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Nuées de gloires effacées (Harrold)

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Craghas Thorne
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Craghas Thorne

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Nuées de gloires effacées (Harrold) Sword
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Nuées de gloires effacées
Port-Réal | An 310, lune 4, semaine 2

Si Port-Réal était aussi animée que d’habitude je n’en n'avais cure. Le mestre du domaine m’avait maintes et maintes fois expliqué qu’il était important que je m’implique dans la gestion du domaine, et naturellement dans le commerce que celui-ci génère. L’idée, dans la petite tête maline du mestre, était que le seigneur de la Roncière devait faire fructifier les échanges de ses terres et accompagner à Port-Réal, gosier insatiable de la région pour trouver comment déverser le mieux la manne alimentaire que le fief produit quotidiennement. Un projet certes rationnel mais qui ne m'intéressait pas le moins du monde. Si la Capitale n’avait pas de grands secrets à me cacher, des choses incroyables, des surprises où des présents pour moi alors ma présence n’y était pas nécessaire et je ne voulais pas passer ma vie à commercer entre mon château et elle. Être seigneur, dans ma vision très personnelle de cette tâche, ça ne consiste pas à prendre la route pour arranger de bonnes affaires.

Néanmoins, j’avais hérité d’un domaine qui avait auparavant été géré ainsi et je savais que Hector, mon cher cousin, bouillonnait intérieurement à l’idée que je ne sache pas suivre la même voie que mon feu mon aîné. Peste soit des Thorne et de leurs manies ! Voilà une race bien têtue que ces gens-là et il ne m’est pas pour projet de continuer des choses qui ne me plaisent point. Ainsi, je décidais, certes de partir à la Capitale mais dans le but inavoué d’y trouver un intendant compétent afin qu’il puisse s’occuper de ses tâches à ma place. Après tout, quoi de mieux qu’un marchand à qui l’on confie une charge pour marchander ? Cela avait plus de sens que moi, non pas que je me rabaissais. Certainement, j’aurais pu être un excellent marchand si j’y avais mis du temps, de la réflexion et de l’énergie. Mais cette matière était celle, parmi toutes celles qu’un seigneur à sa charge, qui m’ennuyait le plus. J’avais pris bien plus à cœur la formation de la milice et de la garde du domaine, je trouvais l’exercice beaucoup plus attrayant et plus utile. La Roncière est la porte des terres de la Couronne pour le Conflans et le Val. Je m’attendais à ce qu’un jour les hostilités reprennent malgré la paix infâme de Tywin.

Le Vieux Lion croyait certainement que le déshonneur de la paix lui éviterai le prix du sang, pourtant il devrait avoir les deux, j’en étais certain : le sang et le déshonneur. Je m’attendais à ce que les velléités du Dragon de l’Est lui reprennent, après tout, qui sait combien de nobles étaient à son service encore ? Combien encore de Lord Crabbe attendaient leur heure, dans l’espoir de recevoir des récompenses de la défaire de leurs voisins ? Connaissant la nature des hommes je m’attendais à ce que le Royaume, du moins ce qu’il restait du Royaume compte encore un paquet de nobles misérables capable de n’importe quelle trahison pour n’importe quoi. Finalement, Rhaegar avait rendu à son fils un Royaume en une si mauvaise posture… Lui qui était le jeune Roi prometteur, que se serait-il passé si le Baratheon avait gagné ? Aurions-nous connu de temps aussi terrible, aurais-je connu l’humiliation de l’exil ? Aurais-je simplement un jour hérité ? Mes pensées divaguaient alors que je laissais soin à mon maître d’armes et à mon mestre de préparer une liste de candidats pour le poste que je cherchais à pourvoir. J’étais à Port-Réal pour une nuit, Culpucier était toujours debout et il aurait été plus que dommage de ne pas y retourner. Il n’y a pas besoin d’occasions spéciales pour aller se saouler et baiser à Culpucier et je n’en attendais pas moins pour pavaner dans les rues puantes du quartier le plus grandiose des Sept Couronnes, rapière à la ceinture et sourire en coin pour les plus belles putes du pays.

