I am not who i was (Azilys)

I am not who i was
Alysanne & @Azilys Serrett

Oh, the queen of peace always does her best to please. Is it any use ? Somebody's gotta lose. Like a long stream I'll bear all this echoing.

Alysanne quitta les gradins, tenant la main d'Ellyna dans la sienne tandis qu'elles se frayaient un chemin à travers la foule quitta l'arène des joutes. La première journée des festivités s'était terminée sur un tableau des plus honorables et plein de promesse pour le lendemain. Quoi que craignant que la violence du spectacle ne heurte l'esprit de sa fille, elle n'avait pu se résoudre à la laisser avec sa cadette ,aux bon soins de la maisonnée. Ellyna voulait voir son père et son cousin jouter et puisqu'il y avait les jeunes princes et princesses, elle s'était trouvé à court d'argument pour refuser sa demande. Si elle avait eut le réflexe de lui cacher les yeux lorsque les affrontements finissaient mal, elle n'avait pu que sourire face aux cris enjoué de sa fille lorsque Bryce remporta ses propres sessions, le ruban de la faveur qu'elle lui avait offert volant sous la brise qui traversait la lice. Comme toutes les petites filles de son âge, Ellyna était en plein dans une phase bavarde et, désormais libérée du silence relatif du public, elle parlait gaiement, se demandant si, si son père gagnait et faisait de sa mère, la reine d'amour et de beauté, cela faisait d'elle une princesse. Malgré son sourire attendri, et une caresse sur ses cheveux noirs, Alysanne ne répondit rien, laissant l'enfant poursuivre son monologue tandis qu'elle guettait la foule autour d'elle cherchant si certains des participants avaient déjà quitter les coulisses ou s'il fallait plus de temps pour libérer les jouteurs des lourdes armures de tournoi qui les protégeaient.

Alors que la foule continuait de se diriger vers l'extérieur, se divisant dans les différentes rues de la ville, la place lui sembla moins bondés et lui permit de reconnaitre quelques visages, plus ou moins familiers. Parmi eux, la Dame de Montargent, amie précieuse de sa nièce. Cela faisait bien des années qu'elle n'avait pas vu Azilys, sans doute pas depuis le temps où elle portait encore le nom de Lefford et demeurait dans l'ombre de Leo. Tout comme Bryce, l'époux de Lady Serrett s'était élancé sur la lice ensablée mais contrairement au seigneur de Serena, Ser Swyft comptait aux tableaux de ceux qui ne revêtirait guère leur armure le lendemain. Pour autant qu'elle fut heureuse des victoires de son époux, Alysanne ne considérait pas les défaites comme humiliantes ou déshonorantes : les joutes étaient une activité des plus dangereuses et il y avait bien trop d'homme, même aujourd'hui, qui saurait le dire. « Lady Azilys » appela-t-elle avec un signe de main avant de revenir sur ses pas pour rejoindre l'ouestienne, tirant Ellyna dans son sillage. « Voilà bien longtemps que je ne vous avais pas vu ! Vous attendez également votre mari ? » lui demanda-t-elle, cherchant subtilement à savoir s'il servait à quelque chose qu'elles demeurent ici.

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@Alysanne Caron  & Azilys

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Bien que la dernière joute venait de se terminer, les deux femmes Serrett ne s'étaient pas levées de suite, main dans la main, elles avaient attendu que la foule se dissipe pour pouvoir se lever à leurs tours. Sa fille lui tenait la main observant les horizons avec calme, mais le paon d'Argent voulait lui éviter d'être bousculé par l'empressement des autres à vouloir vaquer à leurs nouvelles occupations après ce tournoi. Alyzéa savait surpasser sa surdité, ayant même fait preuve d'acharnement pour apprendre à lire et à écrire, mais le seigneur imaginait que cela devait être bien troublant d'évoluer dans un troupeau humain sans pouvoir attendre. Oui, un troupeau, c'était l'image qui lui venait à l'esprit en voyant la foule.

