Ladies of Chaos

La deuxième semaine du séjour de Cersei à la Dent D’Or avait tout juste débuté et c’était déjà la semaine de trop. Elle n’aurait jamais dû insister autant face à Vaelarr. Le dragon s’était montré clair, dans sa tanière à Castral-Roc; il ne voulait pas être dérangé. Sauf qu’il était hors de question, pour la Lionne, d’être PERDANTE face à l’Ombre Rouge, comme elle l’avait surnommé. « Si je bas en retraite maintenant, Vaelarr aura toujours le dessus sur moi et jamais je ne me ferais obéir de lui », s’était-elle dit, au moment où elle avait le plus douté face à la bête. D’ailleurs, il avait dû le sentir, ça aussi. Son doute. Mais entre le danger que pouvait représenter le dragon et devoir retourner au château du Roc et affronter son oncle en lui disant que, malheureusement, Vaelarr n’avait aucune envie de se montrer coopératif dans cette histoire, le choix avait été vite fait. Kevan l’aurait contemplé de son regard où se mêlait pitié et résignation, puis se serait détourné, l’aurait congédié et aurait écrit à son aîné qui aurait eu une preuve de plus entre les mains pour lui faire dire que oui, le dragon était non seulement un danger mais un poids que les Lannister ne pouvaient se permettre et oui, sa Lionne de fille ne lui ait plus d’aucune utilité. Il l’avait marié, elle avait prouvé sa fertilité. Veuve depuis trois ans maintenant et n’étant pour lui qu’une source de problème et de mécontentement, la décision ne tenait qu’à lui de la remarier ou de l’envoyer chez les Soeurs du Silence pour y finir ses jours. Et cela, il en était absolument hors de question. Plus encore que d’être privée du confort et des richesses liés au nom de Lannister, Cersei n’avait aucune envie de devoir laissé derrière elle ses fils, son dragon ou certaines personnes de son entourage qui avait son affection, à l’instar de Sacha, de Qyburn ou de Ser Meliodas Trant. Alors elle avait insisté, prouvé son autorité face au dragon rouge et tous deux s’étaient finalement envolés vers la Dent D’Or pour arriver exténués et incapables de poursuivre plus avant la mission qu’ils étaient pourtant venus remplir auprès de Lord Leo Lefford et Ser Daven Lannister.

Pendant toute la première semaine de ce repos forcé au fief des Lefford, Cersei n’avait pratiquement pas quitté le lit et sa chambre qui lui fut attribuée. Elle y avait pris RACINE et se permettait même de PRENDRE ses aises, comme si elle vivait ici depuis des années. La Lionne refusait tout VISITEUR, prétextant être trop fatiguée pour ne serait-ce que parler. Elle se nourrissait à peine, même si elle reconnaissait avoir pris goût pour ces parts de tarte aux MYRTILLES que lui apportait une servante depuis les cuisines, n’avalant que le strict nécessaire pour ne pas tomber encore plus bas dans la fatigue et la faiblesse, puis passait le plus clair de son temps allongée dans son lit à LIRE les quelques livres qu’elle avait trouvé dans une petite bibliothèque de sa chambre. Par moment, il lui arrivait d’entendre les appels de Vaelarr depuis sa chambre, surtout lorsque les fenêtres étaient ouvertes. Le dragon ne devait pas être très loin et il appelait sa mère. Pourtant, Cersei refusait de le voir. A son tour de se montrer récalcitrante face à lui. C’était à cause de lui qu’elle était dans cet état et à cause de lui qu’elle se trouvait coincée ici, à ne pas pouvoir honorer ce pour quoi elle était pourtant venue à la Dent D’Or. Son séjour entre ces murs devait être bref et pourtant, il lui donnait l’AIR d’être en voyage vers de lointaines contrées, contrainte de se reposer plus longtemps que prévu tant le voyage était éreintant en abusant de l’hospitalité de ses hôtes. Tout cela à cause de Vaelarr. Cersei lui en voulait tant qu’elle le maudissait intérieurement. A cause de lui, elle donnait l’impression d’être faible et s’il y avait bien une chose qu’elle avait en horreur, c’était de se montrer faible et encore plus devant des personnes qu’elle ne portait pas dans son coeur. Si au moins Alysanne était là, peut-être qu’elle aurait mieux accepté son état mais en l’occurence, ce n’était pas Alysanne mais sa nièce, Alyx, la seule et unique Lefford présente entre ces murs.

Ainsi, alors que la deuxième semaine que passait Cersei à la Dent D’Or venait de commencer, la Lionne estima qu’il était temps qu’elle sorte du lit et qu’elle quitte cette chambre. Plusieurs raisons l’avaient poussé à agir de la sorte, la première étant qu’elle était certaine qu’Alyx, qu’elle avait trouvé avec un ventre proéminent de femme enceinte à son arrivée, devait en avoir assez d’entendre Vaelarr brailler chaque jour que les Sept avaient fait. Cersei devait reconnaître qu’elle en avait assez, elle aussi. De jour comme de nuit, le silence de la demeure était entrecoupé de rugissements plus ou moins forts et longs de la créature ailée. La Lionne avait donc revêtu son habit de cuir qu’elle portait à son arrivée en ces lieux puis était sorti d’un pas décidé et alerte, suivant les rugissements du dragon. Les petits talons de ses bottes claquaient sur le sol dallé du château et les serviteurs s’écartaient vivement sur son passage, certains peinant à dissimuler la surprise de la voir hors de sa chambre après tout ce temps où elle y était restée cloîtrée. Une fois dehors, elle suivit le chemin de terre vers les remparts et la porte par laquelle tout étranger venu de l’Est devait passer pour poursuivre son chemin vers l’Est. A cette heure de la matinée, la porte était grande ouverte et on la laissa sortir sans poser de question. Toujours à l’affût des appels du dragons, elle tourna la tête vers la gauche et finit par le voir, perché sur un pan de montagne.

— Vaelarr ! l’appela-t-elle.

