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If you're always out of reach

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Vaeranah Antaryon
L'étoile de l'Est

Vaeranah Antaryon

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If you're always out of reach
Vaeranah & @Gerold Grafton

Qu'est ce que le temps nous laisse ? Des cendres et des maux loin des soirées d'ivresse du parfum sur ta peau. Comme un mauvais rêve ou tout sonne si faux ...



Le vent jouait avec ses cheveux tout comme la mer jouait avec les algues. La brise iodée se moquait bien des noeuds que la danse des mèches argentées finirait par causer mais face à l'écho du rire de Visenya, cela lui paraissait bien dérisoire. Loin des oreilles indiscrètes, Vaeranah avait ressenti le besoin de respirer, s'éloignant de la Cour et de son étiquette pour une brève promenade après le déjeuner sur les quais du port. L'image de la baie, emplie des bateaux du blocus, persistait dans sa mémoire mais l'horizon dégagé rappelait que les temps troubles de leur arrivée étaient derrière eux. Loin était la jeune femme rigide venue de Braavos, mettant des visages sur des noms. Plus que jamais, elle s'était ouverte aux gens, à cette cour qui l'acceptait sous le titre de Grande Argentière et à la vie qu'ils pouvaient y construire. Sans doute pas celle que Vaeron aurait souhaité, songea Vaeranah tandis qu'elle glissait un regard à son aîné, lequel contemplait Visenya avec tant d'affection que leur secret aurait pu transparaitre dans cette simple oeillade. Dans une autre vie, peut être cela aurait pu être. Dans une autre existence, ils ne se seraient pas caché derrière la polysémie de termes valyriens pour dissimuler le lien qui unissait Vaeron à l'enfant, filiation assumée dans leur langue natale mais conservant une part d'ambiguïté à l'extérieur de leur trio.  « Mère m'a écrit cette semaine. Elle me demandait de lui envoyer Visenya, je crois qu'avoir des enfants à élever lui manque » finit-elle par dire tandis qu'ils repassaient les portes du château, la fillette dans ses bras. Elle ignorait si Lysara ne les pensait pas capable de s'occuper convenablement de l'enfant, ou si elle cherchait à les punir, mais Vaeranah avait la certitude que sa mère savait.

C'était un sujet de discorde, souvent. De révéler, ou non, la vérité à leurs parents. Lorsque Vaeron voulait le dire, officialisant la position de Visenya en tant que son héritière directe, Vaeranah s'y opposait, rappelant que si leur mère avait été élevée dans ce genre de pratique, ce n'était pas le cas de leur père et que ce dernier ne comprendrait pas. Lorsque la cadette souffrait du poids du secret et se montrait désireuse d'y mettre fin auprès de leur famille, il ne manquait pas de se faire la voix de la raison, lui rappelant qu'il n'y avait jamais rien qui demeurait secret en ce bas monde et que cela sortirait du strict cercle des Antaryon laissant Visenya devenir, bien malgré elle, une cible de choix pour atteindre Vaeron. C'était ainsi que Vidar avait perdu la vie, confondu avec son cadet, rappelant qu'il n'y avait nulle position capable de les protéger de la jalousie, de la colère ou de la vengeance et il y avait bien trop de personne ici bas qui désirait se venger des Antaryon, ou de Vaeron en particulier. Alors ils restaient ainsi, se complaisant dans un récit où l'enfant n'était que la nièce du braavien, ne gardant la vérité de leur lien que pour les rares promenades où le vent emportait les mots affectueux de Vaeron pour sa fille, ou derrière les portes de leurs appartements, lorsqu'ils abandonnaient la langue commune pour un valyrien ponctué de barbarismes braaviens. Vaeranah doutait que son frère soit réceptif à la demande de leur mère : il lui arrivait, par moment, de se rappeler de la tristesse qui avait été sienne lorsqu'il avait perdu Ella et l'enfant qu'elle portait. Si Visenya ne serait jamais le fils que Vaeron avait perdu, elle était l'objet de ses attentions et cela suffisait à faire le bonheur de Vaeranah, laquelle craignait que la non officialisation de leur filiation ne soit à l'origine d'une certaine distance entre eux. Au contraire, il lui semblait qu'il était bien plus présent aux côtés de l'enfant qu'elle même ne pouvait l'être et, comme pour se donner raison, le travail se rappelait à elle tandis que lui apparaissait au loin la silhouette de Gerold.

Dans les jours qui avaient suivis leur échange houleux dans le bureau, elle n'était pas parvenu à le regarder en face, mortifiée par les aveux qu'elle avait fait, consternée par l'audace qu'elle avait eut avant qu'il ne quitte la pièce, ramenant une part de raison dans leur discussion. Mais elle avait été, pour la première fois depuis longtemps, honnête avec elle même et ses désirs, honnête avec lui et l'insupportable tentation qu'il représentait. Etrangement, alors qu'elle s'était attendue à ce que les choses reprennent leur cours, certes amputées de la bien trop intime conversation sur leurs intérêts respectifs, mais toujours ponctuées du cynisme et de la moquerie inhérent à leur résistance conflictuelle propre, il n'en fut rien. Il n'y eut plus aucun commentaire de sa part sur l'étrange proximité des Antaryon, plus de sous-entendu sur la légèreté de ses moeurs, aucun appel à répliquer. Loin de l'indifférence qu'elle avait redouté, Vaeranah avait presque -et c'était bien là le mot le plus important de ses pensées- l'impression qu'ils avaient retrouvé leur entente passée. Les critiques lors de ses prises de paroles étaient constructives et il avait même soutenu quelques unes de ses positions lors des séances du conseil. Presque. Car malgré la tempête apaisée, il n'en demeurait pas moins que les regards eux, n'étaient plus les mêmes. Plus d'animosité et de mépris, mais un savoir partagé sur les désirs et souffrances réciproques qui les animaient et qui, à bien des égards, étaient bien pire. Pour les yeux extérieurs, leur conflit, dont la nature initiale demeurait bien nébuleuse, s'était réglé. Pour Vaeranah, il était devenu un mélange d'enfer et de paradis personnifié, la plongeant, par moment, dans des fantasmes inavouables qui dépassaient, de très loin, les relations que deux collègues et amis étaient censés entretenir et souvent dans des lieux et circonstances encore bien plus inappropriés. Considérant qu'il aurait été malhonnête de sa part d'aller assouvir, auprès de Vaeron, ce que Gerold faisait naitre en elle, la braavienne demeurait ainsi seule avec ses divagations obsessionnelles, ruminant par moment le rejet qu'il lui avait opposé. Elle se demandait souvent si ce n'était pas pire, dans tout cela, d'être au fait de la réciprocité de ce qui l'animait lui aussi, mais c'était le choix qu'il avait fait et elle se devait de le respecter.

Quittant le valois du regard, elle laissa Vaeron prendre Visenya dans ses bras, offrant un sourire à la petite fille tandis qu'elle caressait les douces mèches argentées de l'enfant. Son regard, d'un violet sombre virant presque sur le bleu, semblait déjà se désintéresser d'elle tandis que la prise du braavien se raffermissait pour assurer son équilibre. « Ūndegon ao tolī » Je te retrouve après, lui dit-elle en tenant sa petite main dans la sienne, sa main libre se posant sur le bras de Vaeron tandis qu'elle se mettait sur la pointe des pieds pour embrasser le dessus de la tête de l'enfant. « Et toi, pas de bêtise. » chuchota-t-elle à demi-menaçante à son aîné, ignorant s'il passerait la mauvaise humeur que la demande de leur mère provoquait à travers une réponse cinglante à cette dernière ou en malmenant quelques soldats. Elle embrassa sa joue avant de s'éloigner, abandonnant aux Antaryon son sourire et son caractère maternel pour recomposer la figure de porcelaine de la Grande Argentière. Elle monta les quelques marches qui la séparait du brun, tachant de ne pas penser au souvenir de sa vulnérabilité exposée dans le bureau, à ses mots résonnants encore à ses oreilles et à tout ce qui faisait de lui l'objet de ses pensées. « Lord Gerold. » finit-elle par dire alors qu'elle arrivait à son niveau. « Vous vous rendiez aussi à la salle du conseil ? Nous pourrions y aller ensemble si vous le voulez ... Il y a quelques propositions que j'envisageais de soumettre au Roi concernant les clans des Montagnes, peut être pourriez vous éclairer les points qui demeurent encore obscurs pour moi avant que je ne le fasse ? » Tenter de faire comme si de rien n'était, telle était la résolution de la braavienne. C'était son choix, se répétait-elle, c'était son choix et elle devait le respecter. C'était son choix et elle ne s'empêcherait pas de vivre pour une cause perdue mais pour aller de l'avant, elle devait tourner la page et graver, jusqu'au plus profond d'elle même, qu'il s'agissait là des seuls échanges qu'ils pouvaient se permettre d'avoir.

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« Je crois que vous m'avez bien suffisamment béni, dit-il à l'égard du Septon qui avait maintenant, depuis de longues minutes, posé ses doigts sur sa tête, Merci beaucoup » conclut-il en lui administrant un soufflet sur la main pour achever l'affaire au plus vite.  
Les apparences. Et aucun soulagement. Les Sept ne lui avaient que rarement offert du réconfort, aussi restait-il en silence plutôt qu'en prières, ruminant ses pensées, ce qui, apparemment et selon sa mère, était une forme de prière. Soit. Son récent épuisement avait inquiété suffisamment de mœurs pour astreindre un suivi tant de son corps que de son âme. Son autorité était parvenue à négocier la contrainte, mais pas entièrement, s'acoquinant les services réguliers d'un Septon et d'un Mestre. Quelque part, ils n'avaient pas tort ; il se sentait pâle... Comme un coup de vent, Gerold avait parcouru les couloirs et franchi les portes, s'apprêtant à dévaler les escaliers avec le même empressement, mais dut s'arrêter net à la première marche en observant ce qui s'offrait en contrebas.  
Ils étaient... troublants. Face à cet homme, il avait déjà éprouvé la sensation d'être gauche et désemparé. Une supériorité flattée par le privilège d'un choix, car Elle semblait l'avoir choisi. Et c'était un choix contre lequel personne ne pouvait décemment concourir ; c'était comme espérer éclipser la mémoire d'un mort. Vaeron était son frère et contre cela, il n'y avait aucun espoir.
Gerold avait le vague sentiment que pour survivre sur cette terrible terre, dans le monde multicolore et brutal au sein duquel il était né, il lui fallait préalablement détruire, ou tout au moins mutiler pour la vie, l'un de ses habitants. La volupté que lui causerait sa destruction ne guérirait pas son esprit, mais elle lui rincerait certainement la cervelle. Il espérait, si le sort consentait à l'aider, le châtier de façon honorable. Mais comme quasiment tous les grands évènements du monde se passaient dans le cerveau, c'était aussi dans le cerveau, et dans le cerveau seul, qu'allait demeurer ce fantasme, sans jamais naître à la lumière du jour. Cette tentation était le fruit de la navrance la plus pure et son impuissance n'avait aucun avenir. D'abord, parce que l'Antaryon avait très certainement l'avantage sur sa personne – du moins lui avait-il sauvé la vie et il n'aurait point été courtois de prétendre la lui prendre en retour –, mais aussi parce qu'il n'avait pas le droit de désirer en secret ce à quoi il avait renoncé. Il avait caressé une multitude de fois l'idée de tuer son rival officieux : quantitativement ce résultat lui aurait procuré la plus forte impression de soulagement ; qualitativement, cela annonçait toutes sortes de complications tant morales que légales. Son imagination s'achevait dans un délire artistique où il se figurait scinder son épée en deux d'un seul coup bien placé, ou de partager par une raie médiane la brosse de sa chevelure.
Néanmoins, l'exutoire était agréable. Depuis la tendre enfance, Gerold avait pris pour habitude de canaliser ses émotions avec un excès d'inventivité. Il fallait croire que la ruse était utile, car personne ne lui avait rien soupçonné, ni hier, ni aujourd'hui. Il avait très naïvement cru que la logique et la raison auraient été capables de mettre un terme à l'absurde émotion, mais formuler un point final n'avait pas suffi. Du moins, fut-il satisfait au début de sa force de volonté et de la droiture de sa conduite. Il s'était vaguement félicité d'avoir remis ses affaires en ordre, ouvrant ainsi la voie à un départ plus serein.  
Jusqu'à ce qu'ils se rencontrent à nouveau. Cette proximité avait consumé à rebours les quelques jours de séparation et de lucidité retrouvée et ce qui aurait pu être le point culminant de ces retrouvailles ne fut marqué que par un silence incongru. Ils étaient restés l'un devant l'autre, incapables de se regarder dans les yeux, lui triturant des pièces dans les poches de son pantalon, elle manipulant son collier, et l'on aurait dit que chacun réfléchissait la lumière incertaine à laquelle s'était catastrophiquement réduit tout l'éblouissement de leur passion réciproque. Un éclat d'élégance nouvelle s'était ajouté à son charme sauvage. Ses cheveux, encore plus blancs, et contrairement à l'instant de leur dispute, avaient été tirés vers l'arrière et relevés au-dessus de la nuque en un chignon compliqué et la ligne haute de son cou nu, mince et étroit, l'avait frappé comme une surprise déchirante. Il avait essayé de former une phrase succincte, et sut immédiatement que rien n'avait changé. Strictement rien.  
Cependant, et assez étrangement, son tempérament se tint tranquille. Il crut à nouveau, miraculeusement reprendre le dessus, mais dut s'avouer qu'il s'agissait d'autre chose. De timidité, peut-être. Son humeur et les apparences le servirent avec grâce et il n'y eut entre eux plus aucun incident. La courtoisie amicale était revenue telle une vieille habitude et la tension barbare fut remplacée par une dissension bien pire : un latent et perpétuel embarras. Il s'était surpris à prier, en vain, inquiet de constater que la moitié de son existence était confinée aux murs de ses songes.
Un sourire éclairait leur visage, la douceur de ce sourire était chose inattendue et tout à fait spéciale. Ce n'était pas le sourire fourbe, ni le sourire des passions promises et remémorées, mais le reflet humain, exquis, du bonheur et de l'abandon. Toutes les prouesses et les charmes, les conquêtes et les victoires n'étaient rien comparés à ce reflet prismatique de l'âme souriante. Ils se tentaient, bouche contre joue, main sur épaule, blanc contre blanc, noir contre noir, et en leur sein, leur fille, auréolés d'une quiétude insupportable. Lui seul les voyait peut-être ainsi, à cause de ses certitudes, mais leur lien de parenté était palpable, idéal, car aucun autre homme ne venait prendre Visenya dans ses bras avec une telle affection.
Gerold reprit lentement son pas, baissant les yeux face à un spectacle aussi intime. Sa mâchoire se serra, brièvement, alors que sa vue arrachait l'Argentière à son idylle retrouvée. Ou peut-être ne l'avait-elle jamais abandonnée ? Lui non plus, n'aurait certainement jamais voulu se séparer d'une telle osmose. Son tempérament cependant, ne lui avaient pas offert le luxe d'un tel bonheur avec quiconque, quand bien même le caressait-il avec sa fille, doux et précieux trésors de son existence. Par instinct, le Grafton attendit l'Argentière une fois avoir atteint la dernière marche de l'escalier. Sa présence l'électrisait, comme toujours, mais les aveux avaient eu le don de balayer la rage et il ne demeurait plus qu'une abnégation au chagrin oisif.
« Lady V » lui répondit-il sur un ton mielleux dont il avait le secret, ayant retrouvé depuis la fin de leur discorde un goût pour le badinage moqueur ; plaisir partagé dès le début de leur rencontre.
Aujourd'hui, elle lui affichait son expression officielle de circonstance, qu'il trouvait hypocrite, surtout après une pareille illustration de la vie familiale parfaite, aussi peu de temps après leurs aveux. Furtivement, il la taquinait parfois pour desceller dans son accent chantant un fond de vérité. Un indice éphémère capable de lui révéler le fond d'une pensée changeante, car son désir avoué se faisait sans cesse contester par les menus gestes de tendresse amoureuse qui l'unissait à Vaeron. Gerold se demandait parfois à quel point cette concupiscence réciproque avait été sérieuse, et si elle n'était pas davantage une parenthèse dans une histoire qui dépassait largement les ambitions du Seigneur de Goëville. Cela expliquait cette figure de cire si facilement composée, cette maîtrise de soi qu'elle lui proposait. Il n'était pas mieux, marié et uni, mais il avait au moins la certitude en son coeur que la Braavienne n'y connaissait aucune égale. En sa présence, Gerold se sentait gauche et mauvais en dissimulation, quand bien même personne ne lui avait jamais rien dit, mais sa peine à se maîtriser lui apparaissait plus palpable, évidemment parce qu'elle était sienne, mais aussi parce que Vaeranah ne montrait plus aucun signe de leur secret, comme elle ne l'avait jamais fait jusqu'alors... Sa question, banale, ennuyeuse, le conforta et un bref instant, il oublia sa gêne dans la paresse, alors qu'ils s'avançaient à pas tranquille dans un couloir silencieux.  
« Je rêvais, de bon matin, de vous voir m'assaillir avec des questions aussi captivantes, commenta-t-il sur le ton d'un gentil sarcasme et après un soupir, il répondit : eh bien, les clans des Montagnes, ce sont des individus, rassemblés en clans, et ces clans, vivent dans les Montagnes » hacha-t-il inutilement son explication avant de se fendre d'un sourire narquois.  
Inspiré, Gerold tourna sa tête vers elle, et s'étant brièvement assuré que personne ne les espionnait, il décida de saisir ce moment, mu par son orgueil, et ne pas risquer d'intervenir trop tard pour que ce fut pertinent.
« Eclairez mon point obscur à moi, plutôt, sa voix, doucement, se défaisait de son ironie pour se faire insouciamment curieuse. Dois-je vous considérer heureuse maintenant ? Vous aviez en tout cas l'expression de quelqu'un... en paix, et sans attendre davantage sa réponse, il lui offrit son profil faussement apaisé et poursuivit : C'est peut-être davantage votre destinée que votre mérite, car l'affection qui vous unit est bien plus ancienne et plus profonde. Dans tous les cas, ca me rassure, que votre souffrance n'ait pas été trop longue, et ce soit achevée en compagnie de confiance. »
Vaeranah Antaryon
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Qu'est ce que le temps nous laisse ? Des cendres et des maux loin des soirées d'ivresse du parfum sur ta peau. Comme un mauvais rêve ou tout sonne si faux ...



