Le Deal du moment : -40%
Tefal Ingenio Emotion – Batterie de cuisine 10 ...
Voir le deal
59.99 €


Mothers know best || Vaeranah&Alys

2 participants
Alys Royce
Lady of Runestone

Alys Royce

Informations
Mothers know best || Vaeranah&Alys Tumblr_mkc45x9wWP1rid5xso3_500
Ft : Annabel Scholey
Multi-Compte : Robb Stark
Messages : 294
Date d'inscription : 07/09/2023
Présence : Présent
Personnage
Badges
L'incarnation
Multicompte
Time Traveler


   
# 
Mothers know best
Roches-Aux-Runes | An 310, lune 2, semaine 4


play.

La nuit était bien noire, désormais, sur le fief de Roches-Aux-Runes.

Les enfants avaient été baignés, on avait dîné et puis était venue l’heure du coucher. Alys était restée un moment auprès de son benjamin, Allard, qui s’était blessé un peu plus tôt ce jour-là, dans une bousculade qui avait eu lieu dans la cour avec les autres enfants qui peuplaient le Château des Royce. Une fois bien bordé dans son lit, il avait solennellement annoncé à sa mère qu’il ne jouerait plus avec eux. Quand Alys lui avait demandé ce qu’il ferait donc de ses journées, il avait répondu tranquillement qu’il resterait auprès d’elle. Quand elle avait entendu cela, le regard de la mère de famille s’était assombri : elle avait pris conscience, depuis peu, que son petit garçon serait bientôt en grande difficulté s’il ne parvenait pas à nouer des liens avec d’autres qu’elle seule. Allard n’était pas proche de ses grands frères et sœur, ni plus de ses cousins les enfants de Robar et Maddy. Une autre petite fille était arrivée récemment à Roches-Aux-Runes : Visenya Antaryon. Sa mère, la Grande Argentière de Goëville, venait en effet y conduire quelques affaires, et ça avait ainsi été l’occasion d’observer de nouveau comment le petit garçon pouvait nouer des liens avec des enfants de son âge. Le fiasco qu’avait été cette après-midi était ainsi venu confirmer les craintes de la Dame Royce : celles d’avoir créé, en Allard, un enfant inquiet, peu aventureux, introverti, en ayant trop voulu le garder contre son sein. Les enfants, toutefois, ne pouvaient rester toujours auprès de leur mère, surtout pas quand ils étaient du sexe fort. Alys Royce ne savait cela que trop bien.

D’une voix qui ne laissait pas place à la discussion, elle répondit ainsi à son fils qu’il en était hors de question. Il irait jouer dans la cour dès le lendemain, et avec le sourire. L’enfant avait écarquillé les paupières, son regard se remplissant de larmes, mais il n’avait rien répondu, ne voulant pas la contredire. Sans doute avait-il senti, ces derniers temps, le changement chez sa mère ; ça n’était là qu’une preuve de plus qu’elle ne l’aimait plus. Alys avait baisé son front un peu trop longtemps pour qu’on ne remarque pas que tout cela n’était qu’une grande supercherie, et avait quitté sa chambre dans un rapide froissement de jupons. Elle craignait plus que tout qu’il ne pensât cela : qu’elle ne l’aimait pas, comme elle avait craint, cinq ans plus tôt, que Lucas puisse s’imaginer qu’elle l’ait abandonné en le plaçant à la garde des Grafton. Son aîné avait alors sensiblement le même âge qu’Allard aujourd’hui. Ce n’était sans doute pas anodin que quelque chose du même ordre se rejoue désormais avec Allard.

La configuration n’était pas tout à fait la même, toutefois. A l’époque, Alys s’était enfermée dans ses appartements avec son bébé quand son aîné lui avait été arraché. Elle avait partagé toutes les tendresses qu’elle ne pouvait plus offrir à la petite tête blonde de Lucas avec celle, brune comme un Royce, d’Allard. Elle avait confié le soin à ce petit de rassurer son angoisse et de combler son manque, ce qu’il avait fait avec application, créature parfaite qu’il était. Mais qui ferait cela pour elle, désormais ?

En fermant la porte de la chambre d’Allard derrière elle, Alys songea à son époux. C’est avec lui, sans doute, qu’elle devrait partager la nouvelle résolution qu’elle avait prise, de pousser Allard vers l’extérieur, et toute l’inquiétude que cela produisait chez elle. C’est avec lui déjà qu’elle aurait dû discuter de ce sentiment, cinq ans plus tôt, mais bien sûr, cela n’avait pas même pu être envisagé. Tout aurait été plus simple, en effet, si Andar n’avait pas été considéré par son épouse comme la raison de tous ses maux. Elle aurait ainsi pu se reposer sur lui dans cette épreuve, peut-être même aurait-elle perçu autrement le départ de Lucas pour Goëville, et tout aurait été différent. Les dieux en avaient voulu autrement, toutefois.

Alys songea, une seconde, ou une minute peut-être, à joindre le Seigneur de Roches-Aux-Runes là où elle savait qu’elle pourrait le trouver, à cette heure-ci. Elle marcha même dans sa direction, s’imaginant ce qu’elle pourrait lui dire et ce qu’il pourrait lui répondre. Comment il pourrait la serrer contre lui, et combien ça la soulagerait.

C’est une autre porte, toutefois, que poussa Alys plutôt que celle qui la mènerait à son époux. Celle d’un bureau qu’elle avait trouvé allumé et dans lequel elle s’était engouffrée comme si elle fuyait quelqu’un. Dehors, la nuit était noire, et pourtant, l’espace était tamisé d’une douce lumière chaude. Un feu crépitait dans un petit âtre, et des dizaines de bougies offraient leurs rayons aux livres et au petit mobilier. La Dame rencontra sous ses doigts le dossier d’un fauteuil sur lequel elle s’agrippa, et sous ses yeux, le visage étranger de celle qui était son invitée depuis maintenant une dizaine de jours : Vaeranah Antaryon. L'Argentière du roi Viserys devait avoir trouvé dans cet office un endroit paisible où travailler. Aspirant un hoquet de surprise, Alys articula : « Ma Dame, veuillez m’excuser, je ne pensais pas vous trouver là. » Reprenant quelques couleurs et aplatissant les plis de sa robe au niveau de son ventre pour se donner un peu de contenance, elle ajouta : « Êtes-vous encore au travail ? » Alys n’avait pas eu de mal, contrairement à certains membres de la maisonnée, à jouer le jeu de l’argentière, officiellement en déplacement à Roches-Aux-Runes pour conclure un bilan des finances du fief. Si bien sûr, le ventre qu’arborait la Braavienne disait autre chose que cette version de l’histoire, Alys trouvait à cette visite quelques avantages. En entrant dans la pièce, la Dame du Rocher s’était par exemple inquiétée qu’autant de bougies fussent allumées en même temps : c’est que ces objets là coûtaient leur pesant d’or. Si toutefois cela pouvait aider la Conseillère de la Banque de Fer à redresser l’économie de Roches-Aux-Runes, Alys ne se joindrait pas aux chuchotis qui égrenaient les couloirs de son fief et même, les ferait taire. Vaeranah Antaryon pourrait donc trouver, dans l’œil attentif de la Seigneur de Roches-Aux-Runes, un regard sincère.

DRACARYS

@Vaeranah Antaryon | #3A7589 | gif by usermina on tumblr



Que la mer nous mange le corps
Que le sel nous lave le cœur
by wiise
Vaeranah Antaryon
L'étoile de l'Est

Vaeranah Antaryon

Informations
Mothers know best || Vaeranah&Alys 23b20d1207906254df529b403c226302646c332e
Ft : Emma d'Arcy
Multi-Compte : m. targaryen, a. caron, t. greyjoy, r. royce, b. nerbosc, d. pommingham, r. baratheon, h. swyft & h. karstark
Messages : 513
Date d'inscription : 24/01/2023
Présence : Présent
Personnage
Badges
Dracanniversaire
Multicompte
25e RP


   
# 

Mothers know best
Vaeranah & @Alys Royce

Strange, the things you remember. Single images and feelings that stay with you down through the years



La joue posée contre l'une des paumes de sa main, Vaeranah s'appliquait à faire le compte rendu de sa journée. Une habitude prise des ses premières lunes d'apprentissage à la banque et qui garantissait la continuité de ses pensées et de son travail alors que la nature même de ce dernier lui imposait de sauter d'un sujet à l'autre. Le prétexte de sa venue avait beau avoir été exagéré pour justifier son départ de Goëville, elle ne comptait pas mentir plus qu'elle ne le faisait déjà en se tournant les pouces. Les mises en garde du Roi sonnait comme une demi-menace qu'elle ne prenait pas à la légère et elle ne souhaitait pas s'attirer ses foudres plus qu'elle ne le faisait déjà : si elle ne revenait pas à Goëville avec des résultats, elle ne ferait qu'appuyer le déplorable constat dont il lui avait fait part. C'était naturellement au numéro deux du gouvernement que la Grande Argentière écrivait l'avancée de son travail à Roches-aux-Runes, explicitant quelques projets de Lord Royce pour le jeune royaume autant que quelques pistes qui permettrait d'augmenter la rentabilité du fief sans pour autant faire de l'ombre à son voisin plus au sud. Mettant un point final à son rapport, Vaeranah rassembla les parchemins qui le composait et glissa un billet, plus personnel, à l'arrière des pages. C'était le moyen le plus simple que la braavienne avait trouvé pour communiquer avec son amant, séparant toutefois toujours l'Argentière de la femme, vie publique et vie privée mais s'assurant que sa correspondance intime n'attire ni l'attention de ses hôtes, ni celle des habitués du palais des Grafton qui ne manqueraient pas de s'étonner de voir venir, de sa part, plus de corbeaux à l'attention de leur seigneur qu'envers la seule et unique famille qu'elle avait là bas. Elle avait songé écrire à Vaeron, lui confier la peur qui la tenaillait à mesure que le terme approchait, l'étrange solitude qu'elle ressentait loin de tout ce qui lui était, lentement et difficilement, devenu familier. Lui, Gerold, le conseil, le château, la cité. C'était sa nouvelle vie maintenant, une existence qui lui ferait presque oublier sa Braavos natale à l'image de son accent chantant, quoi que refoulé, disparaissant petit à petit. Elle renonça cependant à chercher du réconfort dans l'écriture de son frère : s'il l'avait escorté jusqu'à Roches-aux-Runes, Vaeranah percevait la colère qui pointait toujours sous son regard indigo, son odieuse trahison le blessant plus surement qu'aucun de ses adversaires ne l'avait jamais fait. Vaeron était en colère, Vaeron était impulsif et la distance qu'ils avaient mis entre eux lui faisait de la peine, lui qui avait toujours été le phare de son existence. Mais elle considérait ne pas avoir à s'excuser : si elle préférait taire sa relation avec Gerold, elle ne la renierait pas pour autant et surtout pas l'égo de son ainé. Durant les dernières lunes, la présence de son amant était parvenue à lui faire oublier les regards assassins de son frère, l'évidente trace de son mécontentement tandis que sa nouvelle grossesse prenait plus de place dans sa vie, les éloignant peu à peu. Mais loin du valois, elle ne ressentait que plus durement le silence de Vaeron et le regret de ne pas avoir pu mettre les choses au clair avec lui avant qu'il ne reparte.

