Growing up is losing some illusions, to acquire others - ft. Arya

Voilà maintenant sept ans que Lyanna vit chez les Stark. Il s’en est passé des choses depuis son arrivée. Elle se revoyait parfois, plus jeune, arrivant à Winterfell aux côtés de sa sœur Lyra face au suzerain plus qu’impressionnant. Les premiers temps avaient été quelque difficile malgré la présence d’Arya à ses côtés. Arrivée en tant que pupille de lady Catelyn, elle avait dû demeurer seule avec Arya et mestre Luwin le temps que l’ancienne dame des lieux rentre à Winterfell. Après quoi, son apprentissage débuta réellement. Les années s’écoulaient à une vitesse que la jeune fille devint jeune femme en un rien de temps, se montrant prompte pour bien des choses. Lyanna avait bien changé et n’était plus la même aujourd’hui. Aujourd’hui, elle arborait parfois de simples robes et laissait peu à peu de côté les entraînements aux armes même si lady Kylis la laissait parfois pratiquer. En effet, depuis un peu plus d’un an maintenant, Lyanna était la dame d’atour de la suzeraine, rejoint depuis quelques semaines par lady Sarra Frey. Toutes deux s’occupaient de la suzeraine, de l’aider et l’épauler dans son quotidien, de l’écouter et la consoler dans les bons comme dans les mauvais moments. Lyanna avait une année d’expérience de plus que lady Sarra et se montrait être un parfait mentor pour elle. Kylis ne semblait pas déçue de ses dames malgré le contexte dans lequel elles intégrèrent son service. Lyanna avait été nommée peu de temps après la naissance d’un garçon mort-né tandis que Sarra était arrivée quelque temps avant la naissance des jumeaux. Cela avait été une grossesse complexe au bout de laquelle seule une fille, prénommée Jonie, survécut. Le rôle des dames étaient donc de servir au mieux leur suzeraine alors que Robb était parti à Port-Réal pour le tournoi.

- Un joyeux anniversaire lady Lyanna.

- Joyeux anniversaire, lady Lyanna.

- Joyeux anniversaire, ma dame.

Une petite fête intimiste avait été organisée pour le vingtième anniversaire de Lyanna. C’était là un petit événement qu’il ne fallait louper. Tout comme Arya l’année passée et Brandon d’ici deux lunes, le cap des vingt ans était inévitable. Lyanna allait ainsi le franchir, entourée par des gens qui l’appréciaient, qui la considéraient comme sa famille. Elle reçut également quelques lettres de l’Île-aux-Ours. Ses sœurs Dacey, Alysane et Jorelle, sa nièce Marthe ou encore mestre Ormund lui souhaitaient un bon anniversaire. Du côté Norroit, sa sœur Lyra ne l’avait pas oublié non plus. Quant à Brandon, le seul qui comptait plus que les autres. Elle attendait patiemment – pas du tout – un corbeau de sa part. Bien sûr, Arya non plus n’avait pas oublié et elle n’avait pas tellement intérêt d’ailleurs. Cela dit, quelque chose avait changé aussi en elle. Tous les enfants de Winterfell grandissaient. Cela devait faire bizarre pour les adultes qui, eux, vieillissaient mais ne subissaient pas tant le changement du temps contrairement à des jeunes entre dix et vingt ans. Depuis plusieurs lunes, en effet, Lyanna avait remarqué qu’Arya se comportait différemment avec elle. Au début, rien d’apparent puis au fur et à mesure, certaines choses la faisaient tiquer. Aujourd’hui, c’était son anniversaire et rien ne pourrait gâcher ce jour. Arya était présente, heureuse d’être là pour son amie, lui offrant même un cadeau, comme chaque année d’ailleurs.

Le jour suivant, il avait été convenu entre Lyanna et Arya qu’elles se retrouveraient dans la matinée pour s’entraîner ensemble. La jeune Mormont avait eu l’autorisation de la suzeraine pour que de temps en temps, elle puisse poursuivre quelque peu ses entraînements au maniement des armes. Mais une fois sur le terrain, pas d’Arya ; Elle se souvint alors que la veille, personne ne l’avait vu dans l’après-midi, ni même le soir. Cela lui arrivait souvent dernièrement. Tout le monde se demandait ce qui lui arrivait, Lyanna la première, au même titre que lady Catelyn. Cela suffisait. Quelque chose n’allait pas et si jusqu’ici, avec ses responsabilités de dame d’atour, Lyanna n’avait pas eu le temps de lui en parler, elle était bien décidée, ce matin à le faire. Rangeant soigneusement sa masse d’arme qu’elle confia à un jeune serviteur pour qu’il aille la ranger, la jeune femme se dirigea d’un pas décidé vers la chambre d’Arya. Elle ne daigna même pas frapper et entra à l’improviste, retrouvant son amie encore au lit alors que le jour était levé depuis plus de deux heures.

