Ladies of the West

La Dent D'Or, première semaine de la douzième Lune de l'An trois-cent-quatre.

Ma chère amie,

Voici bientôt presque deux Lunes que je me trouve à séjourner à la Dent D'Or. Je ne saurais dire si les nouvelles de l'Ouest vous sont parvenues jusque sur les Terres de l'Orage, mais la situation ici est de plus en plus tendue. Entre les échauffourées et les fuites de ces VISITEURS indésirables, tout juste bons à laisser les villages et fiefs attaqués en cendres derrière eux, constellant au passage nos terres de veuves et d'orphelins, nous voici désormais au plus proche de la guerre. Celle-ci ne se trouve pas uniquement sur les grands champs de bataille, loin de nos demeures, mais se déroule sous nos yeux, au plus proche de nous. Quand tout ceci prendra fin? Nul ne le sait mais quelque chose me dit que nous n'en sommes hélas qu'au début.

Mais laissons un moment les affres de cette période troublée que nous vivons derrière nous. Je ne me suis pas installée à cette table pour vous faire part d'une situation que vous devez vous aussi certainement vivre depuis chez vous, sous d'autres aspects peut-être. Cela fait longtemps que je n'ai plus eu le plaisir de vous LIRE. Je me doute que ce silence doit être dû à la présence de votre fille, Ellyna. Comme je vous envie. Ne vous méprenez pas, vous savez mon attachement à mes trois fils mais je dois vous avouer avoir espérer donner un jour naissance à une petite fille, quand bien même la vie des femmes sur cette terre peut être difficile et injuste, même (et probablement plus encore), pour les femmes de notre rang. Comment se porte-t-elle et comment vous portez-vous? Accueillir un petit être au sein d'une famille peut se révéler déstabilisant au départ mais je suis persuadée que vous faîtes et ferez encore merveille avec votre fille.

Mes garçons vont bien, même si, en ce moment, c'est à peine si j'arrive à m'ASSEOIR avec eux pour leur lire une histoire. J'ai le sentiment que mon père et mon oncle commencent enfin à considérer Vaelarr comme autre chose qu'un nuisible. Vous souvenez-vous lorsque je vous décrivais mon premier vol sur son dos? J'ai depuis réitéré l'expérience par deux fois mais je dois vous avouer avoir été plus PERDANTE que vainqueur pour l'instant, chose que j'ai horreur de reconnaître. Vaelarr est de plus en plus puissant et son caractère affirmé, dans lequel il m'arrive de me reconnaître, ne m'aide pas à me faire obéir de lui. Le dernier vol jusqu'à votre ancienne demeure m'a laissé si éreintée que je dus me reposer pendant deux longues semaines avant de pouvoir honorer l'appel à l'aide de votre frère, ce qui a permis à plus d'un de ces couards de prendre la fuite. Fort heureusement, Lord Leo et Ser Daven ont réussi à en capturer quelques-uns et il me tarde de les mettre face à Vaelarr pour délier la langue aux plus récalcitrants d'entre eux.

J'arrive à la fin de ce parchemin. Donnez-moi de vos nouvelles, ma chère Alysanne. Et si vous aviez un message à transmettre à votre frère ou à Lady Alyx, n'hésitez pas tant que je me trouve encore entre les murs de la Dent D'Or.

Bien à vous.
Lady Cersei de la Maison Lannister.

@Alysanne Caron   | Mots pour la Guerre des Trônes : gras et MAJUSCULES | Nombre de mots : 591 mots

Castral-Roc, Terres de l'Ouest, première semaine de la treizième Lune de l'An trois-cent-quatre.

Ma chère amie,

le croyez-vous qu’en vous lisant, j’avais la sensation d’entendre votre voix me lire ces mots ? Rares sont les personnes à être aussi fidèles à elles-mêmes à l’écrit comme à l’oral ; une autre qualité que j’apprécie particulièrement chez vous.

Hélas, les raisons de ma visite à la Dent d’Or n’étaient guère réjouissantes. Si j’ai effectivement pu profiter de quelques jours d’un repos plus que bienvenue à mon arrivée – je dois pour cela remercier Vaelarr et son mauvais caractère qui deviendra, un jour, légendaire j’en suis certaine – c’est dans les cieux autour et par-delà le domaine du Seigneur votre frère que j’ai passé le plus clair de mon temps. Je n’ai pas pu aider votre frère autant que je l’escomptais mais il n’est pas de mon avis et estime que ma présence a malgré tout été fructueuse. Je le soupçonne de vouloir se montrer complaisant et poli à mon égard, mais cela est tout à son honneur. J’ai pu à nouveau goûter à quelques jours de ce calme reposant dont vous faîtes si justement l’éloge dans votre lettre avant de rentrer pour Castral-Roc, où je me trouve toujours au moment où je vous réponds.