Mais son départ avait été également vecteur de bien d'autres constats : la solitude de ses soirées, l'excitation lorsque venait l'heure d'ouvrir sa correspondance lui faisait prendre conscience de choses qu'elle se forçait à taire depuis quelques temps. Avec un soupire, elle replia les feuillets dans l'enveloppe qu'elle scella d'un cachet de cire avant de se laisser aller contre le dossier du fauteuil. Son regard se posa alors sur son ventre rond qu'elle caressa doucement. Elle se demanda de quoi aurait l'air le petit être qui grandissait en elle : si elle aurait aimé donner à son amant le garçon qu'il attendait tant, elle savait que jamais sa joie ne serait jamais entière puisque ce dernier ne porterait jamais son nom demeurant un Antaryon ou, au pire, un Stone. Une torture de plus, songea-t-elle, dans leurs égos et ambitions respectifs. Car c'était à Catelyn d'avoir ce privilège bien qu'il lui avait été, encore récemment, refusé. Malgré ses inquiétudes sur l'enfant à naitre, et les futurs traits qui seraient siens, Vaeranah ressentait une certaine impatience. Elle n'appréciait pas plus que cela d'être enceinte,  limitée dans ses mouvements, agacée de passer son temps à vomir et à s'entendre dire qu'il lui fallait du repos. Il lui tardait d'avoir, dans ses bras, le fruit de son affection pour Gerold et elle songeait déjà à sa prochaine lettre, sans doute caché dans le compte rendu qu'elle ferait de ses prochains échanges avec Andar Royce, et au prénom qu'ils ne manqueraient pas de devoir chercher. Elle s'en voulait presque de ne pas avoir été ainsi pour Visenya, tardant à ressentir la venue de l'esprit maternel alors que ce second bébé jouissait déjà de toute son attention. Visenya n'était pas la plus loquace des enfants et après des années de discrétion imposée, elle lui apparaissait plutôt effacée face aux furies blonds vénitiens qui lui servaient de camarades de jeu ou à la fille aînée du couple Royce. Elle n'avait que quatre ans, songea-t-elle cherchant à se rassurer : devenir une grande soeur aurait peut être son effet sur son caractère ? Elle se demandait si Visenya ressentirait la différence qui existerait entre elle et son cadet, ou sa cadette, lorsque la porte s'ouvrit, la faisant sursauter.

Lorsqu'elle avait choisit Roches-aux-Runes pour se retirer, Vaeranah ne l'avait pas fait au hasard. La proximité des deux fiefs avait été un élément important, mais tandis que la figure d'Alys Royce se retournait sur elle, elle se demandait si la proximité d'un membre de la famille de Gerold n'était pas non plus entré inconsciemment dans l'équation. S'ils étaient différents, Vaeranah ne pouvait s'empêcher de remarquer les traits que partageaient son amant et sa soeur : une même courbe du regard, la même carnation pâle contrastant avec des cheveux sombres, le port digne et haut. Leur parenté était indéniable bien qu'elle sautait moins au visage que celle qu'elle partageait avec Vaeron. Elle s'en sentit étrangement rassurée bien qu'elle n'aurait pu réellement dire pourquoi.  « Lady Royce. » lui dit-elle avec un signe de tête tandis qu'elle s'appuyait sur un accoudoir pour lever son corps de l'assise du fauteuil. Quelques jours auparavant, elle avait encore reçu des remontrances du mestre pour avoir "gesticulé dans tous les sens malgré son explicite contre-indication". Face à tant de passion de la part de l'homme de science, la braavienne avait consenti à calmer son besoin de mouvement et ne se contentait de sortir de son lit que pour rejoindre le bureau où elle travaillait, ou toutes autres pièces où elle pouvait rester assise mais qui ne lui donnerait pas l'impression d'être une pauvresse en fin de vie. Son appuis fort sur le fauteuil lui faisait presque ressentir la dureté du bois sous le matelassage de l'accoudoir tandis que son autre main venait soutenir l'arrondis de son ventre. Tant pis pour les recommandations, elle n'était ni à l'article de la mort, ni assez à l'aise pour ne pas saluer la dame des lieux comme il se devait. « Non, je me contentais de mettre de l'ordre dans ma correspondance. Je commence à craindre votre mestre : son désir de me voir prendre du repos me fait redouter que ce dernier ne soit éternel si je ne me plies pas à des horaires moins exigeants. » dit-elle avec un sourire en coin. Il était certain que sa présence ici, à une heure si avancée, même pour répondre à quelques lettres, aurait déplut au vieil homme mais il était bien plus facile de se concentrer sur ses missives quand Visenya était au lit que lorsqu'elle devait s'assurer qu'elle ne se jette pas du haut d'un balcon pour tester la gravité ou ne cause d'ennuis à leurs hôtes en s'impliquant avec un peu trop de joie dans les jeux des enfants du château. Il lui apparut alors que l'heure était justement bien tardive pour une visite de courtoisie et un sourcil blanc se leva avant qu'elle ne demande. « Puis-je vous être utile d'une quelconque manière, Lady Alys ? » La blonde ignorait si elle craignait d'apprendre que sa fille s'était introduite dans la chambre d'un des enfants Royce ou de recevoir l'éventuel mépris de la dame des lieux quant à sa présence en sa demeure.


:copyright:️crack in time



┗ DAUGHTER OF THE SEA ┛
People think that intimacy is about sex. But intimacy is about truth. When you realize you can tell someone your truth, when you can show yourself to them, when you stand in front of them bare and their response is 'you're safe with me'- that's intimacy..
Alys Royce
Lady of Runestone

Alys Royce

Informations
Mothers know best || Vaeranah&Alys Tumblr_mkc45x9wWP1rid5xso3_500
Ft : Annabel Scholey
Multi-Compte : Robb Stark
Messages : 294
Date d'inscription : 07/09/2023
Présence : Présent
Personnage
Badges
L'incarnation
Multicompte
Time Traveler


   
# 
Mothers know best
Roches-Aux-Runes | An 310, lune 2, semaine 4


play.

Les soirées étaient sans doute les heures de la journée que Lady Alys redoutait le plus.

Passée l’heure du souper se mettait en place pour elle un triste rituel par lequel elle tentait de prier le sommeil de l’emporter. Elle se rendait, seule, dans des appartements trop grands pour elle, surtout depuis qu’Allard les avait quittés pour aller dormir dans sa « chambre de grand ». Si le temps était frais, elle enfournait quelques braises dans sa bassinoire qu’elle fourrait dans son lit, au niveau de ses pieds. Elle se dévêtait, seule, pour enfiler une tenue de nuit usée par le temps. Puis, elle s’installait devant un petit miroir devant lequel elle s’appliquait à retirer de sa coiffure intriquée les dizaines d’épingles qui tiraient ses cheveux en arrière. Elle peignait ses cheveux en se souvenant d’un temps où on le faisait pour elle, puis elle se les nouait de nouveaux, dans des tresses serrées, pour se coiffer plus facilement le lendemain. Dans son miroir, elle regardait une fois, deux fois, trois fois, les traits de son front, marqués par les années, qui apparaissaient d’autant mieux que sa peau n’était plus tirée par les épingles dans sa coiffure. Lasse, elle éteignait une première bougie, celle de sa coiffeuse, avant de méthodiquement passer les souffler toutes, tous les soirs dans le même ordre. Elle en profitait pour faire le tour de son lit, une fois, deux fois, trois fois. Elle voulait vérifier que les draps étaient bien serrés, et qu’elle pourrait s’y glisser en sentant son corps contenu par le poids des couvertures – à défaut de l’être par les bras d’un homme. Et puis, venait l’heure fatidique : celle de se glisser entre ces draps réchauffés par des braises, et espérer y trouver le sommeil. Elle éteignait alors sa dernière chandelle, laissant le noir se faire totalement dans sa chambre. S’entamait alors pour la Lady Royce une bataille : celle qu’elle mènerait, une nuit de plus, contre son insomnie.  

Pas ce soir, toutefois, ou tout du moins, pas tout de suite : Alys retarderait ce rituel en profitant de la présence exotique d’une bravoosie dans sa maison. Elle avait trouvé l’argentière dans une office de son château assombri par la nuit, toujours au travail alors que son ventre arrondit appelait au repos. La femme aux cheveux de lait s’était levée, non sans courage toutefois vu les neuf lunes qui l’alourdissaient, pour saluer la Dame de Roches-Aux-Runes. Alys voulu lui tendre le bras pour la soutenir, mais elle se rappela ses propres grossesses, et de sa lassitude face aux petites gens qui s’affolaient autour d’elle pour lui écarter une chaise ou lui recommander un breuvage. Elle se retint, alors, songeant qu’elle et l’Antaryon n’étaient pas assez proches pour qu’elle puisse présumer de lui être d’un quelconque soutien. Maddy avait été celle, pendant ses propres grossesses, à toujours avoir su anticiper ses besoins sans être jamais trop envahissante. Les deux femmes avaient toutefois appris à s’apprivoiser de longues années, et Vaeranah n’écumait les murs de Roches-Aux-Runes que depuis quelques jours. Alys n’anticipa pas, alors, se contentant de souligner son effort d’un geste de la tête. Elle fit bien, manifestement, puisque l’Antaryon souligna justement combien certains membres du fief avaient pu se montrer un peu trop prévenant à son égard. La Seigneur se mordit la lèvre inférieure, regrettant l’attitude de son Mestre, et surtout, de n’avoir point su l’empêcher.  

