At last - ft. Daenerys

Les tournois étaient épuisants et les banquets qui suivaient encore plus. La reine-mère mettrait sans doute plusieurs à s’en remettre, comme à son habitude. Assise à son bureau, ayant ordonné qu’on la laisse seule, Alyria écrivait. C’était un de ses nombreux passetemps. L’écriture. Rien de bien prodigieux, juste quelques lignes par jour dans un de ses nombreux carnets. Depuis enfant, elle écrivait dans ces carnets des anecdotes et surtout des rapports d’entretiens. Une règle primordiale demeurait néanmoins : pas de secret. Rien n’était divulgué dans ces pages. Tout était lisible par tout le monde. Si ces carnets venaient à tomber entre de mauvaises mains, elles n’en tireraient pas grand-chose, juste les écrits d’une dame devenue reine. Ils étaient les témoins de sa vie, de son quotidien, de ses joies comme de ses peines. Malheureusement pour elle, Alyria ne pouvait y découvrir la relation qu’elle entretenait avec le garde royal de son fils, ser Harlan. Cela serait bien trop dangereux que d’écrire et verbaliser toute cette histoire avec de l’encre. Elle se concentra alors que son entretien récent avec la jeune Aemma Massey, petite perle de la Couronne comme il en existait tant. Puis, une fois finie, elle rangea le carnet avec tous les autres, gardés précieusement dans une grande malle. Voilà un énième carnet de terminé. Il était donc temps d’en ouvrir un autre. Ces moments étaient toujours l’occasion pour Alyria de replonger dans d’anciens écrits. Elle tomba sur les quelques pages écrites à propos de la princesse Rhaenys la première fois qu’elle la rencontra. Souriante seule, assise en tailleur devant la malle entrouverte, son regard se teinta de nostalgie. Quelques pages plus loin, les mots étaient consacrés au jeune prince Aegon, alors héritier de la Couronne. Plus loin encore, elle retrouva les tous premiers mots écrits à propos du roi Rhaegar, loin de se douter à l’époque qu’elle deviendrait sa femme et donc reine.

Lui vient alors une réflexion à laquelle elle ne s’attendait pas. Elle n’avait jamais rien écrit sur la princesse Daenerys. Elle avait des paragraphes longs comme des textes de lois sur Rhaenys qui avait été et est toujours encore le centre de sa vie, sur Aegon et même sur Viserys, de leur première rencontre aux nombreuses lunes à passer à le maudire. Mais rien sur sa belle-sœur. Les deux femmes ne se connaissent pour ainsi dire pas ou peu. Les occasions étaient rares pour elles de se rencontrer, la princesse ayant passé pas mal d’années à Peyredragon. Bien sûr, Alyria put la rencontrer lors de ses noces avec Brynden Nerbosc ou lors de ses propres noces avec le roi. Mais elles ne s’étaient jamais parlé en tête à tête, n’avaient jamais développé de lien particulier. La reine était une femme sociable qui allait vers les gens mais le retrait de la princesse puis la distance géographique ont fait qu’aujourd’hui, Alyria et sa belle-sœur se connaissaient que trop peu. Elle avait eu beau chercher dans ses carnets, la couronnienne n’avait rien trouvé en dehors de quelques rares mots par ci par là, trois fois rien. Daenerys Targaryen était un véritable mystère pour la reine-mère et elle ne savait pas quoi penser d’elle. Il était donc peut-être temps de remédier à cela en l’invitant, en s’entretenant avec elle, en lui parlant, en tentant d’apprendre à mieux la connaitre. Retrouvant dans ses écrits cette volonté de faire pleinement partie de la maison Targaryen, elle avait à cœur de pouvoir s’intégrer à cette famille qui était la sienne désormais. Depuis dix longues années maintenant en tant que reine et reine-mère, elle avait su s’imposer parmi les Targaryen. À la lumière de ces souvenirs retrouvés via ses écrits, elle espérait qu’il n’était pas encore trop tard pour se rapprocher de la princesse.

