Suns veiled in Mist [Darren]

Suns veiled in Mist
Alysanne Caron & @Darren Kenning

It was no use listening to demons, she told herself. They were liars. Deceivers. Untrustworthy to the core. Except when they weren't.

Ils n'étaient pas arrivés depuis une semaine et Alysanne songeait déjà à combien sa demeure lui manquait. Non qu'elle ne soit pas heureuse de voir la capitale, de retrouver des visages familiers que la distance de sa vie de Lady Caron rendait moins évident à rencontrer, mais bien parce que chez elle, elle avait un contrôle qu'elle ne possédait guère à Port-Réal. La cible des inquiétudes de la née Lefford n'était autre que son beau-fils, Erich, que l'entrée dans l'âge ingrat rendait insupportable quand il n'était pas gratuitement méchant. Malgré toute la compréhension du monde, Alysanne peinait à cacher combien les remarques acides du premier enfant de Bryce la blessait : elle qui l'avait connu si jeune, qui avait toujours oeuvré pour qu'il se sente aimé et protégé se voyait désormais relégué au rang de simple belle-mère, constamment ramené dans cette vérité où ils ne partageaient pas le même sang, lui ôtant tout droit à la parole. Si les choses n'avaient pas toujours été ainsi, c'était les questions d'Erich, et la violence des réponses qu'il avait obtenu qui avait créer une distance entre le jeune garçon et la seconde épouse de son père et Alysanne ignorait s'ils pourraient, un jour, retrouver leur entente passée. Il lui manquait, ce petit garçon joyeux et animé qui ne cessait de lui demander de parcourir les jardins avec lui et elle ignorait quoi faire pour qu'ils puissent retrouver calme et harmonie. Elle savait qu'elle ne serait sa femme, cette mère qu'il avait perdu et dont le nom était le tabou de la famille, mais elle l'avait élevé comme s'il était son propre enfant, ne faisant aucune différence entre le jeune héritier et les deux petites filles qu'elle avait donné à Bryce depuis leur mariage. Ce matin, comme tous les autres matins, Alysanne hésita tandis que Bryce terminait d'ajuster son pourpoint : elle ne voulait pas faire appel à lui pour quelque chose d'aussi ridicule que l'éducation des enfants mais une part d'elle espérait qu'il saurait trouver les mots pour parler à son fils. Et ce matin, comme tous les autres matins, elle abandonna, embrassant son époux avant de le laisser partir rencontrer Lord Stannis et découvrir la lice dans laquelle il jouterait la semaine suivante. Laissant ses filles aux bons soins de Gemma, Alysanne entreprit de découvrir le Donjon Rouge en compagnie de sa jeune pupille, Perra Frey.

C'était la première fois que sa protégée venait à la Capitale et Alysanne ne put retenir le sourire amusée face à l'admiration de l'adolescente, saluant de temps à autre, des connaissances tout en se demandant si sa nièce serait disponible pour un thé, un peu plus tard dans la journée. Perra était déjà quelques pas devant elle, regardant par l'un des balcons intérieurs, les allers-venues de la noblesse rassemblée dans la Citadelle de Maegor. La née Lefford, elle, prit son temps, appréciant la rareté d'une telle promenade et d'un instant loin des tracas de son quotidien. Nombreux étaient ceux venus pour le tournoi et l'évènement se promettait d'être à la hauteur de l'invitation. Tel un écho de Lestival, Alysanne remarqua quelques rides dans le coin de certains regards, des enfants qui n'en étaient plus, la preuve du temps passant, l'appel au propre bilan de son existence. Bientôt ses filles pialleraient dans tous les sens comme le faisait Perra. Cette dernière revint vers elle, un grand sourire aux lèvres pour désigner un petit groupe de jeunes filles escortés d'hommes portant le pont des Jumeaux comme emblème. La dame de Serena autorisa d'un hochement de tête sa protéger à rejoindre ses cousines, songeant qu'un peu de calme ne lui ferait pas de mal. Retenant, à grand peine, une soupire tandis que la jeune fille s'éloignait, elle se retourna pour reconnaitre un visage qui, malgré les années, n'avaient que peu changé. « Lord Darren Kenning. » dit-elle avec un sourire et un ton enjoué qu'elle n'avait que pour ses compatriotes de l'Ouest. « Un heureux hasard que voilà. Êtes vous attendu quelque part ? Je viens d'être abandonnée par ma pupille ... J'envisageais de rendre visite à mon frère et ma nièce, m'accompagnerez-vous quelques minutes ? » proposa-t-elle, dans l'espoir qu'ils puissent échanger quelques mots. Lui qui avait été le compagnon d'infortune de Leo durant les attaques contre les Farman, elle n'avait jamais réellement eut l'occasion de discuter avec lui depuis cette époque mais il semblait que les dieux lui étaient plus que favorables depuis la fin de la guerre.