Le dragon l’entendit et tourna la tête vers elle. Un long rugissement plaintif (à moins que ce ne soit de la rancune?) s’échappa de son gosier. Loin de se montrer CRAINTIVE, Cersei resta camper sur ses pieds et renouvela son appel.

— Vaelarr ! Viens.

A nouveau, le dragon la contempla longuement, fit mine de bouger dans sa direction puis s’arrêta net. Soudain, il déploya ses ailes et quitta la montagne pour les airs. Cersei le regarda, une POINTE de colère grandissant en elle face à cette rancune et cette désobéissance pleinement affichée de la part du dragon, tandis que la bête s’était mise à tournoyer passivement au-dessus des montagnes entourant la Dent D’Or. N’y tenant plus, la Lionne rebroussa chemin et regagna le château austère des Lefford. Dans le hall, elle désigna du doigt une servante qui passait par là.

— Du vin. Et plus vite que ça, ordonna-t-elle, oubliant qu’elle n’était pas chez elle, chose qui était à ce moment-là le cadet de ses soucis. Elle regagna le salon le plus proche d’un pas si rapide qu’il ne pouvait y avoir le moindre doute sur son état d’esprit. La Lionne était en colère. Elle allait s’ASSEOIR dans un des fauteuils de la pièce lorsqu’elle s’aperçut qu’elle n’était pas seule. Si l’héritière de la Dent D’Or ne l’avait pas vu, elle aurait fait demi-tour et se serait mise en quête d’un autre endroit où faire passer sa colère. Sauf que cette dernière n’avait pas pu manquer son entrée, pas de là où elle se trouvait en tout cas.

— Lady Alyx, la salua Cersei, presque à contrecoeur. Elle la détailla du regard des pied à la tête. La grossesse vous sied. La délivrance semble être pour bientôt, vu votre…état? J’ai moi-même porté des jumeaux et je n’ai jamais autant prié la Mère d’En-Haut de me délivrer de ce calvaire que durant mes dernières semaines de grossesse.

@Alyx Lefford    | dialogue : ff99cc | pensées : italique | Mots pour la Guerre des Trônes : gras et MAJUSCULES | Nombre de mots Guerre des Trônes: 1390 mots | Dés Vaelarr: HERE

Alyx n’en pouvait plus. Sa grossesse avançait et elle ressemblait juste à une baleine prête à exploser. Son ventre était bien plus gros que pour ses deux dernières grossesses. Elle n’avait pourtant pas l’impression d’avoir plus manger que les fois précédentes, bien au contraire. Mais le bébé qui se profilait semblait être bien plus gros que les précédents. Elle allait probablement déguster au moment de l’accouchement, et elle n’allait pas récupérer aussi vite que la dernière fois. Elle se sentait inutile, de plus en plus fatigué par cette fin de gestation qui se passait bien. Heureusement son esprit fonctionnait toujours aussi bien et elle l’usait à des fins bien précis. Murissant une vengeance sur plusieurs semaines et mois. Elle avait mis en place son plan qui pour le moment se dérouler sans accroc.

L’héritière de la Dent d’Or se reposait dans un des salons, griffonnant sur un carnet les prochaines étapes de sa vengeance et comment former ses hommes tout en assurant ses arrières si les Sept avaient décidé de la lui faire à l’envers. Elle restait prudente dans son entreprise. Elle devait se montrer cruel, sournoise et sans pitié. Des choses qu’elle savait parfaitement faire surtout quand elle était enceinte, ne supportant pas cette condition. La fibre maternelle et elle… Cela ne fonctionnait toujours pas.

Le bruit de la porte du salon l’arrêta en plein milieu d’une phrase. Elle ne tourna pas la tête mais ses yeux glissèrent vers celui qui venait briser son calme, prête à siffler quelque chose de désagréable pour faire fuir la personne. Malheureusement, elle n’allait pas pouvoir se débarrasser de son invité aussi facilement. Cersei Lannister venait de pénétrer dans les lieux. Cela faisait une semaine que la lionne était arrivé à la Dent d’Or pour aider au recherche des traites dans la région. Alyx faisait en sorte de la croiser le moins possible, juste ce qu’il fallait. Ce genre de situation n’était pas arrivée en une semaine, malheureusement, elle ne pourrait pas y échapper cette fois. Tant pis, elle devrait prendre sur elle et se montrer aussi aimable qu’elle le pouvait. Pas une mince affaire mais la Lefford fournirait ses meilleurs efforts.
« Lady Cersei. » répondit la jeune femme toujours sans tourner la tête, finissant d’écrire sa phrase avant de refermer son carnet pour rediriger son attention sur la lionne.

La remarque sur son état lui fit crisper la mâchoire. Des jumeaux… le mestre avait émis cette possibilité quand il avait vu que le ventre de l’héritière se développer beaucoup plus vite que d’habitude. Alyx avait balayé l’idée d’un revers de main. Chez les Lefford, il n’y avait pas eu de grossesse gémellaire, cela ne pouvait donc pas être le cas à ses yeux. Elle refusait de croire que deux petits monstres grandissaient en elle.
« Me sied ? Allons je ressemble plus à une baleine sur le point d’exploser qu’à autre chose. » railla-t-elle « Et malheureusement le terme est prévu dans plus d’une lune… »

Le temps était très long. Et celui qui restait lui semblait interminable.
« Des jumeaux… j’en doute. Il n’y a pas de cas de jumeaux dans mes ancêtres. Et si vous avez raison, je blâmerais mon époux pour cela. »

Seul le sang Lannister pouvait expliquer une grossesse gémellaire aux yeux d’Alyx. Mais cela restait peu probable. Si le mestre avait émis la possibilité, il n’en était pas sûr non plus. Alors elle préférait croire que le bébé était gros, grand et de sexe masculin.
« Mais je vous rejoins, je prie pour expulser cette chose de mon ventre le plus rapidement possible. »

