À la recherche du temps perdu

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À la recherche du temps perdu
Vieux Havre, zone de tournoi | 309, lune 11 semaine 2

Corwyn et Nestor étaient dans leur coin à dessiner et se raconter leurs histoires en discutant à voix basse. Rose attrapa ma main et la serra avec force.

« Mère… Vous allez voir Lucerys ?
- Je vais essayer de le trouver ma petite fleur, d’accord ? Reste ici avec tes frères et surveille les bien d’accord ? »

Elle me tendit les bras et je posai un genou à terre pour la prendre dans mes bras, elle enfouit sa tête au creux de mon épaule pendant quelques secondes.

« Vous revenez… hein ? Vous ne nous laissez pas, vous n’allez pas nous laisser.
- Ma petite fleur… Non, ne t’inquiète pas, je vais revenir. Je vais juste trouver Lucerys et je reviens, promis. Cela peut prendre un peu de temps, d’accord ? »

Elle inclina la tête et me lâcha, je lui offris un baiser sur la joue avant d’en donner un à chacun de mes fils qui me demanda si j’allais bien revenir. Ils prenaient exemple sur Rose… Et Rose détestait que je m’éloigne… C’était ainsi, elle détestait cela… depuis… Je passai une main sur mon visage avant de quitter l’endroit où nous étions logés. Je portai une robe bleue sobre et discrète, de quoi me fondre dans la masse… Comme toujours. J’avançai au milieu de la houle, suivie, comme toujours, par deux gardes. Comme-ci j’allais partir sans mes trésors, sans ce qui me tenait en vie. Je fendais la foule en essayant de trouver les Prior… et mon fils. Je voulais mon fils dans mes bras… Je voulais mon Lucerys…

Il y avait foule, je ne voyais rien, je sentais mon cœur battre avec violence avant que la foule ne s’ouvre presque avec une violence certaine pour que je puisse respirer en regardant les bannières… Mon fils… Où était mon fils… Lucerys… Lucerys… Je pivotai en continuant de chercher des yeux un visage familier. Je me mordis les lèvres en traversant à nouveau la foule en cherchant toujours les Prior du regard.

Au travers d’une bousculade je percutai quelqu’un à l’épaule, me faisant surtout malmener par la foule et je fis un pas en arrière avant de faire une petite révérence à la personne pour m’excuser :

« Je vous présente mes excus… »

Gerold. Mon neveu. Je me sentis devenir livide, mais j’approfondis ma révérence.

« Je vous présente mes excuses Seigneur Main. »

J’avais l’impression de ne plus rien être pour lui… Peut-être que c’était cela… Peut-être qu’à ses yeux, je n’étais plus rien.
   

