurer l'enfant en elle de l'éclat émotionnelle qu'elle venait de vivre.

- Tu n'aurais pas pu adopter un ours ?

Un ours pour une Mormont se donnait mieux qu'un dragon pour un Mormont, mais ce n'était que son point de vue.
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An 299, lune 11


Contre la peau propre de son cou nouvellement lavé Lyra sentait les écailles à la fois douces en surface et rugueuses lorsque deux d’entre elles se rencontraient. De ce contact surnaturel, la jeune femme en éprouvait une sorte de chatouillis qui aurait pu la faire sourire, voire rire. D’ailleurs Solitaire avait bien compris son petit manège et ne cessait de coller le sommet de son crâne plat sous le menton de celle qui l’avait trouvée, dans l’espoir de ressentir contre sa pellicule reptilienne les vibrations si caractéristiques et si apaisantes de l’Ourse Délicate.

Pourtant, elle ne s’esclaffa pas et si sa gorge tremblait, c’était plus à cause des déglutitions tendues et apeurées que d’éclats joyeux. La femme du nouveau suzerain du Nord toisa un instant l’étrange paire avec des yeux ébahis. D’un côté, elle voyait sa petite sœur à peine revenue de longues semaines de captivité, maigre à faire peur, avec de grands yeux gris cernés de bleu et de l’autre, elle observait une dragonne qui pépiait et qui avait entreprit de mâchouiller une mèche brune de la Mormont qui était tombée de derrière son oreille lorsqu’elle s’était précipitamment levée. Pire, sa cadette semblait protéger la créature qui devrait pourtant avoir disparu depuis des centaines d’années ! Et la bête quant à elle semblait bien familière contre la poitrine de Lyra. Malgré l’étrange tableau et la proximité entre saurienne et ourse, Dacey se redressa d’un bond pour venir se réfugier derrière le dossier de son fauteuil. Elle n’apparaissait plus que de tête et d’épaules, bien que ses hanches devenus larges suite à la maternité ne dépassent légèrement. Là encore, il était bien un spectacle assez rare que de constater que l’ainée des Mormont éprouvait non seulement une surprise non feinte, mais également une légère crainte. La troisième fille de Maege connaissait cependant assez bien sa sœur pour savoir qu’elle ne cherchait non pas à se protéger elle, mais bien l’enfant qui grandissait en son sein. Elle voulait lui dire qu’elle n’avait pas à avoir peur, que Solitaire n’avait jamais cherché à roussir ni à mordre sa main, la Stark la devança et balbutia, éberluée et choquée, l’évidence.

La surprise passée, Dacey la gronda presque comme lorsqu’elles étaient encore enfants et que Lyra, toute petite alors, partait de longues heures s’aventurer dans les bois de l’Île aux Ours sans prévenir personne. Son ainée était alors toujours la première à la mettre la main dessus et à la rabrouer comme une mère l’aurait fait. Ce qu’elle soulevait et les problèmes qui suivaient méritaient que l’on s’y arrête. Accaparée par sa fuite et par sa survie, la troisième ourse n’avait guère pensé à l’après et surtout comme elle allait réussir à gérer une dragonne qui ne cesserait de grandir et de grossir, en particulier lorsque l’Hiver venait déjà sonner à leurs portes et que la saison emmenait avec elle son lot de désagréments. Combien de temps faudrait-il balayer la neige ? Une lune ? Deux ? Dix ? Cent ? Incapable de répondre à ces mots, la jeune femme resta silencieuse, tenant toujours fermement le reptile ailé contre elle, de peur qu’elle ne décide de visiter Winterfell par elle même.

La dernière réplique de Lady Stark alors qu’elle s’approchait précautionneusement réussit à détendre Lyra. Ses muscles se relâchèrent presque instantanément, bien qu’il lui resta un peu de poigne pour tenir Solitaire. Ses épaules tombèrent. Un faible sourire étira ses lèvres gercées et un petit rire étranglée resta lové au fond de sa gorge.

« Pour faire comme toi et Alysane ? » demanda-t-elle. « Même si elle ne dit rien et qu’elle tient à garder cela secret, je ne suis pas aveugle et je l’ai bien vue partir en douce pour en nourrir un dans la forêt… »

La jeune femme ne comprenait toujours pas pourquoi son autre grande sœur tenait tant à faire des mystères autour de ce plantigrade qu’elle nourrissait. Lyra chassait et il fallait bien qu’elle soit aveugle pour ne pas remarquer les traces laissées par l’animal et son ainée dans la boue et les épines jonchant le sol.

