[salvemer] Rencontre officielle (Brynden & Eleanor)

# Dim 7 Fév - 20:22

Salvemer

Brynden Nerbosc & Eleanor Mallister

RENCONTRE OFFICIELLE

Année 299, 6e lune, 3e semaine

Quand Patrek avait annoncé l'arrivée de Brynden à Salvemer dans les prochains jours, tout s'était enchaîné à une vitesse dans son esprit. Qu'allait-elle bien pouvoir lui dire ? Qu'allait-elle porter ? Fallait-il qu'elle lui présente directement Hoster ou qu'elle attende ? Fallait-il que ça soit elle qui l'accueille ? Alors que son cousin lui avait dit que c'était un voyage d'affaire ? Certes l'occasion de se rencontrer, mais tout de même un voyage d'affaire à la base. Elle avait l'impression d'être à nouveau un adolescente. Alors que finalement, elle n'avait pas du tout était comme ça quand elle avait épousé Tristan quatorze ans plus tôt, mais c'était justement parce qu'elle n'était qu'une enfant à l'époque, qui obéissait sans totalement comprendre l'étendu de l'événement et ses répercutions. Bien sûr la visite de Marianne et ses dires lui avait été d'une grande aide, elle avait mieux dormi et repris un rythme de vie un peu plus normal. Mais voilà que les choses se bousculaient à nouveau, que l'arrangement devenait concret. Eleanor ne voulait en aucun cas mettre l'avis de son amie en doute, mais si finalement il ne lui plaisait pas comme il lui plaisait à elle ? S'il n'était pas aussi gentil avec elle qu'il l'était avec Marianne ? Et si elle, elle ne lui plaisait pas ? C'était un mariage commode avant tout, elle le savait, mais elle désirait profondément que ça se passe bien.

Eleanor s'était volontairement tenue à l'écart lors de l'arrivée de Brynden, même si elle mourrait d'envie de le rencontrer, ne serait-ce que pour pouvoir se faire une idée et passer à autre choses vis à vis de ses questionnements. Mais elle n'avait pas voulu passer pour la fiancée trop emballée et collante, alors il lui avait semblait important de respecter le but initial de sa visite, lui montrer qu'elle respectait son travail et son rôle, qu'elle n’interférerait pas dans les affaires de la Région, pas s'il ne le voulait pas en tout cas. Alors elle avait attendu sagement dans ses appartements, supervisant une nouvelle fois les leçons d'Hoster, comme à son habitude, mais son esprit était ailleurs, elle se retournait très régulièrement vers la porte, attendant qu'on vienne la chercher, annonçant la fin de leur réunion. Alors qu'Eleanor ne portait que du noir depuis le décès de son premier époux, pour une fois, elle avait fait une exception, elle ne voulait pas porter le deuil lors de sa première rencontre officielle avec Brynden. Elle avait cependant opté pour une couleur assez neutre, elle ne voulait pas quelque chose de trop festif, ça lui donnait l'impression de manquer de respect à son mari décédé et elle n'était pas sûre que cela donne une bonne image d'elle d’apparaître trop rayonnante deux lunes seulement après son terrible assassinat. Elle s'était coiffée élégamment, mais sombrement aussi avec l'aide d'une servante, en dégageant une partie de son visage avec une demi-tresse.

Quand enfin la porte s'ouvrit, elle sursauta. On venait la chercher pour descendre rejoindre Patrek et Brynden. Elle embrasse furtivement son fils sur le front, salua le mestre et se mis en marche. Elle profita de la descente pour remettre un peu d'ordre dans sa tenue en lissant quelques plis récalcitrant, elle vérifia une dernière fois que son collier était centré sur son décolleté. Elle sentit son cœur s'emballer dans la poitrine. Elle se sentait stupide de ressentir autant de pression, mais il fallait que ce mariage se déroule parfaitement bien, elle savait que Patrek comptait sur elle et elle ne voulait pas le décevoir, ni lui ni le reste de leur famille. Elle voulait aussi assurer une belle vie à Hoster et c'en était l'occasion. Alors voilà pourquoi du haut de ses vingt-sept ans, après déjà quatorze ans de mariage, elle était angoissée à l'idée de s'unir à nouveau. Ça n'était pas un petit seigneur du Conflans, c'était un mariage avec une certaine responsabilité. Lorsqu'elle pénétra dans la grande salle où Patrek et Brynden discutaient, elle luttait pour ne pas trembler et tenir sur ses longues jambes. D'un coup les deux hommes s'arrêtèrent de parler pour se tourner vers elle. Elle leur fit un sourire poli avant de s'incliner. Elle n'osait pas vraiment le regarder droit dans les yeux. Elle vit son cousin faire un mouvement de tête pour l'inciter à s'approcher et à interagir avec le Nerbosc, alors elle se ressaisit, se raclant la gorge discrètement, elle s'approcha d'un pas léger, reprenant confiance en elle au fur et à mesure. Elle en profita pour le regarder. Il faisait sa taille, et étant elle même grande, ça n'était pas une mince affaire. Il était fin mais ses vêtements laissaient penser qu'il était quand même musclé. Il dégageait un charme particulier ce qui n'était pas pour lui déplaire. Une fois à sa hauteur, elle lui sourit à nouveau.

