Père et fille (Rhaenys)

Que méprisez-vous ? Par cela on vous connait vraiment.

Rhaegar Targaryen releva la tête du livre qu’il lisait et dit à l’érudit qui était juste assis à côté de lui dans la bibliothèque :

« Regardez, lisez ça. »

« De quoi sire ? »

Le roi pointa la phrase du doigt. L’érudit se mit à lire à voix haute :

« Qui méprisez-vous ? Par cela on vous connait vraiment. »

« Intéressante réflexion n’est-ce pas ? »

« En effet sire. »

Rhaegar se leva de sa chaise et marcha dans la grande bibliothèque du Donjon Rouge en songeant à ce qu’il venait de lire dans les chroniques de Rhaenyra Targaryen. Il pensa à ce qu’il méprisait : les facéties de la noblesse ? La folie du pouvoir ? La sauvagerie de certaines peuplades au-delà de Westeros ? Quelques autres érudits présents dans la bibliothèque levèrent la tête et observèrent le roi en se demandant à quoi il pouvait bien penser. Quand il affichait cette mine songeuse, c’est que quelque chose le préoccupait. Rhaegar aperçut sa fille qui passait devant l’entrée de cette salle du savoir et il l’interpella de loin :

« Rhaenys ! Tu tombes bien, approche donc. »

Il fit un geste de la main pour lui dire de s’approcher de lui et d’une étagère de manuscrits qui était réservé uniquement au roi et à ses copistes. Rhaegar s’empara de l’un des parchemins présent et le tendis à sa fille :

« Lis donc ce passage. »

Pour bien des gens, il est difficile de comprendre la vie familiale dans le Donjon Rouge, lieu de pouvoir entre tous. Mais je vais essayer de vous en donner une vision condensée. Mon père je crois bien, n’avait qu’un seul véritable ami avant de devenir fou. Le sire Tywin Lannister qui était déjà l’un des plus redoutables politique de Westeros. Le Lannister, grand et sémillant amena un jour une courtisane à mon père. Et ma mère me dépêcha auprès de lui afin de l’espionner. Tous nous espionnons mon père pour nous protéger. Certes une concubine accordée à mon père loin des yeux du peuple ne pouvait porter de successeur royal, mais les intrigues se succédaient sans cesse. Ma mère et moi, nous avions prit l’habitude d’éviter les dangers que représentaient mon père dans ses moments d’égarements. Cela semble terrible à dire, mais je suis certain que mon père fut à l’origine d’une tentative d’assassinat sur moi dans sa paranoïa grandissante. Une famille royale ne peut ressembler à une autre famille, c’est la principale chose qu’il m’a apprit. Donc cette nouvelle courtisane était là. Souple, jolie et avec la même couleur de cheveux que mon père. Elle avait des muscles de danseuse et il était certain que la séduction faisait partie de son éducation. Mon père avait fait quitter la salle du Trône à tout le monde sauf à ses gardes royaux. Moi je me tenais tapie dans l’ombre d’une colonne. Elle se tenait debout devant mon père, nue, et il la regarda longuement avant de déclarer : « Elle est trop belle, je la réserverais pour un cadeau. » Vous ne pouvez imaginer ma consternation. Si mon père avait un tel contrôle de soi finalement, il était encore plus dangereux qu’on ne le pensait.

« Alors ? Qu’en penses-tu ? C’est moi qui l’ai écrit. Je songe à mettre ça dans l’introduction de mes mémoires. Je donnerais des instructions pour que ça ne soit publié qu’après ma mort. J’hésite à inclure ce passage je ne l’aime pas trop même si c’est la vérité, je ne veux pas donner au peuple une trop mauvaise image de notre lignée, notre réputation est déjà assez entamé comme ça. Par contre ce passage je l’aime mieux, lui c’est sûr qu’il sera dans le manuscrit définitif. »

Et le souverain attrapa un autre parchemin qu’il tendit à sa fille.

Lorsque mon père paraissait en public avant d’être fou, il portait rarement autre chose qu’une tunique miteuse aux couleurs de notre maison. Il aimait aussi arborer un dragon d’or en cimier pour impressionner les visiteurs. Il m’a confié qu’il rêvait que le dragon devienne le vrai instrument de son pouvoir, donc que ces prodigieuses bêtes reviennent à la vie. Mon père ne se montrait pas toujours désagréable, lorsqu’il le voulait, il pouvait faire preuve de charme et de sincérité. Je pense que c’était un homme qui luttait constamment contre les barreaux d’une cage invisible. Il ne faut pas oublier qu’il était roi des 7 couronnes. Qu’il représentait une dynastie dont les origines se perdaient à plusieurs siècles. Un jour mon père me prit par la main et je sentis grâce à ce que ma mère m’avait enseigné sur lui et sur ce geste, qu’il était troublé. Il me conduisit face à l’ambassadeur de Dorne qui tenait un portrait d’Elia Martell. Ce qui me frappa c’est qu’elle avait un visage fin, racé, les mêmes traits acérés que son frère Oberyn, le même regard enflammé. « Prince mon fils, c’est elle que tu va épouser. » Je me souviens avoir comprit en cet instant que mon père était bouleversé de ne pas avoir de fille, pour que je l’épouse de façon incestueuse et renoue avec les traditions des Targaryen comme lui l’avait fait avec ma mère. Et qu’il haïssait les nécessités politiques qui l’avaient poussé à nouer des liens si proches avec Dorne.