« Ce n’est pas un ours qui est venu me trouver contrairement à vous… » lui expliqua-t-elle d’une voix tremblante. « C’est elle, c’est Solitaire qui est venue me chercher sur notre Île. Ne me demande pas comment elle est arrivée là, je l’ignore moi même… »

Elle se souvenait encore nettement des circonstances de leur rencontre. Comment les premières neiges automnales avaient déjà plongé les bois dans un silence de mort et que les ombres des arbres n’étaient plus que des fantômes. Comment le froid commençait à faire claquer des dents et à crever la peau tendre des doigts. Comment les animaux s’étaient déjà tous terrés dans leurs cachettes. Tous, sauf Solitaire.

« Elle n’est pas dangereuse ! » s’empressa-t-elle de rajouter. « Enfin, pas pour l’instant… Mais jamais elle ne s’est montrée agressive envers moi. À Pyk… »

Le simple fait de prononcer le nom de cette maudite ville portuaire accrochée à la roche des Îles de Fer lui arracha une grimace amère.

« À Pyk, je l’ai cachée et elle n’a jamais trahi sa présence. Dans le Neck, elle m’aidait à chasser. Elle rapporte même sa propre nourriture ! »

Quelques lézards ou des petits rongeurs pas plus gros qu’un poing d’enfant, certes. Mais tout de même. Lyra en était très fière, mais se gardait bien d’en faire démonstration. Pour le moment, il ne s’agissait que de quelques minuscules mammifères et reptiles, mais elle aurait besoin de plus… Bien plus… Les Targaryen n’arrivaient-ils pas à les nourrir, même en Hiver ? Malheureusement, les Mormont n’étaient ni Targaryen, ni rois et il serait difficile de débusquer des vivres. La jeune femme d’ordinaire était d’un naturel rêveur et optimiste aussi, elle ne pouvait que concevoir que les choses s’arrangeraient. Qu’elle trouverait une solution. Comme toujours.

« Je sais que ce n’est pas un jeu, » s’entêta-t-elle d’une voix redevenue celle posée et calme qui était la sienne. « Et je ne l’ai pas adoptée. C’est elle qui l’a fait. »

Et, comme pour acquiescer ses dires, la saurienne laissa claquer ses mâchoires autour de la mèche rebelle de Lyra qui fut tranchée nette. Ses cheveux sombres s’éparpillèrent sur la peau de bête sur laquelle elle était agenouillée. La jeune femme ne put qu’offrir un petit rictus où se mêlait grimace et sourire gêné à son ainée.

« Ce n’est peut-être pas un ours, mais je suis certaine, que les Anciens Dieux m’en soient témoins, qu’elle nous protégera, nous et notre foyer, contre nos ennemis. »   


 


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Avec l'Hiver vient l'Ourse


Craindre l'inconnu, un terme étrange pour une Nordienne qui croyait en toutes les légendes du Nord, et pourtant, c'était le cas, Dacey n'aimait pas ce qui venait du sud, tout ce qu'il ne pourrait pas maîtriser, comme les dragons. Ces créatures n'ont jamais été une création des anciens dieux venait de Valyria, une terre bien lointaine d'ici, à la chute de cette grande ville, les Targaryens étaient arrivées tels des conquérants sur leurs montures de feu, changeant le destin de Westeros. Dacey ne portait pas rigueur pour cette histoire, cela remontait à trop loin, puis les Nordiens avaient prêté allégeance au lieu de combattre, sachant bien que cela serait perdre des vies inutiles. Non, tout ce qui rendait la Stark sceptique s'était de voir un jeune dragon auprès de sa soeur, une créature qu'elle croyait disparu. Sa première réaction fut de s'éloigner un maximum, cachant son ventre rond derrière un fauteuil, ignorant si celui-ci crachait déjà du feu. Elle n'y connaissait rien en dragon, comment lui en vouloir de les craindre même face à un bébé ?