Chose. Elle n’avait pas la fibre maternelle de son interlocutrice. Erena ne profitait pas d’une mère très présente. La petite fille âgée de deux ans, ne pouvait pas avoir un lien privilégier avec sa génitrice.  Alyx restait hermétique à toutes les tentatives de la fillette. Heureusement Daven rattrapait bien souvent la chose.
« Mais vous n’êtes pas là pour me parler de ma grossesse qui n’en finit plus. Qu’est-ce qui vous amène ? »

Faire bonne figure. Voilà une expression qui convenait parfaitement pour ces deux femmes. Pour Cersei, qui connaissait la réputation autant que le caractère foudroyant de la Lefford, elle ne pouvait qu’attribuer le manque flagrant de chaleur dans la voix de l’héritière de la Dent d’Or à cette grossesse qui, visiblement, la contrariait au plus haut point. Quant à elle, sa dernière entrevue avec Vaelarr lui ayant à nouveau démontrer l’étendu du mauvais caractère de la créature, elle se trouvait elle aussi de fort mauvaise humeur. Tandis qu’elle prenait place face à la future mère pour la seconde fois, elle ne put contenir un sourire en coin narquois face à la réponse d’Alyx au sujet de son apparence. Elle aussi avait porté la vie, et par deux fois, tout comme Alyx. Mais à la voir ainsi assise et grosse, Cersei plongea dans ses souvenirs mais ne se rappela pas avoir été aussi grosse qu’elle, même lorsqu’elle attendait Tybolt et Tywell. A l’évidence, la maternité enlaidit certaines femmes et en embellit d’autres, songea-t-elle en la contemplant depuis son fauteuil. De mauvaise humeur elle aussi en très grande partie en raison de son dragon, l’envie fut forte de dire ces mots à haute voix mais elle se ravisa et ravala sa réplique cinglante, ne voulant pas faire l’objet d’accusations éhontées en cas de délivrance précoce là, sous ses yeux, sous l’effet d’une émotion trop vive !

- Certes. Les dernières semaines sont toujours les plus difficiles, reconnu-t-elle. Mais jeter la faute sur mon cher cousin en cas de jumeaux…Cersei s’interrompit et secoua la tête, comme si elle se trouvait en train de gronder une enfant capricieuse. Vous avez eu une petite fille, me semble-t-il ? Voyez en elle le côté Lefford et en votre futur enfant – ou vos futurs enfants – la vigueur des Lannister.

A cet instant, la servante qu’elle avait apostrophé dans le hall, les rejoignit avec une carafe de vin et une coupe. La pauvre femme pâlit en voyant que sa maîtresse se trouvait là, elle aussi, pensant qu’elle ne devait apporter cette commande qu’à la dame Lannister et à nulle autre. Cersei perçut son regard brillant d’une soudaine panique.

- Pas de vin pour Lady Alyx. Mon mestre me l’avait déconseillé également, en particulier durant les dernières Lunes précédant la délivrance. De l’eau sera amplement suffisant pour elle.

Il fallait s’appeler Cersei Lannister pour oser faire ce qu’elle venait de faire. Elle, l’invitée, donnait des ordres en lieu et place de la maîtresse des lieux et, pire encore, en sa présence ! Peut-être cela aurait-il pu passer pour n’importe qui d’autre mais probablement pas lorsqu’on s’appelait Alyx Lefford. Pourtant, Cersei n’en avait que faire, jouissant pleinement de la puissance de son nom, et chassa la servante en agitant sa main vers le couloir d’où elle était venue. Elle tendit une main vers la carafe de vin, l’autre vers la coupe puis remplit celle-ci d’un cru qu’elle devinait provenir de La Treille rien qu’à son odeur. Cela lui rappela son passé bref dans le Bief et, surtout, son aîné, Loren, qui vivait auprès de son oncle Garlan et y recevait l’éducation des Tyrell. Cersei s’employa à éradiquer rapidement cette image de son esprit pour ne pas dévoiler ce côté faible devant la Lefford et noya ce souvenir dans le vin.

- Non, en effet. J’ai beau aimé mes garçons, je ne voudrais plus revivre ce que vous êtes en train de vivre. Cette condition est aussi handicapante que dégradante. Amère, Cersei but une nouvelle gorgée de vin. Voilà une semaine que je suis ici et il m’a semblé…poli…de vous remercier pour votre accueil. Nous n’allons pas nous mentir ; ni vous ni moi ne portons l’autre dans notre cœur. Néanmoins, par votre époux, vous faîtes indirectement partie de la famille et chez les Lannister, il n’y a rien de plus fort que les liens familiaux…Excepté notre richesse, rajouta-t-elle en ayant un merveilleux sourire empreint de fierté. Votre époux, fit-elle, soudain pensive. J’ai toujours eu beaucoup d’affection pour lui…

@Alyx Lefford   (désolé pour l'attente ) | dialogue : gras | pensées : italique

 Cersei jetait de l’huile sur le feu. A croire qu’elle y prenait un malin plaisir. Elle n’aimait pas son ton et sa façon de lui dire les choses alors que la lionne n’était qu’un invité. Mais elle était la fille de son suzerain, Alyx devait mettre les formes, rester poli et douce. Mais à travers les mots le poison se répandait des deux côtés. Car au final, Cersei n’était que la fille d’un suzerain. Alyx était l’héritière d’une des plus grandes maisons de l’Ouest et un jour elle hériterait de la Dent d’Or et dirigerait les Lefford alors que Cersei resterait tout simplement à la même place.
« Hum… j’émets quelque doute à ce sujet…surtout quand a deux reprises des petits garçons blonds comme les blés sont sortis mort de mon ventre… s’ils sont blonds c’est le côté Lannister et la vigueur n’était pas leur fort… Je crois que je préfère la vigueur des Lefford. »