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La guerre demeurait dans le coeur de chaque homme, factice ou réelle. On la vivait ou l’on s’y préparait sans cesse pour justement l’éviter. Spectacle violent ou rivalité divertissante. Cette guerre à la guerre est guerre sans fin ! A plus d’un égard néanmoins, on préférait l’imiter que de l’incarner, mais où était la différence ? L’on s’y battait pour l’honneur et l’on y mourrait parfois, pas toujours. Des spectateurs, il y en avait à chaque fois. On n’avait même pas la certitude que l’heaume gondolé à la fente indéchiffrable ne voulait pas notre mort tout autant qu’il l’aurait souhaitée sur un champ de bataille. Guerre meurtrière, guerre infâme, guerre funeste. Guerre, guerre, unique vie en ce monde.
Gerold fendait la foule, imperturbable, comme l’aileron d’un requin déchirant la mer. Il était de ces gens qui ne connaissaient pas le désagrément d’un obstacle. Leur trajectoire se poursuivait, constante et impavide. Du moins, c’était ce qu’ils donnaient aisément à croire, car il aura fallu trébucher plus d’une fois pour acquérir cette aisance, cette certitude dans le chemin à emprunter. A force d’abolir les difficultés et inconvénients, il avait suffisamment aiguisé la quille de son navire pour fendre sans peine ni remous n’importe quelle vague. Sans cesse suivi par trois gardes d’Emeraude, il évoluait, telle une étoile filante dans cette charmante  émulsion. L’ère d’un Westeros uni était révolu, et la population un peu plus homogène, et à force ennuyeuse. L’embarras d’un premier tournoi s’était depuis lors doucement estompée  au profit d’une routine ponctuée de sarcasmes entre ceux qui avaient su profiter de l’occasion et ceux qui avaient combattu pour leur honneur jusqu’au bout ; autant dire, les victorieux, les opportunistes et les perdants. Cette distinction-là, malgré tout, demeurait, telle les couches successives derrière le glaçage d’un gâteau.
Enfin, l’ambiance était effervescente, emplie d’une charge exaltée que seule la compétition pouvait susciter. Si fidèle à son habitude, Gerold ne participait pas aux joutes, il avait bien l’intention de mettre un pied dans la mêlée, dont le spectacle semblait inspirer à certains valois le souvenir imaginaire de ce qu’ils se représentaient être la bataille de la péninsule de Goëville, ou la conquête subséquente du reste du territoire par les forces de leur Roi. Aussi, encore moins qu’avant, Gerold ne pouvait s’y soustraire, désirant largement ancrer dans les esprits son image sur fond d’une fresque historique. Il n’avait nullement l’intention de se laisser distancier par des Vaeron Antaryon, des Belmore ou un quelconque Royce. Très avantageusement pour lui, victoire ou défaite, ses prouesses n’étaient pas oubliées, tant par les hommes de ce qui fut jadis son « propre camp », que ceux, moins chanceux, des individus qu’il avait tenté d’occire.
Il avait enfilé une cotte de maille annulaire en acier brossé, les spalières, et des protections pour les jambes : cuissardes, grenouillères et solerets. Tirant profit de sa carrure plutôt fine, quoi que grande, Gerold ne revêtait que rarement la cuirasse, car de toute l’armure, c’était l’élément qui pesait le plus lourd et ralentissait ses mouvements. En mêlée, sa force venait de son agilité plutôt que de sa puissance, aussi s’attachait-il à rester aussi souple que possible. Courbés vers le bas, le solerets griffaient la terre sous ses pas et son passage était accompagné de ce cliquetis si propre aux tournois. En marchant, il réajustait les lanière de cuire qui passaient sous ses aisselles et qui retenaient les spalières ; quoi que consciencieux, Lucas manquait encore de pratique pour correctement habiller une armure, mais il ne lui en voulait pas, la sienne était complexe, proche du corps et requérait un soin particulier pour lui permettre la plasticité désirée.
Qu’est-ce ses filles lui manquaient… De plus en plus, il devenait casanier, rechignait à partir, même si ce n’était pas pour pleinement s’adonner à son rôle de père ; il le faisait néanmoins, souvent dans l’intimité du secret, gardant pour soi ce qui l’avait rendu véritablement vulnérable. Autant ne se serait-il pas imaginé sa vie avec, maintenant, il n’osait s’imaginer une vie sans elles. Par moments, avec terreur, il se demandait ce qu’allait donner le fruit de son amour avec Vaeranah. Adorer davantage paraissait impossible, mais cet enfant était la conséquence involontaire d’une passion dévorante et aussi profonde que le temps…
Concentré sur la lanière, il fut aveugle suffisamment longtemps pour se faire percuter ; chose qui arrivait rarement et qui, à dire vrai, lui rappelait sans cesse comme un écho une certaine Princesse… Il se retint donc de jurer, et entendant le tintement de l’épée qu’on dégaine du bout des doigts, il fit un vague geste de trêve pour tempérer l’entrain de ses gardes, car il reconnut rapidement son obstacle n’être nul autre que sa chère tante. Elle lui fit une révérence si sentencieuse que les sourcils de la main se haussèrent dans une expression d’étonnement, avant qu’un sourire de voluptueuse condescendance ne s’allonge à sa bouche.
« Excuses acceptées, Lady Wydman » lui répondit-il, tout aussi formel, mais beaucoup plus moqueur.
Un malaise indicible baignait ses rencontres avec des gens ayant jadis figuré le connaître. Tous s’étaient accordés pour conclure qu’il avait horriblement changé, et devaient aujourd’hui reconnaître qu’il avait eu raison. Après avoir été un traître sans honneur ni bravoure, redevenir respectable paraissait être une tâche bien difficile à accepter. D’abord passablement énervé, Gerold considérait ces courtisans avec une narquoise patience. Et Arwen, qu’il n’avait pas vue depuis de longues années et dont l’affection s’était probablement estompée après tant de déceptions consécutives, ne faisait pas exception. Ils ne s’étaient pas vraiment écris ; ni pendant, ni après. Ceux qui revenaient une fois vaincus n’avaient plus aucun gage à présenter. Brièvement, Gerold observa ses tuteurs armés, mis en retrait par la présence des gardes d’Emeraude. Véritablement, il n’avait pour elle que peu de pitié : comme tant d’autres, elle l’avait ostracisé ; comme tant d’autres, elle l’avait trahi ; comme tant d’autres, elle devait aujourd’hui lui être courtoise.
« Finalement, j’ai eu tort, dit-il avec une légère ironie, ton mariage ne t’aura apporté que du bonheur. »
Il avait, il était vrai, une petite aversion de principe pour cet homme qui était parvenu à fuir sous le nez de son propre Seigneur. Plus encore parce qu’il était en train de laquer les bottes d’un Lannister de sa salive. Gerold la regarde, ses yeux firent quelques allers-retours malicieux entre ses gardiens et elle, puis il susurra :
« Où étais-tu en train de fuir cette fois-ci ? »
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Vieux Havre, zone de tournoi | 309, lune 11 semaine 2

Je n’avais qu’une envie, le secouer, le bousculer, partir et ne plus subir ce regard méprisant, satisfait. Je le soutiens malgré tout. Je ne me dérobais pas, c’était hors de question, Je ne tremblais pas. Je restais bien droite malgré les épées qui furent presque tirés. Un accident, cela arrivait… Je n’avais pas envie d’être là, mais il fallait que je récupère mon tout petit rien que pour quelques jours. Et ensuite je devais retrouver mes autres enfants juste que nous passions du temps ensemble. Au moins eux, ne se délectaient pas du tout de ma souffrance et de ma tristesse. Mais face à Gerold, je ne bougeais pas, je ne souriais pas, je ravalai toutes mes émotions. Je serais celle qu’on voulait que je sois, une jolie petite poupée qu’on pouvait manipuler. Il me tutoyait ? Je répondis d’une voix neutre en soutenant son regard.

« Mon mariage est entaché par la lâcheté et la félonie de mon époux seigneur Main. Époux à qui j’avais demandé de se soumettre et de jurer fidélité à notre roi. Quant au bonheur, on m’a enlevé trois d’entre eux. Alors il n’est plus aussi complet. »

Fuir. Je sentais son haleine sur mon visage. Fuir. Si seulement. Si seulement je pouvais lui arracher ce sourire de ce visage… J’avais envie de prendre une dague et la planter dans son cou, voir sa vie s’échapper. Qu’importe si je mourais… Mais je laisserais mes tous petits seuls et cela était parfaitement hors de question. Je devais les protéger de mon mieux. C’était pour eux sans doute que je ne m’étais pas encore pendue ou jeté d’une des fenêtres de ma cage. Je soutiens ce regard et cette moquerie avant de répondre toujours aussi calme en apparence.

