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(même les petits)
Love is a downfall (Alana)
the sea dragon
Theon & Alana Greyjoy
On aurait pu croire qu'un château sur la mer ressemblait à tous les autres château côtiers mais ce château là, Theon y avait un attachement particulier. L'eau grise et menaçante n'avait rien de commun avec les mers calmes et turquoise bordant les contrées de l'été, et l'architecture menaçante en pierre noire paraissait bien moins accueillante que les palais ouverts bordés de végétation, emplis de rire, d'odeur d'épice et de couleur. Pour n'importe qui d'autre, Pyk n'aurait pas été une destination voulue mais pour le Greyjoy, c'était sa maison. S'il avait aimé Volantis, Jinqi ou Tête de Lézard, et aussi cosmopolites ces ports eut-ils été, cela restait un ailleurs, un lieu qui n'était sien. Pour quelqu'un comme Theon qui avait peiné à trouver sa place et son identité, Pyk était tout ce à quoi il pouvait se raccrocher. Tout ce qu'il avait depuis son retour de Winterfell, tout ces efforts et ces sacrifices, il voulait croire que ce n'était pas vain, qu'il y avait un but à tout cela. Malgré tout, la familiarité de Pyk s'effaçait légèrement face aux années qui s'étaient encore écoulé loin de lui : tout comme il avait changé durant ce voyage, le château avait changé. Les marques humiliantes du siège de Pyk, les marques de la mort de ses frères, disparaissaient dans les vastes travaux qui avaient allégé les poches des Greyjoy mais redonné à leur demeure un coup de jeunes. Dès son arrivée, sa mère avait eut à coeur de lui montrer les chantiers qu'elle avait dirigé avec l'autorisation de son époux et il n'avait pu retenir son sourire à la vue de cette reine qui, semblable à ce château, était marqué d'une histoire tragique. C'était un peu comme si, à travers les ravalements de façade, la consolidation des murs et l'élaboration des fresques, elle se réparait elle même. Jamais Alannys Greyjoy ne pourrait oublier, mais elle pouvait avancer et cette nouvelle volonté, Theon ne pouvait qu'en remercier le Noyé.
La reine entreprit de lui montrer les quartiers de la Capitainerie, des appartements conçus pour accueillir les membres du conseil restreint lors de leur visite. Jouant avec la tresse grise où se détachaient quelques cheveux encore noirs, elle lui raconta, une chaleur nouvelle dans la voix, que cela n'arrangerait sans doute pas les affaires de Lord Botley avant de pester sur ce dernier qui n'avait pas su convaincre son fils de tenter sa chance avec Asha et se voyait désormais marié à une autre. Par moment, l'esprit d'Alannys perdait pied confondant fantasme et réalité mais THeon suspectait que tout à son amour pour son unique fille, elle était trop chagrinée pour entièrement accepter son mode de vie. Ils avaient alors emprunté la passerelle, changeant de Donjon pour retrouver le confort de la tour réservée à la famille et à la maisonnée et il venait de fermer la lourde porte de bois lorsque Alannys hoqueta de joie. Theon se retourna pour voir les jambes de la reine occupées de deux bambins d'à peine cinq ans dont la tignasse brune rappelait sa propre chevelure. Joran et Lenyssa n'avaient que quelques semaines lorsqu'il avait quitté Pyk pour Essos et pour eux, Theon était un étranger. Cette pensée le chagrina d'autant qu'ils étaient ceux qui, de son mariage avec Alana, lui ressemblaient le plus. Contrairement à Halena qui était le portrait de sa mère et à leurs frères qui conservaient des traces de leur héritage Forgefer, les jumeaux avaient les yeux aussi sombres que le reste de la maison Greyjoy. Tandis Joran les posait sur son père, Theon fut frappé par la ressemblance entre son fils et son demi-frère. Veron possédait les mêmes traits et seuls les pupilles vert pâle, et les quelques lunes d'écart, du Pyke venaient le distinguait du petit Greyjoy. Il en conçu un certain malaise. Eux aussi, auraient pu être jumeaux.