Je ne vous en tiens absolument pas rigueur, chère Alysanne. Je n’aurais certes pas eu la même compassion ni tolérance venant d’une autre dame mais vous êtes ma plus chère amie depuis si longtemps que j’ai parfois l’impression que nous nous connaissons comme des sœurs. Je reconnais bien là les aléas de la maternité et ceux-ci ne sont pas tendres avec nous, ni pendant notre grossesse, ni durant les premières Lunes qui suivent la délivrance. J’ai grande hâte de rencontrer votre petite Ellyna. Peut-être vous faut-il un œil externe au vôtre ou à celui de Lord Bryce pour juger si votre enfant vous ressemble plus à l’un ou à l’autre d’entre vous ? J’aimerais beaucoup pouvoir m’envoler, ne serait-ce que pour une semaine, vers Serena et passer ces quelques jours en votre compagnie. Mais je crains que cela ne doive attendre et que nous allons devoir nous en tenir aux lettres pendant encore quelques temps. Il va de soi qu’Ellyna trouvera les portes de Castral-Roc ouvertes pour son entrée dans le monde. Ce serait un honneur pour moi que de vous voir me confier votre fille. Qui sait ? Peut-être qu’un jour, je pourrais faire de même pour l’un de mes fils ? Lord Bryce me ferait honneur s’il acceptait de prendre Tybolt ou Tywell en tant qu’écuyer lorsque le jour sera venu et je me ferais moins de souci pour l’un de mes garçons si je le savais auprès d’un homme capable et de son épouse que je connais si bien et apprécie plus encore. Nous aurons encore le temps d’en reparler.

Puissiez-vous avoir raison et puissent les Sept vous entendre concernant le Seigneur mon père. Malgré la distance, je sens son jugement dans les lettres qui nous parviennent de Port-Réal, ainsi que dans les mots que j’échange de temps à autre avec mon oncle. Il semble que je sois, à ce jour, toujours un sujet de discorde et de déception pour l’un comme pour l’autre, même si – et je n’ai guère besoin de préciser de qui il s’agit – l’un d’entre eux pèse plus soigneusement ses mots à mon égard que l’autre. Je ne peux le confesser qu’à vous seule mais j’ai beau paraître inatteignable et insensible, le regard et l’appréciation de mon père à mon sujet me blessent plus que je ne devrais l’être, encore moins à mon âge. J’espère que l’avenir vous donnera raison.

Aussi…étrange que cela puisse paraître, j’ai foi en Ser Garlan et en son épouse. Pensez-vous…Je n’aurais pas « abandonné » mon premier-né auprès d’incapables et d’incompétents parmi les Tyrell. J’ai pu le voir, lors de mon dernier passage à Hautjardin. Il n’a pourtant que quatre ans, à l’heure où je vous écris, mais je le trouve si métamorphosé en comparaison de ma dernière visite. Prenez garde, mon amie, car il adviendra la même chose à votre Ellyna ! Profitez de chaque instant auprès d’elle mais je suis sûre que vous vous en doutiez déjà. Je conserve néanmoins votre aimable proposition à l’esprit, si la situation devait empirer et vous en remercie du fond du cœur.

Rien de mieux pour tromper l’ennui que la lecture et l’écriture ! Je tâcherais de vous écrire avec plus de régularité pour que, même depuis chez vous, vous puissiez vivre mes aventures comme si vous étiez à mes côtés, dans l’attente de pouvoir vous les raconter de vive voix, tandis que nos enfants joueront ensemble à nos pieds.

Portez-vous bien, mon amie, et que les Sept vous gardent, vous ainsi que votre famille.

Bien à vous.
Lady Cersei de la Maison Lannister.

@Alysanne Caron  

Castral-Roc, Terres de l'Ouest, troisième semaine de la cinquième Lune de l'An trois-cent-cinq.

