[EVENT] danses et digestifs

L'ambiance s'était allégée tandis qu'on avait ordonné aux ménestrels d'opter pour des musiques plus entrainantes, quittant les mélodies d'ambiance pour un son plus dansant. Les tables avait été légèrement repoussées pour permettre malgré tout à ceux qui le désiraient de s'assoir pour poursuivre leur repas, ou simple se reposer, mais libéraient désormais une bonne partie de la pièce. Le chef de la troupe appela alors le couple fraichement marié pour ouvrir le bal et, quittant la table d'honneur, Mychel offrit sa main à sa nouvelle épouse pour entamer la première danse. Cela ne dura que quelques minutes, offrant à la tradition un peu d'attention envers les jeunes gens, avant que l'ouverture aux autres couples de la salle ne détourne l'attention de certains invités, chacun retournant à des occupations plus personnelles. Tandis que les musiciens jouaient des cordes, tambourins et instruments à vent pour amuser les danseurs, d'autres artistes et amuseurs du grand public se démenaient à offrir des occupations aux enfants et solitaires dans une heureuse cacophonie. Au bout d'une heure, l'alcool faisant son office, le volume sonore des rires et des blagues monta. Dans l'assemblée, quelqu'un prononça le mot de cérémonie du coucher et un autre type d'attention se porta sur le couple.

Dès lors, la troupe musicale changea de registre, entonnant les mélodies de chansons grivoise entonnés par les oncles avinés, applaudis avec plus ou moins de grâce par les dames et se mêlant dans un chaos de bras et de tissus, on emporta Ser Mychel et Lady Ynès hors de la salle du banquet. Dans le sillage du groupe demeura la veste du chevalier, amas de brocard rouge et argent, qui s'était écrasée sur les pierres du sol, quelques pas seulement après la porte et qu'une servante vint prestement ramasser avant de suivre le brouhaha vers la chambre.

Demeurèrent dans la salle de réception quelques invités. Peu gouteux de ce genre de festivité ou guère assez proches pour y prendre réellement part, les amateurs de calme s'organisèrent en petits groupes jouant aux cartes, abandonnant le vin pour des liqueurs plus fortes et les rires tonitruants pour des chuchotement affairés. Les plus audacieux pariaient volontiers quelques dragons sur leur main gagnante tandis que, plus méfiants, d'autres se contentaient de regarder entre deux conversations. Quelques dames s'étaient jointes à ce salon dans la salle, ajoutant de la couleur aux habits des grands jours de leurs époux, frères ou fils. Après de longues minutes, quelques invités revinrent dans la salle : s'ils appréciaient la liesse qui accompagnait les époux dans la chambre nuptiale, ils n'étaient de ceux qui restaient à la porte pour écouter ce qu'il s'y passait. A la politique qui, jusque-là, s'était invitée dans ce mariage, succéda simplement l'amusement de la fête : jusqu'à présent inséparables, les deux suzerains se retrouvèrent de part et d'autre de la pièce, discutant avec des traits plus détendus qu'ils n'en avaient jamais eut depuis le début des mondanités. Les ménestrels avaient, de nouveau, changé de registre pour des sons plus feutrés permettant à ceux qui le voulait de danser encore ou simplement d'accompagner leurs conversations ou leurs jeux.

