Le deal à ne pas rater :
Cdiscount : -30€ dès 300€ d’achat sur une sélection Apple
Voir le deal


Au revoir chère amie (PV Jeyne Ouestrelin)

Invité
Invité

Anonymous

Informations
Personnage
Badges


   
# 

             
Au revoir chère amie
On croit que tout est fini, mais alors il y a toujours un rouge-gorge qui se met à chanter.


   
       
Jeyne & Merlon


Falaise s’immisçait au loin entre la terre et un ciel bleu strié par les rayons rougeâtres du soleil couchant. La vue de cet horizon qui mêlait la terre et la mer dans une relation incestueuse, apaisait étrangement l'âme du cavalier exténué. Ses muscles jusqu'alors raidis par la chevauchée et la tension de sa situation se détendaient sous ce long manteau noir qui recouvrait sa tenue de Garde Royal. Ses doigts parcouraient doucement la crinière de son cheval immobile sur un petit promontoire rocheux, le chevalier avait sans doute beaucoup exploité l'endurance et la dévotion du destrier. Sa situation, à vrai dire avait été critique durant quelques jours et l'aperçu d'un fief qui ne risquait pas de se jeter sur lui, le calmait peu à peu. Un petit coup de talon fit repartir l'étalon qui avait repris son souffle, en direction de la forteresse. Il espérait qu'il serait accueilli sans flèches, sans épée, pour cela il fallait que son amie, probablement sa seule amie puisque Merlon avait beaucoup de difficulté à parler à des femmes, ait reçu le corbeau qu'il avait pu lui envoyer dans sa fuite. Avec un peu de chance, elle aurait été la seule à lire ce message, et, le gardant secret, personne n'aurait eu vent de sa venue. Cependant toutes les hypothèses étaient envisageables ; il était donc crucial ne pas pécher par excès de confiance. Sans compter que la rumeur des événements qu'il venait de vivre avaient dû galoper dans l'Ouest aussi vite que son canasson.

Il y a quelques jours, à Crakehall, on célébrait les obsèques de son père, le lord Roland, emporté par une grave pneumonie selon son entourage. Cet homme avait été un bon seigneur, fidèle à son suzerain et s'adjurant la loyauté de vassaux dévoués ; le père avait été conforme à sa famille Crakehall. C'est à dire un père bourru mais juste, inspirant, certes il n'était pas à l'aise pour le témoigner, mais nul doute qu'il aima tous ses enfants sincèrement. Pourtant voilà quelques temps qu'il était en froid avec deux de ses fils ; s'il avait vu d'un bon œil le puîné vêtir le blanc-manteau il y a quelques années, la nouvelle de son cadet brisant les fiançailles d'un mariage s'annonçant fructueux l'avait fait entrer dans une rage que l'on entendit jusqu'à Port-Réal. L'idée de n'avoir qu'un seul fils capable d'hériter était sans doute une source d'angoisse pour un homme dont la vie et la gestion de ses terres avaient de tout temps eu pour finitude de léguer un territoire sur lequel règnerait encore son nom pendant des siècles. Il suffisait que son fils aîné ne succombe pour que tout parte à-vau-l ‘eau. Ou alors, s’esquissaient déjà dans son esprit alerte, des prémonitions sur le danger qu'allaient courir ses fils manteaux-blancs. L'histoire dans toute sa tragédie lui avait donné raison, cependant il ne pensait sûrement pas que ce danger viendrait de sa propre famille et que le lieu où il exploserait serait sur sa propre dépouille.