Suns veiled in Mist
Alysanne Caron & @Darren Kenning

It was no use listening to demons, she told herself. They were liars. Deceivers. Untrustworthy to the core. Except when they weren't.

Pendant des années, Alysanne avait tenu une position particulière au sein des terres de l'Ouest. Elle n'avait eut l'occasion de regretter de n'avoir eut sa place à Castral Roc, emportée par le devoir qui l'attendait et la gardait à la Dent d'Or et c'était ainsi qu'elle s'était fait sa réputation : la froide intendante de Leo Lefford, la petite soeur qu'il avait façonné pour tenir la maison en son absence. Une bonne administratrice, les pieds sur terre, réfléchissant aux intérêts des Lefford, faisant passer la famille avant ses états d'âme personnels. Ferme mais ô combien douce demoiselle des montagnes de l'Ouest, l'annonce de son mariage avait surprit un grand nombre de ses compatriotes qui la voyait déjà finir ses jours auprès des Lefford, dans l'ombre de sa nièce. Bien sur, Alyx lui manquait. Constamment. Comme une soeur, comme une fille. La distance entre La Dent d'Or et Serena ne lui permettant pas de la voir autant qu'elle le voudrait mais Bryce avait la bonté de comprendre son attachement et il l'avait accompagné jusque dans ses montagnes natales lorsque l'annonce de la grossesse de sa nièce avait poussé Alysanne a vouloir retrouver les siens. Orageoise d'adoption, Alysanne n'en demeurait pas moins une ouestienne, fière et orgueilleuse par moment, se plaisant toujours à rappeler ses amitiés de jeunesse qu'elle cultivait avec soin ou à porter le jaune et cyan des Lefford malgré son statut de Dame de Serena. Elle avait trop peu, à son gout du moins, d'occasion de croiser tant de ses anciens compatriotes à un même endroit : le tournoi de Port-Réal avait amené bien des chevaliers, nobles seigneurs et leurs épouses pour célébrer le petit roi. Et l'occasion était trop belle pour ne pas dépoussiérer son carnet d'adresse. Lord Darren faisait parti des alliés de son frère, une amitié étrange dont elle n'avait pris la mesure que dans les lettre que Leo lui envoyait et où il avait relaté ses aventures, et mésaventures, contre les Farman. Dès lors, il lui semblait voir le nom de Kenning partout, tout comme celui de son épouse. N'était-ce d'ailleurs pas un frère de Lady Lehna qui s'était trouvé désigné ambassadeur des liaisons entre la Couronne et la principauté de Dorne ? « Elles ne seront jamais aussi belles que nos montagnes de l'Ouest, mais ne dites pas à mon mari que je vous ai dis cela, il hurlerait au chauvinisme. » dit-elle d'un ton amusé, jouant sur l'évident amour de Bryce pour ses terres et les taquineries de son épouse. Il était vrai que Serena était un domaine sublime : le château était une étrange constructions aux influences plus que perceptibles qui témoignait de la violente histoire de la région. Quand aux Marches, bien qu'elles furent partagée entre plusieurs seigneur, Alysanne considérait que Bryce en possédait la plus belle partie, offrant des reliefs frontaliers avec les terres dorniennes des Forrest et des Poulet au Sud et celles bieffoises de Stellepique à l'Ouest. Ainsi se dessinaient deux paysages : les montagnes rouges où serpentaient la Passe-du-Prince en direction de Dorne, et les plaines riches et fertiles des frontières bieffoises qui remontaient jusqu'aux terres de la maison Selmy. En comparaison, la Dent d'Or apparaissait comme plus monotone, forteresse bâtie dans les montagnes, suspendue parmi les nuages et gardant la Route de la Rivière qui liait les riches terres de l'Ouest aux verdoyantes forêts du Conflans.