Lyra semblait craindre les réactions de sa soeur ainée, peur de la voir faire du mal à son compagnon, mais une fois remise de la surprise, la véritable Dacey reprit sa place, ne pouvait s'empêcher de lui faire la morale. Dacey n'y pouvait rien s'était dans sa nature, pas qu'elle imposait à ses soeurs une façon d'agir, mais elle ne lésinait jamais à donner son avis sur telle ou telle circonstance. Se rapprochant doucement, elle finissait par s'avouer vaincu face au visage de sa soeur, mais tout en soulignant qu'il aurait été plus simple si elle avait adopté un ours.

« Pour faire comme toi et Alysane ? Même si elle ne dit rien et qu’elle tient à garder cela secret, je ne suis pas aveugle et je l’ai bien vue partir en douce pour en nourrir un dans la forêt… »

La journée des surprises, à la différence de Lyra, Dacey ne s'était jamais douté de l'ami de son autre soeur. Guerrier aurait donc un compagnon de jeu. Guerrier était l'ours avec qui elle s'était liée à Fort-Terreur, estimant que sa place n'était pas à Winterfell, son ours vivait des jours plaisant sur l'ile-aux-ours pouvant de la large forêt et surtout ne pas craindre les loups de Stark. Son animal était libre, ne voulant plus l'enfermer dans une prison comme il l'avait été auprès des Bolton. En tout cas, c'était flagrant vu la réaction du visage de Dacey qu'elle n'était pas au courant de l'existence de l'ours d'Alysane, mais elle n'ajouta rien à ce sujet, préférant laisser Lyra parler.

« Ce n’est pas un ours qui est venu me trouver contrairement à vous…C’est elle, c’est Solitaire qui est venue me chercher sur notre Île. Ne me demande pas comment elle est arrivée là, je l’ignore moi même…Elle n’est pas dangereuse ! Enfin, pas pour l’instant… Mais jamais elle ne s’est montrée agressive envers moi. À Pyk…À Pyk, je l’ai cachée et elle n’a jamais trahi sa présence. Dans le Neck, elle m’aidait à chasser. Elle rapporte même sa propre nourriture ! »

En entendant son histoire au sujet de Solitaire, Dacey voulait bien admettre que le destin en avait décidé ainsi, que le dragon et sa soeur était lié. Puis, Lyra partageait tellement d'émotion à travers sa voix, surement qu'elle avait réussi à tenir à Pyk grâce à Solitaire et de cela, elle en était reconnaissante, mais il restait des zones inconnues, comme le soulignant si bien l'ourse délicate, l'animal n'était pour l'instant pas dangereux, mais qu'est-ce que cela donnerait une fois qu'elle aurait atteint la taille adulte ?

« Je sais que ce n’est pas un jeu, Et je ne l’ai pas adoptée. C’est elle qui l’a fait. Ce n’est peut-être pas un ours, mais je suis certaine, que les Anciens Dieux m’en soient témoins, qu’elle nous protégera, nous et notre foyer, contre nos ennemis. »   

Elles s'étaient trouvées ! L'insistance de Lyra sur ce sujet, prouvait qu'elle était véritablement attachée au Dragon. Ensemble, elles avaient traversé de dures épreuves, comme Guerrier et elle, mais leur lien était encore plus fort. Il semblait y avoir une lueur d'intelligence dans le regard de Solitaire, comme quand elle était venue claquer sa mâchoire au mot de sa soeur, affirmant le fait que c'était elle qui avait choisi la Mormont. Dacey se laissa attendrir par cette image, surement que les hormones avaient jouée aussi dans ce sens et elle prononça à la suite des paroles de Lyra.

- Ou elle pourrait brûler nos maisons.

Un sourire apparut sur son visage, preuve qu'au final, ce n'était qu'une façon de détendre l'atmosphère en envisageant le pire. Si Lyra avait confiance en Solitaire, la suzeraine se devait d'avoir confiance en Lyra. Comblant le vide qui les séparait, elle vint poser une main sur l'épaule de sa soeur, pour la rassurer.

- Tu as raison, c'est surement un présent des anciens dieux et dans les temps qui court ça peut être bien d'avoir un dragon de notre côté.