Brynden était assis sur le banc, accoudé sur la grande table que l'on avait collé au mur pour dégager l'espace de danser. Penché en arrière, son dos reposant contre le bois, il observait la petite assemblée qui était restée là tandis que l'on accompagnait les mariés au lit dans un tonnerre de sous-entendu graveleux et de tissus arraché. Cela lui avait tiré un sourire, le premier depuis son arrivée dans le Val, mais pourtant, il ne s'était pas joint au joyeux cortège. Dans sa jeunesse, il en avait été autrement : il avait participé à la cohue, suivi la foule des invités, participé à l'amusement général mais depuis son propre mariage, il préférait rester dans la salle de réception et laisser ces jeux à d'autre s'il le pouvait. Il avait refusé la cérémonie du coucher lors de ses propres noces, considérant qu'ils n'en avaient pas besoin : la virginité de Daenerys n'était à prouver et il savait que cette perspective l'effrayait assez comme cela. Il la revoyait dans sa robe aux motifs d'écailles de dragon, il revoyait sa timidité, sa silhouette frêle, ses tremblements tandis qu'ils se retrouvaient tous les deux. Cela remontait à bien longtemps, songea-t-il, mais jamais il n'avait regretté son choix. Au delà, Brynden n'oubliait pas qu'il n'était qu'un invité, presque un étranger maintenant que le Val se constituait en royaume : les amitiés d'autrefois n'étaient peut être plus et il faudrait du temps pour que les liens passés retrouvent leur force d'antan. D'ici là, il n'était pas le plus sociable des hommes et se plaisait parfaitement bien dans son coin.

Se tordant légèrement, Brynden sentit le craquement de certain de ses os, soulageant son dos endoloris : il était si tendu durant toute la soirée qu'il en payait désormais le prix, maintenant que l'attention, et le devoir de représentation, incombait à d'autres. L'espace d'un instant, il se sentait redevenir anonyme, noyé dans la masse. C'était une chose qu'il n'avait plus connu depuis qu'il avait succédé à son père : être un suzerain signifiait être perpétuellement sollicité dès qu'on mettait un pied hors de son château. Qui y allait de ses revendications sur des terres, qui préférait rappeler une vieille alliance pour faire venir un fils ou une fille au service de la maison. Il y avait toujours quelque chose et même lorsqu'il sortait de ses terres, c'était généralement pour ne connaitre de calme que dans le silence des appartements qui lui étaient prêté. A cet instant, il n'était plus suzerain, ni époux de princesse, ni oncle par alliance de roi et il sentait une étrange détente se propager dans son corps. Un peu de calme avant de repenser à tout ce qui l'attendait à son retour.

La cérémonie du coucher n'avait jamais été du goût de Lord Sunderland. Si ça n'avait tenu qu'à lui, il aurait interdit que l'on malmène ainsi sa cousine. La douce jeune fille ne méritait pas cela et, la connaissant, il savait que cela la traumatiserait. Néanmoins, lorsqu'on souleva le couple pour les mener à leur chambre, Triston avait noté qu'Ynès souriait et riait. Peut-être l'alcool, les danses ou encore les charmes de Mychel Rougefort avaient réussi à la détendre et à lui faire oublier ce qu'il adviendrait d'elle après la cérémonie, le banquet et les danses.

De son côté, malgré la fatigue due autant aux devoirs de représentations qui lui incombaient en tant que Seigneur et membre de la famille de la mariée qu'à l'abus de vin, Triston savait qu'il ne pouvait pas encore avoir le loisir de rejoindre sa chambre à coucher. Il exigeait d'avoir une conversation avec Gerold Grafton. Il était d'ailleurs plus que temps que les deux hommes s'expliquent tant la frustration du Sunderland ne cessait de croître depuis les évènements de l'Ile aux Sorcières. Et pourtant, il avait beau le chercher du regard, Triston ne parvenait pas à le trouver parmi les invités. En revanche, il vit un autre homme avec qui Grafton s'était entretenu durant le banquet: Brynden Nerbosc, le Suzerain du Conflans. Là, en retrait du reste des invités, le Nerbosc semblait épuisé par la soirée et par ses responsabilités de représentant principal de sa région. Lentement, Triston fendit la foule et s'approcha de lui sur sa gauche, les bras croisés sur son ventre. "Longue soirée n'est-ce pas?" fit-il pour entamer la conversation. "Nous n'avons pas encore été présenté, il me semble. Lord Triston Sunderland, cousin de notre mariée du jour. Lord Brynden Nerbosc, je présume?"

