[EXPRESS] Tywin & Cersei Lannister

Le tournoi s’était terminé, et quelques esclandres avaient été à signaler pour le plus grand agacement du Régent qui avait prit sur lui pour le jeune Roi, afin de ne pas lui gacher sa fête. Mais le vieux lion n’allait pas oublier de sitôt les gestes déplacés et les coups bas qui avaient été vu durant cette semaine de compétition sportive. Mais ce jour-là, il ne pensait pas à cela, il allait discuter avec sa fille au sujet de Bel Castel. Si au début, Tywin c’était montré contre le dragon que possédait sa fille, il avait revu son jugement depuis. Bien qu’il n’eût pas apprécié qu’elle lui désobéisse maintes et maintes fois, la participation de Cersei dans la traque des pro Viserys de l’Ouest avait été un précieux atout et probablement que les choses auraient bien différente sans elle et Vaelarr. Pour la remercier, il lui avait offert Bel Castel, ancien fief ancestrale des Farman, qui avait été décimé par l’héritière des Lefford d’une manière fort surprenante et efficace. Désormais sous la protection et juridiction des lions du Roc, Cersei gouvernait là-bas tout en restant dépendante du Roc. Et donc aujourd’hui, ils allaient tous les deux discuter de tout cela afin. Tywin pourrait juger les capacités de sa fille à gouverner et à gérer un fief.

Il la reçut son bureau, où il pouvait traiter de façon efficace les affaires. Il avait prévu des boissons et une corbeille de fruit. Connaissant la passion de sa fille pour le vin, elle ne résisterait probablement pas.
« Cersei, la salua-t-il, l’air de Bel Castel semble te réussir. J’en déduis que ton installation là-bas, se déroule comme tu le désires. »

 

La nécessité d’une discussion entre le père et la fille se faisait de plus en plus présente, au fur et à mesure que les jours passaient depuis l’arrivée de Cersei et de Vaelarr à Port-Réal. Mais le grand tournoi avait occupé le Régent ainsi qu’une grande majorité des convives pendant presque trois semaines. Aussi, même si Cersei goûtait avec plaisir à ces frivolités mondaines et ces divertissements, elle gardait en tête son objectif : parler de vive voix avec son père, une chose qui ne s’était plus produite depuis plusieurs Lunes, sinon années.

L’opportunité finit par se présenter à l’aube de la troisième semaine de cette toute nouvelle année. C’est en portant une longue robe rouge aux couleurs des Lannister et les cheveux tombant en une interminable cascade d’or dans son dos que Cersei rejoignit le bureau de la Main et Régent du Roi Aerion Ier. Elle se laissa annoncer par un garde posté à sa porte puis entra de son pas décidé, obligeant le garde à s’écarter en hâte pour éviter toute collision par inadvertance avec la fille du Régent. Pour elle, le garde était transparent. Seul son père, qu’elle fixait avec détermination, comptait.

- Père, le salua-t-elle en retour, un léger sourire en coin face à sa remarque qu’elle prit comme un compliment. Bien qu’ils n’égalent pas le Roc, Bel Castel et Belle Ile portent en effet bien leur nom. C’est à peine si j’arrive à m’imaginer la maladie qui frappa soudainement cette île alors qu’il y fait si bon vivre.

Les yeux brillants de la Lionne se posèrent sur le bureau et, si elle vit la corbeille de fruits, son regard tomba sur l’élégante cruche de vin. « Voilà qui m’aidera à illustrer mon propos », songea-t-elle en s’asseyant face à son père.

- Mon installation se passe bien et c’est pour cela que je viens vous voir aujourd’hui, pour discuter de Bel Castel et aussi…La fierté de Cersei peinait à articuler ces mots, même maintenant et même face à son père, tout aussi fier qu’elle d’ailleurs. Pour vous remercier de votre confiance…à mon égard. Elle m’honore moi tout autant que Vaelarr.

 

| Dialogue : gras | Pensées : italique

Tywin se retint un rictus en repensant à l’épidémie de cholera qui était survenu brutalement, emportant la famille Farman dans la tombe. Une chose bien étrange car le climat n’était pas propice à ce genre d’évènement. « Parce que cette maladie n’avait rien de naturel, sinon elle aurait touché les Clifton et il me semble qu’ils sont en parfaite santé aux dernières nouvelles. » Vassaux des Farman, ils avaient été épargnés par l’Etranger. Certaines mauvaises langues pourraient les accuser mais le vieux lion connaissait la vérité sur la disparition de la maison rebelle.

Cersei venait le voir pour discuter de château qu’elle avait obtenu grâce à sa participation dans la lutte contre les pro Viserys. Il s’appuya contre le dossier de son assise, invitant sa fille à parler du fief qui était le sien désormais. Mais avant cela, elle le remercia. « Je ne parlerais pas de confiance, tu m’as prouvé par le passé que je ne pouvais pas te faire confiance Cersei. Tu as ignoré bien des fois mes ordres en faisant qu’à ta tête. Ce n’est pas par confiance que je t’ai offert Bel Castel, mais pour récompenser des actions qui nous ont permis de mettre en lumière les traîtres qui parcouraient nos terres. Et aussi car ce château venait de se libérer de ses propriétaires et je ne pouvais pas le laisser en friche avec les Iles de Fer si proche. » Tywin ne faisait pas confiance à sa fille, il s’en méfiait comme la peste, connaissant son caractère fort et ambitieux.