- Non mais Arya, t’as vu l’h…

En s’approchant du lit, Lyanna aperçut Arya et s’interrompit soudainement.

L’anniversaire de Lyanna avait été un exercice de style et de contrôle en permanence. Je ne voulais pas gâcher le moment, son moment. Alors j’avais tout fait pour que tout se passe bien, pour ne rien laisser paraître. C’était compliqué… J’adorais Lyanna, mais la voir, savoir que Robb voulait qu’elle épouse Brann, l’amour de sa vie… Et moi… Je serrais les dents encore et encore… Mais être à ses côtés me faisait tellement mal que lentement mais sûrement, je m’éloignais d’elle, je fuyais. Ma vie, je la rythmais d’une manière bien particulière, d’une manière à éviter le maximum de personne, tout le temps. Je ne voulais pas parler, parler à personne… Alors, le matin je me levai à l’aube pour m’entraîner, je faisais ensuite quelques prières au Bois Sacré avant d’aller faire une toilette et de rejoindre le mestre ou ma mère selon les besoins. À midi, je mangeai avec Kylis, ou seule, cela dépendait, l’après-midi, j’allais ensuite la voir Kylis, si je n’avais pas mangé avec elle, passer un peu de temps avec elle, parfois j’allais même jouer avec mes nièces… Et en fin d’après-midi, j’allais enfourcher ma jument pour sortir prendre l’air, toujours avec une escorte.

Sauf que depuis une lune… à chaque fois que je montais, plus vite, plus loin… Comme une fuite incroyable… Toujours pus loin, plus vite… Sauf que depuis une lune… Éclipse me désarçonnait un peu trop régulièrement. Et je me retrouvai très souvent au sol, ou dans les buissons. De plus en plus d’ailleurs. Si bien que je revenais couverte de bleu, de griffures et tout ça. Qu’importe. Je passais une main sur mon visage en finissant de sceller Éclipse, je partais très tôt aujourd’hui. Bien plus tôt qu’on ce qu’on pouvait y penser. Mon escorte me suivait un peu mal à l’aise, j’esquivais aussi ma mère pour vraiment pas la voir. Je n’avais pas apprécié grandement sa remarque… « Tu devrais prendre exemple sur Lyanna. ». Je n’avais pas envie, je ne pouvais pas. Je n’étais pas Lyanna. Ni aujourd’hui, ni jamais.

J’avais grimpé aussitôt sur le dos d’Éclipse pour partir au petit trot, dès que je fus à quelques distances de la ville d’Hiver, je lançai au galop ma jument qui était très volontaire. J’avais besoin d’aller plus vite, plus loin… Encore… Encore… Ses sabots faisaient voler de la terre derrière moi alors que je me cramponnais à sa crinière. Elle tourna brusquement sur le sentier et je fus déséquilibrée, mais ce fut son saut brusque qui m’envoya voler dans les buissons. Je roulais en bas d’une pente, finissant le visage dans les feuilles mortes. Je me redressai avec difficulté avant de voir ma Nymeria bondir des buissons. J’avais du sang qui coulait de mon nez, je viens l’essuyer d’un geste brusque avant de grimacer de douleur. J’avais bien morflé aujourd’hui. Je me redressai lentement avant de brosser mes vêtements je devais m’avoir tordu le poignet, mais qu’importe. J’entendis les gardes m’appeler et je leur rendis pour les rassurer avant de remonter la pente que j’avais dévalée. Tiens, des champignons ! Je n’y connaissais rien, autant ne pas y toucher, mais je n’avais rien de casser.

Sauf qu’au vu du regard des gardes… J’avais vraiment dû avoir quelques problèmes au niveau du visage. Qu’importe… Il fallait retrouver Éclipse qui mangeait tranquillement des brins d’herbes. Je ne dis rien, je lui frottais l’encolure avec douceur.