Sa croyance envers les anciens n'avait aucune limite, et si le dragon était venue sur l'île, c'était bien pour une raison. Son regard se porta sur Solitaire qu'à présent se trouvait très prêt. Pour l'instant, elle ne comptait pas aller le caresser, cela restait une créature sauvage et Dacey avait appris que ce n'était pas des jeux. D'un coup, la porte s'ouvrit et Dacey se tourna pour cacher derrière elle, le compagnon de sa soeur, ne voulant pas voir la servante qui emmenait le repas demandé, paniquée. Finalement, celle-ci partit sans apercevoir Solitaire. Tournant le visage vers sa soeur, elle ajouta d'une voix calme :

- Je pense qu'il va falloir y aller en douceur pour faire l'annonce de la présence d'un dragon à Winterfell, surtout avec tous les blessés qui nous entourent, mieux vaut que le personnel ne reste concentré sur eux que sur... Solitaire.

C'était déjà un grand pas qu'elle prononce son nom, preuve qu'elle acceptait la présence d'un dragon auprès de sa soeur.

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An 299, lune 11


Solitaire avait toujours été son secret. Son petit secret rien qu’à elle. Lyra, à l’instar de ses sœurs, appréciait à cultiver son petit jardin où fleurissaient ses propres mystères et ses propres non-dits. Néanmoins, dotée d’une imagination plus fournie et plus touffue que le reste de sa fratrie, elle s’y perdait souvent en contemplations et en rêveries des heures durant. Et la dragonne immaculée en était la plus belle fleur. Depuis sa découverte sur l’Île aux Ours, elle n’en avait parlé ni ne l’avait montrée à personne. Elle craignait les réactions de sa famille dont elle connaissait la méfiance pour les étrangetés venues du Sud. Et la saurienne était bien pire qu’une étrangeté venue du Sud. Non seulement était-elle l’attribut des Targaryen, cette famille de rois et de reines incestueux sanguinaires et pyromanes face à laquelle le Nord ne s’était agenouillé qu’à contrecœur, mais également une créature dangereuse venue de l’ancienne Valyria, une citée détruite et maudite d’un tout autre continent. Et les Mormont étaient loin d’être férus et curieux d’exotisme. Aussi, elle l’avait protégée et cachée comme Alysane le faisait avec les ours qui hantaient leurs forêts. Solitaire avait été là, tapie au fond de son sac, lorsqu’Euron Greyjoy avait attaqué son bateau lors du retour du banquet de Winterfell. Elle avait été là lorsqu’elle se morfondait, ourse prisonnière au bout milieu de l’océan. Elle avait été là lorsque Norne Bonfrère l’avait tirée hors de Pyk. Et elle avait été là lorsqu’elle avait erré tel un fantôme dans le Neck. Jamais elle n’aurait laissé quiconque lui faire du mal.

Pourtant, de la présenter de façon si subite et inattendue à son ainée ne la gênait pas. Ne la gênait plus. Ce secret, elle l’avait porté sur ses épaules depuis bien longtemps maintenant. Des lunes entières à s’en inquiéter. Et n’y avait-il pas meilleure confidente que Dacey ? Elle ne la trahirait jamais. La première fille de Maege était un roc contre lequel elle pouvait se reposer. Lyra brillait d’une confiance aveugle envers sa sœur.

Les yeux pâles de Lady Stark scrutèrent Solitaire, toujours nichée sur les genoux serrés de la troisième ourse. Celle-ci crut apercevoir une moue appréciatrice se dessiner sur le visage de la nouvelle suzeraine du Nord et un petit sourire flotta un instant sur son visage gracieux. À cet instant, sa cadette sut qu’elle avait fait le bon choix en lui révélant l’existence de la dragonne. Malgré sa réponse alarmiste, il ne faisait aucun doute à la lueur chaleureuse qui baignait ses traits que cela n’était qu’une boutade à laquelle elle ne croyait guère. La jeune femme avait du mal à s’imaginer Solitaire brûler les masures et les petites maisons de bois qui jonchaient les côtes de leur île. Impossible. Tout bonnement impossible.

Dacey se rapprocha d’elle et serra sa main contre son épaule. Sa sœur leva les yeux vers elle pour que leurs regards se croisent. Dans ses iris qui ressemblaient si fort aux siennes, elle ne voyait que compassion, bonté et amour. Trois choses qui lui avaient tant manqué sur les Îles de Fer… Et cette chaleur humaine qu’elle dégageait. Lyra se crut prête à pleurer de nouveau, mais ravala ses larmes. Ses yeux étaient encore rouges et bouffis de sa dernière crise de sanglots et elle n’était pas prête à remettre ça. Pourtant, ce contact si simple et si aimant l’émouvait au point que sa gorge semblait prête à l’étrangler. Elle acquiesça vivement aux déclarations de son ainée.

