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Behind closed doors || Gerold&Alys

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Alys Royce
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lieu | An 306, lune 11, semaine 2

Pendant quelques heures, ce jour-là, la vie d’Alys avait repris un goût de normalité.

La nouvelle cour royale avait invité ses sujets à venir assister au couronnement de son Roi, Viserys III Targaryen. Les Royce étaient partis quelques jours plus tôt de leur fief sur la Roche, trop pressés d’y retrouver leur fils aîné, pupille de la désormais Main du Roi, Gerold Grafton. Ils avaient été accueillis avec générosité, Alys et Andar avaient pu saluer Lucas, puis on les avait accompagnés jusqu’à la chambre dans laquelle ils seraient logés au sein du château royal de Goëville. Alys la connaissait bien puisqu’elle y avait couché une bonne partie de son enfance. Pour les festivités, elle s’était vêtue d’une élégante robe en velours bleu-gris aux motifs intriqués couleur aubergine, une suivante avait par ailleurs passé un temps infini sur sa coiffure dans laquelle était accroché un bijou argenté, assorti à celui qu’elle portait autour du cou. Ce collier lui avait été offert par son père, à l’époque où elle s’appelait encore Grafton : sur une chaîne aux maillons épais était accrochée un pendentif qui représentait une tour en feu. Elle ne doutait pas qu’on puisse l’identifier et qu’on y voie là une certaine symbolique : malgré son nom d’épouse, elle aussi était liée à cette maison valoise qui agissait le pouvoir du Roi Viserys.

Pendant la cérémonie, Alys avait eu l’impression de toucher du doigt ce à quoi son futur pourrait ressembler. Les temps avaient été apaisés par la trêve accordée entre les deux royaumes. Les Royce avaient ainsi pu reprendre leur place dans la société, ils étaient invités aux grands événements et autres tournois et pouvaient y retrouver famille et amis. Alys avait ressorti de ses malles de vieilles robes qu’elle avait fait reprendre pour qu’elles s’ajustent à sa taille amaigrie par l’angoisse, qui lui donnaient toutefois l’impression d’être de nouveaux trésors. Les seigneurs de Roches-Aux-Runes n’étaient pas encore parvenus à reconstituer leur bourse asséchée par la guerre, mais ils pouvaient bien faire semblant, n’est-ce pas ? Comme ils faisaient semblant d’avoir  retrouvé la paix dans leur couple, en se tenant par le bras dans la foule d’invités à ce couronnement. On y voyait que du feu, sans aucun doute.

Andar et Alys Royce étaient avec leur quatre enfants, entourés par leur famille et leurs amis, réunis à l’occasion d’un événement joyeux, célébré dans un moment de paix, ou au moins, de trêve. Tout était bien.
L'épouse Royce ne s’était pas rendue compte du nombre de verre que son mari avait avalés ce soir-là. En fait, elle n’y faisait plus attention. Ces derniers mois, Andar s’était plongé à nouveau dans cette consommation abusive sans véritablement qu’Alys n’essaie de comprendre pourquoi, ni qu’elle ne veuille véritablement l’aider à arrêter cette machine qu’elle savait pourtant être infernale. Pour elle, l’état dans lequel il se mettait parfois était surtout le signe manifeste de sa souffrance ; elle ne le dirait jamais à voix haute, mais il y avait à cela quelque chose de satisfaisant. Elle souffrait, et lui aussi.

Ce soir-là, toutefois, Alys aurait voulu y avoir fait plus attention. Elle aurait voulu s’être attardée sur ces verres qu’il avait avalés, elle aurait voulu lui dire de s’arrêter plus tôt, elle aurait voulu qu’il échange quelques lampées de vin par quelques gorgées d’eau. Tout n’aurait pas dégénéré, et cette illusion parfaite de normalité aurait été maintenue, au moins quelques heures de plus. Au lieu de cela, Andar s’était laissé aller aux bras de sa meilleure amie, l’ivresse, et Alys avait détourné l’œil, comme elle le faisait toujours, ces derniers temps, jamais jalouse.

Quelqu’un d’autre, toutefois, avait été attentif à sa place. Gerold Grafton avait sans doute cherché à ce que personne ne puisse gâcher la fête. Sa fête, à vrai dire, car avec l’accession au trône de Viserys venait la consécration de sa nomination comme Main du Roi. C’est ce qu’Alys s’était imaginé, tout du moins, quand elle avait repassé, au petit matin, les événements qui étaient survenus la veille. Passée une certaine heure, il était devenu manifeste qu’Andar était très largement alcoolisé. Gerold avait toujours été attentif à cela, Alys s’était en effet souvenue que son frère, à l’époque de l’annonce de ses fiançailles avec l’héritier de Roches-Aux-Runes, avait exprimé à leur père son opposition ce mariage. Il avait jugé Andar d’ivrogne et c’était joint à Alys dans ses revendications ; rien n’y avait fait, toutefois, le Seigneur de Goëville avait déjà pris la décision d’unir sa fille à la famille Royce. Allongée dans sa couche sans qu’elle ait pu fermer l’œil de la nuit, Alys s’imaginait ainsi que Gerold ait donc vu Andar tituber. Il avait dû savoir, à cet instant-là, que tout avait recommencé. L’épouse Royce n’avait rien pu arrêter : son mari s’était vu interdire le sol de Goëville et surtout, les visites à son fils aîné, s’il ne s’assurait pas de retrouver la sobriété.

Les époux Royce avaient été assurés de pouvoir rester les quelques prochains jours dans le fief Grafton – ou la Maison Royale, Alys ne savait plus bien. Ils devraient toutefois, dès le tournoi donné dans les jours qui suivraient le couronnement, plier bagage pour rentrer à Roches-Aux-Runes sans avoir pu profiter de la moindre tranquillité après l’effervescence des festivités. Ils étaient bannis, ou du moins, Andar l’était. Mais comment imaginer qu’Alys puisse se présenter à Goëville sans son époux, soulignant-là la profonde désunion qui régnait dans leur couple ? Gerold l’autoriserait-il, d’ailleurs ? Elle n'avait pas pu, la veille, interroger son frère sur les conditions de ce ban ; tout s'était passé trop vite, et désormais, toutes ces questions se bousculaient dans son crâne et l'avaient empêchée de dormir.

Au premières lumières du jour, alors, elle s'était levée et avait enfilé seule une tenue discrète, qui lui permettrait de n'être point trop remarquée tant l'embarras la noyait. Puis, s'était laissée glisser hors de ses appartements pour retrouver Gerold là où elle était certaine de le trouver : dans ses offices. Il était tôt, mais Alys connaissait son frère, qui avait toujours travaillé à des heures indues ; ses fonctions de Main du Roi n'avaient dû qu'accroître une disposition déjà bien ancrée chez lui. Elle avait alors traversé, silencieuse, ce château qu'elle avait habité toute son enfance mais qui lui paraissait désormais presque étranger, et avait toqué quelques coups à l'épaisse porte du bureau seigneurial.