« Désolé ma belle, c’est moi qui suis mauvaise ces temps-ci. »

Elle semblait en avoir rien à faire. Tant mieux. Je me hissai à nouveau sur ma jument avant de reprendre ma promenade en silence. J’avais entraînement avec Lyanna… Je rentrais encore plus tard que d’habitude, frôlant même le couché de soleil, j’entrepris de manger seule dans ma chambre, prétextant un mal de tête. Ce qui n’était pas faux d’ailleurs avec la chute. Je touchai malgré tout à peine à mon repas, Nymeria restant à mes côtés en silence. Je refis une toilette au soir avant de me coucher.

Nymeria vient se blottir contre moi sur le lit et je l’entourais de mes bras pour enfouir mon visage dans ses poils avec une infinité d’amour. Au moins elle restait toujours avec moi elle. Elle… ne trahissait pas… Je finis par m’endormir en respirant son odeur si particulière.

La porte claqua contre le mur et j’ouvris péniblement… un œil. Ah ! J’avais dû me prendre un bâton dans l’œil… parce qu’il était tout gonflé l’autre. Lyanna. Nymeria était couchée avec moi dans le lit alors que je fixais l’ourse droit dans l’œil. Visiblement il faisait grand jour… J’avais dormi trop longtemps. L’entraînement… J’aurais voulu l’esquiver… J’aurais pas fait exprès… Qu’importe.

« Tard. »

Fis-je à la question de Lyanna. Tard. Il était tard. Trop tard. J’étais en retard pour ma routine. Je claquai la langue pour que Nymeria descende du lit ce que je fis à mon tour. Je me dirigeai vers mon vasque pour m’éclabousser le visage soigneusement et l’essuyer lentement. Aie. Je ne voulais même pas voir ma gueule. Mon œil était douloureux, mon nez aussi. J’avais dû prendre une sacrée gamelle hier. Qu’importe. Je passai une main dans mes cheveux avant d’ôter ma chemise de nuit sans pudeur devant Lyanna. Ce n’était pas la première fois après tout. D’accord, gamelle sur gamelle, je devais avoir des bleus partout… J’attrapais une tenue propre pour l’enfiler rapidement, peignant vaguement mes cheveux avant de les attacher pour dégager mon visage. Je rajustais ma manche avant de prendre mon ceinturon pour attacher Morsure à mes côtés. Je n’avais même pas regardé Lyanna ou quoi. Je fis quelques cercles avec ma nuque pour détendre mes muscles endoloris avant de tourner la tête, cherchant mes gants…

« Nym… Rends ça ! »

Elle les avait dans la gueule, et elle semblait en rire. Je m’approchai d’elle pour lui reprendre en douceur avant de les essuyer sur mon pantalon.

« C’est malin grosse boule de poil ! Ils sont pleins de bave. »

Elle s’ébroua et je frottais doucement ses côtes avec amour. Mon emploi du temps était tout bousculé… Je ne savais pas par où le prendre… Deux heures après le lever du soleil…

« Désolé Lyanna, pour l’entraînement. On fera ça une autre fois. Mestre Luwyn va m’attendre. »

Je la regardais enfin légèrement. Autant rejoindre le mestre maintenant… et ça me permettait de la fuir… Je lui offris un sourire éclair avant de me diriger vers la porte d’un pas rapide. Il serait sûrement ravi de me voir également.

Si les années avaient pu changer Lyanna, apprenant de ses erreurs, se relevant de ses chutes, elle n’en avait pas oublié la petite fille au caractère bien trempé qu’elle était. Il lui arrivait de temps à autre de bien faire comprendre à qui l’embêtait qu’elle ne se laisserait jamais faire. Dernièrement, il s’agissait de sa prétendue meilleure amie. Arya agissait bizarrement et Lyanna en était venue à la conclusion que la jeune Stark l’évitait pour une raison qu’elle ignorait. Elle espérait se tromper mais ces derniers jours, la fille cadette de feu lord Eddard rentrait toujours tardivement, zappant ainsi le dîner en sa compagnie et le matin, elle arrivait en retard aux entraînements, voire ne venait pas du tout comme ce fut le cas ce matin-là. Heureusement pour elle, elle avait fait acte de présence pour son anniversaire. Lyanna n’aurait pas toléré son absence, pas après tout ce qu’elles avaient vécu ensemble. Elles étaient bien plus que des amies. Pour l’Ourse, elles étaient de vraies sœurs liées à jamais. Alors quand elle débarqua à l’improviste dans sa chambre, elle espérait au minimum des excuses. Elle eut cela très rapidement avant que la jeune femme ne remette à plus tard leur entraînement avant de vouloir filer voir le mestre pour sa leçon, sans doute. Lyanna referma rapidement la porte avant qu’Arya n'ait l’atteindre et bloqua le passage. Elle n’avait d’autres choix, cette fois, que d’accepter de lui parler. Lyanna était vraiment décidée à la confronter.