« Lord Nerbosc, c'est un honneur de vous voir ici à Salvemer. Votre présence entre nos murs nous réjouis grandement. »

Elle inclina légèrement la tête à nouveau en guise de salutations. Patrek lui laissa tout juste le temps de répondre, avant de décréter qu'ils avaient vu tous les sujets qui les concernaient et qu'il allait leur laisser de l'air pour pouvoir faire connaissance convenablement. Eleanor senti le rouge lui monter aux joues, toutes tentatives de rendre les choses naturelles étaient vaines visiblement, c'était gênant. Elle baissa les yeux un instant, le temps de se ressaisir.

« Comme vient de nous le rappeler mon très cher cousin, il est fort probable qu'on passe une certaine quantité de temps ensemble à l'avenir... Et je dois bien vous l'avouer, je suis assez curieuse d'en apprendre plus sur vous. Si ça ne vous dérange pas bien entendu. »

Elle avait parlé avec le sourire, essayant à présent d'en plaisanter. Après tout, il n'avait pas l'air bien plus à l'aise qu'elle, alors il fallait bien que l'un des deux se décide à prendre les choses en mains.

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# Lun 8 Fév - 14:08

Contemplant d’un air songeur les cartes stratégiques et la liasse de parchemins étalées devant lui, Brynden écoutait sans mot dire Patrek Mallister parler troupes, alliances, ravitaillements, terres à répartir… Son esprit restait concentré sur les chiffres devant lui et mentalement, il faisait exactement les mêmes calculs que ceux qu’égrenait le Lord de Salvemer à voix haute, se contentant d’acquiescer de temps à autres ou de placer une phrase lapidaire pour avaliser ou contester un propos. Le Nerbosc n’avait jamais été l’homme le plus loquace du Conflans, laissant ce rôle à son cadet Lucas. Lui aimait pondérer, réfléchir, avant de dire ce qu’il pensait au bout d’un moment, une fois sa décision prise et irrévocable. En un sens, il avait conscience que chaque mot prononcé engageait sa famille, aussi il tenait à en être économe. Du moins, en pareille situation.

C’est que l’aigle du Conflans avait tout du renard, et l’héritier de Corneilla se méfiait légèrement de ses aspirations, sachant pertinemment qu’il le soutenait parce qu’il représentait avant tout un rempart fort commode contre les alliés des fer-nés ayant tué son père. Voilà pourquoi cet accord tacite entre eux se devait d’être renforcé d’une manière nettement plus traditionnelle dans les terres de Westeros, à savoir par un mariage. Evidemment, au vu de l’abondante progéniture Nerbosc, les nouveaux suzerains ne manquaient pas de candidats. Aucun des enfants de Lord Tytos n’était marié, alors que ses quatre fils aînés étaient en âge. Si on ajoutait à cela les neveux, oncles, cousins… On obtenait un nombre relativement impressionnant de mains à accorder, quoique n’égalant évidemment pas les prolifiques Frey… Auxquels les Nerbosc étaient liés, comme à peu près toutes les familles de Westeros, finissait par croire Brynden à mesure qu’on lui annonçait de nouvelles naissances aux Jumeaux.

Alors, conscient de l’importance de l’allégeance de la famille Mallister à sa cause, le tout juste trentenaire avait fait une offre le concernant personnellement : lui-même pour une femme de Salvemer. Il savait qu’il était grand temps, de toute façon. Celui qui ambitionnait de s’asseoir un jour sur le siège suzerain du Conflans de façon incontestée ne pouvait rester célibataire éternellement. Il fallait qu’il se décide enfin à abandonner ses souvenirs de jeunesse pour se conformer à son devoir. Et si ledit devoir signifiait besogner une femme inconnue tous les soirs de son existence pour obtenir un fils, soit. De toute façon, il avait été élevé dès le plus jeune âge dans le respect de la volonté paternelle et des traditions de l’ancien temps, aussi il n’avait pas grand mal à se conformer à l’attente placée sur ses épaules.

