Friendship is one soul in two bodies ☾ feat Alys Royce

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L'amitié est une âme en deux corps
L'an 308, lune 05, semaine 03

La femme sans nom arpentait de nouveau les vastes couloirs de Roche-aux-Runes, elle allait et venait entre les corridors, tournait en rond dans les appartements qui étaient dorénavant les siens. L'euphorie du retour était passé à présent. Il n'y avait plus de retrouvailles bruyantes avec ses vieux amis, plus d'excitations à déambuler dans des lieux si familier, ni l'émerveillement de découvrir à quel point Edmée, Angus et Allard avaient grandit... Toute cette allégresse commençait lentement à se tarir et avec cet asséchement progressif, Maddy réalisait avec horreur qui lui était finalement difficile d'être à nouveau entre les murs de ce château. Cette forteresse ne ressemblait pas à une prison, elle n'avait pas l'impression de suffoquer en ces lieux, ce n'était rien de cela, mais il lui était difficile de trouver une juste place.

Ce matin-là, Maddy s'était réveillée dans les bras de son chevalier, il dormait encore lorsqu'elle se vêtit d'une robe plus sophistiquée qu'auparavant et il ouvra à peine les yeux quand elle refermât délicatement la porte derrière elle. Sa nouvelle routine débuta alors. Réveiller les enfants, les habiller en attendant qu'une servante vienne lui apporter le petit-déjeuner, manger, écouter les filles rires, se débattre avec Ysaline pour coiffer ses boucles rousses indomptables en attendant que Robar se lève, recoucher les jumeaux. Il était encore tôt lorsqu'elle emprunter l'escalier principale, suivit de près des deux fillettes. Une routine qui ressemblait plus ou moins à celle qu'elle avait sur son île finalement, mais sans cuisiner, sans faire le ménage. Il était peut-être là le cœur du problème, Maddy n'avait jamais été celle qu'on servait.

Si les deux fillettes s'étaient sagement comportées jusqu'ici, l'appel de l'extérieur les rendait incontrôlables. Elles se mirent à se chahuter, à crier dans le grand hall. Doucement, Maddy prenait conscience de la difficulté à faire rentrer ses enfants dans le moule de la noblesse. Rosenn connaissait déjà les règles de cet environnement, mais elle avait évolué, elle n'était plus cette petite créature craintive de tout, restant continuellement au côté de sa mère ou d'Angus. Maddy l'appelait affectivement sa petite plante verte à l'époque, mais à présent, elle était un véritable rayon de soleil, riant de tout. La présence de son père l'avait fait éclore en une petite fille pleine de vie, mais allait-elle continuer à fleurir dans cet endroit ? Et Ysaline, cette petite fille qui n'avait pratiquement connu que l'île de la Sorcière, habituée à la liberté des plus totale, allait-elle réussir à se conformer à ce nouveau monde ?

Maddy était habituée à ce chahut continuellement et n'avait pas fait attention à l'écho de leurs voix, jusqu'à ce qu'elle voit Alys sortir du grand salon.

- Dame Alys, veuillez pardonner Rosenn et Ysaline, elles deviennent des petits krakens lorsqu'elles sentent l'air marin, dit-elle en riant.

Les deux petites filles observèrent leurs mères avec des yeux ronds, tandis que Rosenn se mit à rire à son tour, Ysaline lui tira la langue. Toutes les deux y arriveront à s'adapter, bien sûr, elles y arriveront dit une petite voix sortit de nulle part.

- Souhaitez-vous nous accompagner ? Elles ne seront pas plus calmes, mais elles courront et se fatigueront.  

Alys lui avait tant manqué. Elles s'écrivaient de temps en temps bien sûr, mais tout ceci n'était rien à côté d'une étreinte de main ou d'un sourire partagé.