Vaeranah ne pouvait le nier, il y avait quelque chose d'apaisant dans le fait retrouver un écho de leur relation passée. Elle se sentait moins seule et même s'il agrémentait certains de leur échanges de petites piques, cela ne l'atteignait pas autant que les véritables attaques personnelles qu'il lui avait fait subir. Elle aurait presque pu rire de sa réaction pleine d'ennui et de lassitude bien loin de la moquerie acerbe et du mépris cruel. « Allons bon, vous rêvez de moi maintenant, Lord Gerold ? » lui dit-elle d'un ton semblable, affichant un sourire en coin tandis que, dans sa cynique taquinerie, il avait laissé une légère ouverture. Bien qu'initialement prononcé sans le moindre sous-entendu, elle se demandait s'il songeait à elle de la même manière qu'elle pensait à lui et fit mine de toussoter dans sa main pour se détourner légèrement et cacher l'hypothétique réaction que cette idée lui causait. Revenir à un sujet sérieux était une nécessité ! Il était encore des choses qu'elle ne comprenait pas dans le fonctionnement de Westeros, mais aussi du Val et tandis qu'elle avait sauté sur l'occasion d'enclencher une conversation sérieuse, loin des propos privés qu'ils avaient tenus ou des fantaisies dont son esprit imaginait, il semblait se complaire dans l'idée de la mener en bourrique, la laissant espérer avant qu'elle ne fronce doucement les sourcils de s'être faite avoir. « Merci pour ce partage incroyable de votre sagesse, c'est vraiment une chance de pouvoir compter sur vous pour ces questions. » lui dit-elle avec un agacement exagéré, levant les yeux au ciel. Elle retint une réponse impliquant de quémander les lumières de Lord Petyr mais considérant qu'elle n'avait ni envie de le braquer de nouveau, ni désir de voir le Maitre des Chuchoteurs, elle garda le silence, marmonnant quelques incompréhensibles paroles dans son coin.

Quelque peu stupéfaite, elle demeura quelques secondes à cligner des yeux, cherchant à s'assurer qu'elle avait bien saisit son message. Etait-il jaloux ? La blonde repassa dans son esprit, la scène qui s'était produite quelques instants auparavant, lorsque rentrant, elle avait laissé Visenya aux soin de son père, embrassant les deux valyriens avant de s'esquiver vers une autre compagnie. N'y avait-il pas eut une once de provocation dans le geste qu'elle avait eut envers Vaeron ? Dans un recoin de son esprit, n'y avait-il pas eut la cruelle conscience de sa présence tandis qu'elle posait ses lèvres sur la joue de son frère tout en sachant qu'Il pouvait le voir ? Qu'il savait qu'il y avait eut des baisers bien moins chastes entre eux ? S'il était une chose que Vaeranah, malgré son peu d'expérience, avait comprit en matière de relation, c'est qu'il n'était jamais agréable de voir son prétendant convoité. Il lui semblait entendre encore les mondaines braaviennes parler de leurs amants et de la manière de faire tourner les têtes de ses messieurs pour s'assurer d'obtenir ce qu'elles désiraient. En des termes que Vaeranah pouvait comprendre et concevoir, elle avait établie que réciprocité ou non, il existait une forme d'appartenance égoïste lorsque l'affection, l'intérêt, le désir ou quoi que ce soit d'autre, entrait en ligne de compte. Ainsi se déclarer était offrir une part de soi, une peu de pouvoir sur l'être qu'on était; un pouvoir dont l'autre avait loisir de disposer et elle ne connaissait personne, en ce monde, qui aimait l'idée de de se voir privé de cela. Pour autant, Vaeranah ne le percevait pas comme une forme de punition ou de vengeance pour le rejet qu'il lui avait fait subir. C'était sa manière de tenter de se détacher de lui, de se prouver que rien de tangible, de raisonnable ne l'attachait à Gerold, que le jour où leur chemin se sépareraient, seule son image subsisterait que dans sa mémoire et les souvenirs étaient aussi peu fiable que le coeur des êtres humains. C'est sa manière de se rappeler qu'il existait des choses concrètes dans son existence et qu'au delà du lien de sang qui l'unissait à Vaeron, il demeurerait, à jamais, le père de sa fille. C'était sa manière de retrouver la pure raison, de se persuadé qu'en se concentrant sur les faits elle parviendrait peut être à oublier, à intégrer l'impossibilité de ses affections et à retrouver celle qu'elle avait été avant. Et pourtant, alors qu'elle s'acharnait à faire comme si de rien n'était, à effacer l'image chancelante qu'il lui avait offert, il la ramenait encore et toujours à ce moment. Ne lui avait-il pas dit combien cette tentation causerait leur perte à tous les deux ? Ne s'était-il pas esquivé en mettant un point final aux confessions intimes et au jeu de séduction qui en découlait ? Tout ceci n'était, effectivement, qu'un désavantage certains dans leurs ambitions respectives, une alchimie qui lui faisait perdre le contrôle de sa raison et l'amenait à d'indécentes propositions qui la couvrait de honte et venait confirmer les quelques méchancetés qui se disaient sur sa personne. « Prenez garde, mon seigneur, on pourrait mal interpréter vos intentions ... » lui dit-elle avec froideur. Il jouait à un jeu dangereux. En vérité, songea-t-elle, ils y jouaient à deux en cherchant à nier ce qu'ils savaient partager tout en tentant de retrouver l'entente passée. Mais alors qu'elle cherchait à se retirer de la partie, ses mots sonnaient comme un appel, une sollicitation subtile mais ô combien compromettante et préjudiciable pour les résolutions qu'il leur avait imposé. Néanmoins, Vaeranah ne pouvait s'empêcher d'être piquée au vif, testée dans la véracité de ses dires précédents. Attendait-il d'elle qu'elle le supplie ? Qu'elle pleure toute les larmes de son corps car il n'avait pas voulu d'elle ? La croyait-il si misérable ? « Je pensais que vous aviez compris, après ces quelques années, que je n'étais pas versée dans la mélancolie et les grandes démonstrations de drame. » rétorqua la braavienne du ton le plus neutre possible -hors de question de lui donner satisfaction en se rabaissant d'une autre manière- tandis qu'elle braquait sur lui un regard incendiaire. Alors qu'elle avançait d'un pas régulier à travers les couloirs, elle attendit qu'il n'y ait plus personnes pour reprendre. « J'ai essuyé un rejet, c'est un fait. Mais ma fille n'a pas à pâtir de mon égo malmené : je veux la voir grandir en femme forte et indépendante, capable de se tenir droite et fière même dans les moments de déception. » Malgré le couloir désert, Vaeranah craignait les oreilles trainantes : elle demeura, dès lors, aussi succincte que possible dans la mention de leur dernières conversations privée. Il n'y avait pas besoin de déborder de détail pour lui faire comprendre son propos : elle ne doutait pas que l'instant était aussi frais dans son esprit que dans celui du valois. Il lui semblait encore percevoir les tremblements de ses bras, la douleur de son regard, la fragilité perceptible dans lequel la situation le mettait. Quand elle y pensait, elle avait l'impression d'y être de nouveau et pourtant, alors que ses yeux faisaient des allers-retours entre le vide des lieux et sa personne, elle peinait à concevoir qu'il fut le même homme. Si elle l'y retrouvait un peu depuis qu'il avait commencé à commenter la scène familiale dont il avait été témoin, elle devait reconnaitre la parfaite maitrise qu'il avait de lui même que cela soit dans la composition de sa posture ou dans le timbre de sa voix. Redevenant les parfaits acteurs d'une pièce pour laquelle ils avaient été entrainé toute leur vie quoi que laissant, un bref instant, ressurgir l'être véritable épuisé d'être si longtemps muselé, exigeant de pouvoir s'exprimer par lui même loin du texte imposé. Elle soupira. « J'ignore ce que vous espérez que je vous dise : il me semble que nous avons été plus que bavards lors de notre dernière entrevue. Vous avez été très clair et je n'ai pas l'intention de m'apitoyer sur mon sort. » dit-elle d'une voix plus basse afin de n'être réellement audible que de lui seul, le renvoyant au choix qu'il avait fait en la laissant seule dans ce bureau, en faisant montre de tant de détermination pour les protéger de la menace qu'ils représentaient l'un pour l'autre. C'était son choix, se répétait-elle, quand bien même elle aurait aussi peu de respect pour elle-même et pour Vaeron, pourquoi s'en souciait-il ? Cesse, criait son regard que l'élan de possessivité, ou de jalousie elle n'aurait su dire, qu'il lui témoignait venait ranimer ce qu'elle cherchait à étouffer. Ne me donne pas d'espoir, ne me laisses pas t'attendre ... Car elle savait qu'elle le ferait, que s'ils ne jetaient pas immédiatement de l'eau sur les braises, elle continuerait de se consumer à petit feu. Le soleil et la lune, jamais ne se croisent, s'était-elle dit après qu'il l'ait laissé, mais l'optimiste pourrait dire que, deux fois par jour à l'aube et au crépuscule, ces astres partageaient un même ciel. L'espoir était un optimisme qui la perdrait et ils jouaient dans des sphères bien trop élevées pour qu'elle se le permette.

