[corbeaux] Les lettres de Dacey et Jorelle

An 299, Lune 8, premiere semaine

Jory,

J'espère vraiment que tu liras ces lignes, que la guerre dans le sud ne t'a pas égratignées d'un centimètre. Je ne comprends toujours pas ce qui tu conduis aussi loin du nord, pour combattre dans le combat du jeu de trône. Je ne juge pas tes décisions, j'ai simplement peur de ne jamais revoir ton visage. Nous sommes des Mormont s'éparpiller sur nos sentiments, nous ne ressemblent guère, mais l'hiver est là et j'ai bien l'impression que des jours sombres se préparent. 

Tandis que ta Reine vient de remporter une grande bataille dans le bief, par chez nous des rumeurs parlent de sauvageons qui ravageraient nos campagnes. De plus, Lyra s'est faite enlever par Euron Greyjoy. Je ne peux ni l'aider elle, ni aller repousser les sauvageons, je me sens bien inutile. Oui, car je ne sais pas si les nouvelles sont venues jusqu'à toi, mais je suis enceinte, je vais être maman. Je pourrais te l'annoncer de manière plus festive, mais je n'ai aucun talent à tourner de jolie phrase, si je t'avais eu en face, ça aurait été différent, plus festive.

Donner un héritier mâle à Robb est-ce que beaucoup espère, mais j'ai bien peur que l'enfant qui grandisse en moi soit une fille. Après tout, Mère a eu cinq filles et Alysanne a aussi en premier, une fille, pourquoi serais-je différente ? Ma plus grande crainte si mon enfant naît fille, c'est de ne pas pouvoir l'élever comme une Mormont, alors que je veux que mon enfant sache se battre et surtout partage nos convictions. Une vie à Winterfell sera bien différente de celle de l'île aux ours, mon enfant ne connaîtra pas la même vie que nous, alors comment pourrait-il comprendre nos racines ? Je me pose beaucoup de questions comme tu vois et je n'ose en parler à Robb, ni à personnes d'ailleurs. Enfin, tandis que le monde est en guerre, je m'inquiète pour l'éducation de mon enfant, pathétique.

Et toi Jory, es-tu heureuse de ta nouvelle vie ? Donne-moi de tes nouvelles, raconte-moi les épreuves que tu as traversées et surtout dis-moi que tu vas bien et que les Sudistes te traitent bien, autrement, ils vont voir comment se chauffe une ourse.

Je pense beaucoup à toi
Dacey

An 299, Lune 8, troisième semaine

Jory,

Je suis heureuse d'avoir de tes nouvelles. Pour ta décision, si soudaine, tu dois savoir que je pourrais jamais t'en porter rigueur, tu as toujours été la plus aventureuse, la plus curieuse, la vie auprès de ta reine, t'apporte surement ce qui te manquait dans le Nord. En notre qualité de femme, nous devons nous battre deux fois plus pour obtenir une place, pour faire accepter notre avis. C'est surement pour cela que tu trouves que la reine Rhaenys, nous ressemble, car tout comme nous, elle doit se battre contre la fierté des hommes et d'une plus grande ampleur. Le fait qu'elle souhaite la paix, je peux le comprendre, trop de sang à couler, mais en même temps connaît-elle réellement les fers-nés, comme nous les connaissons ? A-t-elle subi les raids, vu ceux, sur qui devait veiller, mourir de leurs mains ? Ce sont eux, avec leurs agissements qui ont poussé les femmes de l'île à devenir des guerrières. Pour moi, le terme paix avec les fers-nés est complexe surtout qu'ils tiennent Lyra, notre douce soeur. Au moins, tu auras essayé et j'espère vraiment que nous pourrions suffire à la secourir. Le nord continuera à se débrouiller seule, comme il l'a si souvent fait.

En ce qui concerne la venue de l'hiver, l'île aux ours doit être préparée, notre mère a dû s'en charger elle-même. Je ne me fais pas de soucis, même si au fond, je m'en veux toujours de ne pas être auprès d'elles, me retrouvant derrière les murs de Winterfell. Au sujet des sauvageons, je t'avoue que je ne sais que peu de choses. Je me demande si le fait d'être enceinte, ne les pousse pas à vouloir me protéger, alors que pourtant, je pourrais être d'une grande aide, je les connais surement mieux que quiconque dans cette demeure. Je sais que Robb m'écouterait, mais est-ce que Ned le ferait ? Je ne veux pas causer de désaccord entre eux alors qu'ils apprennent à se connaître.

Je sais que je suis forte, que je serai transmettre ce trait de caractère à mon enfant, qu'il soit fille ou garçon. S'il me faudra l'entraîner en cachette, je le ferais, comme je le fais avec la petite Arya. Je n'aurai jamais cru devenir mère un jour, mais le devenir me rend heureuse, j'ai hâte de découvrir son petit visage, de voir les bouts de ses doigts. Qu'importe le sexe de l'enfant, je serai simplement heureuse de pouvoir le serrer dans mes bras. Je me sens déjà mère, alors qu'il n'est encore que dans mon ventre.