Elle regrettait, aussi, de savoir ce qui pouvait se cacher derrière les inquiétudes du bonhomme. C’était un homme de Foi, de celle qui interdisait la luxure, en particulier celle des femmes. Vaeranah Antaryon n’était pas mariée, elle arrivait enceinte à Roches-Aux-Runes, et avec, dans ses bagages, une petite filles aux cheveux aussi blancs que les siens – et que ceux d’autres hommes qui écumaient ce château sur la Baie des Crabes. Dans un autre temps, à une autre époque, une Alys plus pieuse aurait elle aussi posé un regard jugeant sur les habitudes paillardes de la bravoosie. Aujourd’hui …

Aujourd’hui, Alys se satisfaisait de savoir que quelqu’un se penchait enfin sur les livres de comptes de son fief, qui que soit ce quelqu’un. Cinq ans durant, les Royce avaient fonctionné au ralenti. Autrefois meilleurs alliés des suzerains du Val, dotés de l’une des armées les plus larges de la région, ils n’étaient désormais rien de plus qu’une maison appauvrie dont les couloirs brûlaient de souvenirs de gloire et de félicité. Alys voulait que tout cela change. Elle voulait retrouver un peu de ce qu’elle avait connu autrefois, quand elle était encore l’heureuse Dame d’un château florissant, la mère d’une famille heureuse, l’épouse d’un homme qu’elle admirait.

Ne nous leurrons pas, toutefois : la mission de l’argentière n’était qu’un prétexte, la Dame de Roches-Aux-Runes le savait bien. Si toutefois les Royce pouvaient en tirer un bénéfice … Elle ferait en sorte que Vaeranah Antaryon ne soit pas empêchée de travailler. D’un air entendu, elle lui répondit : « S’il vous importune de trop, ma Dame, faites-le moi savoir. J’aimerais que vous soyez à vos aises, parmi nous. Ces derniers jours avant l’arrivée d’un enfant sont les plus inconfortables, je ne voudrais pas qu’on vous en rajoute. » Alys se souvenait bien de l’arrivée d’Allard ; elle avait accouché au milieu  du chaos qu’avait été le siège de Roches-Aux-Runes, inoubliable souvenir. Elle ne pouvait plus marcher tant cette grossesse avait fait gonfler ses jambes. La nausée était revenue pendant les dernières semaines, l'empêchant d'avaler le moindre repas ; c’était plutôt bien tombé, toutefois, puisque la nourriture devait être rationnée, en ces temps de guerre. Le Mestre n’avait pas eu à lui demander de garder le repos, elle était de toute façon trop faible pour sortir de ses appartements.

Alys Royce était heureuse, toutefois. Autour d’elle couraient tous ses enfants, trop heureux d’accueillir un nouveau bébé dans leur maison, trop innocents pour comprendre à quel point le précipice était proche. Son époux, éploré par la bataille de la péninsule et par la perte de son frère, passait tout son temps libre autour d’elle. Il était son roc, et elle le sien. Tout était bien, l’illusion parfaite.

Vaeranah dû percevoir, dans le regard de son hôte, un trouble. Les joues d’Alys étaient rouges d’avoir couru dans ces couloirs pour filer le plus loin possible de ce petit garçon qu’elle essayait désespérément de fuir sans toutefois trop le quitter – impossible paradoxe. Dans ses yeux, il n’y avait que des souvenirs, qu’elle essayait d’enfourner au plus profond de sa mémoire mais qui se rappelaient à elle sans cesse – et toujours plus, ces derniers mois, et encore davantage, le soir venant.

La braavosie lui demanda comment elle pouvait l’aider ; Alys soupira, laissant apparaître un sourire sur son visage fatigué. L’argentière était curieuse, et sans doute la Dame du Rocher avait-elle mérité cette question. Il y avait, à sa visite nocturne dans son office, quelque chose d’étrange. Et puis, Vaeranah Antaryon serait forcée d’admettre qu’il valait mieux que ce soit elle qui pose les questions, pour éviter qu’on ne lui demande, à elle, des réponses. « Vous l’êtes déjà, chère conseillère … Mais puisque nous nous retrouvons ici toutes les deux, peut-être pourrez-vous me donner votre avis sur une situation bien autre que celle des comptes de Roches-Aux-Runes… » Alys attrapa une cruche de vin que la braavosie s’était manifestement fait parvenir jusqu’à sa table de travail. Elle s’en servit un verre, avant de remplir celui de son invitée. Puis, elle l’invita, d’un geste de la main, à s’asseoir de nouveau, et à son tour, elle se tira un fauteuil. Elle s’assit près du bureau, et s’accouda dessus, familièrement. Vu l’heure, l’Antaryon lui pardonnerait sans doute son manque d’étiquette.

« Diriez-vous que vous avez eu une bonne mère ? »

Trop familier, direz-vous ?

Alys ne savait pourtant pas qu'elle était la tante de l'enfant que portait Vaeranah.

DRACARYS

@Vaeranah Antaryon | #3A7589 | gif by usermina on tumblr



Que la mer nous mange le corps
Que le sel nous lave le cœur
by wiise
Vaeranah Antaryon
L'étoile de l'Est

Vaeranah Antaryon

Informations
Mothers know best || Vaeranah&Alys 23b20d1207906254df529b403c226302646c332e
Ft : Emma d'Arcy
Multi-Compte : m. targaryen, a. caron, t. greyjoy, r. royce, b. nerbosc, d. pommingham, r. baratheon, h. swyft & h. karstark
Messages : 513
Date d'inscription : 24/01/2023
Présence : Présent
Personnage
Badges
Dracanniversaire
Multicompte
25e RP


   
# 

Mothers know best
Vaeranah & @Alys Royce

Strange, the things you remember. Single images and feelings that stay with you down through the years



Alys Royce avait tout de l'hôtesse parfaite. Quelle que fut la manière dont son époux l'avait informé de sa venue, Vaeranah n'avait noté ni animosité, signe d'un égo blessé, ni curiosité mal placée. Quoi qu'eut ressentit cette femme en la voyant arrivée chez elle, cela demeura entre elle et ses propres pensées. Cela se confirma au cours des jours suivants : même après le prompt départ de Vaeron, la dame des lieux ne changea guère d'attitude à son égard, gardant une forme de distance respectueuse et d'intérêt poli, assez pour être accueillante comme il se devant, mais guère pour témoigner d'une quelconque amitié naissante. Cela ne dérangeait pas l'Argentière qui préférait de loin le silence d'Alys Royce aux jacassements incessants d'autres dames qu'elle avait eut le loisir de rencontrer et qui ne la laissait repartir sans une sourde migraine. Néanmoins, quelque chose dans son attitude la mettait légèrement mal à l'aise, rien qui ne fut expressément démontré, mais elle sentait, dans cette distance qui existait entre l'hôtesse et son invitée, quelque chose qu'elle ne parvenait à cerner. « Je m'importune plus qu'il ne le fait, je vous assure. » dit-elle avec un sourire, songeant que malgré tout l'agacement qu'elle pouvait y ressentir, les savoirs du mestre s'avéraient fort utiles. Ce n'était pas parce qu'elle refusait de se soumettre aux injonctions de la science qu'elle ne savait pas reconnaitre le bienfondé des conseils qui lui étaient prodigué. Mais peut être était-ce l'esprit de contradiction inhérent à sa personne, renforcé par les années qu'elle venait de passer dans le Val, qui la poussait à ignorer les indications ?

Si elle fronça les sourcils, perdue dans ce que son hôtesse voulait lui exprimer, la question, posée de but en blanc, la laissa sans voix. « Oh. » fut la seule chose qui traversa ses lèvres tandis que son esprit cherchait à confirmer ce qu'il venait d'entendre tout en réfléchissant à la manière de répondre à une question si intime et personnelle mais possiblement vectrice de changement. Car il était simple de répondre par la positive, de prétendre qu'elle avait eu l'enfance rêvée ou, au contrairement d'apitoyer le monde sur son sort. La vérité était toujours plus complexe : elle n'avait pas été une enfant malheureuse mais il n'y avait rien eut d'idyllique pour autant. « Voilà une question bien difficile pour qui demande une réponse très honnête. Je dirais qu'elle ... A fait ce qu'elle pouvait dans la mesure de ses moyens. » Cela semblait une réponse simple, une évidence pour qui ne voulait pas admettre un manquement parental sans trop s'avancer sur la réalité des choses. Mais pour Vaeranah, cela n'aurait su être plus vrai. Lysara Antaryon aurait sans doute été différente s'il ne lui avait pas été donné des enfants aussi différents qu'éloigné de ses désirs, et si le destin ne lui en avait arraché deux. A son désarroi de mère endeuillé s'ajoutait le caractère de son époux et les jeux de pouvoirs de la cité cachée. « Il faut garder en mémoire que les moeurs braaviennes et celles de Westeros sont bien différentes. A ceci, ajoutez que c'est de ma mère que je tiens ... » Elle désigna d'un geste de main son visage, ses cheveux argenté autant que ses yeux dont seul un iris était teinté de mauve. Ses doigts, redescendant du tour de poignet démonstratif, enroulèrent la grosse mèche blanche qui pendait sur son épaule tandis qu'elle retenait un soupire. Comment expliquer les libertés dont jouissait Braavos, la sépération du privé et du public, à quelqu'un qui n'y avait jamais vécu. Comment expliquer les particularités des traditions perdues de Valyria quand ces dernières se perdaient dans un protocole royal qui était l'apanage de la maison Targaryen. Elle posa son regard sur l'une de ses bagues, un cadeau de son oncle pour son entrée dans l'âge adulte, un bijoux qui appartenait à sa grand-mère et à a sienne avant elle, un bijou très spécial orné d'une pierre d'un blanc laiteux et dont l'anneau rappelait, si ce n'était un dragon ou un veur de feu, un gros serpent. « Son nom vous sera sans doute moins inconnu que le mien. C'est une Rogare. » Lorsqu'elle était encore à Braavos, il n'était pas rare que quelques clients s'étonnent, surtout après avoir croisé ses cousins ou son père, de son atypique apparence. Mentionner le nom de sa mère suffisait à leur tirer une expression de soudaine compréhension. Pour Westeros, cela se mêlait aussi à l'histoire, à une brève période que l'on connaissait sous le nom de printemps lysien.