C'est ainsi que durant la cérémonie, qui avait vu les yeux inquisiteurs des vassaux de feu son père, et ceux des invités, se poser sur les deux gardes royaux qui faisaient leurs adieux à leur exemple de toujours ; que des soldats leur tombèrent dessus. C'est avec une profonde résignation que son frère avait ordonné cela, la fratrie avait toujours été soudée, tout là-dedans n'était qu'une obligation politique. Les Crakehall été de loyaux serviteurs des Lannister qui venaient de se déclarer pour Viserys et contre Rhaegar. En tant que Gardes Royaux, ils représentaient l'ennemi simplement. Ce n'était donc pas la haine qui déchirait ces frères, seulement la logique implacable du destin que façonne la politique et qui annihile le souvenir des temps heureux. Tout en essayant de sauver leur peau, les manteaux-blancs tachaient de sauver des hommes avec qui ils avaient combattu dans Îles de Fer pour le plus vieux et durant quelques expéditions dans l'Ouest et à Port-Réal pour le plus jeune. Ils parvinrent à fuir ce traquenard en détalant à cheval sains et saufs malgré une entaille au bras pour Merlon, qu'il put bander une fois éloigné du danger. Pour eux la priorité était de rejoindre Vivesaigues où le roi résidait encore avant leur départ pour lui faire un état des lieux de la situation. Il fallait qu'il soit averti qu'on y levait des armes contre ses propres hommes, ce n'était pas quelque chose d'anodin, au contraire, c'était une déclaration de guerre. Mais tenter de rejoindre tout de suite Vivesaigues, à deux avec leur carrure peu commune semblait compromis. La nouvelle de ce véritable attentat allait courir dans l'Ouest et à la première occasion, en voulant quitter cette région, un lord leur tomberait dessus avec ses cavaliers. Le plus prudent était de se cacher le temps qu'on pense qu'ils avaient réussi à fuir, et surtout, se séparer quelques temps pour moins attirer le regard des gens.

C'est ainsi qu'un homme se divisa en deux frères avec pour mission de chacun retourner à Vivesaigues auprès du roi, si tant est qu'il fut encore là. Peut-être qu'il n'y était plus depuis, après tout on leur avait dit de ne pas s'éterniser car le roi risquait de se mettre en marche vers le sud avec ses hommes. Le plus important était de survivre, au pire l'armée et le roi ne seraient plus là où ils les avaient laissé en partant ; mais retrouver leur trace ne serait pas une affaire très compliquée, et les rattraper, à moins qu'ils ne disparaissent subitement, ne le serait guère plus. Il avait beaucoup chevauché de nuit, évité Castral-Roc et les grandes agglomérations, autrement il campait le long de petits ruisseaux. Galopant ainsi, habillé d'un long manteau noir, les quelques paysans qui travaillaient encore la terre de leurs ancêtres, ne le remarquaient pas où étaient maintenus mués par la crainte d'un malfrat. Seul le dernier jour, lorsqu'il sentait Falaise tout proche, où résidait une jeune femme qui avait su briser la glace qui masquait son être à chaque seconde ; il avait chevauchait toute la journée. Depuis le jour où suite à sa victoire dans un tournoi, le jeune chevalier l'avait nommé reine de beauté, ils étaient devenus très amis. Il s'agissait là probablement d'une des seules personnes extérieures à son cocon familial avec laquelle Merlon acceptait et appréciait de parler. Il espérait qu'elle l'aiderait si il devait toquer à sa porte, sa famille à elle aussi allait rester fidèle aux Lannister, il fallait donc espérer qu'il n'attire aucun problème à son amie. Seulement il voulait lui dire adieu dans le respect des formes que l'amitié impose.