@Brynden Nerbosc @Gerold Grafton   ♛ Dialogues: Gras ♛ Pensées: Italiques

Enfin, l'ambiance austère et politique du banquet laissait place à quelque chose de plus léger. Rires et jeux reprenaient le pas sur les chuchotements des hommes politiques, les sourires se faisaient plus sincères tandis que l'on profitait de la joie de ce jour. Vaeron Antaryon se sentait alors davantage à son aise au milieu des convives, ayant quelque peu ignoré les blagues graveleuses à propos des noces du couple. Il aurait pu mais préférait s'abstenir pour ne pas alimenter plus de rumeurs qu'il ne le faisait déjà. S'il s'était converti aux Sept, il n'en demeurait pas moins loyal au dieu multiface de Braavos. Plus jeune, il avait même hésité à rejoindre les sans visages. Il s'était ravisé en devenant le nouvel héritier de sa Maison, abandonnant ce rêve et une partie de lui-même. Pour sûr, que des années auparavant, jamais il n'aurait envisagé prendre part à de tels événements politiques et stratégiques. Il savait aussi que la confiance accordée par la Main du Roi n'était que de circonstances et obligée. Grâce aux Antaryon, le Val jouissait d'une alliance de poids avec Braavos. Une influence non négligeable qui amenait son lot de richesses. Bien qu'irréprochable en public, Vaeron n'oubliait pas l'affront du valois à son égard. S'il lui avait sauvé la vie lors de la Conquête, il en était autrement désormais. Mais chaque chose en son temps, n'est-ce pas ?

S'étant levé du banc sur lequel il était assit depuis de nombreuses heures, le chevalier à la chevelure argentée n'hésita pas à danser avec une ravissante dame, en tout bien tout honneur évidemment. Maintenant que l'étiquette n'était plus aussi étouffante, il voulait s'amuser, extérioriser toute la retenue dont il avait dû faire preuve. Danseur plutôt médiocre mais attentif, il cessa bien vite cette activité avant de saluer sa partenaire. Son regard tantôt bleu, tantôt violet trouva la silhouette imposante du Suzerain conflanais. Cet homme avait la stature d'un guerrier, un regard fier et droit qui faisait écho au sien. S'ils s'étaient salués plus tôt, leurs échanges n'avaient été que des banalités navrantes. L'Antaryon comptait bien remédier à cela : à défaut d'être son égal, au moins pourrait-il le séduire autrement que l'avait fait Gérold Grafton. Il s'approcha alors du colosse, tandis que Lord Sunderland faisait de même, ce qui ne manqua pas de le surprendre. Bon, il devrait se contenter de cela. Les banalités du seigneur ne manquèrent pas de faire soupirer discrètement le braavien. "Lord Nerbosc, Lord Sunderland. Longue soirée, en effet et pardonnez mon intrusioin, j'imagine que nous avons tous trois eu la même idée : profiter des festivités et du bon vin." Disait-il dans un fin sourire avant de se présenter au valois grisonnant qui ne le connaissait guère, d'un hochement de tête, il saluait le seigneur, cousin de la mariée. "Toute cette effervescence me fait oublier les usages : Ser Vaeron Antaryon."

"Voilà un regard et un homme qu'on reconnait dans l'instant", songea Triston en se tournant vers l'homme originaire de Braavos et devenu depuis chevalier du Val. Bien qu'ils ne se soient que rarement vu et encore moins adressé la parole, le physique de cet homme ne pouvait s'oublier. "Ser Vaeron", le salua-t-il en ayant à peine pour lui une inclinaison de la tête. Pourquoi devrait-il effectuer ce geste, après tout ? Son orgueil de vieil homme et de seigneur transpirait dans son attitude, de même que l'alcool, dont il avait abusé.