Cela ne jouait peut être pas plus en sa faveur, mais elle considérait que cela en disait assez pour offrir à la Royce le contexte dont elle avait besoin. Qu'était-il besoin de mettre des mots sur l'ambition qui animait son père, comme tous les chefs des grandes familles braavienne, ou sur la manière dont sa famille maternelle avait survécut après la chute de leur nom plus d'un siècle auparavant ? « Des quatre enfants vivants qu'elle a pu mettre au monde, il ne reste que Vaeron et moi. J'avais un cadet qui est décédé d'un refroidissement brutal avant d'atteindre l'âge de dix ans. Quand à mon frère aîné ... Les choses sont plus compliquées. » expliqua-t-elle d'un ton neutre. Varyrio n'était qu'un souvenir sans visage dans son esprit, elle était très jeune lorsqu'il avait disparu et si elle se souvenait de la peine du Palais Antaryon, cela n'avait rien avoir avec la détresse dont sa mère avait été affligée lorsque Vidar lui avait été prit, teintant la récente nomination de son père d'un rouge carmin. Si Lysara continuait de mettre cela sur le compte de la félonie et de la jalousie d'autres familles, Vaeranah savait que son frère n'avait jamais été la cible de cette assassinat. Pas celui ci du moins. Elle n'avait plus jamais été la même après cela et Vaeranah était déjà assez vieille pour ne plus avoir besoin de ses soins et de son affection : aussi laissa-t-elle sa mère pleurer son vie adoré tandis qu'elle demeurait au chevet de Vaeron, culpabilisant d'autant plus du soulagement qu'on lui ait laisser son frère préféré. Peut être n'était-ce qu'une fracture de plus entre elles ? Peut être Lysara avait-elle senti que malgré la peine de sa fille, il demeurait des sentiments indicibles qui lui rendait l'évènement moins dramatique ? « Des drames qui peuvent toucher une femme, c'est la mort de Vidar qui l'a le plus ébranlé. J'imagine que l'on garde un sentiment particulier avec son premier-né ... Vidar était sa perfection, l'héritier parfait. » Elle en éprouvait presque du ressentiment car de la si belle dynastie dont ses parents lui avait tant parlé, il ne restait plus rien après la mort de son frère, comme si ni elle, ni Vaeron, n'étaient digne de faire vivre l'idée, d'assurer la continuité des ambitions familiales. Elle pouvait le comprendre, à bien des aspects, mais cela ne rendait pas le constat moins blessant. « A côté de lui, Vaeron et moi n'étions que des moutons noirs : mon frère a tendance à l'emportement, il peine à accepter la frustration et il a la mauvaise habitude de se mettre dans des situations périlleuses. Quand à moi ... Vous imaginez bien que si je me retrouve dans la position qui est mienne aujourd'hui, c'est que je suis loin d'être la fille docile, obéissante et proprette qu'elle aurait voulu que je sois. » Elle passait pour une fille bizarre, peu engageante et guère attirée par les conversations et activité de dame. Un drame pour la seule fille que le couple parvint à avoir. Et pourtant, il venait souvent à la braavienne l'idée que son sexe, aussi limitant soit-il pour certaines personnes, ne fut guère prit en compte par la suite, qu'après la mort de son plus jeune fils, Ferrego Antaryon troqua la destiné du benjamin avec celle de l'unique jouvencelle de son sang, permettant à Vaeranah d'avancer dans un monde essentiellement masculin. Elle n'avait, pour autant, pas échappé à l'éducation qu'on offrait aux dames, mais le soutient paternel et la présence de son grand-oncle, avait sans doute aidé à ce qu'elle fasse son chemin dans les institutions de Braavos. « Néanmoins, je n'ai jamais manqué de rien : elle a su trouver comment occuper mes journées, elle a toujours défendu fermement mes intérêts et bien que le choix de mon père l'eut privé de ses derniers enfants, elle n'a jamais rien fait pour nous empêcher de vivre notre vie. En l'état, je pense qu'on peut dire qu'elle ne s'est pas trop mal débrouiller. » conclut finalement la blonde. Sa mère était beaucoup de chose, mais elle demeurait sa mère, aussi mélancolique et effacée que ses tragédies l'eurent rendues. « Et la vôtre ? » finit-elle par demander. Quoi qu'elle n'eut de réelle relation avec elle, Sharra Grafton ne lui était pas totalement inconnue pour autant : elles vivaient dans le même château après tout. Elle était cependant curieuse de savoir quelle avait été le tempérament de cette femme, aujourd'hui relégué dans les coulisses du pouvoir, qui elle avait bien pu être, en définitive, et si cela expliquait la soudaine question de la valoise.

:copyright:️crack in time



┗ DAUGHTER OF THE SEA ┛
People think that intimacy is about sex. But intimacy is about truth. When you realize you can tell someone your truth, when you can show yourself to them, when you stand in front of them bare and their response is 'you're safe with me'- that's intimacy..
Alys Royce
Lady of Runestone

Alys Royce

Informations
Mothers know best || Vaeranah&Alys Tumblr_mkc45x9wWP1rid5xso3_500
Ft : Annabel Scholey
Multi-Compte : Robb Stark
Messages : 294
Date d'inscription : 07/09/2023
Présence : Présent
Personnage
Badges
L'incarnation
Multicompte
Time Traveler


   
# 
Mothers know best
Roches-Aux-Runes | An 310, lune 2, semaine 4


Alys avait surpris son invitée par sa question sans doute trop intime qui laissa quelques longues secondes, dans la pièce réchauffée par les flammes des bougies, un air rafraîchi. Elle en rougit un peu, mais point trop, car elle se doutait que sa question trouverait bientôt un point de résonance. A son âge, elle mesurait mieux l’effet que pouvaient avoir ses mots, et elle pressentait que l’étonnement de la braavosie serait bientôt remisé. L’Antaryon avait un regard profond, elle réfléchissait. Son hôte savait déjà qu’elle l’en remercierait, plus tard : les femmes avaient cet avantage de savoir prendre au sérieux la paroles des autres créatures de leur sexe, bien mieux que les hommes ne savaient le faire. Alors qu’elle entamait une réponse qui semblait déjà fort appliquée et précautionneuse, Alys s’installa plus profondément sur son siège, et aspira lentement une gorgée de son vin.

« Elle a fait ce qu’elle pouvait dans la mesure de ses moyens… » voilà une réponse bien sibylline, songea Alys qui cherchait à en comprendre le sens dans les yeux vairons de son interlocutrice. Si, bien sûr, la Royce avait posé cette question à l’Antaryon, c’était pour elle. Pour savoir comment était constituée une bonne mère selon les premiers concernés, ses enfants. Elle s’inquiétait, Vaeranah le devinerait sans doute bientôt, de l’être suffisamment, pour les siens. Elle se retrouvait souvent, alors, à regarder en arrière. A se demander si sa propre mère avait été suffisamment bonne avec elle, et comment elle avait jugé de cela, enfant. En effet, Sharra Grafton avait bien sûr été la première femme a lui avoir appris quelque chose de ce rôle-là. Même sans le vouloir, même sans lui adresser de leçons particulières, la Dame de Goëville avait appris à sa fille comment faire et comment ne point faire, à l’avenir, dans ce rôle de mère, si particulier. Et puis, Alys avait appris d’autres femmes. De Maddy, par exemple, de laquelle elle partageait une telle intimité qu’elles avaient même été enceintes ensemble. Elles avaient beaucoup échangé, des nuits durant, sur les bonnes façons de faire. La Dame Royce souhaitait toutefois aller plus loin, ce soir. Elle cherchait les bonnes façon d’être.

Alys n’était point pressée, toutefois ; la nuit tombée, il lui semblait d’ailleurs que le temps ralentissait. Avant de chercher avidement comment appliquer les réflexions de la braavosie sur elle-même, elle voulait d’abord écouter et comprendre où elle voulait en venir, et comment elle jugeait de ce qu’elle racontait. Vaeranah semblait prête, elle aussi, à se lancer dans de grandes explications, puisqu’elle s’appliquait désormais à préciser ses origines, au-delà de ce que la valoise pouvait déjà se figurer de ses apparences. Cheveux d’argent, un œil violet …  Alys n’avait pas d’idée précise de l’apparence typique des Antaryon, dont elle ne savait pas grand chose de plus que leur identité de commerçants à Braavos. Des Rogare, toutefois, dont la jeune femme se racontait appartenir, la westerosie savait plus de choses. Une Reine des Sept Couronnes avait porté ce nom-là ; Larra Rogare avait-elle même été Reine, d’ailleurs ? Son mari n’avait régné que peu de temps, après bien des années à flirter avec le pouvoir dans sa fonction de Main du Roi. Alys se perdit un instant dans ses pensées, essayant de se souvenir de ses leçons d’Histoire des Sept Couronnes.

