Time flies but memories last forever - ft. Jayne Targaryen

Le quotidien de Jayne avait totalement changé. Sa vie toute entière avait changé. Passant de la simple belle sœur du seigneur de Goëville à Reine du Val d’Arryn et mère de l’héritier du Royaume. Une pression qui régnait sur épaules et à laquelle on l’avait peu préparé, malgré les conseils et le soutien de Lord Petyr Baelish qui avait prit cette responsabilité suite au décès de feu son père, Lord Jonos Bracken. Elle n’avait jamais désiré tout cela, son rêve étant de rejoindre les ordres de la Foi. Ce rêve, c’était sa petite sœur Alysanne qui le vivait pour elle. Alors elle avait fait en sorte d’accepter son destin, elle avait essayé de s’adapter au mieux de ses capacités et de ce qu’elle pouvait. Elle avait fini par trouver un équilibre. Si elle n’était pas encore totalement à l’aise dans tous les exercices du règne, elle prenait petit à petit ses marques et savaient comment se comporter en toutes circonstances.

Mais une chose n’avait pas changé dans la vie de Jayne Bracken.  Sa foi. Sa piété. Et personne ne pouvait lui retirer ça, pas même le Roi son époux. La jeune femme à la chevelure de feu priait toujours sept fois dans la journée, peut importe son emploi du temps du jour. Elle y tenait et personne ne s’interposait, où du moins n’osait s’interposer face à cette routine qui lui permettait de trouver sa stabilité et son réconfort dans les moments les plus durs. Si sa piété pouvait effrayée certains, d’autres appréciaient ce côté ci de la Reine. Une Reine qui restait à sa place, pieuse et qui remplissait tout ce qu’on attendait d’une épouse. La jeune femme se fichait bien de ce que pouvait penser les autres, à l’exception de Viserys peut-être, mais elle savait que sa docilité et ses mœurs jouaient en sa faveur pour le respect que lui apportait le peuple et les nobles.

Depuis quelques jours, les prières de Jayne avaient pris une nouvelle tournure. Le couple royal voulait offrir au petit Baelor un petit frère ou une petite sœur. Sécuriser un peu plus la lignée de Viserys. Alors la Targaryen priait la Mère d’en Haut de lui accorder une grossesse rapidement, aussi fructueuse que la précédente. Que tout se déroule bien, si possible d’avoir un deuxième petit garçon aux cheveux argentés. Elle savait que sa lune de sang ne devrait pas tarder à arriver, alors elle priait pour que cette dernière n’arrive pas, ce qui serait un bon signe pour la suite.

Les yeux clos, les lèvres remuants silencieusement, Jayne était assise devant l’étoile à Sept Branche du Septuaire de la ville des Grafton. Elle entendit des pas ayant une démarche calme, souple et légère. Catelyn. Au bruit des pas et au vu de l’absence de parole de sa sœur, Jayne ne réagit pas. Continuant sa prière. Cela ne devait pas être urgent alors la dame de la maison Grafton et suzeraine du Val attendrait.

Depuis le début de la trêve, Cat s’était considérablement assagit. La maternité lui allait bien et du plomb semblait avoir atteint sa cervelle. Elle conservait son énergie pétillante et enfantine mais elle était bien plus mâture que quatre années plus tôt. Les deux sœurs s’étaient considérablement rapprochées, et si la fille de Lythène Bracken ne pouvait pas être dans l’entourage directe de Jayne, les deux femmes passaient de nombreuses heures ensemble, plus proche que jamais. Elles avaient en plus à cœur l’avenir de leur cadette, Bess qui était dame de compagnie de Jayne depuis qu’elle avait réussi à atteindre le Val.

Une fois sa prière terminée, Jayne ouvrit les yeux et tourna la tête vers sa sœur.
« Tu désirais me voir Cat ? »

La jeune Reine se leva et invita sa sœur à prendre son bras pour qu’elle puisse faire quelques pas en prenant la direction de la sortie du Septuaire afin de ne pas troubler le calme et le silence du lieu, afin de laisser ceux qui le désirait prier en toute tranquillité.