Pour autant, il était évident que l’homme préférerait lier son existence à une femme qu’il saurait apprécier. Quand bien même ce ne serait pas le cas, il tenait à respecter celle qui porterait le titre de Lady Nerbosc et ne saurait s’abaisser à aller lutiner quelques donzelles dans son dos. C’était bon pour ses vingt ans, quand il était jeune, fougueux et occupé à oublier sa fiancée décédée, à parcourir Westeros et ses charmes. Mais maintenant que l’âge venait, il aspirait davantage à se poser, à fonder une famille en continuant sa propre lignée. S’il pouvait joindre l’utile à l’agréable, ce n’en serait que plus aisé, évidemment.

Quand il avait accepté de se fiancer avec Lady Eleanor Mallister, veuve Ryger, il avait évidemment pensé d’abord en terme politique. Elle lui amènerait un beau-fils héritier qui lui achèterait la loyauté d’une nouvelle maison du Conflans, avait prouvé sa capacité à mettre au monde au moins un fils, et restait suffisamment jeune pour espérer des naissances rapidement. Surtout, elle était la cousine de Patrek Mallister et la clé pour sceller une union durable entre les deux familles. Autant dire qu’elle aurait pu être borgne, bossue et boiteuse, le résultat aurait été le même : il l’aurait épousé.

Fort heureusement, dans ses souvenirs épars, Eleanor Mallister n’était rien de tout cela. Ayant fait le tour du Conflans dans sa jeunesse, il l’avait rencontré à quelques occasions, et priait pour que les vagues souvenirs qui fleurissaient dans sa mémoire soient encore d’actualité tant d’années plus tard. Enfin, parfois le temps n’était guère clément… Voilà pourquoi il avait accouru aussi vite à Salvemer : certes, il devait parler affaires et stratégie mais… Voir sa fiancée avait de quoi fouetter le sang de tout homme normalement constitué. Aussi dès son corbeau retourné par le Lord local, il avait fait seller son cheval, expliquer à son père sa démarche, enfiler son plus beau pourpoint et non ses cuirs de voyage avant de partir avec une petite garde.

Et finalement, l’objet de ses pensées intimes daigna descendre les gratifier de sa présence. Quand il tourna sa tête pour apercevoir sa future, Brynden eut presque du mal à retenir un soupir de soulagement. Définitivement, avoir cette créature à la taille statuaire ne serait peut-être pas déplaisant. Au moins pour ses yeux. Mais il devait se l’avouer : à première vue, la dame était fort accorte. Il avait fait le bon choix en repoussant la pucelle à peine fleurie de treize ans que Patrek lui avait proposé pour choisir la veuve de vingt-sept ans. Certes, il était intéressé à l’origine par autre chose que ses charmes, mais il devait aussi s’avouer que se retrouver avec une enfant à son bras ne l’avait que modérément enthousiasmé. Il cherchait une femme, pas une compagne de jeu pour sa sœur.

S’empressant de se lever, le Nerbosc put constater que sa fiancée l’égalait en taille, ce qui n’était tout de même pas une mince affaire, sa famille étant réputée pour l’aspect longiligne de ses membres. Certes, de toute la fratrie, c’était Hoster le plus grand, et de loin, mais en même temps, son effilé benjamin dominait à peu près tout le monde d’au moins deux têtes. Peut-être pas les Ombles de la lointaine Atres-les-Confins mais… Tout de même. Se tenir à côté était impressionnant. Il décocha alors la dame son sourire le plus avenant, espérant que sa mise serait engageante. Pour l’occasion il s’était même rasé de près et revêtu de ses vêtements les plus seyants, aux couleurs de sa maison.

Rompu aux habitudes courtoises, Brynden prit la main d’Eleanor dans la sienne et se pencha pour y souffler un léger baiser, avant de se redresser et de répondre avec galanterie :

« Le plaisir est partagé, Lady Mallister. Encore que je constate avec plaisir que lesdits murs avaient voilé à mes yeux leurs plus beaux atours jusque-là. »

Trousser des compliments était un art, et s’il n’était pas le plus habile à ce petit jeu, au moins en avait-il deux ou trois tout prêt en réserve. Et en plus, il était sincère. Non pas que Patrek ne soit pas un homme sympathique mais… il préférait la vue qui s’offrait à lui maintenant. Ce dernier décida d’ailleurs de profiter de l’occasion pour s’éclipser, laissant donc les fiancés seuls à seuls, dans un silence un peu gêné. Finalement, ce fut sa promise qui prit les devants, et Brynden se morigéna mentalement pour son manque d’à propos. Laisser une dame faire la conversation en de telles circonstances, voilà qui n’était point convenable.