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Sa préoccupation lui avait paru, si ce n’est innocente, au moins légitime. Du moins, il ne s’avouait pas jusqu’au bout à quel point c’était une façon de se justifier. Au fond, rien n’avait changé et très égoïstement, Gerold espérait qu’elle souffrait au moins autant que lui, si ce n’était plus. Car même en ayant tant refusé ses avances que mis un terme aux siennes, le désir d’être à l’origine de son chagrin le réconfortait ; ainsi, il se serait senti moins seul, car si Vaeranah était parvenue à trouver du soulagement dans les bras de son frère, lui n’y était pas parvenu dans ceux de son épouse. S’ils ne pouvaient être unis par la passion, ils devaient au moins l’être dans une douleur partagée et en tout point égale. Gerold connaissait son désespoir ; il avait même eu le temps de le connaître par coeur, mais celui de Vaeranah lui était étranger et il s’imaginait, parcouru de frissons, qu’elle l’ait oublié aussi facilement que l’on s’inventait un plaisir et que son obstination n’ait été que les résidus de sa vanité. Elle l’avait désiré, mais à quel point ? Le désirait-elle comme lui le faisait, chaque seconde de chaque minute de chaque heure et de chaque jour… Chaque jour qu’était une lune et peut-être même chaque lune qu’était une année. Si lovée contre un autre, pensait-elle à son plaisir présent, ou tentait-elle d’oublier celui qui lui faisait défaut ? Il l’aurait tolérée auprès d’un autre homme s’il l’avait su emplie de désespoir…
Le malheur était exclusif. Même s’il ne souhaitait pas la savoir affligée, un sombre recoin de sa pensée voulait qu’on se déchire pour lui jusqu’au sang, qu’on ne l’oublie pas et qu’on s’étouffe de larmes. Des filles avaient probablement éprouvé du chagrin, parce qu’il était noble, parce qu’il était riche, parce qu’il avait du pouvoir, ou pour d’autres qualités plus subjectives qu’on pouvait lui prêter, mais jamais Gerold n’aurait tenu en estime tous ces regrets autant qu’il en avait pour celui de Vaeranah. Elle était la Femme parmi les femmes et tout honoré qu’il était de pouvoir reconnaître ainsi ses qualités, rien ne valait d’être estimé autant en retour. Elle pouvait s’oublier, devenir extravagante ou au contraire muette, tant que ses tentatives et sentiments s’allongeaient sur un lit de ronces. Tant qu’ils étaient deux à souffrir, Gerold pouvait supporter de ne pas la posséder car déjà, sans même l’effleurer, il possédait son corps comme elle possédait le sien. Il tremblait, soufflait, soupirait, frémissait et s’énervait pour elle ; sa raison ne pouvait supporter l’ignorance. Plus que tout, il craignait de voir dans ses yeux leur pauvre désir un instant réfléchi, examiné, puis rejeté dans l’oubli, comme on le ferait d’une soirée ennuyeuse, ou d’une réunion assommante, ou d’une corvée insipide, ou de la croûte de boue séchée qui recouvrait le peu de dignité qui lui restait en de telles circonstances. La torture était encore plus insupportable, car comme avant, elle le taquinait et toute taquinerie, sienne tout autant que celle de Gerold, le ramenait invariablement au même constat. Un seul et succinct aveu de sa part pouvait lui suffire, se disait-il, même tacite, tant que l’espace d’un bref instant leurs cœurs pouvaient vibrer en un douloureux diapason.  
Lorsqu’avec froideur elle questionna ses intentions, Gerold demeura interdit, tant cette mise en garde sortait des prédictions. Il avait l’habitude qu’on ne lui dise jamais non. Une comédie que lui jouait son arrogance, car elle l’avait démasqué avant qu’il n’ait eu le temps de le faire lui-même. De fait, ses intentions n’avaient rien avoir avec leur tranquillité d’esprit, et tout avec sa solitude. Néanmoins, cela ne le garda pas d’éprouver un semblant d’irritation, alors qu’elle osait questionner ce qu’il faisait passer pour justifié et légitime. D’instinct, il se donna de la hauteur, se redressa légèrement et releva le menton pour regarder le lointain horizon. Hauteur qu’il perdit bien vite, car elle devint brutalement honnête et lui rappela que sa nature ne se donnait pas en spectacle, aussi n’aurait-il jamais le loisir de la voir défaite. Gerold sentit sa respiration s’accélérer. Après son refus, il avait perdu le droit de lui demander cette vérité, cet accès absolu à son intimité et pourtant, intimes, ils ne l’étaient rien qu’en ayant abandonné dans leurs conversations le premier degré du superflu. Lui, voulait tout avoir : l’honneur, le désir, la distance et l’honnêteté, et tout cela en même temps. Elle l’humiliait dans son caprice et pour cela, il la détesta à nouveau, brièvement, mais assez violemment pour que la marque fendît son visage d’une grimace désapprobatrice et boudeuse. Plus elle s’expliquait vertueuse, plus il devenait aigre, supportant mal d’être si médiocre à se montrer distant. Il avait tort et elle le lui faisait savoir. Ce qui le fâcha encore plus fut le constat qu’en plus d’exposer sa soumission aux principes qu’il avait imposé, elle parvenait à ne rien lui exprimer de vraiment personnel. Sa question, sous un angle ou un autre, demeura sans réponse. Au lieu de cela, elle se couvrit de sa fille et de l’exemple qu’elle devait être pour elle. L’entendant parler d’un "moment de déception", il frémit, sentant une énergie résiduelle lui imposer un pas plus rapide. "Ego malmené" !
« Elle ne pâtira pas de votre égo malmené, par contre, de votre liaison incestueuse, aucun problème ! » siffla-t-il précipitamment et avec un désarroi guidé par une frustration montante, mais se ravisa bien assez vite.  
Jetant un rapide coup d’oeil au couloir et sans oser la regarder, Gerold ferma les yeux pour retrouver à l’abri de ses paupières un semblant de contenance. Ses lèvres se pincèrent, ses narines palpitèrent, puis il s’arrêta et se pencha vers elle, accompagnant son explication exaspérée de petits gestes nerveux :  
« Ce n’est PAS ce que j’ai voulu dire. Toujours, sans la regarder, il réfléchit, puis recommença : En fait si. J’ai voulu être cruel et je l’ai été, mais ce n’est pas juste. »
Il ne voulait pas revenir dans ses anciens travers et avait, heureusement, appris à en reconnaître les prémices. Pas assez vite, il fallait le croire. Gerold se retourna et reprit la marche, comme si cette parenthèse fermait ce qu’il avait pu penser ou dire, l’exilant dans l’oubli. Ainsi, il se détestait, mais il n’était pas assez stupide pour penser que cette situation pouvait atteindre un équilibre idéal ; la seule façon était d’être ferme. Ferme avec soi-même. Mais il supportait mal de ne pas avoir accès à son esprit comme ce fut le cas jadis. Une familiarité qui avait rendu le terrible aveu au sujet de sa relation avec Vaeron possible, et qui aujourd’hui n’était qu’un simulacre, un pantomime décérébré et sans cesse tenu par la bride. Encore un peu, il resta dans l’illusion de ce paradoxe, persuadé de pouvoir être jaloux et désintéressé en même temps, d’imposer la distance sans avoir à trop en souffrir, sans avoir à reconnaître que cela le rendait doucement misérable.
Par hasard, il en vint à croiser son regard et dut détourner brusquement le sien, comme s’il venait de subir une brûlure. Sa supplique muette lui était insupportable. Et pourtant, la détermination était là, infaillible, à lui réclamer un peu de réconfort dans la souffrance et plutôt que de se décourager, il n’en fut que plus pressé d’avoir une réponse. Parce qu’il endurait déjà ses propres convulsions lamentables, sa tolérance n’avait que peu d’égards envers celles de Vaeranah. Il était pitoyable et cherchait un moyen de ne plus l’être, dut-ce être par l’intermédiaire d’un malheur partagé. S’il prenait la peine de regarder, de vraiment se plonger dans son regard d’azur agonisant, il aurait pu aisément comprendre sa peine, mais il ne le faisait pas car comme tout homme craignant de se noyer, il évitait de plonger dans l’eau. Néanmoins, moins patient que la dernière fois car moins aveugle, Gerold n’eut pas la force d’être subtil ou juste cruel et dût se résoudre à être simplement franc. Il s’arrêta à nouveau et se pencha vers elle comme elle l’avait fait, assez près pour éviter de la regarder. Assez près pour contempler sa gorge teintée d’abricot et d’une jeunesse, d’une grâce qui lui coupa le souffle, et cette féminité pâle, et ces os tendrement ciselés, et cette poitrine satinée qui s’en allait, s’amenuisant dans l’ombre d’un décolleté. Sa respiration butait à la croisée de ces délices, torturée et en colère, impatiente. Mais lorsqu’il parla, sa voix fut empreinte de cette tendresse duveteuse, cette navrance du désir.  
« Je veux savoir » murmura-t-il, d’abord impérieux, puis s’arrêta et faiblit, parce qu’il n’était pas certain de ce qu’il voulait savoir.  
Qu’elle souffrait ? Qu’elle couchait avec son frère ? Qu’elle avait simplement un autre homme ? Pour se consoler ou pour l’aimer ? Qu’elle était encore éprise de lui, comme elle l’avait laissé entendre dans le bureau il y a de cela plusieurs semaines. Qu'elle "trompait" des attentes qu'il avait de toute façon écartées ? Ridicule. Et pourquoi ? Seulement par orgueil de posséder son esprit à défaut d’avoir l’audace de posséder son corps ? Indécis, Gerold soupira, sentant sa hargne s’étioler avec l’assurance de ce qu’il voulait vraiment. C’était une chose de sous-entendre, c’en était une autre de parler franchement et sans détours.
« Je veux savoir ce que je suis, poursuivit-il faiblement après un temps et grimaça : Ce que j'ai été, pour que tu prodigues tes égards à un autre... c'est trop tôt, conclut-il. Parce que moi... » mais il ne poursuivit pas. Sentant que sa voix aller chevroter, Gerold se tut, préférant rester sur cette exigence, murmurée, il était vrai, sur un lit de désespoir.  
Il avait pris soin de ne pas la toucher, sachant qu'aucune de ses résolutions ne survivraient au contact de sa peau, et à chaque fois qu'elle s'avançait ou même soupirait, il reculait avec elle en une sorte de danse compassée. Et parce qu'il sentait glisser sa contenance comme de la soie, Gerold musela sa négligence autant qu'il le put. D'instinct, il pencha la tête sur le côté, comme un enfant qui craignait de se faire battre et cachait ses joues.
« Vous avez raison, j'ai été clair, reprit-il sèchement, mais à mesure qu'il parlait, son assurance perdit en élan et doucement, tout redevint un murmure : mais au moins si vous... si la place est déjà prise, je souffrirai peut-être moins d'avoir été peu. »
Vaeranah Antaryon
L'étoile de l'Est

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If you're always out of reach
Vaeranah & @Gerold Grafton

Qu'est ce que le temps nous laisse ? Des cendres et des maux loin des soirées d'ivresse du parfum sur ta peau. Comme un mauvais rêve ou tout sonne si faux ...



Son silence initial ne fit que la conforter dans l'idée selon laquelle ils replongeaient lentement dans leurs dynamiques passées : si l'apaisement avait été bienvenu, elle avait l'étrange impression qu'il venait chercher les nouvelles limites qui s'imposaient entre eux. Elle même ignorait, après tant de paroles blessantes, où se trouvait la frontière entre les taquineries gentiment moqueuse et les sujets qu'ils ne pouvaient aborder. A ses yeux, il était évident que rien ne serait plus pareil : s'ils pouvaient retrouver une entente relative, et une efficacité professionnelle, l'amitié qui avait existé, les confidences qui avaient été faites, les rares contacts physiques, tout cela appartenait au passé. Plus aucune parole ne serait innocente et elle s'en rendait d'ors et déjà compte tandis que son esprit cherchait, derrière ses mots, un sens caché. Ils en avaient bien trop dit et ils n'avaient plus qu'à faire avec les conséquences. Vaeranah s'était demandé, la veille au soir, si une fois que le soulagement de voir le calvaire de ses batailles verbales disparaitrait dans une routine monotone, elle pourrait regarder le couple Grafton sans envier Lady Catelyn, sans penser à la déclaration douloureuse que son époux lui avait faite. Elle se demandait si l'image de sa vulnérabilité finirait par disparaitre de sa mémoire tout comme le timbre de sa voix, dont la seule réminiscence suffisait à déclencher une série de frissons qui parcouraient sa colonne vertébrale. Avec le temps, avait un jour dit sa mère, on finissait par oublier. Vaeranah s'était souvent rattaché à cette idée au cours de son existence : la frustration de se voir voler les mérites d'un travail, la tristesse d'avoir perdu ses frères, la crainte de voir Vaeron sombrer après le décès de sa compagne, ... Lysara Antaryon avait eut raison en un sens, les choses finissaient toujours par se tasser. Quel dommage qu'elle n'ait pu mettre ses propres adages à profit, avait-elle songé avant que la naissance de Visenya ne lui fasse prendre conscience du besoin viscéral qu'une mère pouvait ressentir à l'égard du bien être et de la sécurité de sa progéniture. Dans ce monde plein de nouvelles expériences, les certitudes de la valyrienne vacillaient. Jamais auparavant, elle ne se serait intéressé à ce qui se disait d'elle, jamais jusque là n'avait-elle pensé à une vie loin de la rigueur rassurante de la banque et des paysages familiers de Braavos. Jamais elle n'aurait cru devenir mère et, et c'était sans doute là le plus grand des bouleversements, jamais elle n'aurait imaginé qu'un homme mettrait fin à l'exclusive affection qu'elle avait pour son frère. Et si des certitudes si ancrées en elle se voyaient ainsi balayées d'un revers de manche, que lui restait-il ? Ces choses là finiraient-elles par se tasser comme l'assurait sa mère ou passeraient-ils le reste de leurs existences à souffrir de la présence de l'autre ? Leurs désirs réciproques n'étaient-ils qu'exacerbés par l'impossibilité d'une histoire entre eux ou existait-il un absolu dont elle ignorait tout ? Car la question qui la terrorisait le plus à cet instant était : et si cela ne passait pas ? Et si elle était à jamais prisonnière de son attrait pour le valois ? A bien y penser, elle sentait déjà la migraine poindre tandis qu'elle glissait un regard vers lui, ne pouvant que remarquer qu'il ne semblait pas plus en paix qu'elle ne l'était.  

Un étrange fourmillement parcourait ses doigts tandis que l'absence d'âme qui vive dans ce couloir lui rappelait leur dernier tête à tête. Tel un écho, le sifflement de son comparse s'insinua en elle tel un poison glacial, sa mâchoire se crispa et elle se força à attendre une respiration, puis une autre avant de tourner la tête vers lui. A la chaleur de son désir s'était substituée la colère froide : mentionner Visenya était déjà un tort, mais la manière dont il réduisait ce qui la liait à Vaeron en de si bas terme lui donna envie de le frapper. Comment osait-il ? Elle comprenait que pour le commun des mortels, ses relations avec Vaeron portaient le sceau du taboo, d'un interdit infranchissable. Même à Braavos, où les moeurs étaient bien plus libres et les relations charnelles ou romantiques moins digne de commérages, leur étrange proximité avait été au coeur de quelques discussions. Elle lut une sorte de panique dans le regard du Grafton tandis qu'il s'empressait de corriger ses dires, sans doute prononcés sous le coup d'une émotion incontrôlable. Ce n'était pas ce qu'il voulait dire ? Que voulait-il dire alors ? Regardait-on Viserys Targaryen avec dégout ou avec admiration ? Pourtant, toute proportion gardées, la situation n'était pas bien différente. Personne ne blâmait les Targaryen pour les siècles de mariages incestueux et elle devrait rougir et se repentir d'en avoir fait de même ? « Vous parlez de choses dont vous ignorez tout ... » dit-elle avec sécheresse, incapable de relever les excuses à demi-mots qui assumaient l'injustice de ses paroles. L'agacement prit le dessus, elle était lasse de voir tous ces hommes bien nés la prendre de haut et, pire que tout, le voir lui adopter l'attitude paternaliste pleine de réprobation à son encontre. Elle n'avait rien à regretter si ce n'est peut être de ne pas avoir été mariée, elle n'avait pas à s'excuser auprès de personnes qui ne saisiraient jamais le contexte de son éducation. « Et comment pourriez vous les comprendre ? Vaeron, Viserys, moi ... Nous portons le poids d'un héritage qui dépasse les noms et les royaumes. Nous avons été élevés dans des certitudes bien différentes, dans les coutumes perdues d'une civilisation disparue où ce genre de chose n'étaient ni tabous, ni condamnables. » asséna-t-elle, ressentant le puissant besoin de marquer la différence fondamentale qui existerait toujours entre eux. Il était peut être un grand seigneur, il était peut être main du roi, il était peut être de ceux qui gouvernait le monde mais elle était une descendante de Valyria, la rencontre du plus grand empire que le monde ait connu et de la cité secrète qui avait été la seule à échapper au contrôle des seigneurs-dragons. Il coulait, dans ses veines, une fierté que nul ne saurait lui retirer. Ils auraient beau se cacher derrière leurs étoiles à sept branches et leurs préceptes bigots, les andals finiraient par chuter, eux aussi, tout comme les enfants de la foret, les premiers hommes, tout comme Valyria ... Car telle était la destinée des grandes civilisations : s'effondrer tout en essayant de conserver le peu qu'il leur restait avant de sombrer dans l'oubli. « Ma vie entière, on m'a répété qu'il était de mon devoir de faire perdurer le seul héritage que je peux transmettre: celui du sang, afin que Valyria continue de vivre jusqu'au jour où elle se relèvera de ses cendres. » Une utopie partagée par bien des suprémacistes, mais le regard hétérochrome qu'elle arborait ne mentait pas : si le gêne valyrien demeurait fort, il finirait par disparaitre et elle en portait déjà les traces. Au sein même de la maison au dragon, les chevelures se faisaient de plus en plus souvent foncées et ce n'était qu'une question de temps avant qu'ils ne finissent par appartenir à un passé de légende à l'image du grand empire de l'Aube ou des dragons des mers. Elle se demandait, parfois, si l'intégralité de ses pensées étaient vraiment siennes, si l'ensemble de ses convictions lui appartenaient ou n'était que le transfert des certitudes que d'autres avaient eut pour elle. « Je n'attend ni pardon, ni bénédiction pour ce que j'ai fais. Je n'en tire peut être aucune fierté, mais je ne le renierais jamais. » conclut-elle avec fermeté mais entourant malgré tout son corps de ses bras comme pour s'étreindre elle même et se réconforter. De cette histoire, qu'est-ce qui lui appartenait réellement ? Elle n'aurait su le dire. Elle doutait que le but initial de Lysara Antaryon fut de jeter son unique fille dans les bras du puiné de la famille mais elle se demandait si, si elle avait été la fille de Vaelarr et non de Lysara, les choses se seraient déroulés ainsi ? Avec pour père son grand-oncle qui n'adhérait que peu à l'idéalisation d'un passé disparu, ses gouts auraient-ils étaient différents ?