:copyright: Nalex | @Alys Royce |


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Friendship is one soul in two bodies
Roches-Aux-Runes | FB An 308, lune 5, semaine 3

Alys fut presque surprise quand elle croisa Maddy et ses filles en sortant du Grand Salon.

En 305, quand elles et Robar avaient quitté Roches-Aux-Runes, la brune n’avait presque rien vu. Prise dans ses propres tourments, elle avait laissé le couple quitter le fief brûlant sans trop s’attarder sur le manque qu’ils allaient laisser derrière eux. Il fut immense, pourtant. Ces trois années-là avaient été les plus douloureuses que la Dame Royce allait connaître, et la disparition de son amie Maddy pendant cette tourmente laissa en elle un vide plus douloureux encore. Même l’absence de Robar fini par peser à Alys, quand elle eut fini de lui en vouloir. Des correspondances avaient été entamées pour tenter de combler l’absence, rien n’avait suffit à la Dame du Rocher cependant. Alors, quand ils avaient finalement décidé de revenir, trois ans plus tard, elle avait eu du mal à y croire. Du mal à sentir qu’ils étaient là, à ses côtés, et qu’ils ne les quitteraient pas. Qu’elle les retrouvait et qu’elle pouvait s’appuyer sur eux, sur le soutien de Robar, l’écoute de Maddy et sur la joie de leurs enfants.

Alys fut presque surprise quand elle croisa Maddy et ses filles en sortant du Grand Salon, tant elle ne pouvait croire à leur retour. Un sourire éclaira son visage après la surprise.  

Avec leur arrivée, un air familier s’était installé à Roches-Aux-Runes. Quelques semaines après, il semblait que le fief des Royce avait retrouvé un peu de ses couleurs. Comme si, petit à petit, les choses revenaient à la normale. Rien qu’une impression, bien sûr, mais elle était délicieuse, et Alys adorait se laisser aller à y croire. Elle rit, doucement, du commentaire de la jeune femme sur ses filles, qui semblait ne pas voir que les petites tenaient tout de leurs parents. « Les plus jolies des krakens, alors » répliqua Alys, passant une main affectueuse sur la tête – pour une fois bien coiffée – d’Ysaline. Elle avait le même âge qu’Allard, mais la Royce ne l’avait pas vu grandir : elle avait quitté Roches-Aux-Runes avec ses parents âgée d’un an à peine. Elle revenait de l’Île de la Sorcière en véritable petite fille, déjà grande sœur pour les jumeaux nouvellement nés. Alys ressentait une tendresse particulière pour la jeune Stone, et leur adressa, à elle et sa sœur, un regard ému. Peu impressionnée, la petite tira la langue à sa mère, ne manquant pas de faire rire Alys, qui ne savait déjà plus où donner de la tête.

C’était de la vie que Maddy et sa famille ramenaient avec eux de l’Île de la Sorcière.

Alys essayait de s’y ouvrir, de laisser rentrer en elle ce sentiment de tranquillité, pour laisser derrière elle les pénibles chagrins de ces années passées. Peut-être que si elle continuait d’essayer d’oublier, elle finirait par y parvenir. Elle tendit ainsi le bras à sa compagne adorée, qui lui proposait de les accompagner dans le parc du Château, pour profiter de l’air marin. « Avec grand plaisir, très chère. »

Serrant le bras de Maddy crocheté autour du sien, il lui semblait qu’elle retrouvait quelque chose d’autrefois qui lui était délicieux. Les deux femmes se tinrent en silence un moment, alors qu’elles se laissaient aller à observer les petites se chamailler tandis qu’elles traversaient le Château pour en sortir. Bientôt dans le parc, sans encore voir la mer, Alys demanda : « vous ne m’avez pas dit pourquoi vous êtes revenus ici ? » ce n’était pas les prières qui avaient manqué, de la part d’Alys, ni les courriers où elle avait osé lui demander, plus explicitement, de revenir, ne serait-ce que pour quelques lunes, pour profiter d’elle. Elle avait aussi demandé à Robar de l’aider à ramener Andar à la raison, quand elle avait découvert qu’il buvait de nouveau, mais rien n’y avait fait. Il avait fallu attendre une lune de l’an 308 pour qu’enfin, le couple se décide à revenir. La Dame du Rocher n’avait pas su comment ils étaient arrivés à prendre cette décision, s’étant convaincue, sans doute pour se consoler, que Maddy et le chevalier rouge préféraient leur Île à leur Roc, et qu’ils étaient plus heureux là-bas qu’ici.