Toutefois, le prince fronça les sourcils face au regard de son plus jeune fils, si sa soeur restait dans les jupes de la reine en lui adressant un regard timide, Joran brulait de quelque chose d'indéfinissable et il se sentait comme un intru dans sa propre maison. Parfois, les r'jetons, faut les cogner un bon coup pour leur rapp'ler d'filer droit avait dit Dagmer sur le chemin du retour tandis que Theon s'inquiétait de ces enfants qui étaient siens mais qui le connaissaient à peine. Il n'arrivait cependant pas à s'y résoudre. Etrangement, malgré toutes les tares de son propre géniteur, Balon ne l'avait jamais frappé. Ou du moins, pas gratuitement et sans raison. Il ne se voyait pas en faire de même avec ses enfants, d'autant que l'idée de la violence pour la violence lui rappelait plus l'ombre de ses frères aînés et de la crainte qu'ils lui inspiraient. L'arrivée de Loren arracha le prince à la vision de son plus jeune fils. Âgé de six ans, il n'était qu'un bambin encore accroché aux bras de sa mère lorsque Theon était parti et pourtant, c'était celui qui manifestait le plus d'intérêt à son endroit. C'était sans doute parce que, s'il en croyait ce qui se disait, Loren passait le plus clair de son temps avec sa grand-mère, laquelle aimait toujours son fils aussi inconditionnellement que ses "bêtises" ne l'en affectait guère. Alana étant accaparée par les jumeaux, et l'éducation d'Halena, Qhored ayant rejoint le Vent Noir, c'était naturellement vers Alannys que Loren se tournait, sans doute trop effrayé par son grand-père pour se risquer à se glisser à ses côtés. Il se souvenait de la naissance de Loren, et contrairement aux deux aînés, c'était Theon qui avait choisit le prénom de son fils. Loren Greyjoy, à l'image du Grand Roi des Iles de Fer, le premier Greyjoy historique que mestre Luwin lui eut fait étudié.
Quelques instants plus tard, parut Alana. Elle était toujours magnifique avec son visage de porcelaine, ses longs cheveux blonds ondulés et son port hautain. Ses grossesses avaient élargies la taille fine qui surplombait ses hanches, mais elle n'en demeurait pas moins désirable. Depuis son retour, il naissait une certaine tension dès lors qu'ils se trouvaient dans la même pièce et, constamment entourés, ils n'avaient réellement eut l'occasion de parler. La nuit, Theon fuyait les appartements princiers pour que les enfants ne soient pas témoins des choses que leurs parents avaient à se dire et en journée, lorsqu'il n'étaient pas en compagnie de quelques membres de son équipages, ou de sa famille, c'était elle qui comptait désormais trois dames à ses côtés. Ragna Forgefer, Solveig Harloi et Alyssa Wynch se trouvaient constamment autour d'elle comme si elles pouvaient protéger, de leurs jupes, le coeur meurtri de leur maitresse. Et pourtant, ce jour là, Alana était seule. Alannys du comprendre que l'occasion était trop belle et il l'entendit vaguement promettre aux enfants quelques biscuits dans les cuisines tandis que, trainant ses robes derrière elle, elle s'esquivait vers une porte plus discrète. « Tu es difficile à approcher, ma dame. » fit-il remarqué après un long silence où, la fixant, il avait attendu de voir si elle voulait lancer les hostilités elle même. « Est-ce la malchance ou es-tu toujours en colère ? » Il comprenait que, quatre ans plus tôt, elle ait été furieuse, enragée mais le temps été passée, Volka était morte, il était peut être temps de passer à autre chose. Pour la femme si ambitieuse qu'elle était, cette conseillère parfois froide et calculatrice, son comportement une semaine plus tôt à la fête l'avait surprit. On aurait dit une adolescente en pleine crise et il n'avait pas le temps pour penser aux états d'âme d'une Alana jouait les capricieuses rancunières. Si son voyage lui avait apprit une chose, c'était que la vie était trop courte pour s'inquiéter constamment des autres : si Alana voulait demeurer ainsi drapée dans sa dignité bafouée, tel était son choix, mais cela sonnerait sans doute la fin de leur mariage.