Finalement, toute en avançant dans le calme, Azilys montra deux chemins à sa fille, celui du retour à leurs appartements louer par l'occasion dans la ville ou bien partir à la découverte de ce qu'offrait cet endroit. Un sourire s'afficha sur son visage, tandis qu'elle pouvait reconnaître les signes de la réflexion dans le regard de sa fille aînée. Cet enfant lui rappelait tellement sa sœur qui lui était difficile de ne pas s'attendrir devant ses expressions, devant sa douceur, mais surtout face à l'intensité de son regard qui respirait l'intelligence. 

« Lady Azilys »

S'étonnant d'entendre son nom, elle quitta du regard Alyzéa pour chercher qui pouvait bien venir à l'interpeller. Au premier abord, cette voix lui était familière et pourtant, elle n'arrivait pas à se souvenir à qui elle appartenait. Puis, elle remarqua la présence de la tante de sa soeur de coeur, celle-ci tenait la main d'une petite fille.

- Lady Alysanne

Elle était incapable de se souvenir de leurs dernières entrevues, cela remontait à tellement d'années. Pour dire vrai, la femme devait encore porter le nom de Lefford et non celui-ci de son époux. Rapidement, elle essayait de se souvenir à qui s'était uni Alysanne, se servant des leçons faites à ses enfants sur les maisons de l'Orage, puis cela lui revint en mémoire. Caron ! Était-ce ce même chevalier qui avait tant brillé lors du tournoi d'aujourd'hui ? 

« Voilà bien longtemps que je ne vous avais pas vu ! Vous attendez également votre mari ? »

Attendre son mari ?! La Serrett n'avait pas réalisé que c'était une coutume à l'épouse d'agir ainsi, déjà qu'elle avait assisté au tournoi n'était-ce déjà pas une forme de loyauté ? Humfrey devait se douter qu'elle n'était pas du genre à l'attendre, puis elle savait qu'il ne serait pas forcément d'une humeur sociable en vue de son manque de triomphe lors de ses deux duels.

- Pour dire vrai, ma fille et moi, nous nous demandions surtout si nous aller rentrer dans nos appartements ou bien faire un tour pour découvrir Port-Réal !

La Serrett ne savait pas ce qu'il y avait vraiment des choses à découvrir de la ville, mais il fallait bien occuper son temps. Souriant à la jeune enfant et à l'épouse Caron, elle vint à leur proposer :

- Voulez-vous faire quelques pas avec nous ?

Alyzéa observait les nouvelles arrivantes, devant sûrement se demander ce qu'elles pouvaient bien se dire, mais Azilys était bien moins forte que son fils pour communiquer avec sa jumelle. Mais elle tenta quelques mouvements de mains et bougeant ses doigts comme pour imiter des gens qui marchent et après un haussement d'épaule pour exprimer le questionnement. Sa fille vint à lui sourire et montra une direction aux groupes de femmes, si bien sûr, Alysanne ne devait pas elle-même attendre son époux.