L'écho de leurs pas semblait en rythme avec les battements de son coeur. Bouleversée, Vaeranah songeait combien tout aurait été plus simple si son coeur n'était resté qu'obnubilé par Vaeron, si la dite éducation, précédemment évoquée, avait son oeuvre en éliminant directement Gerold de l'équation. Et pourtant il était là, de même que la vilaine petite obsession qui se moquait bien de savoir si leurs ancêtres avaient appartenu au même glorieux et tragique destin. Seuls dans ce couloir, le silence que le bruit de leurs pas ne venaient même plus troubler, elle se demanda pourquoi elle avait décidé de prendre ce chemin avec lui. Qu'il soit réel ou métaphorique, ils s'engageaient sur un dangereux sentier et tandis que son ombre se mêlait à la sienne, Vaeranah eut la certitude qu'elle ne pourrait jamais trouver la paix de l'esprit tant qu'il serait aussi proche, tant que la vision du couple la narguerait du matin au soir, tant qu'elle ne parviendrait pas à le sortir de sa tête une bonne fois pour toute. Elle ne regrettait pas ce qu'elle avait fait avec Vaeron, songea-t-elle tandis que revenait dans son esprit l'accusation dont il l'avait gratifié. Non, elle regrettait d'avoir laissé quelqu'un d'autre se faire une place dans sa vie, elle regrettait de lui avoir fait une place dans son esprit. Car si Vaeron ne la blesserait pas, Gerold s'y employait avec minutie depuis de nombreux jours et que malgré tout ce qu'il parvenait à toucher en elle, la simple connaissance de la réciprocité de ce qu'elle ressentait suffisait à le laisser faire. Pas qu'elle n'y opposait pas une certaine résistance, elle n'était pas un agneau partant à l'abattoir, mais il était des moyens extrêmes qui auraient coupé court à cette mascarade et pourtant, elle était toujours là, détaillant la profondeur de son regard, la finesse des traits de son visage, la contiguïté de leurs corps.

De la même manière que ses propres pensées lui paraissaient décousues, presque incohérentes, les balbutiements du trentenaire peinaient à trouver un fil conducteur dans une lutte intérieure qu'ils partageaient, de toute évidence. Son coeur manqua un battement lorsque d'un mot, il ramena l'aspect ô combien personnel de la discussion qu'il tentait d'avoir. Le bleu polaire se mit à fondre aussi lentement que les graines de sa colère, copieusement arrosées des remarques sur ses amours incestueux, fanaient face à ce manque évident de contrôle. Ainsi, miroir de son propre masque se délitant peu à peu face à lui, il lui semblait entrapercevoir les fissures dans le sourire du brun, le faux dans l'intonation de sa voix et cela ne lui apparaissait jamais autant que lorsqu'il faisait preuve d'une telle sincérité. Elle se demanda ce qui pourrait leur résister s'ils décidaient un jour de s'allier réellement, pleinement, si au lieu d'employer leur énergie à se détruire l'un l'autre, ils redirigeaient leurs talents vers le reste du monde ... Dieux, que nous serions merveilleux, songea une voix dans sa tête, et cela lui donna le tournis. Il ne lui avait jamais parut aussi magnifique qu'en ce moment, tandis qu'exposant une demi-seconde la jalousie qui l'animait, il s'imposait à sa personne. Elle n'avait pas souvenir que qui que ce soit ne lui ait jamais témoigné un tel élan de possessivité -du moins si l'on considérait que les élans protecteurs de Vaeron n'avaient rien de particulièrement romantique- et elle ne s'en senti que davantage désirée. Aussi, lorsqu'il commença à faire machine arrière, ré-instaurant la pudique distance qui se devait d'être entre gens de cour sans aucun rapport condamnable, elle fronça les sourcils dans une moue ouvertement contrariée. « Ah non, tu ne vas pas t'en tirer comme ça. » siffla-t-elle tandis que sa main allait trouvait l'avant-bras du valois. Elle ne supportait plus sa manière de souffler le chaud et le froid, ce jeu du chat et de la souris qui semblait s'installer durablement dans leur nouvelles interactions, la rejetant puis lui courant après lorsqu'elle décidait d'aller de l'avant avant de s'esquiver à nouveau. Mue par son irritation, la braavienne se moquait bien des convenances, de l'étiquette, du retour au vouvoiement qui ne s'invitait à nouveau que pour la tenir à distance. S'il avait été limpide la dernière fois, tout dans son comportement, dans son discours, venait contredire la fermeté dont il avait alors fait preuve. « Que veux-tu savoir au juste ? Si j'ai couru dans le lit de Vaeron dès que tu m'as abandonné l'autre soir ? » Doucement un noeud s'installait dans sa gorge, entretenu tant par les émotions vives qu'elle ressentait que par le le ton bas qu'ils se devaient de forcer pour que leur conversation ne soit pas épiée par d'indiscrets visiteurs. S'il apparaissait vexé de la voir si facilement passer à autre chose, elle l'était davantage de se voir niée dans sa réalité : dans le royaume du paraitre, pourquoi devait-il être le seul à garder sa dignité ? « Si je suis assez frivole pour ajouter le qualificatif de menteuse ou d'inconstante à la longue liste de mes vices afin d'éloigner les hommes du droit chemin ? » Un ricanement hystérique s'échappa de sa gorge, sa propre jalousie réclamant le droit de se faire entendre. Car après tout, c'était elle qu'il disait protéger en l'épargnant de ses attentions et pourtant, il se permettait de noter la tendresse familiale dépourvue de sous-entendu alors même qu'il avait tout le loisir de l'oublier dans le lit de Catelyn ? N'était-ce pas un comble que ce fut lui qui la rejeta, mais lui qui l'imaginait déjà dans les bras d'un autre ? L'image de la légèreté lui collait-elle tellement à la peau qu'il la croyait sincèrement si volage ? « Je suis même étonnée que tu ne m'ai encore traité de sorcière ... » marmonna-t-elle, tandis que, prenant conscience de sa main autour de son bras, elle le lâchait comme s'il avait été brulant, s'éloignant d'un pas vers l'arrière.

Elle eut l'impression de se revoir à nouveau contre le bois du bureau, de s'entendre lui proposer ce qu'il désirait pour peu qu'il cesse de la hanter, qu'il apaise le feu dévorant qui les rendait au mieux stupides, au pire insupportables. Elle se rendit alors compte de combien ils étaient égoïstes : elle en lui laissant l'entière responsabilité de franchir la limite, lui en lui reprochant de se trouver de l'autre côté tout en poursuivant sa vie. Ne l'étaient-ils pas finalement conjointement, eux qui, n'observant que par leurs prismes, ne considérerait jamais l'impact que cela pourrait avoir sur ceux qui les entourait. Avec un relent de culpabilité, Vaeranah songea qu'à aucun moment, lorsqu'elle se voyait dans ce couloir avec lui, elle n'avait pensé à ce que Vaeron pourrait en penser et quelque part, elle se demandait si les réticences du brun n'étaient finalement pas menées par le respect qu'il portait à son épouse. Cela vint piquer son être si profondément qu'elle en ressentit une morsure sourde au creux de son âme. Catelyn n'était peut être qu'âgée d'à peine vingt ans, elle était ce qu'elle ne serait jamais : sa femme. Et aussi surement qu'il avait grimacé en parlant des égards qu'elle avait pour le valyrien, Vaeranah se mordit la lèvre en songeant que c'était peut être les voeux prononcés qui le retenait. Le noeud dans sa gorge grossit et la blonde songea qu'à moins d'un miracle, c'était elle qui finirait par craquer, une fois de plus. Alors elle inspira, sa lèvre inférieure toujours malmenée par sa mauvaise humeur, son anxiété, la tension inhérente à leur rencontre. Elle inspira les yeux fixé sur lui et reprit. « Que veux tu, Gerold Grafton ? Que je me dépeigne avec si peu de dignité que cela te permettra de te conforter dans ton choix ou que je te dise que ton indécision finira par nous briser tous les deux ? » Les alternatives qu'elle lui offrait ne semblait guère alléchantes, mais elle n'était pas une séductrice et elle ne doutait pas qu'il en savait bien plus qu'elle en la matière. Quant aux promesses, ils n'étaient ni en mesure, ni en position d'en faire. Elle était prête à prendre sa part de responsabilité dans ce que sous-entendait leurs allers et venues, leur quête perpétuelle de l'autre sans pour autant totalement s'y abandonner. Fais-le, ou ne le fais pas, pensa Vaeranah, oubliant l'indicible familiarité qui l'avait poussé à prononcé son nom sans aucun des titres qui lui appartenait, car il n'y aurait de retour en arrière, pas plus qu'ils n'y en avait à ce jour. Dans ces conditions, l'espoir ne les mènerait qu'à la déception et le seul consentement qu'ils avaient à s'offrir était de se permettre d'oublier quelques instants la réalité de leurs places respectives en se laissant aller à la seule chose qui leur rappelait qu'ils n'étaient, au final, que des êtres humains.