Les privait-elle donc de leur bonheur, en voulant les garder auprès d’elle ? Maddy saurait-elle être heureuse, à Roches-Aux-Runes ? Alys savait, en tous cas, qu’elle ne pouvait que l’être plus en ayant son amie auprès d’elle.  

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L'amitié est une âme en deux corps

L'an 308, lune 05, semaine 03

« Elle avait un sens aigu du sacré et de l’instant présent : elle attendait de l’instant présent qu’il la conforte dans la sensation que sa vie était belle et qu’elle avait du sens, et c’est parce qu’elle sentait que sa vie était belle et qu’elle avait du sens qu’elle parvenait à déceler dans l’instant présent des beautés que personne d’autre ne percevait » (Eric Reinhardt, 2014 , p. 178). La sorcière n’avait jamais eu besoin de vivre d’aventure pour être heureuse, elle trouvait son bonheur dans les petits gestes attentionnés du quotidien, dans la chaleur réconfortante de son foyer, dans les paysages qu’elle connaissait par cœur et qui pourtant, arrivait toujours à la surprendre. Elle était une femme qui trouvait son équilibre dans la satisfaction unique de se laisser surprendre par la vie, par les autres et c’est tout ce qu’elle désirait. Mais ce nouveau quotidien, il lui était, pour le moment, difficile à apprécier pleinement. Maddy éprouvait l’étrange sensation de ne plus être relié à cet endroit, pas totalement, pas comme elle l’aurait souhaité. Sans pouvoir encore mettre des mots sur ce ressenti, elle tenta de le noyer sous des monticules de petites actions, de pensées positives, de moments partagés, mais lorsque ses pensées étaient vides, ce sentiment de malaise revenait, plus fort et plus agressif que jamais. Ce n’était pas seulement l’inquiétude de retrouver le Robar qui s’étiolait, mais c’était également de renouer les liens qu’elle avait tissés avec les membres de cette famille, de quitter définitivement sa place de domestique pour prendre celle de maîtresse officielle. De ne plus être simplement Maddy, fille du maître d’armes. En y réfléchissant de plus près, elle se dit que sa vie d’avant, celle où elle n’était qu’une fille de plus pour le chevalier rouge, une domestique parmi tant d’autres, une amie et une confidente, ce temps où Ysila vivait encore dans le château et que Yohn y était encore le seigneur, cette vie d’avant lui manquait terriblement. Tout lui semblait alors si simple, sans anxiété qui la rongeait de l’intérieur, sans la crainte constante de tout perdre du jour au lendemain. Heureusement, Rosenn, Ysaline et les jumeaux parvenaient toujours à l’occuper suffisamment pour avoir des instants de répit. Tout ce bruit. Toute cette vie. La non Stone s’en délectait, car il était là, la beauté de l’instant, là, où toute sa vie prenait un sens et où il n’y avait plus de nostalgie du passé. Un moment d’apaisement qu’Alys accepta de partager, à son grand contentement.  

Ce silence était reposant. Jamais elle n’avait ressenti le besoin de le meubler en sa compagnie. C’est ce qui lui indiquait qu’Alys était une véritable amie, car il n’y avait pas de faux-semblant, pas d’obligations et qu’elle pouvait être simplement ensemble, sans prononcer un mot, sans que cela soit dérangeant ou inquiétant. C’est ce qui lui avait manqué de cette vie-là, bien sûr, Maddy avait sa famille sur l’île, mais le lien qu’elle entretenait avec ses cousines n’était rien en comparaison de celui qu’elle avait tissé avec la Dame de Roches-aux-Runes. Peut-être parce que, tout comme elle, Alys n’appartenait pas totalement à cet endroit, mais qu’elle avait réussit à créer un foyer et à trouver une place qui lui était propre.