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Alysanne & @Azilys Serrett

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Elle se souvenait des messes basses d'Alyx et de son amie, de l'écriture élégante de la Serrett s'empilant dans les appartements de sa nièce et de l'amitié sincère qui existaient entre elles. Alysanne s'était toujours inquiété que l'entourage d'Alyx ne soit composé d'opportunistes et de flagorneur, de chasseur de titre et d'escroc qui s'en prendrait à sa protégée, mais si cette dernière avait assurément un caractère qui ne s'y prêtait guère, elle avait su rassurer sa tante en s'entourant intelligemment. Quoi qu'Alysanne eut préféré voir Daven loin de sa jeune fille, elle reconnaissait qu'ils formaient un couple qui s'équilibrait et c'était bien la seule raison pour laquelle la née Lefford n'avait pas poursuivis son neveu d'un regard perpétuellement mauvais à chaque coin de couloir. Azilys faisait parti de ces gens là, ceux que l'ainée de la famille approuvait et qui la rassurait sur les proches de sa nièce. « Volontiers, puisque c'est proposé si gentiment. » répondit-elle avec un sourire. Tout comme Alyx, Azilys avait changé au fil des années : si elle conservait son visage de poupée, ses traits s'étaient affinés avec le temps, durcit avec les responsabilités. Dame de Montargent depuis que son frère avait quitté fief et titre pour rejoindre la garde de nuit, elle était à la tête d'une maison riche et prospère, épouse et mère. Il lui semblait pourtant que c'était hier qu'elle la voyait auprès d'Alyx, toute jeune mariée, chuchotant au sujet de son époux et d'elle ne savait plus quelle histoire. Ses yeux la quittèrent pour se poser pour la petite fille à ses côtés. Vu l'âge de l'enfant, il devait s'agir de l'aînée des enfants du couple, une douce âme qui n'entendait rien au monde, si elle en croyait ce que sa nièce lui avait raconté. La dernière fois qu'elle l'avait vu remontait à une visite du couple à La Dent d'Or lorsque la petite et son jumeau n'étaient encore des bambins et Alysanne reconnaissait qu'elle avait été trop occupée à l'époque pour s'attarder sur les enfants Serrett. « Est-ce Alyzéa ? Comme elle a grandit. Oh mais ... Permettez que je vous présente la mienne. » Elle se tourna doucement pour laisser sa fille entrer dans le champ de vision des deux Serrett. Avec ses boucles sombres et ses yeux bleus, la petite Caron ressemblait fortement à ses parents mais si Leo se plaisait à lui dire qu'elle était portrait craché de sa mère au même âge, Alysanne reconnaissait que sa fille avait bien des traits de son père. La ressemblance était encore plus frappante lorsque sa tante, Bethany, était dans les parages. « Ellyna Caron. Ma cadette, Brynna, est encore bien petite pour assister à ce genre de spectacle, je l'ai laissé auprès de sa nourrice. » expliqua-t-elle avec un sourire, caressant les cheveux noirs de sa fille. Brynna ferait sans doute un caprice dès leur retour, jalousant la liberté de sa soeur aînée tandis qu'on la traitait toujours comme un bébé. Alysanne en était fatiguée d'avance. Entre les larmes de Brynna et le caractère compliqué d'Erich, elle se sentait un peu dépassée et ce retour auprès des ouestiens lui rappelait le temps où elle portait encore le nom de Lefford, le temps où Bryce la courtisait et où Erich se jetait dans ses bras en riant. A présent, il n'était que colère et frustration et les mots qu'il avait pour elle étaient aussi durs et douloureux qu'une lame dans son coeur. Elle avait aimé ce garçon comme son propre enfant et se voir rappeler qu'elle n'était pas sa mère avait été éprouvant pour la Caron.

Chassant l'image de son beau-fils, Alysanne commença ses quelques pas avec la Serrett, sa main dans celle d'Ellyna qui, curieuse, lançait des petits regards à Alyzéa sans parvenir à attirer son attention pour autant. « Qu'avez-vous pensé des affrontements du jour, Lady Azilys ? Je ne m'attendais pas à ce qu'il y ait tant de participants. » constata l'orageoise, évitant malgré tout de souligner les deux défaites du chevalier Swyft portant ses couleurs.