« Fuir Seigneur Main ? Nullement. Je cherchais mon fils Lucerys, écuyer de ser Pryor. Peut-être avez-vous leur étendard en ces lieux ? Quant à moi, je ne suis qu’un adorable oiseau en cage qu’on pose où on souhaite qu’il décore. N’est-ce pas ainsi mon devoir et ma responsabilité ? »

J’allais le tuer… j’allais le tuer lentement mais sûrement. Et je me retenais. Je me retenais largement et il le savait. Même si je semblais calme. Je voulais mon fils et rentrer avec mes enfants, qu’on nous laisse en paix. Je voulais que mon époux revienne… ou que je réussisse à m’enfuir avec mes quatre anges… Mais ça. J’avais bien l’impression que c’était impossible.

« Joutez-vous seigneur main ? Ou est-ce que vous tirez à l’arc ? »


Conversation creuse. Comme lui. Inutile. Comme moi.

   

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Une trahison, c’était l’ordre naturel des choses. Lui le premier avait succombé à cette pulsion et même si officiellement, toute trahison couronnée par les laurier de la victoire devenait conquête, au fond il savait très bien que pour changer les règles de ce squelette rigide, il fallait utiliser quelques dos en guise de coussin à aiguilles. Cependant, le triomphe lui avait conféré le droit d’être rancunier, et s’il avait été plus que magnanime avec les obstinés, les liens de parenté avaient rendu toute infidélité particulièrement désagréables. Alys, Arwen… La traître originel avait été, évidemment, son père ; il avait trompé ses ambitions d’enfant, déserté son rôle de protecteur, renié son premier devoir envers ses enfants : les préparer à affronter ce monde. Heureusement, leur mère avait été là pour compenser le déséquilibre, mais depuis ce leitmotiv avait subsisté, tel un fil d’Ariane, dans ce qui l’excédait.
Sans beaucoup de satisfaction, à part peut-être celle de la voir tamiser sa banale tirade apprise par coeur à travers les dents, Gerold écouta le blâme d’un mari coupable. Il en avait entendu, des repentir, et probablement aucun qui fut véritablement honnête. Bien évidemment, il y avait eu ceux qui le vomissaient par dépit et par manque de courage, il y avait ceux qui le suppliaient en craignant le pire, puis il y avait ceux qui le donnaient, drapés de leur dignité, mais aucun n’avait fait montre d’un revirement du coeur. Ou peut-être seulement ceux qui y voyaient un moyen de s’enrichir davantage. Arwen, elle allait avoir la traîtrise de son neveu et celle de son mari en travers de la gorge pendant encore de longues, longues années. Elle était rancunière, et vivait de son malheur.
« Voyez le positif, ma tante : c’est votre époux qui vous a enlevé la moitié de votre bonheur, pour lui aussi, en profiter un peu. Ils sont avec lui et c’est une bonne chose ; sa fuite aurait pu être bien plus tragique et votre bonheur aurait pu être incomplet pour toujours et de façon bien plus absolue... »
Ses yeux brillèrent d’une lueur sinistre, alors qu’il laissait à Arwen le soin de s’imaginer le destin tragique qu’ils auraient pu tous connaître. Véritablement, ils avaient eu de la chance de survive et de se retrouver séparés par une frontière physique plutôt que celle de la mort. Nombreux étaient ceux qui avaient tenté de fuir au mauvais moment, et qui n’en étaient pas revenus.  
Lorsqu’elle se compara à un oiseau en cage, Gerold ne put s’empêcher de s’esclaffer brièvement. Il fit la moue et haussa des épaules, avant de lui répondre :
« Si vous souhaitez que tel soit votre devoir et votre responsabilité, il en sera effectivement ainsi. Si c’est ce que vous souhaitez être, c’est ce que vous serez. Qu’il en advienne autrement est uniquement de votre fait. »
Cela faisait quatre ans maintenant que la tentative de fuite s’était couronnée d’une moitié de succès. Et quatre ans que sa tante ressassait son échec comme une ombre. Gerold l’avait bien sûr connue sentimentale, mais Arwen était sans cesse comme le lendemain de cette nuit qui l’avait séparée tant de son mari que de la moitié de ses enfants, à regarder ses ennemis d’un œil de couteau aiguisé. A force, on savait lorsque les gens souhaitaient votre mort ; leur respiration devenait difficile, à peine soupirée, comme si la présence d’un seul homme était capable d’étouffer leur existence. Cet acharnement avait fini par amuser le Grafton, car on le blâmait de tous les maux, directes ou indirectes, justifiés et injustifiés, lui prêtant une influence digne des Dieux.
« Ni l’un, ni l’autre, je me mêle, répondit-il avec une pointe d’espièglerie, si étrangère à sa tante, rigide comme le balais qui sortait du fondement de Baelish. Dites, j’espère que vous réservez le même regard à votre époux et au Lord Wydman, sinon je me sentirai bien trop privilégié » ajouta-t-il en constatant son écran vide et pâle, derrière lequel bouillait la rage.
Il n’avait, dans son habit de fer et de maille, nul désir d’être cruel. Ou plutôt, il ne l’était pas par le châtiment, mais par la négligence. Il avait suffisamment subis de rancune et de regards haineux pour ne plus les considérer. Fut un temps, il avait triomphé, puis s’en était vexé, avant de progressivement tomber dans l’écueil de l’indifférence moqueuse. Il était trop occupé pour vivre dans le passé.
« Et je n’ai pas vu les Pryor, mais je sais où leur tente se trouve. Pour votre plus grand plaisir, je vous y accompagne. »
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Vieux Havre, zone de tournoi | 309, lune 11 semaine 2