Autorisée à entrer, elle avait refermé la porte derrière-elle. En se retournant pour chercher le regard de Gerold, elle dû placer une main devant ses yeux, éblouie un instant par la lumière rasante du petit matin qui passait par une fenêtre. Une fois ses pupilles habituées, elle laissa tomber sa main le long de son corps, non sans avoir touché du bout des doigts cette petite tour enflammée qu'elle avait encore autour du cou. « Bonjour, mon frère. M’accorderais-tu quelques minutes de ton temps ? » Derrière le ton neutre qui ne la quittait plus depuis quelques mois, on pouvait entendre, si on tendait l'oreille, quelque tremblement. C'est que cela faisait bien longtemps qu'Alys ne s'était plus adressée à Gerold à l'occasion d'une conversation intime, telles que celles que s'échangent deux membres d'une même famille.

Elle devait lui rappeler, toutefois, qu'elle n'était pas que l'épouse d'un ivrogne. Elle était seigneur de Roches-Aux-Runes, la mère de son pupille, Lucas, et surtout, sa sœur. Pour ce faire, elle devait toutefois faire l'effort de se rappeler que lui non plus n'était pas que le Seigneur de Goëville ou la Main d'un Roi ; Gerold Grafton était son frère.

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« Lord Gerold... » entendit-il une voix claire mais hésitante en contrebas, à hauteur d’épaule.
Ledit Lord s’était retourné, baissant les yeux avec un temps de retard après avoir constaté que ce n’était pas un homme qui l’appelait, mais un petit garçon. Le jeune homme, habillé d’un riche pourpoint brodé d’argent et portant déjà les symboles héraldiques de sa maison, le regardait avec une expression de dignité forcée, dissimulant ses paupières retrempées.
« Mon oncle…, poursuivit-il dans un murmura en baissant les yeux, glissant dans une intimité rendue difficile par la fierté, je… je crois que Papa a besoin d’aide. »
Réservé et timide, Lucas s’était gardé de donner des détails, son tempérament seul étant garant du sérieux de sa requête. Il avait du lui faire peur ; du moins, lui avait-on rapporté suffisamment d’indications pour arriver à cette conclusion. Avec la fatuité d’un homme ivre, Andar avait renversé quelques ornements cérémoniels avant de se faire discrètement cintrer par des gardes. Pour l’heure, Gerold se moquait bien de savoir quelle genre d’inquiétude son beau-frère tentait de noyer sans succès dans le vin : l’écarter des convives et de son fils fut sa seule préoccupation et le trublion fut reconduit sans ménagement à ses appartements et laissé sous surveillance. Favorablement, le couronnement était d’un faste tel qu’il aurait été difficile d’y distinguer un homme ivre, mais rien n’échappait jamais vraiment au regard attentif d’un fils en admiration.
L’entrevue, brève et catégorie, qui intervint un peu plus tard, fut accordée à un homme déjà plus assez ivre pour que l’ivresse eût éteint ses souvenirs, mais encore trop ivre pour se défendre convenablement. Nul besoin d’échanger d’hypocrites politesses de circonstance ou de faux semblant d’amitié et pourtant, le visage de Gerold, si singulièrement maître de lui-même par contraste avec le Royce, avait exprimé la plus parfaite cordialité. Déterminé d’épargner à un fils le désagrément de la déception, il interdit simplement la vue d’un père malade, de désespoir ou de chagrin, mais surtout de vin. Sur un ivrogne, il n’eut rien à faire que d’avoir un geste de commandement, la hiérarchie naturelle se chargeant de la rage d’un homme sobre. Jusqu’à nouvel ordre, la demeure des Grafton lui demeurerait close, à lui et à son déshonneur, car au-delà d’une promesse jadis proférée, il s’agissait de ne pas contrarier définitivement la vénération d’un enfant. Et parce qu’il n’eut plus rien à en dire, la vengeance s’arrêta là.
Peut-être Lucas ne s’était-il pas attendu à une pareille conclusion, mais tel un parent, Gerold n’avait guère de considération pour une confiance bafouée, car comme tout homme habitué à protéger, il ne rendait de compte à personne et n’entendait pas de céder face à ce qu’il considérait être juste. Néanmoins, l’heure tardive le laissa sans adversaire, éloignant le courroux de son neveu au lendemain. Quoi que le caractère tranquille de l’enfant présageait une obéissance résignée. Au fond, comme tout un chacun et quoi que n’en ayant pas peur, Gerold répugnait à la confrontation et espérait que la nature perspicace de Lucas parviendrait à comprendre cette interdiction, dont tous allaient immanquablement souffrir. Mais toutes les privations n’étaient pas mauvaises, tant que l’on considérait avec une sollicitude bien naturelle ceux qui avaient confié leur vie à un peu de bonne volonté.
Dans l’ignorance la plus totale, si ce n’est d’un enfant blessé et de parents honteux, les célébrations se poursuivirent assez longuement pour que Gerold ait à accueillir le soleil depuis son bureau, où il entama sa journée selon son habitude matinale. L’épuisement avait laissé sous ses yeux son propre poids, tirant sur son visage l’expression d’une longue fatigue. Depuis la mort de son père, jamais il ne s’était arrêté ; jamais ne s’était-il octroyé le moindre repos dans la poursuite de son ambition. Même son désir de partir dans les terres de l’Est s’était accompagné d’un travail incessant, éreintant. Déjà, il préparait le prochain départ pour Lys. Cette vigilance perpétuelle avait fini par émousser ses sens et son endurance, il le sentait ; il avait besoin de repos. Avec lenteur, il dégourdit ses indolentes épaules et son corps tout entier frissonna de langueur. Sa paresse connaissait cet amollissement et le détestait : on se noyait aisément de forces mal entretenues.!Néanmoins, il se força au travail intelligent et constata avec satisfaction que son indolence ne lui avait rien ôté de sa puissance et de son agilité, et sentit qu’il était toujours, lorsqu’il le désirait, maître de l’élément où, depuis l’adolescence, il s’était joué.
Après un temps indéfini, la porte l’apostropha, exorcisant à peine la fièvre qu’était la sienne. Habitué à ce que ce fut un membre du personnel, Gerold gronda une approximative approbation sans relever le front de ses cahiers. Néanmoins, un silence prolongé l’obligea à se distraire et il offrit son visage à un soleil pâle qui chassait les dernières ombres de la nuit et instinctivement, sa mémoire le projeta loin en arrière, lorsqu’il était déjà là, et elle aussi. Freiné dans sa course, il se redressa, prenant de l’altitude sur les papiers éparpillées sous ses mains et considéra sa sœur, coeur de bronze et visage de marbre.
« Ma sœur » mima-t-il le ton et la forme, quoi que s’abstrayant du trémolo étranglé qui se distingua si bien dans ce silence duveteux.
Avec un goût pour le symbolique, il ferma le cahier sur lequel il était en train de travailler, témoignant que son attention était toute dévouée. De sa sœur, en réalité, il ne voyait qu’une tâche sombre car elle était restée dans l’ombre alors que lui, baignait dans la lumière. Combien de temps déjà ? Parfois, il aimait être banalement dupe et prétendre que ces chiffres-là ne flottaient pas à la surface de sa pensée, précis et nets, comme des poissons morts. Néanmoins, il était un miroir et fit dans son attitude ce que les miroirs faisaient : il refléta cette courtoise distance qu’Alys avait laissé entre eux, d’abord en étant une femme, puis en ayant épousé un Royce, et enfin en se présentant à lui, femme de seigneur devant la Main du Roi. Car il n’était pas dupe ; la nostalgie était la dernière chose qui aurait pu guider ses pas. Rares étaient ceux qui venaient le voir pour le considérer comme un égal. De plus en plus, on le regardait d’en haut ou d’en bas, mais jamais vraiment en face et toutes les conversations se tintaient d’un ordre ou d’une requête.
Dans la pénombre, l’argent étincela brièvement et l’attention de Gerold glissa vers sa gorge où soupirait un vieux cadeau paternel. Le constat lui arracha un froid sourire, alors qu’elle portait très commodément à son cou une famille qui n’était la sienne que par le sang et à laquelle elle en avait, naturellement, préféré une autre.
« Que puis-je faire pour te servir ? lui dit-il, non sans ironie et après un bref soupir. Pour quelle doléance exactement es-tu venue me voir de bon matin ? »
S’il s’imaginait probe, il savait parfaitement les griefs accumulés et ne pouvait s’empêcher de considérer la situation avec un certain cynisme. La guerre avait fait des victimes et il avait été impitoyable. Mais il avait toujours épargné ceux qui étaient demeurés à ses côtés, ce qu’elle n’avait pas fait et sa présence ici aujourd’hui était non pas le fruit de l’amour, mais de la contrainte.
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Fut un temps, Gerold et Alys Grafton étaient alliés.