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@Alysanne Caron & Azilys Serrett

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Mères et filles, les femmes de l'Ouest à ce moment précis se ressemblaient plus que jamais. Chacune avec l'héritière de leurs traits, chacune auprès d'une de leurs filles qui un jour devront suivre leurs pas et se faire une place de ce monde. Le Paon d'Argent se retrouvait à être une mère protectrice, dans le sens, ou elle avait vu ce qui se passait quand on éloignait des jeunes Paon de Montargent. Son frère aîné avait passé la plupart de sa vie chez les Harlton, ne s'entendant pas avec son père et de par ce fait, il avait été absent de sa vie jusqu'à la mort d'Albéric Serrett. Aliénor avait été envoyée dans le Bief pour épouser un jeune chevalier et était morte la veille de son mariage, d'une maladie et que dire de Lucian qui partit servir un chevalier du Conflans y avait aussi laisser la vie. Azilys n'aimait pas imaginer ses enfants loin de leur fief, surtout pour des questions de politiques, car loin voulait dire qu'elle perdait le contrôle. Pour Albion, la solution avait été facile, mais comment protéger ses autres enfants. C'était cette pensée qui s'imposait à son esprit face à la tante d'Alyx, car elle avait quitté l'Ouest, quitté les siens et elle semblait heureuse, mais le Soleil d'Or pouvait briller même loin de ses terres natales.

« Est-ce Alyzéa ? Comme elle a grandit. Oh mais ... Permettez que je vous présente la mienne. Ellyna Caron. Ma cadette, Brynna, est encore bien petite pour assister à ce genre de spectacle, je l'ai laissé auprès de sa nourrice. »

Il était vrai qu'Alysanne avait deux filles. Alyx lui en avait parlé dans l'un de leurs nombreux échanges par lettre et si, elle se souvenait bien, il n'y avait aucune pression d'obtenir un fils, car Lord Caron en avait un d'une précédente union. Azilys était incapable de se rappeler ce qui était arrivé à la précédente épouse, mais il était courant de voir un homme se remarier, son propre père avait eu trois épouses. Inclinant la tête vers la jeune enfant, elle vint à lui sourire :

- Enchanté de faire votre connaissance Dame Ellyna ! Nous avons préféré emmener que nos aînés, Albion sert mon époux comme écuyer et nos autres enfants sont restés sur nos terres !

Luciana n'avait pour l'instant fait qu'une sortie officielle, lors du mariage de sa tante et en vue de sa personnalité, la petite aurait pu se perdre à Port-réal pour accomplir une de ses diverses aventures. Pour Elyan et Arlan, ils étaient bien trop jeunes et bien mieux à continuer leurs quotidiens aux châteaux. Commençant la balade, elle tenait la main d'Alyzéa qui se perdait dans la contemplation des lieux sans voir que la jeune Caron essayait d'attirer son attention.

« Qu'avez-vous pensé des affrontements du jour, Lady Azilys ? Je ne m'attendais pas à ce qu'il y ait tant de participants. »

S'il y avait un sujet de conversation que la Serrett aurait voulu éviter, c'était lui, mais c'était celui qui revenait le plus et bien normale, vu que c'était ce qui se passait actuellement. Fort heureusement, face à la Caron, elle pouvait être elle-même et ne pas faire semblant de s'intéresser a tel chevalier, puis un autre.

- Je ne dirais pas que je me suis divertie, mais il est intéressant de voir les réactions des spectateurs, face à tel ou tel duel ! Le dernier tournoi à lequel j'avais assisté était celui de Port-Lannis et pour dire vrai, je me souviens davantage de l'expression de fascination d'Aliénor et Lucian que des affrontements en tant que tel !

Les tournois n'étaient pas vraiment pas un loisir attrayant, mais elle pouvait comprendre que certaines personnes aimaient ressentir le risque, la surprise. Pour Azilys, c'était une affaire d'amusement et de danger inutiles, mais pour son époux qui aimait tant lui répéter les valeurs de la chevalerie qu'il voulait inculquer à leurs fils, elle avait faite cet effort.

- Votre époux semble à son aise dans cet exercice. Dame Ellyna, vous devez être fière de votre père ?

Regardant l'enfant, il était agréable de lire sa réaction sur son visage. Échanger ainsi avec sa propre fille lui était impossible, et même si elle avait pu lire de la fierté puis de l'inquiétude dans le regard d'Alyzéa lors du duel. Sa fille n'avait pas pu réellement lui souffler son ressentiment !