Une servante entra avec une carafe de vin et un seul verre. Alyx vit la jeune femme se figer en voyant la fille de son seigneur. Elle savait à ce moment qu’elle ne pourrait clairement pas s’en sortir sans subir les foudres de la Lefford. Elle ignorait juste comment cela allait lui tomber dessus. Mais elle détourna le regard pour le poser sur la lionne qui demanda juste de l’eau pour l’héritière et la servante obéit à Cersei, sans attendre une confirmation quelconque d’Alyx. La Lefford resta interdite quelques secondes. Comment osait-elle obéir à la lionne avant sa maîtresse ?! Les ongles de l’héritière se plantèrent dans la paume de ses mains, y laissant quelques croissants de lune rougeâtre. La petite effrontée passerait un sale moment une fois que la lionne hors du champ de vision de la brune. Elle allait probablement dire au revoir à ce qui lui permettait de nourrir sa famille mais pas que...
« Votre mestre… celui de votre famille ou celui qui a été rejeté par la citadelle ? Je crois que je vais laisser ma santé aux mains de mon mestre. Je vous remercie. »

Derrière l’accusation des rumeurs qui circulaient à propos du mestre personnel de la lionne se cachait surtout la colère de la jeune femme d’avoir vu son propre personnel préféré obéir à Cersei sans confirmation de sa maîtresse qu’à elle. Ce qui venait de se passer lui semblait tellement improbable que les flots d’émotion qui la traversait la rendait encore plus amer.
« Voilà un point où nous sommes d’accord. »

Cela serait probablement l’un des rares et le dernier de cette conversation. Alyx doutait que tout cela finisse bien. Elle était trop tendue et sur les nerfs pour aller dans le sens du poil de la lionne.
« Il n’y pas que par mon époux que je suis liée au Lannister… je vous rappelle que ma tante Myrranda a épousé votre oncle Stafford qui a donné naissance à mon époux et ses deux sœurs… Et… je crois que les liens familiaux de ce côté de la famille ne sont pas si fort que vous l’exprimez lady Cersei. Daven a toujours eu en horreur l’imbécilité de son père et a toujours préféré depuis son enfance la Dent d’Or à Castral Roc, voyant même mon père comme son propre père plus que pour un oncle. Et puis Myrielle et Cerenna ne le portaient pas dans leur cœur également. Surtout Myrielle. Et puis je crois qu’avec votre frère et votre belle-sœur, vos relations ne sont pas … comment dire… au beau fixe ? Je crois que nous n’avons pas la même définition de lien familiaux fort. »

Elle avait encore plusieurs exemples que la notion de famille que décrivait Cerse n’était pas réellement vrai. Tout le monde savait que Lord Tywin avait eu une relation plus que conflictuel avec son père. Les Lannister n’avaient pas de lien familliaux solides. Ils étaient nombreux, riches et avaient surtout un Tywin Lannister a leur tête pour tenir le tout ensemble. Il était le ciment de la famille. Le jour où il allait disparaître, la gloire de la famille deviendrait de plus en plus terne.
« Je trouve que vous avez beaucoup d’affection pour les hommes de votre famille qui ressemble à feu votre frère. Daven…ser Lancel… de beaux jeunes hommes blonds, doués avec leurs épées… Mais je crois qu’aucun n’arrive à la cheville de ser Jamie n’est-ce pas ? »

Cersei voulait la guerre ? Alyx pouvait jouer à ce jeu durant des heures. Elle n’était pas jalouse, juste possessive. La relation passée entre son époux et sa cousine la crispait au plus au point.
« Je me demande même si mon époux n’a pas plus d’admiration pour votre frère que pour vous. »

Le verre de vin de Cersei se figea à mi-chemin vers ses lèvres. Qu’elle critique les morts-nés sortis de son ventre, en leur imputant la « faiblesse » du côté de son époux Lannister, soit. Là-dessus, Cersei était bien capable de serrer les dents et de faire comme si elle n’avait rien entendu. Elle se souvenait elle aussi s’être montrée encore plus exécrable que d’habitude avec son entourage et sa maisonnée, à Hautjardin, tandis qu’elle était grosse de Loren puis que son ventre avait encore doublé de volume quelques Lunes plus tard, alors qu’elle attendait des jumeaux. De même qu’elle accueillait sa critique au sujet de Qyburn avec un sourire en coin, ravie de pouvoir lui renvoyer le venin de ses mots à la figure.

- Celui de la Maison Tyrell ma chère. C’est lui qui suivait mes grossesses en ce temps-là. Un homme capable, je dois bien lui accorder cela. Mais soit. Je retiendrais cela. Espérons que votre enfant à naître ou le suivant pourra toujours compter sur les soins de votre Mestre. Ils peuvent être vite dépasser par certaines infections et puisque vous montrez si peu de considération envers Mestre Qyburn qui a pourtant sauvé un de mes fils, soyez assurée que je resterais sourde à vos appels à l’aide en ce domaine.

La Lefford fulminait, Cersei le voyait à la façon dont les jointures de ses doigts se mirent à blanchir violemment. La réputation de l’héritière de la Dent d’Or n’était plus à faire, au point que même Cersei, que rien ni personne n’impressionnait sauf peut-être son père, en venait à se demander si cette femme était capable d’amitié ou d’amour. Même elle, aussi hautaine puisse-t-elle être, avait aimé par le passé et aimait toujours aujourd’hui, quand bien même son amour est désormais rattaché à ses trois jeunes garçons ainsi qu’à son dragon. Mais Alyx…A force de se montrer fourbe, rancunière et sans pitié la plupart du temps, il n’y aurait effectivement plus guère que sa famille pour encore la supporter. Cersei battait des cils et levait les yeux au plafond en l’écoutant rabâcher les nombreux liens unissant les Lannister aux Lefford mais elle finit par lâcher un long soupir d’exaspération.

- Oh je vous en prie. Lady Alyx, qui n'est pas au courant de l’incompétence du père de votre époux… Cersei émit un ricanement de gorge, secoua la tête à la simple pensée de son vantard et idiot d’oncle puis but une gorgée de vin avant de le reposer. Une grimace lui tordit les lèvres. Ce vin a un goût de vinaigre, commenta-t-elle en le posant sur la table basse. Elle ne croyait pas si bien dire car la conversation, déjà peu chaleureuse dès le départ, allait elle aussi prendre le goût âpre du vinaigre.