Plus de vingt-cinq années durant, ils avaient vécu ensemble, avec leurs parents et leurs jeunes frères à Goëville. Ils avaient évolué côte à côte, s’étaient connus jusqu’à la moindre fossette, aussi pudiques étaienty-ils tous les deux, et avaient partagé des opinions communes sur de nombreux sujets, comme savent le faire les frères et les sœurs rassemblés par une histoire et par une éducation conjointe. Ils étaient même allés jusqu’à même partager une vision commune de celui qui, à l’époque, n’était encore que promis à la jeune fille : l’hériter d’alors de Roches-Aux-Runes, Andar Royce. Bien sûr, chacun avait son point de vue : Alys le trouvait taciturne et austère, Gerold, plus catégorique, le traitait d’alcoolique. Tous les deux, en tous cas, avaient voulu que ce mariage soit évité, et avaient fait part de leur doute au patriarche des Grafton qui n’avait, à cette époque, pas encore rendu son dernier souffle. Gerold Grafton père, toutefois, n’avait rien voulu savoir, sa fille avait ainsi été mariée au Royce dans l’espoir – selon la version officielle – de rayer du même coup l’inimitié centenaire qui régnait entre les deux familles valoises.

Quelle vaste farce que celle-là. En vingt-cinq ans, Gerold et Alys avaient construit, brique par brique, une relation qui avait été jetée au fond de la Baie des Crabes à l’instant où un dragon vert comme l’eau était venu poser ses griffes sur le château où ils avaient grandi. Alys soupçonnait même que cela ne soit arrivé plus tôt. En effet, elle avait parfois l’impression de n’avoir pas cédé que ses droits à se faire appeler Lady Grafton quand elle avait pris le rôle de Dame de Roches-Aux-Runes, mais aussi d’avoir du même coup perdu son identité de sœur pour Gerold. Rien de palpable à cela, il lui semblait toutefois qu’elle et son frère s’étaient laissés glisser vers une étrangeté réciproque, laquelle avait mené Gerold à ne point mettre au courant Alys de son union à sa jeune Bracken, ni donc de ses liens avec Viserys Targaryen. La jeune femme n’avait jamais pu s’autoriser à prendre la plume pour écrire à son aîné en lui demandant qu’elle folie l’avait prise, pas plus qu’elle ne lui avait permis de connaître le visage de son dernier fils, Allard, quand celui-ci était né. Gerold avait ainsi décidé, sans doute facilité par le silence d’Alys, d’infliger un siège à ses neveux, rompant par là une promesse tacite que doivent pourtant se jurer un frère et une sœur s’ils veulent le rester : celle de ne point mettre en péril la vie de leur descendance.

Moins de dix ans après les noces d’Alys, à l’occasion du couronnement d’un nouveau roi, elle et son frère retrouvaient toutefois leurs premières opinions sur cet étrange personnage qu’était Andar Royce. Son épouse le jugeait toujours taciturne et austère, mais ne souhaitait plus perdre de temps à percer ce qu’elle avait autrefois considéré comme un ténébreux mystère. Son beau-frère, lui, ne s’était jamais trompé : Andar était prisonnier de son vice et le demeurerait toujours. Gerold avait depuis pris la place de son père et homonyme dans le rôle de Seigneur de Goëville. Alys le visitait dans ce même office où elle avait tenté de faire changer d’avis son père quand il avait décidé de la marier au Royce. Elle était jeune et sotte, à cette époque. Depuis, elle avait appris que les hommes ne changent pas d’avis quand une femme leur demande de le faire, mais seulement quand ils le décident. Il y avait là tout une nuance, qui devait être comprise et préhensible par la femme, la sœur, l’épouse ou l’amante de l’homme, si celle-ci voulait un jour parvenir à ses fins.

C’était à propos d’Andar Royce qu’Alys voulait échanger, ce matin-là, avec Gerold. Le dernier sujet sur lequel ils s’étaient entendus, et le premier peut-être, sur lequel ils se retrouveraient. Elle avait fait mine, alors, de ne pas entendre la suffisance qui égrenait son ton quand il avait répondu à son apostrophe, ni plus quand il avait soufflé au-dessus de ses cahiers qu’il avait refermés d’un air théâtral. Gerold avait toujours été un garçon insolent, aux yeux de sa sœur tout du moins, elle ne le connaissait que comme cela. Alys jugea toutefois, en son for intérieur, qu’il ne lui accorderait aucune grâce, ce matin-là, et que sa supériorité devrait continuer d’être soulignée alors même qu’une broche brillait sur son torse pour la rappeler à tous ceux qui la verraient.