- Qu’est-ce qu’il se passe ? Pour soudainement, t’es pressée d’aller voir mestre Luwin ? T’es jamais pressée de le voir d’habitude !

Le regard soupçonneux, Lyanna força son amie à reculer de quelques pas dans la chambre. Elle ne sortira pas d’ici avant d’avoir répondu à ces interrogations. Quelque chose se tramait et la jeune Mormont voulait avoir le fin mot de cette histoire. Elle croisa les bras, dévoilant alors un visage qu’elle arborait souvent quand elle était plus jeune. Lyanna Mormont ne s’était pas forcément adoucie avec le temps. Cela n’était vrai que pour ses lettres avec Brandon. Elle était une autre femme quand elle lui écrivait. Mais ici, en cet instant, elle était Lyanna Mormont, l’amie de la Louve et elle n’était pas contente du tout du comportement étrange de cette-dernière. Aussi, fronçant les sourcils, portant son regard dur dans celui d’Arya, elle poursuivit ainsi.

- Cela fait des semaines voire des lunes que tu te comportes bizarrement. Au début, j’ai pensé au fait que ton frère ait voyagé sans toi, toi qui souhaites tellement découvrir le monde puis j’ai remarqué que tu n’étais pas pareille avec tout le monde. Tu es distante, Arya, et cela uniquement avec moi. Ce n’est plus comme avant entre nous. Je ne suis pas idiote, je le vois bien et même si tu sembles parfois m’accorder de l’attention, je sens bien que ce n’est pas comme avant. Mais je ne saurai même pas dire avant quoi. Qu’est-ce qu’il s’est passé pour que tu éprouves le besoin de t’éloigner de moi ?

Les larmes auraient pu lui venir naturellement mais il n’en fut rien. Lyanna était forte et si elle ne voulait pas pleurer, elle ne pleurait pas. Elle était plus en colère que triste à ce moment. Quoiqu’il arrive, elle aurait le fin mot de cette histoire car quand elle veut quelque chose, Lyanna réussit toujours par l’obtenir et par n’importe quel moyen.

J’avançai vers la porte, Nymeria sur mes talons, je n’avais pas très envie de rester là actuellement. J’entendais la voix de Robb dans mon crâne quand je regardais Lyanna : « Nous devrons sans doute d’abord marier Brandon et sa Lady Mormont. ». Elle serait heureuse… elle. Elle serait heureuse… Je me mordis les joues alors qu’elle me refermait la porte au nez. Son regard se fit noir, je fronçais les sourcils alors que je reculai d’un pas. Pour une fois que j’avais une bonne raison d’aller voir le mestre… Elle osait me demander pourquoi j’étais pressée ?

« J’ai un peu mal à l’œil et au nez. C’est aussi pour ça que j’aimerais aller le voir. Et c’est pas parce que je ne suis pas pressée d’habitude, que je n’y vais pas à des heures précises. »

Rétorquais-je calmement sans aucune peur ou honte. Je restais calme alors que Lyanna semblait agacé. Elle n’avait pas de raison de l’être. J’avais fait exprès de disparaître de son paysage… Je serrais les dents pendant quelques secondes alors que Lyanna semblait vider son sac. Des lunes… Cela ne faisait pas tant de temps que cela. Juste depuis que Robb était parti au Conflans puis à Port Réal… Huit lunes. Distante. Je secouais la tête à ses mots avec un soupir.

« Tu ne m’as pas vu avec Mère. »

Fis-je d’une voix tranquille en continuant de soutenir son regard. Avec elle, mère… Un peu tout le monde en réalité. Pas qu’elle. Mais je venais surtout de confirmer que j’étais distante avec elle. Je me mastiquais la lèvre inférieure et Nymeria s’ébroua, je posais mon regard sur elle ainsi que ma main sur son crâne pour frotter ses oreilles.

« Hey, fifille… Tout va bien. »

Ma louve chérie. Je lui offris un sourire éclair à elle avant de revenir vers Lyanna.

« Tu n’as rien fait Lyanna, ne t’inquiète pas, tu es parfaite. »

Je lui fis un grand sourire. Elle était parfaite, elle. On ne lui faisait aucune réflexion à elle… Et elle serait heureuse. Je détournai le regard un bref instant avant de prendre une profonde respiration. Aie. Mauvaise idée. Je me le frottai légèrement avec une grimace.