Cela commença par des insinuations au sujet de ses relations avec son tout petit frère et sa Frey d’épouse. A sa connaissance, Alyx n’avait pas beaucoup plus de relations avec l’un comme avec l’autre. Peut-être un tantinet plus avec Walda car il lui sembla soudain que les deux partageaient également un certain lien de parenté plus ou moins éloigné. Elle était en train d’inspirer pour lui rétorquer quelque chose allant dans ce sens lorsqu’Alyx mit le doigt sur un sujet – si ce n’est LE sujet – le plus sensible pour la Lionne. Jaime. Pendant de longues secondes que seul le crépitement du feu dans l’âtre de la cheminée venait briser de temps en temps, il n’y eut pas un mot d’échanger entre ces dames. Elles s’observaient l’une l’autre, dans l’attente de voir laquelle allait baisser les yeux ou la tête ou encore battre en retraite et prendre congé de l’autre. On ne congédiait pas Cersei Lannister, de même qu’on ne congédiait pas Alyx Lefford, encore moins lorsqu’on se trouve sous son toit. Plutôt que de rebondir en crachant des mots encore plus venimeux que les siens, Cersei choisit de ne pas entrer dans le jeu de la Peste de l’Ouest. Elle laissait volontiers ce trait de caractère à l’héritière de la Dent d’Or. Quant à elle, Cersei savait qu’elle valait mieux que cela. Aussi, après un long silence, la Lionne sourit de toutes ses dents :

- Ils sont de ma famille et oui, ils me rappellent mon frère de par leur physique et leurs aptitudes à l’épée. Là s’arrête la liste de leurs points communs. Vous n’avez ni frères ni sœurs. Vous êtes peut-être maligne et intelligente sur bien des sujets Lady Alyx, mais vous êtes une parfaite ignorante en ce qui concerne les relations entre un frère et sa sœur, encore plus lorsqu’ils sont jumeaux. Elle se pencha vers elle et murmura comme si elle lui confiait un secret : Beaucoup ont admiré jadis mon frère et certains l’admirent toujours aujourd’hui. Cela ne me rend pas jalouse d’eux au contraire. Mon frère était un homme admiré et admirable. Cela prouve seulement que ces personnes-là savent reconnaître les qualités chez les autres, même lorsqu’elles se trouvent entachées par le titre de Régicide. On se souviendra de lui à jamais, que ce soit pour cela ou pour être entré dans la Garde Royal à seulement quinze ans. On se souviendra de moi pour avoir été la première Lionne à monter un Dragon. Pourquoi allons-nous nous souvenir de vous, Lady Alyx ? Ou mieux encore: pourquoi devrions-nous nous souvenir de vous ?

@Alyx Lefford    | dialogue : gras | pensées : italique

Alyx resta campé sur ses positions, appuyer contre le dossier de son fauteuil, son visage restait avec ce rictus sur son visage, il ne changeait pas. Laissant transparaître la peste de l’Ouest qu’elle était et qu’elle serait probablement toujours. Si son mestre déchu avait réussi à sauver son fils cela devait n’être qu’un coup de chance. Si la citadelle l’avait rejeté, c’était que sa parjure était trop grande. Pouvait-on réellement faire confiance à ce genre d’homme ? Pour la Lefford c’était impensable. Lutter contre l’Etranger était contre nature. Si la vie avait décidé de reprendre ce qui lui appartenait qui étaient-ils, eux, pauvres mortels pour en décider autrement.
« Cela tombe bien, je ne supplie pas et je ne lance pas d’appel à l’aide. Vous n’aurez pas à rester à sourde car vous ne m’entendrez pas. Si l’Etranger doit venir prendre la vie de ma fille ou de mes enfants à naître et bien soit. Cela ne sera pas le premier être cher qu’il vient m’arracher. C’est ainsi, et je n’irais pas me parjurer pour sauver une vie. Je n’ai pas cette magnanimité. »

La Lannister jouait avec les humeurs d’Alyx qui subissaient son état comme elle pouvait. Elle ne releva pas le ricanement et la remarque sur Stafford. Oui, c’était imbécile de notoriété publique mais il portait le nom des Lannister.

Sans le savoir Cersei, donna satisfaction à la Lefford en commentant le gout du vin. Au-delà du fait qu’elle était ravie de voir la lionne ne pas pouvoir se délecter comme elle le voulait avec une boisson qu’elle appréciait, elle avait une nouvelle raison de s’en prendre à sa servante. Car si elle n’aimait pas que ceux qui était à son service lui désobéisse, leur incompétence l’ennuyait encore plus et surtout, elle ne le tolérait pas. Elle leur demandait plus que la perfection et cette pauvre fille venait de tomber au niveau de la médiocrité. Quelle dommage… elle ne manquerait pas à Alyx.
« Je ferais renvoyer la servante pour son incompétence en matière de choix de vin, celui-là devait probablement être réservé aux personnels. »

L’héritière avait répondu en toute décontraction comme si cela était naturel, cela ne l’affectait pas. Elle était même contente de pouvoir se dire qu’elle pourrait passer sa mauvaise humeur sur quelqu’un qui disparaîtrait ensuite de la Dent d’Or en pleurant toutes les larmes de son corps. Cela lui fera les pieds et elle apprendrait un peu mieux les mots loyauté et compétence.

