Calamar Frit [Owen Tyssier - Rowen Hightower]

L’air ambiant avait le don de le rendre malade, il n’était plus habitué depuis son départ enfant, à la capitale à être en compagnie d’autant de flatterie. Rowen était alors dans la grande salle, recevant les doléances des gens de sa région. Il n’était pas de nature à s’accrocher aux responsabilités, mais il tenait à gérer les affaires du Bief sans la présence de Rhaenys, qu’elle soit reine était une chose, il faudrait du temps aux peuple pour s’y faire. Pour la noblesse cela serait plus long et il le savait, il ne pouvait être le suivant d’une reine, mais au contraire tenir avec une main de fer ceux dépendant de son autorité direct, c’est donc lui qui était présent sur son siège. Luttant avec la fatigue pour répondre au mieux aux demandes, il se débrouillait assez bien conservant une oreille attentive pour chaque problème, il n’y avait que son sourire qui avait disparu depuis la fin de la guerre. Il n’était pas difficile de s’en rendre compte, il n’était plus le pétillant chevalier vainqueur en boucle des tournois. Le nouveau lord du Bief comme beaucoup avait tant perdu dans cette nouvelle paix, il n’aimait pas le pouvoir mais, pour son peuple il aurait fait n’importe quoi.

« Je comprends votre inquiétude, une partie de nos troupes demeure assignée à la reconstruction de nos terres. Il ne saurait y avoir de différence entre les anciens adversaires, pas dans la nouvelle région que je souhaite bâtir avec vous… » Rowen se leva de son siège, on s’inclina devant lui alors qu’il prit le chemin de la sortie, une fois hors de vu de la foule il s’adossa contre un mur serrant le plus fort possible sa main tremblante, elle ne cessait de le faire souffrir. Trouvant parfois le moyen de se bloquer, lui broyant les os, lui donnant cette sensation que la peine ne cesserait jamais. Il du attendre plusieurs minute pour enfin pouvoir desserrer la mâchoire, ce n’était pas le moment de paraître faible. Ça ne le serait plus jamais à vrai dire, il devait pour l’heure dîner avec lord Tyssier, un honorable seigneur du Bief, une personne ayant risqué sa vie alors qu’il ne savait pas encore si Rowen serait vainqueur ou non. Oui le suzerain pouvait bien lui accorder un repas en échange, surtout après la perte d’une sœur aimante.

Il pénétra dans la salle, se tenant aussi droit qu’un lion dominant la plaine devant lui. Il offrit néanmoins un sourire sincère à son camarade de lutte, posant sa main en bon état sur son épaule en signe de salutation : Je ne suis guère de compagnie plaisante mon cher ! Je doute que la reine ne s’offusque d’un peu d’air, loin de mon visage bien peu souriant ! » Il s’avança ensuite vers la table calmement, observant les plats proposés par Owen. Le chevalier prit une coupe et y versa du vin, pour ensuite la tendre à son hôte de repas : Nous savons tous les deux que je passe pour être un meilleur guerrier que politicien, je préfère voir les choses comme elles sont.. »

Il choisit l’un des sièges pour y prendre place, invitant Owen à en faire de même. On leurs donna à chacun une belle assiette remplie, dégustant quelques bouchées avec un calme : Peut importe ou se tourne mon regard, je ne vois que des gens épuisés par la guerre. Je partage votre crainte au sujet de Gwyneese, la vérité est que l’armée n’ira pas en guerre pour la reprendre... non pas parce que je ne le désir pas, loin de la mon cher. Nous nous relevons à peine d’une terrible guerre, il est trop tôt pour en déclencher une autre. » Il entrecoupa son propos par quelques gorgées de vin, puis continua sur un ton toujours aussi posé et lent : je suis lié dans mes possibilités de représailles, je veux vous venir en aide, mais à moins d’avoir une approche plus discrète de la question je ne saurais point en faire plus malheureusement… »