Mais il y avait autre chose que le Sunderland supportait de moins en moins de la part des Antaryon: leur position. Sa propre soeur, plus jeune que lui, ne siégeait-elle pas au Conseil Restreint du Roi, au poste de Grand Argentier ? Triston était prêt à parier que, très bientôt, un honneur similaire arriverait à l'homme qui venait de les rejoindre car hormis le poste de Grand Mestre, deux autres postes restaient vacants, dont celui qu'il briguait lui-même: Maître des Navires. Pourtant, le temps passait et, malgré les bons et loyaux services rendus dans le passé au désormais Roi des Montagnes et du Val, sa récompense qu'il estimait être en droit de recevoir se faisait toujours attendre. Et sa patience avait atteint ses limites. "Je ne crois pas avoir vu votre soeur ce soir, ni même au banquet. Notre...Grand Argentier aurait-elle mieux à faire ?"

La façon dont il avait prononcé le titre de Vaeranah Antaryon ne laissait plus aucune place au doute. Sa jalousie et sa frustration, accentuée par un excès de vin, ne pouvaient plus être dissimulées derrière des sourires polies et de jolies tournures de phrases. "Et notre Main du Roi?" renchérit Triston. "Où est-elle, Ser? Ne l'auriez-vous pas vu, par hasard? Il est grand temps que j'ai une conversation plus que sérieuse avec Lord Grafton..." Et sur ces mots, il apostropha une jeune servante qui passait près d'eux, portant un plateau sur lequel se trouvaient plusieurs coupes pleines de vin. Il en prit une, en renversa une partie au sol et vida le reste d'un trait, légèrement chancelant.

@Brynden Nerbosc @Vaeron Antaryon ♛ Dialogues: Gras ♛ Pensées: Italiques

Il s'était attendu à ce que ce soit Hoster qui ne vienne briser le silence en s'installant à ses côtés. Son frère avait été inquiet à l'idée de cette rencontre et il avait pu saisir son regard lorsqu'ils avaient compris que l'une des filles de Jonos Bracken, fut-elle reine, servante ou quoi que ce soit d'autre, serait aux festivités. Mais Brynden savait se tenir : être doué avec une épée ne l'empêchait pas de savoir prendre sur lui et s'il avait évité une longue partie de la soirée de poser ne serait-ce qu'un oeil sur la concernée, il lui tardait de mettre le plus de lieues possibles entre eux. Pour autant, ce ne fut pas la chevelure noire d'Hoster Nerbosc qui entra dans son champ de vision mais un homme bien plus âgé qu'il avait finit par identifié comme le seigneur de Sortonne. Ce dernier vint confirmer ses doutes en se présentant de lui même comme le cousin de la mariée alors que s'ajoutait à la conversation la blancheur valyrienne d'un parfait inconnu que la présentation d'usage ajouta aux certitudes qu'il n'était pas d'ici. Il entendait de là certains de ses plus proches conseillers souffler dans son esprit, comme s'il n'y avait pas assez de valyrien à Westeros, mais étant marié à l'une d'entre eux, Brynden se permettait de ne pas avoir d'avis sur le sujet. Il lui offrit un signe de tête, reconnaissant dans l'allure de l'homme, une manière d'être qui lui était familière : ce n'était pas l'espèce de retenue intellectuelle et précieuse d'un Viserys Targaryen, le genre de comportement d'un courtisan. « Ser ? Vous êtes donc chevalier ? » demanda Brynden avec curiosité. De sa fratrie, seul Lucas avait eut ce titre, Hoster y renonçant tant par foi envers les Anciens que pour d'autre raison qu'il avait toujours tenu à garder pour lui. Lui même ne l'était pas : il avait été élevé dans la plus pure tradition des premiers hommes, destiné à faire perdurer la tradition familiale quoi que ces propres choix ferait peut être de sa personne, le dernier seigneur Nerbosc priant le barral de Corneilla. Le Sunderland n'avait, pour leur troisième acolyte, guère la curiosité ou le respect du conflanais et bien que Brynden ne comprenne les sous-entendu, le ton était amplement suffisant pour saisir les tensions qui existaient entre lui et le chevalier Antaryon. S'en mêler ne lui apporterait que des problèmes songea Brynden, pour autant, il était persuadé que Lord Triston ne manquerait pas de faire un scandale si la situation n'était pas désamorcée rapidement. « Je crois que ma conversation lui a amplement suffit lors du banquet, Lord Triston. » répondit-il alors, espérant que la bienséance et la politesse pousserait l'insulaire à calmer ses nerfs visiblement plus que mis à mal par les verres qu'il buvait depuis le début de la soirée. « Pardonnez que je ne sois Lord Gerold. Toutefois, j'espère que ce n'est pas ma présence qui cause votre ennui ? » Il ignorait de quoi il en retournait mais trouvait cocasse que l'absence du Grand Argentier fut la cause d'un tel agacement alors que son roi, lui même, n'était présent. De tout évidence, bien que la vie suivait son cours au royaume des montagnes et du val, les chamailleries de seigneurs, elles, étaient toujours d'actualité.