Gerold lui demanda d’énoncer ses doléances ; il lui accordait donc une place de sujette, grand seigneur qu’il était. Alys manqua de répondre par une nouvelle révérence, mais il ne fallait point non plus qu’elle ne se montre trop complaisante. Il y reconnaitrait son ironie. Elle se contenta ainsi de laisser passer un souffle, puis de faire un pas vers son bureau dans une seconde expiration. Elle se plaça face à lui, de façon toutefois à ne plus être éblouie par ce rayon de soleil levant qui semblait prêt à lui percer la rétine. Elle avait assez du regard affuté de son frère dont la vue se portait jusqu’à sa plus profonde intimité : celle qui régnait au sein de son couple. « Je te dérange dans tes affaires, sans doute ? Je ne veux pas être longue. » Loin de là, même. Se trouver en la présence du Seigneur de Goëville était une position qui était loin de lui être confortable, et qu’elle voulait éviter de prolonger trop longtemps. « Andar a retrouvé sa bouteille depuis quelques lunes, maintenant. Je regrette qu’il nous ait infligé la vue de son vice, hier. Particulièrement devant ses enfants. » Son regard avait quitté celui de Gerold à cette dernière mention. Elle aurait dû laisser entrevoir sa honte, mais on ne pouvait lire sur sa face qu’un grand froid. Alys ne ferait pas semblant : ce n’était pas l’humiliation qui l’agitait, ces temps derniers. En vérité, la Dame de Roches-Aux-Runes était lasse, et ne souhaitait pas être associée aux débauches de son époux, ni plus qu’elle ne voulait ressentir ce qui, selon elle, incombait au Seigneur Royce. Si elle s’alourdissait des mêmes remords que ceux que dont son mari s’accablait, sans doute verrait-elle elle aussi quelque attrait à la bouteille. Alys avait choisi une autre inclination que la honte : celle de la colère, sourde mais implacable, qui laissait parfois entrevoir une cruauté qui lui allait mal, mais qui, au moins, lui permettait de croire qu’elle pouvait se défausser de toute responsabilité. « J’ose espérer que Sa Majesté notre Roi n’a pas été indisposé par sa conduite, et que tu n’as pas eu à en souffrir les conséquences. Auquel cas, j’adresserai, au nom de ma Maison, mes plus profondes excuses. » Restait désormais à Gerold de déterminer s'il considérait tout cela comme une doléance. Si tel était le cas, alors, Alys en adresserait bientôt une seconde.

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Parfois, il avait l’impression que la réconciliation ne tenait qu’à bien peu de choses : un peu d’orgueil et beaucoup de timidité. Mais il était probablement naïf, et ces sentiments appartenaient davantage à son caractère qu’à celui de sa sœur, qui était contrainte par sa position. Depuis la victoire de Viserys, tout ce que Gerold pouvait espérer des gens si ce n’était de la loyauté, était la soumission et la contrainte. Mais le temps était un remède à toute épreuve et un jour, ces griefs s’oublieraient au profit d’une histoire plus récente et, selon les lois bien connues de la perspective, les malheurs récents dissimuleraient dans leur ombre les douleurs anciennes. Contrairement à Alys, Gerold avait le loisir d’être magnanime ; quand bien même les vainqueurs écrivaient l’histoire, le pardon devait toujours s’acquérir des perdants. Malgré sa fierté, il regrettait cette enfance perdue, ce refuge idyllique où la vie était, si ce n’était simple, du moins facile à appréhender. Il rêvait parfois de cette béatitude mielleuse, de ce songe délicat empli de la buée isolante et protectrice derrière laquelle vivaient, au milieu de leurs parents, les fils pleins de secrets. Leur enfance les avait unis ou l’âge adulte les avait séparés. A dix-huit ans déjà, ils échangeaient des répliques aigres, des horions sournois ; puis, le silence, à tout moment, tombait entre eux si lourdement qu’il préféraient une bouderie à l’effort de la conversation. Gerold, de jour en jour changé, d’heure en heure plus fort, né pour la chasse et le triomphe, avait fini par rompre le frêle amarre qui le ramenait subtilement à sa sœur au coeur de cette adolescence tumultueuse, de cette ville bruyante, inclinée sur la mer, aux rochers chevelus de fucus noir. Puis, finalement, une manière funeste de regarder sa fratrie fixement, sans la voir, comme s’ils étaient transparents, fluides, négligeables… Contrairement à Marq, trop jeune, Alys n’avait jamais consenti à quitter la dignité revêche des enfants, et avait résisté, admettant mal que son frère était en train de devenir une autre forme de pouvoir dans sa vie. Gerold l’avait gardée ainsi, placide et gracieuse fille, sans plus l’envie de la caresser que de la battre, mais la voulant confiante, fidèle à lui seul et disponible comme des trésors dont il rougissait. Jusqu’à ce qu’elle épouse un Royce. Le silence était soudain devenu réciproque, personne n’osant, il fallait le croire, à sonder l’autre avec le cœur plutôt qu’avec la fierté. A partir de la, leur vie fut comme celle de deux lignes se croisant un instant, avant de se séparer à jamais.
Aujourd’hui, il restait un malaise. Même pour Gerold. Surtout pour Gerold, parce que malgré sa position de force, tout ce qu’il pouvait avoir n’adviendrait que dans la soumission, ce qui ne valait pas, et il le savait parfaitement malgré tout, des sentiments sincères. Mais tant que la courtoisie était tamisée à travers une rangée de dents serrées, son orgueil ne lui laisserait pas le loisir d’être clément, et encore moins fraternel. Alys, il le tenait pour acquis, n’était pas là par désir de le voir, mais pour sauver son époux et son fils. A force de se déshumaniser, le voilà réduit à rien d’autre qu’un moyen d’atteindre un dessein. Pour elle, il n’était plus qu’une clé capable d’ouvrir des portes. Peut-être aurait-il préféré qu’elle le gratifie d’une gifle plutôt que d’une révérence. Cela au moins, aurait été honnête ; plus honnête que n’importe quelle courbette de danseuse. Elle eut la décence de lui offrir un tutoiement familier, fissure dans leur cuirasse de condescendance.
Prêt à être usé, dans tout ce qu’elle disait, Gerold guettait, traduisait l’offense, la distance, l’ironie et toutes sortes de vérités cachés. Une affliction qui ne lui ressemblait guère, mais il cherchait des arguments pour avoir raison, pour n’être que cela dans l’esprit de sa sœur : un objet. Trop fin observateur néanmoins pour être soumis à son orgueil, Gerold compris aussi la retenue et la peine de son attitude, alors qu’elle avouait une faiblesse pour son propre mari. Son visage, lui, était comme gravé dans le marbre et reflétait seulement la volonté que ses expressions ne soient pas un écho de plus pour des mots déjà difficiles. Il se contenta de la regarder, de ce regard qui plongeait au plus profond du coeur et de la pensée, la déshabillant de sa pudeur à mesure qu’elle en revêtait les lambeaux. Cependant, lorsqu’elle évoqua le Roi et sa souffrance, Gerold ne put s’empêcher de détourner le regard et de se fendre d’un sourire narquois, persuadé qu’elle aurait été bien aise de le savoir blâmé. En homme de régence, il aurait pu voir le mal partout, mais la vérité était qu’il voyait surtout le mal chez ceux qui lui étaient les plus chers, persuadé d’avoir perdu tous leurs égards.
« Je crains que le seul à avoir souffert de cette histoire n’ait été ton fils... répondit-il, tant pour dissiper ses craintes que pour être foncièrement cruel, Et toi, évidemment. C’est donc à lui qu’iront tes excuses. »
Ca, Gerold le connaissait bien, la honte d’un père. La honte cuisante et l’impuissance d’un homme trop faible. Pourtant, que Gerold père avait été dur dans sa mollesse ! Implacable pour imposer ses indécisions à son fils aîné, rongé par cette constante vulnérabilité ! Andar aussi, était faible à sa façon, inapte à conclure avec ce qui lui faisait préférer l’ivresse à la réalité. Quoi que, Gerold aurait préféré un homme ivre dont il avait honte que d’un homme incapable de les protéger par lâcheté.
« A part lui, bien peu ont remarqué quoi que ce soit. Personne n’avait le temps pour un poivrot. »
Après cette ironie, Gerold se détendit sensiblement, ouvrant son attitude à l’apaisement et ses épaules s’abaissèrent dans un long soupire. Il ne voulait pas vraiment lui être hostile, mais le réflexe de se protéger lui intimait la méfiance face à une sœur qu’il savait capable des pires ironies. Néanmoins, tout cela n’était qu’une lourde conséquence : en lui résistant, les Royce et toutes les familles du Val s’étaient exposées à des représailles et contrairement à d’autres maisons moins fortunées, les Royce n’avaient essuyé aucune perte. Et pourtant, Alys s’était muée en statue pendant que son époux épuisait les réserves de vin, aucun d’eux ne supportant ce qu’ils étaient devenus.
« Mais je t’en prie, assieds-toi, dit-il en désignant la chaise opposée au bureau d’un geste souple de la main. Je suis certain que tu n’es pas venue ici par inquiétude pour moi » encore, une morsure, qu’elle n’allait ni affirmer, ni contredire.
Il savait que chercher le premier tort ne leur servirait à rien, pourtant, il ne pouvait se résigner calmement à cette distance qui s’était transformée en gouffre entre eux. Qui avait commencé le premier ? Mais surtout, qui allait finir cette guerre, et était-ce seulement envisageable. Pour l’heure, ils en étaient-là, impardonnables dans les yeux de l’autre.
« Quel sujet t’a-t-il donc donné assez de courage pour venir me voir ? »
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lieu | An 306, lune 11, semaine 2