- Est-ce facile de s'adapter à une vie dans une région qui n'est pas sienne ?

Le paon d'argent vint à changer totalement de sujet, mais face à la vision de leurs filles lui venaient cette interrogation ! Les deux femmes les plus proches d'elles étaient restées elle-même sur ces terres, il n'y avait que Melleah qui avait été découvrir la vie dans un autre château, mais encore elle était resté dans l'Ouest. Puis, elle se voyait mal interroger sa tante, car bien sûr, que son adaptation sur les Iles de Fer avait été facile, celle-ci est bien trop fière n'irait jamais reconnaître le contraire.

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Alysanne & @Azilys Serrett

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Il y avait une chose qui avait fait la renommée d'Alysanne bien avant qu'elle ne démontre ses talents d'intendante à la Dent d'Or : elle avait une très bonne mémoire. C'était grâce à cela qu'elle s'était faite remarquée et les années n'avaient fait que rendre ce prodigieux talents toujours plus agaçant pour ses proches. De fait, Alysanne se souvenait parfaitement bien du jour où un corbeau était venu annoncer les fiançailles d'Azilys Serrett, récemment désignée héritière de Montargent, avec un obscur chevalier de Champmoisson Un mariage bien en dessous de ce à quoi elle aurait pu prétendre, avait commenté la Lefford ce jour là, mais un mariage qui tenait malgré tout, elle se devait de le reconnaitre. Des nouvelles qui lui parvenaient de l'Ouest, que cela soit par Cersei ou par ses multiples correspondances, la désormais Caron avait apprit que le couple avait donné de nombreux héritiers à Montargent bien que depuis quelques années, il semblaient que la naissance de leur troisième fils eut signé la fin de l'expansion de la famille. Comme nombre de noble qui avaient une certaine proximité avec le couple, quoi que la sienne tienne en l'amitié qu'Alyx entretenait avec la Serrett, Alysanne savait également que la jeune fille qui se trouvait près de la Ouestienne souffrait d'une surdité qui la rendait imperméable à son environnement -vibration mise à part avait ironiquement conté Alyx dans l'une de ses lettres, relatant l'agacement de son amie après la visite d'un guérisseur étrange. Toutefois, aussi sourde que la fillette eut pu être, elle n'en restait pas moins une enfant et elle aurait tout a fait pu se montrer bruyante ou, à défaut, agité. Au lieu de cela, Alyzéa était l'enfant parfaite, douce et calme, se tenant auprès de sa mère tandis que celle ci devisait avec une vielle connaissance. A ses côtés, Ellyna montrait des signes d'impatience : elle était à l'âge où les enfants trouvaient insupportables de demeurer statiques et puisque la jeune fille ne semblait pas lui accorder la moindre attention, elle gigotait sur place comme pour signifier, à travers sa main dans celle de sa mère, qu'elle en avait plus que marre. « Je vous envie, Lady Azilys. J'ignore d'où mes filles tiennent leurs caractères mais nous n'aurions pas fait trois lieues qu'il aurait fallut rentrer à Serena les chercher si nous avions tenter de les y laisser : elles sont si attachées à leur frère. » C'était surtout vrai pour l'aînée. Depuis le premier jour, Ellyna vouait à Erich une admiration sans limite et dès qu'elle avait su ramper, puis marcher, elle s'était mise à le poursuivre dans les couloirs, à le quémander à longueur de temps et à tout faire pour accaparer son attention. En comparaison, Brynna semblait bien solitaire. Elle était sortie de cette période où elle était encore considérée comme un bébé mais elle témoignait d'un tempérament plus calme, plus distant et effacé. A certain moment, son regard ressemblait à celui de sa tante, Beth, dont Alysanne percevait nettement l'influence lorsque les deux familles se réunissait. Si Ellyna avait pris du côté Lefford, quoi qu'elle ne l'avouerait jamais, en se montrant dynamique et quelque fois un peu teigne, Brynna était indubitablement une Caron. «Et puis, je me suis dis que c'était une occasion pour elles de voir leurs cousins. La Dent d'Or, tout comme les Jumeaux, sont bien loin. Toute visite nécessite des lunes de voyages et les obligations de Bryce nous oblige bien souvent à demeurer non loin de Serena.» confia la née Lefford avec un sourire. Il était vrai que les filles étaient plus habituées à côtoyer leurs cousins Selmy que la famille natale d'Alysanne. Pour autant, elle avait été plus qu'heureuse du séjour dans l'Ouest qu'elle avait pu faire il y a quelques années. Convaincre Bryce n'avait pas été difficile mais l'organisation de leur départ avait prit plusieurs semaines pour s'assurer de la gestion du fief en leur absence et être prêt à un voyage d'une telle envergure. Mais face à la grossesse d'Alyx, dont la dernière s'était terminée dramatiquement, elle n'aurait pu supporter d'attendre, anxieuse, des nouvelles de sa nièce. Elle s'était attendu à faire le trajet seule, où du moins avec les enfants, mais à sa grande surprise, Bryce avait déclaré vouloir l'accompagner et c'était non sans fierté, et sans un immense bonheur, qu'Alysanne avait pu montrer à son époux, et à leurs enfants, les terres de son enfance. Un tel voyage était exceptionnel, elle le savait, et elle ne pourrait sans doute jamais se rendre aux Jumeaux, mais les femmes qui partageaient son sang savaient combien elle les aimait et combien leur absence était le seul regret qui l'habitait.