« C’est mieux non ? Au fait ma fille j’ai un service à te demander, là tout de suite. »

Père et Fille

Rhaenys regardait Port Réal s’étendre de son balcon. Un vent tiède venait soulever ses cheveux qui tombaient sur ses épaules. La journée venait de commencer à la princesse se demandait ce qu’elle pourrait bien faire en ce jour. Vivre au donjon rouge pouvait être à la fois passionnant mais également d’un ennui mortel quand il ne se passait rien.  La vieille, elle était descendue dans la ville et avait fait le tour du port, distribuant aux plus pauvres des vivres. Elle voulait rendre cette citée meilleure, moins pauvre. Port Réal pouvait devenir le joyau des Sept Couronnes, la Targaryen en était persuadée, mais ce n’était pas une mince affaire et se serait surement un projet à mener sur le très long terme.

La jeune femme entendit du bruit dans ses appartements et elle retourna à l’intérieur. Ses femmes de chambre avaient apporté sa tenue du jour. Elle s’habilla donc, une robe légère mais broder avec des perles d’argents. Ses cheveux bruns sur coiffée et discipliner et elle ajouta un petit bijou d’argent dans sa chevelure. Rhaenys n’était pas spécialement coquette mais si elle devait paraitre en publique, elle devait tenir son rang et donc cela imposait une toilette à la hauteur de ce dernier. Parfois, le dragon ensoleillé de la capitale, aimerait plus de liberté et moins de contrainte face à cela. Quand le Donjon Rouge était fermée aux peuples ou aux nobles de passage, la brunette abandonner les riches robes pour ne mettre que des tenues légères et simples en laissant ses cheveux libres de tout mouvement.  Une liberté dont elle profitait un maximum.

Elle décida de se rendre dans la roukerie pour envoyer un corbeau à sa grand-mère. Elle sortit de ses appartements et les deux gardes chargés de sa sécurité la suivirent dans son sillage. Elle passa devant la bibliothèque et une voix familière l’interpella. Elle s’arrêta et tourna la tête pour voir son père. Elle fit un signe à aux soldats pour leur dire de rester en dehors de la salle et entra dans la bibliothèque. Rhaenys s’approcha de lui, droite et en souriante gentiment.
« Père ? »

Rhaegar lui tendit un parchemin et lui intima de lire. La jeune princesse commença donc sa lecture. Elle reconnut l’écriture de son paternel et comprit rapidement que le sujet était son grand père, Feu le roi Aerys.  Elle ignorait bien des choses sur lui, elle ne savait que l’essentiel et ce que ça mémoire lui rappelait. Jamais il n’avait montré une once d’affection envers elle, de par son sang dornien qui avait marqué son physique au détriment de la chevelure blonde des Targaryen. Elle finit sa lecture pas surprise par ce qu’elle venait d’apprendre. Son père lui demanda ce qu’elle en avait pensé et lui confia ses inquiétudes.
« Je pense, père, que la réputation et les rumeurs concernant notre famille ne sont plus à faire. Je doute que nous puissions l’améliorer avec feu votre père. Mais nous pouvons l’améliorer pour les années à venir. Le futur reste à écrire. »

Il lui tendit un autre parchemin. Rhaenys le parcourut. L’évocation de la Reine Elia Martell, lui fit perdre son sourire et sa gorge se serra. Même tant d’année après sa mort, l’évocation de sa mère était douloureuse pour la princesse. Elle souffla donc quelques mots, tentant de cacher sa tristesse.
« Je ne sais que penser de ceci. Je ne vous serez pas d’une grande aide pour ce passage, pardonnez-moi. »

Rhaegar lui demanda un service. La jeune femme releva les yeux vers lui, surprise. Que pouvait-il bien vouloir d’elle ? Surtout que pouvez-t-elle faire pour l’aider dans le moment présent ? Il était Roi et pouvez donc tout faire ou donner des ordres à un tas de serviteur. La curiosité de la jeune fille était piquée à vif.
«Oui, bien sure. Que puis-je faire pour vous aider père ? »

lawina

Après avoir formulé sa demande étrange, Rhaegar se mit lui aussi à côté de sa fille, en croisant ses mains derrière son dos. Et ils restèrent ainsi face au mur. Afin qu’elle ne s’interroge pas plus longtemps sur cette demande étrange, il lui confia aussitôt en lui parlant à voix basse mais toujours en fixant le mur :

« Je ne sais pas si tu as remarqué, mais Varys aime à nous espionner. Toi, moi ton frère, ton oncle, ta tante et même ta grand-mère. Ses petits oiseaux sont partout, même ici. Varys est subtil, il s’arrange pour que ses espions ne soient pas à proximité en écoutant nos conversations, non ils restent à distance respectable pour qu’on ne se méfie pas puisqu’ils ne peuvent pas entendre. Et Varys a apprit à la plupart d’entre eux à lire sur les lèvres pour discerner de quoi parle les gens. Regarde derrière. »

Le roi détourna la tête du mur en invitant sa fille à faire de même. Il n’y avait que les 3 érudits dans la bibliothèque, assez loin pour ne pas pouvoir les entendre. 2 d’entre eux étaient toujours plongés dans leurs lectures et n’avaient pas remarqué que le roi et sa fille étaient face au mur pour discuter. Le 3ème en revanche les observait de loin. Il vit que Rhaegar le fixait et paniqué, replongea aussitôt sa tête dans son livre. Le souverain tout sourire se détourna et fixa à nouveau le mur pour parler à Rhaenys.