Alyx avait piqué juste comme le laissa sous-entendre le long silence que laissa planer Cersei. La Lefford se délecta de ce silence qui avait de si nombreuses choses à dire. Et finalement, le silence fut rompu une fois que son interlocutrice eut probablement réussi à ne pas céder au jeu d’Alyx. Elle fit l’étalage des qualités du régicide dont la Lefford n’avait cure. Elle s’en fichait royale même.
« Ai-je supposé l’inverse ? Nullement. Effectivement je ne connais pas par moi-même les relations qui animent un frère et un sœur, je ne peux que les observer autour de moi depuis le jour de ma naissance entre mon père et mes tantes, entre mon époux et ses sœurs, et je pourrais les constater entre ma fille et son potentiel petit frère ou petite sœur. Je crois que cela me suffira amplement. »

Alyx ne put se redresser comme Cersei pour entrer dans une pseudo confidence qui n’en était pas une.
« Je n’admire pas vos frères, et je retiens de l’un qui est nain et de l’autre qu’il a rompu son serment et à échouer dans sa mission qui était de protéger son roi. Vous, vous avez plus de chance qu’eux effectivement. Vous montez un dragon, mais vous n’êtes pas la première non Targaryen à pouvoir le faire. Pour ma part, qui vous dit que je désire que mon nom subsiste dans l’histoire ? Du moment que ma maison continue de briller sur l’Ouest, c’est tout ce qui me va. Je deviendrais la Dame de ses lieux quand mon père sera mort, j’aurais ce que vous ne pourrez jamais avoir. Je préfère agir dans l’ombre, peut-être que cela marquera mon nom, peut-être pas. Si l’on ne se souvient pas de moi, ce n’est pas grave du moment que ma maison est toujours là. »

Alyx eut une moue d’indifférence sur le visage.
« Contrairement à vous lady Cersei, je n’ai nulle ambition personnelle. Mon ambition est celle de ma maison qui aujourd’hui dépend des volontés de mon père. »

Les deux femmes avaient un fort caractère, une fierté mal placée mais en dehors de cela elle était bien différente. Alyx n’avait pas voulu sa réputation, elle était arrivée à cause de ses actions.  Elle n’avait pas travaillé d’arrache pieds pour obtenir cette étiquette de peste, c’était venue naturellement, avec les années. Avec comme point de départ, l’humiliation des Farman à Castral Roc douze ans plus tôt.  

Si certains pensaient encore que les femmes, lorsqu’elles se retrouvaient entre elles dans la confidence d’un salon, ne parlaient que de leurs enfants, de couture et de leurs propres faiblesses féminines, ces personnes-là devraient pouvoir assister à ce qu’il se passait en ce moment-même chez les Lefford. Les hommes avaient les joutes pour prouver leur valeur, leur force et leur adresse. Les femmes aussi avaient leurs joutes, mais celles-ci n’étaient que verbales. Peut-être même étaient-elles pires que celles des hommes tant la portée des mots et leurs significations pouvaient blesser plus profondément que la lame la plus aiguisée. A l’instar de l’aspect austère du domaine des Lefford, la conversation entre son héritière et la Lionne Ailée se dirigeait de plus en plus vers un point de non retour. Les piques fusaient des deux côtés. Alyx affichait le masque parfait de l’indifférence la plus totale face aux propos qu’elle tenait, preuve que son surnom lui collait impeccablement à la peau et qu’elle n’allait certainement pas faire le moindre effort pour quiconque, pas même pour la fille de son suzerain. De son côté, Cersei restait elle aussi fidèle à elle-même, se pavanant telle la Lionne qu’elle est partout où elle passe, faisant comprendre à tous par son comportement et son attitude que son nom et sa richesse prévalaient sur les rangs et qu’en cela, il n’y avait que la famille royale envers laquelle elle se permettait d’afficher le respect qui leur était dû. Les autres, tous sans exception, lui étaient inférieurs. Pour les plus naïfs et aisément impressionnables d’entre eux, son attitude sarcastique et faussement chaleureuse faisaient mouche et on se pliait en quatre pour accéder à ses désirs. D’autres n’y consentaient que parce qu’ils craignaient le retour de bâton probable de Lord Tywin Lannister. Mais certains, une infime partie, ne rentraient pas de ce jeu-là. De par son fort caractère si semblable au sien, Alyx Lefford faisait partie de cette dernière catégorie-là. L’une comme l’autre savait pertinemment que l’autre ne serait jamais une amie. Elles se ressemblaient beaucoup trop pour s’apprécier. La seule chose qu’elles avaient en commun restait la pérennité et la sécurité de l’Ouest. C’était d’ailleurs pour cette raison que Cersei était venue à la Dent d’Or. Pas pour revoir son cousin, ni Lord Leo Lefford, qui était le banneret de son père avant d’être une de ses propres connaissances. Et elle aurait pu être à leurs côtés à tous deux, en ce moment-même, si le voyage depuis Castral-Roc sur un dragon particulièrement récalcitrant à ses ordres ne l’avait pas autant épuisé. S’il s’était mieux passé, elle ne serait pas ici, face à cette petite peste prétentieuse et se voulant donneuse de leçons. Alors qu’elle se faisait ce constat, Vaelarr se fit entendre au loin et les doigts de Cersei se crispèrent contre son verre de vin. Elle n’aurait su dire si elle restait de la colère envers Vaelarr plus encore qu’envers Alyx. Mais toujours est-il qu’elle la sentait, cette colère, grimper en elle.