Sa sœur était venue se confier, elle était là car elle avait besoin de sa grande sœur. Parfois Jayne oublié que sa sœur restait jeune malgré la vie qui était la leur depuis plus de cinq ans. Qui aurait cru qu’elles en seraient là ? Pas elles en tout cas. Mais le constat était le même, Catelyn avait besoin de sa demi-sœur. Bien que l’aînée des deux ignoraient bien comment elle pourrait aider sa cadette au sujet de son mariage. Elle ne s’était jamais mêlée de sa vie de couple car techniquement elle était mariée depuis longtemps que Jayne. Mais la rousse allait prendre le temps, comme elle l’avait toujours fait avec les filles de Lythène.
« Je ne suis pas sûr d’être la meilleure personne pour te conseiller à ce sujet Cat… » déplora avec délicatesse la jeune Reine. « Mais bien sûr, si tu as besoin de parler je suis là, comme toujours. Où désires-tu te rendre pour être au calme ? »

Sa sœur était fébrile malgré le calme apparent. Jayne la connaissait assez pour voir dans les yeux de Catelyn les larmes qui luttaient pour franchir la barrière de ses yeux. Les deux née Bracken se rendirent dans un lieu calme à l’abris des regards et des oreilles indiscrètes. Mais avant qu’elles ne commencent à discuter et que les problèmes de sa sœur ne franchissent ses lèvres, l’épouse du Roi se tourna vers ses dames.
« Vous pouvez disposer. Laissez-nous s’il vous plait. »

Elle constata la mine presque déçu de Lysa Baelish ne pas avoir un potin croustillant à se mettre sous les dents. Bess elle espérait pouvoir passer un moment avec ses deux grandes sœurs.
« Même toi Bess. Profite en pour aller t’occuper des chevaux, je sais que tu en meurs d’envie. »

Jayne ne comptait plus le nombre de fois où elle avait enlevé de la paille ou du foin de la chevelure sombre de sa petite sœur. Catelyn et Bess se ressemblaient beaucoup par cette énergie débordante. Mais là où la plus vieille était coquette et avide de perfection, la plus jeune était intrépide et préférait les activités d’extérieurs que de salon. Il était rare que Jayne donne carte blanche à la benjamine de ses dames pour allient crapahuter elle ne savait trop où. Du moment qu’elle ne se mettait pas en danger, cela lui convenait.

Seul restait ser Alesander Frey, en charge de la protection rapproché de la Reine du Val. Mais ce dernier resta derrière la porte, laissant de l’intimité aux deux femmes qui purent s’installer confortablement. Les yeux bleus de Jayne se posèrent sur sa sœur.
« Dis moi tout Cat, qu’est ce qui te tracasse autant ? » demanda-t-elle.

À qui d’autres que sa sœur Jayne pouvait-elle se confier ? Catelyn ne faisait confiance à personne. Ces derniers temps, la raison avait laissé place à une certaine paranoïa. Gerold s’éloignait d’elle. Elle le sentait, elle le savait mais ne disait rien. Elle n’osait rien dire, pour une fois. Depuis son mariage, elle avait vécu – subi était même le terme plus approprié – cinq grossesses dont seulement deux donnèrent de magnifiques enfants. Joane et Shirrei étaient ses perles, ses amours, ses chéries. Catelyn aimait ses filles et elles lui rendaient bien. Elle s’occupait d’elles souvent, allant même parfois au-devant des nourrices et suivantes. Elle reconnaissait volontiers être un peu trop sur ses enfants parfois. Elle avait bien du mal à les laisser. Deux enfants sur cinq grossesses. Cela l’avait profondément marqué, notamment la première qui aurait pu donner à Gerold un fils, une succession plus solide, un héritier perpétuant le nom des Grafton. Cela revenait constamment la hanter ces dernières lunes. Elle se montrait même très autoritaire envers ses filles et sentait bien le regarder de certaines servantes. Catelyn était parfois orgueilleuse. Elle était la fille de Jonos Bracken, l’épouse de Gerold Grafton et la sœur de la reine. Ce n’était plus la petite fille cadette qui n’avait connu que la Haye-Pierre et qui écoutait tout ce que sa chère maman disait et faisait.