 

Cersei croisa ses jambes devant le bureau de son père, une attitude qui n’est normalement pas enseignée aux jeunes filles bien nées comme elle mais comme il n’y avait qu’eux dans la pièce, elle s’en contrefichait bien d’afficher une attitude plus masculine que féminine. Et puis, face à son père, mieux valait se montrer aussi ferme, froide et détachée que lui si on voulait espérer avoir une conversation qui durerait plus de dix minutes.

— Qu’y-a-t-il encore de naturel de nos jours, père? interrogea-t-elle en étouffant un ricanement. Question qui ne nécessitait mais réellement de réponses mais entre des dragons, une armée de mort-vivants et des maladies étonnamment bien ciblées sur une seule famille, l’étrangeté commençait à devenir chose commune à Westeros.

Les propos suivants de son père auraient pu faire l’office de douche froide pour n’importe qui d’autre. Les jointures de ses doigts blanchirent brusquement à force de serrer ses poings sur ses cuisses, seule manière qu’elle avait pour que ces mots - certes véridiques - glissent sur elle sans l’atteindre. Pour toute réponse, elle eut ce sourire et ce regard narquois qu’elle avait toujours lorsque son père lui renvoyait au visage son attitude de petite fille insolente et désobéissante.

— Dans ce cas, merci pour cette récompense, père, souffla-t-elle et son sourire s’élargit, néanmoins sans atteindre ses yeux, qui restaient aussi froids que ceux de son père. Je viens justement vous voir pour vous parler de cette demeure et de cette île. Les Clifton ne devraient pas être un problème; ils craignent trop notre nom et le feu de Vaelarr. Les Fer-Nés semblent avoir d’autres préoccupations pour l’instant mais je préfère me montrer prévenante envers eux. Vous me confiez la gestion de l’île mais il me faut également des bras armés pour la défendre. M’assisteriez-vous? Pour leur entretien n’ayez crainte, une idée m’ait venu, dit-elle en se penchant pour remplir leurs coupes de vin.

 

| Dialogue : gras | Pensées : italique

Tywin ne répondit pas à la question de Cersei sur ce qui était encore naturelle de nos jours. La magie avait fait certes son grand retour, rendant les mouvements plus incertains car c’était une puissance méconnue et oubliée. Les hommes comme le vieux lion du Roc se méfiait de ce qu’il ne pouvait pas contrôler.

Sa fille le remercia pour ce cadeau qu’il lui avait fait. Il attendait qu’elle lui prouve qu’il avait fait le bon choix, ne lui faisant pas regretter sa décision. Pour le moment il n’avait pas à s’en plaindre et elle venait aujourd’hui le voir au sujet de ce nouveau fief appartenant à la maison Lannister. Elle lui parla de la défense de l’île.
« Vous pouvez compter sur la flotte Kenning, lord Darren a reprit la défense du chenal et la protection maritime à ce niveau. Pour les troupes terrestres, les Clifton dépendent directement de nous désormais, donc si vous avez besoin de leur troupe, il suffit de demander. Je peux cependant peut-être envisager d’envoyer une petite garnison de manteau rouge. Une vingtaine d’homme devrait suffire je pense. »

La défense d’île n’était pas la plus grande préoccupation du lion, après tout entre les Clifton, les Kenning et un dragon, cela devrait suffire à dissuader ceux voulant s’y attaquer.
« Je t’écoute pour l’entretien de tout ce monde et faire rentrer de l’argent dans ce château. Qu’as-tu en tête ? »

Ses enseignements avaient-ils un temps soit peu fait du chemin de la tête blonde de sa fille ?

 

Cersei reposa la carafe de vin sur la table et contempla les coupes pleines du liquide rouge tout en écoutant son père répondre au sujet de la défense de Belle-Ile. Il est vrai que Lord Darren était depuis quelques temps maintenant à la tête d’une flotte importante, renforcée depuis la chutte des Farman. Dans un coin de son esprit, Cersei nota qu’elle devrait entrer en contact avec lui car, que ce soit en termes de défense ou de commerce, des navires lui seront utiles. Mieux valait donc s’adresser à ceux qui en avaient et pourquoi pas inclure d’autres familles que la sienne uniquement, d’autant plus que les Kenning avaient maintes fois prouvé leur loyauté envers les Lions. « Dans ce cas, je me rapprocherais de Lord Kenning au sujet de sa flotte », déclara Cersei avant de poursuivre au sujet des Clifton. « Les Clifton sont surtout une grande famille plus qu’une grande armée. Mon ancienne compagne de jeu, Jeune, est mère d’au moins douze enfants. L’essentiel de leur revenu, à présent que les Farman ne sont plus, leur sert à subvenir à leur nombreux besoins. En discutant avec eux, j’ai été mise au fait de leur très petite garnison mais celle-ci, couplée à une vingtaine de nos Manteaux Rouges, feront amplement l’affaire. La paix est revenue sur cette zone et Vaelarr reste une armée à lui seule. Une armée que je contrôle mieux aujourd’hui. »

Et la Lionne en était fière, de ce lien renforcé avec son dragon depuis les sièges des Maisons Ferren et Lépicier. Toutefois, elle rangea vite cette fierté pour évoquer son idée à son père. « Les Clifton m’ont dit que les terres de Belle Ile et le climat tempéré qui y règne sont propices aux cultures. Les vignes en seraient tout particulièrement friandes. Donc… » Elle se pencha vers les coupes de vin, en prit une et fit lentement glisser l’autre vers son père. « Le Bief et Dorne ont leurs cépages. Ne serait-il pas temps que l’Ouest propose également le sien? Je suis consciente que cela prendra du temps et que les gains de ce commerce ne se verront pas dans l’immédiat. Mais c’est un projet réalisable. Qu’en dîtes-vous? »

 

| Dialogue : gras | Pensées : italique