Quand elle retrouva le fil de ce que Vaeranah lui racontait, celle-ci mentionnait un frère cadet, décédé avant l’âge de dix ans. Cette pensée la fit frissonner. Alys avait quatre enfants qui avaient tous dix ans, ou moins. Les imaginer mourir, si jeunes, avant d’avoir grandi, avant d’avoir eu le temps de vivre, avant elle, la terrifiait. Perdre Yorwyck, si peu de temps après sa naissance, avait été un des premiers drames de sa vie. Quelle tristesse avait donc dû être celle de cette Lady Rogare qui avait perdu pas un, mais deux fils. En songeant à cela, alors que Vaeranah contait quelle peine avait été celle sa mère à la disparition de Vidar, Alys songea qu’elle avait deux fils aînés. Son véritable premier-né, Yorwyck, et celui qui était désormais son aîné, son héritier, Lucas. Deux garçons qui lui avaient été arrachés par la vie, bien différemment, toutefois, lui causant sans doute une autre perte que celle qu’avait dû être celle de la mère de l’Antaryon.

Alys chercha de nouveau le regard de son invitée, dans lequel semblait poindre un air revendicateur alors qu’elle racontait son sort, ainsi que celui de son frère Vaeron, dans le regard endeuillé de leur mère. Attentivement, l’hôte but une nouvelle gorgée de son verre alors que Vaeranah témoignait de son indocilité en montrant son ventre rond. Alys lui sourit doucement, laissant entendre point une moquerie, mais une marque d’aménité. Ce n’était certes pas la Dame du Rocher qu’on aurait surprise enceinte sans alliance à son doigt, mais cette affaire ne l’intéressait pas beaucoup pour autant. Vaeranah était mère, elle était fille aussi, les deux femmes avaient cela en commun, et c’était ce qu’Alys considérait, ce soir-là.

Lady Antaryon concluait maintenant son propos en reprenant son premier constat. Sa mère avait fait ce qu’elle avait pu, en offrant à sa fille un soutien qu’une autre aurait pu lui refuser. Rien n’était trop dit sur la tendresse ou l’affection, qu’Alys imaginait donc aisément comme peu caractéristique de la relation de Vaeranah avec sa mère. Soit. Alys hochait lentement du crâne à l’affirmative, manifestement songeuse. Comment répondre ?

Laissant flotter quelques instants de silence réflexif, Alys terminait son verre de vin. Son invitée ne lui laissa pas le choix sur la suite de la discussion, puisqu’elle lui demanda à son tour si sa mère à elle avait été suffisamment bonne. Un sourire amusé naquit sur les lèvres de la valoise :  « Le jeu n’est pas le même pour moi qu’il ne l’est pour vous, puisque vous connaissez ma mère, et que vous la croisez d’ailleurs plus régulièrement que moi, désormais … mais je vais m’y prêter à mon tour, je vous dois bien cela pour la générosité de votre réponse. » Alys avait quitté le regard de son invitée, pour saisir à nouveau la cruche d’alcool et se resservir un verre, qu’elle se promit intérieurement de boire plus lentement que le premier.  « Comme vous, je suis la seule fille de ma mère. » Alys marqua un temps d’arrêt, ne sachant pas elle même où elle voulait en venir avec cette idée.  « Je vous le précise car j’imagine que ça a aussi son ... importance, dans la façon dont elle m’a élevée, comme pour votre mère avec vous. Lord Gerold est son aîné, et là aussi, cette place vient avec son lot de responsabilités. Je suis sa seule fille, donc, et Gyles est le dernier. Et puis, il y a Oswell … » Un éclair de tendresse passa sur le visage de la Dame du Rocher. Elle trouva le regard de Vaeranah pour poursuivre :  « Lui aussi, a une place particulière pour Lady Grafton, je crois. » De sa liste, Alys tenait Marq à l’écart. Garçon puiné, venu après l’arrivée d’un premier bâtard dans la lignée Grafton … s’il avait eu une place, dans cette fratrie, celle de Marq ne devait pas être facile.  « Je l’aimais beaucoup, ma mère. Mais je crois que ça n’était pas cela, qui l’intéressait surtout. Je crois qu’elle voulait que nous réussissions, tous, et qu’elle a oeuvré pour cela avec acharnement. Elle a ouvert avec nous des portes qui, sans elle, auraient pu être closes. A cela, notre mère était très bonne. » Précautionneusement, et parce que l’Antaryon connaissait la matriarche Grafton, Alys cherchait comment poursuivre son propos sans risquer de déshonorer sa mère :  « Mais je crois que c’est pour elle, plus que pour nous, qu’elle s’est appliquée. Ça m’a fait souffrir, quelque fois, de comprendre cela, ou même d’en être témoin pour l’un de mes frères. Je me souviens m’être promise de ne pas laisser cela arriver avec mes propres enfants. » Alys songea au silence de sa mère, des années durant, quant au secret qu’elle avait gardé pour Gerold. Elle n’avait rien dit à sa fille désormais Royce de celui qu’elle cachait à Goëville, sachant pourtant bien que Roches-Aux-Runes s’engageait toujours plus dans une lutte contre l’incursion à Westeros du Prince Viserys, et alors qu’elle savait que cela mènerait bientôt les Royce à leur ruine. Elle n’avait rien dit, non plus, quand ses deux fils avaient assiégé sa fille. Tout cela, toutefois, elle ne l’avait pas fait exclusivement pour Gerold. De cela, Alys était certaine. Elle l’avait fait pour elle ; à ce moment-là, les intérêts de son aîné étaient alignés aux siens, voilà tout. La Dame Royce soupira.  « Je réalise toutefois ces derniers temps que je le fais déjà, bien malgré moi. J’élève mes enfants, je les construis, je les mène dans un sens ou dans l’autre parce que je veux le meilleur pour eux, sans doute … mais le meilleur pour moi, aussi. » Allard en était la preuve la plus cruelle. Alys l’avait serré tellement fort pour se consoler de ce qu’elle avait perdu qu’elle avait fait de lui une créature austère et inquiète. Pauvre bête.  « Est-ce donc là notre sort ? » Alys sourit doucement à son invitée, avant de laisser son regard se perdre dans la bibliothèque qu’elle avait choisie pour travailler. Elle ne cherchait pas à être consolée, ou rassurée, loin de là. Vaeranah serait bien incapable de le faire, il aurait été injuste de le lui demander. L’heure était à la philosophie, sans doute, et le vin servirait bien à calmer son poul excité par l’angoisse que cette journée avait générée. Alys en but une nouvelle gorgée.  « J’imagine qu’on est vouée à ressembler un jour à nos mères … »

DRACARYS

@Vaeranah Antaryon | #4A94AC | gif by usermina on tumblr



Que la mer nous mange le corps
Que le sel nous lave le cœur
by wiise
Vaeranah Antaryon
L'étoile de l'Est

Vaeranah Antaryon

Informations
Mothers know best || Vaeranah&Alys 23b20d1207906254df529b403c226302646c332e
Ft : Emma d'Arcy
Multi-Compte : m. targaryen, a. caron, t. greyjoy, r. royce, b. nerbosc, d. pommingham, r. baratheon, h. swyft & h. karstark
Messages : 513
Date d'inscription : 24/01/2023
Présence : Présent
Personnage
Badges
Dracanniversaire
Multicompte
25e RP


   
# 

Mothers know best
Vaeranah & @Alys Royce

Strange, the things you remember. Single images and feelings that stay with you down through the years



Parler de Lysara Antaryon avait profondément troublé Vaeranah. Si elle lui écrivait régulièrement, du moins aussi régulièrement que son esprit pensait à le lui rappeler, elle n'avait véritablement songé à tout cela depuis bien des années. Les incompréhensions entre mère et fille étaient bien grandes, anciennes, sans doute irréparables. Malgré le discours empreint de compréhension, il resterait toujours une ombre dans le coeur de la braavienne, une envie bouillonnante qui hurlait à l'injustice. Celle d'avoir ressenti les réticences de la Rogare face à son talent unique avec les chiffres, celle d'avoir l'impression de ne jamais être assez pour combler les ambitions maternelles. Vaeron avait sans doute ses propres griefs contre leurs parents, mais ce que Vaeranah savait pardonner à son père -mis sur le compte de l'égocentrisme masculin- elle ne parvenait à l'oublier chez sa génitrice. Lysara se revendiquait plus valyrienne que lysienne ou braavienne mais elle n'en avait pas la carrure. C'était précisément pour ne pas lui ressembler que Vaeranah avait cultivé ses différences, s'engonçant dans des rôles plus masculins, s'offrant des passe-temps moins convenable pour une demoiselle. Ce que Braavos trouvait atypiquement délicieux, l'épouse du Seigneur de la Mer s'en arrachait les cheveux et si aucune franche opposition n'avait marqué l'histoire de la famille, la guerre était, silencieuse dans les regards, dans les actions. Oh Lysara Antaryon avait fait de son mieux oui, mais son mieux n'était pas assez et Vaeranah n'était pas que la fille de sa mère. Peut être avait-elle aimé Vidar justement parce qu'il était l'enfant qui lui ressemblait le plus, celui qui répondait à tous ses désirs quand Vaeron et elle ne tenaient d'elle que leurs cheveux d'argent. Elle ne l'avait jamais envisagé auparavant, mais à bien y réfléchir, elle ressemblait sans doute plus à Ferrego qu'aucun de ses fils car si Vaeron exprimait une fougue que leur père avait toujours publiquement contenu, ce n'était pas lui qui avait hérité de ce tempérament parfois fourbe et rusé, de cette soif insatiable que côtoyait un mortel ennui. Vaeron était trop emporté pour réfléchir froidement aux coups politique qui pouvaient se jouer à long terme. Et Vidar ... Dans toute sa perfection, Vidar était bien trop gentil pour envisager de sacrifier qui que ce soit. Ce qui n'était pas son cas, aussi terrifiant ce constat causa en elle. Retourner la question était une nouvelle forme d'échappatoire, une manière d'étouffer la noirceur qu'elle sentait poindre, l'envie qui, se délectant déjà des interdits qu'elle s'était autorisé à franchir, ne pouvait s'empêcher d'en vouloir plus. « Connaitre est un bien grand mot. » glissa-t-elle avec un demi rire. Rien ne forçait Sharra Grafton à s'imposer la présence d'une femme qui n'était au final dans sa demeure que pour gérer les finances d'un royaume dont son fils était Main. Trop occupée avec son poste, Vaeranah ne passait guère de temps avec les dames de la Cour et loin des liens conjugaux qui unissaient tout ce petit monde, n'avait que peu d'occasion de partager des repas avec elle. Peut être était-ce pour le mieux, s'était-elle dit un jour, ignorant si le regard perçant de la douairière saurait lire au delà de ce qu'elle affichait publiquement, ignorant comment elle réagirait à la chose.