« Tu l’a vu ? Voilà, maintenant il va être effrayé et il va aller courir voir son maître. Il va lui dire que nous avons trouvé un procédé pour échapper à leur vigilance, et qu’ils ne pourront pas toujours lire sur nos lèvres de loin pour savoir de quoi nous parlons entre nous. Maintenant notre maître des espions va y réfléchir à 2 fois avant de nous importuner. Sache ma fille que Varys n’a jamais été un homme à moi. C’est mon père qui l’a recruté. Mais je ne vais pas l’écarter de sa tâche, j’ai besoin de lui et je le préfère ici au Donjon Rouge où je peux le surveiller, que dans une autre citadelle ou il nous espionnera pour une autre famille. Même si on se débarrassait de lui, on ne pourra pas se débarrasser de tous ses petits oiseaux tant ils sont anonymes. »

Rhaegar jeta un nouveau regard derrière lui. L’espion complètement gêné se détourna aussi vite et quitta la pièce.

« C’est bon, il est partit, cessons de fixer ce mur stupide et marchons un peu. »

Ils quittèrent la bibliothèque. Les gardes de sa fille restèrent à distance mais les suivirent de loin avec précaution. Ils avancèrent dans un couloir en croisant des chats sauvages. L’un des aspects les plus curieux du Donjon Rouge, c’est qu’il abritait d’innombrables chats de toutes tailles, formes, couleurs et humeurs. Les félins survivaient en chassant la vermine et en dérobant les reliefs des repas ou en bénéficiant régulièrement de la générosité des habitants humains pour rester en bonne santé. Des chats se mirent à les suivre en miaulant. Le roi n’y prêta pas attention. Il était plongé dans ses pensées à chercher le moyen d’engager la conversation sur un sujet difficile avec sa fille. Il essaya d’aborder le sujet et le fit de façon assez maladroite :

« Au fait, sais-tu pourquoi le donjon situé juste derrière notre septuaire s’appelle la crypte aux vierges ? C’est parce que notre ancêtre Baelor le bienheureux, y a fait enfermé ses sœurs, craignant que s’il les voyait, elles susciteraient des pensées ou des actes impurs de sa part. »

Le roi lança un rire gêné, il s’y était plutôt mal prit pour aborder le sujet.

« Et je me disais que… enfin… avec ton oncle Viserys ça va ? Il ne t’as pas ? Enfin tu vois. Depuis quelque temps il m’inquiète. La façon dont il parle de Daenerys et la regarde. Je soupçonne aussi que… enfin les anciennes traditions ont encore des adeptes. »

Rhaegar serra ses deux poings en jurant intérieurement, il aurait du mieux réfléchir à la façon de parler de ça, maintenant sa fille allait s’imaginer des choses alors que ce n’était que des soupçons. Ils firent irruption dans le bois sacré. Rhaegar vint s’assoir sur un banc de pierre au milieu des peupliers noirs et des aulnes. Un chat tenta de grimper sur ses genoux, le roi le vira sans ménagement. Un chat perché sur une des branches d’un arbre derrière tenta de jouer avec les cheveux du blond en tendant sa patte. Rhaegar furieux chassa la patte d’un geste.

« Et puisqu’on y est, il faudrait qu’on évoque enfin quelque chose d’important à ce propos: ton futur mariage. »

0 pour la subtilité.

Père et Fille

Son père eut une réaction étrange. Il se mit à côté d’elle. La jeune princesse fronça les sourcils et avant qu’elle ne pose une seule question, il lui expliqua. Varys. Le maître des espions, le chuchoteur de Port Réal. Rhaenys savait que l’eunuque avait des oisillons partout, qui espionnait chaque mouvement, chaque parole des habitants de Port Réal et au-delà de la ville. Son réseau était immense mais la brunette n’avait jamais réussi à repérer un de ses espions. Cependant son père si. Il lui annonça qu’il y en avait un derrière eux. Elle se retourna et posa ses yeux bleu sur les érudits. L’un d’eux baissa la tête aussitôt qu’il fut repéré. La jeune femme retourna la tête vers le mur en haussant les sourcils. Pourquoi Varys espionnerait le Roi ? C’était une question qui la travaillait.
« Mais pourquoi vous espionnerait-il ? Cela n’a aucun sens… »

Même s’il avait été un homme d’Aerys, son père l’avait repris pour ses services et il l’espionnait. C’était très étrange.  Mais beaucoup de notion de politique, les pourquoi des comment lui échappait. C’était peut-être quelque chose de courant. Pourtant cela faisait dix-neuf années, presque vingt qu’elle baignait dedans. Parfois elle bénissait les dieux que ce soit Aegon l’héritier de son père et non elle, bien que selon les lois de Dorne, elle aurait dû hériter. Mais Rhaenys ne voulait pas du trône, à moins d’en être forcé. Son père se retourna une nouvelle fois et la princesse entendit l’espion partir précipitamment, démasqué par Rhaegar. Un petit sourire s’installa sur les lèvres du dragon ensoleillé. Ils étaient peut-être partout mais ils ne savaient pas mentir, donc ne savait pas se défendre.