Son cheval avala rapidement la distance jusqu'à la forteresse qui rougeoyait par la faute du soleil qui se cachait derrière elle. L'herbe meuble permettait au cheval de poser ses fers en souplesse et bringuebalait Merlon lascivement, ses yeux se fermaient un peu. Si la fortune était avec lui, il aurait un repas chaud, quelques heures de sommeil, quitte à dormir dans la paille. Son cheval serait d'aplomb et il repartirait. Les pas retentirent sur les dalles lorsque Merle pénétra dans le château dont la herse était encore levée. Les gens pouvaient encore y entrer pour acheter quelque chose, se trouver une taverne ou un bordel. Le Garde Royal lui, s'était arrêté aux écuries et avait donné quelques pièces à un garçon pour qu'il s'occupe avec soin. Et il s'était dirigé vers la place fortifiée où devait résider le lord, devant deux gardes il s'arrêta. Ses yeux se posaient furtivement sur tout ce qui l'entourait, les hommes en poste ne semblaient ni trop tendus, ni trop détendus, personne ne semblait l'épier. Son regard fut distrait par l'intérieur de l'enceinte de ce solide château. Il semblait fort et prospère ou tout du moins il donnait l'illusion de l'être encore, puisque d'après certaines mauvaises langues, les Ouestrelin ne disposaient plus de gisements d'or. Mais ses rêveries furent interrompues par la voix d'un garde. Elle était grave et rocailleuse, le genre de voix qui surgit d'une barbe mal-taillée dans laquelle on aperçoit quelques poils blancs, témoins des batailles passées. Ces voix-là lui semblaient dignes de confiance.
- Tu veux quoi toi ? Tu attends quoi ? demanda le soldat sur un ton rude.
- Je viens voir dame Jeyne Ouestrelin, c'est de la part d'un vieil ami, dites lui ça, elle comprendra.
La main sur le pommeau de son épée, Merlon regarda le garde qui s'éloignait, il restait sur ses gardes, au cas où il fut tombé dans un piège. Au loin, il apercevait encore son cheval qui se fait bichonner par un jeune garçon méticuleux. Si la situation n'avait pas été aussi catastrophique à l'échelle du royaume, le garde-royal serait aller échanger quelques passes avec ce gamin, avec des épées en bois. Et puis il aurait accompli un rêve de gosse, il aurait pris l'enfant sous son aile, l'aurait sorti de sa condition et en aurait fait un chevalier. Mais ici, le soir qui tombait méthodiquement comme un couperet apportait dans son sillage, à Merlon, les craintes de voir sa tête rouler au sol.
         

             
base cracles bones, modification lawina

             
Invité
Invité

Anonymous

Informations
Personnage
Badges


   
# 
Some saw the sun, some saw the smoke. Sometimes the wire must tense for the note. Caught in the fire, say oh, we’re about to explode. Carry your world, I’ll carry your world. Some far away, some search for gold, some dragon to slay. Heaven we hope is just up the road. Show me the way, Lord because I'm about to explode. Carry your world and all your hurt.
Merlon & Jeyne


Le vent se glissait entre les vieilles pierres de Falaise comme un serpent, sifflant de colère et menaçant de faire s’effondrer les murs endommagés de la forteresse. Si le château s’était transformé en palais des courants d’air, dehors, des nuages sombres s’amoncelaient à l’horizon et semblaient se mêler à la Mer du Crépuscule qui grondait, chahutait et s’écrasait contre le contre-bas rocheux de la falaise. Les herbes folles, les quelques courageuses qui s’aventuraient à pousser et s’obstinaient à recouvrir les roches peu fertiles, se trouvaient couchées par les bourrasques. L’obscurité du ciel faisait que nous avions tous allumés nos bougies, malgré les quatre heures sonnantes d’un après-midi d’automne. L’hiver n’était pas encore là, mais cette tempête qui, comme un enfant, tapait des pieds et des poings pour exprimer sa puérile colère ressemblait fort à un présage des sombres mois qui s’annonçaient. Les orages estivaux étaient violents mais rares et survenaient généralement en fin de journée, lorsque les températures grimpaient trop haut et que les airs marins et les embruns venaient se mêler aux souffles chauds venant des terres. Je n’avais encore jamais vu d’hiver glaciaux et violents, mais mon père m’avait dit que les tempêtes y devenaient beaucoup plus fréquentes et amenaient avec elle leur lot de préoccupations. Neige, galernes et typhons venant tout droit des Îles de Fer. Rien de bien réjouissant.