Étrangement, Maddy n’avait pas anticipé cette question. Elle s’imaginait que pour la Dame du Rocher cela était une évidence ou sans doute, que cela n’appelait aucune raison particulière à leur retour. Pourtant, cette interrogation avait tout son sens ; pourquoi être revenu après autant d’années loin de Roches-aux-Runes ? La sorcière inspira profondément, cherchant les mots justes pour lui répondre, car la réponse n’était pas simple à formuler. « Vous nous manquiez énormément » , commença-t-elle par dire avec ce sourire éclatant, espérant que cette indication lui serait satisfaisante. Mais elle ne l’était pas pour elle, car ce n’était qu’une infime partie de ce qui avait décidé le couple à quitter l’île de la Sorcière, « Robar était prêt à revenir sur la terre de ses ancêtres » , finit-elle par dire avec douceur. Dans ces nombreuses lettres, Maddy avait préféré enjoliver la vérité concernant le chevalier rouge. Elle n’avait pas décrit l’horreur de son état, ni ses humeurs dépressives, ni les cauchemars… Elle avait seulement expliqué que Robar avait besoin de temps pour se remettre de sa captivité et qu’il se sentait terriblement coupable pour l’échange effectué entre sa liberté et celle de Lucas. C’étaient des mots par-ci, par-là, indiquant qu’il se remettait doucement de cette culpabilité, mais c’était tout. Elle ne souhaitait pas alourdir la peine d’Alys qui subissait tout autant que lui les conséquences du choix d’Andar. Elle avait tenu bon, même si parfois, elle aurait eu besoin d’en dire plus sur l’homme qui partageait sa vie et qui, comme à l’image de son frère aîné, s’étiolait dans le silence. « Il était également très inquiet pour Andar » , revenir pour ce frère qui dépérissait de nouveau et qui, sans aucun doute, aurait besoin de son cadet pour vivre avec les décisions qu’ils avaient prises. « Il est dorénavant prêt à reprendre son rôle de petit frère casse-pieds et à aider son seigneur », Maddy essayait de donner des informations partielles, mais infiniment vrai. Elle se demandait même si elle pouvait en dire plus, si parler de son état de fragilité et ainsi, de ses propres inquiétudes étaient trahir son amant. Et elle ignorait également si le principal intéressé avait mentionné les épreuves par lesquelles il était passé. « Même si Robar est un pêcheur d’exception, sa place est ici et pas dans la taverne des contrebandiers à parier sur des courses de crabe » , elle souriait en repensant à la première fois où le jeune homme était revenu avec un seau remplit de poisson et la fierté qu’elle avait ressentie à cet instant. Des souvenirs qu’elle chérissait précieusement.

Maddy observa de loin les deux fillettes, elles s’étaient arrêtées pour ramasser quelque chose sur le sol. Au loin, les deux mères pouvaient les entendre rire aux éclats. « J’aurais tant aimé être à deux endroits à la fois, une Maddy sur l’île de la sorcière et une Maddy auprès de vous tous », lâcha-t-elle enfin, sa voix trahissant le regret, « je suis sincèrement navré de ne pas avoir été là et de t'avoir laissé seule ». Il lui était difficile de faire face à son regard, alors elle fixa Rosenn qui tournoyait sur elle-même dans le sable sec, retenant les quelques larmes qui voulaient s’échapper.