Le positif… J’avais plus qu’envie c’était de l’étrangler, de voir la vie quitter ses yeux. Il évoquait la mort de ce qui me tenait en vie comme certains parlaient de noyer des chatons. J’avais qu’une envie c’était de m’en aller à grands pas… Sauf que si je faisais cela, ce connard de beau-père ferait en sorte de me pourrir la vie ! Ce n’était pas le moment. Je restais de marbre en rétorquant d’une voix neutre :

« Si on m’avait arraché ainsi mes enfants, je ne serais point devant vous seigneur main. Je serais morte. »

Des enfants. Ce n’était que des enfants ! Heureusement qu’aucun de mes enfants était là. Il ne méritait pas de les voir ou qu’ils m’entendent ainsi parler. Mon devoir ma responsabilité. S’il savait. Qu’il rit. J’allais lui arracher les yeux de la tête un de ces jours. Je restais de marbre en répondant à nouveau :

« Comment souhaitez-vous que je serve le royaume ou mes familles seigneur main ? Je ne souhaite que trouver comment remercier la clémence du roi. »

Ne te pèle pas la langue pour ces mots Arwen, ne te pèle pas la langue. Cela ne servirait à rien… J’inspirais profondément aussi lentement que possible, posant des questions aussi stupides qu’inutile. Qu’il se moque, je n’étais plus à ça prêt. Qu’il me haïsse. Il ne serait pas le premier, ni le dernier. Qu’importe… Je n’avais plus rien de toute manière. Il mêlait. Très bien. Qu’il se mêle de ses affaires. Mon regard. Privilégié…

« Mon traître de mari ne mérite que ma haine et rien d’autre. Quant à seigneur Wylman, Wydman pardon, ma langue a fourché, je ne peux que le remercier de sa clémence. Je crains surtout de vous ennuyer. »

Wyldman… Vil homme oui… J’avais des envies de meurtre sur cet être depuis bien des années… Mais je soutiens le regard de Gerold malgré tout. Et… Il… m’escortait. Et merde. J’inclinai la tête.

« Je vous remercie de votre présence et de votre aide Seigneur Main. J’espère que cela ne vous dérangera pas et que vous ne vous en sentez point obligé Seigneur Main. »

J’étais un pantin. Un simple pantin à qui on tirait des fils pour la faire danser… Mais mon fils… Mon tout petit, ou était mon tout petit Lucerys ?! Mon regard se détourna de la main pour fouiller la foule, cherchant les cheveux bruns de mon tout petit. Mon fils… Mon fils. J’avais l’impression que le monde m’enfermait de plus en plus dans l’obscurité et que cette même obscurité commençait à me dévorer…
   