Gerold regardait la broche en bronze qu'il avait retirée de son pourpoint d'une main lasse. Symbole d'un grand pouvoir et d'une incommensurable confiance, l'objet pesait en principe plus qu'en réalité. Entre ses doigts, le bijou paraissait petit, patiné par des années à frotter contre les vêtements d'une multitude de Mains. Une main entre les Mains ! Il ne savait d'où l'épingle qui lui avait été donnée provenait, mais elle paraissait porter sur soi les marques d'un long héritage ; il fallait croire que les ornements s'usaient aussi sûrement que les hommes qui les possédaient. Bien que les rainures et creux avaient noirci, Gerold n'avait jamais songé à le polir, comme certains aimaient à faire briller leur règne d'un renouveau ostentatoire. L'ancien avait le charme de la longévité, ce qui lui semblait être un gage de constance, mais c'était un gage qui pesait parfois lourd sur les épaules et comme ce soir, la Main avait décidé de retirer sa main et de la glisser dans sa poche : après tout, les négociations étaient terminées et il avait l'espoir de pouvoir s'abstraire de ses fonctions, autant que cela était possible.  

Lorsqu'il releva enfin la tête, il crut être le spectateur involontaire du début d'un improbable apocalypse. Dans son dos, à peine avait-il baissé son attention en pensant que le coucher des mariés suffirait à n'engager aucun ravage et préserver des festivités qui s'étaient déroulées sans obstacles notoires jusqu'à maintenant, dans son dos donc, un triptyque improbable s'était formé entre un Nerbosc (@Brynden Nerbosc), un Antaryon (@Vaeron Antaryon) et un Sunderland (@Cersei Lannister). L'éventualité d'une scène à fort teneur dramatique se précisait dangereusement. Il avait l'impression de contempler le bateau de sa tranquillité foncer lentement mais sûrement sur le récif d'un scandale diplomatique. Ce qui le rendit suspicieux ne fut pas tant ces trois homme mis côte à côte, mais plutôt leurs expressions respectives qui témoignaient que si deux d'entre eux jouaient aux échecs, le troisième pigeon était en train d'essayer de renverser l'échiquier. Et allez savoir qui était le pigeon entre un Sunderland, dont une exposition prolongée au sel marin avait rongé une partie des inhibitions, et un Antaryon qui, quoi que bien rangé derrière ses airs de preux chevalier, pouvait bien juste être en train de chercher l'occasion la plus propice pour maximiser les dégâts.  

Gerold sortit de l'ombre où il avait trouvé refuge pour se glisser aux côtés d'un Lord Sunderland dont le verre avait à moitié raté sa bouche, souriant du bout des lèvres d'un sourire qui dissimulaient l'exaspération derrière la politesse : il avait entendu brailler son nom bien avant d'être physiquement là.  