:copyright:️crack in time



┗ DAUGHTER OF THE SEA ┛
People think that intimacy is about sex. But intimacy is about truth. When you realize you can tell someone your truth, when you can show yourself to them, when you stand in front of them bare and their response is 'you're safe with me'- that's intimacy..
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Qu’était-il devenu ? Gerold ne se reconnaissait plus, ou mal, et avait l’impression de revenir à ces années tumultueuses de discorde adolescente, lorsque la sauvagerie de son caractère l’emportait encore sur sa civilité calculée. Sa froide évaluation s’évaporait pour n’être qu’un orgueil navré et capricieux, presque enfantin. Cette inconstance lui faisait peur ; il se surprenait à ne pouvoir faire confiance ni à son discernement, ni à son intelligence, qui se brouillait complètement dans un flot agité d’émotions échappant à son contrôle. Quant était-il devenu aussi fragile et inconstant ? A quel instant s’était-il replongé dans les méandres de l’enfance, qui nécessitait mille consolations et assurances ? Sa défiance voulait être la seule dans esprit de l’Argentière, au moins maintenant, au moins pour ça. Il ne se leurrait pas, la concurrence était inimaginable avec un homme dont il ne serait jamais capable de satisfaire les liens du sang, mais il espérait égoïstement l’avoir surpassé l’espace d’un bref instant dans les passions de l’Argentière. Quand bien même cela aurait été mieux pour eux deux, Gerold voulait ne pas être un éphémère papillon, un caprice ou un symbole… C’était pourtant ce à quoi sa stature l’avait condamné. Les gens au pouvoir n’avaient pas d’amis, que des suiveurs. L’intérêt des femmes était semblable : entre avarice, admiration et envie, elles ne voyaient en lui qu’un symbole de richesse, de pouvoir ou de noblesse. Des allégories dont sa personne était peut-être l’égérie par défaut, mais qui étaient substantiellement divergentes de ce qu’il était véritablement. Ou du moins, son caractère ne séduisait-il pas qu’à cela, qu’à l’argent ou au pouvoir qu’il possédait, ni à l’éducation qu’il avait bien pu avoir, et dont tant de gens se faisaient une image erronée. Vaeranah, au contraire, était son égale ; elle ne fantasmait pas sur un homme inexistant, et qui serait le parangon d’une vanité concupiscente, avare de signes extérieurs de distinction. C’était un mensonge qu’elle connaissait et qui n’avait aucune valeur à ses yeux, rendant d’autant plus précieuse son affection. Si elle l’appréciait et le désirait, c’était pour ce qui n’appartenait qu’à lui et à lui seul. Il voulait avoir compté comme ça pour quelqu’un, au moins une fois. Surtout pour elle.
Comprenant le désespoir pénible de son désir, Gerold haleta faiblement contre la brûlure pâle des cheveux de lait. Qu’est-ce que cette exigence disait de lui ? Qu’il n’était pas exactement l’homme qu’il s’imaginait être, mais était encore l’enfant au fond d’un placard assiégé par la rébellion, ne se sentant pas à la hauteur des évènements, et qui avait besoin d’être consolé. Au fond de lui était encore assis ce garçon terrorisé et incapable, prêt à faire n’importe quoi pour prouver sa valeur. Instant ultime où il avait compris devoir être plus que ce qu’il était alors ; plus, pour incarner ces symboles ! Richesse, gloire et noblesse. Et tout cela pourquoi ? Pour être complètement à nu devant une femme, et vouloir être désiré pour l’enfant effrayé qu’il avait un jour été. Etait-il donc ainsi ? Incertain, irrésolu et embarrassé ? Peut-être bien que oui. Peut-être bien voulait-il savoir qu’on pouvait être désiré, même pour ça, ce petit coin de misère qu’abritait son âme.
Vaeranah avait été plus qu’indulgente, faisant preuve d’une patience à toute épreuve. Pourtant, lorsqu’elle l’avait réprimandé avec une sécheresse âcre, il comprit d’instinct qu’elle s’était tenue au sens premier de son insulte. Il ne l’avait pas accusée du péché d’avoir aimé son frère, il l’accusait simplement d’aimer un autre homme. En essayant de justifier son geste par un ancestrale devoir, elle submergeait encore plus leur relation sans cesse avortée sous le poids des obligations. Et plus elle le prenait de haut, plus il se sentait insignifiant. Comment pouvait-il espérer exister alors qu’une dynastie était capable d’annihiler tous ses espoirs ? Il avait, à son propre niveau, connu des exigences semblables. Son mariage même avait été cet élan irrépressible vers la survie et le pouvoir. Son sens du devoir connaissait parfaitement les nécessités d’un héritage et n’avait rien à dire à la colère de la jeune femme. Seulement, il s’en fichait, de son crime ou de sa nécessité, ou du regard que les autres pouvaient lui porter. Il concevait les sacrifices nécessaires et le devoir d’une descendance pure. Ce qu’il voulait, c’était l’impossible : qu’elle cesse d’appartenir à ses obligations et qu’elle lui appartienne à lui, d’esprit si ce n’était de corps. Pourtant, tacitement, Vaeranah était déjà en train de lui expliquer que ce ne serait jamais le cas, et que ni ses espoirs, ni ses jugements ne pouvaient l’atteindre. Mais malgré toutes les mises en garde et les réprobations, son désir n’avait d’yeux pour ce royaume vaincu, pour ce patrimoine perdu, pour cette infatigable survie plus grande que n’importe quelle ambition qu’il avait pu un jour cultiver. Sa volonté ne se souciait que d’elle, et n’avait cure ni de sa lignée, ni d’un quelconque destin dans laquelle son existence était entremêlée.
Néanmoins, cela fut suffisant pour remettre ses passions à leur place. Il n’était ni un Valyrien, ni l’un de leur descendant ; rien chez lui ne pouvait satisfaire un impératif héraldique. Face à l’histoire, il n’était qu’un caprice sans importance. Orgueilleusement, il se dit que ses obligations étaient bien vaines face à un royaume déclinant, et que s'adonner à ce genre d'extrémités pour la survie d'un sang était la marque du désespoir, le dernier soupir avant la mort. Tout cela contribua seulement à le rendre plus malheureux et Gerold lui lança un regard de colère brûlante. Il se rendait compte s'être cherché des excuses pour lutter, mais se les faire entendre dire avait un goût tout différent d'impossible. Pire encore, elle sous-entendait que son frère et elle avaient été réunis par le destin, par la force gravitationnelle de l'hérédité et par le besoin primitif qui faisait de chacun des fauves. En plein milieu de cette fortune, leur affection réciproque paraissait presque être une trahison envers tout ce que la vie leur avait donné et la place qu'ils occupaient. Gerold n'eut rien à lui dire et garda le silence auquel le réduisait des millénaires d'histoire.  
Pourtant, malgré ce système de valeur qui les maintenait à l'écart, ils s'attiraient, invariablement. Curieux d'y songer, alors qu'ils n'avaient eu de cesse de se quereller. Cependant, bien des fois avaient-ils eu l'occasion de se fâcher pour de bon, de prononcer la parole en trop et de s'indifférer à jamais, sans une seule fois l'avoir fait. Une ligne imaginaire traçait une limite dans leur esprit qu'ils tâchaient de ne pas franchir pour toujours être en mesure de revenir en arrière. Comme un bateau en pleine mer, leur navire atteignait la crête sans jamais chavirer. Malgré l'agonie, aucun d'eux ne songeait à y trouver la mort... Comme lui, elle se débattait et frissonnait sans bouger, toujours à une distance prête à faire parade, mais assez proche pour s'éprouver continuellement. Ils s'infligeaient des blessures, mais ce n'était pas grave, parce que c'était les leurs. Ils avaient déjà souffert l'un pour l'autre, alors pourquoi pas un peu plus ?  
Courroucée, Vaeranah brisa cette danse, l'empêchant d'imposer cette distance qu'il affectionnait tant après un énième affront. De ses doigts graciles, elle étreignit son bras et il crut en mourir. Un soubresaut l'électrisa, et Gerold regarda ces petits doigts qui le retenaient par la manche de sa casaque. Stupéfait, il demeura ainsi quelques instants, avant de remonter ses yeux emplis d'un étonnement qui se prolongeait sur la jeune femme. Elle le gifla bientôt d'une parole vulgaire et sèche, l'accablant de questions en retour sans jamais répondre à la sienne. D'abord surpris, il accepta son propos littéral, car c'était finalement et en des termes bien plus frustres, exactement ce qu'il avait voulu dire. Était-elle volage ? Le désirait-elle assez pour ne supporter aucun autre ? Son rire de forcenée le troubla ; il sentait venir la vengeance derrière l'offense qu'il lui avait faite. A tous deux, la présence de l'autre était comme une flamme et bientôt, après une énième injure, elle le lâcha subitement et son absence lui devint glacée. Ce résumé était loin de celui qu'il s'était imaginé dans sa tête, mais au fond, elle avait raison, il la blâmait d'être inconstante dans ses passions. Mais il remarqua bientôt que malgré une honte latente, sa curiosité n'avait toujours pas été satisfaite. Elle faisait tout pour ne surtout pas lui répondre. Ses efforts étaient tout dédiés à dénigrer sa requête, à la rendre blessante et grossière ; pourquoi ? Ils avaient dépassé le stade où leurs sentiments étaient tant de secrets indicibles et outrageants. Était-elle finalement cette femme frivole qui avait couru se réfugier dans les bras de son amant pour se consoler d'une frustration ? Esquivait-elle la question parce que la réponse la rabaissait véritablement ? Ou bien, ne voulait-elle pas lui avouer que son cœur avait été assez constant pour refuser le soulagement ? Peut-être n'assumait-elle finalement pas l'étendue de son emprise et ne voulait pas qu'il le sache...
Invariablement, elle retourna ces hésitations contre lui. Que veux-tu, Gerold Grafton ? Son nom sonna comme un terrible tonnerre au milieu de cette familiarité. Gerold la regardait, interdit et immobile. Son indécision finira par les briser tous les deux ? Oh, elle voulait donc être tranquille ! Lui, aurait préféré avoir une réponse qui l'aurait peut-être enfin réconcilié avec cette insupportable tentation ! Mais non, elle préférait serpenter entre les mots et s'outrer de leur propos ! A l'écouter, elle n'était coupable de rien et victime de tout ! Victime des obligations envers sa grandiose dynastie ; victime des accusations intrusives et tacites dont la Main du Roi la gratifiait. Ses poings se serrèrent pour contenir un désir de violence et sa bouche se réduisit à une ligne sévère.  
« Me conforter dans mon choix ? Tamisa-t-il à travers ses dents serrées. Quel confort peut-il y avoir là-dedans ? » Provoqua-t-il d'une voix doucement chancelante, ouvrant ses bras comme une offrande.  
L'épuisement l'assaillit soudain ; il n'avait jamais été doué pour la colère démonstrative et la sienne préférait vrombir doucement en son cœur derrière un bouclier froid et réservé. Il ne savait pas crier, ni se défouler, ce n'était pas sa façon d'exprimer ses émotions. Sa nature était pudique et calme, souvent solitaire. La violence ne le libérait pas et la douleur était toujours là, brulante comme ces fines phalanges qui avaient retenus son bras. Ses doigts se crispèrent brusquement et se tordirent d'un excès d'humeur ; une lueur parût submerger son regard aussi noir et profond que l'espace entre deux étoiles.
« Tu ne comprends donc pas que rien ne me résout à me faire une moins attirante opinion de toi ? Tout ce dont je pense en te regardant, ce ne sont pas tes origines, ta famille ou ton sang, ce ne sont pas non plus les faveurs politiques, ou les intérêts de la banque de fer, ou mes obligations envers ma propre famille et ma femme, ni même ton absolue liberté qui me tourmente... il s'arrêta brièvement pour reprendre un souffle qui arrivait à sa fin, et respira à grandes lampées, visiblement peu préoccupé par les mots qui lui venaient, tant qu'ils continuaient à se presser à sa bouche : Ce à quoi je pense, reprit-il avec davantage de lenteur rêveuse, c'est ce bureau qui n'appartient qu'à nous, c'est le vent salé d'un matin aux murs de la ville il y a de cela plusieurs année, c'est à ce regard vairon qui s'ouvre et me questionne comme un sourire, c'est ce frisson, ce feu, cette douceur mielleuse, ce confort de l'âme et cette longue, longue souffrance. »
Gerold se redressa d'un geste sec, comme pour retrouver une dignité que l'on pensait avoir perdue en renonçant à sa pudeur, mais ce ne fut qu'un geste d'apparat car il resta au fond de ses yeux une lueur humide. Tout cela ne lui ressemblait pas ; ou plutôt, toute cette armure soigneusement revêtue s'était brisée d'une pathétique facilitée. S'il était en colère, c'était contre lui-même surtout. Brièvement, il tourna la tête en biais pour libérer le nœud qui étouffait tant sa gorge que sa voix et poursuivit d'une émotion dominée, c'est-à-dire résignée.  
« Je sais que cette souffrance, j'en suis le coupable. J'aurais pu laisser cette histoire sombrer dans l'oubli, la regarder s'abimer toujours plus intensément au fil des jours, jusqu'au moment où aucun de nos efforts n'aurait su la ramener à la surface. C'est plus facile. Cette idée m'est pourtant insupportable. Je ne m'excuserai pas d'avoir hésité, de te jalouser, ni de te convoiter, dit-il avec une dureté retrouvée, parce qu'envers et contre tout, il m'est impensable de renoncer à toi. »
Il s'étonna que ce fut aussi simple, et comprit qu'il s'agissait de la vérité. Alors, pourquoi ce chagrin ? Il l'avait certes repoussée, mais il s'était surtout enfui, déjà conscient de ne pas être capable de tenir sa promesse. Aujourd'hui encore, il avait failli. Mais étrangement, rien de tout cela n'avait le goût de la défaite, seulement de la fatalité. Car ce qu'il avait à dire était assez sincère pour, un instant peut-être, valoir plus qu'un héritage, plus qu'une quelconque obligation, plus que la bienséance qui les liait comme une muselière et qui était parvenue à les hisser aussi haut en ce monde. On payait tout ce qu'on avait et pour son pouvoir, Gerold avait dû sacrifier des pensées et des mots ; idées irreprésentables pour son esprit rigoureux et donc imprononçables pour sa voix et ses lèvres. Il avait encaissé, la bouche close, les coups et les blâmes qui s'abattaient sur lui lorsqu'il allait trop loin, était trop hésitant, trop irrévérencieux, pas assez fort, trop distrait, pas assez aimable et serviable, trop... pas assez... trop lui-même et pas assez comme les autres. A Vaeranah comme à lui, cela coûtait cher de se révéler et pourtant, jamais ça ne lui avait paru si naturel. En d'autre lieux et avec d'autres gens, Gerold aurait pu se sentir bafoué d'être le deuxième, de passer en second derrière cette étrange relation avec un frère, et son orgueil lui aurait dicté de partir et d'abandonner cette ambition où il n'avait pas la première place. Mais avec Vaeranah, force était de constater que malgré la vanité, il demeurait...
« De toi, je préfère être considéré moins que pas du tout » acheva-t-il sa confession alors que lentement, quelque part au loin, une façade haute de trente-six années était en train de s'effondrer en silence.  
Ca aussi, c'était facile. Presque. Dans un monde idéal, il aurait eu ce qu'il désirait sans être blessé, mais dans celui-ci, il consentait à être moins et à prendre la place qu'il pouvait avoir. Gerold fit un pas vers l'avant, lent et calculé, soustrayant la distance qui les séparait comme l'on approchait d'un animal sauvage. Prudent, il la mesura du regard, toute d'argent et de lait. Ses yeux se posèrent sur la bouche de Vaeranah ; lèvres riches et pleines, opales comme une fleur. Il voulait quelque chose, mais hésitait à l'imposer : un baume sucré et tonique, telle une brume d'été, flottait autour de ce corps creusé de mystères. Le sentait-elle se consumer ? Le sentait-elle contempler sa gorge vertigineuse et ses ruisseaux d'une longue crinière de velours pâle, qui rehaussait le lustre de sa tempe soyeuse et la blancheur céramique de son front. Cette cascade retombait dans le cou et sa chute se divisait sur l'épaule de sorte qu'entre les ondes laiteuses on entrevoyait, en forme de triangle élégant, la pâleur mate de sa peau. Les yeux... Gerold retrouvait les plissures voluptueuses des paupières, les cils pareils à des incrustations de jais, la position hypnotique de l'iris haut placé... Il pencha sa tête vers l'avant alors que ses grandes mains traitresses enlacèrent sa gorge et renversèrent sa tête vers l'arrière pour la forcer à lui faire face. Sans mal, il la dominait et laissait son regard actif couler vers le sien. Ses phalanges désordonnaient la naissance de ses cheveux et caressaient le nacre de sa nuque, tenant son visage entre ses paumes comme dans une coupe. Il avait cessé de respirer, parce que la tentation était proche et que son souffle pouvait la brusquer. Son cœur manqua un battement et il se noya un instant, assez longtemps pour sombrer et s'oublier avec douceur contre ses lèvres entrouvertes dans un baiser de papillon.
Vaeranah Antaryon
L'étoile de l'Est

Vaeranah Antaryon

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Vaeranah & @Gerold Grafton

Qu'est ce que le temps nous laisse ? Des cendres et des maux loin des soirées d'ivresse du parfum sur ta peau. Comme un mauvais rêve ou tout sonne si faux ...



Il lui était arrivé de se demander qui de la colère ou de l'indignation, la drapait d'un voile qui la rendait aveugle à tout le reste. Agissant comme un mécanisme de défense, Vaeranah fuyait le trop beau espoir, les subtiles preuves disséminées sur les dalles de ce couloir pour ne voir que la façade pleine de reproche des remarques qui lui étaient faites. Cette fois, il n'y avait rien de l'épuisement mentale dans lequel elle avait pu se trouver, la faisait lâcher prise ou s'accrocher au premier degré du moindre mot, il n'y avait plus d'excuse pour éloigner la crainte viscérale que tout ne soit que le fruit de son imagination teintée de ses propres désirs. Si le souvenir de cet instant dans le bureau n'avait pas déjà été plus qu'explicitement mentionné, elle aurait presque pu douter de ce qu'elle y avait entendu. Il était plus simple d'envisager les choses comme une opposition frontale qu'accepter l'idée d'une possible jalousie qui laisserait une place à l'espoir qu'elle soit assez importante pour qu'il éprouve cela pour elle. Et pourtant, au fond d'elle, elle savait qu'elle y aspirait, qu'une part de sa personne espérait qu'elle ne soit pas qu'un nom de passage dans son existence, qu'elle imprègne sa mémoire comme il ancrait sa présence dans la sienne.