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Cela devait être facile de vivre ainsi. Apprendre un texte et le répéter inlassablement telle une décérébrée limace. Si la guerre et la répression avait anéantis certains, d’autres s’étaient tout simplement vus privés de leur essence. Observant sa tante, Gerold regrettait que d’elle, il ne restât plus que cela, une coquille emplie de fiel. Si son mépris avait été une source d’énergie, la nuit n’aurait plus existé. Aussi sûrement qu’un tuteur à tomates, sa tante était restée plantée à un moment précis de son existence et refusait de le quitter, nourrissant le terreau de sa rancœur avec l’engrais de la haine, continuellement entretenu avec les rayons d’un soleil tragique. La tragédie était inévitable, un peu comme les fausses couches de Lysa Baelish. Le menteur pouvait prétendre l’ignorer, mais nul monstre n’avait jamais été vaincu en fermant les yeux. Et stupidement, elle fermait les yeux, reprenait son jeu d’acteur et palabrait en boucle des courtoisies d’esclave. Quoi qu’évoquer un jeu aurait été un compliment qui ne valait pas ses psaumes ; Arwen était une septa convertie à sa propre religion qu’elle avait épousée dans l’espoir d’un refuge. La mesure de sa foi était étrange : elle était incapable de vivre pleinement pour les enfants qui lui restaient et sanglotait sans cesse ceux qui étaient partis, quand bien même étaient-ils en bonne santé – du moins, c’était ce qu’on lui avait brièvement rapporté à leur sujet.
« Je commence à me poser des questions, Lady Wydman... dit-il tout en marchant à travers la foule, mais alors qu’il s’était dirigé vers la tante des Pryor, sa démarche se fit soudain plus indécise, Des questions sur votre santé. »
Ce n’était pas vraiment le cas et Gerold s’inquiétait peu pour les gens qui avaient décidé de rester sur le bas côté de l’histoire au lieu d’avancer, mais il pensait assez la connaître pour provoquer une réaction un peu plus authentique que cette bible dédiée aux lamentations monocordes. Puis, quelque part, il trouvait cela for injuste : cette culpabilité, qu’elle lui enfilait comme un collier de perles, il n’était pas prêt à l’endosser gratuitement. Que son mari ait fuit et qu’elle se soit retrouvée recluse, il n’y était pour rien. Alors, s’il fallait se faire détester, autant l’être de bonnes raisons.
« Vos enfants sont-ils vraiment en sécurité avec une mère qui semble s’être absentée d’elle-même ? » dit-il en pinçant ses lèvres avec embarras ; lui aussi, savait être un acteur si tel était le besoin et clairement, il en avait besoin pour être un tant soit peu impliqué.
Si Arwen n’avait pas été à l’origine de son malheur, elle avait néanmoins été l’architecte de son destin et Gerold n’avait que peu de pitié pour le sort de ceux qui assumaient leurs choix. Pourquoi le devrait-il ? L’on ne tendait la main qu’à l’égard des brebis égarés et il avait suffisamment tendu la sienne pour se faire mordre par des dents de loup. Malgré ce qui les avait lié, Arwen semblait avoir tourné la page pour ouvrir un niveau chapitre ; si elle souhaitait tant être une étrangère, ce ne serait que justice de la traiter comme tel.
« Je crains pour leur intégrité et la votre. Vous avez la moitié de vos enfants et vous ne vivez quand même qu’à moitié, et depuis tout ce temps ! Méritent-ils de n’avoir qu’un demi-amour d’une demi-mère qui hait son mari ? »
Il était ainsi : lorsqu’il voyait un bouclier, il lui venait l’envie de le briser. Par pure bravade, parce que ces murs érigées étaient comme tant de provocations à son intelligence et à son art, car comme tout politicien, lui aussi s’était prémuni d’une cuirasse d’insensibilité : défense obligatoire pour survivre en ce monde.
« Je ne sais pas si c’est une si bonne idée que cela, que nous aillions voir Lucerys. Ce serait peut-être mieux pour vous, et pour la moitié des enfants qu’il vous reste, si vous étiez séparés le temps de… lentement, il goûta les mots, d’être en phase avec la réalité. Je devrai en toucher deux mots à Lord Wydman. Vous n’y voyez pas d’inconvénient, évidemment, puisque Lors Wydman n’est que clémence et que c’est ainsi que Seigneur Main vous voit servir sa famille et le roi. »
Il s’était arrêté en plein milieu de la foule et quoi que l’instinct de survie lui dictât de reculer pour préserver sa vie, ou du moins son visage, Gerold n’en fit rien. Quelque part, il espérait se faire frapper et être à l’origine d’une rage qu’il aurait lui-même provoquée, prouvant par là qu’elle n’avait été que mensonges, du début à la fin. Elle aurait dû le savoir pourtant : il était un homme qui brisait les résistances, mais épousait la repentance.
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Une bulle. Une simple petite bulle, se construire ses murailles pour ne plus jamais laisser les autres rentrer. J’avais mes enfants et c’était tout ce qui comptait. La seule et unique chose qui comptait. Mes remparts, ne plus laisser les autres me toucher et juste attendre… attendre sagement pour les protéger, eux, moi… Je ne pouvais plus souffrir qu’on tente de les blesser. Ils étaient innocents. Purs… Tout ce qu’ils voulaient c’était être ensembles et avec moi. Leur père était… soit un être lointain qu’ils n’avaient jamais vu pour les jumeaux, soit un souvenir vague pour mes plus grands. Et pourquoi cet idiot de neveux ralentissait ? Je tournai les yeux vers lui, le visage de marbre. Des questions sur ma santé ?

« Vous serez le premier, seigneur Main... »


Mes enfants… pas en sécurité avec moi ? Je sentis une colère froide monter au creux de ma gorge, je gardais mes paumes détendues, je contrôlais tout mon maintien, mon expression, je soutiens son regard en restant silencieuse. S’il savait… S’il savait à quel point avec mes enfants j’étais changée… À quel point je me sentais respirer. Les ténèbres rongeaient lentement le sol tout autour de moi, s’attaquant bientôt à mes chaussures.

« Mes enfants vont bien. »

Affirmais-je d’une voix neutre. La moitié, non, seul deux sur six vivants étaient loin de moi. Et avec leur père, en sécurité, ils me manquaient, oui, mais ils étaient en sécurité. Pas les autres. Un demi-amour ? Cette fois, un rire étrange jaillit de ma gorge à ses mots, étranglé, dissonant.

« Pensez-vous vraiment que je les aime à moitié ? Vous ne savez pas comment je suis avec eux… ce que je pourrais faire rien que pour les faire sourire ou rire. »

Je me sentis devenir livide quand il affirma qu’il pensait que ce n’était pas une bonne idée d’aller voir mon fils. Mon cœur battait avec violence dans ma poitrine, il l’entendait ? Mieux pour moi… Ne serre même pas les poings Arwen. Ne sers pas les points… Je lui offris un sourire avant de m’approcher, poser une main douce sur son épaule.

« Ah… mon cher neveu, je vous reconnais bien là… Toujours à vous soucier de mon bien être. »


Je faisais un geste lent, dénué d’arme, pour venir le serrer contre moi dans un geste presque véridique avant de souffler à son oreille pour que lui seul entende  :

« Si tu fais cela Gerold, autant me tuer… Et tu le sais très bien. Mais visiblement, tu me haïs à ce point là… »

Je le lâchais avant de reculer de deux pas et de fouiller la foule des tentes pour retrouver le blason des Priors. Mon Luc… Où est mon Lucerys ? Où est mon tout petit ? Je repris la parole d'une voix calme.

« Cependant, vous ne connaissez nullement mes tous petits, leur caractère et leurs besoins. Lucerys, Rose, Corwyn ou Nestor. Ils sont tous différents. Et je les aime de tout mon cœur. Qu’importe mon mari, qu’importe le reste du monde, qu’importe même ma propre personne. Ils sont ma priorité absolue. »


Je crus entendre la voix de mon fils et je tournai la tête dans la direction.

