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(même les petits)
what was i made for ? (lyanna)
Sun of Winter
Harrion & Mira Karstark
L'intendant était déjà à ce poste quand Harrion était enfant. Il était peut être même à ce poste depuis que Karlon Stark avait obtenu cette forteresse à l'autre bout du monde vu son âge. Et pourtant l'homme demeurait droit, presque rigide, tandis qu'Harrion énumérait la liste des préparatifs qu'il lui fallait hâter en vue de leur départ prochain. « Eddard restera ici pour les affaires qui concernent les bannerets mais la future naissance de son enfant, je préfère être certain que tout se passe bien s'il devait être occupé quelques temps. » conclut le brun en déposant sur une pile de papier, une feuille supplémentaire. Le vieil homme hocha la tête. Derrière lui, un jeune apprenti trépignait. S'il tentait de mimer son aîné, le mouvement nerveux de sa jambe venait expliciter ses véritables émotions et Harrion retint un rire. Cela n'était pas bien difficile : il avait mal dormi la nuit précédente, encore hanté par ses rêves, se réveillant légèrement fiévreux et, sans surprise, pris de maux de tête étourdissants au petit matin. Il avait pourtant tenter de donner le change. Au cours du déjeuner, il avait volontiers plaisanté avec Eddard, discuter avec Theodan sur la meilleure route à prendre pour se rendre à Hautpoint lorsqu'Elaine déplora de rester à Karhold, elle qui aurait tant aimé présenter sa petite Leona à sa famille, et tandis qu'elle énumérait les personnes qu'elle se hâtait de revoir, la mention de Kylis Stark eut pour effet d'attirer l'attention de Torrhen sur son frère aîné. Il parait que Lady Kylis ressemble de plus en plus à sa tante ? Le sourire d'Eddard mourut sur ses lèvres tandis qu'Harrion perdait toute couleur et si le puiné se hâta de rebondir sur l'engouement de sa belle-soeur à revoir les siens et sur la joie que ce serait de revoir leur cousine Briony, une ombre s'était installée à la table. Incapable de manger quoi que ce soit de plus, Harrion avait finit par quitter la table, prétextant du travail pour évaluer l'intérêt de s'absenter si longtemps du fief malgré l'assurance qu'Eddard l'y remplacerait.
Cela faisait longtemps qu'il n'avait plus pensé à Alynne, trop occupé tant par les devoirs de seigneur que par ceux d'époux et, depuis peu, de père. Une part de son être avait fait ses adieux à la Omble près de quinze ans auparavant, une autre avait attendu son mariage pour, finalement, la laisser partir. Alynne n'était plus qu'un flocon de neige porté par la brise, une souvenir tendre qui lui rappelait le jeune homme qu'il avait été, un matin de printemps où il s'était éveillé à autre chose qu'au bagarre avec ses frères et aux devoirs d'héritier. Mais si l'homme qu'il était devenu avait tourné la page de cet amour de jeunesse, idyllique et éphémère, son coeur portait toujours la blessure que sa disparition lui avait infligé, spectateur impuissant de l'inéluctable. Ainsi sa mention agitait encore quelque chose au fond de lui et le rappel de la parenté de sa suzeraine avec sa fiancée perdue n'aidait en rien Harrion à faire preuve d'aisance en sa compagnie.
Alors, comme à chaque fois qu'Harrion devait faire face à quelque chose qui le dépassait un peu trop, il avait pris la fuite. Se retirant dans son bureau, il laissa Eddard ramener son époux à sa chambre et s'enferma avec l'intendant en vue de son départ prochain. L'homme ramassa la liasse de papier et s'en alla, non sans une révérence pleine d’arthrite, suivi de son apprenti. Harrion se demandait encore si cet apprenti n'était pas déjà le troisième que le vieil homme épuisait par sa longévité quand son regard capta les feuilles rouges des barrals du bois sacré par la fenêtre. La vision écarlate, au milieu du blanc de la neige et du gris des pierres attirait l'oeil comme une foret s'enflammant. Sans même s'en rendre compte, Harrion finit par se lever, sa longue silhouette s'accoudant contre le bois de la fenêtre tandis que son regard restait fixé sur ces arbres, comme si leurs feuilles carmins détenaient les réponses à toutes ses questions. Il se souvenait y être venu en compagnie de la Omble, cherchant des réponses à ses questions, des réponses à ses rêves. Et aussi étrange que ce fut, aussi cruel que fut le constat que son visage disparaissait de ses souvenirs à mesure que le temps passait, il se la rappelait clairement là. Il la voyait debout près de l'un des arbres du bois, les mains derrière le dos tandis qu'elle jouait du bout de sa botte avec une feuille d'un rouge sang. Il revoyait ses longs cheveux châtains dont elle tressait quelque mèches, sa fâcheuse tendance a préféré les habits de cavalières aux lourdes robes et la manière qu'elle avait de se dandiner d'un pied sur l'autre lorsqu'elle était mal à l'aise. Il entendait son rire en écho, le chuchotement de son nom sur ses lèvres. Et pourtant, il ne se souvenait plus de son visage.