L’instant fut brisé par l’entrée aussi soudaine qu’inattendue d’une domestique venue apporter leur dîner. Privée de ses réflexes par la fatigue emmagasinée, la Mormont ne put que la regarder, sa bouche fermant un « o » parfait et les yeux écarquillés. Par chance, Dacey eut la présence d’esprit de s’interposer entre la servante et elle, la dissimulant à sa vue. Une fois les plats déposés, elle disparut dans le couloir sous l’œil calme de l’épouse de Robb. La troisième ourse laissa un soupir de soulagement s’échapper. Mais ce fut la dernière phrase de l’ainée des Mormont qui troubla le plus sa cadette. Elle appelait la dragonne par son prénom. Un sourire ému étira les lèvres de Lyra et ses yeux s’embuèrent à nouveau.

« Tu as raison, » lui répondit-elle en tentant de contrôler sa voix. « Elle pourrait les effrayer et au mieux les distraire… »

Elle se redressa avec difficulté, tanguant sur ses jambes tremblantes et fatiguées. Solitaire avait beau être petite, elle n’en demeurait pas moins étonnamment lourde et elle gesticula en battant de la queue alors que la jeune femme tentait de regagner son fauteuil. Enfin assise, elle soupira à nouveau. Toutes ses articulations grinçaient et protestaient de fatigue.

« Il faut que tu me racontes… Pour les sauvageons… »
demanda-t-elle d’une voix éreintée.

Elle tendit ses jambes près du feu et une douce langueur s’empara de ses membres gourds. Ressentant la chaleur réconfortante, la saurienne se roula en boule dans les plis de sa robe avant de plonger sa tête écailleuse entre ses pattes. Les flammes rouges se reflétaient sur le blanc irisé de ses cornes et de son corps. On aurait dit qu’elle portait une cape enflammée. Lyra se perdit dans cette contemplation silencieuse en pensant au massacre de Nord par les envahisseurs venus d’au-delà du Mur. Elle n’en avait entendu que des petits détails, des bribes par Benjicot Branche et les autres membres du groupe venus à sa rencontre. Eux-mêmes n’en savaient pas vraiment plus puisqu’ils avaient quitté les batailles pour venir à son secours.

Ses yeux tombèrent sur le repas apporté par la domestique. Elle qui ne s’était nourrie que de racines, de plantes comestibles et de petits rongeurs imprudents durant la dernière lune, il lui semblait que cet alignement de viandes et de purées lui soulevait le cœur. La troisième ourse avait toujours cru qu’elle se serrait jetée sur la nourriture lors de son retour. Si elle rentrait. Or, aujourd’hui, elle était répugnée et dégoutée. Son estomac était retourné. Elle détourna le regard.

« Je suis si fatiguée… » murmura-t-elle en fermant les yeux.

Ses doigts crevés de gerçures effleuraient délicatement la tête de Solitaire et elle profita un instant de cette sérénité retrouvée, écoutant le souffle régulier de sa sœur et du crépitement des flammes.   


 


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Some saw the sun, some saw the smoke. Sometimes the wire must tense for the note. Caught in the fire, say oh, we’re about to explode. Carry your world, I’ll carry your world. Some far away, some search for gold, some dragon to slay. Heaven we hope is just up the road. Show me the way, Lord because I'm about to explode. Carry your world and all your hurt.
Avec l'Hiver vient l'Ourse


Le monde changeait autour d'eux, les rumeurs sur les marcheurs blancs, l'apparition de dragons. Il était nul doute que l'hiver présent, viendrait à mettre leur instinct de survie au défi. Dacey n'arrivait à penser à autres choses qu'à ce grand froid. Le nord avait fait ses réserves, mais était-il prêt à affronter ce que les sauvageons fuyaient ? Qui pourrait survivre face à des morts ? Une veine espérance perlait dans son coeur, le grand mur de la garde de nuit était là pour les protéger et son oncle, Jeor Mormont, les préviendrait si un jour la menace était imminente. En tout cas pour le moment, Dacey devait surtout se concentrer sur les blessés présents au château, ainsi que son prochain accouchement. Sa grossesse se passait bien, c'était tout ce qui gravitait autour qui l'avait mis à l'épreuve. Lyra, prisonnière des Greyjoy, Jorelle, combattant dans la guerre du Sud et les sauvageons attaquants le Nord et surtout tuant Ned Stark. Robb se trouvait à la tête du Nord et elle l'épaulait, rencontrant les vassaux réticents et surtout gérant les serviteurs de la maison, puis les blessés. Peu de temps libre pour l'héritière de l'île-aux-ours, mais là, elle savourait ces retrouvailles avec sa douce soeur, Lyra.