Elle hocha la tête tandis que l'évènement se rappelait à elle, quoi que semblant appartenir à la vie d'une autre. « Le tournoi de Port-Lannis ... Cela ne nous rajeunit pas. » dit-elle avec un rire. A l'approche de la quarantaine, elle avait l'impression d'avoir vécu une infinité d'existence, quoi que cette dernière durait depuis déjà plusieurs années. Elle ne le vivait pas particulièrement mal, mais cela lui semblait étrange de songer que, plus tôt dans sa vie, elle n'avait jamais quitté les frontière de l'Ouest, elle avait failli devenir demoiselle d'atour ou demeurer à jamais à la Dent d'Or. Sa rencontre avec Bryce avait tout changé et cette rencontre, elle ne la devait qu'au tournoi de Lestival. Un évènement où Lady Azilys, tout comme Alyx à cette époque, ne s'était rendue en raison d'une grossesse. Un tournoi où, comme elle le faisait remarquer à l'instant, Bryce avait brillé. A cette époque, il portait les faveurs d'une autre, encore marié à Abigaëlle Rowan, encore inconscient de combien cette semaine changerait sa vie. Elle aussi, à ce moment, croyait que son existence prendrait un tout autre chemin, loin du mariage et des enfants, loin de tout ce qu'elle était aujourd'hui. « Hum ... En effet. Il avait déjà brillé lors des joutes de Lestival, je vais finir par penser qu'il s'agit là d'un talent qu'il m'a bien caché et guère un coup de la chance comme il m'en a parlé la première fois. » dit-elle avec un rire, songeant à leur première rencontre, au charme indéniable de cet homme pourtant déjà tourmenté. Des lunes plus tard, il lui avait avoué combien sa présence lui avait ôté ses préoccupations de l'esprit mais alors qu'elle lui répondait que la santé de Beth était une préoccupation bien plus importante qu'elle ne l'avait été, elle songea aux délices de leurs premiers échanges, à l'excitation de le savoir non loin, aux émotions soudaine que l'imaginer à sa porte, ou simplement voir la lettre à son nom avaient suscité. Cela avait été un coup de foudre avant même qu'elle n'apprenne sa situation, avant même qu'il ne lui témoigne le moindre intérêt. Ses yeux glissèrent sur sa fille, sollicitée, qui s'accrochait à elle avec un mélange de méfiance et de timidité. Il y avait bien du monde à Port-Réal et cela la perturbait, Alysanne s'en était rapidement rendu compte. « Et bien ! Vous voilà fort timide Elly'. » commenta-t-elle avec un sourire avant d'hocher la tête, complice, en direction de la Serrett. Le sourire de l'enfant ne l'avait pas quitté : elle ne s'intéressait qu'aux joutes où son père entrait sur la lice, le ruban jaune, bleu et noir d'Alysanne flottant au vent. Une chance, avait pensé la née Lefford lorsqu'au premier tour, Lord Wendwater avait si durement rencontré le seul qu'il ne s'en était relevé ou lorsque Ser Duncan Gaunt avait désarçonné le prince avec vigueur. Des scènes violentes mais qu'Ellyna ne regardait qu'à peine, attendant le rossignol de Serena pour se redresser sur son banc.