« Luc… »


Soufflais-je tout doucement en sentant un petit frisson me monter le long de l’échine. Mon fils. Mon fils… Mon tout petit. Je pressais machinalement mes mains l’une contre l’autre pour les empêcher de trembler. J’étais tendue vers cette voix de petit garçon. Maman arrive mon chéri.
   

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Elle rebondissait avec des assurances, sans encore se rendre bien compte qu'il ne s'agissait pas d'une négociation, mais d'une affirmation de la part de la Main du Roi. Son jugement prévalait, et si Gerold n'en faisait pas usage dans les affaires privées autant que faire se peut, ses proches avaient parfois tendance à oublier que seule la parole du Roi était au-dessus de la sienne sur les terres du Val. Selon les circonstances qui étaient les siennes, Arwen était probablement une très bonne mère, trop vindicative et inquiète, revêche et renfrognée, mais ca n'avait aucune espèce d'importance. Ce n'était pas ce qui intéressait Gerold ; ce n'était jamais ce qui intéressait vraiment Gerold. Il ne cherchait pas la vérité, il cherchait sournoisement la faille, la corde qu'il pourrait faire chanter de son archet, parce qu'on ne recevait jamais sans donner et avant d'être magnanime, il voulait se savoir en possession de l'intime. Arwen ne pouvait pas avoir sa clémence et lui résister en même temps. Elle ne pouvait pas profiter de lui tout en le détestant. Du moins, se le refusait-il. Parce que pour avoir quelque chose, il fallait donner. Certains se contentaient ainsi d'or ou de denrées physiques, mais la seule monnaie qui intéressait le Suzerain du Val était la vulnérabilité. La sienne lui avait couté bien cher pour qu'il sut sa véritable valeur.  
Malheureusement pour elle, il savait comment l'atteindre et elle ne l'avait sans doute jamais connu personnellement assez cruel pour arriver ainsi à ses fins. De son marbre naquit un rire nerveux et ses certitudes devinrent des questions. Oui, il savait qu'elle ne les aimait pas qu'à moitié, qu'elle s'était seulement coupée du monde pour qu'il cessât de la blesser et que son bonheur s'était réduit à sa vie avec ses enfants. Et puis, un sourire non plus d'usage mais craintif, hésitant dans sa séduction éclaira son visage ; elle le regardait avec des yeux d'intérêt, comme un chat observerait celui qui remplit sa gamelle. La main sur son épaule cuirassée fut son premier triomphe, car de la froide complaisance elle se forçait à extorquer un peu de niaiseries. Mon cher neveu... il lui était indéniablement cher lorsque ça l'arrangeait. L'étreinte, elle, fut une surprise mais Gerold se laissa faire, quoi que l'idée de se faire transpercer les reins d'une petite dague lui traversât l'esprit. C'était presque trop de mièvreries après un froid mordant, mais le tempérament d'Arwen ne connaissait que ces deux extrémités. Il le savait bien, pour avoir connu tant son amour dévoué que sa haine la plus farouche. Le murmure à l'oreille lui fit hausser les sourcils : au-delà de ne pas comprendre la nécessité d'un tel secret, il fut vaguement froissé de son propos. Alors qu'elle reculait, il abandonna aussi le ton narquois de la convenance et lui glissa d'un ton froid :  
« Et c'est moi qui te hais ? »
Elle reprit ses convictions sur un ton de courtoisie, comme s'il s'agissait de faire semblant devant quelqu'un et qu'il n'y avait qu'au creux de son oreille qu'elle pouvait vraiment lui dire ses vérités. Il ne comprenait pas la nécessité d'un tel secret, d'une telle dualité. Lui, demeura comme il fut lorsqu'elle lui fit l'aveu en chuchotant, ne retrouvant pas ses manières engoncées et ne rentrant pas dans son jeu. D'un succinct geste de la main, ses gardes barrèrent la route à Arwen, lui rappelant encore une fois sa présence.
« C'est pourtant et malgré moi, la seule façon que j'aie pour t'atteindre, on dirait bien. »
Il la toisa, comme une preuve de ce qu'il avançait, alors qu'elle avait déjà repris son rôle d'oiseau en cage, babillant un script appris par cœur et errant pour ses seuls enfants. Bien éloignées lui parurent ces années fraternelles passées ensemble à l'abri de l'âge, de la famille et du regard des parents. Un temps où ils s'étaient aimés sincèrement, et que l'absence avait broyé en poussière. Gerold ne voulait pas croire que tout pouvait être aussi catégorique, aussi vite oublié ou négligé, mais il fallait admettre que nombreux étaient ceux à lui avoir tourné le dos sans explications ni chances de justifier ses agissements.
« Enfin, c'est peut-être ce que tu souhaites, reprit-il d'un ton plus neutre, penchant la tête sur le côté, après tout ce temps, ne m'offrir plus qu'une façade de faux semblants comme si nous étions deux inconnus. Mais aies au moins le courage de me le dire en face, plutôt que de te dissimuler derrière cette immonde courtoisie. Je croyais qu'il y avait des choses qu'il nous est impossible d'oublier ; je me trompais. Promis, si c'est-ce que tu veux, je ferai comme si tu n'as de ta vie jamais traversé mon existence. »
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À la recherche du temps perdu
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Est-ce que je haïssais Gerold ? Je soutiens son regard sans frémir, et cela même s’il appela ses chiens pour m’empêcher de m’approcher à nouveau de lui. Je répondis sur le même ton :

« La seule personne que je hais ici, c’est moi-même. Je ne t’ai jamais haï Gérold. »

Si il pouvait me croire bien sûr. Je ne le haïssais pas, j’étais en colère, démunie, sans aucun doute, mais ce n’était pas lui que je haïssais. Mais bien mon beau-père. Sauf qu’il n’avait pas à le savoir. Et je me haïssais de ne pas réussir à trouver des solutions, à changer, évoluer. J’étais bloquée, et je n’arrivais pas à m’en sortir. Et pourtant, non, je ne le haïssais. Quoi qu’il crût. Mais qu’il ne touche pas à mes enfants. C’était hors de question. C’était la seule chose de bien qu’il me restait dans ma vie. La seule manière de m’atteindre.