Elle suivit son père en dehors de la bibliothèque, les gardes les suivirent à une distance respectable. Ils marchaient à travers les couloirs, leur pas raisonnant contre les pierres, croisant des chats sauvages. C’était ainsi qu’elle avait adopté Belarion quand elle était encore enfant. Elle avait réussi à le domestiquer un minimum. Malheureusement la petite boule de poil noir était morte dans le sac de Port Réal. Pauvre petit animal innocent qui n’avait rien demandé à personne. Son père lança une conversation et la jeune femme sentit le rouge lui monter aux joues. Il semblait mal à l’aise donc le sujet allait être délicat et l’introduction, bien qu’historique était déjà lourde de sens. Cependant elle ne dit, ne releva pas la remarque. Il lui demanda comment sa relation avec Viserys se passait. La Targaryen poussa un léger soupire.
« Il m’effraie de plus en plus. Il n’est plus le même depuis quelque temps. L’enfant que je connaissais n’est plus. Je crains qu’il soit en train de sombrer dans la folie…Et vos suppositions sont malheureusement fondé. Il convoite Daenerys. Son emprise sur elle se renforce chaque jour un peu plus, j’ai peur qu’elle n’ose plus se rebeller contre lui désormais. »

Ils entrèrent dans le bois sacré. C’était un lieu que la jeune princesse affectionnait grandement. Il était ombragée, calme et une grande sérénité régnait en ses lieux. Un doux vent porté par la mer venait secouer les feuilles des arbres et les mèches rebelles de la chevelure de Rhaenys. Elle s’assit à côté de son père et regarda les chats tenter de monter sur ses genoux ou de jouer avec la longue chevelure blonde du Roi. Les tentatives de Rhaegar pour les chasser firent rire la jeune femme. Elle attrapa celui qui s’amusait avec ses cheveux et le posa sur ses genoux, ses doigts caressant son pelage gris. L’animal se mit à ronronner et se mit en boule en fermant les yeux.

Le sujet que la brune craignait arriva. Son mariage. Mais la princesse savait qu’elle devrait obéir quelques soient l’époux que son père choisirait pour elle. C’était son rang, elle devait le faire. Et à dix-neuf ans, elle ne pouvait que s’estimer heureuse de ne pas être encore lié à un homme. Mais elle ne pouvait éternellement repousser cela. Elle était fertile, pouvait porter des enfants alors elle devait assurer une descendance.
« Un noble vous a-t-il demandé ma main ? Ou alors vous avez trouvé quelqu’un qui pourrait m’épouser ? Personne n’est venu me faire la cour ces derniers mois… »

Elle laissa sa phrase en suspend sous entendant que peut-être sa beauté dornienne ne plaisait plus ou qu’elle était passée. Pourtant tout le monde la couvrait de compliment. Du moins quand elle n’était pas dans l’ombre de la beauté argenté du Donjon Rouge. Sa tante attirait bien plus les regards que la fille du Roi. Mais du coup son mariage tardait.
« Je commence à croire que je n’intéresse aucun des nobles de ce pays… »

lawina

Le roi ne put s’empêcher de sourire en écoutant les inquiétudes de sa fille. Avait-il besoin de lui dire qu’elle n’avait pas à s’en faire ? Juste parce qu’elle était la fille du roi, elle pourrait aisément trouver n’importe quel prétendant. Maintenant qu’il lui cherchait un époux, Rhaegar se souvenait du moment où lui aussi fut en âge de prendre femme. Son père dans sa folie, ne voulait que le marier à une fille d’origine valyrienne pour perpétuer le sang de dragon. Il avait envoyé ses sbires en Essos pour tenter de trouver une survivante d’une ancienne dynastie de Volantis. Ce fut un échec, Rhaegar fut finalement fiancé de force à Elia Martell, la sœur du prince Doran. Ils se marièrent au septuaire de Baelor à Port-Réal. Son père refusa d’y assister sous prétexte qu’il risquait de se faire assassiner dans une telle foule. Il avait même interdit à Viserys d’assister au mariage. D’ailleurs Varys confia à Rhaegar bien des années après que le roi fou lui avait chuchoté le jour de son mariage que de toute façon il comptait le destituer pour faire de Viserys son héritier. S’il n’y avait pas eut la révolte, si Aerys n’avait pas été assassiné par Jaime Lannister, Rhaegar ne serait pas devenu roi par la force des choses, ça aurait été sans doute son petit frère incestueux qui serait sur le Trône de Fer sous le nom de Viserys troisième du nom si les choses avaient été différentes. Rhaegar chassa cette pensée tout en chassant aussi un chat qui n’arrêtait pas de se frotter contre sa jambe en ronronnant. Il raconta à sa fille :