Hochant doucement la tête à ses dires, il lui répondit :

« Je dois admettre que je partage cette curiosité à votre égard. Nos précédentes rencontres datent, et furent tout de même brèves. Alors… je vous en prie, demandez. Et avec votre accord, j’en ferais de même. »

Se rendant compte néanmoins de leur localisation, le trentenaire ajouta :

« Cela dit… Ce n’est pas que je ne trouve pas cette pièce agréable, mais peut-être serait-il plus… agréable de deviser en marchant ? »

Et plus convenable, aussi. Mieux valait rester à la vue de tous. Lui offrant donc son bras, il déclara :

« Guidez-moi, ma dame. Après tout, vous connaissez ces lieux mieux que moi. Et je n’ai guère eu le temps de les explorer à mon aise, à mon grand regret. »

# Jeu 18 Fév - 19:12

Salvemer

Brynden Nerbosc & Eleanor Mallister

RENCONTRE OFFICIELLE

Année 299, 6e lune, 3e semaine

Eleanor n’avait qu’un vague souvenir de Brynden Nerbosc, ils ne s’étaient croisé que quelques fois, elle était prête à parier que cela se compter sur les doigts d’une seule main. Et chaque fois il s’agissait de repas ou de réunions qui rassemblaient presque toutes les familles du Conflans, donc pas vraiment l’idéal pour des têtes à têtes ou de réelles rencontres sans compter que la jeune femme y avait chaque fois assisté en tant qu’épouse de Tristan Ryger et cela faisait toute la différence à ses yeux. Elle ne cherchait pas de mari, elle ne cherchait pas à se rendre désirable, à savoir qui était un bon ou un mauvais parti, toutes ces choses ne la concernait plus. Ce qu’elle devait faire elle, à ce genre d’événements, était d’être présente pour son mari, le soutenir si nécessaire et renvoyer une bonne image d’épouse. Alors non, elle ne s’était pas plus arrêtée que ça sur Brynden Nerbosc, Tytos était plutôt celui qui avait retenu son attention dans leur Maison, le chef de file, il avait l’âge de sa mère à peu près, une présence un peu imposante. La redécouverte du jeune homme fut donc agréable, il était plutôt bel homme, il était élégant dans sa tenue aux couleurs des Nerboscs, rouge et noir, cela faisait ressortir son regard. Il dégageait quelque chose d’attrayant et de sécurisant en même temps, elle ne ressentait rien de vicieux ou de calculé dans son comportement vis-à-vis d’elle, ce qui lui permit de reprendre un peu confiance en elle pour la rencontre, et de laisser l’adolescente angoissée derrière elle.
Elle le salua comme le protocole l’exigeait, poliment et le plus chaleureusement possible tout en restant dans l’étiquette et il fit de même, prenant sa main la baiser très délicatement. Elle l’entendit alors la complimenter d’une manière à peine détournée. Elle lui fit un nouveau sourire, à demi amusée mais également flattée. Et si finalement tout se passait bien entre eux ? Si leur union était plus prolifique et heureuse que celle qu’elle avait partagée à Willow Wood ?

« C’est un soulagement pour nous que de savoir Salvemer à votre goût Lord Nerbosc. Vous nous en voyez ravis, il aurait été fort regrettable que vous ne repartiez déçu de cette visite. »