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Couverte par le bruit de la mer s'écrasant des mètres sous leurs pieds la voix d'Alana se perdit dans les couloirs de l'antique forteresse des Greyjoy. Un sourire aux lèvres, qu'elle ne réservait qu'à ses dames de compagnies lorsqu'aucune paire d'yeux indiscrète n'étaient à portée, elle congédia ses dames. La princesse voulait être avec ses enfants. Plus particulièrement avec Joran et Lenyssa. Le retour de ce père, presque inconnu, n'était pas quelque chose de facile pour eux. Tout le moins c'est ce dont elle s'était persuadée depuis le retour de Theon. Si Halena et son futur occupaient une grande partie de son temps, et de son esprit, la née Volmark gardait toujours un œil sur les trois enfants qui restaient encore à ses côtés. Attentive aux moindres écarts, signes, pour leur bien-être. Par-dessus tout elle voulait les préserver des mots qu'elle finirait par échanger avec leur père. Depuis le retour de Theon ils n'avaient l'occasion parler. Dans cettedanse étrange qu'ils partageaient aucun moment ne semblait propice à l'échange pour le couple princier. Il fallait dire qu'Alana n'avait pas vraiment fait d'effort pour provoquer le contraire, et leur appartement souvent déserté par Theon lui prouvait qu'elle n'était pas la seule.
Pénétrant dans une salle de la tour réservée à la famille royale, elle se figea dans un léger froissement de sa robe grise. Ses yeux, comme aspirés, par la présence de Theon ne pouvaient s'en détacher. Malgré toute la colère qui avait pu la ronger, et les années elle était incapable de le voir autrement que comme celui qu'avait choisi le Dieu-Noyé pour elle. Il avait changé, la poussant à se demander parfois si elle le comprenait encore, et pourtant il était le même. Silencieuse elle détailla ce visage dont elle connaissait parfaitement les traits. A le voir plus personne ne pouvait nier qu'il était un véritable fer-né. Ramenée à la réalité par la petite troupe de kraken qui quittaient les yeux, elle offrit un sourire à sa belle-mère et aux enfants. Alannys créait donc ce moment propice qu'ils n'avaient pas véritablement cherché.
« Tu es difficile à approcher, ma dame. » Comme un réflexe elle offrit à Theon un regard dur. Voulait-il vraiment jouer à ce jeu ? Avait-il seulement cherché à vraiment l'approcher ? Serte elle n'avait pas été des plus accueillantes, mais le prince aurait pu l'approcher de bien des façons. « Est-ce la malchance ou es-tu toujours en colère ? » Des mots qui la coupèrent alors qu'elle s'apprêtait à répondre. Une réponse qu'elle n'aurait pas manquéede regretter elle en était certaine. « Tu t'es montré tout aussi difficile à approcher mon prince. » Si une expression neutre ornait le visage de porcelaine de la princesse, un sourire se dessine alors que la phrase s'achevait. « Nulle malchance là-dedans. Leviathan et Kraken sont des créatures difficiles à approcher. Alors disons que les torts sont partagés. » Un fait présenté comme une affirmation à laquelle le ton de la princesse ne semblait attendre aucune réponse.
Accompagnée du froissement du tissu de sa robe elle s'approcha doucement de son époux, pour ne s'arrêter qu'à un mètre de distance. Les yeux toujours plantés dans ceux de Theon, ne rompant à aucun moment le contact. « En colère ? Oui, mais certainement par pour les raisons que tu crois. » Dans un geste qui trahissait toute la tendresse qu'elle avait encore pour lui Alana attrapa la main de son prince. « En colère contre moi d'avoir laissé ma fierté prendre le dessus à ton retour. Ce n'était digne ni de toi, ni de celle que je m'efforce d'être depuis notre mariage. » Fixant toujours Theon elle laissa le majeur courir le long d'une des lignes de la main de ce dernier. Il avait les mains d'un véritable prince fer-né. « En colère contre toi aussi. Bien des lunes sont passées depuis ton départ. Je ne sais si le Dieu-Noyé m'a accordé la force du pardon, ce qui est certain c'est qu'il m'a aidé à accepter. » Le sourire et la douceur s'étaient maintenant changés à une étrange froideur. « J'ai tiré un trait sur tes écarts avec cette … » Elle s’arrêta, rompant pour la première fois le contact avec le regard de son époux. Malgré tout ce qu’elle avait pu penser de la Maisonpierre il lui était impossible de le blesser en utilisant les mêmes mots, tout comme elle se refusait à parler ainsi d’une défunte. « … navigatrice. Tant que ces écarts et leurs conséquences restent loin de nous et des enfants tu n’as rien à craindre. Je saurais garder ces fêlures par devers moi. »