Accepter la présence d'un petit dragon auprès de Lyra dura moins longtemps qu'il l'aurait laissé présager. La future maman avait bien senti le lien si fort entre les deux êtres et surtout elle remerciait Solitaire d'avoir aidé sa soeur à tenir bon durant les dernières épreuves traversées. Se montrant présente, mais surtout aimante envers la jeune ourse. Ses réflexes furent mis à l'épreuve quand une servante rentra dans la pièce. Dacey fit volte-face, camouflant derrière elle le dragon de sa soeur. Il ne fallait pas se leurrer, celle-ci aurait certainement paniqué en la voyant, surement même plus violemment que Dacey un peu plus tôt, vu la conjoncture actuelle, la suzeraine préférait garder le secret. Les blessés passaient en priorité. Un soulagement apparut en voyant la servante partir en n'ayant rien aperçu. Se retournant vers Lyra, elle lui expliqua son point de vue et appela même le dragon par son nom.

« Tu as raison, elle pourrait les effrayer et au mieux les distraire… »

Sa soeur comprenait, comment aurait-il pu être différemment ?! La voyant se relever, Dacey aurait pu lui prêter main-forte, mais lesMormont étaient des personnes fières et Lyra parviendrait à atteindre son but de ses propres forces et elle eut raison. Pourtant, la plus douce, elle n'en restait pas moins une véritable Mormont qui ne se laissait pas abattre, une battante en toutes circonstances. La fatigue pouvait se lire sur son visage, encore plus depuis qu'elle était de nouveau installée dans le fauteuil.

« Il faut que tu me racontes… Pour les sauvageons… »

Que voulait-elle entendre ? Le combat qu'il y avait eu ? Lui expliquer le véritable massacre, la peur des personnes présentes dans Winterfell ? Contrairement au peuple de l'île-au-ours, ils n'avaient pas l'habitude de voir une menace venir les atteindre jusqu'à chez eux. Un peuple pourtant dans la même région et tout de même bien différent. Finalement, Dacey préféra lui parler de ce qu'elle pensait des sauvageons. Il n'avait pas encore cette discussion avec Robb, lui-même devant digérer la mort de son père et surtout ses propres blessures affligées durant la bataille.

- Les sauvageons ne font que fuir le grand Nord, ils ont fait beaucoup de morts autour d'eux, mais je me dis qu'un peuple est capable de tout pour survivre et c'est ce qu'ils font survivre. Ils sont des Nordiens tout comme nous, bien plus que les Sudistes, je ne sais trop quoi penser. Ils nous ont attaquées au lieu d'essayer de parlementer, mais ne connaissent-ils pas que cela ? Se battre pour survivre, tout comme l'île-aux ours. Maintenant, la situation semble s'être calmé, depuis notre dernier combat, il n'y a pas vraiment eu de vainqueur, même si certains prétendent le contraire. On verra bien ce que l'hiver nous présage.

Attendre, voir, survivre. Les mots présents dans chaque coeur deNordiens. Ils se préparaient tous au grand hiver et Dacey n'avait aucun doute de voir le Nord s'allier face aux menaces venues du Mur, mais ils devaient d'abord tous se remettre des conflits contre les sauvageons.

« Je suis si fatiguée… »

Elle ignorait si sa soeur avait véritablement entendu tout ce que Dacey avait à dire, mais cela lui avait fait du bien de le dire à voix haute. S'approchant de sa soeur, elle lui déposa un doux baiser sur le haut de son crâne et elle attrapa une fourrure pour la poser sur elle.

- Fermes tes yeux et dors, tu es sûreté à présent.

L'observant encore quelques secondes, elle était si heureuse de la voir à Winterfell, loin des dangers des Fer-nés. La laissant dans sa chambre, des affaires l'appelaient et elle était décidée à retrouver Robb pour parler de l'avenir entre le Nord et les Fer-nés.

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