Tout s’était déroulé très vite, la veille. Passée une certaine heure, Alys avait quitté la compagnie de son époux, déjà bien ivre, pour aller discuter un moment avec sa tante Arwen, puis avec sa mère qui avait prêté son bras à Lysa Arryn, avec qui elle était restée quelques minutes, loin d’Andar qu’elle voyait déjà tituber. Elle avait tenté de garder un œil sur la tête blonde de son aîné, qui, lui, ne quittait pas les côtes de son père, sans doute trop satisfait de le retrouver à cette occasion. Ils avaient toutefois dû échapper à sa surveillance puisque quand elle se rendit compte qu’elle ne les voyait plus, c’était déjà trop tard. Tout s’était joué en quelques minutes d’inattention. Quand elle remarqua leur absence dans la grande salle des festivités, son regard traversa plusieurs fois l’espace dans l’espoir de les trouver. Rien n’y fit, toutefois : elle s’excusa alors auprès de sa mère et de l’ancienne régente pour tenter de les trouver, hors de là.

Quand elle les rejoignit finalement, Andar se faisait escorter par des bras armés hors de la salle de fête, tandis que Lucas se tenait contre son oncle. Cette vision arracha à la Dame du Rocher une nausée, qu’elle contint en posant une main sur sa poitrine. Sans trop penser, elle emboîta le pas aux gardes pour suivre son mari, car c’était ce qu’elle devait faire, en bonne épouse, n’est-ce pas ? Elle avait appris qu’une femme soutient son mari coûte que coûte, dans l’adversité, dans la difficulté, et manifestement aussi, dans la honte. Elle prétendit le faire, alors, en marchant derrière lui alors qu’on le traînait vers les appartements qu’ils occupaient le temps des festivités. Quand on le jeta sur l’ottomane au pied du lit dans lequel ils devaient dormir ensemble, ce soir-là, la nausée la reprit. « Tu me fais honte, Andar… » avait-t-elle susurré, avant de le laisser seul à décuver en claquant la porte derrière-elle.

Elle avait cherché son fils, ensuite, mais lui aussi avait été emmené loin de la scène ; elle ne le trouva point. Quand Gerold, ainsi, souligna que c’était à lui qu’elle devait des excuses, elle le trouva bien cruel, mais n’en fut pas surprise. Son frère avait toujours été de nature narquoise et moqueuse. Il trouvait, dans cette situation, une faille idéale où venir répandre son venin, mais c’était Andar qui, le premier, avait ouvert la porte à cette possibilité en s'abandonnant à l’ivresse. Il connaissait Gerold, il le savait âpre et sévère, et malgré tout, il s’était laissé aller à s’afficher titubant devant la foule réunie pour le couronnement du Roi. Une grimace terrible déchira la face de la Dame Royce, qui, essayant d’afficher un sourire complaisant, ne réussissait qu’à émettre un air sardonique. « Sois sûr que je m’entretiendrai avec lui avant notre retour à Roches-Aux-Runes – rétorqua-t-elle froidement, refusant toutefois d’admettre qu’elle s’excuserait de quoi que ce soit. Je crois toutefois que personne ne puisse mieux réparer cette blessure que son père… » Lady Royce ne voulait en effet pas porter, pour son époux, la responsabilité de ses vices, comme elle ne voulait pas recevoir à sa place la cruauté du seigneur Grafton. Andar lui avait dit, une année plus tôt quand il avait clôturé le siège de leur fief en offrant Lucas en pupillage, qu’il l’avait fait pour qu’elle n’ait pas, elle, à prendre cette décision. Elle l’avait détesté pour cela, et s’était appliqué depuis à accomplir son présage : elle lui faisait porter, seul, la responsabilité et les conséquences de cette trahison.

Remarquant sans doute qu’Alys n’avait pas flanché à cette première pique, Gerold insista. Un poivrot, voilà comment son frère qualifiait son mari, et dans sa face, comme pour l'attaquer elle, comme pour la blesser encore plus, comme si tout cela ne suffisait pas. Comme s’il n’avait pas déjà gagné, sa main argentée fièrement piquée sur son veston. Fier de sa méchanceté, le Seigneur de Goëville soupirait même, jouissant d’humilier ainsi sa sœur. Alys aurait voulu partir ; elle aurait voulu lui tourner le dos, claquer la porte, ne plus jamais le revoir. Elle aurait voulu s’enfermer sur son roc pour ne plus voir personne, ni son père, ni son frère, ni tous ces autres hommes qui l’avaient trahi.

Tout cela était bien impossible, toutefois, puisqu’il y avait bien quelqu’un dont Alys ne souhaitait pas être séparée.