Parfois, il fallait forcer quelque peu le destin. Alyria quitta ses appartements, traversa les innombrables couloirs du Donjon, demandant de temps à autre si les servantes, les courtisans ou gens du donjon avaient aperçu la princesse Daenerys. C’est en passant par les jardins qu’elle aperçut une chevelure argentée en contre bas. Elle s’y rendit et retrouva alors sa belle-sœur, seule, face à la baie de la Néra qui s’étendait presque à perte de vue. N’osant la déranger dans quelques réflexions que ce soit, la reine-mère s’avança silencieusement jusqu’à son niveau, la saluant dans un murmure presque inaudible.

- Votre Altesse…

Alyria ne savait pas trop dans quoi elle s’embarquait. Si elle n’avait pas d’avis arrêtés sur sa belle-sœur, elle lui avait toujours paru renfermée, distante, froide. C’était là sans doute une fausse impression qu’elle ne demandait qu’à oublier au profit de la vérité. Cette rencontre provoquée portera peut-être ses fruits. La reine-mère l’espère quoiqu’il en soit tandis qu’elle plongea elle-même son regard vers l’horizon infini.

Daenerys se tenait à l'endroit même où Aerys II, son père, scella le sort de la maison des dragons. Le roi fou disait-on, cet homme qui sentit un vent de trahison dans les paroles des nordiens condamna à mort les membres de la famille Stark. Influencée par l'adoration de Viserys, bercée par la grandeur de la dynastie Targaryen, elle pensa naïvement que les loups avaient sans doute mérité leur sort. Il était plus simple pour elle de croire en cela, plutôt que de condamner les actions d'un père qu'elle n'avait pas connue. Mais l'argenté n'était plus une enfant à présent. Elle se tenait là où son père avait ordonné que des hommes soient brûlés vif, sans aucune raison valable. Sa vie aurait-elle été la même s'il avait su déceler la vérité dans sa paranoïa et sa folie ? Aerys avait exigé la tête de l'héritier Baratheon et celle de tous les Starks encore vivant, au lieu d'ouvrir les yeux sur son propre fils. S'il avait confronté Rhaegar pour que Lyanna Stark soit rendu à ses proches, aurait-il quand même perdu la vie ? Westeros aurait pu connaître d'autres guerres, des événements des plus tragiques, mais Daenerys aurait grandi auprès de l'homme qui l'avait engendré. Il lui était facile d'imaginer une tout autre existence, elle aurait été habituée au tumulte du Donjon Rouge, elle aurait sans doute été la sœur-épouse de Viserys pour la pureté du sang Valyrien... En serait-elle plus heureuse pour autant ? Pour la première fois de sa vie, elle pouvait répondre à cette question qu'elle n'avait jamais osé prononcer à voix haute. Non. Cette décision, aussi dramatique soit-elle, avait précipité sa chute. Aerys II avait celé son propre destin et celui de ses proches. Dany se tenait là où tout avait commencé, endroit précis où Rhaella goûtera à la liberté et où sa fille, encore préservé du monde dans la chaire de la reine-mère, ne connaîtra pas son funeste destin. Les deux mains plaqués sur son ventre arrondi, la princesse s'éloigna en chantonnant joyeusement. Elle se sentait enfin libéré du poids qu'elle avait ressenti jusqu'ici, car si la suzeraine du Conflans avait grandi sans cet homme, elle avait connu l'amour incommensurable d'une mère et la protection illimitée d'un frère. Un père fantasmé était probablement mieux qu'un père comme le roi fou. Finalement, Jaime Lannister lui avait fait le plus grand des cadeaux en le passant au fil de son épée, car sans lui, jamais elle n'aurait eu la vie qu'elle menait à cet instant. C'était grâce à lui qu'elle était Daenerys Targaryen, épouse de Brynden Nerbosc, suzeraine d'une vaste contrée.