Peut être était-ce ce qui la motivait tant à lui répondre, à se battre corps et âme alors qu'elle avait toujours été habituée à user de stratagème plus sournois contre ceux qui lui faisaient de l'ombre ou lui cherchaient des noises. L'indifférence comme mépris ultime, les voies détournées comme moyen de faire son chemin dans un monde de portes fermées, il n'y avait dès lors plus d'ennemis, seulement des adversaires, des rivaux dans un jeu d'influence et de pouvoir. Elle avait été dévouée à la Banque en tant qu'entité immuable et non en la somme des personnes qui la composait, se considérant elle même comme un rouage du mécanisme et non comme un être à part entière ne s'autorisant réellement à être qu'en dehors des murs de l'institution. A présent, elle se demandait si cela n'expliquait pourquoi elle se sentait si vulnérable loin de tout ce qui faisait sa fonction, pourquoi elle se sentait si oppressée lorsque les drames familiaux avaient exigé qu'elle s'arrache à sa précieuse routine. D'aussi loin qu'elle se souvienne, elle avait toujours considéré le temps comme composé uniquement d'une routine ennuyante mais paradoxalement rassurante, ou d'évènements qui ne l'étaient pas. Au grand dam de sa mère, elle avait démontré très tôt une forme de décalage avec ses attentes : loin d'être une fillette coquette, docile et sociable, elle se plaisait dans une solitude qu'elle ne trahissait que par la présence des livres quand elle n'était pas en train de courir après ses frères. Avec les années, on avait attendu d'elle qu'elle se détache de cette dernière occupation pour entrer dans le monde sérieux des adultes, pour montrer comment elle saurait être utile pour la famille. Elle avait gardé cependant une relation particulière avec eux, apprenant, comme la raison le voulait, du génie politique de Vidar mais lui préférant l'impulsivité rafraichissante de Vaeron qui la changeait de tout ce qui la déterminait tant pour la famille que pour la cité.  Nul doute que le coup de grâce des espoirs de la Dame Antaryon avait donné lorsque son unique fille avait ouvertement préféré la compagnie d'un vieil oncle que celle des jeunes filles de son âge. Plus de vingt ans plus tard, les choses n'avaient pas été bien différentes : si elle avait concédé à s'ouvrir à quelques personnes, elle était loin de l'image extravertie que Lysara Antaryon aurait désiré pour elle. Poussé par son épouse, son père lui avait plus d'une fois reproché son attitude tantôt associale, tantôt provocatrice, la laissant dans un profond sentiment d'inadaptation qui lui donnait tout sauf envie de se mêler au reste de ses pairs. Loin de l'influence parentale, loin de la sécurité bienaimé de la banque, elle n'avait plus d'autre choix que de démontrer qui elle était, mesurant combien elle n'était alors que la somme de ce qu'on avait fait d'elle.

Telle l'écume venant lécher le sable de la plage, elle se voyait éphémère, anonyme d'une temporalité qui ne la retiendrait jamais. A quoi bon, se disait-elle à l'époque, à quoi bon faire des efforts pour sourire, pour se faire remarquer, si l'existence était aussi vaine qu'elle le pensait ? Pourtant tandis que sa fausse colère disparaissait elle prenait conscience de son geste envers lui, de sa main le tenant avec assez de fermeté pour qu'il ne lui échappe pas comme la dernière fois, de la sensation de sa personne sous ses doigts. Pourquoi l'avait-elle retenu ? Pourquoi alors qu'elle voulait se persuader qu'il fallait en finir, elle n'arrivait à le laisser partir ? Pourquoi attendait-elle toujours que les réponses viennent de lui ? L'incertitude n'était pas ce qui la caractérisait et peut être que là se trouvait tout le problème. Timide ou avare de parole, on lui avait longtemps prêté la réputation de ne jamais parler pour ne rien dire, ne s'exprimant que lorsqu'elle était certaine de ce qu'elle avançait, comme si la justesse était sa seule qualité. C'était faux. Tout n'était qu'habile composition et contrôle sur sa personne. Un contrôle qu'elle n'arrivait pas à avoir quand il était dans les parages, balayant ce qu'elle prenait pour acquis, ce qui faisait jusque là sa satisfaction en l'amenant à imaginer plus. Il l'avait sorti de son rôle d'ambassadrice de la Banque pour l'impliquer dans ce qui se jouait dans la Val, il l'avait arraché à cette vision où elle ne s'envisageait que forcée au silence pour lui donner une voix, il lui avait permit d'exister pleinement. Car si elle tenait sa place, son importance, son rôle, de Viserys, elle n'aurait sans doute jamais pu prouver de quoi elle était capable s'il n'avait pas été là pour l'écouter. Et tandis que sa réalité se délitait pour lui apparaitre plus grande, plus vaste, pleine de possibilité qu'elle n'avait jusque là jamais envisagé, elle avait finit par trouver, au fond d'elle, l'envie de faire l'effort. Alors elle souriait, elle riait, elle voulait qu'il la remarque d'abord comme s'il s'agissait d'une rétribution pour tout ce qu'il avait fait, volontairement ou non, pour elle puis avec une sincérité déconcertante et nouvelle.

Il aurait été injuste et vain de tenter de comparer ou d'expliquer ce qu'elle ressentait pour lui et, à l'image de ses mots, il la laissait sans voix. Ses paroles faisaient échos à ses pensées les plus indicibles et ce qu'elle avait pensé être, loin de ce qui la représentait, n'était sur ses lèvres ni hésitation, ni vulnérabilité : c'était elle, loin d'un apparat illusoire qu'elle avait juste eut la chance d'avoir. Et, de la même manière que ce n'était ni sa naissance, ni sa fonction, ni son sang qui avait gagné son intérêt le plus intime, elle se fichait de qui il pouvait être dans ce monde. Elle se sentit trembler tandis qu'en exposant ses pensées les moins avouables, il dévoilait également les siennes sans même s'en douter. Ses yeux ne le quittaient plus, ses paupières ne se fermant que lorsque la brulure devenait trop insupportable pour se rouvrir immédiatement après, craignant qu'il ne disparaisse au prochain battement de cils. Elle buvait ses paroles avec une avidité qu'elle ne se connaissait pas, sa respiration rencontrant presque parfaitement celle du valois tandis qu'elle retrouvait les émotions, jusque là tamisées, qui l'avait assaillis dans le bureau. Il n'y avait certes plus la surprise d'une déclaration inattendue ou le choc d'un vérité douloureusement réciproque mais il demeurait un ravissement certain de l'entendre avoir ces mots pour elle, cette familiarité avec elle. Et avec elle seule. Ses tremblements d'anticipation devinrent de délicieux frissons qui chatouillaient sa peau et finissaient leurs courses jusque dans la chaleur de son ventre. Elle ignorait si la lucidité primaire se serait offusquée d'un telle marque de possessivité alors que rien ne les autorisaient à en exiger autant de l'autre, mais tandis qu'il semblait s'en rendre compte tout en s'obstinant à n'y renoncer sous aucun prétexte, elle décida que la froide raison était bonne pour les séances du conseil mais qu'elle n'était d'aucun secours lorsqu'au plus noir de la nuit, il se rappelait à son bon souvenir.

Elle songeait encore à combien ils étaient semblables à bien des égards, sans doute tous deux produits d'une logique implacable qui les avaient mené loin dans les sphères du pouvoir mais qui finissait, si ce n'était à les rendre malheureux, à les blesser toujours plus quand il avança vers elle. Ses intentions n'avaient jamais été aussi claires qu'à ce moment et elle n'avait absolument aucune intention de le repousser, pas après qu'il se soit exposé avec plus d'humilité et de sincérité qu'elle n'en avait jamais eut, pas alors qu'il faisait ce pas vers elle. C'était ce pas qu'elle avait attendu qu'il fasse pour abandonner ses dernières réserves, pour se donner à son tour. Ses lèvres entrouvertes inspirèrent le frisson d'anticipation tandis que sa propre main rencontrait le tissu de sa veste et la fermeté de son flanc sous ses vêtements. La braavienne était à présent certaine que cette proximité permettait au brun de sentir son coeur battant dans sa poitrine et tandis que les secondes paraissaient des heures, elle laissa ses paupières papillonner avant de se fermer totalement. A sa grande surprise, le baiser fut d'une douceur qu'elle n'avait jamais envisagé.Quoi qu'une part d'elle eut craint de mourir tant elle était persuadée que le fonctionnement de son corps tout entier s'était arrêter lorsqu'il avait commencé à l'embrasser, elle ne pouvait que ressentir la soudaine fraicheur que son absence causa lorsqu'ils s'écartèrent de nouveau. Ses doigts agrippant la veste de Gerold, elle laissa sa main libre se poser sur sa nuque, glissant entre les mèches noires pour le rapprocher d'elle à nouveau.

Elle en oubliait où ils se trouvaient, la présence de Vaeron avec elle quelques minutes auparavant, ou les tensions revenant entre eux. Seuls comptaient les lèvres de Gerold sur les siennes et l'incroyable justesse qu'elle ressentait à se trouver dans ses bras, réchauffée par son étreinte. « Je gage que si mes pensées étaient connus de tous, nul n'aurait la prétention de dire que je ne te considère aucunement. » souffla-t-elle tandis qu'elle s'éloignait légèrement, demeurant autant qu'elle le pouvait sur la pointe des pieds pour rester à sa hauteur malgré l'inconfort que cette posture ne manquerait pas de causer d'ici peu. Les yeux entrouverts, elle n'avait de vision que sur sa poitrine s'écrasant à chaque respiration contre lui. « Il n'y a de vérité plus douloureuse que de constater que tu es le seul dont l'avis m'importe et dont je souhaite aussi ardemment la compagnie. » Car elle savait qu'un tel désir ne leur apporterait que des problèmes, que l'amitié que lui avait précautionneusement offert Catelyn ne saurait souffrir cette trahison, que l'affection plus que fraternelle de Vaeron ne pourrait supporter qu'elle lui échappe de la sorte. Et pourtant, elle ne concevait actuellement aucun regret. Lui revint alors en mémoire les quelques noces auxquelles elle avait assisté depuis son arrivée, les sermons et paroles sacrées des septons face aux époux. « J'accepte volontiers d'être maudite par toutes les divinités de votre Etoile à Sept Branches, si cela signifie que l'espace d'un instant, tu peux être à moi. » Il n'y avait ni promesse, ni demande dans ces quelques mots, simplement l'assurance qu'il était tout ce qu'elle désirait. Et pourtant, au fond d'elle, elle ne ressentait aucune jalousie envers Cateyn : elle ne voulait pas être celle qui se voyait réduite au rôle d'épouse, elle ne voulait pas dépendre de qui que ce soit, elle ne voulait pas porter de titre. Alors, songea-t-elle, elle laissait volontiers le seigneur à la née Bracken, elle lui laissait l'honneur d'être officielle à son bras, d'être celle qui pouvait lui offrir un avenir. Elle lui laissait tout de la gloire, de la richesse et des titres, si elle pouvait avoir Gerold, si elle pouvait, comme à ce moment, être la seule et unique pensée qui le traversait.