« Je crois que moi aussi j’avais peur du mariage à ton âge Rhaenys. J’avais même peur de ma femme. Je ne connaissais pas vraiment ta mère avant ce jour. J’étais plutôt fataliste lorsque le septon a bénit notre union. C’est pendant les festivités que j’ais retrouvé espoir. J’ai tenu à faire ça dans Port-Réal, je ne voulais pas que la fête ait lieu au Donjon Rouge tellement je ne voulais pas voir mon père en ce jour qui m’était consacré. J’avais réquisitionné l’une des grands places de la colline de Visenya. On avait disposé des tables et de la nourriture pour nos 60 convives. Des gens qui nous étaient totalement inconnue dans la population de la ville ont voulut se joindre à nous. Les gardes les en ont empêchés. Ta mère a ordonné qu’on les laisse passer. Elle a insisté avec une rare autorité. J’étais bouche bé. Alors tous ces gens se sont invités à notre fête pour entendre la musique de nos ménestrels et rire. De 60 nous sommes passés à 150 ou 200. Ta mère m’a forcé à boire en compagnie de simples habitants de la ville qui m’étaient totalement inconnus. Elle me disait qu’ils étaient mon peuple et qu’elle faisait cela aussi à Dorne. Je crois qu’à la tombée du jour nous étions encore plus. J’ai du demander à Ser Barristan d’organiser un convoi pour faire venir plus de nourritures et de boissons. J’ai retiré ma cape rouge de Targaryen et je l’ai laissé à des enfants pour qu’ils jouent avec. Je n’osais pas danser avec ta mère. Elle ne se privait pas de le faire avec ton oncle qui était assez… spécial. Je ne sais pas si tu a déjà vu le prince Oberyn danser avec 6 femmes en même temps mais… enfin bref, passons. Lorsque la nuit est tombée sur la colline de Visenya, je ne voulais pas que ça se termine. J’ai ordonné qu’on amène plus de torche pour éclairer la grand place. On a dansé, on a bu, on a mangé sous cette constellation de torches. Je crois que c’est ainsi qu’ils font leurs fêtes à Lancehélion. C’est après minuit que toutes les tavernes se sont vidées. Les fêtards ont débarqué à notre fête. On a du atteindre les 600 ou 700 convives. Robert Baratheon était avec nous. Il aimait la fête et la boisson. Nous avons échangés lui et moi nos armes d’apparat pour plaisanter. Lui avait mon épée valyrienne, moi son marteau de guerre. Je n’aurais jamais imaginé que quelques années plus tard on se serait affronté à mort avec ces mêmes armes. Je crois que si l’orage n’avait pas éclaté, la fête aurait pu continuer à jamais. Et c’était ce que je désirais. Mais à cause de la pluie, la foule s’est séparée au milieu des baisers et des embrassades pressées. »

Rhaegar s’interrompit en se rendant compte qu’au moins 10 chats s’étaient attroupés autour du banc comme s’ils étaient venus l’écouter. Il les chassa du pied. Il aimait bien les chats, mais il commençait sérieusement à en avoir marre. Il y en avait trop à son gout dans le Donjon Rouge.

« Enfin bref, tout ça pour te dire ma fille que je souhaite que ton mariage se déroule de la même façon. »

Le chef de la maison Targaryen passa rapidement en revue dans son esprit les jeunes gens avec qui il pouvait marier sa fille. Il y avait Willos Tyrell l’héritier du Bief, qui aimait les dorniens dit-on. Donc qui pourrait facilement apprivoiser sa fille. Il y avait Robb Stark, une idée sérieuse pour Rhaegar qui voyait là un très bon moyen de réconcilier le Nord à la couronne. Mais il doutait que sa famille accepte. OA Winterfell on avait pas oublié ce qui s’était passé avec Lyanna Stark. Dans un même ordre d’idée, il y avait Elbert Arryn qui permettrait en cas d’épousailles avec Rhaenys de mettre fin à l’animosité héritée de la guerre. Alessander Desdaings enfin, l’héritier du Conflans que Rhaegar considérait comme plus sympathique que les autres jeunes hommes à cause de ses talents musicaux. Mais bien avant d’envisager quoi que ce soit, il posa la fameuse question à sa fille :

« Mais toi ? Avec qui voudrais-tu te marier ? Qu’attends-tu du mariage ? »

Père et Fille

Rhaenys écouta son père racontant son mariage. La jeune fille baissa la tête, les souvenirs de sa mère remontant à la surface. Elle essaya de camoufler son désarroi derrière un masque d’impassibilité mais la jeune princesse n’était pas très douée pour cela, surtout quand il s’agissait de la Reine Elia. Mais elle tentait néanmoins, si quelqu’un passait un étranger et qu’il voyait la fille du Roi en train de chialer comme une gosse, cela ruinerait son image et la ferait passer pour une faible. Mais elle était seule avec son père. Ses gardes avaient surement du sécurisé l’endroit pour laisser seul le père et sa fille pour un moment familiale loin des conventions de la cour. Elle se concentra alors sur le chat roulé en boule sur ses genoux tout en écoutant son père. Les lèvres de la brunette bougeaient face à ses émotions. Des petits sourires tristes face à des souvenirs heureux et doux. Elle était impuissante sur ce sujet, rien n’arrivait à la faire se contrôler.