D’un mouvement elle se retourna et s’écarta de Theon. Seulement accompagné par le bruit des talons sur le sol de pierre, elle alla s’installer dans un fauteuil. Ses perles de nouveaux posées sur son époux, elle l’invita d’un geste de la main à s’asseoir face à elle. « Une discussion inconfortable nous attend, inutile de nous voiler la face. Alors tâchons au moins d’être bien installé pour l’avoir, veux-tu ? »
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Theon & @Alana Greyjoy
Il se souvenait de la première fois où il avait vu Alana, de son manque évident d'intérêt pour ce mariage tandis que sa mère lui répétait que c'était indispensable pour qu'il puisse prétendre à retrouver ce qui était sien. Il l'avait trouvé jolie. Bien plus jolie que la majorité des femmes de l'archipel dont la peau était malmenée par le vent, le froid, le mauvais temps et l'iode des embruns marins. A côté de toutes ces dames, Alana apparaissait presque comme une continentale, quoi qu'elle eut fait montre de bien plus d'élégance que la plupart des filles nobles du Nord qu'il avait eut l'occasion de connaitre. En l'état de leurs relations, à son départ, il se serait attendu à ce que sa vision, sans le laisser de marbre pour autant, ne lui provoque pas l'étrange sensation qu'il ressentait mais c'était un fait : Alana était toujours une très belle femme malgré les années, et bien qu'elle demeurerait toujours sa femme-roc et la mère de ses enfants, il ne pouvait nier l'importance qu'elle avait eut dans ses premières années sur les Iles. « Tu as la rancune tenace à ce que je vois ... » constata-t-il tandis qu'il ne pouvait que remarquer qu'à ses mots, elle lui renvoyait sa propre indisponibilité. Il avait eut beau l'avoir surnommé sa méduse pendant bien des années, Alana était bien plus qu'une piquante petite princesse et Theon lui même savait qu'il devait se méfier de sa femme autant que du reste des Iles car après tout, elle portait peut être le nom de Greyjoy, mais elle n'en demeurait pas moins une Volmark. Ironiquement, il avait toujours trouvé que le léviathan était une créature ambitieuse comme blason : bien qu'il s'entendait avec Maron, il ne lui trouvait pas l'air redoutable d'une créature marine presque légendaire. Alana en revanche ... Lorsqu'on savait que les léviathans de la Mer Grelotte pouvaient se battre avec des krakens, il trouvait l'image trop proche de sa réalité pour ne pas y voir une représentation de sa propre situation. Seuls les dragons des mers dominaient ces deux espèces qui, pourtant, terrifiaient les marins les plus aguerris. La Mer Grelotte, songea Theon, cela lui allait bien, bien qu'il n'en aurait rien dit : la voie de l'apaisement ne passerait certainement pas par quelques taquineries sur leurs blasons respectifs. En effet, la comparer à une énorme baleine serpentine des profondeurs n'était peut être pas le meilleur moyen de retrouver le chemin de son lit, au demeurant. « Être aussi glaciale après 5 ans ... M'enfin, j'l'ai sans doute mérité, j'imagine. » commenta-t-il avec un haussement d'épaule. Ce n'était pas qu'il avait des regrets, il ne pouvait se permettre d'en avoir, pas alors que Volka était morte, pas avec tout ce que Aeron et Roryn lui rabâchaient sur ce qu'était, ou n'était pas, un fer-né. Toutefois, faire de la peine à Alana n'avait jamais été dans ses projets : il n'avait jamais eut l'intention de rendre cette liaison publique et, au contraire, avait espéré que cela se tasse sans qu'elle n'en sache jamais rien. Et cela avait finit par passer mais il n'avait pas su préserver Alana de son écart : ils avaient à peine quitté Dorne pour Lys que Volka retrouvait sa propre cabine tandis que Theon cessait de fréquenter sa couche. Roryn avait bien tenté de lui ôter ce poids de ses paroles mielleuse, rappelant combien un fer-né n'avait de fidélité qu'envers lui même et son équipages, arguant que Balon lui même n'avait rien d'un Eddard Stark et que la monogamie était un concept de fermier et de pleutre. Mais pour Theon, plus que l'éventuelle culpabilité de son aventure, c'était la peine qu'il avait immanquablement fait à celle qui avait été son plus grand soutient qui était le plus difficile à supporter. Fut-ce la mort de Volka, ou la reviviscence de la tristesse d'Alana, le voyage vers l'Est n'avait rien eut d'aussi scabreux que l'on eut pu le croire. Il avait fallut Asshaï pour qu'il daigne s'intéresser de nouveau aux courbes féminines mais aussi plaisant que furent les rencontres qu'il avait pu faire sur le chemin du retour, une part de lui demeurait profondément marquée, incapable de l'insouciance d'autrefois.