J’étais accompagné de Georg. Georg était un abruti complet mais une brute comme j’en avais rarement croisé, il avait eu la langue coupée après je ne sais quelle aventure et il travaillait déjà au domaine lorsque j’en avais hérité, d’un simple garde j’en avais fait un acolyte bien utile. Le mestre m’avait raconté qu’il était bâtard d’une famille de l’Ouest mais peu importe, il ne pouvait plus raconter sa vie. Il ne savait pas écrire. Il me suivait parfois, quand je lui ordonnais et ensemble nous nous amusions de nos mœurs de brigands. Il avait une masse d'armes à la ceinture, là où j’avais ma rapière. Il n’avait aucune élégance, une fois je lui avais payé une prostituée, ça avait fait un scandale, il s’était vu interdire l’établissement. Une sorte de dégénéré comme je les aimais, j’adorais glaner les êtres brisés et m’en entourer. Mon Georg était de sortie ce soir, nous rendions des regards menaçants au moindre passant, envie de boire, de se battre, un peu de tout. Nous finissions par choisir un établissement au hasard alors que la nuit venait à peine de tomber.

Pas un bordel, nous avions choisi une taverne, je voulais boire et Georg… Et bien lui on ne savait vraiment jamais ce qu’il voulait puisqu’il ne pouvait pas l’exprimer néanmoins il me suivait. Nous poussions la porte de l’établissement, comme un duo improbable dans les petites pièces de théâtres que l’on donne devant les septuaires ; un dornien à la peau sombre, une rapière braavienne à la ceinture, richement habillé mais débraillé et son compagnon, trapu, le regard idiot et incapable de prononcer un seul mot. Mais, à notre étonnement, notre apparition ne provoquait pas tellement de murmures, les regards étaient tournés vers un homme blond qui avalait goulûment le contenu d’une cruche sous les encouragements des quelques locaux. Un grand gaillard, blond, des vêtements luxueux, bien plus luxueux que les miens. Il me volait la superbe de notre apparition et je n’aimais pas ça, je me dirigeais vers une serveuse, l’attrapant par la taille je commandais une cruche de bière qu’on me donnait à l’instant. Je la soulevais, la présentant comme un trophée à ce gaillard blond, et d’une voix forte à rendre nostalgique ce bon Georg, je déclamait, impatient d’être remarqué :
Alors, croyez-vous que je ne puisse pas faire mieux qu’un bourgeois soulard ? Il est temps de vous comparer avec un peu de sang bleu !

DRACARYS
@Harrold Hardyng  | italique


Water dancer

by zuz'
Harrold Hardyng
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Harrold Hardyng

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Nuées de gloires effacées (Harrold) Br5m
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Nuées de gloires effacées
Port-Réal | An 310, lune 4, semaine 2

On avait déplacé le corps dans la cave. C’est qu’un cadavre risquait de faire un peu tache au milieu de la taverne. Et en parlant de tache, Romy s’escrimait depuis cinq bonnes minutes à récurer le parquet gorgé de sang. Malheureusement pour elle, il ne suffirait pas d’un peu d’huile de coude pour la faire disparaître.

“Bon, à qui le tour ?”

Le soulard remuait sa chope déjà reremplie devant lui en guise de provocation. Ses yeux bleus glissaient d’un visage à l’autre à la recherche d’un compétiteur digne de ce nom. “Tous les mêmes,” songea-t-il. Joues creuses ou bien rebondies, front ridé ou bien lisse, menton barbu ou bien imberbe, ils avaient pourtant les mêmes veines éclatées sur la truffe, la même haleine à décoller le papier peint et le même éclat trouble valsant au fond du regard. Regards qu’ils s’obstinaient à maintenir baissés ou intéressés par la silhouette pas désagréable de la serveuse qui récurait le sol.
La mort de Rupert avait plombé l'ambiance.

“Quoi, personne ?” s’exclama Harry, déçu.

Il avala une gorgée de bière. Elle était répugnante, mais plus les heures et les jours passaient, moins on ne s’en rendait compte. À dire vrai, cela faisait belle lurette qu’il n’était plus capable de faire la différence entre de la pisse de vache et du houblon.
Cette seule pensée le fit ricaner. “Si Grafton pouvait imiter Rupert,” se prit-il à espérer. “Ou bien Viserys, tiens, encore mieux…”

“Quel ennui, ce soir !” s’agaça-t-il et essuyant sa barbe mal rasée d’un revers de manche. “Il faut tout faire soi même ici, c’est pas possible ! Allez, les bardes, du nerf, du coeur, faites moi chanter ces violes, merde !”

Il agrémenta le point final de sa phrase d’un bon coup de poing sur sa table, ce qui manqua de renverser l’épaisse bougie placée en son centre. Il la rattrapa au dernier moment en jurant après s’être brûlé avec la cire chaude. Puis, il s’esclaffa :

“On n’est pas passé loin de l’accident ! Et il y a tellement de panses avinées ici… Une étincelle et on ferait exploser tout le quartier !”

Enfin, sa blague récolta quelques rires sonores et la musique aidant, les chopes tintèrent à nouveau dans la bonne ambiance générale.