Perdue dans ses pensées, écœurée par la férocité de son frère qui, décidément, ne ferait preuve d’aucune clémence, elle s’assit machinalement sur la chaise qu’il lui proposait d’un geste de la main. Cherchant sans doute à continuer de diffuser son fiel, comme si l’air n’était pas déjà assez âcre, Gerold suggéra quelque chose qu’Alys ne compris pas tout de suite. De quoi devrais-je m’inquiéter ? faillit-elle-même lui répondre avec sincérité, puisqu’elle devait admettre l’envie de savoir son frère en souffrance. Pour apaiser ses maux, la valoise avait l’impression qu’il fallait que tout son monde souffre, et en particulier ceux qu’elle jugeait responsables de son malheur. Que Gerold, toujours froid et hautain, puisse souffrir, aurait sans doute apporté quelque consolation à sa propre disgrâce. L’air manifestement troublée, elle se rappela toutefois, juste à temps, qu’elle lui avait demandé plus tôt s’il n’avait pas été offensé par le comportement de son mari. Gerold devait ironiser là-dessus, avide d'encore plus d'insolence, en assurant qu’elle ne devait pas être venue là par inquiétude pour lui. « Certes pas », lui accorda-t-elle, laissant échapper avec ces mots un ton glacial. Elle ne pouvait tout de même pas gagner toutes les batailles qu’elle menait contre son envie de le gifler, Gerold dut le percevoir. Elle aussi, d’ailleurs, soupira quand il lui demanda quels griefs l'encourageaient à venir jusqu’à lui, toujours positionné comme le grand seigneur qu’il était, et surtout jamais comme son frère. Comment avait-elle mérité une si piètre famille ? Ses fils aussi se comporteraient-ils ainsi avec leur sœur ? Alys chassa ses pensées de son esprit alors qu'elle tentait, justement, d'éviter à sa famille l'implosion en manœuvrant entre le caractère impétueux de son frère, et la tare terrible de son mari.

« Je ne sais pas ce qu’il faudra à Andar pour qu’il se sorte de son vice. » La Dame du Rocher tentait de garder un air digne, mais ses doigts se crispaient sur l’accoudoir de son siège alors qu'elle laissait entendre qu'il devrait s'en tirer seul. « Tu dois le savoir, Gerold. Toute cette histoire nous a … abîmé. » Alys n’en dit pas plus à son frère, mais dans ses yeux brillaient encore la douleur que causait pour elle le naufrage de son couple. Cette guerre, la victoire de Viserys, le pupillage de Lucas … Tout cela était sous-entendu dans ses propos. Mais elle ne l’accuserait pas directement, pas plus qu’elle ne mentionnerait Marq ou n’oserait défier celui qui était désormais son roi. Sa colère, à leur égard à tous, n’était pas éteinte ; mais elle, l’était. « Je suppose que je pourrai essayer de l’aider à nouveau, ajouta-t-elle, la voix pleine d’un ressentiment qui la rendait peu crédible. Mais si je n’y parviens pas, Gerold ... me tiendras-tu moi-aussi éloignée de mon fils ? »