Pour la calmer, elle plongea ses lèvres dans le vin juste au moment où Alyx lui révéla que le vin qu’elle buvait était normalement réservé aux domestiques. Que ce soit vrai ou non, la Lionne vit rouge. Son esprit lui envoya alors une image destinée à la calmer. Dans son imagination, elle se voyait recracher le vin qu’elle avait dans la bouche directement dans son verre puis jeter tout le contenu de celui-ci au visage de son hôtesse. Au lieu de cela, elle vida son contenu d’un trait et le reposa brutalement sur le plateau, dardant un regard plein de défi sur son interlocutrice. Comme lors d’une joute, Cersei avait donné le premier coup à son adversaire. Mais celui-ci, coriace, n’avait pas di son dernier mot. Et il lui rendait ses attaques coup sur coup, appuyant précisément là où l’égoïsme de Cersei pouvait être blessé. L’héritage. Elle n’en avait pas et n’en aurait jamais. Elle avait été marié à un homme qui n’arrivait pas en tête de l’héritage de Hautjardin, loin de là. A cet homme, elle avait donné trois fils qui eux-même n’hériteront jamais de rien, ni de Hautjardin et encore moins de Castral-Roc. Pour eux, Cersei n’espérait plus que de leur offrir un beau mariage de sorte qu’eux-même aient ensuite quelque chose à transmettre à leurs propres enfants. Mais elle, dans tout ça, n’avait rien à elle, sauf Vaelarr, mais pouvait-on réellement considérer une créature légendaire comme lui comme un héritage ? A sa mort, qu’adviendrait-il du dragon ? Choisirait-il l’un de ses fils comme dragonnier ? Vu le caractère du dragon rouge, Cersei en doutait fortement et présageait déjà qu’il retournerait à l’état sauvage, semant le feu et la désolation sur son passage. Avait-il senti sa colère exploser en elle à l’instant où Alyx posa le doigt sur son point faible ? Vaelarr survola la Dent d’Or de si près que les fenêtres en tremblèrent, accompagnant son passage d’un furieux rugissement. Cersei aussi, avait envie de rugir. Mais si elle laissait voir à Alyx qu’elle l’avait touché, Alyx aurait gagné. De toute façon, sur la question de l’héritage, elle gagnait. Et elle le savait très bien car à nouveau, l’indifférence la plus totale réapparut sur ses traits, comme si elle lui disait « Je suis héritière, moi. Vous, vous n’êtes rien d’autre qu’une femme née dans la bonne famille. » Et telle la Lionne montrant ses crocs, Cersei lui sourit. Un sourire mauvais qui assombrit son visage et lui fit perdre toute sa beauté. Elle fit papillonner quelques secondes son regard sur ce qui l’entourait avant de déclarer sur un ton pensif, comme si elle se parlait à elle-même.

— Etre fière d’un tel héritage ? Ma foi, il faut savoir se contenter de peu…

Puis, faisant mine de se souvenir qu’elle n’était pas seule:

— Que cela nous plaise ou non, nous nous rejoignons malgré tout sur un point. Notre désir de voir l’Ouest briller, mais vous devriez faire attention, dit-elle en se redressant, prête à se lever. Mon père n’est pas éternel, votre oncle non plus. Je suis venue ici pour vous apportez mon soutien, avec Vaelarr. Lorsque vous serez à la tête de la Dent d’Or et que vous aurez besoin d’un dragonnier, vers qui vous tournerez-vous ? Vers ces autres dragonniers qui n’ont cure de vos problèmes ou de ceux de l’Ouest ? Non. Elle se leva. Que ce soit clair. Je serai la seule à répondre présente pour vous aider. Mais je ne le ferai que pour l’Ouest, en aucun cas pour vous, dussiez-vous être réellement de mon sang.

L’Ouest. Il n’y avait que leur attachement réciproque pour leur territoire de naissance qui pouvait concilier ces deux femmes…

@Alyx Lefford    | dialogue : gras | pensées : italique

Cersei pensa repiquer Alyx, insinuant qu’elle se contentait de peu et que les Lefford n’étaient pas grand-chose. Mais sa maison n’était pas une petite maison parmi tant d’autres dans l’Ouest. Alyx connaissait parfaitement l’importance de sa famille, la place stratégique de son fief. Par rapport à d’autres maisons de la même envergure, la Dent d’Or avait plus de poids. Si en tant de paix, seule sa douane était importante, en temps de conflits armées… une partie de la sécurité de la région reposait entièrement sur les épaules des Lefford. Si la Dent d’Or tombait, l’Ouest serait envahi avec une facilité déconcertante. Même sans être calé en stratégie militaire, Alyx le savait. Au-delà de l’affection que Leo portait à Daven et du prestige de son nom, ses compétences martiales avaient été crucial dans l’acceptation de l’alliance des Lefford avec les Lannister. Leo avait formé le jeune lion pour prendre sa suite sur la défense des lieux. Ainsi, le futur couple seigneuriale pourrait se compléter avec brio.
« Pensez si vous le voulez que mon héritage reste faible. Je vous conseille néanmoins de revoir l’utilité de la Dent d’Or dans la vie de l’Ouest. Peut être comprendrez vous alors pourquoi je ne rougis pas de ce que me léguera mon père et pourquoi je me contente de si peu comme vous le dites. »

Un sourire presque carnassier étira les lèvres de l’héritière. Ce dernier ne disparu pas malgré la menace sous-jacente de la lionne. Alyx n’avait pas tremblée malgré le manège furieux du dragon qui se trouvait à la Dent d’Or. Elle n’avait pas même jeté un œil à l’extérieur. La créature était impressionnante, elle ne le niait pas. Vaelarr était dangereux, elle le savait. Mais elle savait également, que Cersei ne tenterait rien sur la Dent d’Or. Si elle perdait le contrôle de la créature, elle en subirait de lourdes conséquentes. Tywin Lannister serait probablement furieux. Alors la Lefford, ne se sentait pas en danger, ni menacé par la présence de la créature ailée. Elle préférait de toute manière rester détendu, ne pas se tendre. Son ventre n’attendait que ce prétexte pour lui lancer des contractions bien senti et elle n’avait pas spécialement envie que son travail commence en face de la lionne.
« Effectivement sur ce point nous nous rejoignons. Faire prospérer notre région est un objectif que nous avons en commun. Cependant, je ne vois pas en quoi le fait que votre père soit de ce monde ou non change quelque chose. Mes doléances iront dans tous les cas à mon supérieur direct, et au votre par extension…C’est-à-dire votre frère. Je ne viendrais pas demander le soutien aérien que vous pouvez apporter. Je ne ferais qu’exposer les potentiels difficultés que la Dent d’Or pourrait avoir. Votre frère sera le seul décisionnaire pour le reste. S’il décide vous envoyez, il vous enverra…si vous acceptez de vous soumettre à son autorité mais cela ne me regarde nullement. Sinon, il prendra une autre décision. Et si un jour vous revenez à la Dent d’Or avec votre dragon à des fins militaires… je ne suis pas idiote, je sais très bien que vous ne le ferez pas pour mes beaux yeux. A la rigueur ceux de mon époux et encore. Nous ne nous aimons pas, je doute que cela change à l’avenir. »