Voyant le regard des courtisans et sentant que certaines dames de l’entourage de sa sœur auraient bien aimé avoir des détails plus croustillants, Catelyn s’était interrompue, sommant sa sœur de leur trouver un endroit plus intime. La reine du Val sembla comprendre les attentes, et surtout exigences de sa jeune sœur, puisqu’elle congédia ses dames de compagnie. Adieu lady Baelish ! Ce vautour insupportait Catelyn au plus au point et l’ignorant pleinement, elle en avait oublié jusqu’à sa présence dans l’entourage de sa sœur. Même Bess, leur petite sœur, fut sommée de partir et avant qu’elle ne le fasse, Catelyn la prend dans ses bras pour lui murmurer quelques mots et lui donner un baiser.

- Ce n’est pas contre toi, ma chérie. Je t’aime.

Maintenant que les dames de sa sœur étaient parties, Catelyn se sentait mieux. Les deux sœurs avaient élu domicile, le temps des confidences, un lieu à l’abri des regards. Les jardins étaient magnifiques mais c’était là l’endroit le plus espionné d’un château. Les cachettes y étaient nombreuses. Les points d’observation étaient innombrables. Il valait mieux s’enfermer dans une pièce à quatre murs avec la porte fermée derrière soi. C’est ce qu’elles firent, laissant ainsi ser Alesander Frey garder la porte, l’homme ne pouvant ni ne souhaitant quitter la reine trop longtemps. Catelyn n’avait pu passer à côté de l’observation du garde avant qu’elles puissent s’engouffrer dans cette pièce. Elles s’installèrent plus confortablement et Jayne invita alors sa sœur à lui dire ce qui la tracassait.

- Je ne sais par où commencer… Comme je t’ai dit, depuis quelque temps, j’ai l’impression que Gerold s’éloigne et pourtant il est là. Je ne sais pas. Quelque chose a changé en lui...

Elle marqua une brève pause avant de reprendre, la voix plus posée et moins tremblante.

- Je crois qu’il me trompe.

La chose était dite. Elle avait été pensée maintes et maintes fois sans pour autant être dite à voix haute. Cela semblait concrétiser la chose, la rendant officielle, possible, inévitable. Pourtant, une part de Catelyn pensait que cela venait simplement de son esprit paranoïaque. Depuis la naissance de Shirrei, elle n’arrête pas. Elle ne semble pas avoir une minute à elle et cogite à une vitesse folle. Tout va vite dans son esprit et tout s’emballe.

- Suis-je folle de penser cela ? C’est peut-être juste le fait que nous avons deux enfants et que cela m’accapare beaucoup. Peut-être que finalement, c’est moi qui m’éloigne ? Et donc il me trompe parce que je ne le satisfais plus… en plus de ne pas réussir à lui donner de garçon...

La voix tremblante, l’émotion sur le visage et les larmes revinrent sans prévenir. Elle ne savait pas si sa sœur l’aiderait. Après tout, Jayne avait bien d’autres responsabilités, bien d’autres occupations plus importantes que de s’occuper des états d’âme, voire de la paranoïa de sa sœur. Essuyant les quelques larmes qui avaient osé couler le long de son nez, Catelyn releva son regard vers sa sœur. La chance aurait-elle tourné ? Les Sept avaient-ils finalement jeté leur dévolu sur Jayne ? Elle était reine maintenant et mère d’un fils en bonne santé. Elle ne pouvait être qu’heureuse de cette vie qui s’offrait à elle désormais. De son côté, malgré ses deux filles qu’elle chérissait plus que tout, Catelyn ne l’était pas ou plutôt ne l’était plus.