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Ca devait être difficile. Le devoir l'avait obligée à prendre parti contre son frère, et aujourd'hui, il lui fallait se draper des vestiges de sa dignité pour formuler une requête. Son orgueil y aurait difficilement survécu, quoi que Gerold évitait justement de se mettre dans des situations aussi inconfortables. Mais Alys était une mère maintenant, et certaines choses passaient bien avant son amour-propre. En tant que femme, elle n’avait eu d’autre choix que d’élire un bienfaiteur, et Gerold trouvait particulièrement ironique qu’un homme qu’il ait autant critiqué et qu’elle avait malgré tout décidé de suivre, n’ait pas su assurer la seule fonction pour laquelle il avait été choisi : la protéger. Elle avait perdu, ses terres et ses hommes étaient en ruines, son mari lui faisait honte, son premier né lui avait été pris. La vie était ainsi faite : elle faisait d’abord passer l’examen et donnait la leçon ensuite.
Ce qui l’avait déconcerté, c’était l’opportunité gâchée. Andar pouvait se soûler la gueule tout au long de l’année sans interruptions à l’abri de son château, mais non, il avait décidé de montrer l’exemple la seule fois où il avait l’occasion de revoir son fils. Comme toute personne pensant ne jamais succomber à aucune forme d’addiction, Gerold s’imaginait mal un ordre de priorités aussi saugrenu. Préférer ses enfants, sa famille ou son amour-propre à sa faiblesse lui était difficilement concevable ; ou bien, avec beaucoup de dédain. Pire encore, comment pouvait-on supporter l’idée d’être sans cesse chaperonné par sa propre épouse ? Au moins à ce sujet, on pouvait lui reconnaître de la constance, car Alys ne s’était pas un instant détournée de son rôle, ni renié publiquement son époux de Royce, quand bien même l’expression de contenance dominait maintenant un visage jadis illuminé par une forme de bonheur et de fierté conjugale. Elle le supportait, voilà tout. Héritage de leur mère, qui avait excellé dans la tolérance d’un homme qu’elle abhorrait dans les faits. Seul Gerold avait probablement ressenti la profondeur de ce sentiment, car il avait été habité par un mal semblable. On ne pouvait pas nier la dignité des femmes Grafton, toujours prêtes à composer avec toutes sortes de désagréments.  
« Je crois toutefois que personne ne puisse mieux réparer cette blessure que son père…  
- C’est donc aussi son père qui me fera des excuses » répondit-il avec acidité à sa froideur grimaçante ; des excuses, en réalité, il n’en attendait guère.  
Il se moquait encore un peu, surtout parce qu’il doutait que le Royce vienne lui formuler quoi que ce fut. Mais derrière le sarcasme, il y avait finalement une forme de défense. Alys n’y pouvait rien et n’avait ni à porter ce fardeau, ni à s’excuser pour Andar comme s’il était question de l’un de ses enfants. Mais leur escrime verbale manquait de subtilité pour remarquer ce genre de détails et bien vite, par cruauté égale ou parce qu’elle songeait à le blesser véritablement, sa sœur le rassura que son état ne fît pas partie de ses préoccupations. Gerold y sourit doucement, non pas parce qu’il en tirait satisfaction, mais par habilité d’avoir provoqué en elle assez de passion pour daigner lui rendre l’estocade. Certes pas. Certes pas.
La suite, souplement, tourna la page de cette préface venimeuse pour aborder un fond qui se voulait dénué de sarcasmes. Avec précaution, Alys dénuda son coeur, ou du moins sa dignité, en évoquant les souffrances de son époux... Bien sûr, il n’avait guère eu de doutes quant à la raison de sa venue, mais l’entendre en parler était différent. Aussi brèves étaient ses conclusions, elles n’en laissaient pas moins échapper une cuisante vulnérabilité. Non pas parce qu’il n’y avait aucun honneur à son aveu, quoi que l’honnêteté fût occasionnellement une forme de courage, mais parce qu’elle se dévoilait sous la contrainte, et ce devant un homme qu’elle aurait probablement voulu garder autant étranger à son coeur que possible. Mais c’était impossible, et avec Gerold, la faiblesse était toujours un prix à payer. Offrir un peu de soi était une riche monnaie dans un monde de faux-semblants, et souvent largement sous-estimée.
Imperceptiblement, son expression avait changé. Il devint sérieux et attentif pour laisser à sa soeur l’espace nécessaire à son émotion, car malgré son attrait à la provocation, son dessein n’était pas d’humilier. Il l’écouta avec l’expression indéchiffrable de la retenue, sans avis, ni jugements, seulement avec une compréhension discrète. Il ne sut dire exactement le fond de cette trame décousue ; justifiait-elle son époux, tout compte fait ? Pour quelqu’un ayant un entendement si aigu des malheurs qui leur étaient arrivés, Alys, malgré tout, ne compatissait pas suffisamment à Andar pour le considérer seulement comme une victime. Malgré toutes les bonnes raisons qui existaient, comme son propre frère, elle condamnait assez son addiction pour ne pas en avoir pitié, mais seulement honte. Elle lui en voulait et quelque part, étonnamment, Gerold trouva ca injuste. Même si très brièvement, elle avait mis en lumière les épreuves et les choix qui les avaient amenés à une pareille conclusion, et quoi que consciente de difficultés, elle niait à son époux le droit à la faiblesse. Pourtant, qu’est-ce qui était pire : subir des choix terribles qui ne dépendaient pas de notre volonté, ou commettre consciemment ses choix et vivre avec leurs conséquences et leur pleine responsabilité ?  
Lorsqu’elle acheva son plaidoyer par l’inquiétude qui, dès le début, avait dû lui brûler les lèvres, Gerold la regarda. L’on pouvait lui prêter les traits de la patience et de la réflexion, mais en réalité, il ne réfléchissait pas et l’observait seulement. Sa détresse contenue, son incertitude, sa fatigue, et les années d’absence qui aujourd’hui les séparaient, rendant cette question envisageable. Le silence se fit, terrible pour l’un, enlaçant pour l’autre. La tiédeur du soleil lui chauffait les doigts, comme une caresse. Il avait eu ce qu’il voulait et étrangement, plutôt qu’un habituel sentiment de satisfaisant triomphe, il n’en éprouva qu’un fond sourd de tristesse. Peut-être y avait-il assez de pudeur fraternelle en eux pour ne pas supporter voir l’autre s’offrir ainsi en pâture. Du regret... un regret qui perdait son sens dans le dédale infini du passé, sans plus trouver de cause ni de coupable dans ce labyrinthe de ressentiments.  
« Bien évidemment que non » répondit-il tranquillement dans le silence veule d’un matin lumineux.  
L’espace d’un plongeon vers le passé, il avait cessé d’être Seigneur du Val, insatiable pugiliste sans cesse sur ses gardes, pour redevenir celui qu’il avait rarement été depuis la mort de leur père. Un bref rire sans joie le secoua, et il poursuivit d’une voix plus affectée :
« Il peut être fatal pour un fils de perdre tout respect pour son père, dit-il sur le ton d’une conviction personnelle, à toi de voir ce que tu préfères qu’il sache. Je crois que j’aurais préféré un père occupé plutôt que... malade » ajouta-t-il avec une certaine ironie dissimulée ce qui était davantage une observation qu’un ordre.
Oh le grief était toujours là, dans les plus profonds méandres de sa personnalité. Son enfance n’avait pas survécu à la déception d’un père incapable. Doucement, il soupira et regarda enfin ailleurs. Certes, Lucas était sa pupille, mais Alys demeurait sa mère et il n’était pas dans son dessein de couper ses liens avec tous les membres de sa famille Royce. Pour toujours, Alys demeurerait sa mère et il n’avait pas l’intention de se mettre en travers d’un pareil attachement. Quant à Andar, il avait sa petite idée sur ce qui pouvait remettre un homme comme lui sur pied et il était étonnant qu’Alys, qui avait vécu les mêmes tragédies que lui, n’ait pas encore trouvé elle-même la solution dans les causes de leur malheur. L’alcool n’était ami que d’un grand et irrépressible désespoir.  
« Mon beau-frère, poursuivit-il avec sérieux, est un homme orgueilleux, loyal et protecteur ; trois grandes qualités qu’il pense avoir échoué à satisfaire dans les récentes années. S’il n’est pas encore trop tard, être privé de la seule chose qui lui reste, sa famille, son fils, lui rappellera qu’il a encore beaucoup à perdre s’il ne se reprend pas en main. »
Il l’observa longuement avec ce regard noir et silencieux qui plongeant jusqu’au tréfond de l’âme et finit par ajouter d’une voix neutre, qui se voulut constat plutôt qu’opinion :  
« Cependant si même toi il te répugne, je ne vois pas comment quiconque pourrait le respecter. Lui le premier. »
Alys Royce
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Alys avait laissé pénétrer Gerold aux confins de son intimité, par cette visite matinale dans ses bureaux.

Il devait être son frère, alors. Comment aurait-elle pu, autrement, le laisser deviner les travers qui noircissaient sa relation avec son époux, les ressentiments qu’elle éprouvait à son égard, la maladie qui gangrénait sa famille ? Alys ne laissait pas même ses plus proches amies deviner cette intimité-là. Seule Maddy pouvait se vanter de la connaître, parce qu’elle vivait loin et parce que la correspondance qu’elle échangeait avec la Dame du Rocher permettait une plus grande promiscuité. Ceux qui vivaient sur ce Roc, aussi, devaient le savoir, ils étaient les premiers témoins de ce qui avait volé en éclat dans le couple seigneurial. Il ne leur était toutefois rien dit à voix haute, de façon déclarative, car même les principaux concernés n’en disaient rien. Plutôt, ils sous-entendaient en omettant savamment de dire. Comme plus tôt, quand Gerold avait exigé des excuses aussi du Seigneur Royce. Alys avait haussé des épaules, en guise de réponse, tout en hochant la tête d’un geste affirmatif. Qu’il exige d’exquises excuses de la part d’Andar, ça ne la concernait plus, elle n’avait rien à en dire. Ce n’était pas pour lui qu’elle avait traversé le château de Goëville de bon matin pour en trouver son Seigneur. Ce n’était pas dans l’intention de le faire pardonner, de jurer à sa place qu’il ne se laisserait plus aller à sa boisson, de déclamer que ce ban était excessif, qu’il devait pouvoir voir son fils … Elle était là pour Lucas, se racontait-elle, et puis pour elle, s’il fallait dire vrai.