Alors elle écouta. Elle écouta le récit d'une enfance qui lui semblait, à certain égards, bien familière. Tel était le lot des filles, quelque soit la rive du Détroit où elles grandissaient, tel était le poids de leur sexe, les obligeant à subir devenant presque simple spectatrice de leur existence. Son grand oncle l'avait sans doute sauvé de bien plus qu'une existence morne d'ennuis, songea la braavienne avec amertume, et ses fonctions à la banque lui avait épargné le mariage politique, quoi qu'elle avait fini par embrasser la destinée de mère à son tour. Certainement pas dans les meilleures circonstances, elle le reconnaissait, mais sans doute y trouvait-elle plus d'épanouissement ainsi. Il restait une part de mystère dans les paroles d'Alys Royce, une part de non dit dissimulés d'habile et élégants mots qui invitaient à laisser planer le mystère car si sa curiosité était piquée au vif, il aurait été impoli de l'inviter à approfondir sa pensée, plus encore tandis qu'elle avait le sentiment de violer l'intimité des souvenirs d'enfance de Gerold et de sa soeur en superposant les récits qu'elle avait pu en avoir. Cela ne la regardait pas, se répétait-elle : si la brune désirait parler d'avantage cela ne concernait qu'elle, elles ne se connaissaient guère assez pour l'inviter à se livrer davantage. Pour autant, il semblait que toute cette conversation avait un but caché, peut être même d'elle-même, peut être n'était-ce que le fruit des réflexions qui la tirait hors de ses appartements à une heure si tardive. « Je l'ignore. Peut être comprenons-nous mieux les choix qu'elles ont pu faire maintenant que nous partageons les mêmes responsabilités ? » proposa la valyrienne après quelques secondes de silence. Elle n'était pas certaine de partager le même point de vue que Lysara, mais elle comprenait davantage son positionnement entre la déception d'une grandeur passée qui disparaissait dans les étreintes conjugale qu'elle se devait d'offrir à son époux, diluant toujours plus le sang antique dans des métissages essosi, et proximité d'un pouvoir si important qu'il faisait d'elle l'égale d'une reine. Elle déglutit avec difficulté tandis que l'idée se faisait son chemin dans son esprit, lui rappelant la promesse faite enfant, les encouragements à rester avec ses frères ou ses cousins, les hurlements tandis qu'elle refusait que Ferrego ne la fiance aux Nestoris. Oui elle comprenait. Mais elle n'approuvait pas davantage que par le passé. Songeant à Visenya, elle se demanda si elle en viendrait à se battre, pour son futur, avec Vaeron, si elle lui imposerait la moitié des choses que sa propre mère lui avait imposé. « Je ne pense pas que nous devenions les mêmes femmes. » ajouta-t-elle cependant, l'idée de ses deux grossesses hors mariage, de son poste au conseil restreint, de ses amours interdits étant aux antipodes de ce qu'était sa mère. Peut être pour faire oublier la vérité sur sa naissance, siffla une petite voix dans sa tête qui vint lui glacer le sang tandis que, ce matin même, elle avait écrit à Vaeron pour lui confier le désir de Lysara d'élever sa petite fille et ses propres projets d'apaiser le scandale en l'envoyant au matristère de Maris. Devenait-elle comme sa mère ? se demanda-t-elle finalement, le temps d'une demi-seconde. Pour la protéger, pour se protéger, n'était-elle pas en train de prendre une voie qu'aurait emprunté l'épouse du seigneur de la mer ? Elle secoua la tête. « Le contexte de votre enfance est différent de celui dans lequel vous êtes devenue mère, votre partenaire est différent, votre vie est différente. Comment pourriez vous être la même ? » C'était autant de question qui s'adressait à l'une comme à l'autre. Leurs vies n'avaient rien de semblable avec celles que leurs mères avaient pu avoir, leurs caractères étaient aussi bien différent. Pour sa part, il lui était difficile d'imaginer Vaeron se comportant comme Ferrego : il témoignait bien plus de tendresse et de présence à sa fille que leur père n'en avait jamais eut pour eux et le seul sacrifice auquel il consentait la concernant était de taire qu'il en était le père. Elle porta une main à son ventre. Quand à Gerold ... Son pouce caressa le renflement au dessus de son nombril tandis que le souvenir de son amant caressant ce même endroit quelques semaines plus tôt, lui revenait. Malgré toute la précarité de sa situation, Vaeranah restait sereine : elle n'avait rien à prouver, aucune obligation envers qui que ce soit et alors qu'on ne se serait attendu à ce qu'elle soit celle qui prenne les décisions les plus impulsive et se saborde toute seule, elle se surprenait à en concevoir, par moment, un certain soulagement. Elle releva la tête vers son hôtesse. « Mais ce que j'entends, ce que je vois, c'est que par amour, nous sommes capable de faire des choses insoupçonnées. » Rares étaient les sincères sourires que Vaeranah Antaryon offrait à d'autre que le cercle très restreint de ses proches. Mais tandis qu'elle prononçait ces mots, elle revoyait la petite ombre blonde qui ne quittait que rarement Gerold, et les trois têtes brunes qu'elle avait découvert ici, à Roches-aux-Runes. Une jolie tribu qui, à l'exception de la timidité du petit dernier, semblait particulièrement joviale et heureuse, entourée de cousins aux chevelures mordorées, parfois rousse, dans laquelle Visenya, immaculée, se plaisait à sourire véritablement.

Si elle n'avait ressenti de reconnaissance envers l'hospitalité des Royce, cette simple idée de sa fille jouant avec les enfants du château sans être une seule fois pointée du doigt en aurait été à l'origine. Peut être que son choix de venir n'était pas qu'une question de proximité géographique finalement. « Je côtoie souvent Lucas ... » finit-elle par dire, songeant à la déchirure que cela devait être, malgré la seule journée de voyage qui séparait les deux fiefs.  « C'est vraiment un bon garçon. Je crois que ... Je serais plus que fière que Visenya ait autant de bonté d'âme et de courage que lui. » Pour l'heure, le jeune âge de la petite fille expliquait peut être son aspect effacé, sa timidité et son renfermement sur elle même. Pourtant, au contact des enfants de Roches-aux-Runes, elle la voyait doucement changer et se demandait, au final, de qui elle tiendrait le plus, lui souhaitant d'être capable de se satisfaire de ce que le monde lui offrait, d'être assez fière de ce qu'elle était pour garder la tête haute malgré ce qu'on pourrait en dire. Néanmoins, il n'y avait rien de plus gratifiant pour une mère que de savoir combien les qualités de caractère de son enfant était apprécié et elle imaginait sans mal que cela l'était d'autant plus lorsqu'on en vivait séparé.

:copyright:️crack in time



┗ DAUGHTER OF THE SEA ┛
People think that intimacy is about sex. But intimacy is about truth. When you realize you can tell someone your truth, when you can show yourself to them, when you stand in front of them bare and their response is 'you're safe with me'- that's intimacy..
Alys Royce
Lady of Runestone

Alys Royce

Informations
Mothers know best || Vaeranah&Alys Tumblr_mkc45x9wWP1rid5xso3_500
Ft : Annabel Scholey
Multi-Compte : Robb Stark
Messages : 294
Date d'inscription : 07/09/2023
Présence : Présent
Personnage
Badges
L'incarnation
Multicompte
Time Traveler


   
# 
Mothers know best
Roches-Aux-Runes | An 310, lune 2, semaine 4


A écouter l’Antaryon parler de sa mère, puis, à évoquer la sienne, Alys en avait oublié un peu ce qui l’avait emmenée, essoufflée et chancelante, à pousser la porte de cet office. Pourtant, sa question qui avait ouvert cette discussion avec son invitée, sans doute la plus longue et la plus profonde qu’elles avaient échangée depuis l’arrivée de l’Argentière dans le fief Royce, découlait immédiatement de l’émotion terrible qui l’avait prise quand elle avait quitté la chambre de son petit dernier, ce soir-là. Elle avait eu l’impression horrible d’être une mauvaise mère, de n’avoir su élever correctement Allard qui, tout benjamin qu’il fut, aurait dû pouvoir s’ouvrir au monde comme ses autres enfants l’avaient fait avant lui. Force était de constater que ça n’était pas le cas, ce qui avait poussé la Dame Royce à se demander si elle avait été suffisamment bonne, pour lui. Parler de Sharra, de ses qualités de mère et de ses défauts dans ce rôle, avait été une bonne façon de détourner le sujet de son cœur. Alys, en effet, ne connaissait pas encore suffisamment bien son interlocutrice pour savoir si elle pouvait lui confier pareils doutes.