« Tu es très intelligent Gerold. Je ne te le retirerais jamais. Mais pourquoi as tu besoin de m’atteindre ? »

Que voulait-il ? Me faire chanter ? S’assurer que je pourrais lui obéir quelle que soit la situation ? Je soutiens son regard sans frémir. Il parlait. Une façade de faux-semblant. Mais que voulait-il que je fasse avec des hommes me surveillant et seuls ? Je fermai un instant les yeux en inspirant profondément. Avant de secouer la tête.

« Non, Gérold. Ce n’est pas ce que je souhaite. »

C’était ce que je m’imposais. La nuance était là. Parce que cela me permettait de… peut-être moins souffrir d’user en permanence de convention et de me replier derrière. Mais ce n’était pas tout à fait la solution bien sûr. Mais soit. Je soutenais toujours son regard. Je souhaitais sans doute avoir à nouveau des conversations simples, peut-être légère… Peut-être que je ne savais plus faire ?

« Je me souviens bien de nos conversations… digne d’un frère et d’une sœur… Après un concours, parce que je t’avais rejoint tôt. Avant mon mariage… Ou même d’autres. Ce n’est pas ce que je souhaite. »

C’était sans doute plus dur à avouer que je ne le pensais… Mais soit… Le monde devenait de plus en plus étroit tout autour de moi alors que je n’avais toujours pas mon fils, que j’étais toujours immobile. Je savais, qu’au vu de la situation, son chevalier lui interdirait de venir me voir sans avoir salué la main du roi. Mon petit Lucerys… Mais Gérold voulait parler, alors parlons.

« Qu’est-ce que tu attends de moi Gérold. »


Du soutien ? S’il en voulait, je lui offrirais… De discuter… S’il le voulait, je le ferais. De la fidélité ? Je n’avais pas bougé depuis des années, s’il le voulait je pourrais prêter serment… Qu’importe… J’attendais simplement sa réponse, mon monde se réduisant à son visage et aux bruits de la foule.
   