Une petite larme perla au coin de son œil et dévala sa joue légèrement hâlé. D’un revers de main, elle la sécha en priant pour que son père ne l’ai pas vu. Elle n’aimait pas montrer ses faiblesses, une fierté dornienne qui ressortait, mais elle était sensible qu’elle le veuille ou non, dornienne ou Targaryen, cela ne changeait pas grand-chose. Sa mère était son point faible depuis sa mort huit années plus tôt. Et elle avait grandi avec cette faiblesse, pourtant son cœur avait élu une mère de cœur, Jeyne Hastif. Mais Elia restait présent dans son esprit et son évocation lui rappelait sa terrible absence. Elle aurait tellement voulu que la santé de la défunte Reine soit plus forte, moins fragile. Mais le dernier hiver l’avait emporté, laissant comme seule figure dornienne au Donjon Rouge, la Princesse Rhaenys. Et bien qu’elle ait repris le flambeau haut la main, elle n’égalerait jamais sa mère. Car le sang des dragons coulait dans ses veines et coulerait toujours en elle.

Rhaegar finit son monologue sur son mariage, laissant un faible sourire sur les lèvres d’une princesse luttant contre les larmes. Un petit silence s’installa avant que le Roi n’annonce qu’il souhaitait que le mariage de sa fille, se déroule dans la même ambiance. Cela rassura quelque peu la brune qui ravala péniblement ses larmes.
« Je le souhaite aussi père… »

La question de son père la surprit. Avait-elle un noble en vue ? Qu’attendait-elle de son mariage ? Il lui demandait son avis. La jeune femme ne savait que trop répondre. Il l’a prenait un peu au dépourvu cependant, elle était rassurée et heureuse que son père se soucie de son bonheur, de son avis sur la question. Peu de Roi aurait fait cela pour leur fille. Les femmes servaient bien souvent à sceller des alliances. Mais peut-être servirait-elle à autre chose ? Elle en doutait mais si au moins, il la consultait sur la question, tout n’était peut-être pas perdu.
« J’ignore à qui je souhaite me marié. Mon cœur n’a élu personne pour le moment. Je crois que j’ai peur d’offrir mon cœur à quelqu’un, peur de souffrir pour des broutilles. J’ignore un peu ce que j’attends de mon mariage. Je n’aimerai pas faire de mésalliance mais je ne voudrais pas non plus souffrir de ce mariage en épousant une brute épaisse. Je ne voudrais pas non plus épouser un homme qui convoite mon titre pour gagner en puissance, pouvoir ou richesse. Quelqu’un qui m’épouserait pour ce que je suis réellement et non pour mon nom ou mon rang. Mais j’idéalise surement et cela n’est surement qu’un rêve de petite fille. Je vous fais confiance sur le choix de mon futur époux père. »

Elle se plierait à ce choix. Il choisirait surement quelqu’un de bon pour sa fille. Rhaenys épouserait sans poser de question ou de contestation, l’homme qui l’aura choisi. Elle ne voulait pas le décevoir en lui disant qu’elle préférait épouser un autre noble plutôt que celui choisit. La princesse avait toujours grandit dans l’optique de rendre son père fier de ses enfants, de ne pas le décevoir.
"Je suis sure que vous ferez le bon choix pour moi."

lawina

Rhaegar Targaryen ne put s’empêcher de sourire lorsque sa fille lui confia ses sentiments à la fois naïfs et biens naturels pour une jeune femme de son âge. Il cherchait à expliquer à sa fille que ce sentiment de « pour toujours » cher à la jeunesse, on le perdait bien assez tôt de toute façon. Qu’il lui trouverait un homme bien, mais quelque soit ses qualités et sa douceur, elle vivrait malgré tout ça comme un devoir sans amour. Pour la simple raison qu’à partir du moment où votre conjoint vous était imposé, vous étiez incapable de l’aimer sincèrement. La nature humaine étant réfractaire à tout ce qui lui est imposé. Mais Rhaegar ne savait pas comment l’expliquer à Rhaenys. Comment lui dire que lui et sa mère se respectaient et s’appréciaient mutuellement mais ne s’étaient jamais aimé ? Comment lui expliquer que leur relation s’était envenimée et aigrie par sa liaison avec Lyanna Stark et les folies qu’il avait faits pour celle-ci ? Il était peut-être encore trop tôt pour en parler. Sa fille ne comprendrait pas. Alors il préféra une fois de plus reporter le moment où il devrait enfin lui parler de ça, pour plutôt évoquer des choses dont il ne lui avait jamais encore parlé. Il le faisait sans trop en savoir la raison. A la fois par nostalgie, et aussi pour revivre un passé qui lui paraissait idyllique avant l’horrible rébellion.