Après cette première introduction, Patrek les laissa finalement en tête à tête faire connaissance. Il avait bien remarqué que sa cousine n’attendait que ça, il savait que si cela se passait bien, il n’en doutait guère, elle serait plus détendue et d’autant plus volontaire pour ce mariage, il avait tout à y gagner. Et puis Eleanor étant mère et veuve, il n’y avait plus d’histoire de vertu à chaperonner, c’était au moins cela l’avantage, ils étaient tous deux des adultes. Elle en profita pour lui avouer son ravissement concernant leur rencontre, puisque depuis qu’elle avait appris leurs fiançailles elle s’était posée beaucoup de questions et c’était à présent l’occasion d’obtenir des réponses. Elle fut réconforter d’apprendre qu’elle n’était pas la seule et qu’il partageait son état d’esprit. Il la prit cependant de court en lui proposant de poser ses questions directement. Elle s’était plus imaginée discuter tranquillement et en apprendre plus sur lui au fur et à mesure et peut-être, si l’échange se déroulait bien, seulement là, poser les questions qui lui brulaient la langue mais qui lui semblait trop directes et donc déplacées pour une première rencontre. Alors qu’elle réfléchissait pour savoir qu’est-ce qu’elle pouvait bien lui poser comme question pour débuter leur simulacre d’interrogatoire, il reprit la parole, lui proposant de quitter la salle dans laquelle ils venaient de faire leur réunion pour marcher un peu. Même s’ils n’avaient plus besoin de chaperons, être vus par différentes personnes, à l’extérieur peut-être, était plus convenable pour tout le monde. Eleanor lui offrit un nouveau sourire avant de saisir le bras qu’il lui tendait. Elle sentit un léger pincement dans sa gorge et la chaleur lui monter à nouveau aux joues. Il n’y avait rien de mal à la position, mais elle se tenait soudainement si proche de lui, après trois paroles échangées. La situation était troublante pour elle, elle ne s’était pas tenue aussi proche d’un homme qui n’était pas son mari ou de sa famille depuis bien longtemps, elle sentait la chaleur de son bras contre le sien, même à travers l’étoffe. Il l’invita ensuite à les guider, puisqu’après tout elle était de Salvemer, ce qui n’était pas son cas.

« C’est l’occasion rêvée alors. » finit-elle par lui répondre, une fois son trouble légèrement passé.

Elle se mit en route doucement, entrainant Brynden à côté d’elle. Elle ne savait guère où aller, il avait déjà dû voir les principales pièces dans lesquelles les Mallister étaient habitués à recevoir leurs invités. Elle n’allait tout de même pas lui montrer les espaces réservés aux appartements personnels. Elle se dirigea donc machinalement vers la cour intérieure, après tout un peu d’air frais ne pouvait pas leur faire de mal.

« Votre réunion s'est-elle bien passée ? Avez-vous obtenu ce que vous vouliez de cet entretien avec mon cousin ? »

Elle avait relevé la tête vers lui, curieuse. Elle ne s'occupait quasiment jamais des affaires politiques, elle n'avait pas été habituée à participer à ce genre de conversations. Mais elle savait qu'à présent, c'était un sujet d'autant plus important dans la vie de son futur compagnon et elle voulait qu'il sache qu'elle en avait conscience. Bien entendu, elle ne s'en mêlerait jamais à moins qu'il le lui demande spécifiquement, elle n'avait aucun problème à reconnaitre que ça n'était pas son domaine. Mais il fallait aussi l'avouer, le contexte actuel la faisait s'intéresser d'un peu plus près aux actualités. Après qu'il eut répondu, elle changea de sujet soudainement, comme s'il luttait depuis plusieurs minutes pour sortir et n'y parvenait que maintenant.

« Êtes-vous content de cette union Lord Nerbosc ? »

La question était sortie telle quelle. Eleanor se mordit la lèvre et détourna la tête de l’autre côté pour éviter de croiser le regard de Brynben, avant de se ressaisir.

« Je veux dire, vous m’avez dit que je pouvais vous poser mes questions et… Je ne peux m’empêcher de me demander… Je suis veuve, j’ai déjà 27 ans, nous avons d’autres filles Mallister à marier et puis même de votre côté, je veux dire, vous n’êtes pas le seul Nerbosc qui ait besoin d’une épouse et… »

Elle avait l’impression de s’enfoncer dangereusement. Elle n’avait pas pour habitude de contester qui que ce soit, sauf si cela concernait son fils, mais elle voulait s’assurer que cette union partait sur un minimum de bonnes intentions et que ça n’était pas simplement une espèce de pièce tendu par Patrek. Elle espérait qu’il ne lui avait pas forcé la main, sinon ça serait elle qui en paierait le prix quotidiennement.

« Pardon, excusez-moi je ne sais pas ce qui m’a pris, ne répondez pas à mes idioties. S'il vous plait, oubliez même que j'ai posé la question, je me sens honteuse de vous demander ça de la sorte, ça n'est pas ma place. »

Et si elle venait de tout saboter en une phrase ? Elle se serait giflée si elle avait pu, elle se sentait tellement stupide de lui demander ce genre de choses, en plus, elle avait une partie des réponses, alors pourquoi le confronter si directement au risque de le gêner et pire de l'énerver. Si ça n'était pas son choix comme elle le craignait, il n'aimerait certainement pas en entendre parler et encore moins de sa bouche à elle.

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