« Tu veux bien me laisser aller voir le Mestre ? J’ai pris une sacrée gamelle hier avec Éclipse. Je t’avoue, j’ai un peu mal. »

Mal un peu partout… Je m’approchai d’elle pour venir lui déposer un baiser sur sa joue avec un grand sourire. « Nous devrons sans doute d’abord marier Brandon et sa Lady Mormont. ». Lyanna Stark. Je reculai d’un pas pour laisser son espace à Lyanna, et me laisser de l’air aussi. Le désavantage entre nous… c’était que nous étions aussi têtues l’une que l’autre !

Lyanna se montrait vindicative parfois. Elle était comme ça, surtout quand quelque chose n’allait pas ou ne lui plaisait. En l’occurrence le comportement d’Arya ne lui convenait pas du tout. Alors qu’elle avait fermé la porte quelque peu violemment pour l’empêcher de sortir et tenter de comprendre ce qu’il lui arrivait, Lyanna faisait face à une Arya peu coopérative. Celle-ci lui rétorquait qu’elle avait mal au nez tet à l’œil. En effet, vu la tête qu’elle avait et qu’elle tirait, elle avait bien besoin d’aller voir le mestre. Mais cela pouvait attendre largement. La raison qui avait fait débarquer la jeune Mormont était importante à ses yeux. Elle avait l’impression que leur amitié vacillait depuis quelque temps. Face au calme de son amie, Lyanna se montrait de plus en plus agacée. Elle souhaitait comprendre pourquoi elle agissait de la sorte avec elle. Puis, elle lui rétorqua qu’elle ne l’avait pas vu avec lady Catelyn. Si, effectivement, comme Arya s’éloignait d’elle, Lyanna n’avait pas vu comment elle se comportait avec sa mère. Cela suggérait bien le fait qu’elle prenait ses distances, ce qui fit souffler Lyanna. Que faire ? Que dire ? Arya n’était pas aidante sur ce coup-là. Les bras croisés, la jeune femme regardait son amie frotter les oreilles de Nyméria en la rassurant. Bien des choses auraient pu être dites à ce moment-là tellement Lyanna était agacée mais elle n’en fit rien et laissa Arya revenir vers elle-même si cela ne semblait pas valoir le coup. La réflexion de la jeune louve percuta Lyanna. « tu es parfaite ». Qu’est-ce que ça voulait dire ? Elle ne prétendait pas l’être. Elle ne prétendait pas le devenir. Elle ne comprenait pas pourquoi elle lui disait ça.

- Com...

Lyanna n’eut même pas le temps de demander quoi que ce soit qu’Arya lui demandait de la laisser sortir, confessant qu’elle était tombée de son cheval la veille. Elle voulut s’approcher pour l’embrasser mais Lyanna, le regard noir et fermé, esquiva la tentative. Elle ne comprenait vraiment pas ce qu’il se passait et quand elle ne comprenait pas quelque chose, la jeune ourse pouvait se montrer agacée, en colère, mauvaise même parfois.

- Bon. Très bien.

Il n’y avait aucun intérêt à se montrer plus loquace que sa comparse. Elle décroisa les bras pour saisir la poignée de la porte de la chambre d’Arya. Elle ouvrit en grand et sans un mot de plus, s’engouffra dans l’encadrement. Elle s’arrêta deux secondes puis se retourna vers Arya.

- Je ne sais pas ce qu’il t’arrive, Arya mais je ne supporterai pas ton comportement à mon égard plus longtemps. Je me suis montrée patiente, te laissant de l’espace, ne voulant pas non plus céder à la paranoïa. Mais là, tu ne fais que me montrer que j’ai raison, que tu as quelque chose contre moi et tu ne dis rien. Tu esquives. Tu ignores. Tu m’ignores. Et tu sais aussi bien que moi que j’ai horreur de ça. Et que toi, Arya Stark, tu me fasses ça à moi alors qu’on se dit tout, on partage tout. Je ne comprends pas.

Elle ne lâchait pas Arya du regard et reprit aussi sec, ne lui laissant pas le temps de répondre. Elle n’avait pas le droit de répondre. Lyanna lui avait laissé l’opportunité de s’expliquer, elle ne l’a pas saisi. Tant pis pour elle.

- Tu ne veux pas me dire ce qu’il t’arrive ? Ok mais ne compte pas sur moi pour t’aider. Tu veux mettre de la distance entre nous ? Ok, je te laisse tranquille. Je ne suis plus une gamine. Je n’ai plus le temps pour ce genre d’enfantillage.