Alors il l'écouta. Il écouta le récit des presque cinq années de colère et de rancune sans un mot. C'était bien le minimum qu'il lui devait, après tout, car cette discussion qu'ils n'avaient pas pu avoir par le passé ne pourrait se voir repoussée plus longtemps. Elle demeurait son épouse, elle serait sa future reine : ils ne pouvaient pas rester dans cet entre-deux d'indifférence forcée et d'évitement mutuel, il ne pouvait pas l'avoir à son bras sans savoir quelles seraient ses réactions. Sinon, autant la renvoyer à Volmark, autant repartir vers l'Est, autant continuer à fuir comme il l'avait fait si souvent ces dernières décennies. Ce fut à ce moment qu'il la vit. La fêlure dans son masque de porcelaine, la blessure qui n'avait toujours pas guérie de ce qu'il lui avait fait. On aurait pu penser que dans leurs contrées où le mariage-sel était considéré comme un mariage légitime et un signe de pouvoir, de prestige et de virilité, elle n'aurait eut aucun problème avec l'idée d'une aventure ou la naissance d'un bâtard ... Mais il n'avait jamais été un fer-né comme les autres et tout comme il ne lui serait jamais venu à l'idée d'épouser Volka sous le cérémoniel d'un mariage-sel, elle ne l'avait sans doute pas imaginé aussi volage qu'il l'était en réalité. Car s'il n'avait jamais eut de maitresse avant Volka, il n'avait pas été, pour autant, dépourvu de conquêtes. Au contraire, Theon avait toujours été ainsi : léger, inconséquent, généralement peu délicat avec les demoiselles nordiennes qui partageait son lit. Il jouait de son rôle de fer-né conquérant et prédateur, de son statut de dernier fils vivant de Balon Greyjoy, pour justifier sa conduite des plus lamentables et son caractère irrévérencieux et insatiable. Mais il avait mis de côté cette facette d'amant goujat et égoïste de côté lorsqu'il s'était marié à Alana: en lui, résonnait encore les paroles d'Eddard, l'importance de bien traiter sa dame, quoi que le dit Stark n'avait pas manqué de lui faire, lui aussi, un bâtard dans le dos. C'était justement à Jon qu'il avait pensé lors de son retour, et de ce bref arrêt à Dorne. A Jon et à Lady Catelyn, à cette vie difficile et triste que menait le Snow tandis que même lui, l'otage Greyjoy, avait au moins la chance d'être traité par la née Tully à la hauteur de son rang. « Tu ne le verras pas. » finit-il par dire tandis qu'il s'installait dans le fauteuil désigné. Il ne saurait souffrir la solitude que Jon avait connu ou l'humiliation que Lady Catelyn vivait à chaque fois que son regard se posait sur la preuve évidente du déshonneur de son mari. Quel honneur y avait-il à lui agiter Jon ainsi sous le nez, s'étaient-ils demandé avec le concerné lorsqu'ils avaient un jour assez bu pour aborder ce sujet délicat. Sans doute aucun. Sans doute Jon aurait-il été plus heureux dans un orphelinat ou dans la simplicité d'une vie de roturier, loin du poids du sang partiellement noble qui était sien ... Etait-ce de l'égoïsme ou de la stupidité, une promesse faite sans en mesurer les conséquences ? Il demeurait que Jon avait été ramené à Winterfell et que sa présence faisait autant son malheur que celui de l'épouse de son géniteur. « Je risque d'avoir quelques problèmes avec les Maisonpierre mais je me suis assuré qu'il ne serait pas là pour nos ... Retrouvailles. » ajouta-t-il. Finalement, il avait eut le nez fin en laissant Veron à Spectremont, de même qu'il doutait qu'elle fut très heureuse d'apprendre que, s'il n'avait pas épouser Volka, il avait malgré tout contracté un mariage-sel. L'aborder maintenant n'était sans doute pas le meilleur moyen de la rassurer sur le sujet de sa bonne foi et de son désir de réconciliation, mais il savait qu'il faudrait