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Roches-Aux-Runes | FB An 308, lune 5, semaine 3

Souvent, Alys s’était demandée ce qui serait advenu si Andar n’avait pas choisi de libérer son frère en proposant leur fils en écuyage, dans sa négociation avec Marq Grafton pendant le siège de Roches-Aux-Runes. Il aurait ainsi refusé à Robar sa survie, mais il aurait permis à Lucas de rester près de ses parents. Gerold et son Roi auraient tout de même conquis le Val, les Royce auraient été forcés de ployer le genou, mais Lucas aurait grandi avec ses parents, comme Alys l’avait tant souhaité. Le Chevalier Rouge, en revanche, aurait été forcé de vivre reclus, voisin de cellule de sa grande-tante Anya Vanbois et de son fils Morton, ou alors, pensée terrible, il aurait été froidement exécuté au fond de sa prison à Goëville. Son frère Gerold aurait ainsi condamné à mort son autre frère, Robar. Dans le fief sur la Roche, le Seigneur meurtri aurait ainsi plongé là-encore dans l’alcool, mais sans doute ne serait-il pas parvenu à en ressortir aussi vite qu’il ne l’avait fait cette fois-ci – car il avait bénéficié, entre autres choses, du soutien de son petit frère. Et puis Maddy … la sorcière aurait perdu sa moitié, le père de ses enfants, et ainsi, Alec et Moïra ne seraient jamais nés, Rosenn et Ysaline seraient devenues orphelines.

Cette perspective était effroyable. Alys se détestait de l’avoir un jour considérée, mais ce fil de pensées nourrissait ses angoisses les plus importantes car elle l’avait tissé depuis l’un de ses fantasmes les plus indicibles. Celui de garder son fils aîné tout proche, et ainsi de sacrifier la vie de tant d’autres personnes autour d’elle.

Accrochée au bras de Maddy alors que les deux femmes quittaient l’enceinte de Roches-Aux-Runes pour en rejoindre le parc, la Dame tirait à nouveau ce fil, des images apparaissant sous ses yeux comme si elle regardait une épouvantable tapisserie qui conterait cette histoire. Pour s’en échapper, pour tenter de se rassurer, elle demanda pourquoi Maddy était rentrée. La réponse de son amie ne manqua pas de l’atteindre comme un poignard dans le cœur. « Vous nous manquiez énormément », avait naturellement répondu la rousse. Alys chercha son regard ; Maddy lui adressait un éclatant sourire, ce qui ne manqua pas de serrer le cœur de la brune. La générosité des expressions de son amie lui avait tant manquées, dans ce fief guindé et sans doute attristé par les quelques années d’abattement par lesquelles il venait de passer. Elle serra un peu plus son bras autour du sien, comme si le vent ou la fraicheur de l’extérieur l’y poussait, mais il n’en était rien : elle était heureuse de pouvoir la sentir contre elle.

Maddy poursuivit en mettant en avant son compagnon. Elle expliqua que Robar était prêt à rentrer, à retrouver son aîné pour lequel il s’inquiétait et ainsi, sa place de second. Si Alys percevait bien ce que la rousse signifiait-là, voyant bien la facilité avec laquelle le Chevalier Rouge avait repris ses fonctions à Roches-Aux-Runes, première témoin de la complicité retrouvée entre lui et son époux, elle attendait de savoir ce qui avait poussé son amie, elle aussi, à revenir à Roches-Aux-Runes avec ses enfants. Robar était reparti sur l’Île de la Sorcière après s’être pourtant déplacé aux Portes de la Lune pour un tournoi où il avait terminé second. Leurs jumeaux venaient à peine de naître, peut-être avait-ce été trop tôt ? Ce que déploya Maddy à ce propos, toutefois, ne manqua pas d’inquiéter la Dame Royce : elle lui confia qu’elle avait envie d’être encore là-bas, sur son île, au moins autant qu’elle voulait être ici, sur la Roche. Toute sorcière qu’elle fut, elle le savait aussi bien qu’Alys : c’était là une chose bien impossible.