Il parvint à se remettre au travail, une fois le contrôle sur ses pensées revenu, mais il ne sortit guère pour diner en compagnie du reste de la famille. Absorbé par ses lectures, il avait perdu le fil du temps et lorsqu'il releva les yeux, la nuit tombait sur Karhold, plongeant le bureau dans la pénombre. Ses yeux tiraient d'avoir fait un effort dans cette demi-obscurité, brûlaient de la fatigue de sa courte nuit. Ses doigts frottèrent ses yeux, remontant jusque dans les mèches noires, tandis qu'il cachait son visage dans l'intérieur de son coude. Soudainement, le fauteuil contre lequel il venait de laisser aller sa tête lui paraissait d'un confort incommensurable et la pression de son bras soulagea temporairement le bourdonnement de son crâne. Sans s'en rendre compte, il sombra.
Son corps était étrangement lourd et léger. Il sentait une forme de pesanteur mais paradoxalement, l'idée de bouger les bras ne lui était pas aussi douloureuse qu'il l'aurait pensé. Il était engourdis, comme lorsque Cregan lui avait fait boire toute cette bière lorsqu'ils étaient enfant, tout comme lorsqu'il s'écroulait dans son lit après une très longue journée. Son corps ne semblait plus lui appartenir. Il flottait. Il flottait loin loin et les bruits de voix étouffée lui parvinrent. Il ne comprenait pas les cris, les rires, les discussions, il ne pouvait qu'entendre les éclats de voix, imaginer le ton de mots inaudible. Il avait l'impression d'être au fond d'une baignoire tandis qu'on se disputait à l'extérieur. Il s'agita, tentant de remonter vers la surface, désireux d'entendre, de comprendre. Il se débattait, il luttait, il remontait. Et tout éclata. Il voyait les son, entendait les couleurs, tout explosa dans sa tête, lui donnant une impression de chute libre, son coeur menaçant d'éclater, ses doigts ne parvenant à s'accrocher. Que le monde était vaste, qu'il était petit. Un miroir, un champ de bataille, un ruban. Le brouhaha d'une taverne, une femme au sourire énigmatique.
Elle non plus n'avait pas de visage.
Il était essoufflé lorsqu'il émergea en sursaut du sommeil, ses yeux cherchant vainement un endroit ou se poser. Etait-ce Alynne, se demanda-t-il avec une étrange appréhension. Cette idée ne l'enchantait guère, il venait tout juste de s'en rendre compte. Depuis quand avait-il cessé de la chercher dans ses rêves ? Depuis quand craignait-il de l'y voir, semblable à la dernière vision qu'elle lui avait offerte dans son univers onirique ? Il finit par se calmer en entendant gratter à la porte. Encore aux prises des vives émotions du songe, Harrion s'alarma tandis que son esprit peinait encore à faire la différence entre ce qui était réel et ce qui ne l'était pas.
:copyright:️crack in time
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The Lady Bear
L’annonce avait eu l’effet d’un choc pour Mira Karstark qui quittait l’office du mestre de Karhold. Ses soupçons s’étaient ainsi avérés. Elle était de nouveau enceinte du seigneur des lieux, lord Harrion Karstark, dont elle était l’épouse depuis trois ans maintenant. Il n’avait pas été évident pour la jeune femme de s’imaginer l’épouse du seigneur nordien à l’époque. Revenue dans sa région natale après la bataille de Winterfell, elle avait pris le temps de rattraper tout ce temps passé à la cour suzeraine des Tyrell. Mira connaissait ainsi les histoires rapportées sur son futur époux, la vision que les gens avaient de lui, cet homme mystérieux et énigmatique. Fiancé à deux reprises, les Anciens ne l’avaient pas épargné et en devenant à son tour la fiancée du malchanceux, elle s’était demandé si son sort était déjà scellé pour les dieux. Malgré une correspondance qui pouvait laisser transparaître bien des choses, la désillusion fut d’abord de mise. Harrion Karstark s’isolait régulièrement, s’enfermant dans ses appartements. Mira se retrouvait ainsi seul à Karhold, tentant de s’accommoder de l’ambiance qui y régner. Il lui fallait également se réhabituer à ce Nord qui l’avait vu naître. Ses années à Hautjardin l’avaient profondément changé mais lui permirent de ne pas lâcher et de tout faire pour se faire une place à Karhold.
