Le Deal du moment : -20%
Ecran PC GIGABYTE 28″ LED M28U 4K ( IPS, 1 ms, ...
Voir le deal
399 €


Tout est perdu (Ft. Nymeria Sand)

Invité
Invité

Anonymous

Informations
Personnage
Badges


   
# 

         
Tout est perdu
«On ne peut être tué qu’une seule fois au combat, mais plusieurs fois en politique.»




       
Nymeria & Merlon

La mort dans l'âme Merlon tenait la bride de son cheval, ses muscles le tiraillaient et chaque fois que son destrier posait un de ses fers sur le sol, l'onde le parcourait et se répercutait douloureusement dans ses os. Les rues qu'il arpentait devant son frère étaient sinueuses et assez étroites. Elles étaient rendues encore plus exiguës par la faute des enfants aux visages bronzés par le soleil qui s'amusaient et se couraient après. C'était la première fois qu'il entrait à Dorne, et le périple avait été rude puisque son frère et lui étaient partis des Terres de l'Ouest et avaient cherché à rejoindre le roi, parti du Conflans se réfugier à Dorne quelques temps avant eux. Ils étaient passés par les Montagnes Rouges après avoir esquivé un Bief en pleine ébullition pour se trouver face à un désert en quête d'indépendance. Un guide grassement payé leur permit au-delà de trouver leur chemin dans le désert, mais d'y survivre. Ils traversèrent cette longue plaine de dunes arides, porteuse d'aucun espoir pour lui.  Pourtant, malgré la précarité d'être le garde d'un roi déchu, en fuite dans une des parties les plus difficilement accessibles du continent ; Merlon éprouvait - grâce au dépaysement - une sensation de bien-être. Il avait laissé derrière lui ses problèmes pour se focaliser sur sa vocation, et il apprenait à découvrir cette région inconnue. Elle recelait de charme, elle était d'une chaleur qui imprégnait l'âme et le tempérament des gens. Ils semblaient habités d'une fougue, d'une sentiment de liberté irréductible. Voir des femmes aussi avenantes, détachées de tous les carcans qui régissaient le reste du royaume lui donna un sentiment d'entrer dans une nation différente ; à dire vrai, il ne pensait que le simple fait de traverser des montagnes et des cols put l'amener dans un nouveau monde. C'était un paradis aride qui s'était offert aux deux exilés, sans doute que, s'ils avaient été plus las et moins dévoués, ils auraient trouvé une bonne terre, avec un seigneur bon à servir, et auraient profité de ce que toute la générosité dornienne pouvait offrir. Ils n'auraient plus eu de vœux à suivre, Merlon aurait pu se dévouer à une femme, combattre lorsque la situation l'aurait imposé, et puis serait rentré chérir sa femme et ses enfants. Mais le repos du guerrier allait devoir attendre car le roi s'était réfugié à Lancehélion avec ses fidèles et il leur fallait les rejoindre.

Le silence absolu des sables dans lequel naissait l'indépendance fut pour lui l'occasion d'une réflexion muette. Il n'avait jamais mis de mot sur ses sentiments, mais à la réflexion, il en convint qu'il était habité d'une conscience « ouestrienne ». La maigre expérience de vie qu'il avait lui faisait penser que rares étaient ceux à penser comme lui. La plupart semblaient réfléchir en fonction de leurs identités régionales, locales ou familiales. A commencer par sa famille qui cherchait ses intérêts propres par le biais d'alliances et mariages, puis qui existaient politiquement en tant qu'habitants des Terres de l'Ouest. Rares étaient ceux à penser  réellement à plus grande échelle, à l'échelle du Trône de Fer. Et l'exemple de Dorne était la plus claire manifestation, peut-être la première d'une série ; mais surtout, et beaucoup plus problématique, elle était légitime. Plus ou moins chaque région était en droit d'exiger de retrouver la voie autonome que leur avait barrée un homme sur un dragon. Le problème était là, chaque terre de ce grand royaume, non-contente d'avoir eu une histoire et une identité propre avant d'appartenir au Trône de Fer, avait continué de la cultiver après. En grattant le vernis on finissait par s'apercevoir que ces gens fédérés étaient tous des inconnus, et qu'en toute légitimité, ils auraient pu aspirer à faire sécession comme les fer-nés, les nordiens et les dorniens ; tous étaient isolés et tiraillés de nombreux particularismes qui, s'ils ne les rendaient pas hostiles à notre égard, ils nous les rendaient étrangers. Il n'y avait jamais eu rien d'uni, de sentiment de vouloir faire unité, Merlon doutait que les Targaryens eux-mêmes en furent habités. Ils avaient conquis, s'étaient rapprochés de familles durant certaines époques pour des alliances, mais jamais il n'y eut de grandes mesures pour ne faire plus qu'un. Le jeune garde s'était retrouvé dans un affreux désarroi lorsqu'une question terrible vint conclure sa réflexion : est-ce que, une fois le souffle du dernier dragon dissipé, le Trône de Fer ne laissait-il pas la place à un immense rien ? La timide réponse que son esprit néophyte put produire sur le papier sur lequel il avait rédigé la nuit ses réflexions de la journée fut : « Oui c'est un immense rien, mais le concours des grands défis du destin peut le transformer en un petit quelque chose. »  