Je frissonnais dans ma robe épaisse et mon châle que j’avais méticuleusement rapiécé. Avec un peu de méthode et d’attention, il semblait presque neuf. Malgré le feu de cheminée léchant les bûches et les consumant lentement en cendres grises et volatiles, un froid persistant avait élu domicile entre les murs de Falaise. Nous avions commencé quelques travaux de rénovation, durant l’été, grâce à l’argent de notre grand-père maternel. Cependant, avec la saison dure qui arrivait, nul doute que tout cela allait être interrompu. La forteresse était vivable au printemps et en été. Il y faisait frais et la douceur persistait la nuit. Nous nous sentions même mieux à l’intérieur que dehors où la chaleur pouvait faire souffrir les plus délicats d’entre nous. En revanche, j’étais moins sûre de notre confort en automne et sous la neige. Il y faisait déjà si froid ! Il me faudrait recoudre plus de plaids et de châles.

Un « toc toc » à ma porte me fit lever le nez de ma broderie. Par ailleurs, perdue dans mes pensées, j’étais passée à côté de pleins de points et le pauvre motif s’en trouvait bien déformé. Je le laissais sur ma table et invitais l’inconnu à entrer. Un pauvre domestique tremblotant et trempé jusqu’aux os pénétra dans ma chambre.

« Que se passe-t-il Doric ? Pourquoi êtes-vous donc dans cet état ? » m’inquiétais-je d’une petite voix. « Rapprochez-vous donc du feu. »

Le pauvre homme ne se le fit pas dire deux fois et se réfugia près des flammes. Un soupir d’aise d’échappa de ses lèvres et il tandis les mains pour se réchauffer. Nous n’avions que peu de serviteurs si l’on nous comparait avec d’autres familles de l’Ouest. Et notre dénuement faisait que nous nous sentions peut-être plus familiers avec eux. Il mit quelques secondes à répondre à ma question et me tendit une lettre qu’il sortit de son manteau. Par chance, elle avait été bien protégée de la pluie.

« Une lettre pour vous… Lady Ouestrelin m’a demandée d’aller au pigeonnier… Elle attendait une réponse importante, mais il n’y avait rien pour elle. »

Je récupérais le petit parchemin et m’étonnais. Je n’attendais rien et je ne voyais vraiment pas qui pouvait m’écrire. Je remerciais le pauvre Doric car le pigeonnier n’était pas l’endroit le plus facile à attendre à Falaise, en particulier lorsque le ciel avait décidé de verser des torrents de larmes sur nos têtes.

« Je me suis permis de lire la première ligne, » s’excusa-t-il. « Il n’y avait pas de nom sur le pli… »

Je le pardonnais avec un sourire et déroulais le parchemin. Je mis quelques secondes à reconnaître l’écriture carrée et nerveuse qui noircirait le papier. Si la découverte de l’expéditeur me fit sourire, les mots qu’il avait écrit me ravissait beaucoup moins. Par ailleurs, je ne pus empêcher ma main de monter à ma bouche pour la cacher et mes yeux s’agrandir d’horreur. Je ne croyais pas les phrases qui se déliaient sous mes prunelles. Impossible.

« Un problème, lady Jeyne ? » me demanda le domestique.

Je déglutis et tenta de me refaire une composition.

« N-non, rien de grave, » m’empressais-je de répondre avec un rire qui sonnait faux. « Mon amie, Medoly Brax, a juste fait une mauvaise chute à cheval. Heureusement elle va… bien. »

L’homme acquiesça en haussant les épaules. Je lui demandais de prendre congé pour qu’il finisse de se sécher et se change pour éviter d’attraper la mort. Restée seule à nouveau, je pus relire la lettre une deuxième, puis une troisième fois. Si j’avais mis du temps à reconnaître la calligraphie de Merlon, c’était également par ses ratures, les mots couchés avec précipitation. On aurait très bien pu croire qu’il l’avait écrite sur le dos de son cheval. En fait, c’était bien possible. Il m’apprenait qu’un drame était survenu à Crakehall, lors de l’enterrement de lord Roland Crakehall. Son frère ainé avait perdu l’esprit et s’était attaqué à ses frères. Il avait expliqué que la raison derrière tout cela était leur appartenance à lui et son frère Lyle, à la Garde Royale de Rhaegar. Je me mordis la lèvre inférieure. Ils étaient encore fidèles à l’ainé des dragons, malgré la nouvelle allégeance des Lannister à Viserys Targaryen. J’avais espéré qu’ils se rangent derrière nos suzerains et qu’ils quitteraient l’ordre. Malheureusement, ils étaient restés fidèles à leurs vœux, comme on pouvait s’y attendre. Ce qui faisait de nous des ennemis. Les Ouestrelin soutenaient naturellement les lions de l’Ouest. Si Merlon venait à Falaise, mes parents le feraient arrêter. Et livrer aux Lannister. L’angoisse me saisit à la gorge. Il allait venir pourtant. Il allait venir et j’allais devoir le cacher.