Je suis désolée d'apprendre la mort de cet homme que tu respectais. Jory, dans chaque combat, chaque guerre, tu perdras des hommes, je pensais que l'île t'avait appris cette leçon. Au moins a-t-il eu l'honneur de mourir sur le champ de bataille ? J'ignore si mère faisait des cauchemars par rapport à la guerre, mais moi, je peux te comprendre. Nous n'avons pas vécu les mêmes choses, mais mon séjour à Fort-Terreur m'a beaucoup marqué, j'ai appris que je préférais subir une mort rapide à l'épée que de subit le supplice de la torture. Je n'ai rien subi, mais les cris des geôles ne me quittent pas, ni-même les descriptions si bien fournis du bâtard Bolton. Le savoir mort à présent, m'a aidé à aller mieux, mais toi, j'ignore ce qui pourra t'aider, hormis le temps. J'aimerais tellement que tu n'ai pas vécu tout cela, mais personne ne peut revenir en arrière. Alors continue à être forte et à te battre avec honneur. Puis, pour la confiance, tu as raison, mieux vaut te méfier.

Petite soeur, crois-tu qu'on sera amené à se revoir un jour . Je pense que cela reste ma plus grande crainte, de ne pas voir notre famille réunie comme avant. Nous avons vécu une enfance entourée de violences, mais au moins nous étions ensemble et nous sommes plus fortes ainsi qu'éparpiller aux quatre coins de Westeros.

En attendant de tes nouvelles, je t'embrasse.
Dacey.

An 299, Lune 9, troisième semaine

Jory,

Je n'ai pas eu le temps de t'écrire plus tôt. Je suis persuadée que tu as appris la mort de Daenerys Targaryen. Ned Stark n'a pas voulu plier son genou face à elle, estimant qu'elle ne méritait pas cette place de Reine, surtout en vu du culte qu'elle servait. Je peux le comprendre dans le sens qu'elle ne connaissait pas le peuple de Nord, mais jamais l'annonce de sa mort m'a beaucoup étonnée. Le jeu du pouvoir n'a-t-il pas de limite ? Pourquoi se combattre pour un trône ? N'est-ce pas la famille qui compte et la protection de celle-ci ? J'ai encore beaucoup de mal à concevoir ce côté de la politique. J'ignore si à présent, Ned va se soumettre à Elbert, mais il est certain que le Nord gronde, entre la flotte des Mormont et du Conflans partie combattre les Fers-nés, on parle de plus en plus des sauvageons présent sur nos terres. Comme je te disais les jours sombres sont arrivés et peut-être n'est-ce pas si mal que tu te trouves loin du Nord, même si tu cours autant de danger dans le sud.

Il est bien que tu ne doutes pas de ton choix, et surtout que tu apprennes auprès d'eux, même si pour tout avouer, je ne sais pas trop ce qu'ils ont pu t'enseigner de plus, hormis leurs coutumes étranges, tout comme ces tournois et les combats judiciaires. Au lieu d'agir ainsi, ne devraient-ils pas les envoyer au mur, là-bas, on a besoin de soldat, gaspiller des vies ainsi me semble bien inutile. Comment se fait-il que tu n'es pas assisté à sa mort ? Où étais-tu ? Au sujet, de cet homme Aegor, tu as raison de lui faire face, prouve-lui que les femmes Mormont ne se sont jamais rabaissé face à un homme et que ça ne commencerait certainement pas avec un homme du Sud.

Ne regrette pas de n'être pas présente pour moi, surtout que c'est mon rôle de grande soeur de te protéger non l'inverse. Des tas de dangers nous entourent et ils me semblent tellement plus gros que ceux de notre enfance, peut-être parce qu'à présent, on comprend mieux les ampleurs. Chaque jour, je demande aux anciens dieux de veiller sur toi, même si là-bas, ils ne peuvent te voir.

J'espère vraiment qu'à présent, tu es en sûreté auprès de ta Reine, je t'embrasse.
Dacey

An 299, Lune 9, quatrième semaine

Dacey,

J'ai l'impression que le monde devient de plus en plus dangereux, qu'une simple idée murmurée peut te coûter la vie. La reine Daenerys était bien des choses, mais elle ne méritait pas de mourir de cette façon. Le poison est l'arme la plus perfide qui soit, mais surtout, cela montre une faiblesse indéniable. Il est si facile de prendre une vie avec quelques gouttes de poison, mais où est l'honneur dans cet acte ? J'ai connu cette reine - qui n'était qu'une princesse à l'époque - dans la période la plus sombre de sa vie, si jeune, si influençable. Son frère, feu, l’usurpateur Viserys, avait beaucoup plus d'influence que je ne l'aurais pensée. Je ne comprendrais jamais les décisions qui furent les siennes, mais la pauvre petite, elle ne méritait sûrement pas cela. Je ne sais si au long terme, elle aurait réussi à s'affirmer, à devenir plus sage et à renier le dieu du feu, hélas, on ne le sera jamais.

Je comprends la décision de Ned Stark et je l'ai soutenue, en silence, dans cette volonté. Seule une reine du Nord pourrait comprendre ce que nous traversons et surtout, de quoi nous avons besoin. Le trône signifie qu'une seule chose, le pouvoir, il est enivrant pour certaines personnes et destructeur pour d'autres. Je ne sais si Elbert sera gouverné notre peuple, mais je l'espère. Il est temps d'apaiser le Nord, qu'on soit tout uni contre ce qui nous attend. Oui, tu as bien lu ces quelques mots, Dacey, je rentre à la maison, du moins quelque temps. Je reste dans le Bief encore quelques semaines et sur la route du retour, je rendrais visite à Elyane. Cela fait si longtemps que je n'ai pas vu ses petites boucles rousses.

Quand je serais dans ta demeure, je te raconterais tous, mais pour le moment, je préfères que cette lettre soit rythmée par la joie et non par de l'inquiétude, ou encore bien d'autres sentiments.

Demande à nos dieux de bénir ma traverser, je serais très bientôt de retour,

Jory.