C’est cette force de caractère et cette détermination qui firent que, peu de temps après son arrivée chez son fiancé, elle apprit les véritables raisons de cet isolement. Le frère du seigneur, Eddard, l’aida à comprendre toute la complexité de la situation. En apprenant les problèmes de santé de son fiancé, Mira décida alors de ne pas quitter le fief et de demeurer auprès d’Harrion, de l’aider comme elle le pouvait, de l’épauler du mieux qu’elle pouvait. Cette attention ne passa pas inaperçu et détermina en quelques points les prémices de leur future relation. Mais pour l’heure, Mira devait malgré tout retourner dans sa famille avant la célébration du mariage. Si, au premier abord, Mira était déçue en rencontrant Harrion, il en était tout autre depuis. Comprendre ce que traversait son fiancé lui serait toujours difficile, mais elle ferait tout ce qui est en son pouvoir pour se montrer à ses côtés, quoiqu’il en coûte. Cela n’attendit pas longtemps avant qu’elle puisse le montrer à Karhold puisque les migraines de son époux étaient, par période, de plus en plus présentes, l’obligeant ainsi à reprendre certaines responsabilités. Les premières années de mariage ne furent ainsi pas des plus joyeuses, ni pour lui, ni pour elle, d’autant qu’aucun enfant n’arriva, aucun héritier ne pointa le bout de son nez.
Benjen Karstark se fit attendre mais arriva finalement dans le courant de l’année 309, apportant une vague de joie dans la maisonnée. Le seigneur de Karhold avait enfin un héritier direct. Mira était fière d’avoir enfin pu apporter à son époux un fils malgré un accouchement des plus compliqués. Les lunes qui suivirent furent consacrées au repos de la mère et à la surveillance accrue de cette enfant tant attendue. Mais Mira ne lâchait rien de ses responsabilités acquises au fil des années. Elle continuait d’apporter un soutien infaillible à son époux sans en attendre en retour. Profondément amoureuse de l’homme, elle ne devait pas mettre de côté l’histoire de cet homme au cœur brisé. Elle devait concilier son passé avec le présent qu’ils écrivaient ensemble, encore plus maintenant qu’ils avaient un enfant ensemble. Si tout semblait convenir à la jeune femme, il était évident que d’innombrables questionnements avaient vu le jour avant et encore plus après leur mariage. Encore aujourd’hui, Mira se posait beaucoup de questions sur leur couple, leur avenir et redoublait d’efforts pour ne rien laisser transparaître. Harrion avait déjà beaucoup à s’occuper, dont sa santé. Elle ne voulait pas lui rajouter ses possibles doutes, ses questions incessantes sur son esprit déjà bien fragile. Il arrivait encore parfois au seigneur des lieux de s’isoler des heures et des heures pendant plusieurs journées, du fait de ses nombreuses affaires à traiter mais principalement à cause de la fatigue. Si dans les premiers temps, Mira n’intervenait pas, il en était tout autre aujourd’hui où elle s’inquiétait beaucoup pour lui et voulait toujours s’assurer qu’il allait bien malgré les migraines, malgré les rêves, malgré la fatigue.
- Harrion ?
La matinée avait été calme pourtant mais la mention de la maison Omble sembla avoir eu un effet douloureux sur l’esprit de son époux qui quitta la table du déjeuné à la mention de la tante de lady Kylis. Alynne Omble était un nom qui n’était pas inconnue pour la jeune femme, bien au contraire. Petite sœur de lord Jon Omble, que tout le monde surnommait Lard Jon, Alynne avait été promise à Harrion il y a bien des années maintenant. Ayant glané quelques informations çà et là à son arrivée à Karhold en tant que lady Mira Karstark, la nordienne avait conscience que la défunte fiancée avait encore une grande place dans le cœur de son désormais époux. En était-elle jalouse pour autant ? Comment pourrait-elle l’être ? Mira était surtout consciente qu’elle avait épousé un homme avec un passé déjà bien rempli et douloureux. Elle devait s’en accommoder, faire avec et vivre avec. Le couple s’entendait bien et plus les années avancent, plus Mira comprend et se montre compréhensive. Cela n’empêche pas le couple d’être intime. Mira devait ainsi jongler entre toutes les facettes de son quotidien, épouse dévouée et mère comblée.
- J’espère que je ne vous dérange..?
Harrion ne s’était plus montré de la journée après le déjeuner et si Mira lui avait laissé son espace, elle s’était finalement inquiétée, voyant la nuit tombée et le seigneur ne pas sortir de son bureau. Entrant dans celui-ci, elle retrouva son époux assis dans son fauteuil, l’esprit troublé. Elle sentait sur son visage que l’homme s’était assoupi et semblait perdu dans ses pensées. Elle posa l’assiette qu’elle tenait en main sur ledit bureau et vint s’accroupir aux côtés de son époux, une main posée sur la sienne.
- Harrion ? C’est Mira, votre épouse…
Elle caressait délicatement sa main afin de l’aider à revenir à lui.
♛ by wiise
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