*



Les nouvelles courraient vite en temps de guerre et le massacre de Crakehall n’était pas passé inaperçu. Deux jours après la réception de la lettre de Merlon que j’avais pris soin de brûler, ma mère jubilait.

« Il est certain que les lions finiront par dévorer les sangliers qui se rebellent, » avait-elle dit le sourire aux lèvres.

Mon amitié avec le fils cadet des Crakehall était connue de ma famille et, malgré mes talents d’actrice discutables, je m’étais lamentée de leur rebuffade et de leur obstination à servir le dragon déchu. Ma gorge serrée et ma voix désespérée n’étaient pourtant pas des masques. J’étais réellement morte de peur à l’idée de voir Merlon tué et j’étais terrorisée à l’idée qu’il vienne à Falaise. Je ne voulais pas être l’imbécile qui le compromettrait dans sa fuite.

Aussi, comme les jours auparavant, aujourd’hui, je continuais de guetter la lande, m’attendant à voir surgir des collines le colossal sanglier cherchant refuge. Mes mains tremblantes étaient bien incapables de broder et j’avais délaissé mon travail. Dire que j’étais nerveuse était un euphémisme.

Enfin, des bruits dans la cour intérieure attirent mon œil et mon cœur rata un battement. Aucun doute possible, il était arrivé. Avant même que je n’eusse le temps de me redresser, un garde vint à ma rencontre.

« Il y a un drôle de bonhomme qui désire vous voir lady Jeyne. Si vous voulez savoir le fond d’ma pensée il m’a l’air bien suspicieux le bougre. »

Je me levais d’un bond, bafouillant, cherchant mes mots.

« C’est que… C’est Robert Brax ! » m’écriais-je d’une voix trop aiguë. « Je vous en supplie, ne le dire pas à lady Ouestrelin ! Elle voudrait me voir mariée avec lui, mais il me terrorise. Il m’envoie des missives depuis des semaines… »

Le soldat de mon père hocha la tête, un peu perdu, me promettant qu’il n’avait rien vu. Je descendis les escaliers quatre à quatre, manquant de me casser la figure plus d’une fois. Je reconnus la silhouette massive de Merlon, patientant presque tranquillement au milieu des gardes. Essoufflée, je me plantais devant lui.

« Je vous en prie, lord Robert, suivez-moi, nous allons mourir de froid ici. »

Je m’étais faite violence pour ne pas laisser trembler ma voix. J’avais parlé assez fort pour dissiper les possibles doutes qui avaient pu germer dans l’esprit des soldats. Je l’attrapais par le bras et le guidais jusqu’à mes appartements où mon petit salon attendait déjà de le recevoir. Je le toisais, à la fois paniquée par sa venue et rassurée de le voir en forme. Je mis quelques secondes à reprendre ma respiration et déglutis bruyamment.

« Merlon… Allez-vous bien ? » lui demandais-je d’une voix tremblante. « J-Je me suis faite un sang d’encre… »

Je luttais une nouvelle fois contre les sanglots dans ma voix et dus m’y répondre à deux fois avant de poursuivre.

« Si je n’avais pas reçu votre lettre… Je vous aurais cru mort ! » soufflais-je, fébrile. « Vous avez échappé à l’Étranger une fois et voilà que vous revenez le tenter… Mes parents vous arrêteront s’ils vous trouvent ici ! »

Les mots sortis de ma bouche m’horrifièrent et je restais muette un instant.

« Q-Que s’est-il passé ? Comment en sommes-nous arrivés là ? »