Ma chère amie,

comme je regrette de ne pas avoir pu vous répondre plus tôt. Votre lettre trône pourtant sur mon bureau depuis que je l'ai reçu mais entre les exigences de mon père et les sièges auxquels je dus prendre part avec Vaelarr, il m'a été impossible de vous répondre avant ce jour. Et pourtant, que les Dieux m'en soient témoins, j'aurais tant voulu vous écrire plus tôt. Votre lettre m'a accompagné jusqu'à ma tente sur les sièges consécutifs des maisons Ferren puis Lépicier. J'avais quelque espoir de pouvoir vous écrire à ce moment-là, ignorant qu'un siège exige une vigilance tout aussi constante qu'une guerre ouverte. Mais ne parlons pas de cela. Ce sont des sujets bien trop vastes et même difficiles à coucher sur le parchemin. Les mots se bousculent encore trop dans mon esprit pour vous décrire ce que j'ai vu, entendu et même senti à ce moment-là. Si le coeur vous en dit et que vous vous sentez prête à entendre l'expérience qui fut la mienne durant ces sièges, alors je vous en parlerai, mais de vive voix. J'aimerais avoir de bonnes nouvelles à vous donner, autres que celles concernant les combats de l'Ouest et qui ne sont pas toujours positives malheureusement.

Hélas, c'est le coeur lourd que je vous annonce la perte, durant le siège de la maison Lépicier, de mon bouclier-lige, Ser Meliodas Trant. Vous souvenez-vous de lui ? Il avait assisté à mes côtés à votre union à Serena. Un homme discret et capable, sur qui je savais pouvoir compter à chaque instant. Jusqu'à la fin, il prouva sa valeur. C'est pourquoi, nous avons choisi de lui rendre hommage en son fief natal de Gallowsgrey dans trois Lunes. Ma protégée, Sacha, ainsi que Néphélie Trant vont quitter sous peu Castral-Roc avec sa dépouille, embaumée du mieux possible par notre Mestre jusqu'aux funérailles. Par respect et en sa mémoire, je m'y rendrais également mais diffère mon départ. Comme vous l'avez si justement souligné, avec Vaelarr (qui m'obéit de mieux en mieux), les trajets sont bien plus rapides que sur la route. J'aurais tant souhaité prolongé ensuite mon séjour sur les Terres de l'Orage en vous rendant visite mais le devoir m'attend à Castral-Roc, dont je n'ai été que trop absente. J'espère que vous me pardonnerez.

En ce qui concerne le seigneur mon père, puissiez-vous avoir raison. Je ne sais quelle situation est la plus avantageuse. Avoir un père comme le mien ou ne pas avoir pu le connaître, comme ce fut hélas votre cas. Nous partageons tous les deux le même entêtement et la même fierté. C'est pour cela que nous peinons tant à nous entendre. Du moins, c'est la conclusion qui me vient lorsque je repense à mes actes passés, les bons comme les plus...audacieux, dirais-je. Quoi qu'il en soit, vos mots me sont allés droit au coeur et m'ont fait beaucoup de bien. Mon nom et, à présent, mon dragon, m'apportent certes prestige et respect mais nulle amitié à l'instar de celle que nous nous portons mutuellement.

Parlez-moi de vous. Ellyna a sûrement encore changé depuis nos derniers échanges; les enfants grandissent si vite à cet âge. D'une Lune à l'autre, ils peuvent se trouver métamorphoser! Je l'ai vu avec mes fils; vous le verrez également avec votre fille et, avec la bénédiction de la Mère, vos futurs enfants, que j'espère nombreux et en bonne santé pour vous et votre époux. Comptez sur moi pour vanter la ressemblance de votre fille avec vous ! Je le ferais avec grand plaisir lorsque nous pourrons enfin nous revoir. Votre compagnie me manque et il m'arrive parfois très égoïstement de maudire Lord Bryce de vous avoir rencontré et de vous avoir ravi à l'Ouest ainsi qu'à votre plus fidèle amie. Mais je vous sais heureuse et comblée dans cette nouvelle vie qui est la vôtre. C'est là tout ce dont une amie a besoin pour se sentir à son tour heureuse et comblée...pour vous.

Je prie les Sept de me permettre de vous revoir très bientôt et de vous garder, vous et les vôtres, en bonne santé.

Bien à vous.
Lady Cersei de la Maison Lannister.

@Alysanne Caron  

Castral-Roc, Terres de l’Ouest, deuxième semaine de la neuvième Lune de l'An trois-cent-cinq.