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A sa première remarque, Gerold esquissa un rictus exprimant une grossière suspicion. Jouait-elle sur les mots, ou le prenait-elle pour un naïf ? Peut-être n’avaient-ils pas la même définition du mot « haïr », mais nier la nature-même de ce sentiment lui paraissait être un obscène mensonge. La façon qu’elle eut de s’en accabler elle-même le rendit encore plus sceptique. Orgueil mal placé ou défiance naturelle, mais Gerold eut grand mal à y croire et toute sa méfiance s’exprima sur son visage dans un moue plissée et sarcastique. Bien sûr, c’était le danger : lorsqu’on menaçait une mère, elle sortait les griffes les plus inattendues, même celles de la pitié et du repentir. Pourtant, Arwen était naturellement trop franche pour ce genre de manigances ; elle retenait difficilement ses émotions négatives et lorsqu’elle se prêtait à cette activité, son tempérament ressortait, comme la lumière à travers un filet de pêche.
Ses yeux se rétrécirent davantage encore sous la louange, qu’il n’aimait guère dans un contexte d’opposition. Faire appel à son bon sens équivalait à le lui imposer par la flatterie, comme s‘il devait forcément se plier à l’opinion contraire. Néanmoins, il tressaillit, car la réponse révélait l’intime : une part de soi qu’il protégeait jalousement et ne livrait qu’en cas de nécessité, au compte-goutte – privilège qu’Arwen avait perdu. Aussi, la question demeura sans autre réponse qu’un regard défiant et baigné de scepticisme. Au moins, elle le regardait dans les yeux sans discontinuer, ce qui le rassura sur son attitude : défiante, comme avant, comme lorsque tout allait bien entre eux.  
Cependant, il ne pouvait se débarrasser d’un sentiment tenace, celui d’être un obstacle aux desseins de sa tante. Qu’elle voulait seulement régler ses comptes au plus vite pour être autorisée à rejoindre ses enfants, qu’elle disait que ce qu’elle pensait qu’il voulait entendre. De tempérament, Gerold avait moins de mal à croire qu’on puisse nourrir à son égard de mauvais sentiments plutôt que de bons, particulièrement depuis la révolte qui avait conquis tout le Val. Malgré son héritage, il n’avait pas eu la chance d’éprouver cette inébranlable certitude qui semblait auréoler Viserys, quant à son droit sur le territoire, sur la couronne et sur tout un pan de la population. Même incapable, même vicié, rien ne semblait en mesure de lui ôter son sentiment de légitimité. Pour sa part, Gerold avait toujours eu au contraire l’impression de devoir mériter tout progrès, et éprouvait avec une affinité accrue tous les regards et jugements portés sur ses agissements. Contrairement aux apparences, nécessaires pour donner le change, il supportait mal d’être détesté, répugné ou stigmatisé. Qu’on cultive à son égard des sentiments de revanche ne l’étonnait donc guère ; il s’y attendait presque. Mais lorsque le peu d’amis intimes qu’il avait pu avoir se muraient dans le silence ou le reproche sans plus de cérémonie, cela particulièrement le navrait. Etait-il seulement assez humble pour l’avouer autrement qu’au détour d’une violence ?  
Au souvenir partagé de leur passé, ses lèvres se pincèrent. Etrangement, la réponse d’Arwen ne le rassura nullement. C’aurait été plus simple d’être méprisé, plus confortable que ce qu’elle lui demandait maintenant, un peu d’honnêteté alors qu’il n’était pas certain de la vertu de sa tante. Peut-être que ce qu’il voulait était irrémédiablement perdu dans les limbes du passé, tout compte fait ? Il aurait voulu que cette amie d’enfance, cette confidente à toute épreuve, n’eut pas suivi le chemin facile de la foule en le déclarant traître et en coupant tout rapport avec lui. Il aurait voulu qu’elle ne fut pas comme sa sœur, attachée à son nouveau foyer et à son époux au point de négliger quelques instants de bonheur enfantin. Il n’avait pas l’impression d’avoir changé, pourtant.  
Gerold se donna artificiellement de la hauteur, déployant vaguement ses épaules et remontant le menton, comme pour se donner du courage. Il toisa Arwen comme elle le regardait, avec une sorte d’assurance féroce qui ne voulait pas faiblir, mais hésita à parler et sa bouche se tordit faiblement sous la réflexion.  
« Ne me fais pas rire Arwen, je sais reconnaître le regard de quelqu’un qui me porte en mépris dans son coeur » siffla-t-il d’abord avec dédain.  
Puis soudain, il réduisit la distance qu’il avait lui-même imposée et l’approcha tel un serpent, isolant sa voix des gardes, auxquels il ne faisait pas confiance au point de leur confier ses pensées secrètes.  
« Rien. Je n’attends rien s’il faut que tu te l’imposes comme une torture ! Tamisa-t-il avec dureté. J’aurais voulu que tu sois là, ou au moins, que tu reviennes à moi d’une façon ou d’une autre pour m’assurer de ton soutient. Mais au lieu de cela, rien. Une tentative de fuite avec ton foutu mari, et c’est tout. C’est toutes les nouvelles que j’ai eues de toi. Alors excuses-moi de ne pas te croire, de te mettre au même niveau que ces courtisans qui sourient pour un peu d’indulgence ! »
Il grimaça faiblement, comme s’il regrettait d’avoir prononcé ces paroles ; l’honnêteté était une denrée rare qu’il jalousait.
« Tu t’es vue, reprit-il sur un ton d’imperceptiblement navrance, lorsqu’on s’est rencontré à l’instant ? Un pantomime au regard aigri, tout au plus. La seule chose qui reste de nos conversations Arwen, ce sont bien les souvenirs. Ne me demande pas ce que j’attends de toi si c’est pour me le donner sous la contrainte, ça ne m’intéresse pas. Va plutôt rejoindre ton fils... » conclut-il avec résignation.  
Il n’était pas certain d’avoir eu la réponse qu’il désirait, mais il sentait avoir atteint la limite de sa propre endurance, de l’émotion qu’il était capable de contrôler. Ce n’était pas parfaitement satisfaisant, mais c’était déjà mieux que rien. Mieux que ce qu’elle lui avait offert tout au début.
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Le faire rire… Je soutiens son regard. Avais-je l’air de rire ? De vouloir le faire rire ? De même vouloir rire. Je voulais mon fils. Rien que mon fils. Qu’on me laisse en paix. Que je puisse retrouver le goût du temps qui passe et non plus cette immobilité que je subissais et dont je n’arrivais pas à sortir. Comme-ci un cœur s’était arrêté au moment où on m’avait récupéré de force dans la cale de ce navire maudit. Je serrais les poings dans les plis de la robe.

« Alors vous ne savez plus reconnaître mon regard. »

Rétorquais-je alors qu’il s’approchait de moi. Je ne bougeais pas l’affrontant sans pitié du regard. Me l’imposer comme une torture. Par pitié, qu’on me donne quelque chose à faire ! Juste que je sorte de cette gangue d’immobilité. Une tentative d’évasion. Oui. Je serrais les dents avant de lui répondre d’une voix très basse, juste pour que lui entende.

« Je lui avais dit que c’était une erreur, je lui avais dit… Seulement, qu’aurais-tu fait à ma place, dans une prison dorée, surveillée plus encore que si j’avais tué quelqu’un ! J’ai fui, j’ai tenté de fuir, oui, et j’ai été largement punie Gerold. Cela fait cinq ans que je vis chaque jour le même lever de soleil, les mêmes repas insipides… Alors si je te le demande, vois-ça comme une véritable envie de ma part. Juste pour sortir de cette boucle infernale. »

Il avait tout gagné. J’avais tout perdu. Pouvait-il le comprendre ? Est-ce que je m’étais vu ? J’eus un fragment de rire triste.

« Je vois mon fantôme tous les jours dans les miroirs de mes appartements, je sais que je ne suis plus moi. »

Est-ce que je pourrais l’être à nouveau un jour ? Quant à mes enfants… Je tournais la tête vers les tentes avant de le regarder lui, droit dans les yeux.

« Si je te demande, c’est que je peux le faire. C’est que j’en ai envie. »


S’il en avait envie bien sûr. Mais je me reculai à nouveau, mon fils, mon tout petit, il devait être bientôt là… Mais est-ce que Gerold me parlerait ? J’en doutais. Je m’inclinai devant lui.

« Vous savez où me trouver si vous souhaite me parler. Je vous remercie de votre escorte et vous souhaite une bonne journée. »

Fis-je avant de me détourner pour retrouver mon fils. Il me tardait de pouvoir le prendre dans mes bras, le serrer de toutes mes forces et voir mes quatre merveilles réunies.

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