De cet instant de liberté, la princesse décida de le passer dans la bibliothèque royale, endroit où elle avait passé des heures à s'échapper dans les histoires extraordinaires qu'elle dévorait des heures durant. La pièce circulaire était plus petite que dans son souvenir, les hautes fenêtres plus opaques, mais son havre gardait cette même odeur de vieux livres et de chandelle brûlée. Devant elle, des étagères remplies de livre de forme et de taille différentes formaient des larges allées. Les yeux brillants de nostalgie et d'envie, Daenerys s'engouffra dans ce dédale de connaissance en trépignant d'impatience. Telle une enfant, elle fit glisser ses doigts fins sur les tranches des vieux livres poussiéreux pour s'arrêter sur l'un d'entre-eux. L'ensemble de la couverture était faite de cuire, craquelée, elle appréciait le contact rugueux sous la pulpe de son doigt, c'était comme caresser les écailles de Rhaellon. Elle feuilleta le livre, puis le reposa délicatement. Elle continua ainsi durant quelques instants avant de trouver celui qu'elle cherchait depuis le début. Sa couverture de velours noir était brodée de fil d'or, c'était comme retrouver un vieil ami. Débordante de nostalgie, ses yeux améthystes furent envahit de larmes tant elle était heureuse, mais lorsqu'elle l'ouvrit, elle remarqua avec horreur cinq petites tâches vineuses sur la deuxième page. Elles étaient suffisamment petites pour être ignorées, cela ne gênait même pas la lecture du chapitre, mais son attention restait fixée dessus. Elle passa ses doigts sur l'encre sèchent où il était écrit Alysanne Targaryen, puis sur les tâches violacés, comme pour attester de leur présence et fut frustré de les voir réapparaître lorsqu'elle retira son index. Le refermant avec douceur avec une moue désapprobatrice, elle le cala sous son bras et continua de prendre les livres qu'elle souhaitait emprunter. Ce n'est que lorsqu'elle choisit d'en prendre un sur l'histoire des Nerbosc qu'elle demanda de l'aide à un domestique, ordonnant à ce qu'ils soient tous emmené dans sa chambre. En l'observant quitter la bibliothèque, les bras chargés, elle se demanda si quelqu'un s'apercevrait de la disparition de quelques livres. Une idée qui continua à lui trotter dans la tête alors qu'elle quittait les murs du Donjon Rouge pour rejoindre le jardin.

La Tagaryen demeurait immobile, dans une contemplation muette, à observer la beauté du paysage qui se peignait sous ses yeux. Les deux mains sur la rambarde en pierre, elle se laissait emporter par l’écho lointain des vagues. Son regard améthyste se fixait vers la baie de la Néra, mais ce n'était pas cette vaste étendue d'eau qu'elle observait avec attention, mais l'île qui ne pouvait être vue à autant de distance. Cette maison qu'elle n'avait jamais revue depuis son mariage. L'endroit qui abritait la plupart de ses souvenirs d'enfance, dont ceux partagés avec Rhaella. Daenerys était si focalisée sur cet horizon qu'elle fut étonnée d'entendre une voix émerger du silence.  

- Oh, elle sursauta prise toute entière par la surprise, pardonnez-moi... mes pensées étaient accaparées.

Ses pensées étaient pour cette mère qui s'était éteinte loin de ses bras, elles étaient pour Viserys qui était absent à ce tournoi. Se retrouver dans cet endroit, sans Rhaella, sans son frère lui semblait être presque irréel, comme si tout ceci n'était qu'un simple rêve étrange. Elle se dit qu'à tout instant, elle pouvait se réveiller et courir se cacher sous les draps encore chauds de sa mère et s'endormir de nouveau en étant persuadé que jamais elle ne vivrait une vie sans eux. Parfois, elle ressentait une forme de jalousie en observant son époux avec ses proches. Car contrairement à lui, elle ne pouvait pas inviter son frère simplement pour le plaisir de passer une après-midi avec lui, même évoquer son prénom pouvait être source de conflit ou de haussement de sourcil désagréable. Il devait rester dans ses pensées, même dans cet endroit où ils avaient partagé cette complicité qui n'appartenait qu'à eux.