“À ta santé, mon bon Grog !” Harry encercla d’un bras gaillard les épaules fluettes de son voisin. “Comment ? Ta chope est vide ? Qu’on serve vite mon ami !”

Les protestations timides du Port-Réalais furent inutiles puisqu’il se retrouva douché de bière par Romy qui avait finalement abandonné le parquet à son triste sort. Une large flaque sombre colorait désormais le bois. Enfin, parmi toutes les souillures qui décoraient le sol, ce dernier coup de pinceau attirait plus le regard de par sa fraîcheur que de par sa nature.

“Je payerai pour toi Grog,” le rassura Harry d’une bonne claque dans le dos. “Sers-toi, ressers-toi, amuse-toi. Cul sec !”

L’un et l’autre se souhaitèrent la santé et, jetant leur tête en arrière, ils entreprirent de se péter la ruche de concert.
Avec une longue et bruyante expiration, il reposa sa chope vide avec la force qu’une forgeron mettrait à frapper le fer. À côté de lui, Petit Grog peinait à finir son verre d’une traite. Un coup de coude joueur d’Harry dans les côtes interrompit son calvaire et, de surprise, il rendit sa dernière gorgée en geyser sur la table sous les rires et les acclamations du reste des soiffards.
C’était une belle nuit pour ne plus penser à rien.

“C’est qui ces types là ?”

Son hoquet passé, Petit Grog désigna du menton un duo d’étrangers qui avançaient vers eux armé d’une cruche pleine. La taverne du Nain qui Rit était un lieu de passage à Culpucier, on y trouvait de tout et surtout de n’importe quoi ; mais il était rare que des inconnus s’invitent à la table des habitués. On cherchait même plutôt à les éviter. Une table bondée et bruyante était souvent synonyme de danger. Cet idiot de Rupert pouvait en témoigner.
Restait à déterminer si les deux gaillards en quête de compagnie étaient trop stupides pour voir les problèmes, cherchaient les problèmes ou étaient des problèmes en plus.

Le moins gros des deux prit la parole d’une voix tonitruante, à la manière des acteurs qui venaient certains soirs jouer quelques scénettes obscènes pour alléger les cœurs et les bourses. Sa manière de l’apostropher détendit Harry. “Très bien. Ça n’a pas l’air d’être la planche la mieux cirée du parquet.” Un peu comme celles de la taverne, finalement. Le suzerain du Val préférait avoir affaire à un nigaud qu’à un querelleur, tout noble qu'il se prétendait être.

“Ce n’est pas-”

“Alors, c’est comme ça qu’un sang bleu s’invite à table ?” Harrold interrompit Grog en riant. “Bonsoir tout d’abord, messire !”

Il moqua une révérence en baissant sa tête trop bas et en faisant des petits moulinets avec sa main. Lady Vanbois en aurait fait une syncope.

“Je vous en prie, installez-vous ! Allons mes amis, faites un peu de place à nos nouveaux compagnons !”

Ils furent accueillis à leur table à coup de grandes accolades et de tapes viriles sur les épaules. Mais si les gestes trompaient, les yeux, eux, ne laissaient aucune place au doute. Si la braise de l’alcool rougeoyait toujours mollement au fond de leurs yeux vitreux, qu’on ne s’y trompe pas : il suffirait d’une flamme pour faire exploser les ivrognes.

“On vous croirait tout droit sortis d’une blague !” s’esclaffa Harry. “Un dornien et un… Qu’est-ce que vous êtes, vous ? Couronnien ? Enfin bref, un dornien et un couronnien entrent dans un bar en quête de quelques bagarres… Vous êtes dornien pas vrai ? Ou Essossi peut-être ? Ils s'infiltrent de partout, dernièrement. Comme des champignons rances dans les murs.”

“C’est quoi ton p’tit nom, sang bleu ?” Denys insista bien sur les deux derniers mots pour se moquer. “Tu t’ennuyais trop dans tes fanfreluches pour venir tâter la gueuse dans ce coin de la ville ? Et toi ?” Il se tourna vers le plus courtaud des deux. “Tu dis pas un mot ? Un chat a mangé ta langue ?”

Un rire commun ébranla la tablée.

“Messire, je dois vous prévenir. Le dernier qui m’a défié à la boisson est en train de moisir dans la cave entre les pommes de terre et les ordures.” Il marqua une légère pause dramatique. “Sale histoire.”


DRACARYS
@Craghas Thorne


    When Most Needed
    How can I say this without breaking, taking over. How can I put it down into words, When it's almost too much for my soul alone. Dreams fight with machines Inside my head like adversaries. Come wrestle me free Clean from the war.. + aeairiel.