Elle fit une nouvelle pause avançant d’un pas dans le couloir puis revint vers Arya une dernière fois.

- Il va peut-être falloir que tu arrêtes un jour de te comporter comme une enfant et une victime, Arya. Ah et, effectivement, tu as raison, tu devrais vite aller voir le mestre car tu as une sale tronche.

Sur ces mots, durs et imbibés de colère, la jeune femme disparut dans les couloirs de Winterfell. Quittant le bâtiment principal, Lyanna se rendit dans le bois sacré, auprès du Barral pour sa prière aux Anciens. Contrairement aux autres jours, il n’y avait pas de pensée pour Arya aujourd’hui. La colère et l’incompréhension étaient encore trop présents. Elle en profita néanmoins pour faire redescendre tout ce flot d’émotions avant de rejoindre lady Kylis et lady Sarra.

Je venais de me prendre une sale soufflante de la part de Lyanna… Que j’avais plus que mérité… J’avais juste voulu la protéger de tout ce que j’avais au fond du cœur, mais face à cette poste claquée, mon cœur venait de se briser… Juste un peu plus. Je me mordis les joues, mauvaise idée, ça faisait mal. Je regardais Nymeria qui m’offrit un regard noir.

« D’accord. J’ai merdé. »

Avouais-je avec un soupir avant de sortir de la chambre.

« Trouve Lyanna. »

Ordonnais-je à Nymeria, qui obéit aussitôt, elle connaissait assez bien son odeur pour pouvoir la traquer jusqu’aux bois sacrés… Je me mordis les joues en la voyant devant le Barral… Je voulais lui parler… Mais pas ici… C’était impossible.

« Lyanna. »

C’était déjà un… gros effort pour moi de venir de moi-même, sans même être passée voir le Mestre. Je ne pouvais pas reculer, pas maintenant.

« Je… Je te présente mes excuses pour mon comportement… Je… »

Merde… Ce n’était pas dans mes habitudes… Mais j’avais fait des erreurs et je devais le reconnaître. N’est-ce pas ? Et quand on faisait des erreurs… on s’excusait. Je m’inclinai devant elle, bien bas. Avant de me redresser…

« J’aimerais que tu m’accompagnes… pour ma promenade de ce soir. Et si tu ne veux pas 'accompagner… je t’attendrais… pour tout t’expliquer à la rivière. Là où on se voit habituellement. »

Je pourrais l’attendre jusqu’à la nuit tombée. C’était au même endroit où je lui avais offert son cadeau d’anniversaire il y a quelques centaines d’années… du moins c’était l’impression que j’avais. Je m’inclinai à nouveau devant elle avant de me détourner pour aller voir le Mestre. C’était… un gros effort pour moi… Mais c’était si compliqué pour moi de tout expliquer ce que j’avais dans le cœur. Même elle… je n’étais pas sûre qu’elle comprenne… Je serrais les dents avant de frapper à la porte du mestre et d’entrer lorsqu’il m’y autorisa. J’eus le droit de me faire examiner sous toutes les coutures avant qu’il ne me soigne avec application. Et je dus ensuite me plier tout à un tas d’exercice et d’étude. L’histoire. La gestion de domaine… Mes cartes me manquaient et si bien qu’il m’en faisait toujours un peu.

Je préférais manger dehors, littéralement, dehors, sous le Barral avec Nymeria, Lyanna était Kylis… Je me demandais si elle lui avait dit que je lui avais posé quelques questions sur la vie conjugale… J’attendis un peu, priant un peu avant d’aller rejoindre ma belle-sœur pour rester une petite heure à ses côtés à discuter de tout et de rien. Elle me disputa pour mon manque de prudence à cheval ! Je haussais les épaules. J’avais une sale tête… mais qu’importe. J’avais, depuis ce matin, esquivé Mère. Ce qui n’était pas rien. Là aussi j’eus le droit de me faire remonter les bretelles. Je laissais faire avant de la saluer et d’aller voir un peu mes nièces… Mais même là, aujourd’hui, le cœur n’y était pas. Encore moins que d’habitude.

Robert et Nobert, mes deux gardes habituels, m’attendaient, l’air déjà dépité, pour l’heure de ma promenade. Je scellais moi-même Éclipse qui semblait plus qu’en forme. Je lui frottais le chanfrein avant de la sceller et de la sortir de sa stalle pour me hisser sur son dos. Je tournai la tête pour essayer de voir si Lyanna venait. Je l’attendrais…