Retrouver cet endroit lui avait fait comprendre à quel point elle avait grandit, la princesse n'était plus cette fillette effrayée par sa propre voix. Elle était une suzeraine, une dame, une épouse, une mère, un dragon, une femme. Elle était différente. Pourtant, malgré les années, elle ressentait toujours ce manque. Il lui avait été facile d'imaginer sa mère entre ses murs, des fantasmes d'une jeune fille endeuillée, car il était plus facile de la savoir au Donjon Rouge plutôt qu'éparpiller sur les terres de Westeros. Elle constatait aujourd'hui à quel point elle avait été marqué par la perte de cette mère. Une perte qui avait influencé l'ensemble de sa vie. Si pour la famille Nerbosc elle avait rejeter sa première-née à cause de sa ressemblance au Conflannais, il n'en était rien, Daenerys avait maintenu une distance, car créer un lien avec sa fille lui était insupportable. Rhaella était son univers, elle dépendait affectivement de cette mère omniprésente et voir cette petite-fille lui rappelait tout ce qu'elle avait perdue. Sa grossesse avait été une véritable épreuve pour la jeune femme, l'accouchement un supplice qui lui coûta la raison, peut-être cela aurait été différent si sa mère avait été à ses côtés. Son instinct maternel ne s'était pas développé en entendant les premiers cris de ses deux enfants, ni quand elle les prit la première fois dans les bras... À l'image de son deuil, Dany avait eu besoin de temps pour créer un lien avec ses descendants et encore davantage pour s'approcher de cette petite fille qui réclamait l'amour qu'elle n'arrivait pas à lui donner. Aujourd'hui, elle constatait que ce deuil impossible à effectuer avait profondément marqué la relation fragile qui existait entre Betha et elle-même. Le lien était fragile, mais il existait.

- Nous avons eu peu l'occasion d'échanger depuis mon arrivé à Port Réal, comment votre altesse se porte-t-elle ?

La Targaryen prouvait une nouvelle fois qu'elle avait grandi, qu'elle n'était plus l'enfant qui pleurait dans les jupes réconfortantes de Rhaella, mais qu'elle était à présent une femme qui ne fuyait plus ses pairs. Il y a des années de cela, Dany aurait salué sa belle-sœur et aurait cherché n'importe quelle raison pour clôturer cet échange. Au lieu de cela, un large sourire se dessina sur son visage ivoirin et était bien décidé à alimenter cette conversation.

- Votre fils le roi est-il heureux du tournoi consacré en son honneur ?

Malgré la nostalgie, l'étrange sentiment de ne plus appartenir à cet endroit et le manque des deux Targaryen, elle se sentait détendue. Daenerys était heureuse de constater qu'elle ne s'était pas effondrée en reposant le pied à Port Réal, une crainte qu'elle avait ressentie durant tout le voyage. Elle s'était surprise à profiter des festivités, et même à être heureuse de présenter son époux aux rares personnes qu'ils ne connaissaient pas. La jeune femme goûtait enfin au plaisir du bonheur. Un ravissement qui ne durerait sûrement pas dans le temps, mais qui était réellement apprécié. Car enfin, elle pouvait dire qu'elle était une femme comblée.

@Daenerys Targaryen était une énigme à part entière pour la reine-mère. Il s’agit, en effet, du seul membre de la maison Targaryen qu’elle ne connaissait pas. Née au lendemain de la rébellion de Robert Baratheon, elle n’était qu’une enfant lorsqu’Alyria arriva à la cour royale. Plus jeune que sa nièce et son neveu, la princesse demeurait auprès de sa mère, la reine-mère Rhaella. Pour ainsi dire, Alyria ne l’a que peu côtoyé et les deux femmes ne se connaissaient toujours pas malgré les années. Aujourd’hui, en ce début de nouvelle année et pour l’occasion, la mère du roi avait décidé de changer les choses et d’aller à la rencontre de sa belle-sœur. Désormais épouse de lord Brynden, la princesse demeurait à Corneilla, bien loin de la cour royale et il était rare de la voir – et de l’avoir – à Port-Réal. C’était un événement que de la recevoir depuis toutes ces années. Son absence avait été remarquée par la reine-mère lors du couronnement de son fils. Elle ne lui en tenait pas rigueur pour autant. L’après-conquête du Val avait été un temps fort pour tout le royaume, ou devrait-elle penser, tous les royaumes désormais. Viserys avait réussi à conquérir le Val et s’était ainsi proclamé roi des Montagnes et du Val. Dorne avait remporté son indépendance, approuvée par lord Tywin. Voilà que le royaume des Targaryen se morcelait petit à petit. Reviendraient-ils à la configuration précédant la Conquête ? Plusieurs royaumes cohabitant tant bien que mal avec les autres ? Pourquoi pas après tout.