« Tu sais pourquoi ta mère t’a appelé Rhaenys ? Oui c’est elle qui a décidé de ton prénom. Rhaenys était la plus jeune sœur d’Aegon le conquérant notre illustre ancêtre. C’était celle qui était la plus originale dans cette famille, celle qui se démarquait le plus. La plus indépendante d’esprit. Aegon et Visenya étaient des gens stricts et formels. Ils volaient sur leur dragon uniquement par nécessité pour voyager ou aller se battre. Mais Rhaenys elle, passait le plus de temps possible sur son dragon. Elle était bien plus experte que les deux autres dans ce domaine. Car elle préférait sa bête à la compagnie des hommes. Elle préférait par-dessus tout voler. Je me souviens encore du moment où ta mère m’a apprit qu’elle avait choisit ce nom. Elle avait l’air si inspiré que je n’ai pas cherché à la faire changer d’avis. Quand nous étions au lit, nous ne nous touchions jamais le soir. Sauf pour nos… devoirs conjugaux. Et donc ce soir là dans le lit, alors qu’elle était enceinte, je ne sais plus pourquoi mais j’ai eut envie de la toucher. J’ai porté ma main sur le ventre arrondi de ta mère. Elle m’a signifié en essayant de lire dans mes pensées, que ce n’était pas une protubérance d’elle-même que je touchais, mais toi. Et elle a dit ton nom pour la première fois. A ta naissance tu régentais totalement toutes les journées de ta mère, elle disait en riant que tu étais comme une reine toute puissante qui régnait sur son cœur avec autorité, ainsi qu’une épuisante source d’énergie sans fins et de besoins constants. Tu focalisais toute son attention et déviait le cours de ses pensées.»

Un page s’amena en portant une missive. Rhaegar le fusilla du regard. Le porteur de nouvelles prit peur et décampa aussitôt. Le roi se leva vexé :

« Allons ailleurs, même ici on ne peut être en paix. »

Ils s’éloignèrent avec une cohorte de chat derrière eux qui les suivaient à la trace. Ils quittèrent le bois sacré du Donjon Rouge. Rhaegar les guida vers la salle du trône. Ils passèrent les portes de chênes et de bronzes. Il fit signe aux gardes royaux de les refermer derrière eux pour que plus personne ne les importune. Ce qu’ils firent. Les chats parvinrent à cavaler et à passer la porte avant qu’elle se referme. Rhaegar leva les yeux au ciel. Le roi observa la salle en songeant aux corvées qui l’attendaient plus tard dans la journée. Au moins 100 requérants étaient attendus. Le souverain en serait réduit à régler des querelles de voisinages entre des seigneurs trop remuants.

« C’est dans cette salle que je t’ai présenté à mon père lorsque tu as eut 3 mois. Je ne le voulais pas, mais j’y étais obligé. Ce fut un moment affreux pour moi. Il se tenait là dans le Trône de Fer. J’avais une peur bleue et abjecte qu’il te touche. Ses ongles étaient si longs qu’on aurait dit des griffes. Il avait un regard halluciné, celui qu’il avait la moitié du temps lorsqu’il n’était pas lucide. Il avait du chancre plein la bouche qui lui coulait aux commissures des lèvres. J’espérais qu’il ne t’embrasserait pas sur le front. Heureusement il n’a rien fait de tout ça. Il s’est révulsé et a dit en bavant que tu puais la dornienne. Je remercie les 7 que ça se soit passé ainsi. Et puis… »

Rhaegar s’interrompit ulcéré. Il venait de fixer son attention sur quelque chose qui l’agaçait au plus haut point. Un chat dormait étendue dans le fauteuil royal. Le roi en colère claqua des mains. La bête se réveilla mollement, leva la tête vers le roi, la reposa et se rendormit. Rhaegar monta sur l’estrade royale et agita ses mains pour chasser la bête. Le chat déguerpit du trône en baillant. Rhaegar s’exclama :

« Je ne peux quand même pas tolérer ça ! Songe ma fille qu’Aegon le conquérant et Baelor le bienheureux se sont assis dans le Trône de Fer ! On ne peut pas tolérer qu’un chat paresse dessus quand même ! Un chat ! Ils peuvent dormir partout, dans n’importe quel fauteuil de notre citadelle, mais pas le Trône de Fer ! »

Puis il se tourna subitement vers sa fille.

« J’y pense, tu ne t’y es jamais assise je crois ? »

D’un geste de la main apaisant, il l’invita à s’assoir dans le Trône.

« Viens donc. Il est temps que tu comprennes. »

Puis il se posta non loin d’elle et observa.

« Le Trône n’est pas si confortable que ça. Toutes ces épées. Mon père s’y blessait souvent. Regarde maintenant la salle, et embrasse là de tout ton regard, imagine tous ces gens le regard levé vers toi. Tu comprends à quel point on se sent seul quand on est assis là ? Un jour, moi et ton frère seront sans doute en voyage, en visite dans une autre contrée, ou bien partis à la guerre. Qui alors viendra s’assoir là pour gouverner en notre absence ? Je n’ai nulle confiance dans l’avidité, la rapacité et le gout de l’intrigue de tous les membres du conseil restreint. Toi tu as une chose qu’ils n’ont pas. Tu n’as pas été pervertie par le pouvoir. »

Rhaegar se pencha vers sa fille et prit son visage dans ses mains, il la regarda fixement :

« Même moi j’ai été usé par le pouvoir. Le pouvoir change un individu. Quand je suis devenu roi, ma main Jon Connington m’a demandé s’il pouvait prendre congé et s’absenter dans une autre région, j’ai rit et lui ait dit qu’il n’avait pas à me demander mon autorisation. Puis l’année dernière il a prit congé sans me le demander, j’ai été offusqué qu’il n’en demande pas l’autorisation à son roi. Je me suis rappelé de cette anecdote des années avant et j’ai été effrayé. J’ai constaté à quel point ce maudit Trône m’avait changé. »

Rhaegar ferma les yeux et posa son front contre celui de Rhaenys.