:copyright:️crack in time



┗ DAUGHTER OF THE SEA ┛
People think that intimacy is about sex. But intimacy is about truth. When you realize you can tell someone your truth, when you can show yourself to them, when you stand in front of them bare and their response is 'you're safe with me'- that's intimacy..
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Ses lèvres avaient silencieusement demandé “je peux ?”, et les siennes, après quelques hésitations, lui répondirent “oui, tu peux”. Sa bouche sourit sous la louange, parce que l’aveu était d’autant plus précieux qu’il rendit le baiser délicieusement doux. Néanmoins, il ne dura pas, car la réserve le fit fugace et sa nature-même tendait à interroger plutôt qu’à prendre, ou offrir. La conscience aiguë de ne rien devoir brusquer le garda sage et mesuré. Cette récompense avait tant tardé, qu’il était prêt à dévorer la bouche volage et fuyante, mais il s’épanouît tout autant sous le plaisir docile de ne rien faire que passer et repasser ses lèvres sur leurs jumelles obéissantes, rebroussant et taquinant leur velours brûlant. Penché contre l’Argentière, il goûtait à son impatience sans lui imposer la sienne, appréciant seulement son doucereux désespoir. Timidité touchante qui s’imposait entre leurs deux corps pourtant résolument scellés, les traversant comme les vibrations lointaines de signaux de détresse.  
Ce prélude enflamma ses lèvres, la brûlante insatisfaction naissant de cet effleurement tourmenteur. A la brûlure glaciale que ce passage laissa sur sa bouche, il comprit que cela ne pouvait décemment pas suffire à le contenter. Une goutte d’eau frustrante à l’orée de la soif, qui asséchait plus qu’elle ne désaltérait. Vaeranah sembla se rendre compte de cette carence, car son corps s’arqua sous une tension nerveuse et elle s’agrippa à lui dans une tentative de le gravir. Ardent, tout son corps s’offusqua de cette absence, plus encore maintenant qu’elle le serrait entre ses bras. Il sentait son poids sur sa nuque, et l’énergie avec laquelle elle se hissait pour mêler leur souffle. Naturellement méfiante, elle trouva utile de lui confirmer ce qu’il aurait pu aisément deviner en goûtant à sa bouche, mais parce qu’ils étaient semblables et que la crainte les rongeait, Gerold en éprouva un doucereux soulagement. Ses mots, pratiques et pragmatiques, sonnèrent pour leur coeur inquiet comme tant de mots de réconfort. Ses inconvénients n’étaient que des obstacles à surmonter, et du bout des doigts, il caressait sa peau, ses joues empourprées, cherchant son regard qui fuyait vers le bas, pour s’emparer de son attention comme l’on capturait un oiseau. Peut-être le suave trompait-il ses sens, mais il ne craignait plus de souffrir si le remède était aussi tendre. A son tour, Vaeranah soupesa ce qui les avait tenus si longuement éloignés et y concéda son audace. Brièvement, il se dit qu’ils avaient encore le temps de regretter et que peut-être, dans un avenir plus ou moins lointain, la convoitise de la chair paraîtrait risible à leur esprit pragmatique, mais le regret était simple lorsque le corps était enfin assouvi. Tragiquement, après tout, ils étaient l’un pour l’autre un choix qui défiait toutes les habitudes de leur caractère. Ils étaient l’impossible sacrifice, contraire à leur ambition, et à tout ce qu’ils avaient érigé en principe pour satisfaire leur quête de pouvoir. Et en même temps, ils se chérissaient suffisamment pour se vouloir du bien, et Gerold se voyait mal de négligemment ravir son regard, déconcerter d’un seul sourire insistant tous ses désirs, puis s’en aller avec a certitude de ses propres charmes. Il ne pouvait s’empêcher d’être prudent, sans consentir pour autant à imiter l’innocence. Il se demandait si après quelques baisers, ils allaient se maudire pour avoir tant sacrifié sur l’autel d’un si petit feu passionnel ? Sans équivoque, il comprit cependant vouloir être le sujet de ce sacrifice. Et peu importait que cela finisse par du vide, un peu de honte et un recul forcé : il la voulait comme on voulait être touché par la grâce.  
Le lustre de l’admiration brilla brièvement dans son regard ; du bout des doigts, il caressa le contour de ses lèvres. Son esprit ne parvenait pas à exprimer le malaise du désir massif, du désir engluant, qui revenait en marée haute joliment assombrir le revers de ses yeux. Son imagination convergea, culmina jusqu’à devenir maladie, mais il demeura immobile pour cultiver cette férocité qui faisait enfler un peu plus la chape de l’intenable envie. Enfin, il se baissa vers son visage et tout contre sa bouche, il murmura :  
« C’est décidé : soyons donc maudits ensemble, tant pis... »  
Gerold la regarda du fond de son désir avec cette courbure du corps qui suggérait le proche abandon et un véritable danger. A moi, à moi. Tu peux être à moi. Maintenant que tout était autorisé, il prenait un malin plaisir à l’effleurer sans la toucher, nourrissant en elle l’ombre de l’impatience. Lentement, ses paumes, jadis perdues contre son visage et dans ses cheveux, se posèrent dans son cou avec une certaine sévérité languide, alors que ses pouces dessinaient le contour délicat de sa mâchoire, l’obligeant à renverser la tête et à la garder offerte. Ses doigts épousaient la nuque étroite d’une étreinte solide, ses mains serraient son cou jusqu’à sentir le sang battre au creux de ses paumes. La pression glissait contre sa peau, langoureuse et ferme. Elle était à lui. Sa bouche s’entrouvrit par mimétisme, tandis qu’il regardait luire les dents blanches que le souffle asséchait, et à leur ombre, la langue d’un rouge sombre se mouvait dans la lueur disparate tel un monstre marin. L’arc délicieux de la lèvre supérieure, éclairé par en dessous, retenait à son sommet deux pointes de lumière dorée. Stupidement, il sourit.  
Encore, Gerold s'était penché, mais le désir possessif s'acheva en une délicate pression. En comblant parfaitement la courbe sinueuse, leurs lèvres lui parurent absurdement identiques. Il sentait, à la façon dont ployait la pulpe de la bouche précieuse, la forme d'oiseau de mer aux longues ailes qu'avait l'Antaryon. L'inférieure, plein et maussade, communiquait à son expression ordinaire un semblant de brutalité. Ici, il n'y avait qu'une douceur chaleur, un peu tendue alors qu'ils s'opposaient. Ce n'était pas assez. Il voulut se fondre tout entier et forcer cette plaie qui ne s'ouvrait pas davantage, se complaire au coeur du feu ambré et devenir ivre de fièvre... Pour l’instant, il appliquait une infime pression pour mieux joindre leur bouche – tentative toujours insatisfaisante, tant il ne parvenait pas, dans un angle ou l’autre, à contenter son besoin de furieuse plénitude. Encore, il hésitait à s’abandonner, parce qu’il la sentait troublée, inexpérimentée, et parce qu’il était encore temps de reculer. Une plainte sourde gronda dans sa gorge et son corps se serra, se comprima et sembla se rétracter vers ce baiser. Il y dévora, rebroussa, taquina et s’abreuve de la chair tendre et intime, de ce trésor qu’il avait convoité dans son imagination. Finalement, il l’embrassa vraiment. L’une de ses mains glissa vers sa nuque et ses doigts se perdirent dans la cascade de cheveux pour mieux l’étreindre, explorant la courbe délicieuse de son arc et la douceur particulière de ses lèvres, qu’il épousait, épuisait, usait. C’était de ça, dont il avait rêvé, de cette plénitude qui entravait les sens à l’unique union de deux corps, au point où les caresses et enlacements perdaient de leur force et de leur sens : aimer cette bouche, il n’y avait plus que ça qui comptait. Sa courtoisie - ou ce qu’il en restait - amorça une rupture, seulement pour se rendre compte à quel point il voulait que jamais ça ne s’arrête ; sa frustration n’avait pas été assez épuisée. Le froid le surprit et, sentant encore dans sa bouche le goût de l’autre tout autant que son absence, il revint à elle, frissonnant et fébrile, submergé par tout ce qu’il avait craint : le besoin, l’indispensable, le manque, la privation. Il pesa sur le jeune corps et ses retrouvailles devinrent possessives, manquant de conciliation, et furent rythmées par le murmure incessant et organique de leurs brefs éloignements, qui n’existaient que pour mieux revenir, pour s’octroyer dans la distance un nouvel élan, une nouvelle découverte. Cette saveur au bout de la langue, il l’aimait, au-delà même d’une texture. Alliance d’une chaleur particulière, d’une sorte d’hésitation mal prononcée de la part de Vaeranah, et d’une naïveté douceâtre qui rendait ces baisers singuliers. Il aimait cette exaltation, qui le rendait fiévreux et cupide dans sa passion, qui le comblait tout en lui faisant désirer plus. Plus de Vaeranah, plus de sa bouche, plus de sa peau, plus de son goût, qu’il sentait jusque dans le nez à force de se désaltérer à ce refuge. Dans un effort insupportable, sa main quitta le cou pâle et descendit à tâtons le long de sa gorge, sa poitrine et de son corsage, jusqu’à atteindre son point le plus bas. Par mouvements successifs des phalanges, ses doigts tentèrent de remonter comme un rideau les pans de cette robe qui n’en finissait plus… Sa flamme était telle que le lieu n’importait plus, il n’y avait que cette délicieuse torture, et son désir à la ferveur désemparée ; un don ultime, car Gerold désirait dissimuler tout de sa vulnérabilité dans ces baisers, songeant farouchement s’y perdre tout entier et n’être plus qu’à elle, à elle, à elle…  
Alors que ses doigts atteignaient enfin la chaleur brûlante et secrète de sa cuisse, et qu’il s’entendit submerger par un gémissement réprimé, la réalité, aussi soudaine qu’un déchirement, se rappela à eux avec une brutalité futile. Un bruit de pas se rapprochant au loin arracha Gerold dans un sursaut nerveux et il cessa de respirer, les sens tendus vers ces couloirs nus où tout résonnait comme sur un lac, la main retenant toujours cette robe plissée à son poignet et qui promettait d’être aussi bruyante qu’une poignée de pièces. Les pas marquèrent une approche et brusquement, Gerold les tira tous deux vers une alcôve creusée d’une fenêtre, où il demeura sans souffle, tenant toujours Vaeranah entre ses bras. La robe lâchée les suivit brièvement sur leur sillage. Néanmoins, les intrus, trop occupés par eux-mêmes, ne remarquèrent rien ou n’y prêtèrent pas attention et parurent bifurquer ailleurs, laissant le couple dissimulé pantois et presque bête. Gerold, à qui l’aventure avait rendu au moins la moitié de sa raison et un certain empire sur ses sens, continua à retenir son souffle comme quelqu’un qui écoutait et demeura parfaitement immobile pendant quelques instants encore. Les battements de son coeur haletant se mêlaient au bruit blanc d’un couloir maintenant désert, mais il persista, comme un animal en chasse, avant de relâcher son attention dans un long soupir. Brièvement, il ferma les yeux, car en lui par torrents remontèrent tous les émois réprimés de leurs baisers et il en eut le vertige. Il aurait pu s’effrayer et regretter à l’instant d’avoir succombé pour quelques caresses, mais son regard glissa vers l’Antaryon, et s’éveilla d’un feu sombre. La lumière de la fenêtre avait rendu à l’Argentière tout son éclat d’opale, révélant le rouge qui lui était monté aux joues et sa bouche, jadis pâle, s’enflammait encore de la louange reçue. Lui enlaçant les épaules d’un bras, il lui sourit pour la rassurer d’un sourire invisible qui se répandit sur tout son visage. Du pouce, il caressa les lèvres qu’il avait malmené et doucement, son expression devint plus sérieuse, sans être sévère.  
« C’est donc cette vie que tu veux…? » chuchota-t-il sur l’arrête de son nez, alors que dans sa voix vibrait encore l’inquiétude de s’être fait presque prendre.  
Il posa ses lèvres à la commissure des siennes, avant de s’éloigner rêveusement. Ses doigts caressaient lascivement la naissance de sa nuque argentée, où la lune semblait se coucher ; ils frôlaient ce long cou de cygne, le longeant parfois de toute la paume et épousant la peau nacrée, se perdant à l’orée de ses cheveux, dans les reliefs de sa gorge. Contournant sa joue, Gerold pressa son nez contre sa tempe d’argent et soupira.
« Sursauter… te cacher… mentir... » menaça-t-il contre son oreille.  
Les paupières à demi-closes, il la frôlait, joue contre joue, tempe contre tempe, sentant sur son front l’aura incandescente de ses cheveux désordonnés. Il y plongea, éprouvant contre sa bouche la pêche de son cou d’ivoire, baigné par l’exotique senteur de ses parfums. Ici était son réconfort ; ici s'enivraient ses sens et s'oubliaient les sacrifices.  
« Sans cesse te méfier... » fit-il siffler les s du bout de la langue.  
Il les détestait d'avoir été indécis, de s'être tant disputés et perdu un temps précieux qui aurait pu être dispensé en cette infinie tendresse. Comme un sceau, ses lèvres cachetèrent d'un zèle lascif le creux pâle et velouté qui joignait l'oreille à la mâchoire, y laissant son empreinte humide qu'il souffla d'un soupire soulagé.
« Pour que je sois à toi... dit-il en se redressant légèrement, longent les courbes du visage féminin de sa joue, avant de l'observer de ce regard oblique et voilé, nourri d'espoir : et que tu sois à moi ? »
Vaeranah Antaryon
L'étoile de l'Est

Vaeranah Antaryon

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If you're always out of reach
Vaeranah & @Gerold Grafton

Qu'est ce que le temps nous laisse ? Des cendres et des maux loin des soirées d'ivresse du parfum sur ta peau. Comme un mauvais rêve ou tout sonne si faux ...



Elle n'eut qu'une brève seconde de dissociation lorsqu'au presque chaste baiser succéda la passion dévorante qui lui fit alors tout oublier. Pendant cette unique seconde, Vaeranah prit la mesure de ce que tout cela impliquait et de toute les restrictions qu'il s'était lui aussi imposé expliquant alors la hargne avec laquelle il s'était battu contre elle les semaines précédentes. Et aussi rapidement qu'elle était venue, la pensée disparue, emportée par les torrents d'adrénaline qui s'écoulaient dans ses veines. Elle en oubliait la retenue, elle en oubliait l'endroit où ils se trouvaient et même jusqu'à son propre nom. Seules comptaient les lèvres de Gerold sur sa peau et les frissons qui les accompagnaient, la fermeté de l'étreinte qui l'enserrait et lui rappelait combien sa présence était réelle. Il n'était plus le fantasme inavouable qui venait habiter ses songes et elle s'entendit soupirer d'aise tandis qu'elle se pliait volontiers à obéir aux ordres silencieux de ses mains, se donnant avec joie à la voracité soudaine qu'il promenait sur sa personne. Sois à moi, lui avait-elle dit. Sois à moi et fais moi tienne. La tension, son murmure, tout n'était que le dernier verrou qui le retenait et tandis qu'il se libérait de ses dernières réserves, elle même abandonnait toute décence et retenue. A la timidité primaire que ses attouchements provoquèrent chez elle, d'abord participante passive de ce qui se jouait dans son corps autant sur sa peau, elle se surprit à rejoindre la frénésie soudaine du lâcher prise. Sa main accrochée à sa nuque accompagnait ses mouvements d'appuis plus ou moins marqué, trahissant l'érogénéité de ses caresses, la sensibilité de son propre corps aux attentions de son amant et, par deux fois, elle sentit ses ongles érafler doucement la peau délicate de son cou. Dans un élan de possessivité insoupçonné, elle en vint à se demander si la passion du valois laisserait sa marque sur elle tout comme son âme se gravait à la sienne à travers ce regard qu'il posait sur elle. Son autre main avait continué son chemin contre le tissus de ses vêtements, tirant sur l'étoffe pour sortir sa chemise de la prison de sa ceinture, recherchant le toucher de sa peau nue tandis qu'en écho, elle sentait la main de Gerold remonter le long de sa jambe sans faire grand cas des épaisses jupes qui s'entassaient sur son bras. Nulle ne pouvait demeurer insensible à tant d'attention et elle se découvrit tremblante et bouillonnante entre ses bras, désespérément en demande de lui, insatiable à l'extrême.

Le retour à la réalité fut aussi violent que le feu qui l'animait et retenant son exclamation de surprise autant que son gémissement de frustration, elle ne put que remercier les réflexes secourables du Grafton qui leur épargna le malaise d'être découverts en fort fâcheuse position. Plaquée contre lui dans l'alcove, elle tenta de demeurer aussi silencieuse et immobile que possible tandis que, tout à leurs occupations, passaient les intrus qui lui avaient volé son instant de grâce. Lorsque le silence revint, lorsque la stupeur retomba, Vaeranah se laissa secouer d'un rire silencieux face à tant d'incongruité et de soulagement. Elle avait l'impression d'avoir dix, si ce n'est quinze ans de moins et d'être comme ces jouvencelles qui se cachaient dans l'ombre des ruelles braavienne pour s'encanailler et braver les interdits. Il y avait sans doute un peu de cela dans l'emportement qui continuait de battre en elle, la conduisant à se laisser toucher en plein milieu d'un couloir, dans l'un des châteaux les plus peuplés de la région. Mais l'interdit n'expliquait en rien le poids que venait de se lever sur son coeur, le sourire qui ne parvenait à la quitter tandis que son murmure se répétait à ses oreilles. Maudits ensemble, avait-il dit et elle n'aurait jamais pensé être un jour heureuse de devenir la cible d'une colère divine. Et pourtant, tandis qu'elle le contemplait toujours alerte mais si étrangement débraillé, si loin de l'imagine qu'il renvoyait d'ordinaire, elle ne lui trouva que plus de charme encore. Son regard lui avait toujours fait penser à une mer en pleine tempête, mais maintenant qu'il la couvait avec tant de convoitise, elle ressentait la rougeur de ses joues empourprées, le soudain bombé de ses lèvres si sollicité, la fraicheur de l'air rencontrant la fine pellicule d'humidité qui recouvrait sa peau. Scandaleux. Ils étaient scandaleux et cela ne l'en émoustillait que plus. Pourtant, dans le résonnement silencieux de cette minute où ils se remettaient d'avoir échappé de peu au pire, elle eut un bref un instant de doute. Non envers elle-même, ses désirs étaient désormais plus qu'explicites et la mémoire sensorielle qui retraçait les baisers de Gerold sur sa gorge en une myriade de picotement l'empêchait d'envisager nier ce qu'il venait de se passer. Non, elle craignait qu'il se détourne à nouveau, qu'avec la raison revenant dans ses yeux orageux il ne remette cette distance qui les gardaient à l'abris de leurs pulsions réciproques.