Alors qu'ils faisaient quelques pas, Alysanne eut l'impression de redevenir la demoiselle Lefford de Lestival, demeurant parmi ses compatriotes, découvrant autre chose que des camarades ouestiens tout en conservante une certaine réserve. Même mariée, elle n'était pas devenue une dame de cour : elle était restée la plupart du temps à Serena, s'occupant d'Erich et des deux filles qu'elle avait donné à son époux au cours de leurs quelques années de mariage. C'était lui qui parcourait la région, lui qui participaient aux conseils, lui qui veillait au développement du petit village qui était sous sa protection. « J'ai entendu dire que la bonne fortune des seigneurs des Marches était également celles d'autres maisons ? Nous ne sommes pas les seuls à bénéficier d'un grand développement depuis que la principauté à accepter d'échanger avec le reste de Westeros. » commença-t-elle. Elle savait que Lord Darren et son épouse s'était rendu dans la principauté, les liens maternels de Lady Lehna aidant sans doute à favoriser la discussion entre les Sept Couronnes et Dorne qui, depuis l'altercation entre le roi Rhaegar et le prince Oberyn, s'était particulièrement replié sur elle-même. Elle lui glissa un regard malicieux. « Vous savez choisir vos amis, Lord Darren. » Plus que ses amis si on constatait l'incroyable ascension que la maison Prestre avait connu ses dernières années. Alysanne considérait que ce qui était advenu, avec Dorne comme avec le Val, n'était peut être pas un mal en soit. Des famille qui, jusque là, détenaient un monopole certain avait soudainement disparu, la guerre avait appauvri les ressources et maintenant que la vie reprenait, tous cherchaient un moyen de pallier à ces maisons qui avaient si soudainement disparues du paysage commercial ou politique. Cela avait permit à d'autres d'émerger, à d'autre de s'élever et à d'autre de faire fortune. Les Caron n'étaient pas à plaindre : ils jouissaient directement des nouvelles relations diplomatiques et commerciales du grand carrefour entre la principauté, les terres de l'Orage et le Bief et ils n'étaient pas les seuls. Elle avait entendu murmurer que la maison Prestre, forte de son titre d'ambassadeur et des services rendues à la couronne, allait bientôt marier leur héritier à une fille de la maison Tyrell, ajoutant à leurs exploits des dernières années, une main mise sur une dot des plus prestigieuses que la fiancée était une dame de compagnie de la princesse Margaery. Adieux Ferren, Farman et Lépicier, de nouveaux noms se gravait dans l'histoire de leur région bienaimée. « Serena s'est bien développée grâce au péage : à mesure que la bourgade s'agrandie, l'offre et la demande augmentent ce qui est très bon pour les affaires. » poursuivit-elle cependant. « Il parait que la maison Kenning a su, elle aussi, saisir de belles opportunités ? » Le ton était joueur, presque invitant aux confidences que ne se font que ceux qui partagent déjà un secret. Ils n'en avaient pas mais cela restait plaisant, songea Alysanne, de voir l'évolution de chacun et de constater combien le monde bougeait.