« La Main est là, dit-il en posa justement sa main sur l'épaule du vieux d'une pince qui se voulut éloquente, avant de saluer d'un signe de tête les deux autres protagonistes : Lord Nerbosc, Ser Antaryon. Permettez-moi de vous emprunter Lord Sunderland, une affaire nous unit avec Lord Vanbois. »

De fait, il s'était contenté de trouver la première victime vraisemblable dans son périmètre, et après avoir eu la convenante autorisation de le substituer, Gerold guida la galère qu'était Triston à travers les flots sociétaux.  

« Lord Triston, ne cherchez pas à avoir le même destin qu'un certain Lord Royce, voulez-vous... Lui susurra-t-il à l'oreille d'une voix de velours, avant de reprendre d'un ton vaguement résigné lorsqu'ils atteignirent enfin Roland Vanbois (@Catelyn Grafton), qu'il salua brièvement mais dignement : Lord Vanbois, cela faisait longtemps... On me chante sans cesse que nous avons tous les trois affaires. Affairons-donc. »

Triston lança un regard trouble au Conflanais avant de froncer légèrement les sourcils, se demandant intérieurement ce que cet homme avait bien pu dire à la Main du Roi des Montagnes et du Val. Mais, aussi rapidement qu'elle était venue, sa tension se dissipa et ses épaules s'affaissèrent légèrement, signe de détente. Il tendit son verre vide à une servante qui passait près d'eux et se resservit, choisissant le verre le plus rempli sur le plateau qu'elle lui tendait avant de la chasser d'un geste empressé. Il soupira: "Nullement Lord Brynden, au contraire." Sa voix, bien qu'un peu pâteuse du fait de sa trop grande consommation de vin, avait perdu toute animosité. Du moins envers le Suzerain du Conflans. "Je salue votre démarche de vous être déplacé jusqu'ici. C'est un geste bien noble de votre part et qui montre qu'avec un homme comme vous à la tête du Conflans, peut-être y-a-t-il quelque espoir pour que notre nouveau royaume noue de bonnes relations avec ses voisins les plus directs."

Il n'alla toutefois pas jusqu'au bout de sa pensée et cela, pas en raison de la présence de Brynden mais plutôt de celle de Vaeron, sur lequel il posa un regard furtif. Lentement, il leva son verre à ses lèvres mais son verre manqua sa cible et déversa une partie de son contenu sur sa barbe et le velours soyeux de sa lourde tunique. Il n'eut pas même à se retourner pour maugréer après cette intrusion intempestive car il reconnut la voix du fautif et tout son corps se raidit, plus encore lorsque le Grafton posa une main autoritaire sur son épaule, comme le ferait un ami venu rappeler à l'ordre celui qui avait trop bu et qui devait se retirer avant de créer un esclandre. Cette rancoeur qu'il avait en lui depuis bien trop longtemps s'était transformée en une colère dangereuse, qui n'attendait qu'une toute petite étincelle pour exploser, tel le Feu Grégeois.

Triston eut un signe de tête discret mais poli envers ses interlocuteurs et suivit la Main à travers la foule. "Me menaceriez-vous Lord Main?" rétorqua-t-il sur le même ton qu'avait employé Gerold. Il aurait eu tant encore à lui dire mais il fut interrompu dans sa lancée car ils avaient croisé la route de Lord Roland Vanbois. Triston le salua brièvement mais hocha la tête aux paroles du Grafton. "Il est plus que temps en effet. Voilà cinq ans que j'attends. Depuis l'attaque de MA flotte sur l'île de la sorcière. Vous en souvenez-vous ou dois-je vous rafraîchir la mémoire, Lord Grafton?"

@Brynden Nerbosc @Vaeron Antaryon @Gerold Grafton @Catelyn Grafton ♛ Dialogues: Gras ♛ Pensées: Italiques