En voyant le ventre arrondi de sa belle-sœur, Alyria se perdit dans ses pensées à son tour. Son désir d’enfants demeurait encore dans son esprit malgré son âge avançant et sa situation secrète. Elle aurait tellement aimé donner à Aerion un petit frère ou une petite sœur. Seulement, le roi était mort et il était inenvisageable pour elle de se remarier, encore moins avec un garde royal. Harlan la comblait secrètement de bonheur et s’il avait émis la possibilité de tout abandonner pour l’épouser, la reine-mère l’en avait dissuadé. Ils avaient convenu ensemble que cela ne serait nullement accepté. Bien sûr, c’était si injuste mais ils devaient s’accommoder ainsi de cette situation, de leur situation. Un sourire vint habiller son visage, tandis qu’elle imaginait déjà l’enfant à naître de sa belle-sœur. Petite tête brune comme son père ou bien blonde comme sa mère. Le sang valyrien demeurait fort encore, en témoigne le physique du jeune Duncan Nerbosc. Elle s’imaginait alors enceinte à nouveau, donnant naissance, pourquoi pas, à une petite fille cette fois, qui ne serait aucunement typée valyrienne mais serait le parfait mélange entre Harlan et Alyria. Celle-ci estompa rapidement la pensée, qui aurait pu finir par lui faire tirer quelques larmes, afin de porter toute son attention sur la princesse qui, surprise, la salua à son tour.

- Ne vous excusez pas, princesse. Il est vrai que je suis arrivée plutôt silencieusement. Je n’ai pas osé vous déranger dans vos pensées dès mon arrivée.

La jeune femme arborait alors un sourire que la reine-mère lui rendit. Alyria en avait entendu des choses sur Daenerys mais voulait faire sa propre opinion et ne prenait sûrement pas en compte ce que les vautours port-réalais racontaient. Depuis l’affaire Margaery, la couronnienne prêtait beaucoup moins attention à ce qui se disait çà et là. Les rumeurs vont bon train et les on-dit ne finissaient plus de refaire l’histoire. Il était d’ailleurs étonnant, mais tant mieux pour eux, que la relation entre Alyria et Harlan n’ait toujours pas été découverte. Les murs de la capitale et du Donjon Rouge ont tous des oreilles mais la reine-mère semblait confiante. Si cela avait dû sortir, tout le monde serait déjà au courant. Même Aegon et Rhaenys ne le savaient pas. C’était une clause qui avait été vu entre les amants. Personne, pas même la famille royale, ne devait avoir connaissance de cela. Jusqu’ici, c’était donc un secret très bien gardé.

- Je vais bien, je vous remercie. Et vous ? La grossesse se passe-t-elle bien ? Je suis, en tout cas, si ravie que vous ayez pu venir pour l’occasion.

Alyria était pleinement heureuse de partager ce moment avec sa belle-sœur. Elle se montrait attentionnée et bienveillante. Elle avait, par ailleurs, fait en sorte que les servantes accueillent la princesse comme il se devait, au vu de son état. À en juger par les rondeurs de son ventre Daenerys devait en être à environ dix lunes de grossesse maximum. L’arrivée de ce bébé – ou de ces bébés – était pour bientôt. Il fallait donc la ménager et bien l’entourer. Nul doute qu’elle aura, Alyria l’espérait, apprécié toutes ces petites attentions.

- Aerion semble ravi du tournoi, oui. Cela l’amuse beaucoup. Je pense qu’il tient ça de son père et qu’il suivra son exemple un jour en concourant dans les futurs tournois dès qu’il sera en âge de le faire.

Cet enfant a tellement grandi si vite. Alyria se souvient encore des moments où elle le portait dans ses bras, où elle le berçait, où elle lui apprenait à faire ses premiers pas. Aerion avait neuf ans désormais et n’était plus un bébé. Il devenait un adorable petit garçon, amené à devenir un beau jeune homme. Il possédait déjà quelques traits physiques mais également de caractère de son père. Elle espérait alors qu’il ne tenait pas totalement du regretté roi, finissant sa vie dans la folie et la paranoïa. C’était là la loterie de la maison Targaryen. Alyria faisait alors tout pour éduquer et instruire son fils comme elle l’entendait. Elle avait choisi son précepteur et avait un regard sur ce qu’il étudiait, quoiqu’en dise le Régent. Elle lui laissait les rênes du pouvoir à condition qu’il lui laisse son fils.