Comme s'il venait bien de dévorer un bout de son âme, la chaleur de son bras l'entourant vint détromper la crainte qui naissait douloureusement dans son coeur. Elle perçut, dans ce geste, une tendresse incroyable qui, aux antipodes de l'emballement précédent, la rassura en s'éloignant d'un emballement spontané, d'un enthousiasme ponctuel pour quelque chose de plus profond. Ce n'était pas qu'un désir, puissant et passager, c'était une complicité d'esprit qui ne demandait qu'à se manifester différemment, c'était le désir de l'autre dans son entièreté et non uniquement dans l'offrande charnelle qu'avait failli connaître ce couloir. Et malgré tout, le feu était là, dans la pression presque érotique de son pouce sur ses lèvres, dans ces yeux où naissait une certaine gravité de ce qu'impliquait une relation entre eux, dans sa voix, plus rauque qu'à l'ordinaire. Il n'y avait ni déni, ni tentative de fuite, juste la résonance d'un choix qu'elle lui avait laissé des jours auparavant. Ils n'avaient encore qu'un pied de l'autre côté de la ligne et même s'il était trop tard pour revenir en arrière, il y avait toujours ce choix. Ce choix qui impliquait des conséquences lourdes pour eux deux, cette possibilité qu'ils s'offraient mais qui ne pouvait s'imposer à la réalité du monde que tous partageaient. Etait-ce ce qu'elle voulait ? Est-ce que, loin de la brulure de sa peau contre la sienne, loin du désir impérieux qui était prêt à tout accepter, elle pourrait accepter cela ? Quelques heures dans l'ombre. Quelques heures avant qu'il ne retourne à sa femme. Quelques heures loin de l'entente professionnelle presque amicale qu'ils avaient bâtis jusque là. Elle ne s'imaginait pas en maitresse jalouse ou dépitée, elle ne se voyait pas renoncer à ce qu'elle était pour endosser le rôle de la favorite constamment sur la sellette. « Le mensonge et le secret ne sont-ils pas déjà notre quotidien ? » finit-il par lui dire avant d'embrasser son doigt, laissant sa tête se poser doucement sur sa clavicule. Cela s'adressait autant à leurs fonctions et au mystère du conseil et des décisions royales qu'à ce qui les animait déjà. L'indicible était leur habitude et ils excellaient dans la dissimulation : ils avaient bien trop à perdre à rendre cela publique. Elle ne voulait pas se battre avec Catelyn, elle ne voulait pas voir sa place contestée et le mérite disparaitre sous l'infâme sous-entendu de faveur faites pour satisfaire l'égo d'une maitresse. Pour que je sois à toi et que tu sois à moi, avait-il dit et cela comptait bien plus que tout. La nuit n'avait que faire de ce qu'il se déroulait en plein jour et c'était dans son enveloppante sécurité, dans son obscure noirceur secrète que se révélait le réel loin des parures luxueuses, privilèges des noms et titres pompeux. Elle, la fille de la Mer, préférait de loin être l'astre lunaire qui influait sur les marées, être la reine des ombres nocturnes où il serait libre de se départir de tout ce qu'il devait d'être, tout ce que ce monde lui imposait d'être, pour demeurer ce qu'il était réellement. Et il serait à elle, corps et âme. Aux autres la convoitise de l'or et de la gloire, sa conquête à elle serait celle de son coeur. « Si c'est le prix qu'il faut payer, alors ainsi soit-il ... » souffla-t-elle avant de se grandir assez pour venir déposer un baiser sur la nuque de son amant, confirmant ses intentions. Mais en bonne financière, Vaeranah savait que cela ne se limiterait pas à cela et la réciprocité de ce qu'elle exigeait était elle-même, si elle n'y avait pas déjà perdu un bout de sa personne.

Sa main remonta lentement pour caresser la joue de Gerold, effleurant du bout du doigt la cicatrice qui s'y trouvait avant venir dessiner la forme de sa mâchoire. « Le secret et le mensonge pour les autres. » murmura-t-elle à demi-mot. Elle n'avait besoin d'entendre les plus profondes et secrètes de ses pensées, elle ne voulait savoir quand il projetait de partager la couche de Catelyn, mais elle voulait pouvoir se fier à lui autant qu'il pourrait se fier à elle. Mais aux yeux du monde rien ne devait changer : ils ne pouvaient se permettre de passe-droit ou de faveurs que leurs amitiés précédentes n'auraient consenties à offrir, ils devaient rester ce qu'ils était, la Main du Roi et la Grande Argentière, récemment réconcilié mais au delà de tout soupçon. « Mais lorsque nous ne sommes que tous les deux ... » soupira-t-elle alors que ses doigts, glissant lentement retrouvaient le col de sa chemise, l'attirant doucement jusqu'à ce que leurs nez ne se frôlent, jusqu'à ce que l'impression de le sentir se fondre en elle ne revienne échauffer ses sens, la forçant à prendre une inspiration comme si sa présence l'asphyxiait la laissant le souffle coupé. « Lorsque nous ne sommes que tous les deux, je suis Vaeranah et je veux que tu ne sois que Gerold. » Et en cela leurs échanges précédents ne rendait la chose que plus facile : il émanait de leurs conversations désormais familières une forme d'intimité particulière qui ne venait que renforcer les désirs possessifs de la braavienne. Elle ne comptait pas avoir moins que ce qu'il lui offrait d'ors et déjà, loin des oreilles indiscrètes, et elle était prête à lui offrir bien plus. Et déjà, ses lèvres avides quémandaient les siennes, son esprit songea à tout ce que sa vie onirique lui avait déjà offert de scénario qu'elle mourrait d'envie de mettre en pratique, l'indécence de leur présence dans l'alcôve venait, malgré ses dires précédents, réveiller d'enivrants désirs.


:copyright:️crack in time



┗ DAUGHTER OF THE SEA ┛
People think that intimacy is about sex. But intimacy is about truth. When you realize you can tell someone your truth, when you can show yourself to them, when you stand in front of them bare and their response is 'you're safe with me'- that's intimacy..
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Le pouvoir. Celui qui anéantissait pour exister, et celui qui sondait pour s’enrichir. Sous ses doigts, elle vibrait, abandonnée. Il pouvait jouer d’elle comme d’un instrument, provoquer ses gémissements et ses soupirs, ses tremblements et ses frissons, et se délecter de la douceur de sa musique, qui était entièrement sienne et lui était dévouée, seulement à lui. Un pouvoir qui grisait l’âme et qui se regardait dans un miroir tel un narcisse. Mais alors qu’il aiguisait son génie, Vaeranah en faisait de même sur lui. Il aurait pu s’en effrayer, et peut-être le fit-il l’espace de quelques instants, contemplant le rempart de froideur cynique qui avait été sien et qui l’avait fidèlement protégé durant toutes ces années, vaciller sous la caresse d’une bouche désirée. Pourtant, sa capitulation lui parut être une évidence. Longuement, il avait contemplé cette possibilité, l’appréhension à la gorge, considérant tout ce qu’il allait sacrifier de soi, alors qu’il lui avait fallu tant d’années pour bâtir sa prestance rigoureuse. Il avait considéré franchir cette barrière impensable dessinée dans sa tête : celle de tout laisser derrière soi. Mais entre ces bras de velours qui enlaçaient sa nuque et embrassaient ses lèvres, il perdit pieds, avec la délicieuse et totale sensation de ne plus rien maîtriser du tout. Il aurait pu craindre de s’y noyer, se débattre et remonter à la surface ; il aurait pu craindre d’être découvert et blessé, d’être transparent et vulnérable. Il le craignit, car vulnérable, il le fut terriblement. Mais il aimait ce souffle qui lui manquait, cette respiration qui s’étranglait et le laissait pantelant, gorgé de désir et de manque. L’envie l’avait consumé, lui faisant prendre conscience que cela faisait des lunes et des lunes qu’il subissait la souffrance de son absence. Chaque fois qu’elle avait offert son sourire à quelqu’un d’autre, elle avait nourri en lui le feu insatiable de la possession. Un méandre c’était ouvert, entre l’imperturbable confiance en lui dont le Grafton rayonnait et avait toujours pris soin d’afficher aux yeux des autres, et sa sensibilité à vif qui quémandait la caresse. Au fond, Gerold avait toujours voulu pouvoir se perdre, mais ne l’avait pas pu. Son instinct redoutait de lui appartenir, de dépendre de son regard et d’être à la merci de sa volonté ; un pouvoir qu’elle exerçait déjà sans le savoir. Après y avoir goûté, il rêvait de perdre pied à nouveau. Alors, désespérément, il avait creusé contre Vaeranah, contre son coeur nu, auquel il était en train d’offrir le sien sans la moindre hésitation, exultant avec une simplicité qui lui avait fait peur. De sa bouche, il lui avait confessé son empire sur lui, avouant-là soit sa plus grande joie, soit sa plus profonde misère : d’un seul mouvement de la volonté, elle était capable de l’absoudre ou de l’envoyer en enfer. Par les Sept, il lui appartenait déjà ! Quand bien même n’avait-il jamais souhaité s’y soustraire en ces conditions, Gerold était déjà esclave depuis longtemps, déjà soumis, déjà captif. Il n’avait plus besoin de ce corps gracile pour le prouver, pour l’apprécier ; il ne pouvait que succomber aux craintes intrinsèques de l’attachement et à la façon dont parfois, elles laissaient désespéré, et seul. A la façon dont parfois, elles étaient intarissables, et dépouillaient de la moindre force. Ici, à l’orée de son regard, il abandonnait tout, de grâce, et acceptait d’être à jamais vulnérable au creux de son étreinte, pour toujours.
Sans le savoir, comme elle, il nourrit la même crainte. Etait-ce si étonnant, tant ils étaient semblables ? L'idée l'avait caressé avec la même ferveur que les doigts fins, du bout des ongles, comme un souffle, que Vaeranah ne regrette et prenne peur de ce dévouement. Qu'allait-elle faire maintenant, alors qu'elle avait cherché sa peau comme une chenille cherchait le bout de sa feuille ? Il n’avait pas envie d’être l’erreur, mais il ne voulait pas non plus être un regret. Car jamais leur vie n'allait leur appartenir : ils appartiendraient tant l'un à l'autre qu'à leur fonction, leurs époux, leur famille et leurs enfants. Toujours déchirés. Il voulait l'accepter sans savoir s'il le pouvait ; et elle alors ?  
« Si c'est le prix qu'il faut payer, alors ainsi soit-il... Le secret et le mensonge pour les autres. Mais lorsque nous ne sommes que tous les deux... Lorsque nous ne sommes que tous les deux, je suis Vaeranah et je veux que tu ne sois que Gerold. »
Il respira précautionneusement, se concentra longuement sur la vie qui enflait follement contre son corps, hypnotisé. Doucement, il déposa sa bouche détendue sur les pétales des lèvres féminines, l'embrassant tendrement, avec une passion faible, comme s'il posait une question. Lui répondait-elle ? Oui ? Il lui restait encore suffisamment de désir pour la dévorer et répondre à toutes ses suppliques muettes, mais il montra là l'attrait peu aisé de la jouissance. Son baiser ne fut empreint d'aucune fureur ; au lieu de cela, sa bouche épousa sa jumelle avec une confiance fervente, tranquille, comme s'il savait qu'aucun d'eux n'était contraint pas la précipitation du temps ou des sentiments, et que chacun de leurs baisers promettait d'être semblable, empli d'une passion constante dont il ne fallait pas perpétuellement rallumer la flamme. Il l'embrassait comme s'ils s'embrassaient depuis toujours et qu'il n'y avait, entre eux, que ce fait immuable, définition même de la possession. Lent et doux, il partagea sa quiétude allègre, délicate, prometteuse de mille lendemains, car dénuée d'une fureur expéditive. Il se recula, laissant seulement la signature de sa tendresse en réitérant la pression plus brève une seconde fois. Pas de souffle chaud et pantelant, plus d’appropriation en lui dérobant tout ce qu’il pouvait tant qu’il le pouvait, seulement la certitude que ses lèvres retrouveraient autant de fois qu’elles le voudraient leur goût commun, unique, et qu’il ne changerait jamais.
Rares étaient ces sentiments. Ils étaient si absolus qu'il en eut peur. Comment pouvait-il en être autrement pour quelqu'un qui considérait l'insouciance comme la pire des faiblesses ? Pourtant, Gerold était là, parfaitement insouciant et comblé de ne plus être seul. Bien avant qu'elle ne lui ait formulé la condition de leur attachement, il savait que par son baiser, sa réponse, il n'avait pas essayé de la séduire, ni de lui imposer ses charmes, seulement sa plus plate sincérité. Il ne pouvait donc rien y gagner en soi, et tout perdre. Malgré la crainte et ce gouffre vertigineux d'abdication qui se prostrait devant eux, Vaeranah continuait à lui être désirable, il avait toujours autant envie de l'apprivoiser, de se sentir vulnérable en sa présence, de se faire surprendre par sa sagacité singulière et par sa sensibilité insoupçonnée, de la voir hésiter longuement, se confondre, puis tout découvrir comme au premier jour. Il souriait pour cela, parce que rien n'avait changé et que s'il le pouvait, si on l'y autorisait, il était capable de revenir avec la même force et un abandon tout aussi dévoué et égal que ce fut fait à l'instant où il avait décidé de vivre à l'orée de ses lèvres brûlantes.
« Je t'aurais bien proposé d'attendre que la nuit efface les formes et supprime les témoins, souffla-t-il, le front penché et le regard couvant leurs doigts à présent entremêlés. Mais je crains de ne pouvoir attendre. »
L'observant, plein d'expectative, il porta ses phalanges à sa bouche et les frôla. Il voulait l'inviter, mais ne le pouvait pas : allonger Vaeranah dans le creux d'un lit conjugal lui parut absolument hors de propos, mais en même temps, ses draps aussi avaient connu, si ce n'était un mari, au moins un autre homme. La jalousie le pinça cruellement, mais sans insister, car la convoitise fut plus grande que cette rivalité. Il décida de faire distance, et recula lentement en continuant à regarder l'Argentière de ses yeux d'un noir opaque, attendant qu'elle le suive. Il avait oublié pourquoi il était là, où ils allaient et quel était leur but... De sa veste, il dissimula la chemise défaite pour sillonner dans les couloirs et priant de ne pas se faire voir. En s'éloignant, il tendit progressivement le bras en retenant les doigts de l'Argentière, sans la lâcher pour autant ; entre ces mains enlacées et ces baisers intenses, il y avait encore l'illusion de l'instant périssable, qui avait le pouvoir de s'éteindre comme une bougie soufflée par une porte brusquement ouverte. Il ne pouvait la lâcher, même pour traverser le couloir ; son seul souhait était de l'étreindre, toujours plus fort, et de ne plus la quitter, de disparaître aux yeux des hommes et de se dissiper dans la douceur de leur incroyable tendresse.  

-FIN-
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