aborder la chose à un moment : ne serait-ce que par respect, ne serait-ce que parce que l'un de ses accompagnateurs risquaient de vendre la mèche en premier. « Il est à Dorne et c'est un Pyke. Il ne sera jamais une menace pour Qhored ou ... » Il eut un soupire. Il n'avait pas prévu de faire venir Veron sur les Iles : sa vie auprès des Toland serait sans doute bien meilleure que s'il n'était qu'un parmi tant d'autre au milieu d'un archipel hostile. Le souvenir de son retour après près de dix ans d'absence le hantait toujours, qu'en serait-il de cet enfant qui n'avait jamais rien connu d'autre que la chaleur de la mer d'été et la douceur de l'exotisme de l'orient ? Mais il n'avait pas encore statué sur ses propres visites à l'enfant. Découvrir que Loren se souvenait à peine de lui l'avait heurté mais son jeune âge expliquait cela, mais Qhored ... Son indifférence était un coup de poignard dans la fierté paternelle. « Je n'ai pas prévu d'en faire un Greyjoy. » acheva-t-il. Il comptait sur Gormond Bonfrère pour cela, espérant que ce qu'il ne pourrait lui enseigner, le blond serait à même de lui transmettre à sa place.
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A la simple présence de Theon deux puissances contrèrent livraient bataille au plus profond de la princesse. Une chaleur intense, manifestation de son désir de récupérer ce qu'ils avaient pu avoir. Ce feu, jadis si puissant, peinait à reprendre la splendeur de leurs jeunes années. Muselé par le froid qui s'était emparé d'elle dès l'instant qu'elle s'était trouvée écartée, remisée à la place d'une épouse face à ce que son prince avait cru être le comportement d'un fer-né. Plus que la trahison, qui avait écartelé son cœur ce jour dans la cabine du navire de Theon, c'était la déception qui lui faisait le plus mal. Jamais elle n'aurait cru être un jour face à pareil sentiment. Celui pour qui elle avait tout fait, aux côtés de qui elle s'était toujours tenue et dressée, avait agi comme un enfant. Pensait-elle vraiment que le jour où il fréquenterait quelqu'un d'autre sous des draps n'arriveraient jamais ? Non. Alana n'avait pas manqué de faire comprendre à Theon qu'elle ne supporterait pas l'humiliation, pire encore qu'elle n'acceptât pas d'être partagée, mais la fer-née connaissait aussi la réalité de ses îles. De ces bouts de terre balayaient par le vent et la pluie. Le Dieu-Noyé avait béni leur union de plusieurs enfants et son corps ne pourrait plus en supporter davantage. Elle connaissait parfaitement l'appétit de son époux, ayant souvent eu le plaisir de goûter aux manifestations de toute la vigueur qui l'habitait. Alors elle avait ravalé sa fierté, se pliant de nouveau pour accepter ce qui permettrait à leur couple d'avancer dans une direction commune … Après tout qu'était une étreinte charnelle face aux sentiments qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre ? Mais voilà il avait agi seul, lui imposant son choix. Elle qui avait espéré pouvoir échanger avec lui, trouver une solution, s'était retrouvée face aux cachotteries d'un prince uniquement guidé par ses pulsions et l'image qu'il se faisait d'un fer-né. Peut-être n'était ce pas la vérité, une maigre part de son l'être l'espérait, mais c'était bien la réalité des sentiments qui l'habitaient depuis ce jour. « T'attendais-tu réellement aux chaudes retrouvailles des premières lunes de notre mariage ? »Elle oui, elle aurait aimé. Cela aurait signifié que toute cette histoire n'était qu'un mauvais rêve, ou bien loin derrière eux. La réalité était tout autre et ils devaient faire avec. Glissant sur lui un regard, ses pupilles trahirent un instant toute la mélancolie et le combat qui se déroulait dans son âme.