Après des jours et des jours de silence dans le désert, les deux gardes purent se réfugier à la Grâcedieu, où sa supérieure hiérarchique et le roi avaient séjourné quelques jours plus tôt. Ils avaient bénéficié d'un bon repas copieux, d'un lit douillet, en somme d'un réconfort bien mérité et étaient repartis au petit matin vers la capitale dornienne. La ville que les reflets de soleil contribuaient à renforcer les tonalités jaunes et brunes étaient en pleine ébullition ; peut-être était-ce la nouvelle de l'indépendance qui mettait la population qui se laissait désormais aller aux transports de joie, peut-être était-ce au contraire un signal de mécontentement. La progression dans les faubourgs étaient compliqués, elle le fut encore plus à l'intérieur de la ville, plongée dans la pénombre des murailles. Leur manteau blanc attiraient les regards des badauds, les clins d'oeil des splendides dorniennes dont le charme n'avait d'égal que la dangerosité. Par prudence, mais aussi par gêne, le cadet des Crakehall détournait le regard de ces femmes là car secrètement il craignait qu'elle ne l'envoûte. Conscient de sa fragilité vis à vis de la beauté des filles de cette région, il ne voulait absolument pas être charmé, qui sait ce qu'une seule d'entre aurait pu lui faire... et puis elles étaient parfois fourbes. En tout cas, si Dorne avait fait sécession, ce que Merlon déplorait car il s'agissait probablement là du plus fidèle allié des Targaryens durant les dernières années, au moins ils n'étaient pas pris pour cible. Ils furent même accueilli amicalement dans l'enceinte du Palais-Vieux. Ressassant des idées moroses, Merlon descendit de son cheval qui avait été d'un secours magistral depuis le début du périple dans l'Ouest. L'Orage avait chassé la Main du Roi, le Bief étaient en guerre et une partie avait rejoint l'Usurpateur, le Conflans était morcelé, le Val fidèle mais attaqué ; l'Ouest avait pris parti de Viserys comme les Îles de Fer à son souvenir. Quand au Nord, ils restait fidèle mais se bouchait le nez pour ne pas vomir sur les Targaryens, et rien ne pouvait dire qu'il n'allait pas tenter d'imiter Dorne et son indépendance.

Mettant pied à terre, ser Merlon décida qu'il irait faire le rapport tout seul, il lui restait encore quelques forces pour aller causer à la commandante. Son frère irait boire un petit coup, il irait peut-être faire une petite sieste et quand cas de besoin, il le ferait appeler. Mais comme d'habitude, durant tout le périple, il avait fait preuve d'une grande bavure et la moindre des choses était de le laisser décompresser. Et puis le garde savait que tout ce qui était paperasse, c'était pas sa tasse de thé. Une ravissante servante approcha du garde, il avait la main refermée sur le pommeau de son épée ; d'habitude il avait également un casque sous le bras, mais cette fois il l'avait laissé sur son cheval. Suivant la jeune dornienne, Merlon resta silencieux, il n'était pas là pour discuter futilement avec une jeune femme – aussi charmante fut-elle – et de toutes les manières, qu'aurait-il dit ? Il préférait faire planer un silence de tension qu'un silence de malaise après avoir prononcé ou plutôt bégayé des paroles maladroites. Il préférait regarder la ville à travers les vitraux devant lesquels il déambulait et qui, donnaient aux habitations une constellation de couleurs. Lorsqu'il tournait la tête, c'était la mer aux milles reflets qui s'offrait à ses yeux. Tout semblait apaisé vu d'ici, isolé du monde, adossée à une mer si chaude, Lancehélion semblait baigner dans un océan de quiétude. Il espérait que la porte qui apparaissait au bout du couloir, après un tournant, n'allait pas ouvrir sur une furie. Sa commandante avait un certain tempérament c'était clair, il aurait fallu toutes sortes d'adjectifs, de superlatifs pour le caractériser, mais pour faire simple, elle avait un tempérament dornien très prononcé. Et en guise d'illustration, il fallait simplement se souvenir qu'elle se battait avec les gardes qui osaient la contredire. Merlon toqua et attendit qu'on l'autorise à entrer avant d'ouvrir la porte qui donnait sur une vaste pièce au milieu de laquelle trônait sa commandante. Son ventre semblait avoir encore un peu gonflé depuis la fois où ils s'étaient quittés. Merlon inclina la tête respectueusement.
- Commandante, déclara-t-il distinctement. Il préférait l'appeler ainsi plutôt que "madame", il respectait sa fonction, et il considérait que la désigner par cette appellation était une provocation, et ne pas la considérer comme la combattante qu'elle était, malgré qu'elle fut enceinte. Je vous prie de nous excuser pour ce retard, mon frère et moi, nous sommes sur vos pas depuis des semaines mais... Mais nous avons subi un attentat durant l'enterrement de notre père et nous avons été ralenti. Tout semblait préparé commandante, l'Ouest est perdu.  

         
base cracles bones, modification lawina