Elle avait laissé, en suspend, sa réflexion à propos de sa mère, à laquelle elle tendait à ressembler en vieillissant, laissant le souvenir d’Allard dans son petit lit la gagner à nouveau. Qu’avait-elle voulu faire de ce petit, jusqu’où aurait-elle pu l’emmener, en le gardant tout proche d’elle ? Vaeranah qui, à côté d’elle, soufflait qu’elles devaient mieux comprendre, désormais, les responsabilités de leurs mères, la laissait encore plus pensive. Machinalement, elle enroula une mèche de ses lourds cheveux bruns autour de son doigt, comme un lierre sur une branche. « Sans doute », répondit-elle distraitement, le regard dans le vague. La braavosie rattrapa toutefois bientôt toute l’attention de la Royce en précisant qu’elles n’étaient toutefois pas nécessairement les mêmes femmes. « Certes pas », ponctua-t-elle doucement. Le regard d’Alys trouva celui de la valyrienne, qu’elle remarqua être de deux couleurs. Elle n’y avait jamais fait vraiment attention, et les deux couleurs, bleu et lilas, se ressemblaient. C’était très beau. Elle s’en détourna en même temps qu’elle rougit dans la pénombre à penser à son identité de femme. Sharra et elle n’étaient certes pas les mêmes, à ce sujet. La Dame Grafton, dans les quelques leçons dispensées à sa fille à ce propos, l’aurait décrite comme trop candide, pour ne pas dire trop sotte. A treize ans, elle avait été terriblement vexée. A presque quarante ans, Alys ne lui en n’aurait plus tenu rigueur : elle avait appris à aimer ce que sa mère avait cherché à corriger, chez elle. Le naturel qui la prenait, quand elle s’emportait par exemple, et qu’elle pouvait en arriver à des états de fulmination qui faisaient honte à sa mère quand elles vivaient encore ensemble. Lady Sharra était une femme retenue et secrète. Elle avait une fille bien plus expansive qu’elle. Alys aimait passer des heures, cheveux lâchés et visage riant, avec Maddy, devant la mer. Elle aimait le frisson qui la prenait quand ses cris de colère finissaient par être entendus. Elle aimait rire avec son beau-frère autour d’un jeu de cartes jusque tard dans la nuit. Elle aimait passer dans les cuisines de son château, manger quelques gourmandises avant que le repas ne soit servi. Elle aimait la passion qu’elle retrouvait avec son mari, dans la nuit noire de Roches-Aux-Runes. Sharra aurait pu croire que sa fille avait bridé ce côté d’elle, car elle ne le voyait certainement moins apparaître face à elle. Hors de Roches-Aux-Runes, et sans doute encore plus à Goëville, la Dame Royce gardait à l’intérieur d’elle cette ingénuité qui lui avait été reprochée. Elle n’avait jamais jugé, toutefois, que ce trait de caractère lui ait porté préjudice. Elle jugeait, toutefois, que tout le monde ne pouvait pas avoir accès à cela, d’elle. A cette intimité-là.

Devant Vaeranah, toutefois … il pouvait se jouer quelque chose d’autre, sans doute. Le ventre rond de l’Argentière et la petite fille aux cheveux d’argent qui participait aux bousculades dans lesquelles Allard piétinait faisaient penser à Alys qu’elle pouvait laisser apparaître un peu de cette face d’elle sans crainte d’être jugée. Peut-être se trompait-elle, mais il lui aurait été bien douloureux de le cacher, de toute façon, car à Roches-Aux-Runes, Alys était maîtresse de sa maison. Dans son fauteuil, dans lequel elle se tenait un peu trop nonchalamment, une coupe de vin à la main, à discuter de tels sujets avec une inconnue aux mœurs étrangères … elle pouvait déjà difficilement la masquer. Vaeranah semblait déjà en avoir perçu quelque chose, d’ailleurs, puisqu’elle soulignait tout ce qui pouvait faire différence, dans sa vie et dans celle de Lady Sharra. Peut-être la braavienne parlait là d’elle et de sa propre mère. Peut-être faisait-elle des généralités plus larges encore. Cela faisait longtemps qu’Alys n’avait plus autant pensé à celle qui lui avait donné la vie. Elle lui accorda ainsi quelques secondes de réflexion en plus. Tellement, peut-être, qu’elle laissa la question de l’Antaryon en suspend, toujours pensive : comment pouvait-elle être la même que Lady Sharra Grafton ? Elle ne voulait pas l’être, en tous cas.  

Vaeranah caressait son ventre, laissant le silence gagner la pièce. Alys se souvint avec émotion de la dernière fois qu’elle avait fait ce geste. Juste avant le siège de Roches-Aux-Runes. Pendant, peut-être. Ou pas. Sans doute pas. Dans quel ordre ? Allard, la nouvelle Lune, et puis l’armée aux portes de son fief, l’étendard de la Compagnie dorée, le siège. Voilà.  Tout s’était précipité, à cette époque, et les fins de grossesses étaient toujours brouillées, pour elle. Allard n’était pas le premier de ses garçons à naître dans un chaos qui l’avait terrorisée. Elle avait eu peur pour lui comme elle avait eu peur pour Yorwyck, qui était né dans le tourbillon du décès de Yohn Royce. Elle l’avait serré tellement fort, ce garçon-là aussi. Cet aîné n’avait pas survécu, son benjamin, oui.

Vaeranah, d’une sensibilité et d’une justesse qui frappa la Dame Royce, souligna ce qu’elles étaient prêtes à faire par amour pour leurs enfants. C’était comme si avec ses yeux vairons elle était parvenue à percer la pensée de la brune pour y mettre des mots. Quelque chose brilla dans le réponse d’Alys, qui livra quelque chose à la braavienne qu’elle n’avait plus évoqué depuis longtemps : « Allard … Allard est né pendant un siège. Je l’ai allaité moi-même, toutes ces lunes. C’est le seul de mes enfants pour lequel j’ai … » Alys s’interrompit, ne sachant plus bien où elle voulait aller, avec cette idée-là. Peut-être au plus proche de celle qui l’avait emmenée à pousser la pièce de cet office, un peu plus tôt ce soir-là. La pudeur la tint-là sur cette élaboration, mais elle en ouvrit une autre : « il a un lien particulier avec moi, de ce fait. » Alys ne rajouta pas qu’elle aussi ; si Vaeranah y faisait un temps soit peu attention, elle l’entendrait en sous ton. Elle espérait que ses enfants verraient un jour combien elle les avait aimés. Comment elle les avait aimés, aussi. Ce qu’elle avait fait pour eux ; ce qu’elle n’avait pas pu faire pour eux, non plus.

Déjà émue par la journée qu’elle venait de passer, par la soirée qui l’avait prise à la gorge, par l’alcool qui commençait à embrumer ses sens et par cette discussion inattendue avec l’Argentière, Alys ne put retenir ses yeux de s’humidifier quand Vaeranah évoqua Lucas. Sa gorge se serra alors qu’elle tentait de soutenir le regard de celle qui lui faisait face. Son œil était doux, sous cette apparence de force, ce qui lui rendit la tâche plus facile, mais elle ne put s’empêcher de baisser le crâne un instant pour  souffler un « merci » sans objet. Les compliments qu’on pouvait lui faire sur ses enfants étaient toujours pour elle une caresse. Ceux qu’elle pouvait entendre sur Lucas avaient un goût amer, mais n’étaient pas moins délicieux. Celui que venait de lui adresser Vaeranah avait un côté … enveloppant, si l’on pouvait dire. Retrouvant le regard vairon de la braavienne, elle développa : « je suis tous les jours un peu plus rassurée de le voir évoluer aussi bien, moi aussi, chez le Seigneur Grafton. » Chez mon frère, aurait-elle pu dire, si le Seigneur de Goëville n’avait pas été la Main du Roi que servait aussi directement l’Argentière. Si ça lui était venu plus naturellement aussi, sans doute. « Du bon garçon que j’ai élevé … il fera de lui un homme. » L’œil humide d’Alys avait séché. Elle avait assez pleuré à ce propos. Se redressant sur son fauteuil, offrant un sourire attendri à Vaeranah, elle rajouta : « j’espère que Lucas sera fier de lui. De celui qu’il est en train de devenir, autant que je le suis. Votre fille fait déjà preuve de cela. » Alys avait usé d'une voix fort assertive. Elle se targuait de bien connaître les enfants, pour en avoir élevé quatre et participer à l’éducation de quatre autres. « Ca n’est pas une chose aisée que d’arriver dans un fief déjà bien rempli d’enfants, des frères et des cousins qui plus est, et d’y trouver une place – poursuivit-elle sur le même ton. Je crois qu’elle a déjà bien réussi à le faire, ma nièce peut en témoigner. » La rousseur d'Ysaline et la pâleur presque blanche de Visenya pouvaient en effet très souvent être aperçues côte à côte. Au grand dam d'Allard, s'il fallait en croire son récit de ce soir. « Cela signe quelque chose de son caractère. Elle a la force de sa mère. »

DRACARYS

@Vaeranah Antaryon | #3A7589 | gif by usermina on tumblr



Que la mer nous mange le corps
Que le sel nous lave le cœur
by wiise
Vaeranah Antaryon
L'étoile de l'Est

Vaeranah Antaryon

Informations
Mothers know best || Vaeranah&Alys 23b20d1207906254df529b403c226302646c332e
Ft : Emma d'Arcy
Multi-Compte : m. targaryen, a. caron, t. greyjoy, r. royce, b. nerbosc, d. pommingham, r. baratheon, h. swyft & h. karstark
Messages : 513
Date d'inscription : 24/01/2023
Présence : Présent
Personnage
Badges
Dracanniversaire
Multicompte
25e RP


   
# 

Mothers know best
Vaeranah & @Alys Royce

Strange, the things you remember. Single images and feelings that stay with you down through the years