Face à lui Alan profita de l'ampleur de ses manches pour dissimuler sa main gauche. Signe de l'inconfort, dont elle n'arrivait à se défaire, ses doigts jouaient nerveusement avec l'étoffe précieuse. « J'aurais aimé qu'il en soit autrement … » Les mots cependant ne quittèrent jamais son esprit. En elle l'amour pour Theon n'arrivait à se départir d'un fait, cet enfant n'avait rien demandé et il était son fils. Une partie, de cet homme qu'elle aimait, serait toujours en lui. Dans d'autres circonstances les choses auraient pu être différentes. A ses yeux l'enfant n'aurait été qu'un bâtard, une plaie vive pour son âme. Mais pour Theon elle aurait pu supporter sa présence. Tout le moins elle aurait aimé s'en persuader. De nouveau elle lui en voulait. N'avait-il réellement pas compris que pour lui elle était prête à tout ? Quitte à mettre sa fierté de côté. Seulement ils ne sauraient jamais, car il avait décidé seul. « Je te remercie. » Voilà tout ce qu'elle était capable de lui répondre. Un enfant se retrouvait loin de la terre qui devait être la sienne, et elle ne pouvait que le remercier de ne pas la faire souffrir d'une humiliation supplémentaire. Balayant les problèmes que rencontrerait Theon avec la maison de sa navigatrice la princesse planta son regard dans celui de son époux. « Tu sauras faire face. Il s'il le faut je me tiendrais à tes côtés. Comme je l'ai toujours fait. » Des mots qui lui lacéraient la bouche. L'enfant qu'elle fût eue préféré le laisser dans la tourmente des flots qu'il avait provoqué. L'épouse qu'elle était à présent en était bien incapable.« Je pensais que je n'avais plus à prouver t'être toute acquise. J'avais tort. »Pour la première fois la blessure qu'il lui avait infligée faisait surface sous formes de mots. « Quoi que tu dises il sera toujours une menace pour Qhored et nos enfants. A Dorne ou ailleurs, il est ton fils. » Pensait-il vraiment que le bâtard d'un prince, amené un jour à monter sur le trône, ne présentait aucun danger pour ses enfants légitimes ? N'avait-il pas étudié l'histoire des abjectes dragons du continent ? N'avait-il jamais regardé le monde dans lequel ils vivaient autrement que par les prismes de ses regrets et envies ? Alana refusait de le croire, bien que les paroles prononcées l'inclinassent à douter. « Si ce n'est pas le cas aujourd'hui, il sera un Greyjoy un jour … pour quelqu'un. » Que se passerait-il si l'enfant illégitime du dernier fils de Balon revenait sur les Iles de son père à dos de dragon ? Ou a la tête d'un navire ? Il n'était aujourd'hui qu'un bébé abandonné sous le soleil de Dorne, mais Alana craignait qu'il soit un jour le fléau de leurs enfants. « Tu n'avais certainement pas prévu bien des choses Theon, et je ne comprends pas ce qui a pu te pousser sur cette voie. Aujourd'hui il nous faut faire avec les conséquences de tes actes. Aussi égoïstes et enfantins soient-ils. » Le fond de sa pensée sortait enfin, après cinq années passées comme un cancer qui la rongeait petit à petit.
«J'aimerais que tu aies compris dans ta fuite … » Pouvait-elle parler de ce voyage autrement ? Il avait fui la réalité qu'il avait créée sur les îles. Il avait fui à la recherche d'un destin glorieux, sans elle.« Pour la deuxième fois depuis notre union tu m'as imposé TES choix. » L'inflexion de sa voix était pleine de rancœur et douleur. « Idiote j'ai cru que nous ne faisions qu'un, comme nous l'avons si souvent été. » Son regard s'embruma alors qu'elle luttait contre son envie de hurler. « Ce que tu as toujours considéré comme une faiblesse dans ton passé, je pensais que tu avais réalisé que c'était ta force. » Theon était un fer-né d'un autre genre. Alana le voyait comme unissant le meilleur des deux mondes qu'il avait fréquentés. Pour elle il n'était pas un demi-loup, ou un fer-né incomplet, mais celui grâce à qui leur peuple pourrait voguer vers une nouvelle ère. Tout à la fois moderne et respectueuse de leurs traditions. Celui qui saurait montrer aux continents que les Iles de Fer n'abritaient pas d'un ramassis de brutes et de sauvages. « N'être que femme, simple épouse de Prince, vouée à servir je l'ai toujours accepté. J'en suis fière et je n'ai d'autres ambitions que toi Theon. Mais pas comme ça. Jamais. »
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