Gerold ne l’aurait pas laissée s’en tirer aussi facilement, toutefois. Il avait exigé d’elle autre chose, de toutefois pas moins exquis. Il avait demandé sa sincérité, qu’Alys n’avait pas pu lui refuser. Lui aussi avait opéré avec finesse. Il avait piqué, avec une aiguille plus fine encore que son vice, exactement là où il fallait pour emmener Alys à délier sa langue. Il ne l’avait pas laissée penser qu’elle pouvait lui demander n’importe quoi en abusant du prétexte de leur lien de sang — il lui avait fait comprendre, par son langage silencieux, que ce serait une bataille, et qu’il faudrait qu’il la gagne, lui. Gerold Grafton devait toujours gagner, même sur sa sœur. Que serait la vie d’une famille, après tout, sans rivalités intestines pour la dépraver ? Alys avait laissé apparaître, alors, le ressentiment qu’elle éprouvait à son égard, ainsi qu’à celui de son mari. Elle avait dit à voix haute ce qu’elle pensait tout bas, ce qu’elle cachait en son sein depuis des lunes. Au sujet de son frère, depuis des années, même. Et en admettant aussi une dispute, entre elle et son époux, elle avait pensé que ce dernier argument ne serait que plus convainquant. Elle le cru encore quand Gerold infirma, à son plus grand soulagement, son désir de la bannir elle aussi du sol de Goëville. Elle en sourit, même, de satisfaction, car elle avait pensé que son frère se roulerait de plaisir dans la fange qu’était devenue la relation des époux Royce, et que pour ça, il lui accorderait une faveur. En effet, elle avait pensé qu’elle reconnaîtrait même, dans ce comportement, un gage tacite qu’elle ne se trompait pas en faisant la guerre à son époux.

Alys avait laissé pénétrer Gerold aux confins de son intimité, par cette visite matinale dans ses bureaux.

Un soupir de soulagement lui échappa quand elle entendit sa réponse. Elle cru qu’elle avait gagné quelque chose, dans cet échange, que son marché avait fonctionné. Elle avait oublié, toutefois, que Gerold Grafton ne pouvait lui laisser la main. La rivalité,  entre eux, ne pouvait exister que si lui gagnait. Autrement, il était voué à l’écraser. Alys eut à peine le temps de souffler un discret « merci » avant qu’il ne poursuive, et qu’un voile d’étonnement ne vienne envelopper son visage fatigué. Son frère épandait maintenant son inquiétude quant à la vision qu’aurait Lucas de son père, s’il venait à apprendre son vice. Son coeur - celui d’une mère, après tout - manqua quelques battements à imaginer une souffrance chez son enfant. Elle en oublia, un instant, sa surprise de savoir que Gerold - l’oncle, après tout - pouvait lui aussi s’inquiéter du sort de son pupille. Elle n’entendit pas, en sous-ton, la souffrance propre à Gerold, celle qu’il avait ressenti eut égard à sa relation avec son propre patriarche, Gerold Senior. C’est qu’elle ne s’inquiétait pas pour lui, tout frère qu’il soit pour elle. Cet instinct, fraternel comme il en existait un maternel, renaîtrait peut-être un jour. Pour l’instant, toutefois, il était obscurcit, et plus largement interdit, par des années de ressentiment. Elle n’avait pas réfléchit à la question que lui opposait le seigneur. A son fils, comme aux autres, elle ne disait rien, présupposant qu’ainsi, il croirait au mensonge qu’elle s’appliquait à tisser : celui qui racontait que tout allait bien. « J’irai m’entretenir avec lui avant notre départ, afin d’aviser de ce qu’il a compris de cette soirée. », entama-t-elle précautionneusement. Elle choisissait ses mots avec soin, afin que Gerold ne soit pas gratifié de savoir qu’il aurait dicté le discours d’une mère à son fils, de sa seule position de protecteur. « J’essaierai de trouver les mots pour le rassurer. Rien de tout cela n’est de sa faute, pauvre enfant … » ajouta-t-elle, se laissant aller à une songerie, les yeux portés sur une des vitres où le soleil se levait, jusqu’à ce que sa rétine brûle à nouveau.

Gerold avait repris en évoquant celui qu’il appelait désormais son « beau-frère » ; la Dame du Rocher haussait déjà un sourcil, à l’entendre gratifier Andar de pareil titre. La suite de son discours l’étonna tout autant : le Seigneur de Goëville justifiait le bannissement de celui de Roche-Aux-Runes de ses terres comme une façon de l’aider à se tirer de son vice. Alys, qui avait passé la nuit à serrer les dents et à laisser des larmes de rage couler le long de ses joues en ressassant la cruauté de son frère et la nausée que lui inspirait son époux, n’avait vu dans l’acte du Seigneur Grafton qu’une façon d’humilier un peu plus la maison Royce. A l’entendre, toutefois, il s’agissait d’autre chose. Elle devait croire, maintenant, que Gerold s’inquiétait de la bonne santé d’Andar, et qu’il agissait ainsi en sa faveur. Il l’affublait même de qualités qu’Alys ne parvenait plus à voir chez son époux. Ses yeux s’étaient écarquillés, Gerold avait dû le remarquer, puisqu’il plongea son regard noir au plus profond de ses iris pour finir sa leçon. « Cependant si même toi il te répugne, je ne vois pas comment quiconque pourrait le respecter. Lui le premier. » Dans cette prétention, Alys reconnaissait chez son frère une caractéristique digne de leurs aînés. Gerold croyait toujours tout savoir et ici, tout comprendre d’un couple qui n’était pas le sien et d’une sœur qui n’était plus la sienne, comme leur père et comme leur mère avant lui avaient établi leur savoir propre comme des vérités absolues devant leurs enfants. Et elle, sotte qu’elle était, avait laissé à Gerold une longueur d’avance en laissant apparaître la mésentente qui régnait dans son couple.

Alys avait laissé pénétrer Gerold aux confins de son intimité, par cette visite matinale dans ses bureaux. Bien sûr, elle le regretta amèrement.

Il n’avait pas gracié Alys, en effet, d’un quelconque aval dans la dispute qui régnait entre elle et son époux. Il ne s’associait pas à elle, comme elle avait pensé qu’il le ferait en lui livrant cette information. Au contraire, même, il semblait lui dire qu’Andar méritait son respect, au vu de toutes ses qualités et malgré ses failles. Alys eut, à nouveau, un haut le cœur. Son frère ne lui épargnerait donc aucun jugement.« Tant pis », lâcha-t-elle, autant pour elle que pour lui. Le ton n’était pas provoquant, plutôt résigné. Elle ne voulait pas s’épandre, Gerold lui avait dit ce qu’elle voulait entendre, et d’autres choses qu’elle aurait préféré ne pas écouter. Elle comprenait, avec cet entretien, que s’il ne pouvait pas lui donner sans compter, elle non plus ne pouvait pas non plus recevoir sans se méfier.  « Si cela te convient, alors, je prendrai congé de tes offices en te remerciant à nouveau. »

La Dame adressa une révérence désaffectée au Seigneur de Goëville. Elle était épuisée, et elle espérait qu’ils pourraient en rester là, dans cet équilibre qui n’en était pas un, pour aujourd’hui en tous cas. Demain était un autre jour.


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