« Mais toi je sais que jamais ce Trône ne te fera ça. Tu as plus d’instinct que moi pour échapper aux facéties du pouvoir. »

Père et Fille

Rhaegar continua de lui parler de sa mère et lui. Du couple qu'il avait formé. Il lui apprit pourquoi elle portait ce prénom et qui l'avait choisis. Cette révélation la fit sourire et ses yeux se mirent à briller de larmes. Elle ne contrôlait plus ses émotions. Il y en avait trop pour elle. Sa mère, dornienne lui avait donné le nom d'une des soeurs d'Aegon le conquérant de son propre chef. Aucune obligation. Elle avait fait ce choix. Et quand il lui raconta ce moment où elle lui avait annoncé son nom puis ce que disait sa mère après sa naissance, arracha à la jeune femme quelques larmes. Elle n'eut même pas le courage de les effacer de ses joues, de les faire partir. Plus son père lui en disait sur sa mère plus Rhaenys était fière d'être la fille de ce couple. Rhaegar Targaryen et Élia Martell. Et cela l'aidait à assumer sa chevelure brune et son teint légèrement hâlé. À moitié Targaryen à moitié Martell. Fière de ses origines.

Un page arriva et instinctivement dans des moments de faiblesse, la princesse tourna la tête dans la direction opposée et sécha rapidement ses larmes de bonheur et de tristesse. Elle déplaça délicatement le félin endormit sur ses genoux et suivit son père qui était vexé de ne pas avoir un moment seul avec elle. Mais les chats également. Il les guida jusqu'à la grande salle du trône. Rhaenys avait toujours trouvé cette salle immense, imposante et impressionnante. Aegon n'avait pas vu les choses à moitié pour la salle du trône des Targaryen. Les gardes royaux dont la brune se méfiait comme la peste, refermèrent la porte derrière eux. Les bêtes réussirent à se faufiler également. Espiègles étaient ces créatures et collantes.

Le dragon ensoleillé regarda son père pensif et il commença à lui raconter le jour où il était venu la présenter au couple royal. Il exprima son dégout envers Aerys et Rhaenys ne put que sourire à cela. Et malgré le fait que le Roi de l'époque lui-même l'avait méprisait du fait de ses origines, elle était comme son père. Soulagé que le vieux roi ne l'ait pas touchée. Il aurait pu la tuer si facilement ce jour-là. Et heureusement que le dégout du peuple dorien que possédait Aerys avait été plus fort que le reste.
"Grand-mère a du me le raconter une fois. Ce récit ne m'est pas inconnu..."


Son père s'interrompit brutalement voyant un chat en train de faire un somme sur le trône de fer. Il chassa la bête et s'offusqua arrachant un rire à la princesse. Les chats n'avaient conscience que de leur bien-être et ne connaissaient point les interdits. Il se retourna soudainement faisait cesser de sourire la belle. Puis à sa question elle secoua négativement la tête et elle écarquilla les yeux quand il l'invita à s'assoir sur le trône. Timidement et le coeur battant elle alla s'assoir. Elle surplombait la salle. Le siège était des plus inconfortables. Elle écouta son père et balaya la salle de son regard bleu. Même sans personne pour la fixer, elle se sentait seule assise sur ce trône construit des épées des seigneurs vaincus par Aegon le Conquérant. Rhaegar voulait qu'elle régente quand il serait absent avec Aegon car elle n'était pas pervertie par le pouvoir. Mais Rhaenys ne se sentait pas capable d'une telle tâche.
"Je..."


Il lui prit le visage de ses mains, elle écouta. Le trône changeait tout le monde, le pouvoir changeait tout le monde. Mais à différentes doses. Le trône de fer avait rendu fou Aerys. Rhaenys ne trouvait pas son père si perverti que ça par le pouvoir et le trône. Il était juste plus strict pour ne pas se faire marcher sur les pieds par ce qui l'enviait. La princesse ferma les yeux quand il vint poser son front contre le sien, ses mains vinrent recouvrir celle de son père avec tendresse.
"Je suis honorée de votre confiance, chuchota-t-elle, vos certitudes sur mon instinct me rassurent mais j'ignore si cela sera vrai tout le temps. Et le trône ne vous a pas changé père. Vous êtes toujours le même, vous êtes la même personne qu'il y a dix ans. Vous êtes juste un Roi différent. Le trône change votre façon de gouverner, pas votre façon d'être. Je n'ai point vu de différence dans votre façon d'être ces dernières années. Vous êtes un souverain respectable, un homme d'honneur et un bon père. Et cela était vrai quand j'étais enfant et c'est encore vrai aujourd'hui. Les sept Couronnes ne pourraient rêver mieux."


Un miaulement fit rouvrir les yeux à la princesse. Un chat semblait jaloux de la proximité et du moment de tendresse que partageaient père et fille. Rhaenys le chassa de son pied en sifflant. Elle se leva trouvant le trône plus qu'inconfortable.
"J'ignore comment vous faites pour rester assis des heures dessus. C'est insupportable."

lawina