Ou alors, quelque chose devrait les rapprocher, mais Alyx ne voyait pas quoi. Il y avait bien trop de jalousie et d’animosité entre les deux femmes.
« Vous n’êtes pas indispensable lady Cersei même si vous aimeriez vous en convaincre. Nous ne sommes que des pions dans un échiquier très vaste. Vous êtes certes un atout très précieux désormais, mais cela s’arrête là. Mais vous n’êtes rien de plus qu’un pion. Vous avez un dragon, j’ai un héritage. Nous avons toute deux notre utilité, une utilité bien différente. Vous devriez l’accepter, cela rendrait votre vie peut être moins amer. »  

Tels deux chevaliers prêts à entrer en duel, Cersei et Alyx se faisaient face. L'une debout, contemplant son adversaire de haut et avec tout le mépris qu'il était possible de laisser transparaître sur un visage. Mais l'autre, même assise, n'était pas en reste loin de là. Les sourires qu'elles s'envoyaient l'une l'autre étaient aussi tranchants que la lame forgée dans l'acier valyrien le plus pur qui soit. Quant à leurs paroles...Cela ne rappela que trop bien à Cersei l'une des dernières choses que lui avait confié sa mère, tandis que son ventre grossissait dangereusement d'une Lune à l'autre. "Les femmes peuvent être plus dangereuses que le plus violent des hommes." Joanna Lannister avait raison et il n'y avait pas de meilleur exemple pour illustrer son propos que sa propre fille et Alyx de la Maison Lefford.

Les mots de cette dernière étaient assassins. Il n'y avait pourtant pas la moindre menace dans ses propos mais pour la Lionne Ailée, c'était du pareil au même car elle l'avait doublement humilié et de la pire des façons. Le fait qu'elle n'ait jamais le moindre héritage était devenu presque secondaire pour elle. C'était un fait auquel elle s'était habituée et, si cela avait au départ attisé sa colère, désormais la question de l'héritage n'avait plus une once d'importance à ses yeux. Elle avait Vaelarr et tout aussi terrible et dangereux qu'il soit, seule la mort pourrait un jour les séparer. Il était son héritage, de même qu'une partie de celui-ci résidait en ses trois fils. Malgré le nom de Tyrell qu'ils portent, ils possédaient également en eux la culture, l'histoire et le prestige des Lannister de Castral-Roc à travers elle. Ils pouvaient bien suivre l'éducation bieffoise qu'on exigerait d'eux, en eux vivaient un peu du Lion du Roc. Un peu d'elle. Et cela lui suffisait. En revanche, sa mâchoire se crispa au point d'en faire grincer ses dents à la mention de son nabot de frère.

Elle devait se faire une raison, lui avait-on maintes fois répété depuis la disparition de Jaime et même bien avant cela, depuis qu'il était entré, pour elle, dans la Garde Royale. Tyrion était l'héritier de Tywin Lannister et cela en sera toujours ainsi. Même après la promulgation de la loi de la Princesse Rhaenys, cela n'eut aucun changement dans la vie ou le statut de Cersei. Cette possibilité lui avait été arrachée dès l'instant où elle s'était vu mariée à Loras Tyrell et, à cette époque, aucune loi de la sorte n'existait encore. Puis la loi avait été promulguée, elle était devenue veuve puis, à l'éclosion de son oeuf de dragon, avait juré de ne plus jamais chercher à obtenir le Roc pour elle ou pour ses enfants, laissant cela à ce frère haï et à ses propres enfants. Pourtant, cela ne signifiait en rien que Cersei était satisfaite de ce choix et, si on voulait lui faire mal, mieux encore que d'évoquer Jaime, il fallait évoquer Tyrion. Un long silence tomba entre les deux femmes, après qu'Alyx eut déversé tout son venin sur elle, satisfaite de lui avoir cloué le bec en lui prouvant que, malgré le nom, la richesse, le prestige et le dragon, elle avait quelque chose qu'elle n'aurait jamais: un héritage et du pouvoir. Folle de rage, Cersei sentit ses ongles s'enfoncer dans la paume de ses mains. Cette rage se propagea jusqu'au ciel car Vaelarr, à nouveau, rugit si bruyamment que Cersei vit de l'agitation sur les remparts de la Dent d'Or, à travers les fenêtres du salon. "Si je ne sors pas maintenant, je n'aurais plus aucun contrôle sur lui", se dit-elle. Elle qui peinait déjà à le contrôler en temps normal, mieux valait ne pas savoir ce qu'il adviendrait s'il se mettait à tout détruire parce qu'elle n'avait pas su contrôler ses propres émotions.

Dévoilant ses crocs blancs, Cersei sourit: "Je vous concède la victoire sur cette bataille, Lady Alyx. Mais je vais tout de même me rendre indispensable pour cet...endroit, si ce n'est pas pour vous, et rejoindre Vaelarr avant qu'il ne commette quelque chose que nous déplorerions toutes les deux."

Elle tourna les talons, s'avançant vers la porte la tête haute mais en posant la main sur la poignée, elle s'interrompit et se retourna une dernière fois vers son adversaire. "Non, à la réflection, même la fureur de mon père ne me ferait pas regretter celle de Vaelarr envers votre tas de pierres."

Puis elle sortit, furieuse, la porte heurtant violemment le mur du salon. Dehors, il lui fallut de très longues minutes de patience et de profondes respirations pour se calmer elle-même avant de pouvoir calmer le danger rouge et noir qui tournoyait au-dessus de la Dent d'Or.

@Alyx Lefford    | dialogue : gras | pensées : italique