Elle ne s'était certainement pas attendu à tant de confession venant d'une femme qui la connaissait à peine : d'ordinaire, elle paraissait froide au premier abord, d'une nature peu engageante et le sérieux de sa fonction amenait plutôt à la fuir qu'à chercher sa compagnie. Pourtant, elle se trouvait là, écoutant les états d'âme d'une femme qu'elle ne connaissait pas quelques semaines auparavant. Ce n'était pas forcément pour lui déplaire, le peu d'amitié que Vaeranah avait réussit à nouer lui étaient particulièrement précieuses, mais cela la décontenança suffisamment pour que le masque d'impassibilité tombe lentement sous les confessions qu'amenait l'ambiance intime de la conversation. Bien qu'elle gardait sa part de réserve naturelle, la présence d'Alys Royce agissait comme un antidote à sa solitude, l'égayant d'une manière inattendue qui remontait son moral en berne depuis quelques temps. Ses sourcils blancs se foncèrent légèrement tandis que le constat de la valoise, sous des airs d'aveu, semblait attendre un jugement de sa part. « Pardonnez ma franchise mais ... Cela semble vous perturber ? » demanda Vaeranah, pour qui les normes de la société ouestrienne ne trouvaient pas toujours de logique. Peut être était-ce ce décalage entre l'endroit d'où elle venait et celui où elle vivait à présent qui lui donnait plus de hauteur sur la situation, mais elle ne parvenait à comprendre en quoi la relation que la Royce entretenait avec son dernier-né méritait de la voir se punir de la sorte. « Pour ma part, je trouve que cela est magnifique : aussi difficile qu'ait pu être ce moment, vous avez tenu bon. Vous avez donné naissance à un enfant en pleine santé, vous vous en êtes occupé envers et contre tout. Vous devriez être fière de ce que vous avez accomplis Lady Alys, l'histoire est pleine de femmes qui n'auraient supporter une telle épreuve avec autant de dignité. » fit-elle remarquer. Elle n'était pas présente lors des batailles qui avaient déclenché la chute du Val d'Harrold Hardyng : arrivée avec son frère lorsque les négociations avaient déjà abouties à l'ouverture d'une voie terrestre vers Goëville, elle n'avait qu'entendu parler des premiers temps de la guerre intestine entre grandes maisons de la péninsule et des conséquences favorables au parti qu'elle défendait. Toutefois, elle avait le sentiment de comprendre en partie ce qu'avait ressentie la Dame de Roches-aux Runes : ce lent poison qu'était l'attente, l'inquiétude, l'absence lorsque l'on était en plus tiraillé par les humeurs d'une grossesse angoissée. C'était ce qu'elle avait connu lorsqu'elle avait découvert être enceinte de Visenya alors même que Vaeron guerroyait loin de Goëville : sans famille, sans amis, seule dans ce royaume qu'elle ne connaissait pas, elle avait vécut les premières lunes de sa nouvelle maternité dans une solitude qui l'avait raccroché à ce petit être sans qu'elle ne parvienne à comprendre pourquoi. Ce souvenir rendait paradoxal sa réaction à la naissance de sa fille. Etrangement, elle le sentait encore s'insinuer dans son être quoi que le secret de sa relation avec le seigneur de Goëville n'était pas aussi définitivement fatal qu'un coup d'épée sur un champ de bataille. « Pour ma part, puisque nous en sommes aux confidences ... J'ai eu beaucoup de mal à me sentir mère. C'est mon frère qui s'est occupé de Visenya au début. » confessa l'Argentière avec un rictus légèrement forcé qui trahissait son malaise. Elle faisait partie de ces femmes pour qui la maternité n'était pas inné, pour qui l'arrivée de l'enfant avait été difficile, bouleversante et, à certains égards, désagréable. De la même manière qu'elle s'était sentie mauvaise de ne pas éprouver l'amour instinctif d'une mère pour son enfant, l'omniprésence de son frère avait attiré quelques regards surpris et ce n'était que plus tard qu'elle avait comprit que l'attachement de son aîné à Visenya, s'il était commun dans les sentiments, n'impliquait pas forcément l'attention qu'il lui avait témoigné pour la plupart des hommes. « Vaeron aurait du avoir un enfant il y a quelques années mais sa compagne est décédée et l'enfant était déjà ... Parti. Il avait plus de compétences que moi en matière de bébés je crois. » En vérité, Vaeranah se demandait parfois si l'écho de cette vie perdue n'expliquait pas l'implication pleine et entière de l'Antaryon dans cette paternité qu'il ne pouvait totalement assumer. Une forme de compensation, tant envers les blessures d'un passé douloureux qu'envers le manquement que la décence le forçait à avoir envers sa propre progéniture. Le regard hétérochrome de la braavienne se posa de nouveau sur sa compagne nocturne. Si l'on devait vous juger pour avoir été une mère présente quoi qu'anxieuse ... Que dirait-on de moi ? songea-t-elle avec peine, tandis que la protestation bienveillante la ramenait à ses propres fautes.

Elle eut un mouvement vers les éléments disposés chaotiquement sur le bureau, amas de parchemins, plumes et encrier, boulier miniature et même le peigne que Visenya avait oublié lorsqu'elle était venue lui rendre visite pour lui souhaiter la bonne nuit. C'était un rituel quotidien entre la mère et la fille : chaque soir, Vaeranah brossait les cheveux de la petite, attachant les fils d'argents pour qu'ils conservent leur douceur et ne s'emmêle dans le sommeil, parfois agité, de l'enfant. Au milieu du fatras désordonné, elle retrouva le cachet de cire qu'elle cherchait, le dessin gravé d'un tour enflammé sur le cachet d'un rouge carmin. Secouant sa trouvaille, elle reprit. « Et bien ... J'imagine que je pourrais solliciter l'aide de Lord Gerold en lui expliquant que votre époux a des idées farfelues et qu'il a la tête trop dure pour entendre mes objections ... Cela le ferait peut être venir et votre fils avec lui. » imagina Vaeranah avec un instant de réflexion. Il était rare que Gerold se déplace sans son pupille et elle se surprenait, par moment à se demander s'il ne voyait pas en Lucas Royce, cet héritier qu'il attendait depuis des années, projetant sur son neveu ce qu'il ne pouvait avoir avec sa propre descendance. Cela rassurerait sans doute la mère inquiète de savoir son garçon si bien traité mais la blonde considéra que cela n'appartenait qu'à lui et que cela reviendrait à le trahir que de dévoiler cette faille dans son coeur qu'il l'autorisait à voir de temps à autre. « Ceci dit ... Cela ne me fera pas gagner de points avec Lord Andar. Ni avec votre frère quand il comprendra qu'il est venu pour rien. » Une moue faussement ennuyée se dessina sur les traits délicat de la valyrienne quoi qu'elle savait que ses paroles étaient fausses : ses lettres presque quotidiennes avec le concerné auraient pu s'arrêter sur le besoin qu'elle avait de le voir sans qu'il ne lui tienne la moindre rigueur de sa demande. Une part d'elle était certaine que si elle avouait ses craintes, il ne manquerait pas de sérieusement envisager la chose. Cependant, si rien n'affirmait qu'il y répondrait favorablement et elle préférait éviter de lui causer des ennuis en l'incitant à quitter la ville pour la rejoindre. Sans grandes raisons, elle ne se faisait que peu d'illusion sur sa capacité à la retrouver à Roches-aux-Runes et elle préférait ne pas se donner d'espoirs vains.

Un sourire contrit apparut sur ses lèvres tandis que les compliments de la Royce venaient la toucher avec une sincérité rare. Elle était plutôt habituée aux remarques polies au sujet de Visenya, la bâtardise de sa fille se lisant dans la gêne qui habitait le regard des gens. Etait-ce parce que ses propres enfants étaient entourés de jeunes Stone, elle avait le sentiment que cette différence entre enfants légitimes et enfants naturels n'existait pas chez Alys Royce ou que cela ne revêtait la même importance que chez d'autre. « Mon seul regret est de la voir grandir avec mes erreurs et mon égoïsme. » confia-t-elle alors, mettant des mots sur ce qu'elle vivait comme une maltraitance de sa part, un harpon planté dans son coeur dont la douleur se ravivait à chaque fois qu'elle lisait le mépris de ceux qui considérait l'obscure naissance de sa fille avec bien pensance. C'était sans doute ainsi qu'elle s'était découvert mère, lorsque la rage l'avait poussé à dévoiler ses griffes et à défendre l'honneur de l'innocente enfant si injustement traité. Mais malgré toute la bonne volonté de la braavienne, elle craignait que l'avenir ne soit pas simple pour sa fille, tout comme pour l'enfant qu'elle portait actuellement. « Aussi merveilleuse et brillante qu'elle pourrait devenir, j'ai peur qu'elle soit poursuivie par ce que je suis et que, quoi que je fasse pour lui offrir le plus de chances dans la vie, cela ne puisse compenser le fait que je demeure une femme sans mari dans un monde où c'est inconcevable. » Et pourtant, elle ne parvenait à envisager de partir. A Braavos, Visenya serait la petite fille de Ferrego Antaryon, Seigneur de la Mer, Grand Amiral de la Cité Cachée. Elle serait, avec cet enfant que Vaeranah attendait, l'unique descendante de la branche principale des Antaryon, elle pourrait devenir tout ce que son esprit pourrait désirer. Mais tout comme Alys vivait l'absence de Lucas comme un déchirement, l'idée d'envoyer sa première-née si loin d'elle, de ne possiblement jamais plus la revoir, était encore inenvisageable et elle savait que Vaeron ne le lui pardonnerait pas davantage. Quand à son propre départ ... Cela aurait sans doute été bien plus sage : quitter Westeros avec ses enfants, mettre autant d'espace que possible entre eux et ce qui pouvait leur faire du mal, retourner dans sa cité natale où elle poursuivrait son ascension à la Banque en laissant à un autre le soin de prendre la charge d'Argentier et de représentant de la banque de fer. Peut être poursuivrait-elle le chemin de son oncle, abandonnant la finance pour la politique, devenant l'héritière que Ferrego n'avait plus, visant toujours plus haut. Son coeur se serra. De raison elle n'entendait plus rien. Fut un temps où la perspective de prendre la place d'héritier de la famille Antaryon était son ambition secrète : elle doutait que Vaeron aurait grandement combattu pour conserver ce statut, moins encore maintenant qu'il avait pour devoir de s'implanter à Westeros. Cela serait si facile de tout recommencer dans cette cité où personne ne la jugerait pour avoir deux enfants hors mariage, où tout était envisageable à qui se donnait la peine d'essayer. Mais elle savait qu'elle n'y serait jamais réellement entière. Pas sans ce regard orageux qui la laissait frémissante, pas sans ces nuits d'averse loin de Goëville où ils pouvaient se retrouver sans crainte. Aussi douloureux fut-ce à accepter, aussi rare furent ces instants ... Elle vivait pour cela. Là résidait son égoïsme, dans son incapacité à renoncer à l'homme dont elle se savait irrémédiablement éprise.
:copyright:️crack in time



┗ DAUGHTER OF THE SEA ┛
People think that intimacy is about sex. But intimacy is about truth. When you realize you can tell someone your truth, when you can show yourself to them, when you stand in front of them bare and their response is 'you're safe with me'- that's intimacy..
Contenu sponsorisé


Informations
Personnage
Badges


   
#