Les deux femmes avaient fini par rejoindre une partie ensablée des terres du château millénaire des Royce. Les petites y jouaient gaiement alors que leur mère semblait prise d’une autre émotion. Alys ne parvenait pas encore à savoir si ce n’était-là que de la nostalgie, ou si une tristesse importante avait gagné le cœur de son amie. Maddy s’excusait de l’avoir laissée seule toutes ces années, ce qui n’inquiéta la Dame que davantage : tous ses efforts auraient été vains, même si elle était restée. On pouvait tenter de réécrire l’histoire à partir de la tapisserie qui avait déjà été tissée, mais fort heureusement pour Alys et ses élucubrations nocturnes, le résultat aurait assurément été le même. Autrement, comme le prouvaient ses angoisses, il aurait sans doute été bien pire.

Dans l’intimité de leur éloignement, Alys se permis d’attraper la main de son amie et de nouer ses doigts aux siens, tranquillement. D’une voix qu’elle espérait rassurante, elle pris le temps de répondre, lentement, en regardant la mer : « tu n’aurais rien pu faire. Je n’étais pas seule par défaut de ta présence, ou de celle de Robar. J’étais seule parce que personne ne pouvait remplir le vide laissé par Lucas. » Et là encore, s’il fallait préciser, Alys se rendait compte, chaque jour un peu plus, que la douleur n’avait été que plus importante qu’elle avait été aggravée par la trahison. Son fils aurait pu partir, sensiblement au même âge, en écuyage à l’autre bout de Westeros, elle aurait pu le supporter, si seulement elle l'avait choisi. Alys parvenait même à admettre, après trois ans passés à nier cette perspective, qu’elle aurait pu, associée à son mari, prendre la même décision que lui. Elle n’aurait osé le souffler à haute voix, et encore moins à Andar, mais au fond d’elle, elle le savait. Sa colère, sa tristesse et sa frustration avaient tout balayé, comme un coup de tonnerre sur les Terres de l’Orage, et tout avait pris feu. « Tu sais, quand je me rappelle de cette époque … je crois que je n’ai même pas vu que vous étiez partis. Je le savais, bien sûr, mais je ne le sentais pas dans ma chair. Je ne sentais plus rien. » Tout s’était enflammé, le jour de cette dispute terrible avec Andar, et le feu avait gagné tous les espaces, ne laissant derrière lui que des ruines.

Aujourd’hui, avec le retour de Maddy et de Robar à Roches-Aux-Runes, il semblait toutefois à Alys que dans les cendres, les fondations commençaient à reparaître, et la vie, petit à petit, à reprendre. « Tes courriers, et ceux de Robar, m’ont aidée à prendre l’air. Lire vos descriptions des paysages, sentir le sel de la mer sur le parchemin et sous mes doigts … Je m’échappais. Je m’imaginais autre chose. Les visites à Goëville, autorisées par Lord Grafton malgré les … écarts d’Andar, m’ont permis, elles, au contraire, de m’ancrer. » Hésitant sur la façon de poursuivre, Alys interrompit un moment leur marche pour tirer sur la boucle qui tenait ses cheveux noués à l’arrière de son crâne. Une lourde tresse en fut libérée, qu’elle défit en y passant ses doigts. Elle voulait sentir l’air dans ses cheveux, comme Ysaline qui semblait tellement en profiter. « C’est comme si vous étiez revenus au moment où je commençais à sortir la tête de l’eau. Peut-être es-tu vraiment une sorcière, Maddy. » Alys adressa à son ami un regard qu’elle voulait taquin. Elle espérait ainsi adoucir un peu sa tristesse. « J’espère sincèrement que tu pourras trouver ici une place qui saura te convenir et t’apporter de la joie, autant que je suis gaie de te retrouver auprès de moi. » Retrouvant le regard d’azur de Maddy, Alys ajouta : « il faudra que tu m’y emmènes, un jour, sur cette île. »

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