Ma chère amie,

je réponds bien tard à votre dernière lettre, vous m’en voyez plus que navrée. Mais comme vous le savez et l’avez justement noté dès le premier paragraphe de votre réponse, les funérailles de Ser Trant sont la cause de ce retard dans nos échanges. Je vous remercie pour vos mots à son encontre et ce fut une belle cérémonie. Je regrette seulement de ne pas avoir pu prolonger mon séjour sur les Terres de l’Orage un peu plus pour prendre le temps de venir vous rendre ne serait-ce que brièvement visite, à Serena. Revoir un visage amical après de telles épreuves m’aurait fait le plus grand bien. Toutefois, je suis persuadée qu’une nouvelle occasion de nous revoir se présentera bientôt et, cette fois, nous ne la laisserons pas nous échapper !

Effectivement, ce n’est qu’une bataille et, pour n’en avoir jamais vécu de mes yeux, je ne peux que confirmer vos mots quant aux vies gâchées parmi les gens de l’Ouest. Les mots me manquent pour qualifier leur traîtrise et je regrette que ni le feu de Vaelarr ni nos forces armées au sol n’aient pas réussi à faire plier les Lépicier tout comme nous étions venus à bout des Ferren. Néanmoins, je ne suis pas la mieux placée, hélas, pour répondre à vos questions. J’ai certes fait partie des forces loyalistes envoyées sur le terrain, mais je ne dois ma présence qu’à celle de mon dragon. Du reste, ni mon oncle et encore moins le seigneur mon père, ne m’incluent dans les discussions et autres tractations plus…politiques, dirais-je. J’ignore quel est mon statut à leurs yeux, maintenant que tous ont vu ce que Vaelarr et moi vallons sur le champ de bataille. Le temps et l’expérience me conseillent la patience; nous verrons bien si celle-ci portera ses fruits dans un futur plus ou moins proche ou si, au contraire, elle n’aura servi à rien. Me trouverez-vous pessimiste si mon opinion penche vers cette seconde réponse ? Je ne connais que trop bien ma famille pour attendre d’eux une quelconque reconnaissance. Puissent les Sept me prouver que j’ai tort sur ce point.

Mais parlons d’autre chose, voulez-vous? Je suis ravie de lire que votre fille se porte bien. Il s’agit du jeune Erich, si mes souvenirs ne me font pas défaut? Il est plaisant de lire que demi-frère et demi-soeur s’entendent bien; ce n’est pas toujours le cas. Vous-même, vous entendez-vous bien avec ce garçon? Veuillez transmettre mes félicitations à votre époux pour sa nomination. Une telle place est toujours un grand honneur non seulement pour la personne qui l’exerce, mais aussi pour toute sa famille. Cela aura des répercussions sur vous et vos enfants, je n’en doute pas un instant, tout comme je n’ai jamais douté de vos capacités à gérer votre maison. Cela démontre la confiance que Lord Bryce place en vous. Je sais qu’un profond attachement vous lie, l’un à l’autre. En vous confiant à vous plutôt les rênes de Serena, il vous fait comprendre qu’il vous sait capable de tenir ce rôle. Et je me rappelle très bien ce dont vous étiez capable, bien avant qu’il ne vous ravisse à votre terre natale !

Que de bonnes nouvelles mon amie ! J’ai sourit en vous lisant et ce sourire est encore sur mes lèvres tandis que je vous réponds. Cela me fait énormément plaisir de vous savoir heureuse et comblée. N’est-ce pas là tout ce dont une amie pourrait souhaiter à celle qui lui est si chère? Prenez soin de vous. Ménagez-vous et, lorsque nous nous reverrons, j’exige que vous me présentiez cette future petite merveille que vous portez ! Prendre une pupille est synonyme de responsabilités supplémentaires. Ne craignez-vous pas de vous surmener? Entre Serena, Ellyna et votre enfant à naître, aurez-vous encore du temps pour cette Lady Mylenda Frey, en plus de trouver du temps pour vous et votre époux ? Vos intentions envers cette femme et sa jeune fille - qu’il me semble n’avoir jamais rencontré, à moins que ma mémoire ne me fasse défaut - sont somme toute très honorables et je suis certaine que vous saurez leur faire surmonter les difficiles épreuves qu’elles durent traverser.

Prenez soin de vous et puissent les Sept veiller sur vous. Je prierai particulièrement la Mère d’En-Haut pour vous et votre enfant à naître.

Votre dévouée amie,
Lady Cersei de la Maison Lannister.

@Alysanne Caron