Quoi que surprise par la question, Alysanne prit le temps d'y réfléchir avec sérieux. Elle ne s'était jamais interrogé sur cela, songeant qu'il était dans le rôle de toute dame de quitter un jour sa famille et son château pour rejoindre sa nouvelle vie de femme mariée. Nombreuses étaient celles dont le mariage avait conduit les pas loin, très loin, du fief natal jusque dans des régions parfois étrangères où, perdant tout repères, elles ne pouvaient que composer avec cette nouvelle existence. « Et bien ... Par moment. » confia l'ancienne Lefford. L'Ouest et l'Orage étaient éloignés, séparés par les vastes terres bieffoises qui s'étendaient jusqu'au frontières des terres de la Couronne. Le moindre déplacement vers la Dent d'Or aurait nécessité plusieurs semaines de voyage ce qui rendait la chose compliqué à organiser autant qu'à envisager. « Nous sommes de vieilles compatriotes, vous savez combien l'Ouest peut se montrer fier sur ses beautés et ses trésors. » C'était une région qui regorgeait de richesse et qui ne se dévoilait pas au premier regard. Nombreux étaient les château perdus dans les montagnes, ou ceux qui se cachaient dans les tréfonds rocheux d'une colline, une atypicité qu'elle n'avait retrouvé nul part ailleurs. Pourtant, Serena elle même était étrange mais ce mélange architectural d'époque et de styles différents n'avaient rien à voir avec la manière de faire, tout à fait unique, des gens de l'Ouest. Pour autant, même si elle demeurait chauvine en présence d'ancien compatriotes, elle était loin d'être malheureuse dans l'Orage et bien que ces terres n'eurent rien de l'allure hautaine de son ouest natal, il avait un charme bien à lui. « Mais Serena reste magnifique : lorsque les montagnes me manquent, je regarde l'horizon et la silhouette des montagnes rouges s'embrasant au soleil couchant, je regarde mes enfants et la vie que j'ai construis ici. » Car sa vie ne se limitait pas à son histoire d'amour tardive, à sa vie avec Bryce ou aux fonctions qu'il incombait à une femme de savoir tenir. « Je resterai toujours une Lefford mais je n'ai guère de regret, j'ai eu la chance d'avoir une vie que j'ai choisis, un époux auquel j'ai décidé de m'unir et de merveilleux enfants. Ce n'est pas toujours facile bien sur mais je ne changerai de vie pour rien au monde. » Et cela rendait peut être l'endroit plus facile à apprécier. Le dépaysement de la première fois était passé, mais pas les souvenirs qu'elle s'y été créer, revoyant avec nostalgie les promenades avec Erich dans les jardins, les premiers pas d'Ellyna dans les couloirs ou les premières nuits d'amour dans les bras de son mari. C'était devenu chez elle, tout simplement.