accalmie équestre - dalyx

AN 310, LUNE 5, SEMAINE 4
Thème

Le retour à la Dent d'Or s'était fait sans encombre. Nichée dans les hauteurs, la forteresse ne surprenait plus le lion depuis le nombre d'année qu'il habitait ici. Avec le temps, depuis l'enfance, la Dent d'Or était devenu son chez lui, le rare endroit qu'il appelait maison. Sa femme. Ses filles. Son fils. Il avait trouvé un foyer, un étrange mais véritable foyer.

Il posa pied à terre, revenant de sa longue promenade en solitaire. Depuis quelque jours, le chevalier éprouvait le besoin de la solitude. Il savait qu'il repartirait bien assez vite vers le centre de l'Ouest ou vers la capitale des couronnes. Daven était fatigué, un peu trop. Sa qualité d'ambassadeur l'envoyait sur les routes en permanence et s'il avait adoré parcourir le monde quand il n'était encore qu'un jeune chevalier, il avait désormais une famille qui l'attendait. Il n'aurait cru autant changé à  la naissance des enfants. Il n'aurait cru être ce genre de père, lui  qui s'imaginait déjà sans épouse, libre comme l'air. Mais les obligations l'avaient rattrapé. Pis encore : il avait crée, seul, ses propres obligations en demandant la main d'Alyx.

Menant sa monture jusqu'aux écuries, Daven ne l'abandonna pas aux palfreniers. C'est seul qu'il déharnacha l'étalon et passa sur les membres encore mouillés de sueur une brosse. Invincible semblait inarrêtable. Ils avaient galopé, sur une distance immense et le cheval en demandait encore. Un mince sourire fleurait sur les lèvres du chevalier alors qu'il s'occupait de sa monture, passant parfois une main dans sa chevelure blonde. Il faudrait qu'il se coupe les cheveux avant de repartir. Si ses joues étaient quotidiennement rasées, il avait perdu l'habitude des coupes militaires de sa jeunesse. La guerre était finie que contait les bardes. Il pouvait laisser couler, baisser les armes. Lui n'y croyait pas une seule seconde. Il ne manquait qu'une minuscule étincelle pour que tout recommence.  


La robe d'Invincible brillait, immaculée. Le cheval gris était devenu bien blanc avec les années. Le sous poil, alors qu'il commençait à sécher, restait de sa couleur de naissance. Le petit poulain avait été si beau.

Daven ne comptait pas quitter les écuries tout de suite. L'odeur des bêtes et du foin le rassurait un rien. Le laissait à des choses simples, des choses qu'il savait faire sans prendre aucun risque. Car la politique était un monde dangereux, un océan de requin dans lequel beaucoup tentait de prendre les devant. Il y reviendrait à son tour. Trois enfants. Trois potentielles alliances. Il savait déjà qu'Alyx en avait prévu une, bien avant la naissance de sa progéniture. Les autres... Sa cadette serait une teigne, il en était certain. Et son fils, son héritier... Qu'adviendrait-il du petit garçon que son beau père avait pris sous son aile sans réellement laisser le choix à Daven.  Pour l'heure, il ne disait rien. Pour l'heure, Daven ne parlait pas beaucoup.